Langue Arabe

Langue Arabe

Arabe

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Arabe
العربية [al ʿarabīya]
Parlée dans les Lang-ar.gif Pays arabes (22 pays)
Nombre de locuteurs environ 530 millions, dont 280 millions la parlent en tant que langue maternelle.
Typologie VSO [1]
Flexionnelle
Classification par famille

 -  Langues afro-asiatiques
    -  Langues sémitiques
       -  Langues sémitiques centrales
          -  Arabe

(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel
Langue officielle de 22 états, les pays arabes
Codes de langue
IETF (en) ar
ISO 639-1 ar
ISO 639-2 ara
ISO/DIS 639-3 (en) ara - arabe

(en) arb - Littéral (standard)
(en) acm - Mésopotamien
(en) ayp - Mésopotamien du nord
(en) apc - Levantin du Nord
(en) ajp - Levantin du Sud
(en) afb - Arabe du Golfe
(en) arz - Égyptien
(en) avl - Bedawi d’Égypte
(en) acy - Chypriote
(en) aao - Saharien d’Algérie
(en) abh - Tajik
(en) abv - Baharna
(en) acq - Ta’izzi-adeni
(en) acw - Hijazi
(en) acx - Omanais
(en) adf - Dhofari
(en) aeb - Tunisien
(en) aec - Sa‘idi
(en) apd - Soudanais
(en) ars - Najdi
(en) auz - Ouzbek
(en) ayh - Hadrami
(en) ayl - Libyen
(en) ayn - Sanaani
(en) bbz - Créole babalia
(en) mey - Hassaniyya
(en) pga - Créole soudanais
(en) shu - Tchadien
(en) ssh - Shihhi

type : L (langue vivante)
étendue : M (macrolangue)
Échantillon

Article premier de la Déclaration des droits de l'homme en arabe standard (Texte en français)

المادة 1

يولد جميع الناس أحرارًا متساوين في الكرامة والحقوق. وقد وهبوا عقلاً وضميرًا وعليهم أن يعامل بعضهم بعضًا بروح الإخاء

L’arabe (العربية, al ʿarabīya en DIN-31635) est la langue parlée à l’origine par les Arabes de la péninsule Arabique. C’est une langue sémitique (comme l’akkadien, l’hébreu, le syriaque, le phénicien et l’araméen) et flexionnelle dont l’alphabet, comme l’alphabet latin, est issu de l’alphabet phénicien. Comme pour les autres écritures sémitiques, il s’agit d'un abjad dans lequel ne figure normalement que les consonnes (au contraire des véritables alphabets dérivés du grec ancien), toutefois des signes diacritiques ont été ajoutés et certaines lettres peuvent être aussi employées comme semivoyelles. L'arabe s'écrit de droite à gauche.

Du fait de l'expansion territoriale au Moyen Âge et par la diffusion du Coran, cette langue, devenue langue liturgique, s’est répandue dans tout le Proche-Orient, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Sommaire

Origine

On fait remonter l'origine de la langue arabe au IIe siècle. Dans une forme assez proche de l'arabe classique actuel. La tradition donne par moments des origines bien antérieures : la reine de Saba, l'ancien Yémen ainsi que des tribus disparues auraient parlé l'arabe dans une forme plus ancienne. Les premières traces de l'écriture arabe, telle qu'on la connaît de nos jours, remontent au IIIe siècle comme l'ont attesté Healey et Smith par les inscriptions de Raqush (Jaussen-Savignac 17): les plus anciennes inscriptions arabes préislamiques (date 267).

Les Abd Daghm étaient les habitants de Taïf et ce sont les premiers à inventer l'écriture arabe[1].

Variétés

Langue littéraire

L’arabe est un terme générique qui regroupe quatre périodes historiques de la même langue :

  • l’arabe ancien, celui de la poésie préislamique ;
  • l’arabe coranique : la langue du texte sacré des musulmans, le Coran, et les textes religieux ;
  • l’arabe classique, la langue de la civilisation arabo-musulmane ;
  • l’arabe standard moderne ou « arabe littéral » naît au début du XIXe siècle en Égypte, après l’introduction de l’imprimerie et les publications de livres modernes. Il a été adopté par les pays de l’Afrique du Nord un siècle et demi plus tard. C’est la langue écrite commune de tous les pays arabophones ;

Langues courantes

Les langues vernaculaires orales, différentes l’une de l'autre dans chaque région, et influencées par l’arabe standard sont appelées arabe dialectal[2], les substrats, superstrats et emprunts différant selon les régions.

  • Les différences entre des dialectes moins éloignés, comme l’algérien, le tunisien et le marocain, ne sont pas très grandes, mais celles entre « l’arabe algérien » et « l’arabe syrien » le sont. (On remarquera cette différence à travers la prononciation et la dérivation des mots translatés de dialecte en dialecte. "Mon père", par exemple, passant de "abi" dans les pays du moyen-orient à "bouya" dans les pays d'Afrique du nord). L'arabe est tout de même généralisé au travers de l'arabe littéraire, enseigné à tous dans le système scolaire arabe.
  • Les dialectes les plus importants sont l’égyptien, le shami, le maghrébin, hijazi... Le shami est parlé en Syrie, au Liban, en Jordanie et Palestine, le Hassanya parlé en Mauritanie au Sahara occidental et dans quelques zones de l'Afrique de l'Ouest.
  • Généralement, entre eux, les locuteurs de dialectes différents utilisent plutôt l’arabe littéral, ou une forme simplifiée de l’arabe littéral.

Langues Arabes

Les langues arabes, regroupées en 4 groupes principaux sont difficilement intercompréhensibles à l'intérieur de ces groupes, on peut donc distinguer une quinzaine de langues très différentes (au moins autant que les langues latines) au sein desquelles les variantes dialectales sont suffisamment fortes pour être notées.

Les variantes arabes sont issues d'une matrice elle-même diverse, la Fassiha, forme sémitique hétérogène, langue des poètes et sa forme "lingua franca" des négociations inter-tribales.

A celà s'ajoute la double forme d'arabisation des territoires non péninsulaires :

  • L'arabisation commercante
  • L'arabisation administrative (souvent liée à la première)
  • L'arabisation par immigration bédouine

Au Maghreb par exemple, l'arabisation a commencé par l'implantation de camps arabes en Espagne et en province d'Afrique (Tunisie et Algérie orientale), à l'origine des deux langues andalouses et ifricyennes, il s'est poursuivi par arabisation par contamination commerciale et administrative sur la population "romaine" autochtone, tandis que la ruralité "barbare" a gardé la langue amazighe, les communautés urbaines maures sont apparues avec cette constante influence andalouse et ifricyenne, notamment à Fès, Tétouan, Tlemcen (etc...) et les nécessités liturgiques arabes dans ces centres universitaires, puis de l'arabisation administrative, surtout à partir des mérinides (XIIIe siècle) En parallèle, depuis le XIe siècle, et surtout le XIIIe siècle, des populations arabes bédouines (sinaites, libyennes, cyréniennes et peut être yemenites) ont peuplées le Maghreb central et oriental et les espaces sahariens, influençant, chacun avec leur dialecte propre (lié à leur origine propre et leurs développements autonomes propres...) les populations berbères les plus sensibles.

Le groupe Maghrébo-Hassani, et les 3 types de langue maghrébine ("aroubi", "maure", ifricyen) et la Hassânya, tout en gardant des différences fortes, n'ont cessé d'échanger à l'intérieur d'espaces cohérents, et sont désormais avalés par les dialectes nationaux standards.

Ils ne sont pas du tout intercompréhensibles, mais une forme de maghrébin simplifié permet une intercompréhension entre les commerçants par exemple, mais souvent le français prend le pas dans la diplomatie et le grand commerce.

  • Groupe Oriental
    • Shami
      • Cilicien
      • Alepo-Himçi
      • Damasco-Libanais
      • Jordano-Palestinien
    • Jazirien
    • Iraqi
    • Golphien
    • Hijazo-Najdi
    • Yemeno-Hadramaoui
    • Egyptien, cyrenien, Gazaoui
    • Bédouin : il s'agit d'un groupe qui connait une unité très claire et une similitude avec les dialectes sédentaires locaux, surtout le tripolitain, le jazirien, cyrénien, jordano-palestinien et Najdi, le Hadramaoui...
      • Libyen
      • Syro-bédouin du nord, nord Syrie, (Liban), sud-jazirien
      • Syro-bédouin du sud (Palestine-Jordanie-sud-Syrie)
      • bédouin péninsulaire (arabie-saoudite et Jordanie)
      • bédouin negevo-sinaite (Égypte et Palestine)
  • Groupe Subsaharien
    • Tchadien
      • standard
      • arabya (langue ethnique)
      • darfouri
    • Soudanais
      • khartoumi et post-nubien
      • "arabya" (langue ethnique)
      • nilotique
  • Groupe Maghrébo-Hassani
    • Darija du Maghreb
      • Marocain Standard (Fès-Rabat-Salé-Chaouia de Casablanca) en développement
      • Dialectes "Maures" (Tlemcen-Oujda, Rabat-Salé, Tanger-Tétouan, Fès-Meknès, Alger)
      • Dialectes Aroubi Cherkaoui-Gharbaoui : Doukkali, Chaoui, Rhamno-Sraghni, Tadlaoui, arabe soussi, Gharbi, Jbali, pré-rifain, plateau oriental et Oranais, Algérois de campagne
      • Arabe du Sud (transitionnel Hassani) : Draoui, Filali, Giri, Tataoui,
      • Algérien standard
      • Tunisien standard
      • Dialectes Ifriciyens : Tuniso-Qairwanais, Anaba-Constantine, Bizertien, Bladuljaridien, Tripolitain, Maltais
      • Libyen standard
    • Hassâniya, entre le Sénégal et le Niger au sud et l'anti-atlas au nord.
      • groupe "marocain" (Daoublali, Yahyaoui, Baamrani...), transitionnel avec "arabe du sud".
      • groupe sahraoui (de la Sagya à l'Adrar)
      • groupe trarza-tagant
      • oriental (entre Tichit et Niger)
  • Autres (arabe du monde persan)

Pays de langue arabe

Article détaillé : Liste des pays de langue arabe.
Les pays ou la langue arabe est la seule langue officielle (vert) ou une langue officielle parmi d'autres (bleu)

Organisations où l'arabe est une langue officielle

Drapeau Nom de l'organisation officiel/officiel avec une ou des autres langues
Flag of the United Nations.svg Organisation des Nations unies Co-officiel avec l'anglais, le chinois, l'espagnol, le français et le russe
Fonds monétaire international logo.png Fonds monétaire international(FMI) Co-officiel avec le français, l'anglais, le russe, le chinois, l'espagnol et le japonais
Flag of the Arab League.svg Ligue arabe Officiel
Interpol logo.png Interpol Co-officiel avec l'anglais, l'espagnol et le français
Logo of the African Union.png Union africaine Co-officiel avec l'anglais, le français, le portugais, l'espagnol et swahili
---- Communauté des États sahélo-sahariens Co-officiel avec l'anglais et le français

Écrivains arabes célèbres

Arabe et islam

Article détaillé : Termes arabes utilisés en islam.

L'arabisation, on l'a vu, est fortement liée à l'influence culturelle, commerciale et administrative d'États se revendiquant tout d'abord de la religion coranique.

Ainsi, en dehors du monde arabe proprement dit, de très nombreuses langues, de très nombreux peuples sont (ou ont été) marqués avec plus ou moins d'importance par la langue arabe et ont été écrit en caractères arabe.

  • En Europe :
    • Le Castillan, le Portugais et le Ladino (judéo-espagnol) sont fortement marqués par la langue arabe, la variante espagnole andalouse (qui a été largement écrite en caractère arabe : langue mudéjare), absorbée et annihilée par la période castillane (1240 à nos jours) en est une des composante les plus frappantes, mais l'influence de celle-ci sur les deux idiomes plus nordiques se double de l'influence générale de la civilisation islamique sur les royaumes "galiciens". Depuis le XIIIe siècle, et à fortiori le XVIe siècle, le castillan a perdu une bonne partie de son vocabulaire arabe.
    • Le Sicilien en particulier et l'Italien du Sud dans une moindre mesure est largement marqué par la période arabe (IXè-XIe siècle) et la poursuite de sa civilisation sous les normands au XIIe siècle. L'arrivée massive d'arabophones serviles originaires de Libye s'est poursuivie au cours de l'époque moderne pour l'exploitation sucrière et a contribuer à entretenir et à renouveler le vocabulaire arabe de cette langue latine sicilienne.
    • Le serbo-croate, en particulier celui de Bosnie, et l'albanais ont été islamisé à l'époque ottomane, ils ont ainsi reçu de nombreuses terminologies religieuses, administratives, théoriques, issues de l'arabe par le turc ottoman.
    • Le Turc de Turquie, le Kurde et l'Azeri du Sud comprennent plus d'un tiers de vocabulaire arabe, en dépit d'une entreprise, menée au XXe siècle par la république de Turquie, pour la remplacer par des importations turkmènes et des néologismes, l'emploi du vocabulaire turc-ottoman et anatolien, très arabisé, est resté très fort.
    • Le Tatare a été influencé indirectement par le biais du Persan et du Turc Selcukide (XIII-XVe siècle, puis le turc ottoman à l'époque de l'État de Crimée(XVI-XVIIIe siècle), mais, comme les langues caucasiennes plus tardivement musulmanes (XVII-XIXè) (Abkhazes, Tcherkesse, Tchétchène, Daghestani...et même l'Azeri du nord), a été très rapidement russifié.
  • En Asie :
    • Le Persan et les autres langues iraniennes sont tellement influencées par le vocabulaire arabe, dans tous les domaines, que certains linguistes y ont vu une langue sémitique au XIXe siècle, seul le Tadjik du Nord a subi une nette influence russifiante au XIX et surtout XXe siècle.
    • Les langues turques d'Asie Centrale (Ouzbek-Ouighour, Kazakh-Kirghiz, Turkmen) sont elles-aussi très marquées par une influence persane certaine, les néologismes, comme en persan, sont souvent issus de néologismes de l'arabe standard contemporain.
    • Les langues ourdou-hindi, sindhi, punjabi, Rajastani et Marahsti, et dans une moindre mesure le Bihari, le Bengali et certaines langues dravidiennes, sont très fortement influencées par la langue arabe, l'ourdou ayant de son côté volontairement opté pour la "politique du hindi le plus arabisé" pour créer la langue pakistanaise, et, comme son voisin afghan et iranien, a conservé les caractères arabes.
    • Le Hui de Chine est orthographiable, encore aujourd'hui, en caractères arabes, les originalités du dialecte ont mené à distinguer leur langue du Mandarin et du Jin, les deux groupes Han voisins, ils composent jusqu'à 20% de la petite région autonome du Ningxia.
    • Le Javanais et le Malais sont superficiellement arabisés, sensiblement autant que le tatare, le kazakh ou le wolof.
  • En Afrique  :
    • Les populations musulmanes du Tchad, du Soudan et de la corne de l'Afrique(Toubou, Nubiens, Darfouris, Afars, Oromos, Somalis) sont à des degrés divers si arabisés que la plupart des hommes sont arabophones et la langue en a subi une influence directe et très certaine depuis plus de 5 siècles (plus encore pour la Somalie).
    • Les populations Bantoues de l'est sont toutes largement marquées par la civilisation Swahili, qui, aussi complètement que le Persan, a une structure certe non arabe, mais un vocabulaire, qui atteint jusqu'à 50% d'Arabe, il s'écrit toujours abondamment en caractères arabes.
    • Les Maghrébins sont presque exclusivement originaires de populations berbérophones arabisées, les vagues d'arabisation sont nombreuses, dès le VIIIe siècle, la langue arabe devient langue religieuse et commerciale dans certains centres, le vocabulaire arabe fait son chemin dans les berbères de plaine, et les cités les plus importantes, avec les invasions bédouines, une fusion culturelle va se produire sous les mérinideset les saadiens, introduisant encore plus de vocabulaire courant, bien au delà du vocabulaire religieux ou d'origine proprement coranique, depuis le XIXe siècle et surtout le XXe siècle, les bérbèrophones sont arabisés par les dialectes marocains et algériens standards, eux-même et ses nombreux néologismes.
    • En Afrique de l'Ouest, de la même manière, l'islamisation et l'arabisation du commerce au moyen-âge, puis les invasions bédouines ont produit deux couches de forte arabisation, leurs langues s'écrivaient depuis le XIIe siècle en caractère arabe, ce qui a augmenté l'influence, surtout sur les peuples sahélo-sahariens : songhai, peuls, touaregs, et dans une moindre mesure en wolof, bambara, mossi et haoussa; même si ces langues ne furent réellement influencées par l'Islam qu'en fin d'époque moderne.


La langue de l'islam étant l'arabe, de nombreux mots du domaine religieux sont d'abord apparus en arabe. Ainsi, certains mots religieux n'existent qu'en arabe, ou possèdent un sens plus précis en arabe.

Rayonnement culturel

Des écrivains non arabes ont utilisé la langue arabe pour leurs publications, par exemple le médecin et philosophe perse Avicenne. Les rois normands de Sicile se piquaient de parler l’arabe.

Aujourd'hui, quoique le statut international de cette langue demeure indéniable, elle a du mal à s'exporter hors du monde arabe. Son enseignement à l'étranger demeure plutôt marginal. Le manque de volonté politique de promouvoir la langue, ainsi qu'un trop grand fossé entre arabe littéral et arabe dialectal sont aussi des obstacles à l'internationalisation réelle de l'arabe. Mais récemment, l'apparition de nouvelles chaînes d'information panarabes, telles Al Jazeera ou Al-Arabiya laisse entrevoir un possible renouveau de la langue arabe au travers des médias.

L'arabe est resté une langue liturgique dans la plupart des pays musulmans, bien que l'arabe coranique soit aujourd'hui éloigné de la langue arabe moderne.

Langues dérivées

Diversité des emprunts

L’arabe a légué une série de mots aux langues romanes (et, de là, aux autres langues d’Europe), surtout à l'espagnol, à l'italien et au portugais.

Emprunts à la langue arabe

Exemple d'écriture arabe
Article détaillé : Mots français d'origine arabe.

On trouve de nombreux mots d'origine arabe en français. Ces emprunts se sont fait soit :

  • directement (alcali, alfa, alizari, almée, amiral, arack, azimut, baobab, baraka, barbacane, barde, bédouin, bled, bordj, bouracan, burnous, cadi, cafard, caïd, calife, camaïeu, came, camelote, caoua, chott, clebs, fellah, gazelle, harem, hasard, henné, jupe, kandjar, laiton, luth, maboul, maghrébin, magasin, oued, salamalec, toubib, zénith, etc.) ;
  • à partir d’une variété de l’arabe dialectal, surtout algérien (barda, bezef, kif-kif, matraque, nouba, chuiya, mechoui, couscous, mahboul, toubib, razzia, youdi, etc.), marocain (argan, méchoui, tajine, couscous, haschich, maroquinerie) et égyptien (cange, goudron, mamelouk) ;
  • par l’intermédiaire du latin médiéval ou scientifique (alcool, algèbre, alidade, amalgame, ambre, arcanne, avives, benjoin, benzine, bourrache, camphre, chiffre, momie, orcanette, safran, sirop, etc.) ;
  • par l’intermédiaire d’autres langues européennes, principalement l’espagnol (alcade, alcarazas, alcôve, alezan, alfange, algarade, alguazil, aman, arrobe, azerole, basaner, épinard, felouque, récif, etc.), l'italien (arsenal, artichaut, assassin, aval, avanie, avarie, berner, café, calfeutrer, calibre, carafe, coton, girafe, hégire, magasin, sirocco, tarif, zéro, etc.), le provençal (boutargue, jarre, madrague, poutargue) et le portugais (argousin) ;
  • par l’intermédiaire du turc (minaret, muezzin), de l'hindî (nabab) ou du persan (lascar).

D’autre part, l’arabe a transmis au français des mots originaires d’autres langues, notamment l’hindî (bonduc, candi), le persan (alkékenge, alkermès, aniline, aubergine, azur, babouche, borax, bore, douane, orange, timbale, etc.), mais aussi le grec (alambic, almanach, antimoine, etc.).

Citons enfin le cas du mot abricot, qui vient du latin praecoquum (qui a donné le doublet précoce) et qui est revenu en français sous cette forme après un voyage par l’intermédiaire du grec ancien πραικόκιον (praikókion), de l’arabe أَلْبَرْقُوق (ʾal-barqūq) (qui veut dire prune ou pruneau) et de l’espagnol albaricoque ; un intermédiaire catalan albercoc avait donné aubercot, mot qui ne s’est cependant pas imposé contre abricot[3].

En ce qui concerne les noms propres, beaucoup de noms d’étoiles viennent également de l’arabe : Aldébaran, Bételgeuse, Algol, Alioth, Véga, Mizar, Fomalhaut, Altaïr, etc.

Présence de l’article défini

On reconnaît certains emprunts à l’arabe dans les langues indo-européennes au fait qu’ils commencent souvent par a- ou al, qui n’est autre que l’unique article défini présent dans cette langue (on a al normalement quand le mot arabe commence par une « consonne lunaire », c’est-à-dire principalement q, m, k et b ; et a- quand il commence par une « consonne solaire », c’est-à-dire principalement d, r, s, t et z ; pour plus de détails, consulter alphabet arabe).

Les Occidentaux n’en ayant pas conscience (phénomène de métanalyse), ils ont parfois conservé cet article défini et l’ont agglutiné au substantif. Les diverses langues indo-européennes n’ont pas toujours conservé l’article défini pour un même mot emprunté à l’arabe. Ainsi, l’espagnol et le portugais en ont conservé davantage que le français : à algodón et azúcar en espagnol correspondent coton et sucre, par exemple, ou encore, dogana en italien en face de aduana en espagnol. En français, on a l'alcool, l'alcali, l'algèbre, etc. et du temps de Voltaire on parlait de l'Alcoran.

Emprunt des chiffres

Les chiffres arabes, utilisés dans la numérotation occidentale, ont été empruntés aux Arabes, qui les avaient eux-mêmes empruntés aux Indiens[4].

Actuellement, dans le monde arabe, seuls les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc, Libye, Mauritanie) utilisent les chiffres "arabes" dans leur forme occidentale ; les autres pays utilisent les anciens chiffres arabes, appelés naturellement "indiens" (mais ils sont différents des vrais chiffres hindis).

Les « chiffres arabes » dans leur forme actuelle ont été introduits en Europe par le mathématicien italien Fibonacci qui en a appris l’usage dans la ville de Béjaïa capitale de la petite Kabylie (Algérie) au Moyen Âge. En 1202, Fibonacci publie Liber abaci (« Le livre des calculs »), un traité sur les calculs et la comptabilité fondée sur le calcul décimal à une époque où l’Occident utilisait encore les chiffres romains et calculait sur abaque. Ce livre est fortement influencé par sa vie dans les pays arabes ; il est d’ailleurs rédigé en partie de droite à gauche. Par cette publication, Fibonacci introduit le système de notation arabe en Europe. Ce système est bien plus puissant et rapide que la notation romaine, et Fibonacci en est pleinement conscient. Il peina cependant à s’imposer avant plusieurs siècles. L’invention sera mal reçue car le public ne comprenait plus les calculs que faisaient les commerçants. En 1280, Florence interdit même l’usage des chiffres arabes par les banquiers. On jugea que le 0 apportait de la confusion et des difficultés au point qu'ils appelèrent ce système cifra (de sifr, zero en arabe), qui prit la signification de « code secret » en latin, tout comme le mot chiffre en français.

Voir aussi

Littérature de langue arabe

Notes et références

  1. Études d'histoire et de civilisation arabes. De Toufic Fahd. Éditions Isis, 1997.ISBN 975-428-106-8 version en ligne
  2. Le substrat berbère dans l’arabe maghrébin
  3. Explication de Bernard Cerquiglini en images
  4. Encarta 2006

Liens externes

Articles connexes

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