Paul Bourget

Paul Bourget
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Paul Bourget
Portrait de Paul Bourget
Portrait de Paul Bourget

Activités écrivain
Naissance 2 septembre 1852
Flag of France.svg Amiens, France
Décès 25 décembre 1935 (à 83 ans)
Flag of France.svg Paris, France
Langue d'écriture français
Mouvement Roman psychologique
Genres Roman d’analyse
Roman à thèse
Distinctions Grand Officier de la Légion d'honneur
Membre de l'Académie française
Œuvres principales
La page (numérotée 1.) de papier jauni porte 26 lignes serrées, légèrement descendantes, rédigées à l’encre noire.  De nombreuses ratures émaillent le texte dense dont l’écriture droite, non penchée, ne lie pas toujours entre elles les lettres des mots.
Le Roman à quatre mains, fragment du manuscrit original écrit en collaboration avec Gérard d'Houville, Henri Duvernois et Pierre Benoit (collection Renaud Lugagne, Le Plantier de Costebelle).
Portrait de trois quarts gauche de Paul Bourget, en costume et cravate, portant un monocle à l’œil droit.
Portrait de Paul Bourget par Paul Chabas, 1895, esquisse pour le tableau définitif commandé par Lemerre.

Paul Bourget, né à Amiens le 2 septembre 1852 et mort à Paris le 25 décembre 1935, est un écrivain et essayiste français issu d’une famille originaire d’Ardèche.

Ayant donné le signal d'une réaction contre le naturalisme en littérature, Bourget est d’abord tenté par le roman d’analyse expérimental. La finesse de ses études de mœurs et de caractères séduit le public mondain qu'il fréquente dans les salons parisiens de la Troisième République. Ses premiers romans – Cruelle énigme (1885), Un crime d'amour (1886) et Mensonges (1887) – ont ainsi un grand retentissement auprès d'une jeune génération en quête de rêve de modernité[E 1].

Le romancier change ensuite de direction et s’oriente à partir du roman Le Disciple (1889), considéré comme son œuvre majeure, vers le « roman à thèse », c'est-à-dire le roman d'idées. Il ne se contente plus de l'analyse des mœurs mais en dévoile les origines et les causes, soumises à des lois inéluctables et dont la transgression amène tous les désordres individuels et sociaux. Cette nouvelle voie conduit Paul Bourget à écrire des romans davantage psychologiques : L'Étape (1902), Un divorce (1904) et Le Démon de midi (1914). Il est alors influencé dans son engagement littéraire et dans son orientation romanesque par sa conversion au catholicisme et tente une synthèse entre la science et la foi. L'écrivain est amené à appliquer son talent de romancier psychologue et moraliste aux problèmes sociaux, politiques et religieux de son temps[1] de ce début de XXe siècle.

Son œuvre multiple comprend aussi des poèmes de jeunesse, des essais et quelques pièces de théâtre. L'engagement politique de Paul Bourget même s'il reste souvent cantonné à l'expression littéraire s'est cependant manifesté au sein de mouvements militants et les nombreuses prises de position du romancier traditionaliste, catholique et antidreyfusard en faveur de la monarchie brouillent la lecture de son œuvre, aujourd'hui incomprise voire méprisée et tombée dans l'oubli.

Sommaire

Biographie

Les premières années

Né à Amiens, Paul Bourget passe cependant son enfance et son adolescence à Clermont-Ferrand, de 1854 à 1867, où son père, Justin Bourget, tient la chaire de mathématiques près la faculté de Clermont. Sa famille est originaire d’Ardèche (plus précisément de Savas[2] et de Peaugres[3]). Son grand-père, Claude Bourget, travaille sous les ordres du célèbre inventeur Marc Seguin. Paul Bourget perd sa mère à l’âge de 6 ans. Son père se remarie après cinq mois de veuvage[A 1].

Paul Bourget, enfant, entretient des relations difficiles avec sa belle-mère. L’écrivain revient à Clermont fréquemment, en particulier le 12 octobre 1887 lors des obsèques de son père, devenu dans ses dernières années d’existence recteur de l’académie en 1882. Il garde de l’Auvergne des souvenirs de lieux qui serviront, plus tard, de cadre à certains de ses romans, le château de Cordès, par exemple, dans le roman Le Démon de midi. Il garde aussi un souvenir enthousiaste du château de son ami Eugène-Melchior de Vogüé, le château de Gourdan, situé à Saint-Clair[Note 1], près de Peaugres et de Savas ; les terres des Bourget voisinant celles des Vogüé. Certains de ses ouvrages sont imprégnés par l’atmosphère morale de l’Auvergne comme Le Disciple, Un drame dans le monde et plus particulièrement dans Le Démon de midi, écrit pour partie à Clermont en 1912.

Albert Cahen, cheveux roux, sourcils épais, moustache fournie et de même couleur, est peint de face, assis dans un fauteuil à accoudoirs garni d’une tapisserie à dessins bleus semblable à celle qui orne le mur de fond.  Il est vêtu d’un costume bleu foncé qui laisse voir une chemise à col droit et de petits motifs bleus. Le bras gauche est appuyé sur l’accoudoir et la main dressée à hauteur de l’épaule tient entre l'index et le majeur un porte-cigarette muni d’une cigarette encore allumée. Le bras droit est posé sur une jambe.
Albert Cahen peint par Auguste Renoir en 1881.

Au collège Sainte-Barbe où il est pensionnaire, le jeune Paul Bourget fait la connaissance de son condisciple, Georges Hérelle, avec lequel il entretient une vaste correspondance conservée à la Bibliothèque municipale de Troyes, et qui devient son grand ami. Il y fréquente aussi Auguste Gérard. Bon élève, Bourget est admis au lycée Louis-le-Grand en qualité d’externe[A 2]. Cette double appartenance lui permet d’entrer en contact avec de nombreux autres camarades : Saint-René Taillandier, Henri Becquerel, Denys Cochin ou Ferdinand Brunetière. Une profonde amitié le lie surtout à Adrien Juvigny, avec qui il engage une correspondance suivie[5]. En 1867, il rencontre pour la première fois Albert Cahen, jeune musicien et élève de César Franck, grâce à qui il pourra avoir accès, plus tard, aux salons littéraires de la haute société juive[D 1], nouer des relations qui compteront dans son parcours d’homme de lettres (avec Louise de Morpurgo, les Ephrussi, les Bischoffsheim ou encore les Stern), croiser le chemin de jeunes femmes aussi séduisantes qu’intelligentes (Marie Kann et Loulia Warchawsky notamment) ou d’une grande piété (Minnie David, sa future épouse)[Note 2].

Ses premières acquisitions intellectuelles le portent à avoir un goût très vif pour Victor Hugo, grâce à son professeur Eugène Despois, mais ses classiques préférés ont pour nom George Gordon Byron, Henri Heine et Honoré de Balzac[7]. L’agitation politique de 1870 ne le laisse pas indifférent et il est acquis aux idées démocratiques contre le régime impérial. Durant la Semaine sanglante de la Commune, il assiste à quelques exécutions sommaires et réprouve fermement l’attitude des Versaillais[Note 3],[A 3]. Cette sympathie pour les Fédérés transparaît dans l’un de ses premiers poèmes écrit pour la tragédienne Marie Léonide Charvin, dite « Agar »[C 1].

Premiers succès, le poète, le journaliste, l’essayiste

En 1872, les premiers dîners littéraires auxquels il participe permettent à Paul Bourget d’étoffer ses relations, avec Maurice Bouchor notamment. Il est en effet admis au dîner des « Vilains Bonshommes »[A 4]. Il y retrouve Paul Verlaine, Théodore de Banville, Stéphane Mallarmé, Albert Mérat et le jeune Arthur Rimbaud qui se signale, lors de ces banquets, par sa grossièreté.

Tableau de Béraud représentant Bourget dans la salle de rédaction du Journal des débats, parmi un groupe de médecins. Certains débattent alors que d'autres lisent le journal.
La Salle de rédaction du « Journal des débats », peinture de Jean Béraud, 1889. Paul Bourget est le deuxième, assis, en partant de la droite, de face, bras droit replié sur le dossier de la chaise (musée d’Orsay).

Proche de Paul Bourget, André Gill est également présent[Note 4]. Il fréquente donc les milieux d’avant-garde et devient un ami proche de François Coppée. C’est durant cette période qu’il entre dans le mouvement littéraire du Parnasse pour s’en éloigner ensuite vers 1876 en se rapprochant du « Groupe des Vivants » de ses amis Jean Richepin et Raoul Ponchon. Paul Bourget écrit alors ses premières poésies. Il devient correspondant à la revue Renaissance littéraire et artistique et à La Revue des Deux Mondes, puis critique dramatique au Globe en 1879, puis au journal Parlement. Il publie ainsi le 28 décembre 1872, à 21 ans, dans Renaissance littéraire et artistique, son premier article intitulé « Le Roman d’amour de Spinoza »[8]. Dans les années qui suivent il publie aussi des vers dans diverses revues, dont ses plus célèbres : La Vie inquiète (1875) et Aveux (1882).

Journaliste à ses débuts, Bourget devient chroniqueur à la Nouvelle revue en publiant des essais[9]. Entrevoyant une nouvelle approche critique de la littérature contemporaine, fondée sur la psychologie, Bourget commence par publier une série d’articles portant sur des auteurs, de 1883 à 1885, dans diverses revues. La série, compilée, donne en 1885 les Essais de psychologie contemporaine. Bourget y propose une « théorie de la décadence » qu’il attribue à Baudelaire en rapprochant l’esprit décadent de la fin du XIXe siècle du déclin de l’Empire romain[10]. Certains critiques littéraires voient en lui, durant cette période, un dandy dont l’élégance rappelle Baudelaire ou Alfred de Musset et qui est certainement influencé par sa rencontre avec le célèbre dandy Jules Barbey d'Aurevilly[11],[12].

Vers la célébrité

En 1884, il rédige ses premières nouvelles, dont L’Irréparable[13]. Son éditeur est Alphonse Lemerre, à qui il intente un procès, qu’il gagne, en 1896[Note 5]. Ce litige, porté devant le tribunal de commerce et minutieusement conté par Émile Zola[14], engendre des conséquences juridiques non négligeables à l’époque : un contrat d’édition est bien un contrat de participation qui donne à l’auteur un droit de contrôle absolu.

Paul Bourget en tenue d'académicien, habit, manteau et bicorne, moustache, tient un document dans la main gauche, peut-être le discours de réception d'Émile Boutroux. Il marche en regardant le sol pavé de la cour d'honneur de l'Institut de France, quai de Conti. Une automobile est garée à gauche de la photographie sur verre. Un homme, au second plan, chapeau et manteau, adossé à la façade du bâtiment, près de deux fenêtres avec barreaux, observe l'académicien en portant sa main gauche au visage et en tenant un sac dans sa main droite. Une hampe en bois (?) disparait dans l'angle droit du négatif sur verre.
Arrivée de Paul Bourget en académicien, quai de Conti, le 22 janvier 1914, pour la réception d'Émile Boutroux.

Paul Bourget transfère alors ses droits à la maison Plon-Nourrit. Il demande souvent au peintre Paul Chabas d’illustrer ses productions littéraires. Ce dernier immortalise Paul Bourget dans la vaste composition peinte représentant les poètes du Parnasse, intitulée Chez Alphonse Lemerre, à Ville-d’Avray et présentée lors du salon de 1895. Le tableau, bien connu du commerce de l’art nord-américain, documenté et souvent publié, a pour cadre la propriété de l’éditeur du passage Choiseul, à Ville-d’Avray. Achetée par Lemerre en 1875, elle avait appartenu à Louis-Jacques Corot, père de Camille Corot. Sont portraiturés aux côtés de Paul Bourget : Leconte de Lisle, François Coppée, Marcel Prévost, Auguste Dorchain, Léon Dierx, Henri Cazalis, Mme Daniel Lesueur, Alphonse Daudet, Sully-Prudhomme, Jules Breton, Paul Arène, André Theuriet, Jules Clarétie, José-Maria de Heredia, Paul Hervieu, Henry Roujon, Georges Lafenestre ou M. et Mme Lemerre avec leur fils Désiré[15].

Après la publication de Cruelle énigme, Paul Bourget devient « célèbre en une nuit », selon le mot d’Albert Feuillerat[C 2], beau-frère de Paul Bourget (il a épousé une demi-sœur de l’écrivain, Fanny) et l’essayiste vient de faire place au romancier. Le peintre Jean Béraud le représente aux côtés d’Hippolyte Taine dans une grande peinture réalisée en 1889 : La Salle de rédaction du « Journal des débats »[Note 6]. Paul Bourget est alors l’un des grands romanciers de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Le critique littéraire Pierre de Boisdeffre remarque que : « qui voudra évoquer nos mœurs entre 1889 et 1914 devra recourir à des documents comme les romans de Paul Bourget »[17]. Parrainé par François Coppée et par le comte Paul-Gabriel d'Haussonville, il est élu le 31 mai 1894 à l’Académie française (à l’âge de 43 ans), au 33e fauteuil[18]. Il y est reçu le 13 juin 1895 par le vicomte Eugène-Melchior de Vogüé et lui-même reçoit André Theuriet et Émile Boutroux.

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Bourget se marie le 21 août 1890 en l’église Saint-François-de-Sales avec Minnie David[19], fille de John David, armateur à Anvers[20]. Dès 1894, ils s’installent 20, rue Barbet-de-Jouy[E 2], ou ils vivent toute leur vie. Dans l’hôtel particulier (ils habitent au deuxième étage)[D 2], Bourget pratique presque tous les matins la boxe ou l’escrime avec le même professeur ou son prévôt et, entre deux assauts, il se livre à des réflexions littéraires avec, entre autres, Henry de Cardonne.

Paul Bourget est d’un caractère très pessimiste ; Henry Bordeaux, auquel le lie une sincère amitié, fait remonter la cause de ce pessimisme à la perte de sa mère ainsi qu’au fait d’avoir vécu la défaite et l’humiliation lors de la guerre de 1870. Bordeaux souligne également qu’il « a manqué à Paul Bourget de parler à des paysans et à des pauvres : il n’a pas d’humanité. Il se montre un peu indifférent à la vision de son pays qu’il glorifie dans le passé, et l’on voit trop bien qu’il n’a pas d’enfant »[E 3],[21]. Un autre ami de longue date de l’auteur du Disciple, le vicomte (puis comte) Florimond de Basterot[Note 7] résume dans son journal les traits de caractère de Paul Bourget lorsque ce dernier s’emporte contre une amie, Marie Kann : « Paul Bourget manque de chevalerie. Cela décèle son origine. Il n’est pas né, comme on disait autrefois. Nous ne sommes pas meilleurs que les autres, mais il y a certaines choses de ce genre, mises dans notre sang par une longue série de générations courtoises »[A 5]. Florimond de Basterot rajoute que Bourget fait « un tantinet paysan de l’Ardèche ». Lors d’un dîner en octobre 1888, la comtesse de la Tour, une amie de Gobineau, remarque « un petit je ne sais quoi de commun en lui »[A 6]. Léon Bloy l’avait également surnommé « l’eunuque des dames » et le méprisait cordialement (« Heureux garçon, tu fus reçu dans d’aristocratiques salons que tes ancêtres auraient pu frotter »[22]).

Salons littéraires et relations mondaines

Tableau représentant la comtesse Potocka debout. Le visage sévère, cerné par les cheveux noirs en bandeaux que surmonte, semble-t-il, une petite coiffe blanche, se détache de la demi-pénombre d’un fond sans décor, comme le font aussi le corsage blanc au col bordé d’un bouillonné qui se prolonge en jabot et les mains gantées, croisées sur le ventre. La comtesse est vêtue d’une sorte de robe-manteau noir, à longues manches, d’où dépasse le volant à dentelles et la courte traine de la robe crème de dessous.
La comtesse Emanuella Pignatelli Potocka par Léon Joseph Florentin Bonnat, en 1880.
Portrait de Marie Kann, visage de face avec épingle à cheveux en forme de croissant et deux boucles d'oreilles.
Marie Kann en 1882.

Paul Bourget est reçu dans les milieux littéraires de l’aristocratie parisienne ou de la bourgeoisie liée à la noblesse d'Empire. Il fréquente les dîners, notamment celui fondé par Jacques Alexandre Bixio en 1856 et duquel Bourget est membre en 1924 et dont le doyen d'alors est Raymond Poincaré. Les salons du faubourg Saint-Germain sous la Troisième République l'accueillent[23] : celui de la princesse Mathilde[Note 8], de la comtesse Potocka, de Juliette Adam (qui avait lancé Paul Bourget au début de sa carrière puisqu'il devient correspondant dans sa Nouvelle Revue) ou encore ceux de Geneviève Halévy-Straus ou de la marquise d'Argenson[Note 9]. On le croise chez Rosalie von Gutmann, comtesse de Fitz-James, rue d'Artois, chez qui Bourget dispute à Paul Hervieu la primauté des faveurs de la maîtresse de maison. Il est aussi un habitué du salon tenu par Ernesta Stern qui publie des contes vénitiens sous le pseudonyme de « Maria Star » et il apparaît de temps à autres dans le Grenier des Goncourt, rue de Montmorency à Auteuil. Bourget se rend également au 33, de la rue de Monceau, chez madame Kann, née Marie Warchawsky, parente avec Louise Cahen d'Anvers[Note 10]. Elle n'hésite pas à voyager avec son mari, Édouard Kann, épousé en janvier 1882, mais accompagnée aussi de Paul Bourget qui a honte de « bafouer un mari si sympathique ». Marie Kann devient la maîtresse de Paul Bourget, une maîtresse fantasque qui a recours aux stupéfiants[D 3], parfois, pour oublier le vide de son existence. Elle n'hésite pas à mener de front plusieurs liaisons et est aussi la maîtresse, entre autres, de Maupassant[D 4],[A 7]. Leur liaison s'étale de 1881 à 1888 et Marie inspire à l'écrivain Un crime d'amour.

L'article « Un crime d'amour » aborde ce thème de façon détaillée.

Il fréquente aussi assidûment le salon littéraire de la courtisane Laure Hayman (1851 † 1932)[24] qu'il admire et qu'il prend pour modèle dans une nouvelle sous le nom de Gladys Harvey. En octobre 1888, Laure en donne un exemplaire à Marcel Proust, relié avec la soie d'un de ses jupons et dédicacé d’une mise en garde : « Ne rencontrez jamais une Gladys Harvey ». Elle est le modèle supposé d’Odette de Crécy dans À la recherche du temps perdu, comme Paul Bourget peut avoir inspiré le personnage de Bergotte (on cite plus volontiers Anatole France comme source inspiratrice de ce personnage, que Bourget rencontre parfois chez son égérie Mme Arman de Caillavet).

L’auteur du Disciple côtoie enfin de grands collectionneurs de peinture impressionniste, dont les Louis Cahen d'Anvers (qui ont passé commande à Auguste Renoir pour le portrait de leur fille Irène) et Charles Ephrussi, critique d’art et spécialiste d'Edgar Degas mais également propriétaire de la Gazette des Beaux-Arts à laquelle collabore Paul Bourget[Note 11]. C’est par l’entremise de Bourget que Jules Laforgue devient secrétaire de Charles Ephrussi. D’autres amis de Paul Bourget ont constitué des collections de peinture : Charles Deudon[25], qui a assemblé une collection fameuse ou l'on découvre des toiles d’Edouard Manet, d’Alfred Sisley ou de Claude Monet mais également Henri Cernuschi et Jules Ephrussi, témoin de Minnie à son mariage[D 5] ; Paul Bourget rencontre parfois les Ephrussi dans leur chalet de Meggen sur les rives du lac des Quatre-Cantons[26]. Marie et Edouard Kann, eux, ont préféré s’attacher les talents du portraitiste des milieux officiels de la Troisième République, Léon Bonnat, pour immortaliser leurs proches. Mais Paul Bourget ne semble pas sensible à cette peinture contemporaine de l’époque. Il a des goûts plus classiques comme une autre de ses relations, Gustave Dreyfus, qui est spécialiste de la Renaissance italienne. On l’aperçoit alors chez l’artiste Madeleine Lemaire, peintre de fleurs, qui tient salon dans son atelier, rue de Monceau.

Cosmopolitisme européen et voyage outre-mer

Portrait de Laure Hayman, assise de trois quarts sur un fauteuil, les deux mains reposant sur accoudoir de droite et les pieds gainés de bas rouges et chaussés de même couleur reposent sur un gros coussin bicolore, jaune paille au-dessus, rouge en-dessous.  Le bleu, le rose et le rouge dominent dans cette œuvre, donnant une impression de légèreté, de jeunesse, de luminosité. Le rouge se retrouve dans le nœud qui surmonte des cheveux bouclés serrés en chignon, dans celui qui enserre le cou, dans celui qui orne la pointe du décolleté bordé d’un volant de la robe bleue et jaune dont les manches arrêtées à hauteur des coudes se terminent elles aussi par un volant, et dont la jupe, ouverte sur le devant, s’achève en traine. Du rouge encore pour la jupe de fond recouverte de cinq volants de tulle ou de mousseline qui donnent par transparence un effet rose incarnat rappelant celui des lèvres et des joues fardées. Un bleu et un rose plus légers forment aussi la trame de la draperie en arrière fond.
Laure Hayman, modèle supposé de Gladys Harvey, nouvelle de Paul Bourget, peinte par Julius LeBlanc Stewart en 1882.
Croquis de profil, de l’auteur en tenue de montagnard et espadrilles, tenant un bâton à la main. Chacun des éléments, calotte, chemise, accessoires, etc. est sommairement annoté de part et d’autre de la silhouette.
Autoportrait de Paul Bourget, lors de son voyage en Grèce (croquis).

L’académicien et romancier est également un grand voyageur qui fréquente les capitales européennes, telles que Rome, durant une période qui voit l’apogée du rayonnement culturel européen[27]. Bourget se rend aussi en Angleterre. L’Irréparable a ainsi été écrit à Oxford. Il est aussi allé en Terre Sainte, voyage brusquement interrompu par son départ pour l’Amérique d’où il rapporte Outre-mer. Il se rend par ailleurs plusieurs fois en Italie[28], et tire de ces voyages Sensations d’Italie. Dans ses Lettres à madame Cahen d’Anvers, son enthousiasme pour Sienne apparaît et sa prédilection pour cette ville se manifeste surtout dans Voyageuses : « En Toscane, autour de Pise, de Florence, de Sienne, il est des coins dont le seul nom gravé sur une carte fait battre mon cœur. Beyle [l'écrivain Stendhal] a ordonné que l’on mît sur son tombeau Milanese. Je suis parfois tenté de demander que l’on écrive sur celui ou je reposerai Senese et ce ne serait pas trahir mon vrai pays »[B 1].

Entre avril et juin 1887, le romancier s’établit dans la Cité des Doges, sur le Grand Canal, près de La Salute, où il loue le Palais Dario 400 lires la saison, gondolier compris[Note 12]. Le séjour romain de Paul Bourget (de décembre 1891 à avril 1892) illustre bien les avantages que lui procurent ses nombreuses et prestigieuses relations. Il est reçu dans le palais du comte Giuseppe Primoli, habitué à Paris du salon de la princesse Mathilde, sa tante[29], et grâce auquel l’écrivain français est accueilli dans les plus célèbres salons romains, chez les Minghetti, les Gravina, ou les Pasolini. Le pape Léon XIII le reçoit à sa table[30]. De ce séjour naît Cosmopolis (1893), qui comporte une description détaillée du Saint-Père à la fin de l’ouvrage.

Bourget voyage aussi en Grèce, à Corfou, en Espagne, en Écosse et en Irlande, en Angleterre (Cruelle énigme a été écrit à Londres en 1884), en Allemagne, en Suisse ou au Maroc. Le séjour américain de Paul Bourget l’occupe durant huit mois. Sur la côte Est où il arrive sur un paquebot transatlantique, « lévrier des mers » de la Cunard, le romancier français s'installe avec son épouse à Leyrot cottage et rencontre pour la première fois Edith Wharton dans sa nouvelle propriété de Newport, Land's End[31]. Il est ensuite reçu par Isabella Stewart Gardner, épouse du propriétaire de la compagnie « The Chicago, Burlington and Quincy Railroad », magnat du rail[C 3]. Il loge à Boston, à Greenhill, 135 Warren Street, la mythique propriété de Brookline achetée par le père de son hôte en 1846, puis dans le Massachusetts, toujours chez les Gardner, dans leur résidence de Beach Hill. Il s’est en effet embarqué à Liverpool avec une lettre de recommandation signée de l'écrivain Henry James qui lui ouvre toutes les portes du Nouveau Monde[32]. Paul Bourget est également recommandé par le député Paul Deschanel. À Chicago, il a le loisir de visiter les usines de John Lowell « Jack » Gardner. Il découvre aussi New York, la Floride et la ville de Salem lui laisse une impression profonde.

Ce voyage en Amérique est l'occasion pour le romancier de populariser un anglicisme, « building », qui fait alors son apparition dans la langue fançaise : le Dictionnaire étymologique et historique des anglicismes d'Édouard Bonnaffé cite en effet à l'entrée « building » une phrase d'Outre-mer (1895)[33]. Le Petit Robert, en 2009 encore, donne la date de 1895, celle de la publication du livre de Bourget, pour l'apparition de ce mot dans un texte français.

Conversion au catholicisme

Paul Bourget dans son bureau, rue Barbet – de – Jouy, debout devant un pupitre.
Paul Bourget examinant, rue Barbet-de-Jouy, une carte du continent nord-américain, en 1893, alors qu'il s'apprête à partir 8 mois outre – Atlantique.

En 1890, lorsqu'il a épousé Minnie David qui était comme la pupille de Louise Cahen[34], Bourget croit bon de prendre ses distances à l'égard de son ancienne muse (« sa muse alpha » selon ses propres termes) ; de cette manière, il compte assurer la tranquillité de son ménage. Mais les Cahen ne dissimulent pas leur mécontentement au romancier. D'où un refroidissement de leurs relations qui n'est pas sans donner corps à un certain antisémitisme chez Bourget, antisémitisme que, du reste, l'écrivain se garde toujours de manifester publiquement[A 8]. Cette relative modération permet à Paul Bourget d'atténuer le ressentiment de ses anciennes relations dans la haute société juive lors de l'Affaire Dreyfus. Ernesta Stern[Note 13], qui reçoit souvent l'écrivain chez elle, 68 Faubourg Saint-Honoré, où elle tient salon, ne perd de vue le romancier anti-dreyfusard qu'un moment au plus fort de l'affaire.

On distingue traditionnellement deux périodes dans l'œuvre littéraire de Paul Bourget, avant et après son retour au catholicisme (il se convertit en 1901)[E 4],[35], ce retour s'effectuant progressivement dans les années 1890. Les transformations intérieures de l'écrivain sont perceptibles dans ses lettres et son Journal intime ou l'inquiétude morale et religieuse est visible à tout instant. Il adopte sincèrement «  les opinions conservatrices de Taine et de Balzac, dont il s'était fait l'écho sans véritable conviction  »[36]. Il avait abandonné le catholicisme en 1867[Note 14], avant d’y revenir à partir de 1889 et d’une façon toujours approfondie jusqu’à sa mort. Un roman significatif de sa conversion définitive au catholicisme, «  peut-être son chef-d'œuvre  » selon Henry Bordeaux[E 5], est L'Échéance, paru en 1900. L'écrivain y expose un des dogmes catholiques les plus mystérieux, la réversibilité des mérites, en mettant en scène un jeune médecin qui apprend que son éducation est le fruit d'un vol de la part de ses parents qui ont jadis détourné un héritage. Le jeune homme va alors se dévouer aux autres hommes, il méritera son destin pour ses parents indélicats.

Sont représentatifs du « premier » Paul Bourget et de son talent à étudier la psychologie humaine : Cruelle énigme, Cosmopolis, André Cornélis[37], Mensonges — inspiré du calvaire amoureux d'Octave Mirbeau —, et du « second » Paul Bourget : L'Étape, Le Démon de midi, Nos actes nous suivent. Le Disciple (1889) est considéré comme le roman faisant la transition entre ces deux périodes.

Paul Bourget, conservateur du domaine de Chantilly

L'auteur du Disciple est reçu dans la propriété du duc d'Aumale lors de grands dîners dans la Galerie des Cerfs en compagnie d'Emile Zola, Edmond de Goncourt, Ernest Renan ou Pierre Loti. Sa qualité d’homme de lettres réputé permet à Paul Bourget de rendre un hommage au conservateur du domaine de Chantilly, Elie Berger, pour son attitude courageuse lors du passage des troupes allemandes au château, durant la Première Guerre mondiale[38]. Il y exerce la charge de Président du Collège des conservateurs[Note 15] du domaine de Chantilly de 1922 à sa mort, en 1935 en tant que membre de l’Académie française où il avait été élu en 1894. Il travaille avec Gustave Macon, Premier conservateur-adjoint, désigné par le duc d'Aumale. Il dispose d'un appartement de fonction dans le bâtiment XVIIIe siècle situé sur la terrasse du château et appelé « Château d’Enghien » ou « pavillon des conservateurs »[39]. Cet appartement a ensuite été occupé par Alain Decaux jusqu’en juin 2009.

Edith Wharton, assise de trois-quart en train d'écrire, face à une table, chignon et bougeoir sur la table
L'Américaine Edith Wharton, une amie des Bourget.

À partir du Démon de midi (1914), Paul Bourget écrit la plupart de ses œuvres dans sa propriété du « Plantier », à Costebelle (domaine qu'il a acheté en 1896 à la famille Husson de Prailly), près d'Hyères, propriété où il passe tous ses hivers. Il y reçoit notamment le vicomte Eugène-Melchior de Vogüé qui y écrit Jean d’Agrève, ainsi qu’Edith Wharton, la disciple d’Henry James, qui y est très souvent reçue en compagnie de son époux Teddy Wharton. Les Bourget ont fait sa connaissance en 1893, en Amérique, à Newport[40] et la voient souvent à Paris, Faubourg Saint-Germain[41].

Le Plantier de Costebelle

La page « Le Plantier de Costebelle » est la page d'aide principale sur le sujet.

L’installation de Paul Bourget à Hyères[Note 16] date de l'achat, à Costebelle, le 29 janvier 1896, d'un domaine qui s'appelle alors « La Villa des Palmiers », et qui appartient à madame Berthe de Guichen, veuve du comte du Bouëxic de Guichen et fille de Hortense Husson, baronne de Prailly. Cette maison a été construite en 1857 sur les instructions de la baronne de Prailly, par l'architecte hyérois Victor Trotobas suivant les plans d'une villa italienne de type palladien.

Le photographe toulonnais Solia a immortalisé l'écrivain dans sa vie quotidienne au Plantier : devant la chapelle en compagnie de Minnie, de l'abbé, du jardinier et du maître d'hôtel. Le personnel domestique occupe tout le rez-de-chaussée de la maison et un escalier de service en excroissance sur la façade nord, destiné à permettre l'accès à l'étage noble, a été ajouté par l'architecte Pierre Chapoulard sur les ordres de l'académicien en 1896. La ferme du Plantier, où se trouvent les écuries, est une grande bâtisse, plus ancienne où a vécu quelque temps madame de Prailly pour superviser les travaux de construction de la maison en 1857. C'est dans cette annexe que logent les invités du romancier. Jean d'Agrève y fut achevé et Henry James y enflamma par mégarde les rideaux de sa chambre.

Les sites hyérois, proches du Plantier de Costebelle, ont servi de décor à quatre romans : Lazarine (1917), Laurence Albani (1919), Le Danseur Mondain (1926) et à une partie du roman Le Fantôme (1901). De plus, le Roman des quatre (1923), écrit en collaboration avec Henri Duvernois, Pierre Benoit et Gérard d'Houville (Marie de Heredia, fille de José-Maria de Heredia), se déroule à Hyères, à Giens plus précisément. Plusieurs nouvelles ont également pour cadre les environs du Plantier : Voyageuses, Les Pas dans les pas, L'Eau Profonde ou Le Justicier. L'écrivain se mettait au travail dès sept heures le matin et jusqu'à l'heure du déjeuner. L'après-midi était consacré aux visites, aux réceptions et souvent aux promenades à cheval durant lesquelles madame Bourget se révèle une amazone confirmée. Dans un des derniers articles de sa vie, Edith Wharton, la romancière américaine, évoque les promenades des Bourget : « C'était toujours le même ! Le sentier qui longe la plage et qui conduit à travers les pins vers la Capte »[42]. À côté de la ferme, les écuries abritent deux ou trois chevaux et même un poney du Pays de Galles qu'affectionne Paul Bourget. Il a écrit et préfacé, en collaboration avec E. Molier, l'ouvrage L’Équitation et Le Cheval (1913).

En raison sans doute de l'abondance des végétaux exotiques et précieux (palmiers, cactées, arbousiers de Chypre (Arbutus andrachne) ou encore bulbes de tulipes des Indes offertes par la Reine Victoria lors de son séjour à Costebelle et au Plantier en 1892), Paul Bourget rebaptise son domaine hyérois « Le Plantier de Costebelle »[43].

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C'est sans doute l'endroit où il a le plus et le mieux travaillé. Il réside au premier étage du bâtiment où son bureau avait été autrefois la chambre de Monseigneur Dupanloup (évêque d'Orléans et habitué des lieux)[45]. Latiniste distingué, le romancier disait de cette maison : « Parva sed apta mihi » (« elle est petite mais me convient »). Paul Bourget reçoit au Plantier nombre de personnalités (littéraires, politiques, médicales, militaires)[46] : Edith Wharton[47], Maurice Barrès, Edmond Jaloux, le professeur Grasset, Pierre Benoit, Jean-Louis Vaudoyer, Henry Bordeaux, Charles Maurras, Francis Carco, Matilde Serao, André Beaunier, le compositeur Paul de Richard d'Ivry, Gabriel Hanotaux, alors ministre des Affaires étrangères, le professeur Charles Richet, Émile Ripert, William James, en 1900, José-Maria de Heredia, André Gide, le maréchal Joffre[48], le général Nivelle, Henry James[49], Gérard Bauër, Gaston Jollivet ou même Lady Randolph Churchill. Très proche des milieux aristocratiques parisiens qu'il fréquente au travers des salons (notamment celui d'Isabelle d'Harcourt, marquise d'Argenson), il poursuit ces relations mondaines en hiver à Costebelle en rendant souvent visite aux voisins immédiats du Plantier : le comte et la comtesse de Léautaud Donine qui possèdent la Villa Léautaud.

Paul Bourget, collectionneur d'art

La chapelle du Plantier, construite en 1857 mais d'un style néo-gothique bien différent de l'architecture italienne de la maison est bénie pour la première fois par le père Lacordaire, directeur de conscience de la baronne de Prailly. Cinq statues religieuses sont à remarquer à l'intérieur : Saint Joseph, Saint Dominique, Saint Vincent de Paul, la Vierge et Sainte Catherine d'Alexandrie. Cet édifice ogival sert d'écrin à plusieurs tableaux primitifs italiens de l'école siennoise, acquis par l'écrivain lors de ses voyages en Italie. Paul Bourget est en effet un amateur d'art et un expert en histoire de l'art. Ainsi, par exemple dans une de ses nouvelles les plus connues, La Pia, il relate sa découverte d'une œuvre siennoise dans une église de la région de Castelfiorentino (le couvent San Sébastiano de Montajone). Bourget, en parfait professionnel date cette tablette de Biccherna de 1471 et propose des noms d'artistes de l'époque pour l'attribuer[D 6]. Il agit par conséquent en historien d'art plus qu'en amateur. C'est avant tout un collectionneur[50]. Paul et Minnie fréquentent les antiquaires de Pérouse et de Rome, et sont de grands admirateurs de la collection de Victor Martin Le Roy.

Le Retable de la Trinité (1397) de Bartolo di Fredi, panneau provenant de la Basilique San Domenico de Sienne[51], est la pièce majeure de sa collection[52]. Cette œuvre a été offerte en dation au musée des beaux-arts de Chambéry par le descendant par alliance de Paul Bourget, le général Marius Daille, inhumé dans cette même chapelle[D 7].

Tout au long de sa production littéraire, le romancier évoque cet attrait de la « collection », notamment de tableaux anciens italiens : dans Une idylle tragique (1896), les héros visitent la collection d'antiques du prince Fregoso alors que dans la nouvelle L'Adoration des mages (1897), Bourget met en scène un pittoresque collectionneur de primitifs italiens. Dans Le Fantôme (1901) il évoque un vieux célibataire entouré d'une collection d'objets italiens du XVe siècle. Ce sont encore des collectionneurs que l'on croise en lisant Monique (1902) ou L'Émigré (1907), dans le cadre du château des Claviers-Grandchamps ou un expert, croyant reconnaître un Da Vinci, dans la nouvelle La Dame qui a perdu son peintre (1910). La Seconde Mort des Broggi-Mezzastris, nouvelle parue en 1904, semble prédire de façon prémonitoire et inconsciente l'avenir de la collection de tableaux de Paul Bourget lorsque l'écrivain évoque l'histoire d'une collection privée léguée à la ville de Bologne[53]. Enfin, le hall d'entrée du Plantier est orné de peintures de Camille Bourget[54], demi-frère de Paul. La maison possède également une chambre forte ou l'écrivain, qui séjourne sur la Côte d'Azur uniquement en hiver et au printemps, entrepose en sécurité le reste de l'année ses primitifs siennois accrochés dans la chapelle.

Les dernières années

Assassinat de Gaston Calmette en 1914 dans le bureau du directeur du journal.
Le 16 mars 1914, Paul Bourget est témoin de l'assassinat du directeur du Figaro, Gaston Calmette par Henriette Caillaux[55].

Paul Bourget est le témoin involontaire de l'assassinat du journaliste Gaston Calmette, dans les bureaux du Figaro, en mars 1914, tué par Henriette Caillaux, ulcérée par la campagne de dénigrement lancée contre son mari, le ministre des Finances du gouvernement Doumergue, Joseph Caillaux[Note 17].

Bourget ne quitte plus son appartement de la rue Barbet-de-Jouy à Paris durant ses dernières années, appartement décrit par Henry Bordeaux qui explique que « Le fond du cabinet de travail, au-dessus de la cheminée, était occupé par une copie, par son frère Camille, de la fresque de Luini qui représente l'Adoration des rois mages et qui est au musée du Louvre. Sur la cheminée s'entassaient des photographies de ses amis. Contre les fenêtres, les parois étaient consacrées aux lettres : une belle copie de la George Sand de Eugène Delacroix, un portrait d'Hippolyte Taine, un Melchior de Vogüé, qu'il avait eu en grande amitié, le masque mortuaire de Tolstoï »[E 6]. Il ajoute : « Les livres avaient mangé tout le reste : un Balzac complet, un Taine, un Walter Scott, et les chefs de file préférés, Bonald, Joseph de Maistre, Le Play, Fustel de Coulanges. La littérature contemporaine s'entassait comme elle pouvait sur les meubles : elle n'avait pas ses préférences, elle n'avait pas servi à la formation du cerveau »[56]. Eugène Marsan remarque lui des tableaux anciens de Pietro Longhi, représentant des personnages de carnaval. Il s'agit en fait de fixés sous verre vénitiens du XVIIIe siècle.

Le 28 juin 1920, aux côtés du sénateur Raymond Poincaré, l'écrivain inaugure le buste de Stendhal et prononce à cette occasion un discours. Le 14 octobre 1923, il préside l'inauguration d'une plaque commémorative à la gloire de Jules Barbey d'Aurevilly, un de ses maîtres, rue Rousselet à Paris. Le 15 décembre 1923, le théoricien du roman psychologique réunit amis et admirateurs à la Maison de Balzac[C 4]. Il y prononce un discours à l'occasion de son jubilé littéraire : « Cinquante années dévouées au service des Lettres »[B 2]. C'est encore à Paul Bourget que l'on fait appel pour inaugurer au Jardin du Luxembourg un monument à la mémoire de Gabriel Vicaire. En novembre 1926, il est sacré « Maréchal des Lettres françaises » par la société des Amis de Pascal. Le 28 juin 1931, il inaugure une stèle commémorative à la gloire d'Hippolyte Taine dans le petit square des Invalides (devenu depuis le square d'Ajaccio) sous la forme d'un médaillon de bronze dû à Oscar Roty (1928). C’est sa dernière apparition en public.

 Paul Bourget dans ses dernières années, de face, moustache, portrait.
Paul Bourget dans ses dernières années.

Durant l'hiver 1925, Minnie Bourget se casse le col du fémur en descendant de voiture sur l'esplanade du Plantier. Les Bourget y sont immobilisés pendant une grande partie de l'année 1926. Bourget y écrit Le Danseur mondain. À cette chute succède une dégénérescence mentale[D 8]. Paul Bourget, pour se rapprocher de la clinique du Vésinet où Minnie est hospitalisée, ne revient plus à Hyères. Il écrit son dernier roman, Le Diamant de la Reine, à dimension autobiographique. Minnie Bourget meurt en octobre 1932. C'est l'année ou le sculpteur Paul Roussel lui offre pour ses 80 ans une médaille de bronze représentant le romancier de profil[57].

Très gravement malade à partir de septembre 1934, à Chantilly, Paul Bourget vit ses derniers mois à la maison de santé des Frères Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, à Paris. Il meurt chez lui, le matin de Noël 1935. Le 27 décembre 1935 ont lieu ses obsèques. La cérémonie religieuse se déroule en l'église Saint-François-Xavier où la messe est célébrée par l'abbé Pellerin et présidée par le cardinal Jean Verdier, en présence du Garde des Sceaux, Léon Bérard[C 5]. Le cortège funèbre passe devant l'Hôtel des Invalides ; les professeurs Chevassu et Fiessinger qui l'avaient soigné, Lucien Corpechot, René Doumic, Henry Bordeaux, le maréchal Pétain, et Saint-René Taillandier tiennent les cordons du poêle[Note 18]. Bourget est inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris[58], aux côtés de son épouse.

Opinions de Paul Bourget

La pensée politique de Paul Bourget trouve sa source d'inspiration et ses fondements dans les idées développées par les chefs de file français et théoriciens de la contre-révolution et de la pensée chrétienne du XIXe siècle. Les philosophes Louis de Bonald[B 3] et Joseph de Maistre[59], l'historien Fustel de Coulanges[E 7], le sociologue Frédéric Le Play[60] et l'écrivain Honoré de Balzac[61], disciple de Bonald[62],[B 4], sont à la base des choix doctrinaux traditionalistes du romancier.

Le traditionalisme social par l'engagement politique

Avec Henry Bordeaux et René Bazin, Paul Bourget est, selon Frédéric Fabre, l'un des « 3B », ces auteurs[63] dits de référence pour les milieux catholiques et traditionalistes du début du XXe siècle. Anti-scientisme, défense de la culture classique contre les « barbares », selon ses mots, de l'école républicaine, refus de la liberté de l'art au profit de la responsabilité sociale, autant d'éléments qui entrent en résonance avec le rôle que s'arroge l'Église dans la conservation de l'ordre social et des valeurs classiques. Cette configuration contribue à rapprocher, parfois jusqu'à la conversion, plusieurs écrivains, dont Léon Bloy (1879), Paul Claudel (1886), Bourget (1889), Joris-Karl Huysmans (1892), François Coppée (1897) et Brunetière (1905)[64].

 Paul Bourget au Plantier de Costebelle avec Henry Bordeaux et quelques amis, photo d'extérieur, certains sont assis sur un banc
Paul Bourget (à droite) et Henry Bordeaux (avec une canne) au Plantier de Costebelle. Minnie Bourget est assise au premier plan[65].

Ces conversions sont suivies dans les années 1900 – 1910 du retour à la foi de plusieurs dizaines d'artistes[66]. Le ton sentencieux et les positions traditionalistes adoptés par Paul Bourget dans ses romans (Charles Maurras dans son Triptyque de Paul Bourget, en 1931[67], retrace la jeunesse de Paul Bourget et évoque son combat contre le naturalisme) attirent de nombreuses inimitiés dans le milieu littéraire, notamment, chez les écrivains catholiques, parmi eux, celle de Léon Bloy. D'autres, plus compréhensifs, voient en lui un « Zola chrétien »[68]. Dès 1900 en effet Bourget devient un écrivain engagé, auprès des thèses nationalistes et conservatrices. Dans la pièce de théâtre La barricade, il exhorte les patrons à poursuivre leur rôle d'exploiteurs et appelle à reprendre la lutte de classe au profit de la bourgeoisie[69].

Ainsi donc, peu à peu, à partir de 1889, Paul Bourget se met à l'école du traditionalisme politique, social et religieux. Il se fait, progressivement, le défenseur de la famille[70], de l'église et de la monarchie (contre la république et la démocratie), ceci parallèlement au long cheminement de son retour au catholicisme, de 1889 à 1902. Cette évolution est doublée d'une adhésion politique d'abord, en 1898[Note 19], à la Ligue de la patrie française, puis, en 1900, à l'Action française. Il est également aux côtés de l'Abbé Pascal dans le mouvement Tradition et Progrès[B 5].

Son élection sous la Coupole du quai de Conti en 1894 et sa vision européenne de la politique lui font dire que les quatre grandes forteresses européennes de défense contre la Révolution sont : la Chambre des Lords, la Papauté, le grand état-major prussien et l'Académie française. Pour certains, sa collaboration à l'Action française reste un engagement « strictement restreint à l'expression littéraire » (selon le mot de Yehoshua Mathias). Il n'est pas un tribun ; le fait qu'il se présente en 1904 en tête de liste (liste Nassel), aux élections municipales de Hyères, contre la liste du bloc des gauches, apparaît comme l'exception dans une vie consacrée à la littérature. Les prises de position politiques du romancier n'en demeurent pas moins notoires. Le romancier est devenu en effet un anti-dreyfusard convaincu. Il soutient en 1904 la création de l'Entente Nationale[71] et en 1930, il est président d'honneur, lors de sa fondation, du Cercle Augustin Cochin[72] dont l'objectif est de « lutter contre l'esprit démocratique et révolutionnaire et contre la franc-maçonnerie, le socialisme et le bolchevisme »[73]. Les intellectuels communistes le considèrent par ailleurs comme une menace car il est « une force sociale, avec ses huit cent mille lecteurs »[74], lectorat considérable pour l’époque.

La « solution monarchiste »

Paul Bourget (cercle) chez l'éditeur Alphonse Lemerre, avec les poètes du Parnasse, peint par Paul Chabas (1895). Peinture en extérieur, dans le jardin de la maison.
Paul Bourget (cercle) chez l'éditeur Alphonse Lemerre, avec les poètes du Parnasse, peint par Paul Chabas (1895).

Proclamé par Charles Maurras « Prince de la jeunesse »[75], Bourget est en 1900, le seul des grands auteurs de l'époque à se déclarer en faveur d'un mouvement monarchiste philosophique[76] et positiviste[G 1]. Lorsqu'il répond à « l'Enquête », lancée par Charles Maurras auprès des intellectuels de droite sur l'éventualité de l'établissement d'un régime monarchiste, Paul Bourget est très clair : « la solution monarchiste est la seule conforme aux enseignements les plus récents de la science »[G 2]. Favorable à une révolution monarchiste sur le plan politique, le « maître à penser des cercles monarchistes »[77] estime que celle-ci doit être d'abord préparée moralement et socialement au travers des œuvres littéraires[78]. L'adhésion de Paul Bourget à la cause monarchiste est, selon Charles Maurras, comparable à celle de Chateaubriand à la cause de La Restauration : « Son adhésion avait valu pour sa cause une armée de cent mille hommes »[79].

En 1902, il reçoit dans sa propriété hyéroise du Plantier de Costebelle Monseigneur de Cabrières, évêque de Montpellier et connu pour ses convictions monarchistes, en compagnie de Gaston Jollivet (directeur du Gaulois) et de Maurice Barrès. Il propose[80] même la candidature de ce prélat pour un fauteuil vacant à l'Académie française[81]. Paul Bourget, pour « légitimer le recours au monarque »[82], s'appuie sur les travaux de Joseph Grasset, proche de Monseigneur de Cabrières et neurologue montpelliérain qui place la Tradition au centre de ses préoccupations médicales. Ainsi le romancier qui défend ces idées conservatrices au sein du mouvement royaliste de Charles Maurras, encore embryonnaire, ne se montre pas insensible aux considérations rationnelles et scientifiques qui « permettent d'éviter délibérément la démagogie »[83]. La science a donc droit de cité, « mais uniquement dans le but de légitimer les valeurs de la tradition » précise Philippe Secondy[84].

Le but est donc clair : il convient de « défaire systématiquement l'œuvre meurtrière de la Révolution française »[B 6]. L'écrivain adhère aux idées favorables à la décentralisation, en réaction aux conceptions du pouvoir centralisateur « jacobin ». Mais la conversion spirituelle de Bourget incite le romancier à se rapprocher aussi de mouvements aux objectifs larges, dirigés par des personnes modérées et « attirées par le catholicisme »[G 3]. Bourget analyse alors sa relation avec Charles Maurras : « Ce puissant esprit n'entend rien au christianisme ; là est sa limite, il ne voit que la société »[85]. À la demande de son président Émile de Marcère, magistrat et républicain, Paul Bourget devient vice-président de la Ligue républicaine de décentralisation[86].

Paul Bourget et la question juive

En 1899, après de longues hésitations[87] et sur les instances de Maurice Barrès, Paul Bourget signe la pétition antidreyfusarde de la Ligue de la patrie française[88] dont la plate-forme idéologique soutient la défense de la race et l'antisémitisme (Edgar Degas et Auguste Renoir en font également partie). L'attitude de l'écrivain vis-à-vis de ce mouvement qu'il qualifie « d'opportuniste » est cependant critique et Bourget reste réservé, méfiant sur ses dirigeants : « Lemaître n'est qu'un anarchiste par bien des portions de son esprit [...] et Coppée, un jacobin typique »[89]. Il est de même opposé à ceux qu'il traite de « fanatiques », Maurice Pujo et Henri Vaugeois en particulier, et reproche à Charles Maurras son « impuissance à refréner leurs ardeurs »[90]. Le romancier met ses espoirs dans l'Action française, mouvement patriotique farouchement antidreyfusard, antisémite, antiprotestant et xénophobe, participant aux banquets de L'Appel du soldat et prononcant souvent les discours d'ouverture de l'assemblée annuelle de ce mouvement politique nationaliste[G 4]. La question juive et la défense de la race demeurent pour l'écrivain « une obsession »[G 5] et le ressentiment qu'il éprouve vis-à-vis de ses amis juifs de naguère (Cahen d'Anvers, Ephrussi, Kann, Stern, Bischoffsheim), « dont j'ai été pour un long temps, dupe », transparaît dans ses journaux[91]. Certaines œuvres aussi trahissent la colère et le dégoût du romancier contre les juifs de la Haute Banque à travers notamment la figure du baron Hafner, juif affairiste cosmopolite dans la préface de Cosmopolis (alors que L'Étape illustre au contraire un juif idéaliste). En 1899, lors du séjour de Henry James au Plantier de Costebelle, l'Affaire Dreyfus est évoquée et les deux écrivains constatent l'abîme qui sépare leurs positions respectives[92].

Photo du procès de Zola en 1898. Zola est de profil, sur la gauche de la photographie, entouré de différents protagonistes présents lors du procès. Il porte moustache, barbe et lunettes ; la photographie est trouble.
Le procès d'Émile Zola en 1898.

Il refuse cependant de s'engager et de prendre part à quelque réunion que ce fût « où seraient entendus des slogans antisémites »[G 6],[93] : Charles Maurras et Maurice Barrès se plaignent d'ailleurs de l'attitude prudente de Bourget dans leur correspondance et tentent à plusieurs reprises, sans succès, d'exercer des pressions sur l'auteur du Disciple[94]. Paul Bourget manifeste donc des scrupules moraux et bien qu'antidreyfusard, en 1898, il refuse de se déclarer contre Zola lors du procès, donnant la primauté à ses fidélités personnelles[95]. Lorsque les cendres de l'écrivain dreyfusard sont transférées au Panthéon, Paul Bourget, se démarquant de la campagne hostile à ce transfert menée par Barrès au Parlement, publie une série d'articles élogieux sur Émile Zola[96]. Barrès constate que Paul Bourget « reste bien centre gauche ou centre droite [...] dans ses ressources et sa sensibilité »[97]. C'est pour cette raison que Yehoshua Mathias évoque le « refus de l'antisémitisme de Bourget par choix doctrinal »[G 7]. De même dans son essai de 1936 qui évoque longuement l'amitié qui la lie à Paul Bourget depuis 40 ans, la romancière américaine Edith Wharton explique que les positions antidreyfusardes du romancier français « n'étaient pas dues à de l'antisémitisme, mais plutôt à la certitude que l'armée française ne pouvait pas se tromper »[98].

Du roman d'analyse au roman à thèse

Paul Bourget énonce dans ses Nouvelles Pages de Critique et de Doctrine (1921), les quatre vertus cardinales du roman[H 1] : la crédibilité qui naît de la conviction du romancier, le don de présence dû aux détails significatifs qui crédibilisent les personnages, l'importance du sujet et le naturel du style. Cet « idéal bourgetesque du roman »[H 2] s'impose pendant de longues années à toute la critique qui reprend les analyses de Bourget[H 3].

Une controverse entre Paul Bourget et Albert Thibaudet sur le roman permet également de préciser cette définition puisque le romancier défend la doctrine d'une stricte composition dans laquelle le narrateur, garant d'un récit bien noué et d'une progression dramatique logique, est toujours présent : « Un roman n'est pas de la vie représentée. C'est de la vie racontée »[B 7]. Cette composition dramatique serrée, nécessaire à la « mise en place des épisodes »[B 8], s'oppose à la forme de roman souple et libre, s'inspirant du théâtre et de l'essai, justifiée par Thibaudet[99].

Ces différents critères sont présents à la fois dans le roman d'analyse, qui caractérise les écrits de Paul Bourget, fin psychologue, jusqu'à la parution du Disciple en 1889 et dans le roman à thèse, que Bourget préférait nommer « le roman à idées »[B 9], qui devient le vecteur de l'engagement littéraire et des thèses morales du romancier après 1889.

Le roman d'analyse

L'analyste des désordres du cœur

Le « premier » Paul Bourget, celui d'avant sa conversion au catholicisme, est moraliste, un analyste des désordres du cœur ; faisant preuve d'un certain relativisme, il accorde moins d'importance aux mœurs qu'à la psychologie et considère ses romans comme « de simples planches d'anatomie morale »[B 10]. Il accuse en effet une vision souvent pessimiste de la société. Pour Edouard Rod, son contemporain, Paul Bourget apparaît comme « un désabusé, sceptique, pessimiste, indifférent, aristocrate, bien décidé à s'isoler du troupeau vulgaire, curieux de joies et de douleurs plus rares que celles du commun, prêt à aller chercher une consolation au mal de vivre dans d'égoïstes jouissances artistiques »[100]. Par ailleurs Bourget désigne Henry James explicitement comme un « maître » et l'écrivain anglais considère le Français comme son favori français[101] dans sa poursuite d'une profondeur intellectuelle et morale qui lui semble manquer au roman français[102].

Bourget recherche en effet le style analytique, la précision de l'observation minutieuse et se réfère à la science médicale et anatomique de l'époque. Il s'oppose pourtant au naturalisme[103]. Il définit en effet le moraliste comme étant « l'écrivain qui montre la vie telle qu'elle est » et cette prise de position littéraire est soutenue par une volonté de connaissance psychologique. Dans Mensonges, il dresse ainsi le tableau complet d'une société, avec ses ramifications, y compris ses lisières douteuses. Il ajoute : « Ce que Claude Bernard faisait avec ses chiens, ce que Pasteur fait avec ses lapins, nous devons le faire, nous, avec notre cœur, et lui injecter tous les virus de l'âme humaine. Nous devons avoir éprouvé, ne fût-ce qu'une heure, les mille émotions dont peut vibrer l'homme, notre semblable »[B 11]. Il écrit par ailleurs dans la préface de Physiologie de l'amour moderne (1889) : « Interdire à l'artiste la franchise du pinceau sous le prétexte que des lecteurs dépravés ne voudront voir de son œuvre que les parties qui conviennent à leur fantaisie sensuelle, c'est lui interdire la sincérité, qui est, elle aussi, une vertu puissante d'un livre […] Imaginons-nous un lecteur de vingt-cinq ans et sincère, que pensera-t-il de notre livre en le fermant ? S'il doit, après la dernière page, réfléchir aux questions de la vie morale avec plus de sérieux, le livre est moral. C'est aux pères, aux mères et aux maris d'en défendre la lecture aux jeunes garçons et aux jeunes femmes, pour qui un ouvrage de médecine pourrait être dangereux, lui aussi. Ce danger-là ne nous regarde plus. Nous n'avons, nous, qu'à penser juste si nous pouvons et à dire ce que nous pensons. Pour ma part, je m'en tiens à ce mot que me disait un saint prêtre : — « Il ne faut pas faire de mal aux âmes, et je suis sûr que la vérité ne leur en fait jamais […]  ». Il ajoute : « la peinture de la passion offre toujours ce danger d'exercer une propagande. Rendre l'artiste responsable de cette propagande, c'est faire le procès non seulement à tel ou tel livre, mais à toute la littérature »[B 12]. Paul Bourget s'est aussi inspiré des avancées de Hippolyte Taine sur la psychologie associationiste (De L'Intelligence, 1870)[104], qui consiste à intégrer dans l'œuvre littéraire les résultats de la science de son temps.

Roman et littérature psychiatrique, médecine et psychanalyse

Paul Bourget vers 1893, assis à une table en train d'écrire, porte plume dans la main droite et bras gauche appuyé sur le bureau, visage penché et regard concentré sur son manuscrit.
Paul Bourget écrivant, vers 1893.

À la façon d'un scientifique, sans parti pris, Paul Bourget s'interroge sur les passions humaines qui constituent parfois « une cruelle énigme » d'après le titre d'une de ses œuvres. Fasciné par la médecine, et grâce au professeur Ernest Dupré (fondateur du concept de mythomanie et médecin-chef de l'Infirmerie du Dépôt)[C 6], il a accès au dépôt de l'infirmerie Spéciale qui concentre toute la misère humaine[105]. Il est en effet l'un des très rares écrivains à pouvoir observer les cas psychopathologiques que la Préfecture de police rassemble dans cet établissement psychiatrique. Après lui, seul Georges Simenon a accès au quai de l'Horloge (le rez-de-chaussée de la Conciergerie) pour étayer les enquêtes menées par le commissaire Maigret[106]. En 1925 Bourget écrit la préface à l'ouvrage clinique de Dupré, Pathologie de l'imagination et de l'émotivité[107]. Paul Bourget propose par la suite dans Le Figaro du 5 avril 1928, « la reconnaissance d'un Ordre des médecins ». Il suit avec assiduité les leçons cliniques de Paul Georges Dieulafoy à la Faculté de médecine de Paris et crée à sa demande, en 1908, le terme de « Pathomimie » pour caractériser les simulateurs de maladies[108]. Il préface aussi la thèse de doctorat en médecine de Paul Guérin (futur chroniqueur à « Je suis partout »), favorable à une reconnaissance de l'Ordre[109].

C'est à un spécialiste de la psychologie expérimentale qu'il se réfère lorsqu'il écrit en 1883 L'Irréparable. Théodule Ribot a en effet écrit Les Maladies de la mémoire (1881) et Paul Bourget met à contribution ce professeur pour étayer sa nouvelle[A 9]. Il suit aussi les progrès de l'aliénisme et ceux de la criminologie, dont le premier congrès se tient à Rome en 1885. La psychologie et la morale dans son œuvre, doublées d'un intérêt pour la médecine depuis son adolescence, amènent l'écrivain à lire Sigmund Freud puis à le faire connaître. Ainsi l'entrée de la psychanalyse sur le sol français[110] s'est en effet effectuée avec des œuvres d'auteurs dans un premier temps, tels André Gide (avec Les Faux-monnayeurs)[111] et Paul Bourget. Némésis (1918) est son roman le plus promoteur de la psychanalyse. Eugénie Sokolnicka, amie de Paul Bourget, qui lui fait rencontrer le psychiatre Georges Heuyer (Bourget se rend souvent à Vaugirard dans le dispensaire où le docteur Heuyer poursuit ses études sur les enfants anormaux), fonde ainsi la Société Psychanalytique de Paris (« S.P.P. »). Elle choisit pour sa cure Sigmund Freud.

L'intérêt que le « maître » du roman psychologique portait à la médecine mentale lui vaut une grande reconnaissance du corps médical. Il est pressenti un temps pour siéger parmi les membres de l'Académie de médecine mais malgré l'insistance des professeurs Fiessinger et Maurice de Fleury, son élection ne peut aboutir à cause d'un membre influent de l'académie, qui avait épousé une femme divorcée, et qui ne tolérait pas que Paul Bourget ait écrit un ouvrage hostile au divorce (Un divorce, 1904). Il se voit cependant décerner, sur l'initiative de René Doumic, le très recherché Prix Osiris de l'Institut de France, sur proposition de l'Académie des sciences. Ce prix triennal, crée en 1899 par Daniel Iffla (dit « Osiris »), est une distinction dans le domaine de la biologie humaine.

Le roman à thèse

Manuscrit de Abel Hermant
Abel Hermant, manuscrit de La Vie à Paris, vers 1928, où il évoque le souvenir de L'Irréparable de Paul Bourget[112].

Les fondements du roman à thèse

Dans la préface de La Terre Promise (1892), Paul Bourget revient longuement sur la notion de responsabilité et sur les critiques adressées aux auteurs de romans d'analyse, ou « romans d'idées » suivant l'expression de Balzac, termes que Paul Bourget choisit de préférence à « romans psychologiques ». Ces critiques développent l'antithèse entre esprit d'analyse et action ; pour elles « l'abus de la pensée, qui aboutit à la multiplication extrême des points de vue, a pour conséquence l'incertitude dans la décision ». Or, écrit Paul Bourget, « l'expérience démontre que l'esprit d'analyse n'est par lui-même ni un poison ni un tonique de la volonté. C'est une faculté neutre, comme toutes les autres, capable d'être dirigée ici ou là, dans le sens de notre amélioration ou de notre corruption […]. La critique eût été plus juste en rappelant aux romanciers d'analyse que leur responsabilité est peut-être plus grande que celle des romanciers de mœurs, car ils parlent plus directement à ces consciences qu'ils prétendent atomiser »[B 13]. Dès lors, Paul Bourget ne souhaite plus se contenter d'observer et de décrire sans juger. Pour lui, la littérature doit joindre le thérapeutique au diagnostic. Il veut être un directeur de conscience et est persuadé que le romancier doit être un guide pour ses lecteurs, notamment pour les jeunes sur qui il eut l'autorité que possède un bon professeur. Dans des romans où il se fait maintenant plus moralisateur que moraliste, Paul Bourget propose des types de personnages, aux traits parfois poussés à l'excès, dont les actes sont analysés au regard de la morale, le plus souvent chrétienne. Paul Bourget reste alors, jusqu'à sa mort, fidèle au roman à thèse[103], thèse parfois toute contenue dans le seul titre du livre : Nos actes nous suivent, Le Sens de la mort, ou L’Étape[E 8].

Le roman à thèse, serviteur de ses idées

L'article « Un divorce » aborde ce thème de façon détaillée.

L'action des romans de Paul Bourget se déroule généralement sur une très courte durée (quelques jours) et la description minutieuse de la psychologie des principaux personnages y tient une place prépondérante. Ces romans ont le plus souvent pour cadre ce que Paul Bourget nomme « le monde », c'est-à-dire la noblesse ou la grande bourgeoisie (jamais le milieu ouvrier ou paysan), dont il décrit les mœurs et les travers. Pour Pierre de Boisdeffre, les romans à thèse de Paul Bourget sont « autant de plaidoyers en faveurs des thèses conservatrices, de la morale et des institutions, autant de romans dont la logique démonstrative est forte, mais dont les héros manquent d'imagination et de spontanéité ». D'autres vont plus loin dans la critique : ils estiment que les thèses de Paul Bourget (et d'autres théoriciens du roman engagé tels que plus tard Jean-Paul Sartre) vont à l'encontre de la liberté de création[113]. Pourtant, durant toute sa vie, Paul Bourget ne cesse de s'interroger sur son travail de romancier. Ainsi dans la préface du Démon de midi[114] (dédié à René Bazin) explique-t-il la genèse de cette étude de psychologie religieuse[B 14] :

Portrait de Paul Bourget, bras croisés, trois-quart gauche, mi-buste
Portrait photographique de Paul Bourget.

« […] j'entrevis comme un thème possible à un roman d'analyse, cette douloureuse dualité : de hautes certitudes religieuses coexistant, chez un homme public, avec les pires égarements de la passion. A-t-il le droit de servir -orateur par la parole, écrivain par la plume, homme d'État par l'autorité- des idées auxquelles il croit sans y conformer sa vie ? Oui, puisqu'il y croit. Non, puisqu'il n'agit pas d'après elle. Et si des circonstances impérieuses le contraignent à défendre quand même ces idées, demeurent-elles entières en lui ? Les défaillances de la sensibilité et de la volonté n'atteignent-elles pas l'énergie de l'intelligence ? N'y a-t-il pas une usure lente, une corrosion de la doctrine par les mœurs ? […] Il reste à savoir si, esthétiquement parlant, ce n'est pas une erreur d'introduire dans une œuvre de fiction, et à quelque degré que ce soit, l'élément religieux lui-même. Aussi n'est-ce pas directement que les thèses religieuses peuvent être abordées par un conteur. Elles ne lui appartiennent que dans la mesure où elles ont été soit adoptées, soit rejetées par des hommes vivants, et qu'elles ont été senties, aimées, haïes, agies par eux. »

Technique narrative

Illustrations de pages de couverture des romans de Paul Bourget, colorisation typique des "romans" de gare de cette époque
Illustrations d'époque.

Dans le débat sur la définition du roman qui oppose, au début du xxe siècle, Paul Bourget à Albert Thibaudet[115], l'auteur du Disciple défend l'idée du schéma du roman français traditionnel[116], c'est-à-dire une œuvre qui raconte une histoire, une intrigue, et dans laquelle chaque passage concourt au dénouement final. Dans cette suite d'épisodes qui a pour but d'acheminer l'histoire vers sa conclusion, les personnages « sont des exemples habilement choisis »[H 4] et mobilisés pour la démonstration finale[117].

L'auteur intervient dans le récit pour expliquer les états d'âme de ses personnages (métalepse narrative). Sans possibilité de laisser au lecteur une activité interprétative, celui-ci a donc « une activité minimale »[F 1] puisque le but de ce roman est de le rallier à une thèse. Susan Suleiman a théorisé les fondements de ce genre littéraire dans son étude sur le roman à thèse en remarquant que Bourget, dans L'Étape, s'efforce d'amener son lecteur à se transformer en fonction des valeurs qu'il lui propose[118]. Cette technique, étayée par l'insertion d'éléments d'érudition (principalement les thèses de Théodule Ribot sur les « maladies de la volonté » ou les théories de Eduard Von Hartmann[H 5] par exemple) pour renforcer l'autorité de la thèse qui prend corps au fil des pages, rend le genre sérieux, austère et l'auteur, le narrateur, les personnages, suivent une voie tracée à l'avance vers la démonstration finale.

Paul Bourget construit aussi une communauté de visées et d'expériences au fur et à mesure que s'affirme sa thèse en utilisant un « nous » de connivence et des épiphrases fréquentes (« comme nous nous rappelons », « vous me direz ») destinés à ménager la mémoire du lecteur[F 2]. Enfin, cette technique littéraire du discours commentatif, présente dans L'Irréparable, Cruelle énigme, ou L'Étape entre autres, est, selon Colette Becker, une des raisons de la désaffection contemporaine de l'œuvre de Bourget[119].

Son œuvre

Poésies

Paul Bourget a publié 6 recueils de poésies entre vingt et vingt-sept ans[120] : Au bord de la mer (1872), La Vie inquiète, Edel, poème (1878), Les Aveux (1882) et Poésies (1872 – 1876) et Petits poèmes (1885). Le poème Romance fut par ailleurs mis en musique par le compositeur Claude Debussy, ainsi que le poème Beau Soir.

Pensées d'Automne, in Au Bord de la mer (1872)

Ce monde meilleur et tout autre,
Le Paradis, je n'en veux pas.
Tout mon souvenir tient au nôtre,
Toute ma vie est ici bas.

La belle enfant que j'ai choisie,
Ses cheveux, sa bouche et ses yeux,
Sa jeunesse et sa poésie,
Je ne les aurai pas aux cieux.

Si la chair n'est pas immortelle,
Si les formes doivent périr,
Je ne reconnaîtrai plus celle
Qui m'a fait aimer et souffrir.

Essais

Essais de psychologie contemporaine (1883)

Le premier essai de Bourget, issu d'une série d'articles[121], tente d'analyser les raisons de la décadence en Occident : « Par le mot de décadence, on désigne volontiers l'état d'une société qui produit un trop petit nombre d'individus propres aux travaux de la vie commune. Une société doit être assimilée à un organisme » explique-t-il[B 15]. Il établit ici les caractères d'un nouveau genre littéraire qu'il oppose à l'omniprésent roman naturaliste. Pourtant, cette théorie de la décadence ne couvre que quatre pages dans les Essais, et elle a contribué à la réputation de l'ouvrage[122]. L'ambition de Bourget est, dans cette vaste étude, d'expliquer en quoi Baudelaire, Renan, Flaubert, Taine, Barrès, Stendhal, Alexandre Dumas fils, Leconte de Lisle, Edmond et Jules Goncourt, Tourguéniev et Amiel font œuvre d'analyse psychologique dans la littérature mondiale. Pour Bourget ces auteurs sont aussi autant de témoins de la décomposition caractéristique de la fin-de-siècle[8]. Les Essais, republiés en 1885 sous le titre de Nouveaux Essais de psychologie contemporaine sont avant tout, en littérature, une nouvelle approche de la critique littéraire, davantage portée sur la psychologie et considérant que l'œuvre est un organisme vivant[123].

Physiologie de l'amour moderne (1889)

Dans cet essai, sous titré Méditations de philosophie parisienne sur les rapports des sexes entre civilisés dans les années de grâce 188-, Bourget expose sa théorie de l'amour moderne. C'est l'œuvre d'analyse du « premier » Bourget, écrite par un véritable physiologiste littéraire à prétention de physiologie scientifique et « qui a pour but d'arriver à la découverte de la loi générale dans le plus individuel des sujets »[C 7]. Cette histoire de la maladie d'amour en évoque tous les aspects : l'amant, la maîtresse, le flirt, la naissance de la jalousie, la colère, la vengeance, la rupture et les remèdes à l'amour. Paul Bourget aborde ce sujet au travers d'anecdotes, introduisant une foule de personnages et parfois se mettant en scène. Dans cet « ouvrage grouillant de vie »[A 10], nous découvrons un étalage chirurgical à propos des plus vulgaires sensations, l'ensemble des phénomènes cérébraux qui constituent l'instinct sexuel. En décrivant sur un ton de persiflage la femme, proie naturelle des désirs masculins, Paul Bourget (il a trente sept ans et vient de clôturer sa liaison parfois ombrageuse avec Marie Kann, qu'il a fini par détester[Note 20]) nous livre en fait toutes les découvertes qu'il a faites depuis dix ans sur la passion qui domine dans ce monde. Cette enquête sur les mœurs galantes des Parisiens dans les années 1880 apparut parfois comme une intention de libertinage et l'essayiste dut en adoucir plusieurs passages.

Principaux romans

Le Disciple (1889)

Article détaillé : Le Disciple.

C'est peu après Physiologie de l'amour moderne, en 1889, dans le roman Le Disciple, que Paul Bourget met les préoccupations morales au premier plan. Il y développe la question de la responsabilité, notamment celle de l'écrivain ou du philosophe, vis-à-vis des conséquences de ses écrits. « Peu d'ouvrages de cette nature », note Victor Giraud, contemporain de Paul Bourget[124], « ont eu sur les esprits, sur les âmes et sur les consciences mêmes, pareille action, ont déterminé pareil ébranlement ». Selon Jean-Christophe Coulot « construit selon une rigoureuse progression dramatique, ce roman illustre la préoccupation de Bourget devant le mal, à travers la responsabilité d'une œuvre philosophique sur l'esprit d'un jeune étudiant »[125]. Il ajoute que ce roman constitue plus de « deux cents pages de psychologie expérimentale menée avec méthode ». Notons cependant que si Le Disciple est considéré comme le premier roman du « deuxième » Paul Bourget, il avait déjà, dans Mensonges (1887), et à travers les propos qu'il prête à l'un de ses personnages, l'abbé Taconet, introduit les notions de responsabilité des guides de la pensée humaine, de supériorité de l'action, de salut par la pitié et par la foi.

Marie Kann en 1882 : portrait en pied, robe longue foncée, mains gantées jointes.
Marie Kann en 1882[126].

Avec ce roman, Paul Bourget, un des « fils de Taine entre science et morale »[127], accomplit l'essentiel de la réinterprétation spiritualiste du positivisme et dont la figure dans le roman est le philosophe Adrien Sixte, le maître à penser du disciple, Robert Greslou. Le parcours tragique de ce dernier, jeune étudiant précepteur chez le marquis de Jussat, qui devient meurtrier, traverse toute l'œuvre. Ce jeune disciple, issu d'un milieu modeste, et donc incapable de maîtriser le savoir abstrait du savant révéré, se veut la démonstration du nécessaire rejet de la figure du savant prophétique au nom d'un « paradigme de la responsabilité »[128]. L'écrivain ne peut pas par conséquent se placer hors de l'ordre social.

Cosmopolis (1892)

La grande nouveauté du roman Cosmopolis, dans la production littéraire de Paul Bourget, est l'importance donnée aux agissements des personnages. Ceux-ci sont en effet systématiquement confrontés aux conséquences de leurs actions. Bourget décrit la société élégante, européenne et cosmopolite, évoluant dans les différentes capitales culturelles incontournables que sont Paris, Rome, Londres, Saint Moritz ou Venise. Si l'écrivain dépeint les masques de la société bourgeoise, l'entregent et les relations d'intérêt[E 9], il explique aussi comment naissent des conflits de caractères, des passions en lutte qui s'éveillent sous la mondanité. On découvre alors des « batailles de race »[C 8]. Chacun des personnages se conduit selon la nature qu'ont façonnée ses hérédités nationales et suivant les stéréotypes propres à Bourget[129]. Ainsi, dans le personnage de Boleslas Gorka, se retrouve l'irritabilité nerveuse du Slave ; chez madame Gorka, sous l'amabilité souriante, on perçoit le fanatisme de vérité qui a fait les Puritains anglais ; derrière les raffinements artistes d'un Lincoln Maitland, on devine l'Américain invinciblement robuste et brutal, l'être positif, insensible et volontaire comme toute l'Amérique. Le romancier, qui applique tout au long du roman, sa théorie des races, en arrive à la conclusion que « l'Homme fait partie d'un organisme, duquel il reçoit ses impulsions et sur lequel il pèse à son tour »[C 9].

L'Étape (1902)

Article détaillé : L'Étape.

Roman traditionaliste, L'Étape relate l'ascension sociale et les valeurs de la famille en décomposition surtout, celle du professeur Joseph Monneron. Alors que son fils, Antoine, se dissipe dans les jeux et le plaisir, sa fille Julie se dissout auprès d'un jeune homme qui finit par la laisser seule et enceinte. Seul Jean, son dernier enfant, est vertueux mais porté vers des idées religieuses que son père hait. On retrouve dans L'Étape quelques-uns des thèmes récurrents de l'œuvre de Paul Bourget, comme le déracinement et le « déclassement social ». Paul Bourget y célèbre les mérites du patrimoine, de la durée, de « cette maturation antérieure de la race sans laquelle le transfert de classe est trop dangereux ». Il y affirme que « le problème de la vie humaine est uniquement le problème de la famille ».

L'Émigré (1907)

Ce roman d'idées est le troisième panneau d'un triptyque consacré à la famille. Dans L'Étape, Paul Bourget avait traité de l'ascension d'une famille paysanne ; dans Un divorce, il avait étudié l'ébranlement d'une famille bourgeoise par la méconnaissance de la loi fondamentale du mariage. Dans L'Émigré, il va montrer ce que deviennent les familles nobles dans la France moderne et quel rôle elles pourraient encore jouer. Le marquis Geoffroy de Claviers-Grandchamp, personnage principal de cette œuvre engagée, est en fait le porte-parole de toutes les idées sur la noblesse et la monarchie que « Paul Bourget n'a cessé de propager par ses articles et ses discours »[C 10].

Réception, influence et postérité de Paul Bourget

Envoi (signature) de Paul Bourget
Envoi de Paul Bourget.
Une page de l'ouvrage Physiologie de l'amour moderne
Fragments de Physiologie de l'amour moderne[130].

En littérature

Dans son introduction à la réédition du Disciple, aux éditions Nelson (1910), Téodor de Wyzewa revient sur l’impression que produisit le roman sur les hommes de lettres de sa génération : « Nous entendions que M. Paul Bourget partageât toutes les opinions qui nous étaient chères, et au premier rang desquelles figurait une foi absolue de l'œuvre d'art sur le reste des choses. La doctrine que nos devanciers avaient appelée « l'art pour l'art » avait eu beau changer de nom au cours des années : elle continuait à nous apparaître comme la première, l'unique vérité. Nous ne souffrions pas que l'artiste, et en particulier l'homme de lettres, eût jamais à se préoccuper de la portée morale de son œuvre, ni de ses conséquences dans la vie pratique ». Bourget est ainsi le premier écrivain à faire intervenir les acquisitions de la nouvelle psychologie scientifique dans la conception des personnages et, par, là il influence directement ses contemporains[H 6]. Bourget influence donc en premier lieu Maupassant (dans Pierre et Jean, 1888 et Notre cœur, 1890), Pierre Loti (Pêcheur d'Islande, 1886), Octave Mirbeau (Le Calvaire, 1886) qui, à leurs tours, usent des acquisitions de la psychologie dans leurs romans. Abel Hermant, un des principaux héritiers de Bourget[H 7] reprend aussi ces théories dans Cœurs à part (1890). D'autres écrivains, avec des réussites inégales, profitent à des titres divers des innovations littéraires de Paul Bourget : Émile Zola avec son Docteur Pascal, Paul Hervieu dans L'Exorcisée, Édouard Rod avec La Sacrifiée, Jules Renard avec L'Écornifleur et Poil de carotte, ou Léo Trézenik enfin avec La Confession d'un fou[H 8]. En second lieu, Bourget influence l'école « anti-romantique » représentée par Charles Maurras (l'Action française était par définition anti-romantique), Léon Daudet (L'Hérédo), Ernest Seillière (Le Mal Romantique, 1908) ou Pierre Lasserre (Le Romantisme français, 1907)[131].

En Amérique, l'influence du romancier est perceptible après son voyage outre-atlantique en 1893, sur certaines œuvres d'Edith Wharton (Chez les heureux du monde, 1905)[132], de Francis Scott Fitzgerald[133] ou de Henry James qui revisite les témoignages sur les comportements humains présents dans les nouvelles de l'auteur du Disciple[134]. La connaissance des œuvres de Henry James doit aussi à l'implication de Bourget dans la réception française de l'écrivain américain[135].

La littérature italienne porte aussi l'empreinte des amitiés et des voyages transalpins, nombreux, de Paul Bourget : Gabriele D'Annunzio s'inspire ainsi du Disciple pour son Triomphe de la mort (1894)[D 9], tandis que les écrits de Luigi Gualdo évoquent certains romans de l'écrivain hyèrois[136],[D 10]. La littérature d'évasion italienne a aussi pris pour modèle les romans mondains de Paul Bourget. Lucio d'Ambra, l'écrivain italien de romans légers, avoue que Bourget « était pour lui un maître vénéré » et revendique son héritage[137].

En psychologie

Les Essais de psychologie contemporaine ont influencé durablement écrivains et philosophes allemands : le jeune Heinrich Mann est en effet un fervent lecteur de Paul Bourget. Il publie en 1894, dans un journal intitulé Le Présent et sous le titre Bourget, un cosmopolite, une recension de deux ouvrages de l'écrivain : Sensations d'Italie et Cosmopolis[138]. Le chef de file de l'école psychologique viennoise, Hermann Bahr, a profondément subi l'ascendant de Paul Bourget. C'est à l'exemple de Bourget qu'il a su vaincre la décadence dans la tradition du christianisme[139]. Les Essais de psychologie contemporaine prennent également place dans la construction nietzschéenne[140]. Grâce à Paul Bourget, Friedrich Nietzsche apprend en effet à considérer Hegel comme « un événement européen »[141]. De même, l'usage nietzschéen du mot « nihilisme » a pour origine les Essais de Bourget[142]. Enfin, le philosophe allemand s'est inspiré de la notion de décadence, théorisée dans les Essais, pour l'appliquer au Cas Wagner (1888)[143] et le terme, « inscrit directement en français, règne en maître sur le dernier état de la pensée de Nietzsche, dans les fragments posthumes de l'année 1888 »[144].

Pourtant, après la Première Guerre mondiale et jusqu'en 1950, Paul Bourget devient pour beaucoup « un modèle négatif »[F 3], et auquel il convient d'opposer une littérature nouvelle. Les romans de l'auteur du Disciple apparaissent rigides à cause des thèses conservatrices qu'ils défendent. Julien Benda classe donc Paul Bourget parmi les mauvais maîtres[145]. Louis-Ferdinand Céline, en 1938 dans son pamphlet : Bagatelles pour un massacre[146], perçoit les écrits de l'académicien comme des « sous-prousteries ». « Avec son écriture surannée et son idéologie partisane »[F 4], Bourget est même tombé en disgrâce aux yeux d'André Gide qui estime que son œuvre est périssable et qu'elle « passera avec son époque »[147]. Ce rejet dont Paul Bourget est victime semble s'estomper pour la célébration du centenaire de sa naissance en 1952. François Mauriac, Pierre de Boisdeffre ou Emmanuel Beau de Loménie se font, dans les articles de presse évoquant l'Homme et son œuvre, l'écho de ses qualités[148]. Cette timide réhabilitation semble se poursuivre avec la publication des ouvrages de Michel Mansuy, à partir de 1960 et se confirmer avec la tenue d'un premier colloque international consacré à l'écrivain en 2005.

Œuvres complètes de Paul Bourget

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Romance (info)
Poème Romance publié dans Les Aveux, mis en musique en 1883 par Claude Debussy, interprété par Nellie Melba en 1913

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Les titres d'œuvres sont suivis de leurs premières éditions ainsi que de leurs années de parution[149].

Poésies

  • La Vie inquiète (Lemerre, 1875)
  • Le Parnasse contemporain (Lemerre, 1876)
  • Edel (Lemerre, 1878)
  • Les Aveux (Lemerre, 1882)

Romans

  • Cruelle énigme (Lemerre, 1885)
  • Un crime d'amour (Lemerre, 1886)
  • André Cornélis (Lemerre, 1887 et Fayard, 1946)
  • Mensonges (Lemerre, 1887et Fayard, 1948)
  • Le Disciple (Lemerre, 1889, Plon – Nourrit, 1901, Nelson, 1911 et Marseille Transbordeurs, 2006)
  • Un cœur de femme (Lemerre, 1890 et Flammarion, 1936)[150]
  • Cosmopolis (Lemerre, 1892 et Fayard, 1947)
  • La Terre Promise (Lemerre, 1892)
  • Une idylle tragique (mœurs cosmopolites) (Lemerre, 1896)
  • La Duchesse Bleue (Lemerre, 1898)
  • Le Fantôme (Plon – Nourrit et Cie, 1901)
  • L'Étape (Plon – Nourrit, 1902, Hachette, 1929 et Fayard, 1946)
  • Un divorce (Plon – Nourrit et Cie, 1904 et Flammarion, 1938)
  • L'Émigré (Plon – Nourrit et Cie, 1907)
  • Le Démon de midi (Plon – Nourrit, 1914 et Fayard, 1946)
  • Le Sens de la mort (Plon – Nourrit et Cie, 1915)
  • Lazarine (Plon – Nourrit, 1917)
  • Némésis (Plon – Nourrit, 1918 et Flammarion, 1942)
  • Laurence Albani (Plon – Nourrit, 1919)
  • Un drame dans le monde (Plon – Nourrit et Cie, 1921)
  • Le Roman des quatre (Plon – Nourrit,19231926), écrit en collaboration avec Gérard d'Houville, Henri Duvernois et Pierre Benoit
  • Cœur pensif ne sait où il va (Plon – Nourrit et Cie, 1924)
  • Le Danseur mondain (Plon – Nourrit, 1926)
  • Nos actes nous suivent (Plon, 1927)
  • Le Diamant de la reine (Plon, Paris, 1932)

Nouvelles

  • L'Irréparable (Lemerre, 1884)
  • Pastels (dix portraits de femmes) (Lemerre, 1889)
  • Nouveaux pastels (dix portraits d'hommes) (Lemerre, 1891)
  • Un scrupule (Lemerre, 1893)
  • Voyageuses (Lemerre, 1897)
  • Recommencements (Lemerre, 1897)
  • Complications sentimentales (Lemerre, 1898)
  • Drames de famille (1900)
  • Un homme d'affaires (1900)
  • Monique (1900)
  • L'Eau Profonde (1902)
  • Les Deux Sœurs (1905)
  • Les Détours du cœur (1908)
  • L'Envers du décor (1911)
  • Anomalies (Plon, 1920)

Essais

  • Essais de psychologie contemporaine (Lemerre, 1883)
  • Ernest Renan (Quantin, 1883)
  • Nouveaux essais de psychologie contemporaine (Lemerre, 1886)
  • Études et portraits (I et II) (2 vol. , Lemerre, 1891)
  • Physiologie de l'Amour Moderne (Lemerre, 1891)
  • Sensations d'Italie (Toscane. Ombrie. Grande-Grèce) (Lemerre, 1891)
  • Guy de Maupassant (extr. de la Revue hebdomadaire, 15 juillet 1893, p. 454 à 464)
  • Outre-mer. (Notes sur l'Amérique) (Lemerre, 1895)
  • Journaux croisés : Italie, 1901. Paul et Minnie Bourget (Chambéry, Université de Turin, 1978)
  • Études et portraits III (Plon – Nourrit, 1903)
  • Nos traditions nationales, comment les défendre ? (l'Entente nationale, Bourges, impr.Tardy-Pigelet, 1904)
  • La Renaissance du traditionalisme en politiqueéd. de propagande de la Revue catholique et royaliste, 1904)
  • Études et portraits IV (Plon – Nourrit, 1906)
  • L’Œuvre de Gustave Flaubert (extr. des Annales, 13 octobre 1907, p. 341 à 343)
  • Pages de critique et de doctrine (Plon – Nourrit, 1912)
  • Nouvelles Pages de critique et de doctrine (Plon – Nourrit, 1922)
  • La Leçon de Barrès (À la Cité des Livres, Paris 1924)
  • L'Art du roman chez Balzac (extr. de la Revue des deux mondes, 15 février 1926, p. 931 à 942)
  • L'Actualité de Sainte-Beuve (extr. de la Revue des deux mondes, 15 juin 1927, p. 926 à 936)
  • Le Centenaire d'Hippolyte Taine (extr. de la Revue des deux mondes, 15 mars 1928, p. 241 à 257)
  • Au service de l'ordre (Paris, Plon, 1929 – 1932, 2 vol.  et Notes sociales)

Pièces de théâtre

 Couverture de la pièce de théâtre La Crise, de Paul Bourget et andré Beaunier
Couverture de la pièce La Crise de Paul Bourget et André Beaunier.

Discours

  • Discours de réception à l'Académie française, prononcé par le récipiendaire, le 13 juin 1895 (Académie française, 1895)
  • Discours de réception à l'Académie française, Éloge de Maxime Du Camp, le 13 juin 1895 (Lemerre, 1895)
  • Réponse de M. Paul Bourget au discours de M. André Theuriet, en séance publique, le 9 décembre 1897 (Paris, Palais de l'Institut)
  • Réponse de M. Paul Bourget au discours de M. Émile Boutroux, en séance publique, 22 janvier 1914 (Paris, Palais de l'Institut)
  • Discours prononcé le 28 juin 1920 à l'inauguration du médaillon de Stendhal au jardin du Luxembourg (Paris, H.Champion, 1920)
  • Discours prononcé le 15 décembre 1923 par Paul Bourget pour son jubilé littéraire (Maison de Balzac, Courrier balzacien, 2001, no 82)

Adaptations cinématographiques et musicales

  • André Cornelis, réalisé par Jean Kemm en 1926, produit par Jacques Haïk, avec Claude France et Malcolm Tod.
  • Paysage sentimental, poésie de Paul Bourget mise en musique par Claude Debussy.
  • Beau soir, paroles de Paul Bourget, musique de Claude Debussy, 1924.
  • Marine : au bord de mer, poésie de Paul Bourget, musique de Georges Brun, 1908.
  • Chansons, paroles de Paul Bourget et Théophile Gauthier, musique de Claude Debussy.
  • Les Cloches, poésie de Paul Bourget mise en musique par Claude Debussy, 1906.
  • La Mort viendra, paroles de Paul Bourget, musique de Paul de Wailly, 1896.
  • Romance, poème de Paul Bourget, musique de Claude Debussy.
  • Second recueil de mélodies, paroles de Paul Bourget, musique de Charles Koechlin, 1905.

Notes et références

Notes

  1. Le nombre de fenêtres avait impressionné l’écrivain ardéchois[4].
  2. Il n’a cependant pas que des amis dans ce milieu. Sosthènes II de La Rochefoucauld (1825 † 1908), 4e duc de Doudeauville, ambassadeur de France, député de la Sarthe, président du Jockey Club, lui interdit l’entrée de la rue Scribe (l’adresse actuelle du Jockey Club est 2, rue Rabelais) où l’écrivain avait postulé ; « On a beaucoup décrit, exposé, expliqué les mérites conséquents de Monsieur Paul Bourget,(…) mais heureusement, en France, il existe encore des gens qui n’ont aucunement besoin de mérites pour être ce qu’ils sont ! », expliqua-t-il. Paul Bourget avait de toute façon peu de chance d’être admis au Jockey Club, tant la porte en est étroite : quatre parrains et un « ballotage », ce scrutin impitoyable ou chaque boule noire (vote négatif) annule cinq boules blanches (vote favorable) se chargent de la sélection[6].
  3. Il assiste avec grande inquiétude aux évènements insurrectionnels menés par des chefs communards parfois issus du lycée Sainte-Barbe. Il écrit ainsi dans la revue Parlement un article du 23 mai 1880 intitulé « Spectacle coupé ».
  4. André Gill fournit des caricatures de Napoléon III au journal républicain de François Polo La Lune qui, censuré, devient L’Éclipse.
  5. En 1894, Bourget découvre que son éditeur a lancé sur le marché étranger une édition clandestine de Cosmopolis. À la demande d’explications, Lemerre se retranche derrière sa susceptibilité et refuse de montrer ses comptes. Le procès qui s’ensuit donne raison à l’écrivain qui cependant est isolé et meurtri par les plaidoiries du bâtonnier Pouillet, également Président de la Société littéraire et artistique internationale.
  6. Cette composition académique, commandée à Jean Béraud par la rédaction du journal à l’occasion du centenaire de sa fondation, a été donnée au musée d'Orsay en 1990, par Daniel Wildenstein et réunit administrateurs et collaborateurs de ce quotidien, Ernest Renan, Hippolyte Taine ou Melchior de Vogüé, tous en activité en 1889[16]
  7. Florimond Jacques de Basterot, grand voyageur et Irlandais d’origine, était un monarchiste proche de la famille d’Orléans et des Cahen d’Anvers. Ses cousinages prestigieux lui assuraient d’être reçu dans les meilleures familles de France. Dans ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse, il évoque son oncle, Victor de la Tour-Maubourg et eut une influence sur la littérature irlandaise de la fin du XIXe siècle. Ami intime de Bourget à partir de 1880, il était célibataire et affligé d’infirmités gênantes.
  8. Mathilde Bonaparte, princesse Demidof, fille de Jérôme Bonaparte, donc nièce de Napoléon, Elle recevait au 20, rue de Berri.
  9. Le salon d'Isabelle d'Argenson a vu les débuts de François Mauriac. La récente redécouverte de la correspondance de Paul Bourget avec la marquise d'Argenson éclaire notamment la genèse de son œuvre Le Démon de midi. Cette correspondance, propriété jusqu'en 2007 du petit-fils d'Isabelle d'Argenson, l'écrivain contemporain Robert de Goulaine, est désormais consultable sur demande auprès de Renaud Lugagne, dans la maison hyéroise de Paul Bourget.
  10. Coquette, un tantinet perfide, étrangement compliquée et peu capable de grandes passions, selon le professeur Michel Mansuy, la « petite perfection » (Edmond de Goncourt, journal du 7 janvier 1882) n'en est pas moins intelligente et très dépensière. Elle reçoit Paul Bourget à Cannes en décembre 1882, Villa des Dunes, 90 – 92, boulevard de La Croisette. Le professeur Mansuy semble croire que les Kann sont propriétaires de cette villa célèbre qui accueille à cette époque la tsarine Marie Alexandrovna. Il parait plutôt qu'ils la louaient à Charles Mallet (1815 † 1902), président du PLM (voir la « villa des Dunes », Notice no IA06000173, sur la base Mérimée, ministère de la Culture, consulté le 4 avril 2010). Détruite après guerre, la villa a fait place à un immeuble. Il rencontre aussi souvent Marie dans sa villa de Houlgate ou chez Louise, soit dans son chalet de Gérardmer (station vosgienne connue pour avoir été le lieu de villégiature d'une communauté juive sous le Second Empire), soit dans son château de Nainville, dans l'Essonne (anciennement Seine-et-Oise) que Louis Cahen d'Anvers vend en 1883 pour acheter le château de Champs-sur-Marne en 1895.
  11. Un autre ami de Paul Bourget travaille aussi à cette gazette, c’est Amédée Pigeon.
  12. Il a peut-être loué ce prestigieux palais à Augustine Bulteau (journaliste au Figaro et proche des gens de lettres) et à la comtesse Isabelle Gontran de La Baume-Pluvinel (arrière-petite-nièce de Louis XVI, qui signait des romans sous le pseudonyme masculin de « Laurent Evrard »), propriétaires conjointes de cette maison vers 1887 ou 1896.
  13. Née Hierschel von Minerbi, Ernesta Stern (1854 † 1926) était originaire de Trieste, comme Louise Cahen d'Anvers et comme la mère de Minnie Bourget, Emma David. Elle était romancière, très jolie, mariée au banquier Louis Stern en 1874 à Venise. Elle est décédée dans sa villa Torre Clementina à Roquebrune-Cap-Martin.
  14. À cette époque, l'hostilité à la religion catholique est générale. Bourget est séduit par le positivisme que combat Mgr Dupanloup. Hasard de la vie : 30 ans plus tard, il achète Le Plantier de Costebelle à Hyères, maison où vécut le prêlat.
  15. Cette charge de conservateur est plutôt une responsabilité au sein d’un conseil d’administration qu’est le Collège des Conservateurs et qui rend compte chaque année à la commission administrative centrale de l’Institut de France. Le collège s’appuie, pour les tâches plus professionnelles sur un conservateur-adjoint.
  16. Paul Bourget vient à Hyères pour la première fois en 1889. Il écrit Un cœur de femme à l'Hôtel des Îles d'Or, où il est descendu.
  17. L'Affaire Caillaux fait l'objet d'une série télévisée de docufiction (Les Procès de l'Histoire) réalisée par Ghislain Vidal sur la chaîne Toute l'Histoire en 2010. Thomas Sertillanges y reprend le rôle de Paul Bourget et Cécile Bouillot, celui d'Henriette Caillaux. Ghislain Vidal, « Le Procès d'Henriette Caillaux, 1914 » sur www.Ghislainvidal.fr, Paul Bourget, sous les traits de Thomas Sertillanges. Consulté le 25 mars 2011.
  18. Le poêle est un drap mortuaire noir muni de cordons et qui recouvre les cercueils lors des cérémonies funéraires.
  19. Notons que l'année 1898 est celle ou Minnie Bourget traduit Paese di Cuccagna, le chef-d'œuvre de la romancière italienne Matilde Serao, grande amie de Paul Bourget. Il semble que ce soit la seule incursion de Minnie dans le domaine de la littérature. Comme toute la famille David, elle parlait couramment l'italien et son mari admirait l'aisance avec laquelle, à table, on passait sans transition d'une langue à l'autre.
  20. Sur l'attitude de Marie Kann qui, pour se venger de Bourget, donne à Maupassant le thème de Fort comme la mort, emprunté à Cosmopolis, consulter les Journaux intimes du comte Primoli à la Fondation Primoli (notamment Paris, juin 1889 et Rome, Carnaval 1892). Le livre de Maupassant présente avec le canevas de Bourget trop d'analogies pour qu'elles soient l'effet du hasard selon Michel Mansuy.

Références

Ouvrages utilisés

  • (fr) Œuvres de Paul Bourget
  1. Voyageuses, Alphonse Lemerre, 1897, p. 252 .
  2. « Cinquante années dévouées au service des Lettres », dans Le Courrier balzacien, Paris, no 82, 2001 .
  3. Paul Bourget et Michel Salomon, Bonald (La Pensée chrétienne), Librairie Bloud, 1905, p. 1 .
  4. Études et Portraits, vol. III, Alphonse Lemerre, 1905-1906, p. 55 .
  5. Paul Bourget et Abbé G.Pascal, Tradition et Progrès, Nouvelle Librairie Nationale, 1905.
  6. Outre-mer, Lemerre, 1895, p. 321 .
  7. Pages de critique et de doctrine, Plon-Nourrit, 1912, p. 26 , tome I.
  8. Nouvelles Pages de critique et de doctrine, Plon-Nourrit, 1921, p. 61 , tome I, « La Place de Flaubert dans le roman français ».
  9. « Notes sur le roman français », dans Revue de la Semaine, 28 octobre 1921, p. 395 .
  10. André Cornélis, Alphonse Lemerre, 1887, p. VIII , dédicace à monsieur Hippolyte Taine.
  11. Mensonges, Lemerre, 1887 ; cité dans Pierre Citti, Contre la décadence, P.U.F., 1987, p. 56 .
  12. Préface à Physiologie de l'amour moderne, Lemerre, 1891, p. VI et VII.
  13. Préface à La Terre promise, 5 octobre 1892.
  14. Le Démon de midi (1914), Plon-Nourrit, 2004.
  15. Essais de psychologie contemporaine, tome I, Plon, 1924, p. 19.
  • (fr) Michel Mansuy, Un moderne : Paul Bourget de l'enfance au Disciple, Les Belles Lettres, coll. « Annales littéraires de l'Université de Besançon », 1960 (ISBN 978-0320053023) 
  1. Son père se remarie avec Marie Nicard, dont il a, entre autres, deux enfants : Camille, né en 1866, demi-frère de Paul Bourget, peintre qui vit longtemps près de Paul puis se fixe à Florence et Claire, née en 1859, demi-sœur de Paul, qui épouse le docteur Gautrez et qui a elle-même une fille, Germaine (épouse Daille), nièce et future héritière de Paul Bourget, p. 17, note 52.
  2. p. 34 à 38.
  3. Michel Mansuy insiste sur la sympathie de Bourget envers les émeutiers, p. 112.
  4. p. 172 et suivantes.
  5. Florimond de Basterot, Journal inédit, 5 janvier 1888, rapporté par Michel Mansuy p. 457, note 107.
  6. p. 457, note 107.
  7. p. 445, note 76.
  8. p. 95, note 18.
  9. p. 360 – 361.
  10. p. 471.
  • (fr) Albert Feuillerat, Paul Bourget, histoire d'un esprit sous la IIIe République, Librairie Plon, 1937 
  1. L’affaire Agar défraye la chronique des années 1870. La tragédienne, admirée par le public, obéit aux injonctions du directeur de la Comédie-Française, Édouard Thierry, et prête son concours à une fête de charité donnée au profit des victimes de la Commune. Une fois le gouvernement régulier rétabli, les journaux prennent à partie l’actrice, accusée d’avoir aidé les insurgés. Paul Bourget écrit un poème pour défendre la jeune femme et le lui envoie avec une lettre enthousiaste, explique Albert Feuillerat, p. 24.
  2. p. 105.
  3. p. 193.
  4. p. 359.
  5. p. 376.
  6. p. 261.
  7. p. 131.
  8. p. 178 – 179.
  9. p. 180.
  10. p. 266.
  • (fr) Ouvrage collectif, M.-G. Martin-Gistucci (dir.), Paul Bourget et l'Italie, Éditions Slatkine, 1985 (ISBN 2-05-100693-8) 
  1. p. 56 et 57.
  2. p. 160.
  3. p. 58.
  4. Michel Mansuy, « Itinéraires italiens de Paul Bourget » in Paul Bourget et l’Italie, Slatkine, 1985, p. 58. Quoi qu'il en soit, les liaisons Bourget/Hayman et Bourget/Kann eurent lieu avant son mariage, alors qu'il était célibataire. Ce sont les récits de seconde main de Edmond de Goncourt qui l'attestent, in Journal des 6 et 21 septembre 1890.
  5. p. 156.
  6. p. 165 et suivantes.
  7. p. 13 et suivantes.
  8. Le caractère de Minnie et ses affections nous sont révélés par Marie-Gracieuse Martin-Gistucci dans un émouvant portrait de l'épouse complété par les écrits non moins attachants d'Elisabeth Sylvain-David, in Paul Bourget et l'Italie, p. 155 et suivantes ainsi que par les témoignages sincères de Lucien Corpéchot dans son ouvrage Souvenirs d'un journaliste, Barrès et Bourget, Plon, 1936, p. 156 – 158.
  9. p. 176 et 177.
  10. (it)p. 121.
  • (fr) Henry Bordeaux, Reconstructeurs et mainteneurs, Librairie Plon, 1954 
  1. p. 21 et 22.
  2. Une plaque de marbre en façade inaugurée le 20 décembre 1952 pour le centenaire de sa naissance par Henry Bordeaux y entretient le souvenir de l’écrivain, p. 95.
  3. p. 70.
  4. Henry Bordeaux estime que la conversion de Paul Bourget est due en partie à son épouse, qui était d'une intelligence remarquable et d'un catholicisme fervent, étayé par de fortes études, p. 35.
  5. p. 39.
  6. p. 52.
  7. p. 52.
  8. Cette œuvre est particulièrement caractéristique de l'évolution du romancier : L'Étape renferme d'abord une thèse sociale. C'est le danger commun que représente une élévation trop rapide dans l'échelle sociale, danger dû au système démocratique qui invite à toutes les ambitions car chacun est mécontent de son sort et souhaite la place d'autrui. Alors, et c'est la thèse religieuse, ce danger peut être conjuré par l'éducation religieuse qui est le meilleur frein, dans une société démocratique, où les forces morales sont souvent diminuées, p. 41.
  9. p. 22 – 23.
  • (fr) Ouvrage collectif, Marie-Ange Fougère et Daniel Sangsue (dir.), Avez-vous lu Paul Bourget ?, Éditions Universitaires de Dijon, coll. « Écritures », 2005 (ISBN 978-2-915552-65-2) 
  1. Béatrice Laville, p. 24.
  2. Béatrice Laville, p. 25.
  3. Jacques Poirier, p. 167.
  4. Jacques Poirier, p. 168.
  • (fr) Yéhoshua Mathias (article « Paul Bourget, écrivain engagé »), Vingtième siècle. Revue d'histoire (numéro 45), Presses de Sciences Po, janvier-mars 1995, pages 14-29 
  1. p. 14-29 (article consultable en ligne en [PDF]. Consulté le 4 avril 2010). Yehoshua Mathias est chargé de cours à l'Université Hébraïque de Jérusalem. Il travaille actuellement sur Paul Bourget et sa réception publique 1899 – 1920 (Thèse d'État).
  2. La Gazette de France, 19 aôut 1900, citée par Y.Mathias, p. 15.
  3. p. 17.
  4. p. 17.
  5. p. 18.
  6. p. 18.
  7. p. 18.
  • (fr) Michel Raimond, La Crise du roman, des lendemains du Naturalisme aux années vingt, Librairie José Corti, 1966 (réed. 1985) (ISBN 2-7143-0108-8) 
  1. p. 145
  2. p. 146
  3. p. 145.
  4. p. 418.
  5. p. 416
  6. p. 420
  7. p. 426.
  8. p. 427

Autres sources utilisées

  1. Larousse du XXe siècle, 1928, sous la direction de Paul Augé, tome I, p. 819.
  2. Robert Bombrun, « Paul Bourget à Savas », dans Bulletin municipal, mairie de Savas, no 19, 2001 , Robert Bombrun est le descendant de l’écrivain par une branche collatérale.
  3. Louis Aurenche, Les Origines Vivaroises de Paul Bourget, Plon, 1932, p. 13 à 24. 
  4. Patrice Caillet, Le Château de Gourdan, p. 61, plaquette de l’association des amis de Gourdan.
  5. Bibliothèque de l’agglomération troyenne, fonds Hérelle (3141 I, II, III, IV), Lettres d’Adrien Juvigny à Paul Bourget, catalogue Morel-Payen, manuscrit no 3178.
  6. Isabelle Durieux, « Non, l’argent n’ouvre pas toutes les portes », dans L’Expansion, 24 juillet 1997 .
  7. Sur la fascination de Bourget pour Balzac, on peut consulter : Richard Hibitt, « Le Roman d’analyse et le romanesque, la représentation de l’héritage psychologique de Paul Bourget », dans Romanesque et Histoire, Christophe Reffait, Encrage Université, Amiens, no III, 2008 .
  8. a et b André Guyaux, préface à : Paul Bourget, Essai de psychologie contemporaine, Gallimard, Coll. Tel, 1993, (ISBN 2-07-072965-6), p. IX.
  9. Bourget se veut être un disciple d’Hippolyte Taine, Bruno Curatolo (textes réunis par), Le chant de Minerve, les écrivains et leurs lectures philosophiques, L’Harmattan, 1996 (ISBN 2-7384-4089-4), p. 35 – 47 , chapitre « Maître ou complice ? La philosophie de Taine dans Le Disciple de Paul Bourget ».
  10. Antoine Compagnon, Baudelaire devant l’innombrable, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2003 (ISBN 2-84050-263-1), p. 15 .
  11. Émilien Carassus, Le Snobisme et les lettres françaises : de Paul Bourget à Marcel Proust, 1884-1914, Armand Collin, 1966, p. 582 .
  12. André Guyaux, dans préface à Paul Bourget, Essai de psychologie contemporaine, Gallimard, Coll. Tel, 1993, (ISBN 2-07-072965-6), p. XX, parle du snobisme de Bourget comme de « la consolation inquiète d’une enfant du siècle ».
  13. Il emménage rue Guy-de-La-Brosse selon Gabriel Hanotaux. Gabriel Hanotaux, Mon Temps, t. I, Plon, 1933, p. 256 et suivantes , chapitre « Le coq à la jambe de bois ».
  14. Seul Émile Zola prend parti publiquement en faveur de Paul Bourget in Nouvelle Campagne, Paris,  éd. Eugène Fasquelle, 1897, chapitre « Auteurs et Éditeurs », p. 261 – 279.
  15. Jean Valmy-Baysse, Paul Chabas, sa vie, son œuvre, éd. Juven, 1910, p. 3 , reproduit partiellement. Voir aussi Yann Mortelette, Histoire du Parnasse, Fayard, 2005 (ISBN 2-213-62352-X) , en page de couverture. Paul Bourget est au centre droit, debout, cravate, moustache. Voir enfin Christophe Carrère, Leconte de Lisle ou la passion du Beau, Fayard, 2009 (ISBN 9782213634517) , reproduit en entier. Ce tableau important appartient actuellement à une collection privée (exposition à la Art Gallery of Hamilton, Ontario, Toronto, 1988-1990 puis vente chez Christie's, USA, 1997 et collection Joey et Toby Tanenbaum, 2002).
  16. Françoise Cachin (dir.), Le Livre du centenaire du « Journal des débats », Plon-Nourrit, 1889, reproduit et De Manet à Matisse, sept ans d’enrichissement au musée d’Orsay, Paris, 1990.
  17. Pierre de Boisdeffre, « Le Centenaire de Paul Bourget », dans Revue de Paris, octobre 1952 .
  18. Francis Carco, Paul Bourget, Félix Alcan, 1932, p. 44 .
  19. Julia Louise Amélie (son véritable prénom, qui n’est pas usité selon Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo, Gallimard, 1997 (ISBN 978-2-07-074554-8), p. 166 ) a vingt-deux ans et Paul en a trente-huit. Elle avait préféré devenir madame Paul Bourget plutôt que d’épouser un financier belge, Henri Bamberger (1826 † 1910), qui avait jeté son dévolu sur elle mais qui était d’une grande laideur et que l’on surnommait « Couche-en-joue » (voir André de Fouquières, Mon Paris et ses parisiens, éd. Pierre Horay, 1953, p. 15–16 , vol. I). Il semble que ce mariage ait été décidé précipitamment, un mois après les fiançailles officielles du 21 juillet 1890 selon Pierre de Montera, Luigi Gualdo, 1983, p. 58.
  20. Minnie, juive convertie, vécut les douze premières années de sa vie à Anvers mais en 1880, un sérieux revers de fortune contraint John David et son épouse Emma à s’installer à Paris. Minnie rencontra son futur mari chez une amie de sa mère, Louise de Morpurgo, épouse de Louis Cahen d'Anvers, qui tenait salon en compagnie des banquiers Ephrussi, Marie-Gracieuse Martin-Gistucci, Paul et Minnie Bourget, journaux croisés (Italie, 1901), Centre d’études franco-italien, Université de Turin et de Savoie, 1978 .
  21. Louis Bertrand, « Bourget-le-Reconstructeur », dans Idées et Portraits, Plon, 1927, p. 6 .
  22. Léon Bloy, Mon Journal (1892-1917), pour faire suite au Mendiant ingrat et Belluaires et Porchers, rééd. Sulliver, 1997.
  23. Anne Martin-Fugier, Les salons de la IIIeRépublique, Perrin, 2003 (ISBN 2-262-01957-6), p. 195 et 201 (salons)  et p. 258 (dîners).
  24. Certains pensent que Paul Bourget eut pour cette courtisane célèbre plus que de l'amitié et que leurs relations furent tendres, peut-être pas seulement platoniques, Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Dictionnaire des relations de Proust, Robert Laffont Bouquin, 1987 , collection dirigée par G. Schoeller : notes sous Bourget et Hayman p. 110 et 127, Bourget y est cité comme « l’amant » de Laure Hayman. Dans une lettre du 26 décembre 1888, Bourget, en parlant de Proust, écrit à Laure : « […] votre Saxe psychologique, ce petit Marcel… tout simplement exquis ». Laure Hayman était la descendante du peintre Francis Hayman, le maître de Gainsborough. Elle était née dans un ranch des Andes ou son père était ingénieur. Elle compta parmi ses amants le duc d'Orléans, Louis Weil (grand-oncle maternel de Proust), le Roi de Grèce et un prince Karageorgévitch, prétendant au trône de Serbie, qu'elle aima vraiment. Elle vivait des libéralités du financier Raphaël Bischoffsheim que Paul Bourget connaissait bien. À ses talents d’« éducatrice des ducs », de « déniaiseuse des ducs » diront certains, elle ajoutait un réel talent artistique de sculpteur. Voir l'exposition Galerie Georges Petit du 3 au 15 novembre 1913. Voir aussi Jean-Jacques Lévêque, Les Années Impressionnistes, ACR Edition, 1990 (ISBN 2-86770-0426), p. 645 , no 34 ; dans ce livre, aucune mention n'est faite de la relation sentimentale Bourget/Hayman comme dans l'édition Robert Laffont supra).
  25. Anne Distel, « Charles Deudon (1832 – 1914), collectionneur », dans Revue de l’Art, vol. 86, 1989, p. 60  pour sa relation avec Paul Bourget.
  26. Le chalet Ephrussi de Meggen, près de Lucerne, existe toujours. Il s’appelle aujourd’hui la « Villa Heckenried ». Voir Pierre de Montera, Luigi Gualdo 1844-1898, Roma, Edizioni di Storia e Letteratura, 1983, p. 47 et 54  pour le séjour de Bourget à Meggen.
  27. Christophe Charle (dir.), Le temps des capitales culturelles, Editions Champ Vallon, 2009 (ISBN 978-2-87673-512-5) . Le chapitre 8 est entièrement consacré, sur cet aspect européen, à Paul Bourget (article de Blaise Wilfert Portal). Voir aussi Sophie Basch, Paris-Venise, 1887 – 1932, la folie vénitienne dans le roman français de Paul Bourget à Maurice Dekobra, Honoré Champion, 2000 .
  28. Jean Paul de Nola, Paul Bourget à Palerme, Nizet, 1979  et Pierre de Montera, Luigi Gualdo, 1844 – 1898, Roma, Edizioni di Storia e Letteratura, 1983, p. 168, note 106 . Consulter enfin les Lettres à Louise Cahen, Bibliothèque Nationale, côte N.a.f. 13717 à 719.
  29. (it) Voir aussi le site internet de la Fondazione Primoli. Consulté le 3 avril 2010. On se référera surtout aux Lettres de Paul Bourget à Primoli, in Revue d’Histoire Littéraire de la France, 2 juin 2009, p. 427 – 448.
  30. Le 18 février 1892, il est reçu en audience privée par le Saint-Père qui lui apparaît comme « un être de lumière » rapporte Michel Mansuy, dans Prélude et suite de Cosmopolis, 1962, p. 107 note 45. Le seul témoignage de cette date nous est rapporté par Bastérot dans son Journal.
  31. Claudine Lesage, Edith Wharton en France, les années hyéroises, Éditions des Équateurs, The Mount Press, 2011 (ISBN 978-2-84990-180-9), p. 13 .
  32. (en) Cette lettre est consultable au Center for Henry James Studies, Archives of Américan Art Smithsonian Institution, Washington D.C., no 384, lettre datée du 4 août 1893. Consulté le 3 avril 2010.
  33. Édouard Bonnaffé, Dictionnaire étymologique et historique des anglicismes, Librairie Delagrave, Paris, 1920 [présentation en ligne], p. 20 .
  34. Louise Cahen d'Anvers, le surnom ne devint légalement patronymique qu'après un décret du 21 août 1923. Cependant, le titre de Comte fut accordé par le Roi d'Italie ultérieurement au décret, Charondas, Le Cahier Noir, coll. « Les Cahiers Nobles », 1957, p. 273 .
  35. Lettre de la pieuse Minnie Bourget à Bastérot du 14 octobre 1890 : « Paul a bien commencé sa nouvelle vie en allant se confesser avant notre mariage…  » in Michel Mansuy Prélude et suite de Cosmopolis, 1962, p. 107.
  36. Michel Mansuy, Prélude et suite de Cosmopolis, Les Belles Lettres, 1962, p. 107 – 108 .
  37. « […] celle de mes études qui s'éloigne le moins de mes rêves d'art : un roman d'analyse exécuté avec les données actuelles de la science de l'esprit » explique-t-il.
  38. René Dussaud, secrétaire perpétuel, « La Guerre de 1914 – 1918 », dans Comptes-rendus des séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 83, no 6, 1939, p. 603 . L'écrivain y oppose la « force brutale » des allemands à la « force spirituelle » qui la tient en respect.
  39. En 1936, les descendants de l’écrivain, le général et Mme Daille firent don au Musée Condé de Chantilly d’un buste en bas relief en plâtre de Paul Bourget de profil par le sculpteur Hippolyte-Paul Roussel ainsi que d’un moulage de sa main. Bulletin Le Musée Condé no 46 – 47 1994 moulage et buste reproduits, article « La Poésie de Chantilly ».
  40. (en) Adeline R. Tintner, « Portrait of Edith Wharton in Bourget's "L'Indicatrice" », dans Edith Wharton Review, Annette Zilversmit, Long Island University, vol. VII, no 1, 1990, p. 10  et (en) Adeline R. Tintner, « Edith Wharton and Paul Bourget », dans Edith Wharton Review, Annette Zilversmit, Long Island University, vol. VIII, no 1, 1991, p. 16 à 31 .
  41. (en) Anne Foata, « Edith Wharton and the Faubourg Saint-Germain : the diary of the Abbé Mugnier », dans Twentieth Century Literature, Winter, vol. 43, no 4, 1997, p. 394 à 405 .
  42. Commémoration de la naissance de Paul Bourget, 28 septembre 1952,  éd. de la ville de Hyères, p. 11, faisant référence au roman autobiographique de Edith Wharton, Les Chemins parcourus.
  43. L'arboretum de Paul Bourget, labélisé « jardin remarquable » (DRAC PACA, « Le label jardin remarquable » sur www.paca.culture.gouv.fr. Consulté le 3 avril 2010) en 2009 possède des essences exotiques peu communes : Jubaea chilensis, Ravenea rivularis de Madagascar, Trachycarpus wagnerianus, Livistona chinensis, cycas du Japon circinalis, Syagrus, Sabal palmetto, Chamaedorea microspadix, Butia capitata, Pinus canariensis, Brachychiton d'Australie, Phoenix canariensis, Nolina Longifolia, Washingtonia robusta, un énorme Yucca filifera planté par Paul Bourget lors de l'achat du domaine ou un Genévrier de Syrie. L'ensemble « rocaille » (grotte, puits, banc, faux arbre), élément décoratif typique des jardins et parcs du XIXe siècle, œuvre d'un rocailleur, a également été restitué tel qu'il était du temps de Paul Bourget.
  44. a, b et c Crédit photographique : Charles Blanc.
  45. Abbé Lagrange, Vie de Monseigneur Dupanloup, Poussièlgue Frères, 1884, p. 442 et suivantes , tome III.
  46. Dominique Escribe, « La Côte d'Azur, d'Hyères à Menton ; la Côte d'Azur, l'invention d'un territoire », dans Vieilles maisons françaises, Éditions de L’Esplanade, no 236, mars 2011, p. 24 (ISSN 0049-6316) .
  47. Claudine Lesage, Edith Wharton en France, les années hyéroises, Éditions des Équateurs, The Mount Press, 2011 (ISBN 978-2-84990-180-9), p. 11 à 41 .
  48. Laurent Chabrun, « Hyères, paradis d'écrivains », dans L'Express, Éditions de L’Express-Roularta, no 3136, 10 au 16 août 2011, p. 93, 94 et 95 (ISSN 0014-5270) .
  49. Henry James se rendit pour une semaine au Plantier, fin mars 1899, alors que l'Affaire Dreyfus était présente dans les esprits. Léon Edel, Henry James, une vie, Éditions du Seuil, 1990, p. 601 et 602 .
  50. Eugène Marsan décrit sa collection de cannes dans Les Cannes de M. Paul Bourget et Le Bon Choix de Philinte,  éd. Le Divan, 1923, p. 8. Jules Barbey d'Aurevilly, le « Connétable des lettres », maître à penser de Paul Bourget, lui aurait légué cette collection.
  51. Denise Boucher de Lapparent et Judith de Botton, « Le Retable de la Trinité de Bartolo di Fredi à Chambéry », dans Revue du Louvre, no 3, 1988, p. 218 à 229 (ISSN 0035/2608) .
  52. La collection de primitifs italiens de Paul Bourget comprend également : une Vierge à l'enfant avec deux saints de Neroccio di Landi, une Vestale portant le feu de Girolamo di Benvenuto, une Sainte Famille de Beccafumi, une Vierge à l'Enfant de Sano di Pietro et un Saint Paul de l'atelier de Simone Martini. Cette collection a été examinée par l'expert américain Bernard Berenson et mentionnée dans son ouvrage (en) Italian pictures of the Renaissance, 1968, vol. 1, p. 377. D'autres revues spécialisées ont mentionné les œuvres de Paul Bourget : (en) Burlington Magazine, août 1977, p. 547-548, fig. 21, 22, 23 et L'Art Gothique Siennois, exposition de 1983 au Petit Palais d'Avignon, p. 145 – 146.
  53. Philippe Hamon et Alexandrine Viboud, Dictionnaire Thématique du roman de mœurs en France, 1814 – 1914, Presses Sorbonne Nouvelle, 2008, p. 231 – 232 , tome 1 A-I.
  54. La Chambre de Commerce de La Rochelle possède une grande toile de Camille Bourget, L'Allégorie du Commerce et de la Navigation, signée et datée de 1900.
  55. Couverture du journal Le Miroir, 22 février 1914 et 22 mars 1914, avec un plan de la scène du crime. Événement relaté aussi dans Le Petit Journal, supplément illustré, dimanche 29 mars 1914.
  56. Bourget possède aussi un morceau de sarcophage égyptien offert par Saint-René Taillandier, chargé d'affaires au Caire selon Lucien Corpéchot, in Souvenirs d'un journaliste, 1936, p. 152).
  57. Médaille commémorative, poinçon corne d'abondance, 79 mm × 63 mm, poids 186 g, signée Paul Roussel, reproduite dans Gaëtan Bernoville, Paul Bourget, Denoël et Steele, 1936, p. 38 .
  58. Son masque mortuaire réalisé par le sculpteur Fix Masseau, un moulage en plâtre de sa main et son habit d'académicien avec deux bicornes, sont conservés au musée municipal d' Hyères. Sa tombe est située dans la 26e division du cimetière (concession 1 P 1895), tout près de celle de son ami, Guy de Maupassant.
  59. Journaux Fels, vol. 8, 19 avril 1900.
  60. Le Play. Textes choisis et préface par Louis Baudin, Librairie Dalloz, 1947 , appendice I, Influence de Le Play.
  61. E. Vaucluse, « Philippe Bertault. Balzac et la religion », dans Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 29, no 116, 1943, p. 319 .
  62. A. de Bersaucourt, « Balzac et sa Revue parisienne », dans Mercure de France, no 50, LXXII, p. 62 .
  63. On pourrait rajouter Maurice Barrès, ainsi Georges-Henri Dumont évoque les « 4B » in Henri Davignon et ses amis français, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, séance mensuelle du 9 décembre 2006, p. 2. D'autres encore rajoutent Brunetière, René Boylesve ou René Benjamin.
  64. Jules Sageret, Les Grands convertis, Société du Mercure de France, 1906, p. 13 et suivantes  pour Bourget, p. 82 et suivantes pour Huysmans, p. 129 et suivantes pour Brunetière, p. 193 et suivantes pour Coppée.
  65. [image] Collection Renaud Lugagne.
  66. Frédéric Gugelot, « La Conversion des intellectuels français au catholicisme en France 1885-1935 », dans CNRS Éditions, chapitre 4 « Les fils prodigues », 1998 (ISBN 2-271-05556-3) .
  67. Charles Maurras, Triptyque de Paul Bourget, Alexis Redier, 1931 . L'ouvrage regroupe trois articles (de 1895, 1900 et 1923) de Maurras auxquels est ajouté en appendice un quatrième sur le roman L'Étape de Bourget.
  68. Lucien Guissard, Littérature et pensée chrétienne, Casterman, 1969, p. 99 .
  69. Michel Winock, « L’écrivain en tant qu’intellectuel », dans La Société d’études soréliennes, Mil neuf cent, vol. 1, no 21, 2003, p. 123 .
  70. Jérôme Demoulin, La Famille française dans l'œuvre de Paul Bourget, Le Puy, X. Mappus, 1939  (Thèse de doctorat, faculté des lettres de Fribourg).
  71. Paul Copin-Albancelli, Nos traditions nationales, comment les défendre ?, L'Entente Nationale, Bourges, 1904 .
  72. Quelques lettres de guerre par le capitaine Augustin Cochin, préface de Paul Bourget, Paris, Bloud et Gay, Barcelone, 1917.
  73. Michel Leymarie, Jacques Prévotat, L'Action française, culture, société, politique, Presses universitaires du Septentrion, 2008, p. 50 .
  74. Marcel Hiver, « Réflexions à propos de Bloy et de Bourget », dans Clarté, 1er février 1924, p. 69 . La revue Clarté est une revue communiste qui parait entre 1921 et 1928. Voir aussi : Nicole Racine, « La Revue Clarté », dans Revue française de science politique, no 3, 1967, p. 498 .
  75. Charles Maurras, « L'Esprit de Bourget », dans Revue de Paris, décembre 1895, p. 560 – 579 .
  76. Lettre à Barrès, 6 mars 1890, fonds Barrès Bibliothèque Nationale de France, no 48.
  77. Archives nationales (AN), F7 12861 no 4 : Royalistes. Notes de police sur différents membres du Parti royaliste, dont Paul Bourget (1903).
  78. Paul Bourget, Pages de critique et de doctrine, vol. 2, Paris, Plon, 1912 ; Au service de l'ordre, Paris, Plon, 1928 ; Lettre à Barrès, juin 1910, Fonds Barrès de la BN, no 151.
  79. Lettre de Maurras à André Buffet au sujet de Bourget, non datée, 1903, Archives nationales (AN), F / 7 / 12861 (66).
  80. Sur cette candidature, les archives diocésaines de Montpellier ont conservé la correspondance adressée à Mgr de Cabrières par Paul Bourget, soit 16 lettres : s.d. (avant le 20 nov.), 21 nov., 26 nov., 30 nov., 5 déc., 11 déc., 12 déc., fin déc. 1908 ; 12 janv., fév. (s.d.), fin mai, 8 juin, 31 oct. 1909 ; 21 fév., 14 mai 1910. Paul Bourget lance l'idée de cette candidature à la suite de la disparition du Cardinal de Curie Mathieu (Gérard Cholvy, « Réception de M. Gérard Cholvy », dans Académie des sciences et lettres de Montpellier, Déhan Montpellier, séance du 26 mars 1979, p. 7 ).
  81. Gérard Cholvy, Le Cardinal de Cabrières, un siècle d'histoire en France, Le Cerf Histoire, 2007 (ISBN 978-2-204-08209-9), p. 347 – 360  (ouvrage qui a obtenu le prix Peiresc).
  82. Philippe Secondy, « CEPEL », Université Montpellier I, Les Sciences sociales au prisme de l'extrême droite, L'Harmattan, 2008 (ISBN 978-2-296-06181-1), p. 157 .
  83. Eugen Weber, L'Action française, Editions Fayard, 1985 (1re édition, 1962) (ISBN 221301678X), p. 54 .
  84. Philippe Secondy (« CEPEL », Université Montpellier I), Les Sciences sociales au prisme de l'extrême droite, L'Harmattan, 2008 (ISBN 978-2-296-06181-1), p. 152 .
  85. Journaux Fels, vol. 6, 17 février 1900.
  86. Charles Maurras, « L'Idée de décentralisation », dans Revue encyclopédique-Larousse, 1898 , chapitre IV, « Propagande de ces idées ».
  87. Sur les hésitations de Bourget lors de l'Affaire Dreyfus, on peut lire la critique d'Octave Mirbeau, « Chez l'illustre écrivain », dans Le Journal, 28 novembre 1897.
  88. Fonds Barrès de la BN, lettre à Barrès, 3 février 1899.
  89. Fonds Barrès de la BN, lettre à Barrès, 16 avril 1899.
  90. Journaux intimes de Paul Bourget, Bibliothèque Fels, Institut catholique de Paris, Mss, français, 664, vol. 12, 8 aôut 1910 et 10 mai 1910 et vol. 14, 27 février 1914.
  91. Journaux Fels, vol. 6, 2 octobre 1898.
  92. Léon Edel, Henry James, une vie, Seuil, 1990 (ISBN 2-02-010697-3), p. 601-602 .
  93. Michel Mansuy, Prélude et suite de Cosmopolis, Annales Littéraires de l'Université de Besançon, 1962, p. 95 , note 18.
  94. G. Dupré (dir.), La République ou le Roi, correspondance inédite, Paris, Plon, 1970 , lettre du 4 juillet 1900, no 259, p. 292.
  95. Fonds Barrès de la BN, lettre de Bourget à Barrès du 26 février 1898. Egalement Journaux Fels, vol. 6, 2 octobre 1898.
  96. L'Echo de Paris, 21, 22, 25 mars et 1er, 8 et 23 avril 1908, cité dans Champ littéraire fin de siècle autour de Zola, collection Modernités,  éd. Presses universitaires de Bordeaux, 2004, textes réunis par Béatrice Laville, p. 190.
  97. Lettre à Maurras du 17 mai 1902, G.Dupré, La République ou le Roi, op. cit., p. 374 – 375.
  98. Edith Wharton, Souvenirs du Bourget d'Outre-mer, essai, juin 1936, cité dans (en) Adeline R. Tintner, « Edith Wharton and Paul Bourget », dans Edith Wharton Review, Annette Zilversmit, Long Island University, vol. VIII, no 1, 1991, p. 18 .
  99. Albert Thibaudet, « Réflexions sur le roman », dans Nouvelle revue française, 1er août 1912, p. 9 et suivantes .
  100. Edouard Rod, « M. Paul Bourget », dans La Revue Indépendante, no 6, février 1885, p. 331 – 341 .
  101. Marie-Reine Garnier (dir.), Henry James et la France, Slatkine, 1978, p. 163-168 , chapitre V « M. Paul Bourget ».
  102. Anna de Biasio, article « L'Internationalité d'un nationaliste de Paris : Paul Bourget entre Paris, Londres et Rome », Colloque « ESSE », Mai 2007, in Champs Littéraires Nationaux et Espace Européen.
  103. a et b Pierre Brunel, Robert Jouanny (dir.), Dictionnaire des écrivains du monde, Fernand Nathan, 1984 (ISBN 2-09-291060-4) , « Bourget Paul », p. 70.
  104. Hippolyte Taine, De L'Intelligence, L'Harmattan, 2005 (ISBN 2-7475-8757-6) , tome I, introduction de Serge Nicolas, p. V.
  105. Joseph Bieder, « Quand Paul Bourget hantait l'Infirmerie Spéciale », dans Histoire de la psychiatrie, Revue d'histoire des sciences médicales, vol. 40, no 3, 2006, p. 305 – 312 .
  106. Georges Simenon, Les Mémoires de Maigret, Presses de La Cité, 1951 , ouvrage dans lequel Paul Bourget est cité au sujet des rendez-vous d'examens psychiatriques au Dépôt, en compagnie de Xavier Guichard, directeur de la Police Judiciaire.
  107. Ernest Dupré, Pathologie de l'imagination et de l'émotivité, Payot, 1925 .
  108. Pr. Émile Sergent, « Questions médicales: les simulateurs de maladies », dans La Revue des deux mondes, année inconnue, p. 606 – 607 .
  109. Paul Guérin, L'État contre le médecin : vers une renaissance corporative, 1929.
  110. Aujourd'hui encore il est rendu hommage à Paul Bourget dans ce domaine, Pierre Macherey, « Peut-on encore aujourd'hui lire Le Disciple de Paul Bourget ? », dans Le Trimestre Psychanalytique, publication de l'Association Freudienne Internationale, Paris, no 2, 1993, p. 63 – 70 .
  111. André Gide introduit dans son livre la notion de « cure », à travers le portrait de la « doctoresse Sophroniska ». Paul Bourget reçoit Gide au Plantier de Costebelle le 26 novembre 1915. Gide est amusé par le vieil homme qui l'éclabousse de littérature, de psychologie et d'amabilité, mais il se dit « interloqué » par ses vues sur la pédérastie. « Moi, je suis panpsychique ! je ne crois plus à la matière » lui explique Paul Bourget dans la rotonde centrale du Plantier, Daniel Moutote, Le Journal de Gide et les problèmes du Moi (1889 – 1925), Slatkine, Genève, 1968 (ISBN 2-05-101606-2), p. 329 .
  112. [image] Crédit photographique : Collection Renaud Lugagne.
  113. Jacques Laurent, Paul et Jean-Paul, Grasset, 1951 .
  114. Au printemps de 1914, Le Démon de midi était apprécié des lecteurs mais la guerre mit un terme brutal à ce succès. « Le Démon de midi a eu les ailes rognées » soupirait Paul Bourget en imitant le mouvement d'une paire de ciseaux. Lettre de Robert de Goulaine à Renaud Lugagne, décembre 2006.
  115. Albert Thibaudet, La Composition dans le roman, N.R.F, 1er novembre 1922, p. 594 .
  116. Philippe Niogret, La revue Europe et les romans français de l'entre-deux-guerres (1923-1939), L'Harmattan, 2004 (ISBN 2-7475-6553-X), p. 137 .
  117. Marcel Arland, Essais et Nouveaux essais critiques, Gallimard, 1952, p. 167 .
  118. Susan Rubin Suleiman, Le Roman à thèse ou l'autorité fictive, P.U.F, coll. « Écriture », 1983 (ISBN 978-2130379058), p. 97 – 99 .
  119. Colette Becker et Jean-Louis Cabanès, Le Roman au XIXe siècle, Bréal, 2001 (ISBN 2-84291-785-5), p. 146 .
  120. Catulle Mendès, Le mouvement poétique français de 1867 à 1900, Slatkine, 1993, (ISBN 9782051012744), p. 43.
  121. D'abord commencée dans le journal Le Parlement de 1880 à 1883, Bourget poursuit la rédaction de ses chroniques dans Le Journal des débats et parallèlement dans La Nouvelle revue, jusqu'en 1885 explique André Guyaux, préface à : Paul Bourget, Essai de psychologie contemporaine, Gallimard, Coll. Tel, 1993, (ISBN 2-07-072965-6), p. VII.
  122. André Guyaux, préface à : Paul Bourget, Essai de psychologie contemporaine, Gallimard, Coll. Tel, 1993, (ISBN 2-07-072965-6), p. VII.
  123. André Guyaux, préface à : Paul Bourget, Essai de psychologie contemporaine, Gallimard, Coll. Tel, 1993, (ISBN 2-07-072965-6), p. XIII.
  124. Victor Giraud, Les Maîtres de l'heure, Paris, Hachette, 1911 , tome I, chapitre « Paul Bourget ».
  125. Jean-Christophe Coulot, avant-propos à Paul Bourget, Le Disciple, La Table Ronde, Coll. « La petite vermillon », 1994, (ISBN 2-7103-0639-5), p. VI.
  126. [image] Source : musée Bonnat, Bayonne.
  127. Thomas Loué, « Les Fils de Taine, entre science et morale. À propos du Disciple de P. Bourget », dans Cahiers d'Histoire, Revue d'histoire critique, no 65, 1996, p. 44 – 61 .
  128. Thomas Loué, « Les Fils de Taine, entre science et morale. À propos du Disciple de P.Bourget », dans Cahiers d'Histoire, Revue d'histoire critique, no 65, 1996, p. 44 – 61 , et Joseph Jurt (dir.), article de Gisèle Sapiro, « La responsabilité de l'écrivain : de Paul Bourget à Jean-Paul Sartre », dans Le texte et le contexte. Analyses du champ littéraire français (XIXe siècle et XXe siècle, Berlin Verlag Arno Spitz, 2001, p. 219 – 240 .
  129. (en) Richard Hibbitt, « Paul Bourget's Critique of fin-de-siècle Cosmopolitanism », dans Peter O'Donovan et Laura Rascaroli, The Cause of Cosmopolitanism, Peter Lang, Bern, 2011 (ISBN 978-3-0343-0139-8) [présentation en ligne], p. 173 et suivantes .
  130. [image] Fragments posthumes d'un ouvrage de Claude Larcher recueillis et publiés par Paul Bourget, son exécuteur testamentaire. Début des épreuves corrigées de la préface par Bourget, bon à tirer signé de l'auteur (collection Renaud Lugagne, Le Plantier de Costebelle).
  131. Hendrikus Klerkx, Paul Bourget et ses idées littéraires, Dekker en Van de Vegt N.V., Nijmegen-Utrecht, 1946, p. 166 à 172 , à propos de l'influence de Bourget sur les écrivains qui considèrent le Romantisme comme un « mal ».
  132. (en) Adeline R. Tintner, « Edith Wharton and Paul Bourget », dans Edith Wharton Review, Annette Zilversmit, Long Island University, vol. VIII, no 1, 1991, p. 17 .
  133. (en) Jackie Vickers, « Women and Wealth : F. Scott Fitzgerald, Edith Wharton and Paul Bourget », dans Journal of American Studies, Cambridge University Press, 1992 (ISSN 0021-8758) .
  134. (en)Adeline R. Tintner, The Cosmopolitan World of Henry James : An Intellectual Study, Bâton Rouge, Louisiana State University Press, 1991 (ISBN 0-8071-1663-7), p. 180 et suivantes .
  135. (en)Angus Wrenn, The Reception of Henry James in Europe, Annick Duperray and contributors, 2006 (ISBN 0826458807), p. 36 à 46 , chapitre Eager Disciple and Reluctant Master : Paul Bourget's Role in the Reception of Henry James in France.
  136. Pierre de Montera, Luigi Gualdo (1844-1898), Rome, Edizioni Di Storia e Letteratura, 1983, p. 38 à 62 .
  137. Jacques Michon et Jean-Yves Mollier (dir.), Les Mutations du livre et de l'édition dans le monde du XVIIIe à l'an 2000, Presses de l'Université Laval, L'Harmattan, 2001 (ISBN 2747508137), p. 202  et (it)G. Grazzini, Gli anni della feluca, Rome, Lucarini, 1989, p. 26 et 35 .
  138. Chantal Simonin (ouvrage collectif), L'Intellectuel et ses miroirs romanesques (1920 - 1960), Jacques Deguy, Presses Universitaires de Lille, 1993, p. 62 , note 2.
  139. Hendrikus Klerkx, Paul Bourget et ses idées littéraires, Dekker en Van de Vegt N.V., Nijmegen-Utrecht, 1946, p. 180 à 182 .
  140. Charles Adler, Nietzsche, sa vie et sa pensée : La Dernière Philosophie de Nietzsche, Paris, Brossard, 1931, p. 242 et 252 .
  141. Charles Adler, Nietzsche, sa vie et sa pensée : La Dernière Philosophie de Nietzsche, Paris, Brossard, 1931, p. 255 .
  142. Charles Adler, Nietzsche, sa vie et sa pensée : La Dernière Philosophie de Nietzsche, Paris, Brossard, 1931, p. 266, 275, 329 et 352  et Franco Volpi (sous la direction de Jean-François Matteï), Nietzsche et le temps des nihilismes, P.U.F., coll. « Thémis », 2005 (ISBN 978-2-13-055070-9) , chapitre 6 Nietzsche, lecteur de Bourget.
  143. Marc Smeets, Huysmans l'inchangé, histoire d'une conversion, Rodopi B.V., 2003 (ISBN 9042010754), p. 102 , note 30.
  144. Stéphane Michaud, « Nietzsche, la culture française et l'Europe », dans Romantisme, vol. 23, no 81, 1993, p. 78 .
  145. Julien Benda, La Trahison des Clercs (1926), Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 1981 (ISBN 2-246-01915-X), p. 110 .
  146. Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre, Denoël, 1938, p. 187 .
  147. André Gide, Journal 1889 – 1939, Paris Gallimard, coll. « Bibliothèque de La Pléiade, 1992 », 1930, p. 991 .
  148. François Mauriac, « Il y a cent ans : Paul Bourget », dans Le Figaro, 3 septembre 1952 , Pierre de Boisdeffre, « Le Centenaire de P.Bourget », dans Revue de Paris, octobre 1952  et Emmanuel Beau de Loménie, « Centenaire de Paul Bourget », dans Hommes et Mondes, novembre 1952 .
  149. Pour une liste complète des œuvres de Paul Bourget se reporter à la Bibliographie d'Alain Depieds sur litterature-lieux.com. Consulté le 4 avril 2010 [PDF].
  150. Un cœur de femme a également été publié sous forme de roman-feuilleton dans Le Figaro du 10 mai 1890 au 5 juillet 1890.

Annexes

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Les fonds d'archives Paul Bourget

Les archives de l’écrivain peuvent être consultées dans les lieux suivants (liste non exhaustive) :

  • Bibliothèque universitaire de Fels (Institut catholique de Paris), journaux intimes de Paul et Minnie Bourget, Mss français 664 et 665, don du général Daille 1966, bibliothèque personnelle de Paul Bourget,
  • Médiathèque de la ville de Hyères-Les-Palmiers, manuscrit original de Laurence Albani, photographies,
  • Archives municipales de Hyères-Les-Palmiers, Park Hôtel, projet d'érection d'une statue de l'écrivain, correspondance sur les dégâts causés par l'occupation allemande au Plantier de Costebelle,
  • Musée de Hyères-Les-Palmiers (fermé actuellement) fonds Paul Bourget et Gautrez, buste, habit d'académicien, correspondance,
  • Musée Condée à Chantilly (buste),
  • Fonds d'archives du Plantier de Costebelle, correspondance, photographies (très souvent dues au photographe toulonnais Solia), manuscrit original du Roman des quatre, importante correspondance avec la marquise d'Argenson,
  • Musée de Chambéry, tableaux siennois, portraits de Bourget, des Daille,
  • Bibliothèque d'Amiens Métropole, manuscrits, correspondance,
  • Bibliothèque nationale de France (manuscrit original du Disciple, N.a.f. 19749-19771 et manuscrit original de Cosmopolis, Département des manuscrits, Richelieu, N.a.f. 19750, 19751, 19752).

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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Paul Bourget, études bibliographiques ou critiques

  • T. de Visan, Paul Bourget sociologue, Paris, Nouvelle Librairie nationale, 1908 .
  • Henry Bordeaux, « Le Jubilé de Paul Bourget », dans L'Écho de Paris, 26 octobre 1922 . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Henry Bordeaux et Henry de Cardonne, « Jubilé de Paul Bourget », dans La Revue Hebdomadaire, Éditions Plon, no 50, 1923 .
  • Francis Carco, Fauteuil XXXIII, Paul Bourget, Librairie Félix Alcan, coll. « Les Quarante », 1932 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article .
  • François Mauriac, « Hommage à P. Bourget », dans Le Figaro, supplément littéraire, 28 décembre 1935 .
  • Gaëtan Bernoville, Paul Bourget, Éditions Denoël et Steele, 1936 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article .
  • Lucien Corpéchot, Souvenirs d'un journaliste, Barrès et Bourget, Librairie Plon, 1936 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article .
  • E.Seillière, Paul Bourget, psychologue et sociologue, Édition de la Nouvelle Revue critique, 1937 .
  • Albert Thibaudet, Le Problème du Disciple, réflexions sur le roman, Éditions Gallimard, Paris, 1938 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article .
  • L.J. Austin, Paul Bourget, sa vie et son œuvre jusqu'en 1889, Droz, Paris, 1940 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article .
  • Joseph Desaymard, « Bourget, Barrès et l'Auvergne. Notes et souvenirs », dans L'Auvergne Littéraire, no 115, 1946, p. 11 – 19 .
  • Henry Bordeaux, Reconstructeurs et mainteneurs, Éditions Plon, 1954 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article .
  • Michel Mansuy, Préludes et suites de Cosmopolis. Sur un manuscrit de Paul Bourget, Les Belles-Lettres, coll. « Annales littéraires de l'Université de Besançon », 1960 , vol. 50. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marie – Gracieuse Martin – Gistucci, Paul et Minnie Bourget, journaux croisés (Italie, 1901), Centre d'études franco – italiens, Chambéry, 1978 .
  • Jean – Paul de Nola, Paul Bourget à Palerme et autres pages de littérature française et comparée, Nizet, Paris, 1979 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article .
  • Anne Martin – Fugier, La Bourgeoise : la femme au temps de Paul Bourget, Éditions Grasset, 1983 .
  • Anne Martin – Fugier, Les Salons de la IIIe République, Éditions Perrin, 2003 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article .

Colloques évoquant Paul Bourget

  • Premier colloque international organisé sur l'écrivain par Daniel Sangsue et Marie-Ange Voisin-Fougère du 17 mars 2005 au 18 mars 2005, Universités de Neuchâtel et Dijon. Actes du colloque réunis dans l'ouvrage Avez-vous lu Paul Bourget ?, Éditions Université de Dijon, 2007, (ISBN 9782915552652).Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Colloque Les écrivains français et l'affaire Dreyfus, 29-31 octobre 1981, Université d'Orléans et Centre Charles Péguy (intervention de Christophe Charle, « La lutte des classes en littérature, L'Étape de Paul Bourget et Vérité d'Émile Zola »).
  • Colloque international Les écrivains et leurs lectures philosophiques, Université de Bourgogne, 3 et 4 février 1995, textes du colloque réunis dans Le Chant de Minerve, 1996.Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Colloque international Amoralités de la littérature, 26 et 27 mars 1998, Metz, Paris (intervention d'Emmanuel Godo, « La morale fissurée : Le Disciple de Bourget »). Actes du colloque, éditions H.Champion, coll. Varia, no 41, 2000.
  • Colloque Pour une histoire sociale de la littérature II, 21 – 24 octobre 1999, Université de Fribourg, (intervention « La responsabilité de l'écrivain : de Paul Bourget à Jean-Paul Sartre »).
  • (en) Colloque Imagining the Past ; remenbering the Futur, 21 – 25 juin 2000, Newport, États-Unis (intervention de Sarah Bird Wright, Midlothian, « Edith Wharton and Paul Bourget : travels and obsessions »).
  • Colloque européen Nietzsche, un bon européen à Cosmopolis, 17 octobre – 15 novembre 2000, Paris, Weimar, Bologna (intervention de Joëlle Stoupy, « Nietzsche, lecteur de Bourget »).
  • Colloque Maupassant, 9 octobre 2004, Rouen (intervention de Laure Helms, doctorante, « Maupassant-Bourget, quelques prolongements romanesques »).
  • Colloque Les ennemis de Léon Tolstoï, 8 novembre 2006, Paris (intervention de Wladimir Troubetzkoy, « Paul Bourget, critique de Léon Tolstoï »).
  • Colloque L'Action française : culture, politique, société, 21 – 23 mars 2007, Paris. Centre d'histoire de l'Institut d'Études Politiques et Institut de Recherches Historiques du Septentrion.
  • Colloque du réseau ESSE (Espace des Sciences Sociales Européen), Venise, 3 – 5 mai 2007 (intervention de Blaise Wilfert Portal, « L'Internationalité d'un nationaliste de Paris : Paul Bourget, entre Paris, Londres et Rome »).Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Colloque international Littérature et esclavage (XVIIIe-XIXe), 18 – 20 juin 2009, Lyon (intervention de Michèle Fontana, « L'Esclavage dans Outre – mer, notes sur l'Amérique, de Paul Bourget »).
  • Colloque André Gide à la BNF, 9 octobre 2009 (intervention de Jean-Michel Wittmann, « Quand l'écrivain remet son ouvrage sur le métier »).

Articles critiques en langue étrangère

  • (en) Alfred Jones, « Paul Bourget : apologist for traditionalism in France », South Atlantic Quaterly, I 45, 1946.
  • (en) Ian Mcfarlane, « Bourget, in search of a Symbolist aesthetic », Australian Journal of French Studies, 6, 1969.
  • (en) Armand E. Singer, « Paul Bourget », Boston, Twayne Publishers, 1976.
  • (en) Richard Hibbitt, « Paul Bourget's Critique of fin – de – siècle Cosmopolitanism » dans Peter Lang, The Cause of cosmopolitanism, Patrick O'Donovan and Laura Rascaroli  éd. Berne, 2010.Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (it) Marcello Spaziani, « La Roma di Paul Bourget », Studi Romani, anno X, no 4, 1962, p. 403-422.Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (it) Mariella Di Maio, « Su Paul Bourget : teoria e stile della decadenza », Omaggio a G. Folena, Padoue, Editoriale Programma, 1993.


Précédé par
Maxime Du Camp
Fauteuil 33 de l’Académie française
1894-1935
Suivi par
Edmond Jaloux


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