Jacques Le Juste

Jacques Le Juste

Jacques le Juste

Jacques le Juste.

Jacques le Juste, est appelé frère du Seigneur par Paul et frère de Jésus par Flavius Josèphe. La question de son identité historique ne rencontre pas un accord unanime chez les historiens. Traditionnellement identifié à un frère de l'Apôtre Jude, on voit en lui non point l'un des Douze, mais un parent de Jésus. Selon certains historiens, il n'y a pas de doute sur le fait qu'il est le frère de Jésus de Nazareth[1].

Il y aurait donc eu trois personnages bibliques (néo-testamentaires) nommés Jacques:

Jacques le Juste fut le premier chef, ou patriarche, des Nazaréens de Jérusalem, après la mort de Jésus, donc le premier chef de l'église primitive. Il est, vraisemblablement l’auteur de l’Épître de Jacques du Nouveau Testament.

Selon Flavius Josèphe et Hégésippe, il fut martyrisé en 62. Personnage peu connu des églises d'Occident, il a été longtemps oublié. Mais le rôle et l'influence qu'il exerça sur les premières communautés chrétiennes ont été remis en lumière au cours des dernières décennies (cf bibliographie).

Sur ses liens de parenté avec Jésus (il s'agit d'un sujet à fortes polémiques théologiques, sémantiques et idéologiques) trois hypothèses sont en présence :

  • Soit il est un « frère » au sens littéral du terme : Jacques serait le frère biologique de Jésus. C'est un thèse acceptée par Helvidius, un auteur chrétien de la fin du IVe siècle[2], et qui est souvent reprise par les éxégètes modernes.
  • Soit il est un « frère » au sens large et oriental du terme, c'est-à-dire un « cousin ». C'est la thèse de Saint Jérôme, défendue en réaction au livre de Helvidius, thèse permettant de préserver la virginité de Marie, et incidement, de Joseph. Cette thèse est devenue la thèse de l'Eglise catholique[2].
  • Soit il est un « frère » par alliance : Jacques serait le fils d'un premier mariage de Joseph, lequel serait alors le frère adoptif de Jésus. Cette thèse a d'abord été présentée par le Protévangile de Jacques, un récit apocryphe du IIe siècle, puis a été reprise ensuite par d'autres auteurs, comme Épiphane de Salamine[2].

Sommaire

Biographie

Jacques est cité par Matthieu (Mt 13. 55) et par Marc (Mc 6. 3) parmi les frères de Jésus. Il fut un personnage important de l’Église primitive[3] qui a dirigé la première communauté chrétienne de Jérusalem.

Jacques est également cité dans l'Evangile selon Thomas, retrouvée en 1946 en Égypte. Il est mentionné ainsi au verset 12 : « Les disciples dirent à Jésus : nous savons que tu nous quitteras ; qui se fera grand sur nous ? Jésus leur dit : Au point où vous en serez, vous irez vers Jacques le Juste : Ce qui concerne le ciel et la terre lui revient ».

Selon une tradition ancienne remontant jusqu'à Paul (I Co 15:7), c'était lui le compagnon anonyme de Cléophas qui, le soir de la Résurrection, en quittant Jérusalem fut rejoint sur la route par Jésus. Témoin de la Cène dite d'Emmaüs il fut investi, de fait, d'un rôle particulier au sein de la première assemblée.

Il était fortement ancré dans le judaïsme de son temps et restait fidèle à la loi de Moïse, s'opposant au point de vue de Paul qui pensait nécessaire de propager auprès des non-juifs la foi en la messianité de Jésus.

Le Concile de Jérusalem qui se tint vers la fin des années 50 sous son autorité et celle de Pierre et de Jean (Ac 2, 10) admit le principe de la non circoncision des païens convertis.

Flavius Josèphe (Antiquités judaïques, XX, 197-203) et Hégésippe ont rapporté la mort de Jacques, en 62, décidée par le grand-prêtre Anan le Jeune, inflexible en matière de respect de la loi juive. Anan profita de la vacance du poste de procurateur romain pour traduire Jacques devant le Sanhédrin, l'accusant d'avoir transgressé la loi. Jacques fut condamné et lapidé.

Il fut remplacé dans sa charge de chef de la communauté de Jérusalem par Siméon (Eusèbe de Césarée, 3, 11, 32).

Pour les chrétiens orthodoxes, Jacques « frère du Christ » compte au nombre des Septante disciples (Luc, X, 1).

Identité

Paul, dans Ga 2. 9, décrit Jacques ainsi : « ... Jacques, Cephas, et Jean, qui apparaissaient comme des piliers... ». Il est décrit dans le Nouveau Testament comme un « frère de Jésus » et « dans la liturgie de saint Jacques, le frère de Jésus est élevé à la dignité du frère de Dieu lui-même (Adelphotheos) » (Philip Schaff : History of the Christian Church, chapitre 4, section 29). Jacques est cité par Matthieu | Mt 13. 55, par Marc | Mc 6. 3 et Mc 15. 40, par l'Épître de Jude (1), par Flavius Josèphe.

Dans son Épître aux Galates | Ga 1. 19, Paul de Tarse signale que Jacques est un apôtre, ce qui explique l'identification parfois proposée avec Jacques fils d'Alphée.

Voici ce que dit à son propos le sanctoral de la Conférence des évêques de France : « Les exégètes distinguent plusieurs Jacques autour du Seigneur. Jacques le Majeur, fils de Zébédée et frère de Jean. Jacques fils d'Alphée dont on sait seulement qu'il fut apôtre, et celui-ci, Jacques, frère du Seigneur, de sa parenté et originaire de Nazareth. » La notion de frère devrait être comprise au sens large sans doute utilisé à l'époque. Celle-ci pouvait signifier une parenté plus éloignée, comme celle de cousin germain, ou bien indiquer une double parenté (des deux souches).

Une autre hypothèse est avancée par l'historien James Tabor dans son livre "La véritable vie de Jésus une enquête scientifique) qui dit que Jacques est le "frère" par alliance : Jacques serait le fils du deuxième mariage de Marie (mère de Jésus) Joseph étant décédé, celle-ci s'est mariée avec Clopas, le frère de Joseph, coutume courante chez les juifs de l'époque. De cette union seraient aussi nés Simon, Joseph et Jude (Matthieu 13,55-56 Marc 6,3 ).

Controverse sur les « Frères et sœurs » de Jésus

Le Nouveau Testament, en Mc 6,3 nous rapporte la réaction étonnée des Nazaréens ayant entendu Jésus leur enseigner dans la synagogue: "N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, Joset, Jude et Simon? et ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous?". Il y a désaccord sur ce qu'il faut entendre par ces mots selon qu'on les prend au sens étroit d'enfants de même père et mère ou au sens plus large de proches parents, comme cela se fait en de nombreux pays orientaux où cousins et cousines vivant ensemble sont appelés 'frères' et 'soeurs'.

Les versets Jean 19, 26-27 fournissent un exemple de polyvalence des titres parentaux dans les textes évangéliques. On y voit Jésus dire à Marie, en lui confiant l'Apôtre Jean : « Femme, voici ton fils » , puis, s'adressant à Jean : « Voici ta mère » . Cependant, on voit bien dans l'exemple choisi que les mots "fils" et "mère" ont un sens métaphorique transparent pour l'auteur et pour le lecteur. Rien n'indique un usage métaphorique en Mc 6,3. Pour les protestants, Marie était vierge avant la naissance de Jésus mais a eu ensuite d'autres enfants. D'après la tradition orthodoxe qui suit le Protévangile de Jacques, ils seraient en fait des demi-frères, fils d'une précédente union de Joseph.

Selon la tradition catholique, ils seraient des cousins (c'est un même mot qui désigne le frère et le cousin dans les langues hébraïque et araméenne) : deux d'entre eux sont, en effet, signalés comme fils d'une « Marie, mère de Jacques et de Joset » en Mc 15, 40, qu'il faut identifier à Marie, femme de Clopas d'après Jn 19, 25, le troisième Jude est le frère de Jacques (Ju 1) et le quatrième Simon est clairement désigné comme un cousin germain, fils de Clopas le frère de Joseph, dans l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée qui affirme aussi que « frère du Seigneur » n'est pour Jacques qu'une appellation.

De leur côté, Gerard Mordillat et Jérome Prieur indiquent :

«  en hébreu et en araméen [...] il n'y a pas de mot précis pour distinguer les frêres des cousins germains. On utilise dans les deux cas. [Cependant, les] textes du nouveau testament [...ont] été écrits en grec, langue dans laquelle est faite la dinstinction entre « frère », adelphos et « cousin », anepsios. La tradition la plus primitive en porte un témoignage dépourvu de toute ambiguïté. Dans sa première épître aux Corinthiens, vers 55, Paul s'indigne : « N'avons-nous pas le droit d'emmener avec nous une épouse croyante, comme les autres apôtres et les frères du seigneur ? »(1 Co 9,5). Paul utilise en grec le mot adelphos, « frère », qui désigne les frères biologiques. Et quand il parle des « frères » du seigneur, ce n'est jamais un synonyme pour désigner les apôtres[4]. »

Pour une étude plus appronfondie de cette question, voir l'article Proches de Jésus

L’affaire de l'ossuaire

Voir Ossuaire de Silwan

En octobre 2002, l'épigraphiste français André Lemaire découvre sur le flanc d’un ossuaire en calcaire du premier siècle de notre ère, une inscription en araméen, la langue courante de la Palestine à l'époque de Jésus. L’ossuaire est une petite urne de pierre, couramment utilisée par les Juifs de l'époque pour conserver les ossements d’un défunt, un an après sa mort, lorsque les chairs ont disparu, et que les os ont été purifiés par la terre d'Israël. De tels ossuaires ont été utilisés du Ier siècle av. J.-C. au IIe siècle. L’ossuaire en question a été découvert dans le village arabe de Silwan, près de Jérusalem, et comportait l'inscription suivante : « Ya'akiv bar Yosef akhui di Yeshua » ce qui signifie « Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus ». Même si les noms de Jacques, Joseph et Jésus étaient très courant à l'époque, un simple calcul permet d'évaluer à une vingtaine le nombre d'habitants de Palestine, qui au premier siècle pouvaient s'appeler Jacques, avoir un père nommé Joseph et un Jésus pour frère. Par contre, il était très inhabituel de mentionner le nom d'un frère sur un ossuaire après celui du père (il n’existe qu’un seul autre cas de cette pratique). En juin 2003, le département des antiquités israéliennes, à la suite d'une analyse au microscope électronique, déclare l’urne authentique, mais les inscriptions récentes. Le propriétaire de l'objet, l'antiquaire Oded Golan, est accusé d'escroquerie, et arrêté par la police israélienne. L’antiquaire fut relâché, sans publicité, dès le 24 juillet et sans qu'aucune charge soit retenue, ni aucune poursuite engagée contre lui. Lors de la perquisition, on aurait également trouvé dans son atelier un deuxième ossuaire en cours de gravure.

Œuvres

  • Épître de Jacques : bien que publiée dans les années 80 et 90, celle-ci aurait été rédigée selon ses indications et avec son approbation (c'est une des hypothèses débattues sur l'auteur de l'épître).
  • Protévangile de Jacques : ce texte apocryphe, qui se dit écrit par Jacques, relate des faits antérieurs aux récits des Évangiles canoniques (d'où le nom de « protévangile »). Il a été publié au XVIe siècle, et a exercé une profonde influence sur la liturgie romaine, ceci comprenant l’établissement de la fête de la Présentation de Marie au Temple, le 22 novembre.

Culte

  • La Liturgie de saint Jacques frère-de-Dieu se forme au IVe s. et est attribué au "frère de Dieu" sans doute au milieu du siècle suivant. L'Église de Jérusalem commémorait son fondateur, jusqu'à l'époque des croisades à peu près, le 26 décembre (originellement le 25), et, en mémoire d'une invention de reliques et de la fondation d'une chapelle sur le lieu de l'invention, les 25 mai et 1er décembre.
  • Pendant des siècles, l’Église catholique a honoré Jacques en même temps que l’apôtre Philippe, le 1er mai, jour anniversaire du transfert des reliques de ces deux saints à la basilique romaine des Douze-Apôtres. En 1956, Pie XII déplaça cette fête commune au 11 mai ; dans le nouveau calendrier romain, elle est à présent fixée au 3 mai.
  • Jacques est fêté le 23 octobre par l’Église orthodoxe byzantine.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre-Antoine Bernheim, Jacques, frère de Jésus. Noèsis, 1996, (OCLC 36873515). Réédition Albin Michel, 2003, (OCLC 53483403).
  • Jeffrey J. Butz, Le Frère de Jésus et les enseignements perdus du christianisme. Editions Exclusif, 2006, (OCLC 145849082).
  • André Lemaire, Jacques et les chrétiens de Jérusalem in Les premiers temps de l'Église, Folio histoire, Gallimard, 2004
  • Wilhelm Pratscher, Der Herrenbruder Jakobus und die Jakobustraditionen: FRLANT 139 (Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 1987).
  • Richard Bauckham: The relatives of Jesus ; James: Wisdom of James, disciple of Jesus the sage. New Testament Readings (London/New York: Routledge, 1999)
  • Robert Eisenman, James the Brother of Jesus: The Key to Unlocking the Secrets of Early Christianity and the Dead Sea Scrolls, 1997
  • Article Un mot de trop, Jésus, faux frère ?, dans Sciences et Avenir, décembre 2002.
  • John Painter, Just James. Columbia: University of South Carolina, 1997 Hershel Shanks and Ben Witherington, The Brother of Jesus. New York: HarperSanFrancisco, 2003.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Pierre-Antoine Bernheim,Jacques, frère de Jésus. Noèsis, 1996
  2. a , b  et c Gerard Mordillat et Jérome Prieur, Jésus après Jésus, Éditions du seuil, mars 2004, pages 59-60, (ISBN 2020512491).
  3. André Lemaire, Jacques et les chrétiens de Jérusalem in Les premiers temps de l'Église, Folio histoire, Gallimard, 2004
  4. Gerard Mordillat et Jérome Prieur, Jésus après Jésus, Éditions du seuil, mars 2004, page 60, (ISBN 2020512491).


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