Bande de Gaza

Bande de Gaza

31°25′N 34°20′E / 31.417, 34.333

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قطاع غزة
(Qita' Ghazzah)
רצועת עזה
(Retzuat 'Azza)
Gz-map-fr.png
Administration
Statut politique Territoire administré par l'Autorité palestinienne, de fait par le Hamas, non reconnu internationalement comme faisant partie d'aucun pays
Capitale Aucune
(Gaza plus grande ville)
Gouvernement
- Président
 - Premier ministre

Mahmoud Abbas
Salam Fayyad
Géographie
Superficie 360 km2
Démographie
Population  (2008) 1 500 202 hab.
Densité 4 010 hab./km2
Langue(s) Arabe
Économie
Monnaie Shekel
Autres
Fuseau horaire UTC +2

La bande de Gaza (arabe : قطاع غزة, Qita' Ghazzah) est une bande de terre de 41 km de long sur la côte orientale de la mer Méditerranée dans le bassin Levantin, au Proche-Orient. Elle tire son nom de sa principale ville, Gaza. D'une largeur de 6 à 12 km et d'une superficie de 360 km², son territoire est entouré au nord, à l'est et au sud-est par l’État d’Israël, et au sud-ouest par l’Égypte. Ses habitants sont appelés les Gazaouis. La bande de Gaza a la particularité d'être l'une des zones les plus densément peuplées au monde tout en n'étant juridiquement rattachée à aucun État[1]. 1,6 million de Palestiniens y vivent.

L'histoire récente de ce territoire palestinien, habité depuis plus de trente-cinq siècles, a été largement liée, depuis la fin du mandat britannique sur la Palestine, aux conflits entre ses voisins égyptiens et israéliens, qui l'ont occupé successivement. La bande de Gaza a accueilli nombre de réfugiés palestiniens déplacés par le conflit israélo-arabe. Depuis 1967, elle est associée à la Cisjordanie dans l'expression de la cause palestinienne.

Le processus de paix concrétisé par les Accords d'Oslo signés en 1993 a placé la bande de Gaza sous l'administration intérimaire de l'Autorité palestinienne. À la suite du déclenchement de la seconde Intifada, le gouvernement israélien a procédé unilatéralement au retrait en 2005 de son armée sur le terrain et au déplacement forcé de la population juive (9 000 colons) qui s'était implantée dans la bande de Gaza. L'autorité du Président Mahmoud Abbas est mise à mal depuis la victoire électorale du mouvement islamiste Hamas de 2006, puis la violente prise de pouvoir de ce même mouvement qui y exerce désormais le pouvoir effectif depuis juin 2007. La bande de Gaza est actuellement isolée par un blocus israélo-égyptien.

Sommaire

Histoire

Avant 1948

Article détaillé : Gaza (Antiquité).

La ville de Gaza a vraisemblablement été fondée vers 1500 avant J.-C. La Bible fait de nombreuses mentions à Gaza dans les livres de la Genèse, des Juges et d'Amos notamment.

Au XIIIe siècle avant J.-C., la région est occupée par les Philistins, sur une bande côtière qui correspondrait approximativement à la bande d'aujourd'hui se prolongeant jusqu'à Ashkelon au nord. Le nom de Palestine dérive d'ailleurs de « Philistins » en passant par les langues grecque et latine. La région de Gaza a changé de mains plusieurs fois au cours des deux mille années suivantes. Elle est tombée successivement sous l'autorité des Israélites, avec le roi David (en 1000 avant J.-C.), des Assyriens (en 732 avant J.-C.), des Égyptiens, des Babyloniens (en 586 avant J.-C.), des Perses (en 525 avant J.-C.), et des Grecs.

Alexandre le Grand y rencontre une vive résistance en 332 avant J.-C.. Après la victoire, il vend ses habitants en esclavage. Gaza est conquise par les Romains au IeR siècle avant J.-C.

Article détaillé : Monastères de la région de Gaza.

La région est à l'époque byzantine marquée par l'implantation de monastères chrétiens influencés par le monachisme égyptien. Vers 640, toute la région comprenant la Syrie, la Palestine, la Jordanie et du Liban tombe sous l'autorité de l'État islamique de Médine.

Aux XIe et XIIe siècles, les Croisés conquièrent à plusieurs reprises la ville de Gaza. Le territoire est sous la domination de l'Empire ottoman à partir de 1517 et jusqu'à la campagne d'Égypte des armées napoléoniennes en 1799. En 1832, Mohammed Ali, fondateur de l'Égypte moderne, met Gaza dans le giron égyptien. Cet événement marque une première période d'influence égyptienne sur ce territoire jusqu'à sa reconquête par les Ottomans. Ceux-ci perdent définitivement ce territoire lors de la première guerre mondiale, lorsque la Grande Bretagne occupe la région après la troisième bataille de Gaza du 7 novembre 1917.

Gaza est incluse dans le mandat britannique sur la Palestine, accordé par la Société des Nations en 1922, et reste administrée par les Britanniques jusqu'à la dissolution du mandat en mai 1948. Le Plan de partage de la Palestine entre un État juif et un État arabe prévoit l'intégralité de ce territoire dans les frontières de l'entité arabe à créer. Ce plan est rejeté par les États voisins ainsi que par les représentants des Arabes de Palestine. L'Égypte répond à la déclaration d'indépendance de l'État d'Israël en envahissant son territoire par le sud, invasion suivie par les autres pays arabes sur les autres frontières.

Les frontières actuelles de la bande de Gaza résultent des lignes d'armistice de 1949. Ces accords établissent que les frontières résultent exclusivement de considérations militaires dans le cadre de l'armistice et qu'elles n'entérinent aucun changement sur les statuts des territoires concernés.

Sous l'occupation égyptienne

À la fin du conflit israélo-arabe de 1948, la bande de Gaza est occupée par l'Égypte. Le territoire voit l'arrivée d'environ 170 000 réfugiés installés dans huit camps. En 1950, la population est de 254 000 habitants.

La bande de Gaza n'est pas annexée par l'Égypte, à la différence de la Cisjordanie occupée par la Transjordanie en 1949 dans les mêmes circonstances, et annexée en 1950. L'administration de ce territoire est contrôlée par l'armée égyptienne. La citoyenneté égyptienne n'est pas non plus proposée aux habitants de la bande de Gaza, ni aux réfugiés.

En 1956, quand Israël intervient dans la crise du canal de Suez en soutien de l'opération anglo-française contre l'Égypte, l'armée israélienne s'empare de la Bande de Gaza et de la péninsule du Sinaï. Les pressions des superpuissances (États-Unis et Union soviétique) conduisent au retour d'Israël derrière ses frontières de 1949, et au retour de l'administration égyptienne sur Gaza.

Sous l'occupation israélienne

Les forces israéliennes envahissent de nouveau Gaza dès le début de la guerre des Six jours (juin 1967), et prennent le territoire. Elles installent à leur tour une administration militaire qui dure de 1967 à l'avènement de l'Autorité palestinienne en 1994, puis au démantèlement de l'intégralité des blocs de colonies israéliennes en 2005.

Fin 1967, Le premier ministre Levi Eshkol décide de créer une zone tampon au sud-ouest d'Israël en installant des implantations israéliennes en Égypte. L'idée est très vite écartée par la crainte du gouvernement d'avoir des attaques palestiniennes dans cette zone et pointe aussi le manque de ressources en eau[réf. nécessaire]. Les premières colonies sont implantées dans les années 1970 (un kibboutz était déjà établi à Kfar Darom en 1946). La décision du gouvernement d'établir ces colonies de peuplement et des implantations dans la bande de Gaza est approuvée en Juin 1970 par la Knesset. Elles utiliseront jusqu'à 80 % des faibles ressources hydrauliques de ce territoire[2]. En 1972, Israël installe deux postes armés, qui deviendront par la suite les colonies de Netzarim et de Kfar Darom.

Du point de vue de l'idéologie sioniste, Gaza fait partie de la Terre d'Israël (Eretz Israel)[3], et c'est pour cela que vingt-et-une colonies juives y furent implantées. Mais, le poids démographique de la population palestinienne – 1,5 million d'habitants dont une bonne part issue des populations expulsées d'Israël en 1947-1948 – a, dès l'origine, posé un problème majeur aux dirigeants israéliens. Peu après la guerre des Six Jours, certains d'entre eux (Yigal Allon, Abba Eban) tentèrent de négocier des transferts massifs de population vers la Jordanie[4], sur le modèle des mouvements qui avaient été provoqués en 1947-1948. Yitzhak Rabin avait coutume de dire qu’« il souhaitait dans ses meilleurs rêves voir sombrer Gaza dans la Méditerranée »[5],[6]. Dans une perspective strictement réaliste, certains courants de la Gauche travailliste recommandaient, depuis 1974, l’« abandon de Gaza ».

En 1977, la victoire électorale du Likoud de Menahem Begin amène une nouvelle vague de colons israéliens qui reçoivent l'autorisation de rejoindre les installations de l'armée israélienne. De nouvelles colonies de peuplement se développent. En parallèle, ce même gouvernement négocie, en mars 1979, un accord de paix avec l'État égyptien en échange des territoires égyptiens occupés depuis 1967. En 1982, l'implantation israélienne de Yamit, qui se trouvait dans la péninsule du Sinaï, est évacuée en conséquence de ces accords. Certains de ses habitants s'installent alors dans les colonies de la bande de Gaza.

En 1987, la première Intifada commence dans la bande de Gaza par un soulèvement général palestinien. Le gouvernement israélien réagit immédiatement en établissant de nouvelles colonies de peuplement[réf. nécessaire].

Dans les années 1990, le dialogue s'établit entre Israël et l'Organisation de libération de la Palestine à partir de la Conférence de Madrid de 1991. Le 13 septembre 1993, les accords d'Oslo, signés entre les Israéliens et les Palestiniens, prévoient l'évacuation israélienne de certaines zones de la bande de Gaza et l'administration civile du territoire par l'Autorité palestinienne nouvellement créée.

L'administration palestinienne sur la bande de Gaza s'exerce dès 1994, à l'exception des blocs de colonies israéliennes toujours implantées et protégées par Tsahal. Yasser Arafat reçoit un accueil triomphal à Gaza où il prend ses quartiers à partir de juillet 1994.

Sous statut d'autonomie interne

Le désengagement israélien

Tout comme les principales villes de Cisjordanie, la bande de Gaza est administrée par l'Autorité palestinienne. Toutefois, le blocage du processus de paix israélo-palestinien et la montée en puissance des groupes palestiniens qui y sont opposés affaiblissent le pouvoir palestinien, particulièrement dans la bande de Gaza où les colonies israéliennes subsistent.

Le 26 septembre 2001, une rencontre historique a lieu à Gaza, entre Yasser Arafat et Shimon Peres après trois reports successifs. Le 17 octobre 2001, après un ultimatum lancé par le gouvernement israélien à l'Autorité palestinienne, celle-ci déclare hors-la-loi l'aile militaire du FPLP et fait procéder à 12 arrestations à Gaza. La situation est de plus en plus tendue dans les territoires palestiniens en l'absence de résolution finale des négociations. La seconde Intifada éclate en 2001. Israël accuse l'Autorité palestinienne de laisser faire les groupes islamistes.

Article détaillé : Chronologie de la Seconde Intifada.

Le 7 décembre 2001 dans la nuit, le quartier général de la police palestinienne est bombardé par des hélicoptères de combat israéliens puis, après l'attentat-suicide contre un autobus israélien ayant fait 11 morts et 30 blessés, Tsahal intensifie du 12 au 15, ses bombardements contre les infrastructures palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie, causant la mort de 13 Palestiniens. Le 8 mars 2002, lors des batailles, 46 Palestiniens et 6 Israéliens trouvent la mort. Le premier ministre israélien Ariel Sharon se dit prêt à « négocier un cessez-le-feu sous le feu », renonçant à son exigence d'une semaine de calme avant de reprendre les pourparlers. Les 11 et 12 mars, suite aux attentats du 9 mars, Tsahal riposte par la destruction des bureaux de Yasser Arafat à Gaza : 39 Palestiniens sont tués.

Israël adopte une politique de ripostes aux attentats palestiniens contre les civils israéliens en visant spécifiquement les responsables des groupes palestiniens dans des attaques ciblées. Le 8 juin 2003, suite à une attaque du Hamas à Jérusalem (23 Israéliens tués et 130 blessés), Tsahal effectue immédiatement un raid de représailles sur Gaza : 7 Palestiniens sont tués dont un responsable du Hamas. Le 10, au cours d'un nouveau raid de représailles de Tsahal à Gaza, Abdel Aziz al-Rantissi, numéro 2 du Hamas, est légèrement blessé et 3 Palestiniens sont tués. Le 21 août 2003, Israël riposte à l'attentat du 19 août par un raid d'hélicoptère à Gaza, tuant un des fondateurs du Hamas, Ismaïl Abou Chamah, et par le rétablissement du barrage routier coupant en deux la bande de Gaza. Le 6 septembre 2003, Tsahal bombarde un bâtiment de Gaza dans lequel se trouvait le cheikh Ahmed Yassine, chef spirituel du Hamas, qui est légèrement blessé. Le 28 janvier 2004, lors d'une opération de l'armée israélienne, treize Palestiniens sont tués dans des affrontements violents. Le 22 mars 2004, le cheikh Ahmed Yassine est tué par un missile israélien[7] .

C'est le gouvernement d'Ariel Sharon qui se résout à se retirer complètement de la bande de Gaza sous la pression de l'Intifada et l'administration directe s'avérant toujours plus difficile. En décembre 2003, Ariel Sharon présente son plan de retrait de la bande de Gaza où vivent alors 8 000 Israéliens, en même temps que le démantèlement de quatre implantations israéliennes en Cisjordanie. Israël agit alors dans le cadre des efforts pour l'application de la feuille de route pour la paix initiée par le Quartet pour le Moyen-Orient composé de représentants des États-Unis, de l'ONU, de la Russie et de l'Union européenne.

En octobre 2004, le plan de désengagement est validé par la Knesset et les opérations de retrait commencent officiellement le 15 août 2005. Ne tenant pas compte des nombreuses recommandations internationales demandant que ce retrait soit conduit par négociation avec l'Autorité palestinienne, Sharon s'en tient à l'exécution unilatérale de sa décision d'évacuation. Le 17 août 2005, le gouvernement israélien ordonne à l'armée et à la police l'évacuation des quelque 7 000 personnes habitants les colonies juives de la bande de Gaza. Le 22 août 2005, Israël met fin à la colonisation de la bande de Gaza. Le 12 septembre 2005, les troupes israéliennes quittent la bande de Gaza, après 38 ans d'occupation[8]. L'espace aérien, maritime et la quasi-totalité des frontières restent surveillés par Israël.

Le 16 septembre 2005, l'ONU reconnaît officiellement l'application par Israël du retrait de la bande de Gaza mais pas la fin de l'occupation militaire suite au contrôle frontalier du territoire par Israël[réf. nécessaire]. Le poste-frontière de Rafah est confié à une mission européenne en novembre 2005[9]. Israël décrète unilatéralement le statut de frontière internationale fin 2005.

Sous le pouvoir du Hamas

Le désengagement est revendiqué comme une victoire par le mouvement Hamas de plus en plus populaire dans la bande de Gaza. Les 27 janvier 2005 et 5 mai 2005, le Hamas remportait déjà la majorité des sièges municipaux grâce à ses résultats aux premier et second tours des élections locales à Gaza (avec un taux de participation de 8 %)[10]. La position prédominante du parti Hamas dans ce territoire fait craindre à certains observateurs, une perte d'influence de l'Autorité palestinienne à l'issue de l'évacuation israélienne.

Article détaillé : Tensions interpalestiniennes.

Ces craintes sont avérées par les affrontements fratricides entre le Hamas et le Fatah dans la bande de Gaza en particulier.

Le 25 janvier 2006, le Hamas remporte les élections législatives palestiniennes de 2006 avec la majorité des suffrages (42,9 % sur l'ensemble du corps électoral). Dans la bande de Gaza, il arrive nettement en tête, notamment à Gaza-Ville:

Élection législative palestinienne dans la Bande de Gaza[11].
districts Hamas Fatah Suffrages exprimés
Gaza Nord 35 781 46,95 % 31 559 41,41% 76 212
Gaza 74 816 56,70 % 48 328 36,64 % 131 894
Deir el Balah 26 550 43,87 % 28 681 47,39 % 60 518
Khan Younis 35 070 43,96 % 38 384 48,11 % 79 786
Rafah 20 785 40,39 % 27 395 53,23 % 51 461
Total 193 002 48,27 % 174 347 43,60 % 399 871

Ismaël Haniyeh est nommé Premier ministre de l'Autorité palestinienne. La collaboration avec l'appareil politique mis en place par le Fatah est difficile. Chacun des deux camps fait des manœuvres pour éliminer l'autre : le Hamas en sort vainqueur. Le 25 juin 2006, la capture d'un soldat israélien, Gilad Shalit, à la frontière entre la bande de Gaza et Israël, marque la perte de la main-mise de ce territoire par le président Mahmoud Abbas. Il parvient difficilement en février 2007 à la signature d'un accord sur un gouvernement d'union nationale palestinien. Toutefois, après plusieurs mois de combats intermittents avec le Fatah, le Hamas prend le pouvoir à Gaza en juin 2007. Les événements qui conduisent à la prise de contrôle complète de la bande de Gaza par le Hamas sont qualifiés de guerre civile palestinienne par les médias internationaux.

Article détaillé : Prise de Gaza de juin 2007.

En août 2007, le Black-out est total sur Gaza. L’Union européenne bloque pendant quelques jours les fonds destinés à payer les livraisons de fioul. Alix de Mauny, porte-parole de la Commission européenne à Jérusalem, déclare : « L’Union européenne n´a pas réglé le paiement [de la livraison de fioul]. Nous réexaminons tous les aspects du dossier ». Le 19 septembre 2007, la bande de Gaza est déclarée « entité hostile » par Israël[12].

L'escalade continue en 2008 entre le Hamas à Gaza et l'armée israélienne. Depuis le 17 janvier 2008, en raison du bombardement de Sderot et de l'accession du Hamas au pouvoir, la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, est soumise à un blocus israélo-égyptien qui entraîne des pénuries de la plupart des produits de base et des coupures d'électricité[13],[14],[15]. Le manque de carburant a également paralysé le traitement des eaux usées et l'approvisionnement en eau. 30 000 m² d'eaux usées non traitées se sont écoulées dans la Méditerranée menaçant alors l'aquifère côtier et endommageant aussi les côtes égyptiennes et israéliennes. En outre, les hôpitaux sont en rupture de médicaments, entraînant la mort de nombreux patients non soignés et empêchant les habitants de bénéficier des traitements de base[16].

  • 3 mars 2008 : Au moins 86 Palestiniens sont tués au 3 mars 2008[17]. Le 27 février 2008, à cause de la mort d'un israélien, due à un tir de roquette revendiqué par la branche militaire du Hamas sur la ville de Sdérot, des raids israéliens font onze morts dont cinq militants du Hamas et six civils. Le 28 février 2008, onze roquettes du Hamas s'abattent sur le sud d'Israël (Sdérot et Ashkelon). De nouveaux raids israéliens font dix-neuf morts, dont huit militants du Hamas, onze civils. Le lendemain, un militant du Hamas est tué lors d'un raid israélien dans le camp de Jabaliya et une fillette de 2 ans est tuée par l'explosion d'un obus de char près de Beit Hanoun. Le 1er mars 2008, 63 Palestiniens sont tués et 150 autres sont blessés, lors de raids aériens israéliens et d'une opération terrestre. Deux soldats israéliens sont tués. Le 2 mars 2008, sept autres Palestiniens sont tués lors de bombardements israéliens dans le Nord de la bande de Gaza et contre le camp de Jabaliya.
  • 6 mars 2008 : Plusieurs organisations humanitaires britanniques et françaises ont publié le 6 mars 2008 un rapport de la situation dans la bande de Gaza et estiment qu'il s'agit de la situation « la pire depuis le début de l'occupation israélienne en 1967 »[12]. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), entre juin et septembre 2007, le nombre de familles gagnant moins de 1,2 dollar par jour est passé de 55 % à 70 %[12].
  • 19 juin 2008 : Une trêve entre le Hamas et Israël entre en vigueur, « L’accord, négocié par l’entremise de l’Égypte, prévoit l'arrêt des tirs palestiniens vers Israël et la fin des attaques israéliennes sur la bande de Gaza. Israël s’est également engagé à alléger progressivement son blocus sur la bande de Gaza, en vigueur depuis bientôt un an[18] ». La trêve tiendra quelques mois avant d'être rompue par Israël en novembre 2008[19].
  • 4 novembre 2008 : les statistiques officielles du ministère des affaires étrangères israélien montrent que durant cette trêve, les tirs sur les civils du Sud d'Israël ont diminué mais n'ont jamais été interrompus[20]. La trêve dégénère gravement le 4 novembre 2008 : « Un cessez-le-feu de 4 mois entre Israël et des militants palestiniens à Gaza est fragilisée aujourd'hui après que les troupes israéliennes tuèrent six hommes armés du Hamas lors d'un raid sur le territoire »[21].

En raison des tirs réguliers de roquettes sur les localités israéliennes frontalières particulièrement Sdérot, du blocus sur la bande de Gaza, et des représailles israéliennes, la tension reste importante à la frontière et a d'ailleurs conduit à une opération militaire israélienne le 27 décembre 2008 : l'opération Plomb durci.

La guerre de Gaza en 2008 / 2009

Article détaillé : Guerre de Gaza 2008-2009.

De la signature du cessez-le-feu de six mois le 19 juin 2008, à la fin du mois d'octobre 2008, les tirs de roquettes et obus tirés sur Israël, en forte diminution, sont au nombre de trente-huit[20] et non revendiqués par le Hamas[22]. L'armée israélienne fait une incursion le 4 novembre 2008 en territoire palestinien, déclarant vouloir détruire un tunnel inachevé dans le centre de Gaza qui aurait dû traverser la frontière israélienne ; le Hamas n'a pas démenti ces déclarations[23]. Le Hamas considérant cet acte comme la fin de la trêve augmente dès lors les tirs de roquettes en direction d'Israël. Le 19 décembre, contrairement à ce qu'avait demandé le Hamas, Israël refuse de lever le blocus sur Gaza[24]. Les tirs de roquettes s'intensifient, en particulier le 26 décembre 2008 où plus de 80 roquettes sont tirées sur des villes du Sud d'Israël[25].

À partir du 27 décembre 2008, Israël bombarde massivement les installations du Hamas dans une opération appelée Plomb Durci par les israéliens et Massacre du samedi noir par les palestiniens, tuant par la même occasion des centaines de civils sur le territoire — près de 400 morts dans les quatre premiers jours des bombardements dont au moins un quart de civils. trois semaines après le début de l'attaque israélienne, le bilan s'élève à 1 315 Palestiniens et 13 Israéliens tués ainsi que plus de 5 300 blessés côté palestinien[26].

Différentes propositions de cessez-le-feu sont repoussées par les belligérants. Israël écarte notamment une proposition française du 31 décembre 2008 d'un « cessez-le-feu humanitaire » de 48 heures, Tzipi Livini affirmant au sortir de sa visite à l’Élysée que « la situation humanitaire à Gaza est exactement comme elle doit être »[27]. Le 8 janvier 2009, le Conseil de sécurité de L'ONU appelle à un « cessez-le-feu immédiat » avec la résolution 1860, mais aucune des deux parties ne le respecte[26].

Les autorités israéliennes maintiennent un « black out » sur les informations venues de la bande de Gaza, l'entrée de journalistes étrangers étant interdite depuis le 5 novembre, tandis que les deux parties mènent une véritable guerre de l'information[28] pour faire prédominer leur version à travers les grands médias et sur Internet. Malgré cela, de nombreuses manifestations éclatent de par le monde notamment à Istanbul, Paris, Buenos Aires, Caracas, Rio de Janeiro, Kaboul, Djakarta, Bruxelles, Londres, Oslo, Rabat, Tunis, Marseille, Séoul, Sydney, Lille, Beyrouth, Damas, Dakar ou Amman, pour blâmer la « barbarie » israélienne. Dans les territoires occupés de Cisjordanie (Jérusalem, Bethléem, Hébron, et Ramallah), plusieurs manifestations du Hamas rallient de nombreux militants et responsables du Fatah[29].

Depuis le blocus imposé par Israël et l'Egypte à la bande de Gaza, la situation humanitaire s'était déjà fortement dégradée. L’« opération Plomb durci » a encore aggravé la situation malgré l'interruption de trois heures accordée par Israël pour permettre à l'aide humanitaire d'accéder sur le terrain. Mais le 8 janvier 2009, l'ONU suspend toutes ses activités à Gaza, mettant en cause l'armée israélienne après qu'elle a bombardé un de ses convois humanitaires et tué un chauffeur. L'organisation demande aussi une extension de l'interruption des trois heures qu'elle juge en l'état insuffisante. Le CICR de son côté accuse Tsahal d'empêcher l'accès des secours aux victimes[30].

Un million de Palestiniens sont privés d'électricité, 750 000 d'eau courante, les hôpitaux sont surchargés et les services médicaux épuisés manquent de médicaments[30],[31].

Un collectif de 90 organisations humanitaires, françaises pour la plupart, a annoncé, le 12 janvier 2009, son intention de déposer, devant la Cour pénale internationale, une plainte contre l'État d'Israël, accusé par elles de « crimes de guerre » dans la Bande de Gaza, en raison du caractère jugé « disproportionné » de la riposte israélienne aux lancers de roquette effectués en direction du sud d'Israël[32].

Le secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-Moon, déclare le 3 juin 2010: « Le blocus de Gaza est contre-productif, intenable et immoral. »[33]

Depuis janvier 2009

Article détaillé : Abordage de la flottille pour Gaza.

En mai 2010 une mission humanitaire baptisée flottille de la liberté tente de briser les blocus imposé à la bande de Gaza. Les navires sont arraisonnés dans les eaux internationales, faisant neuf morts et vingt-huit blessés parmi les militants pro-palestiniens turcs de İnsani Yardım Vakfı (IHH) qui est une ONG humanitaire turque considérée comme proche de mouvements islamistes, bien que l'IHH nie ces allégations, et dix blessés parmi les militaires israéliens.

Le 15 mars 2011 la marine israélienne arraisonne un bateau qui acheminait une cargaison de missiles vers la bande de Gaza destinée au Hamas[34].

Le 22 mars et les jours précédent les militants des mouvements islamistes dans la bande de Gaza ont tirés des missiles vers les villes israéliennes d'Ashdod et Beersheva faisant un blessé. La riposte israélienne a fait huit morts, quatre militants et quatre civils dont deux mineurs. Israël a exprimé ses regrets pour la morts des civils innocents atteints non volontairement[35].

Géographie

Vue satellitaire de la bande de Gaza

Située au Proche-Orient, la bande de Gaza possède 11 km de frontière environ avec l'Égypte (avec le poste-frontière de Rafah), 51 km de frontière avec Israël (avec le poste-frontière d'Erez), 40 km de côtes le long de la Méditerranée.

Démographie

Article détaillé : Palestiniens.

Environ 1,5 million de Palestiniens vivent dans la bande de Gaza, principalement des descendants des réfugiés de la guerre de 1948. La densité de la population est l'une des plus importantes au monde avec environ 4 000 hab/km2.

La bande de Gaza est partagée en cinq zones: Gaza-Nord, Gaza-Ville, Deir el-Balah, Kahn Younès et Rafah. La population se répartit de la façon suivante en 2009[36]:

  • Gaza-Nord: 290 843 habitants (61km2)
  • Gaza-Ville: 524 001 habitants (76km2
  • Deir el-Balah: 216 494 habitants (57km2)
  • Rafah: 177 632 habitants (64km2)

Soit 4 110 habitants par kilomètre carré.

  • Taux de natalité : 41,85 naissances /1 000 habitants
  • Taux de mortalité : 4,12 morts /1 000 habitants
  • Solde migratoire : 1,73 migrant(s) /1 000 habitants
  • Mortalité infantile : 24,76 morts /1 000 naissances
  • Indice synthétique de fécondité : 6,29 enfants/femme
  • Taux de croissance  : environ 4 % par an.

Religion

Après le départ des populations israéliennes en 2005, la quasi-totalité des habitants est musulmane avec des minorités chrétiennes (0,7 %).[réf. nécessaire]

Économie

Article détaillé : Économie palestinienne.

Une économie dépendant du blocus

L'économie gazaouite était traditionnellement agricole et n'a connu quasiment aucun développement industriel sous l'occupation égyptienne de 1949 à 1967.

À partir de 1967, elle s'est totalement intégrée au marché israélien dont elle est devenue totalement dépendante. Gaza exportait essentiellement des produits agricoles vers Israël mais aussi des produits finis, fabriqués sous licence israélienne, dans la zone industrielle frontalière d'Erez. La principale source de revenus restait cependant sa main d’œuvre non qualifiée qui était utilisée dans l'industrie du bâtiment et l'agriculture israéliennes. La culture et l'exportation des fraises depuis la bande de Gaza est une culture importante rémunératrice et emploie beaucoup de main d'œuvre (4 personnes par km2)[37],[38],[39],[40].

Depuis le début de la Seconde Intifada, les frontières entre la bande de Gaza et Israël ont fait l'objet de fermetures répétées au passage des biens et des personnes pour des motifs sécuritaires. Le poste-frontière et la zone industrielle de Erez ont été particulièrement la cible de nombreuses attaques armées des groupes palestiniens. En conséquence, l'ensemble de l'économie gazaouite s'est écroulée.

L'Autorité palestinienne a assuré la survie artificielle de l'économie en hypertrophiant le secteur public, principalement les services de sécurité, grâce aux subventions internationales, surtout de l'Union européenne[41]. Près d'un Gazaoui sur trois serait rémunéré par l'Autorité palestinienne[réf. nécessaire].

La bande de Gaza reste totalement dépendante d'Israël pour la fourniture de son électricité et de son carburant, et même si elle dispose de réserves de gaz offshore, elles ne peuvent être exploitées sans accès au marché international[42], cependant le 20 janvier 2011, le Premier ministre Benyamin Netanyahou annonce vouloir se retirer des secteurs de l'eau et de l'électricité, sans préciser d'échéance[43].


Après la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, les bailleurs de fonds internationaux ont cessé les transferts financiers directs aux autorités publiques de la bande de Gaza qui ne sont plus en mesure de payer leurs employés. Le taux de chômage atteindrait en 2007 la barre des 40 %. La fermeture de tous les points de passage depuis 2007 a entraîné une restriction des approvisionnements en provenance d'Israël qui est l'unique fournisseur. Ainsi, le nombre de camions de livraison s'est réduit de 250 à 45 par jour. Sur les 3 900 fabriques de toute nature recensées en juin 2005, il n'en reste plus que 195 employant seulement 1 750 personnes au lieu de 35 000. D'après un rapport de la Banque mondiale, 95 % de l'activité industrielle a été stoppée[12]. À cause de ce blocus israélo-égyptien, le territoire a subi une dégradation humanitaire et sanitaire.

En juillet 2010, alors que le blocus de Gaza est allégé par Israël, le premier centre commercial de Gaza depuis la prise du pouvoir par le Hamas est inauguré [44],[45].

Selon l'Ocha en 2009, il y a 42% de la population active au chômage (60% pour les moins de 30 ans); 70% de la population est au-dessous du seuil de pauvreté, plus de 60% en état d'insécurité alimentaire.

Transports et communication

Depuis les années 1990, afin de stopper la vague d'attentats-suicides commis suite à des incursions djihadistes depuis la bande de Gaza sur le territoire israélien, une clôture délimite strictement les frontières de 1967. L'enclave de Gaza du côté israélien et les points de passage sont strictement contrôlés.

Les voies de communication avec l'extérieur sont :

  • le point de passage d'Erez au nord pour accéder à Israël, ouvert six jours par semaine, uniquement pour l'aide internationale et les cas humanitaires[46]
  • le point de passage de Rafah avec l'Égypte un couloir long de 14 km, dit Couloir de Philadelphie contrôlé par l'Autorité palestinienne depuis septembre 2005, point sensible où Israël cherchait à endiguer les trafics d'armes qui transitaient par des tunnels construits par les contrebandiers. La sécurité de la frontière est désormais également de la responsabilité des soldats égyptiens.
  • le port de Karni, fermé depuis le 11 juin 2007, est réservé au transport de certaines denrées alimentaires et de certaines marchandises, les matériaux de construction étant interdits[47].
  • l'aéroport de Gaza qui avait été construit après la signature des accords d'Oslo n'est plus utilisable depuis les premiers mois de la Seconde Intifada où l'armée israélienne a labouré le tarmac au bulldozer et a détruit la tour de contrôle et les radars de l'aéroport. Aucun accord ne prévoit sa reconstruction pour le moment.

Les restrictions que subit la population palestinienne auraient dû progressivement diminuer depuis le retrait d'Israël en août 2005. En effet, un accord signé le 15 novembre 2005 devait permettre rapidement l'ouverture plus large du point de passage de Rafah vers l'Égypte, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. L'Autorité palestinienne s'était engagée en contre-partie à lutter contre les trafics d'armes et l'Union européenne à contrôler la surveillance vidéo de ce poste frontière, ce qui ne s'est pas fait. Avant la fin de l'année 2005, Israël s'était engagé à permettre une plus grande circulation des biens depuis la bande de Gaza, l'exportation de tous les produits de l'agriculture, et la mise en place de lignes de bus palestiniennes qui traverseraient Israël. Un port à Gaza était également envisagé favorablement par les deux parties. C'est le contraire qui en a résulté.

Toutefois, les réactions hostiles à ces négociations rappellaient les préoccupations des tendances les plus dures de chaque camp : le Hamas a rejeté cet accord qui renforçait le pouvoir de Mahmoud Abbas, et certains hommes politiques israéliens comme Benyamin Netanyahou craignaient que des missiles puissent être importés par le futur port de Gaza et auraient ainsi servi à pilonner les villes israéliennes et à abattre des avions israéliens au moment de leur décollage et atterrissage à l'aéroport Ben Gourion.

La restriction de la pêche

Selon les accords d'Oslo le territoire de pêche pour les Gazaouis est fixé à 20 miles marins de la côte entre Deir el-Balah et le nord de la ville de Gaza, soit une vingtaine de kilomètres de large, plus une petite bande au large de Maghazi Rafah (avec des restrictions d'horaire), tout le reste étant interdit. L'espace maritime est finalement réduit à dix miles marins et encore réduit en octobre 2006 à six miles marins. Depuis janvier 2009, il est encore baissé à trois miles marins. Le tonnage de pêche qui s'était dramatiquement réduit à 292 tonnes de poissons en avril 2007 passe deux ans plus tard à 79 tonnes.

D'autre part seuls quatre ports ont le droit de posséder des bateaux de pêche. Il s'agit du port de Gaza avec un appontement de 468 bateaux; de Deir el-Balah, 95 bateaux; de Maghazi Khan Younès avec 99 bateaux et de Maghazi Raffah avec 108 bateaux.

Le problème des ressources en eau

L’aquifère de Gaza, dont les limites correspondent à peu près aux frontières de la bande de Gaza, est historiquement la seule source d’eau de ce territoire. On estime sa réserve à 5 000 millions de m3. Mais la qualité de ses eaux est très disparate et sa réserve d’eau douce se limite à 1 400 millions de m3. Encore s’agit-il d’une estimation basée sur une définition de l’eau douce beaucoup plus tolérante que les normes européennes.

La principale source d’eau renouvelable est l’eau de pluie : on estime la recharge à 120 mm/an, soit moins de 50 % de la pluviométrie (environ 300 mm/an[1]). L’infiltration est effectivement assez faible car l’évapotranspiration et le ruissellement sont importants en raison du climat (les pluies sont généralement courtes et torrentielles). Autrefois, le waddi Ghazzâ, principal cours d’eau de la région, apportait une contribution non négligeable à la recharge de l’aquifère, mais sa surexploitation a réduit cet apport à quelque 5 mm annuels. Si l’on ajoute les 10-15 millions de m3/an de flux latéral, la quantité d’eau renouvelable disponible dans la bande de Gaza est au maximum d’une soixantaine de millions de m3/an. L’aquifère est donc largement surexploité vu que les 3 500 puits municipaux et agricoles actuels puisent 150 millions de m3/an. Si l’on tient compte des flux de retour, le déficit net est d’environ 31 millions de m3/an. Cette analyse est corroborée par l’apparition de larges cônes de dépression autour des principaux champs d’extractions et centres urbains, où l’on mesure des niveaux piézométriques inférieurs de plusieurs mètres au niveau de la mer.

En théorie, Israël fournit environ 5 millions de m3/an d’eau à Gaza par le biais de l’Israeli Water Carrier, mais « il est difficile de savoir si Israël fournit réellement de l’eau à Gaza ou se contente de pomper de l’eau de Gaza pour la mettre dans le canal » (Brooks et Lonergan, 1992)[réf. incomplète].

Étant donné que ce type d’information est politiquement très sensible, on manque de données fiables pour chiffrer la pénurie d’eau. Peu nombreux sont cependant ceux qui la contestent. Les origines de cette pénurie sont multiples : elle est bien sûr liée à l’augmentation rapide de la demande et à la diminution concomitante des ressources disponibles, mais elle a aussi une cause structurelle : la répartition inéquitable des ressources.

La bande de Gaza a une forte densité de population, due à l’afflux des réfugiés palestiniens après la guerre de 1948, et une croissance démographique parmi les plus importantes du monde. L’augmentation de la population accélère la surexploitation de l’aquifère, qui a probablement commencé du temps de l’administration égyptienne. Aujourd’hui, le niveau piézométrique de l’aquifère diminue, en moyenne, de 15 à 20 cm par an[48]. Parallèlement, la qualité de l’eau ne cesse de diminuer à cause des intrusions d’eaux salées, des épandages agricoles et des infiltrations d’eaux d’égouts. La salinité moyenne augmente de 15 à 20 ppm par an et on a constaté des intrusions d’eau de mer à plus d’un kilomètre et demi de la côte. Les fertilisants, herbicides, pesticides et eaux d’égouts ont particulièrement contaminé les aquifères peu profonds : l’Institut de Recherche Appliquée de Jérusalem estime même que l’eau de Gaza n’est plus du tout potable aujourd’hui[49]. Les analyses les plus optimistes avancent le chiffre de 23 % de puits contaminés (Beschorner, 1992). Une étude menée sur 60 puits par une agence de l’ONU a montré que pas un ne correspondait aux normes de potabilité pour les nitrates et le pH[50].

Avant l'évacuation de la bande de Gaza, le déséquilibre entre les ressources et les besoins était même amplifié par la politique de répartition discriminatoire imposée par Israël qui, entre 1967 et 2005, plaçait les ressources en eau sous juridiction militaire et imposait de sévères restrictions par l'arrêté militaire 158 afin de préserver l'aquifère. Les quotas palestiniens ont été gelés entre 1967 et 2005 et les installations hydrauliques détruites ou confisquées. Les couvre-feux prolongés empêchaient également un accès normal à l'eau. Dans le même temps, les colons israéliens accédaient sans restrictions à une eau subventionnée qu'ils payaient jusqu'à 10 fois moins cher que les Palestiniens. Comme l'écrivait alors en 2002 l'intellectuel américain Noam Chomsky : « Dans la bande de Gaza, quelques milliers de colons vivent dans le luxe, avec piscines et mares à poissons, se livrant à des activités agricoles florissantes après s'être approprié une bonne part des maigres ressources en eau de la région. Un million de Palestiniens survivent péniblement dans la misère, emprisonnés derrière des murs et se voyant refuser tout accès à la mer ou à l'Égypte [...][51]. »

Menace croissante des pollutions

Une grande partie de la pollution est due au chaos d’une administration qui manque totalement de moyens. Il en va ainsi des pollutions chimiques dues à l’activité agricole, presque entièrement dérégulée. L’usage de DDT est courant mais, de toutes les façons, même les produits phytosanitaires classiques sont une véritable calamité, dans la mesure où ils sont souvent mal employés (ils ne sont généralement pas étiquetés en arabe). De même, il n’existe pas de réseau d’égouts digne de ce nom, voire pas d’égouts du tout pour 10 % de la population (Roy, 1995). Par manque d’infrastructures, les rejets liquides (eaux d’égouts et lixiviats de décharges) ne sont même pas rejetés dans la mer, ce qui serait un moindre mal dans la mesure où les moyens manquent pour les traiter. Les conséquences humaines sont à la hauteur des conséquences sur l’environnement : la population de Gaza souffre de maladies des reins et du foie, d’un fort taux de mortalité infantile, de cancers, de parasites intestinaux et de maladies d’origine hydrique comme le choléra[réf. nécessaire].

Aussi graves et regrettables soient les conséquences de cette anarchie, elles ne constituent pas le problème majeur. Le phénomène le plus inquiétant est la salinisation de l’eau, qui résulte fondamentalement de la surexploitation de l’aquifère : le déficit d’eau douce a tendance à être comblé par de l’eau salée provenant soit de la mer, soit d’aquifères saumâtres situés sous la nappe d’eau douce ou en bordure de la bande de Gaza. Si la surexploitation n’est pas endiguée, tout l’aquifère pourrait se saliniser sans réversibilité à court terme. Cette salinisation de l’eau menace directement l’agriculture : en effet, quand un sol est irrigué avec une eau de salinité élevée, une partie de celle-ci disparaît par évapotranspiration et le sel cristallise, formant une croûte qui rend le sol improductif. On peut toujours lutter contre ce phénomène en adoptant des cultures plus résistantes au sel ou en ajoutant du gypse et des matières organiques sur les sols, mais ces techniques ne permettent pas de résister indéfiniment.

Notes et références

  1. a et b « Gaza strip « dans l’Encyclopædia Britannica, version en ligne consultable au 12/04/2009
  2. Géopolitique du Maghreb et du Moyen Orient, p. 172
  3. « Gaza fait partie de la terre d'Israël, selon le verdict de la Torah » selon l'avis rendu par le rabbin Gedliahu Axelrod, ancien président du tribunal religieux de Haïfa sur www.aad-online.org
  4. Reuven Pedatzur, «  Gaza : Problèmes non résolus » sur The International Solidarity Movement, 7 novembre 2003, [lire en ligne (page consultée le 12 janvier 2009)].
  5. Yan Cuau, « Histoire secrète d'une négociation » dans L'Express, 2 septembre 1993, mis à jour 17 septembre 2004, [lire en ligne (page consultée le 12 janvier 2009)].
  6. « Je voudrais voir Gaza sombrer dans la mer, mais comme cela ne se produira pas, il faudra bien trouver une solution » par Luc Lemonnier, « La malédiction de Gaza » sur France Inter, 22 novembre 2000, [lire en ligne (page consultée le 12 janvier 2009)].
  7. (fr)Proche Orient : Ahmed Yassine assassiné au cours d’un raid israélien sur www.interet-general.info. Consulté le 29 juillet 2010.
  8. (fr)L'armée israélienne abaisse son drapeau et quitte la bande de Gaza sur turf.servihoo.com. Consulté le 29 juillet 2010.
  9. (fr)EU Border Assistance Mission for Rafah Crossing Point (EU BAM Rafah), site des Nations Unies, 25 novembre 2005
  10. (fr)[PDF]Résultats officiels du premier tour [PDF] et du second tour [PDF].
  11. (fr)[PDF]Résultats officiels par district [PDF] NB : Les neuf autres listes obtiennent des résultats inférieurs à 1,5 pour cent dans chacun des districts, sauf une autre liste islamiste qui atteint 3 %
  12. a, b, c et d (fr)« La pire situation depuis l'occupation de 1967 » à Gaza, selon des humanitaires, Le Monde, publié le 8 mars 2008
  13. (fr)Proche-Orient - Gaza étranglée par le blocus israélien, LCI.fr, publié le 19 janvier 2008
  14. (fr)Gaza : une chaîne humaine contre le blocus israélien, Le Figaro, publié le 25 février 2008
  15. (fr)Le blocus israélien est maintenu à Gaza, où les coupures d'électricité se multiplient, Le Monde, publié le 20 janvier 2009
  16. (fr)CARE demande l'arrêt du blocus de Gaza, News Press, publié le 5 février 2008 (consulté le 2 mars 2008)
  17. (fr)Ehud Barak : le Hamas "paiera le prix" à Gaza, Nouvel observateur, publié le 23 juin 2008 (consulté le 2 mars 2008)
  18. La trêve entre le Hamas et Israël entre en vigueur, France 24, publié le 19 juin 2008
  19. (fr)Israël rompt la trêve à Gaza, le Hamas réplique par des roquettes, Libération.fr, publié le 19 novembre 2008
  20. a et b (en)The Hamas terror war against Israel - Statistics of rocket and mortar fire, sur le site mfa.gov.il daté du 30 novembre 2008
  21. (en)Gaza truce broken as Israeli raid kills six Hamas gunmen, par Rory McCarthy dans The Guardian daté du 5 novembre 2008
  22. (fr)Catherine Gouëset, « Chronologie d'Israël (1947-2009) » dans L'Express, 24 mars 2009 [lire en ligne (page consultée le 22 avril 2009)].
  23. (fr)Christophe Ayad, « Israël rompt la trêve à Gaza, le Hamas réplique par des roquettes » dans Libération, 6 novembre 2009 [lire en ligne (page consultée le 9 mars 2009)].
  24. (fr)Michel Bôle-Richard, « Un conflit provoqué par les tirs de Qassam sur Israël et par le blocus israélien de Gaza », dans Le Monde, 6 janvier 2009, [lire en ligne (page consultée le 6 janvier 2009)].
  25. (fr)Les roquettes du Hamas achèvent la trêve dans la bande de Gaza sur www.liberation.fr. Consulté le 29 juillet 2010.
  26. a et b . « Malgré la résolution, les combats continuent » dans Le Monde, 9 janvier 2009, [lire en ligne (page consultée le 9 janvier 2009)].
  27. Dépêche AFP - Nadège Puljak du 2 janvier 2009 [1].
  28. Atrocités et désinformation
  29. [2]
  30. a et b « L'armée israélienne mise en cause par l'ONU et le CICR » dans Le Monde, 9 janvier 2009, [lire en ligne (page consultée le 9 janvier 2009)].
  31. http://info.rsr.ch/fr/news/Gaza_Isra_l_maintient_la_pression_sur_le_Hamas.html?siteSect=2010&sid=10184789&cKey=1231753841000
  32. Source : dépêche « Gaza : des associations portent plainte pour "crimes de guerre" devant la CPI » (Agence France-Presse, 12 janvier 2009), reproduite par Google.
  33. Chagnollaud, op. cité, p. 48
  34. http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110315.FAP6422/israel-intercepte-un-navire-transportant-des-armes-au-large-de-ses-cotes.html,
  35. http://www.lefigaro.fr/international/2011/03/23/01003-20110323ARTFIG00489-escalade-de-la-violence-dans-la-bande-de-gaza.php
  36. Source: Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires dans les territoires occupés
  37. Sur le feu.fr : Des fraises et des roquettes
  38. ISM-France.org : Faire du beurre avec des fraises
  39. INA.fr : Gaza exporte ses fleurs et ses fraises
  40. Globalmag.Video.Arte.tv : Les fraises de Gaza sont à nouveaux exportées: qu'en est-il de cette culture qui existe depuis les années 70 ?
  41. lefigaro, « L'Europe lasse de financer la reconstruction palestinienne ». Consulté le 16 janvier 2009.
  42. (en)The World Bank, « West Bank & Gaza Energy Sector Review ». Consulté le 12 janvier 2009.
  43. AFP, « Israël souhaite se désengager des infrastructures dans la bande de Gaza », LeMonde, 20 janvier 2011. Consulté le 21 janvier 2011.
  44. Premier centre commercial à Gaza sur BFM TV, 21 juillet 2010. Consulté le 25 juillet 2010
  45. (en)As the Israeli blockade eases, Gaza goes shopping sur The Independent, 26 juillet 2010. Consulté le 26 juillet 2010
  46. Jean-Paul Chagnollaud, Atlas des Palestiniens, Éditions Autrement, 2011, p. 47
  47. Chagnollaud, op. cité, p. 47
  48. (en) Stephen Colnon Lonergan et David B. Brooks, Economic, Ecological and Geopolitical Dimensions of Water in Israel, British Columbia Centre for Sustainable Regional Development, Victoria, 1992.
  49. (en) Hisham Zarour, Jad Isaac et Violet Qumsieh, Hydrochemical Indicators of the Severe Water Crisis in the Gaza Strip in Final Report on the Project Water Resources in the West Bank and Gaza Strip: Current Situation and Future Prospects, Applied Research Institute in Jerusalem, 1994.
  50. Zaher Kuhail and Zaki Zoarob, ''Potable Ground Water Crisis in the Gaza Strip, 1987-1994, UNRWA, 1994.
  51. Noam Chomsky, Pirates et empereurs, Fayard, 2003, p. 25.

Voir aussi

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Bibliographie

  • Jean-Paul Chagnollaud, Atlas des Palestiniens, en collaboration avec Pierre Blanc et Sid-Ahmed Souiah, Paris, Éditions Autrement, 2011

Relative aux ressources en eau

  • (en) Fadia Daibes, Water, the blue gold of the Middle East, bulletin spécial de la Palestinian Academic Society for the Study of International Affairs (PASSIA), Jerusalem, juin 2002.
  • (en) John Bulloch and Adel Darwish, Water Wars: Coming Conflicts in the Middle East, Victor Gollancz, London, 1993.
  • (en) Sara Roy, The Gaza Strip: The Political Economy of De-Development, The Institute for Palestine Studies, Washington D.C., 1995.
  • (en) David Brooks and Stephen Lonergan, Economic, Ecological and Geopolitical Dimensions of Water in Israel, British Columbia Centre for Sustainable Regional Development, Victoria, 1992.
  • (en) Natasha Beschorner, Water and Instability in the Middle East, International Institute for Strategic Studies, London, 1992.
  • (en) Zaher Kuhail and Zaki Zoarob, Potable Ground Water Crisis in the Gaza Strip, 1987-1994, UNRWA, 1994.
  • (en) Hisham Zarour, Jad Isaac et Violet Qumsieh, Hydrochemical Indicators of the Severe Water Crisis in the Gaza Strip in Final Report on the Project Water Resources in the West Bank and Gaza Strip: Current Situation and Future Prospects, Applied Research Institute in Jerusalem, 1994.

Liens externes

  • Gaza Strip sur le site de la CIA.
  • Gaza : la vie en cage Site Internet des reportages réalisés par les journalistes Jérôme Equer et Hervé Kempf sur la vie quotidienne des habitants de Gaza.



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