- Théorème du rang
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En mathématiques, et plus précisément en algèbre linéaire, le théorème du rang lie le rang d'une application linéaire et la dimension de son noyau. Il peut être vu comme un cas particulier de théorème d'isomorphisme, ou être interprété par la notion d'indice d'application linéaire. En dimension finie, il permet notamment de caractériser l'inversibilité d'une application linéaire ou d'une matrice par son rang.
Sommaire
Le théorème du rang
Théorème du rang — Soient E et F deux espaces vectoriels (de dimensions finies ou infinies) sur un corps K et soit une application linéaire. Alors
- ,
où rgf désigne la dimension de l'image de f.
Une autre manière de formuler ce résultat consiste à dire que le rang de f est égal à la codimension de son noyau.
Pour démontrer le théorème, on vérifie que pour toute base du noyau et toute base de l'image, est une base de E. En effet, cette famille est génératrice (pour tout vecteur x, en notant xt les coordonnées de f(x) dans la base de l'image et xs celles de dans la base du noyau on obtient ) et libre (sous l'hypothèse que – les as et les bt non nuls étant supposés en nombre fini dans le cas de la dimension infinie – on obtient, en prenant l'image par f, , donc par indépendance des f(vt) les bt sont nuls, si bien que l'hypothèse de départ se simplifie en , dont on déduit, par indépendance des us, que les as sont nuls aussi).
Application à la caractérisation des isomorphismes
Lorsque les espaces vectoriels E et F sont de dimension finie et ont même dimension n, le théorème du rang permet d'établir[1] l'équivalence entre les propriétés suivantes :
- l'application f est un isomorphisme de E sur F ;
- l'application f est surjective ;
- l'application f est injective ;
- le rang de f est égal à n.
Cas particulier des endomorphismes
Soit f une application linéaire d'un espace vectoriel E dans lui-même. On a comme précédemment la relation:
- ,
d'où l'on déduit que Im f et Ker f sont supplémentaires si et seulement s'ils sont indépendants, c'est-à-dire si leur intersection est réduite au vecteur nul.
Cas des matrices
Le théorème du rang peut s'écrire pour les matrices. Si A est une matrice (m,n) sur un corps K, alors
où U est l'application linéaire de canoniquement associée à la matrice A.
Certains définissent le noyau d'une matrice de la manière suivante :
- ,
qui est un sous-espace vectoriel de de même dimension que ker U.
Le théorème du rang s'écrit alors
- .
Autres formulations et généralisations
Généralisations
Ce théorème est une forme particulière du premier théorème d'isomorphisme de l'algèbre dans le cas des espaces vectoriels.
Dans un langage plus moderne, le théorème peut être énoncé de la manière suivante : si
est une suite exacte courte d'espaces vectoriels, alors
- dim(D) + dim(F) = dim(E)
Ici F joue le rôle de Imf et D celui de Kerf.
En dimension finie, cette formulation peut être généralisée : si
est une suite exacte d'espaces vectoriels de dimension finie, alors
Interprétation par la notion d'indice
Le théorème du rang pour des espaces vectoriels de dimension finie peut aussi être formulé en termes d'indice d'application linéaire. L'indice d'une application linéaire , où E et F sont des espaces vectoriels de dimension finie, est défini par
- indicef = dim(Kerf) − dim(Cokerf) où Coker désigne le conoyau de f.
Intuitivement, Kerf est le nombre de solutions indépendantes x de l'équation f(x) = 0, et dim(Cokerf) est le nombre de restrictions indépendantes qui doivent être mises à la place de y pour rendre l'équation f(x) = y résoluble. Le théorème du rang pour des espaces vectoriels de dimension finie est équivalent à la proposition
- indicef = dim(E) − dim(F)
Nous voyons que nous pouvons facilement déterminer l'indice d'une application linéaire f à partir des espaces impliqués, sans nul besoin d'étudier f en détail. Cela se remarque également dans un résultat beaucoup plus profond : le théorème de l'indice d'Atiyah-Singer, qui affirme que l'indice de certains opérateurs différentiels peut être obtenu à partir de la géométrie des espaces impliqués.
Références
- Lucien Chambadal et Jean-Louis Ovaert, « Algèbre linéaire et multilinéaire », dans Dictionnaire des mathématiques, Algèbre, analyse, géométrie, Albin Michel & Encyclopædia Universalis, 2002, 924 p. (ISBN 2-226-09423-7), p. 637-638
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