Nuisances lumineuses

Nuisances lumineuses

Pollution lumineuse

L’expression pollution lumineuse (light pollution en anglais) est utilisée à la fois pour désigner la présence nocturne anormale ou gênante de lumière et les conséquences de l'éclairage artificiel nocturne sur la faune, la flore, la fonge (le règne des champignons), les écosystèmes ainsi que les effets suspectés ou avérés sur la santé humaine.

La pollution lumineuse est évaluée par l'échelle de Bortle.

La pollution lumineuse se distingue des nuisances lumineuses en ce qu'elle affecte également les écosystèmes et les humains. On parle de pollution car elle constitue, dans le cas d'un éclairage artificiel mal adapté, une dépense évitable d’énergie.

Comme celle de pollution du ciel nocturne qui la remplace parfois et qui désigne particulièrement la disparition des étoiles du ciel nocturne en milieu urbain, la notion de pollution lumineuse est récente. Apparue dans les années 1980, elle a évolué depuis.

Cette notion a originellement été portée par des astronomes nord-américains puis européens et par leurs organisations représentatives (Association française d’Astronomie en France, International Dark-Sky Association (en) en Amérique du Nord), puis par d’autres acteurs confrontés à une dégradation rapide de l’environnement nocturne ; écologues, aménageurs, énergéticiens, médecins, universitaires, juristes, éclairagistes, agences impliquées dans le champ du développement durable se sont inscrits dans ce nouveau champ d'étude et de travail.

Sommaire

Définition

Stricto sensu, l'expression « pollution lumineuse » désigne le phénomène d'altérations fonctionnelles d'écosystèmes par immixtion de lumière artificielle dans l'environnement nocturne, et plus précisément quand cette lumière a des impacts négatifs significatifs sur certaines espèces réputées être des « espèces-clé » (dont par exemple certains insectes nocturnes (papillons, coléoptères), chiroptères [1] Stone et al. ; Street Lighting Disturbs Commuting Bats, Current Biology (2009), doi:10.1016/ j.cub.2009.05.058</ref>, amphibiens...) et au-delà sur l'intégrité écopaysagère.

À échelle géobiologique, c'est un phénomène tout à fait récent (quelques décennies) alors que ses conséquences se font sentir à l'échelle de temps de la vie des individus et de l'évolution des espèces. Pour cette raison, ses conséquences nécessitent une étude spécifique. Cependant, suite à une prise de conscience tardive et à la faiblesse du budget et de moyens humains affectés à son étude, son ampleur et son importance ne sont pas encore complètement cernés. Ses impacts n'ont été que partiellement étudiés, et uniquement pour certains groupes d'espèces (essentiellement les oiseaux).

Types de pollution et de nuisances lumineuses

Le terme de pollution lumineuse regroupe sous un seul vocable un certain nombre de phénomènes différents aux conséquences très variées, économiques, humaines ou sur les espèces vivantes.

Sur-illumination

L'éclairage nocturne décoratif de la serre de Graz en Autriche. Cet éclairage est orienté vers le ciel et contribue à sa luminosité.

La sur-illumination fait référence à l'utilisation excessive de lumière.

Elle peut être due à plusieurs facteurs matériels ou humains. Elle peut ainsi être la conséquence de l'utilisation de matériels d'illumination non appropriés, requérant une puissance d'éclairage importante pour réaliser l'éclairage attendu d'une certaine zone cible. Elle peut être aussi la conséquence d'une mauvaise conception de locaux ou d'un mauvais placement des luminaires. Elle peut être également caractérisée par l'illumination de locaux en dehors des moments où cette illumination est nécessaire (en l'absence d'une régulation horaire appropriée de l'éclairage).

La sur-illumination peut également résulter d'un choix volontaire des responsables d'un lieu, comme dans le cas de l'éclairage nocturne décoratif des bâtiments publics.

Éblouissement

L'éblouissement est une gêne visuelle due à une lumière trop intense ou à un contraste trop intense entre des zones claires et sombres. Il peut être simplement gênant, handicapant ou aveuglant selon l'intensité de la lumière. Il peut même constituer un danger sur la route.

Luminescence nocturne du ciel

Le ciel nocturne de New York photographié en temps de pose rallongé. Ce ciel est connu pour être d'autant plus orangé que l'air est humide et pollué.

La luminescence nocturne du ciel est causée à la lumière émise en direction du ciel par les éclairages non directionnels en milieu urbain. La couleur du ciel luminescent dépend de l'atmosphère locale. Par temps clair et en air pur, cette luminescence provient du phénomène de diffusion Rayleigh, qui tend à donner au ciel nocturne une couleur légèrement jaunâtre.

Pour l'œil humain, en raison de l'effet Purkinje, les lumières bleues ou blanches contribuent plus significativement à l'impression de luminescence du ciel que les lumières jaunes.

Cette forme de pollution lumineuse peut être évaluée par l'échelle de Bortle de couleur du ciel.

Lumière intrusive

Dans le langage courant, l'expression « lumière intrusive » désigne la lumière non désirée ou non sollicitée qui pénètre dans une pièce à partir de l’extérieur via les fenêtres (type vélux, véranda, briques de verre, non vitrées, etc.) ou d'autres parties. Plus généralement, pour les éclairagistes, c’est le flux lumineux qui traverserait une fenêtre ou un mur imaginaire à la limite d’une propriété.

La lumière intrusive est une nuisance lorsqu'elle empêche l'accomplissement des tâches habituellement dévolues au lieu, comme le sommeil aux chambres, ou l'observation des étoiles dans un jardin. Au Royaume-Uni, depuis 2006, une loi prend en compte ce problème au motif qu'il peut perturber la santé des victimes.

C’est une des composantes de la pollution lumineuse dès que cette lumière peut perturber le sommeil et la santé d’occupants susceptibles de dormir dans un lieu (chambre, dortoir, camping, hôpital, hôtel, cellule de prison, etc.). On peut étendre le concept aux animaux domestiques qui subissent cet éclairage (animaux de zoos ou d’élevage). Occulter les fenêtres ou ouvertures permet de se protéger de cette lumière, mais sans que l’organisme puisse alors s’accorder au rythme nycthéméral (rythme naturel des levers et couchers de soleil)

La notion de lumière intrusive traduit une préoccupation récente, liée à la généralisation de l’éclairage nocturne qui ne date que de quelques décennies. Elle n'est par exemple pas encore reprise par le dictionnaire du vocabulaire normalisé de l’environnement (AFNOR). La Commission internationale de l'éclairage a néanmoins émis une norme sur la lumière intrusive admissible à la limite de propriété. Cette norme n’est cependant pas très utilisée, car méconnue et demandant des calculs parfois complexes, notamment pour la détermination de l’origine des sources de lumière intrusive (éclairage commerce, enseignes lumineuses, rue, voisins, avec ou sans phénomènes de réflexion sur l’eau ou sur une paroi réfléchissante, etc.).

Sources de pollution lumineuse

Principales sources de pollution lumineuse : l'éclairage de ville de nuit, en particulier les lampadaires omnidirectionnels (éclairage jaune sodium à droite de l'image), l'éclairage décoratif des très grands édifices, et le reflet de ces éclairages sur l'eau (photographie prise à Sydney en janvier 2007).

La pollution lumineuse a comme source physique la lumière perdue ou réfléchie, émise par des sources fixes et permanentes telles que les luminaires des villes, des ports, des aéroports, des parkings, routes, et autres voies de transport, des installations industrielles et commerciales, publicitaires, des locaux et bureaux éclairés la nuit et dont les parois vitrées et fenêtres ne sont pas occultées, par les phares des littoraux, etc.

Des sources mobiles comme les phares de véhicules y contribuent également pour une part encore difficile à mesurer, mais qui ne devrait pas être sous-estimée, étant donné l'importance du phénomène dit de Roadkill. Très localement, des canons à lumière et éclairage lasers peuvent aussi avoir des impacts sur certaines espèces.

Par extension, l'expression « pollution lumineuse » a souvent été utilisée pour désigner le halo lumineux urbain qui en est un indice. Ce halo est produit par la lumière « utile » ou plus souvent inutile « perdue » dispersée ou réfléchie par les molécules de certains gaz et les particules en suspension dans l'atmosphère terrestre. Ainsi se forme un halo lumineux diffus qui - en augmentant la luminance générale du ciel – masque la vision de la voûte céleste et donne une couleur orangée à brunâtre au ciel nocturne.

Ce halo diffus visible à des dizaines de kilomètres est un indice de probable pollution lumineuse à grande échelle. Il est exacerbé dans les cas suivant :

  • quand la basse atmosphère est humide (brume, bruine)
  • quand la basse atmosphère est polluée par des particules (microgouttelettes d'eau, particules émises avec les gaz d'échappement, poussières, fumées et autres suies et particules fines..).
  • quand la lumière est émise de manière peu directionnelle (par exemple par un lampadaire-boule), ou volontairement dirigée vers le ciel.
  • quand l'air est chargé en particules (pollution, fumées, empoussièrement)
  • quand la lumière est réverbérée par une surface réfléchissante (neige, glace, eau, miroir ou surfaces claires).

D'un point de vue chronologique, l'expression a, en fait, d'abord désigné la gêne occasionnée par les halos lumineux aux astronomes qui ont besoin d’un ciel pur et d’une bonne obscurité pour observer les astres. Ils doivent s’éloigner de plus en plus des villes et des zones éclairées pour pouvoir correctement observer le ciel. De nombreux observatoires astronomiques d’universités situés en ville ou dans leurs banlieues ont du être abandonnés en Europe et aux États-Unis, dont l’observatoire royal de Greenwich.

Rappels historiques

L'éclairage nocturne urbain est installé à Paris à partir de la fin du XVIIe siècle. Cette peinture de Ludwik de Laveaux représente la place du Palais Garnier en 1892 où sont visibles des éclairages permanents à bec à gaz.

Au XVIIe siècle, l’éclairage public apparaît avec la création des compagnies de lanterniers pour éclairer certaines rues de Paris, puis des capitales de provinces. En 1667, Louis XIV imposa l’éclairage de toutes les rues de la capitale pour lutter contre les vols et les crimes.

Avec l’invention du gaz de houille (dit gaz de ville) produit par les usines à gaz, l’éclairage s’est étendu et a développé ses premiers impacts écologiques, signalés par quelques chroniqueurs de l’époque (nuages de douzaines de papillons s'épuisant à tournoyer autour des bec de gaz et venant pondre par dizaines, voir par centaines sur certains fûts des lanternes (au Cimetière du Père-Lachaise par exemple).

C’est avec l’apparition et la diffusion rapide de l’ampoule électrique et du réseau électrique, que l’éclairage public s’est répandu dans le monde, produisant dès les années 1940 un début de halo lumineux déjà signalé par les astronomes comme étant une gêne pour leur travail.

Des phares maritimes de plus en plus puissants ont été construits sur les littoraux et sur certaines îles (par exemple, l'ile d'Ouessant en comporte cinq). Dès le XVIIIe siècle on s'aperçoit que ces phares attirent les oiseaux, parfois par milliers. Ce phénomène a été peint en 1911 par Clarke dans un tableau intitulé Le Phare, et le néerlandais Anthonie Stolk semble être le premier à l’avoir scientifiquement décrit en 1963. Certains ornithologues ont procédé, dans les années 1960, au bagage des oiseaux qui tournoyaient autour des phares (en les attrapant avec des épuisettes, par exemple près des phares d’Ouessant en France) avant qu’on ne s’aperçoive que l’éclairage du fût du phare supprimait le problème.

En Europe, pendant les deux Guerres mondiales, les halos lumineux ont été fortement réduits dans les zones occupées et dans les zones de combats, pour économiser l’électricité et surtout à cause des couvre-feux imposés par l’occupant ou les forces alliées.

Ainsi, pendant la Première Guerre mondiale, alors que les véhicules motorisés étaient encore rares, les phares en position « code » étaient autorisés la nuit, mais il fallait s’arrêter et couper l'éclairage lors des alertes et en cas de passages d’avions. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les vitres devaient être obturées ou teintées de bleu, généralement au moyen d’une peinture appliquée à l’extérieur, et en zone occupée, mêmes les phares des vélos – comme ceux des autos et camions – devaient être muni d’un cache ou d’une peinture bleue ne laissant visible qu’une fente produisant une fine raie de lumière, moins visibles d'avion ou de loin.

Après les guerres les périodes d’euphorie et de relance de la consommation se sont accompagnées d’incitations au développement de l’usage de l’électricité et de l’éclairage. De 1919 à 1939, les lampes à acétylène se sont développées dans les habitations, notamment pour éclairer le dimanche quand les moulins et certaines usines qui produisaient l'électricité s’arrêtaient. Les éclairages urbains extérieurs étaient alors alimentés par les nombreuses usines à gaz alimentées par le charbon[2].

Dans les années 1970-1980, la lumière perdue par les éclairages commence à être qualifiée de « pollution lumineuse » ; elle inonde les villes et de plus en plus la campagne, masquant la plupart des étoiles jusqu’à les masquer de la vision à l'œil nu. On parle en fait d'une nuisance plus que d'une pollution.

La notion de « pollution lumineuse » est née (sous cette dénomination) à la fin des années 1980.

  • Elle regroupait alors principalement des facteurs aujourd’hui groupés sous l’expression « nuisances lumineuses », mêlant les artéfacts qui gênent ou rendent impossible l’observation astronomique de certaines parties du ciel à partir des observatoires, à des aspects complexes tels que les impacts potentiels, pressentis ou avérés de la lumière intrusive sur la santé des enfants ou des adultes qui y sont exposés.
  • Dans les années 1990, les astronomes et physiciens de l’atmosphère ont commencé à développer des instruments pour mesurer cette nouvelle forme de modification de l’Environnement en général et de l’Environnement nocturne en particulier.
  • À partir des années 1995, comme en témoignent les titres et contenus des colloques et symposiums qui traitent de ce problème, les impacts écologiques prennent une importance croissante. Les chercheurs et les naturalistes commencent à les mettre en évidence et à les quantifier, alors que la réflexion concernant les impacts sur la santé se poursuit, non sans difficultés en raison du manque de données épidémiologiques collectées spécifiquement pour étudier la question. Les chercheurs s’appuient aussi sur des données ou études relatives à la vision, au système hormonal (cf. mélatonine) et sur des études médicales ou de recherche appliquée (dont concernant par exemple les traitements contre le rachitisme par les U.V., les thérapies par exposition à la lumière pour resynchroniser l’horloge interne ou soigner des patients dépressifs, etc.).
  • Quelques études sont en cours sur le moyen ou long terme portant sur les liens entre sécurité, criminalité, cambriolage et éclairage, qui mettent en évidence la complexité de la question et bousculent quelques idées reçues.
  • D’autres disciplines, allant de la géographie et de l’urbanisme à l’ergonomie se saisissent de la question depuis la fin des années 1990, y compris au travers de l’étude de la vie nocturne, urbaine notamment. La première thèse universitaire exclusivement consacrée à la pollution lumineuse ne démarre en France qu'en 2006.

L’imagerie satellitaire commence à permettre de quantifier et cartographier d’une manière objective la pollution lumineuse, mais les images de haute précision ou de la face non éclairée de la terre prises dans l’infrarouge ou l’ultraviolet restent propriété des militaires ou inaccessibles pour des raisons de coût.

Modélisation et mesure

Image satellitaire composite mettant en évidence l'émission de lumière vers l'espace de nuit par les pays de l'hémisphère Nord et par l'Inde. Cette image est le résultat de la superposition de photographies prises de nuit par temps clair jusqu'à obtention d'images représentant la surface de la Terre. Les limites des continents ont été mises en évidence par la superposition, en couleurs sombres, des photographies équivalentes diurnes.

Au début de l'étude scientifique des nuisances et de la pollution lumineuse, des modèles intégrant les principes optiques de la réfraction ou diffusion de la lumière sur les matières existaient déjà. Ils avaient été développés pour le cinéma, les jeux vidéo et les logiciels graphiques ou de simulations. D’autres modèles mathématiques ont été élaborés par des physiciens de la lumière et de l’atmosphère, avec des astronomes et des spécialistes de l’imagerie satellitaire pour tracer des cartographies et faire des études prospectives (dont pour positionner les nouveaux observatoires astronomiques). Ces modèles donnent des résultats de plus en plus précis en comparaison avec les mesures de terrain ou les images satellitaires.

Quelques cartographies grand-public ou destinées aux astronomes ont été publiées après les années 2000, après la publication le 1er août 2001 par une équipe de chercheurs italiens et américains, dirigée par le professeur Pierantonio Cinzano, de l’Atlas mondial de la clarté artificielle du ciel nocturne[3], souvent renommé « Atlas mondial de la pollution lumineuse ». Par exemple, une carte de France de la pollution lumineuse a ainsi été construite d'après les résultats d'un modèle simple, dit de Walker (d'après le nom de son auteur), qui estime l'intensité du halo d'après le nombre d'habitants des agglomérations.

La mesure de la luminosité nocturne peut être réalisée par plusieurs moyens, selon la taille de la zone à mesurer. Au niveau d'un pays, les mesures par satellite et la thermographie aérienne donnent les résultats à l'échelle attendue. On sait depuis peu globalement quantifier l'éclairage d’une collectivité par voies aériennes[4], permettant, par exemple à Genève d’identifier des zones urbaines sur-éclairées ou mieux éclairés (on n'y voit pas la source lumineuse, mais uniquement leurs « cibles » (carrefours, passages piétons, etc.) et des éclairages « polluants » (qui sont souvent des centres commerciaux, enseignes publicitaires, éclairages intégrés dans les trottoirs...). Divers autres protocoles de mesure ont été proposés (par des ONG telles que l'ANPCEN et Darksky association) ou sont à l'étude. Enfin, pour une mesure ponctuelle, des équipements individuels sont proposés à la vente[5].

Une analyse plus qualitative est possible (infrarouge, ultraviolet, réverbération sur l’eau, impacts indirects sur les espaces verts et cours d’eau, etc.), mais les outils ne sont pas encore disponibles en dehors de la recherche et du domaine militaire.

Dans le détail, la mesure par hélicoptère consiste à photographier la zone par hélicoptère à 600-800 m d'altitude, de 20 h à 24 h, pendant qu’une équipe au sol étalonne l'analyse grâce à des sources lumineuses calibrées. Les photos traduisant le niveau d'éclairage, prises en 4096 niveaux de gris, sont ensuite converties en lux et intégrées à un système d'information géographique ou à une cartographie d'aide à la décision. Le cout de cette technique est 5 à 10 fois inférieur à celui d’une thermographie aérienne[6].

Causes

Canons à lumière érigés en 2004 en mémoire des attentats du 11 septembre 2001. Des milliers d'oiseaux ont été attirés par le double faisceau et ont été vus tournoyant dans la lumière.

Au XXe siècle, une augmentation considérable de l'offre en matériels d'éclairage et en électricité ainsi qu'une forte demande de sécurité de la part du public et des élus sont généralement citées comme principales causes d'une tendance à l'augmentation de l'éclairage urbain et périurbain. En raison de ces politiques, l'augmentation du halo lumineux de pollution lumineuse nocturne a été mesurée par satellite à 5 à 10 % par an pour la fin des années 1990. Les enjeux commerciaux, électoraux et d'image alimentent l'augmentation des éclairages et le recours à des panneaux et enseignes lumineuses qui augmentent la luminance de l'environnement nocturne, urbain et routier notamment.

L'abondance d'électricité et son prix moins élevé la nuit (notamment dans les pays ayant recours à la production d'électricité nucléaire) incitent à une grande consommation électrique pour l'éclairage, dans un contexte où les lois encadrant l'éclairage nocturne ne tiennent que peu en compte les préoccupations environnementales. Dans le cas d'une production d'électricité nucléaire (en France par exemple), il est complexe de ralentir une centrale nucléaire pour la nuit, où la consommation d'énergie est moindre: l'énergie étant de toute façon produite, cela explique son moindre coût la nuit (encouragement de la consommation nocturne d'énergie électrique... dont l'éclairage urbain).

Les panneaux publicitaires, néons, les vitrines des magasins et l'éclairage dispersant des édifices publics (monuments, châteaux, ponts, berges, églises, etc.) restent souvent allumés toute la nuit. À ce phénomène s'ajoutent les impacts des « canons à lumière » ou « skytracers » (souvent improprement nommés lasers), ou des lasers qui balaient le ciel au-dessus des édifices. Enfin l'éclairage public des rues a longtemps été réalisé avec des luminaires qui n'étaient pas conçus pour limiter les émissions vers le ciel (luminaires en forme de boules) ou de grande puissance (lampes à vapeur de mercure haute pression, ballast très consommateurs d'énergie).

Conséquences

La pollution lumineuse qu'il s'agisse d'un halo diffus (à l'abord des villes) ou de points d'éclairages puissants (phares, grands bâtiments), ont diverses conséquences, en particulier sur la faune passant à proximité des villes. Les conséquences sur la flore sont indirectes.

Faune

Londres et la Tamise de nuit. L'éclairage de la ville de nuit est mis à profit par des braconniers pour le pêche à l'écrevisse et à l'anguille.
Lampadaire en lisière d'une zone boisée dégradé par des plombs de chasse. Les trous dans le verre, de 4 mm de diamètre environ, ont piégé des milliers de petits insectes attirés par la lumière.

Les espèces les plus visiblement touchées sont les oiseaux migrateurs. Leur sens de l'orientation est basé sur la vision, mais aussi sur la perception du champ magnétique terrestre[7],[8], mais aussi la position des étoiles. Ce sens inné est perturbé par l'exposition à l'éclairage nocturne[9], notamment le long des littoraux et des grandes agglomérations. Les oiseaux peuvent heurter les immeubles éclairés et leurs superstructures.

L'impact de la lumière en particulier en pleine mer ou sur les littoraux (phares) sur les oiseaux migrateurs est mal connu et encore peu documenté. On sait par exemple que la lumière nocturne interfère avec leur système d'orientation[10],[11],[12],[13],[14],[15],[16], ou que le poussin du macareux, comme ceux de quelques autres oiseaux de mer (pétrels, puffins) est attiré par les lumières proches de son nid. Or, si son premier vol, qui ne peut durer que quelques dizaines de secondes, ne l'amène pas en mer où il se nourrira, ses chances de survie sont très faibles. Les récepteurs en cause dans le cerveau des oiseaux commencent à être identifiés[17].

La lumière blanche ou colorée (moindrement pour certaines couleurs et pour certaines espèces), certains flash lumineux perturbent les oiseaux[18]. Certaines lumières (rouge[19],[20], jaune, bleue, blanches) affectent plus certaines espèces. [21],[22].

Selon l'ONG FLAP[23], le nombre d'oiseaux tués chaque année aux États-Unis par an par collision avec des vitres ou éléments d'architecture sur l'ensemble de leur parcours migratoire pourrait atteindre les 100 millions. Le temps brumeux semble particulièrement propice à ces phénomènes, notamment dans les villes situées sur les axes migratoires les plus importants (littoraux, vallées, chaînes de lacs et de zones humides ou dans l'axe de certains cols de montagne).

Photographie de nuit de la ville de Toronto, où est visible sa plus haute construction, la Tour CN (à gauche sur l'image). L'éclairage nocturne de cet édifice particulièrement élevé (553,33 m) attire les oiseaux passant par le couloir de migration aviaire où est situé Toronto.

À Toronto, le programme Fatal Light Awarness Program (FLAP) a dénombré près de 3 000 cadavres d'oiseaux (appartenant à plus de 140 espèces) retrouvés aux pieds de tours de Toronto en un an, notamment aux pieds de la Tour CN (553 m) éclairée la nuit. D'autres animaux blessés ou emportés par leurs prédateurs (chats, rats) ne peuvent pas être inclus dans le décompte. Une extrapolation donne un chiffre de un à dix millions d'oiseaux migrateurs tués annuellement[24] par collision avec des immeubles à Toronto.

Rebekah Creshkoff (de la société Audubon) a en l'an 2000 dénombré 690 oiseaux morts et 305 blessé appartenant à 68 espèces, aux pieds des tours jumelles du World Trade Center. Certains oiseaux ne meurent pas brutalement de collision, mais s’épuisent en tournant dans les zones éclairées avant de tomber au sol épuisés, ou de finalement percuter une vitre, surtout les nuits brumeuses ou de pluies fines, en période de migration.

Quelques espèces semblent s'être localement adaptée à l'éclairage ; Chez les chauve-souris insectivores, la pipistrelle a localement appris à chasser autour des lampadaires, mais au risque de faire régresser ses proies (surprédation allié au phénomène dit de "puits écologique"). D'autres espèces (ex  : grand rhinolophe dont les effectifs chutent depuis trente ans, ne chasse que dans une obscurité totale, de plus en plus rare, alors même qu'une partie de ses proies (papillons nocturnes notamment) sont attirés par les lumières.

L'étourneau sansonnet s'est récemment et très bien adaptée aux conurbations éclairées.
Son comportement a néanmoins été fortement modifié : cet oiseau diurne a très mauvaise vision nocturne est normalement calme et silencieux la nuit, même en dortoirs rassemblant 300 000 individus et dérangés par un prédateur (renard, chat, rapace nocturnes)... alors qu'en ville où le halo lumineux leur permet de voir toute la nuit, ces mêmes étourneaux sont beaucoup plus actifs et nerveux, se déplaçant à n'importe quelle heure de la nuit, changeant de perchoir quand ils sont dérangés[25]. Ils fientent plus, chantent et crient et dorment moins, mais ils bénéficient de la bulle de chaleur urbaine, ce qui permet à un nombre croissant d'étourneaux de devenir sédentaires en hiver, au lieu de migrer plus au sud (ou au nord dans l'hémisphère sud), au détriment d'autres espèces dont la niche écologique est maintenant occupée par l'étourneau qui devient invasif dans de nombreux pays.

La plupart des animaux aux mœurs nocturnes sont perturbés par l'éclairage artificiel, au point de parfois disparaitre de leur habitat quand il est éclairé. La plupart des invertébrés du sol fuient la lumière. À la saison des amours, la reinette ou la grenouille américaine Rana clamitans melanota chantent moins[26]. Divers serpents et grenouilles testées se sont aussi montrées perturbées dans leur développement lorsqu'elles sont éclairées la nuit[27].

Un nombre important d’insectes, attirés par la lumière, sont directement tués par les ampoules non protégées, sont mangés par des prédateurs (chauve-souris le plus souvent) qui les trouvent ainsi plus facilement, ou sont victimes de mortalité animale due aux véhicules (roadkill), qui engendre un déséquilibre de la chaîne alimentaire animale.

Flore

Des effets néfastes indirects (et peut-être directs) sont décrits (ou soupçonnés) sur les plantes qui peuvent moins se « reposer » la nuit et effectuer une photosynthèse normale, malgré un allongement de la durée du feuillage.

L’éclairage artificiel retarde la chute des feuilles (de plusieurs mois parfois).

L'éclairage artificiel pourrait Diminution des récoltes due à l’éclairage artificiel ? (il y a plus d'adventices (mauvaises herbes) lorsque les graines sont éclairées dans les 4 heures qui suivent leur mise à jour lors d'un labour).

Étude de cas : le pont de Øresundsbron

Le pont de Øresundsbron de jour. Ce pont a fait l'objet d'une étude sur l'effet de son éclairage nocturne.

Le pont de Øresundsbron reliant la Suède au Danemark était au jour de son inauguration, le plus long pont d'Europe. L'impact de l'ouverture de ce pont sur l'avifaune a été évalué.

L'éclairage du pont, comportant un alignement de lampadaires, a été mis en service pour la première fois la nuit du 8 octobre 2000. Les automobilistes ont constaté que de nombreux oiseaux gisaient par terre ou se jetaient sur leurs voitures. Selon une association ornithologue suédoise[réf. nécessaire], l'ornithologue appelé pour constater les premiers dégâts après la nuit du 8 octobre 2000 a pu ramasser et identifier 344 oiseaux migrateurs parmi les cadavres, la plupart (288) étant des grives en migration. Un nombre équivalent d'oiseaux, dont les cadavres ont été écrasés par des véhicules, n'étaient pas identifiables. On peut estimer qu’au moins autant étaient tombés dans la mer. Ce sont donc environ un millier d'oiseaux qui ont péri en une seule nuit, attirés par les halos lumineux dans le brouillard. C’est autour des endroits les plus éclairés, sur la partie la plus haute du pont, que le maximum de cadavres ont été trouvés.

L'inventaire des oiseaux ramassés morts et identifiés après la première nuit est le suivant :

Nom suédois Nom français Nom latin Nombre d'oiseaux morts
et identifiables
Taltrast Grive musicienne Turdus philomelos 288
Rödhake Rouge-gorge familier Erithacus rubecula 46
Sånglärka Alouette des champs Alauda arvensis 5
Bofink Pinson des arbres Fringilla coelebs 2
Ängspiplärka Pipit farlouse Anthus pratensis 1
Gärdsmyg Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes 1
Sävsparv Bruant des roseaux Emberiza schoeniclus 1
Total des oiseaux (retrouvés) morts 344

Ces oiseaux, comme la plupart de leurs congénères migrent essentiellement de nuit. On estime qu'ils ont été attirés par le halo (amplifié par la brume et le reflet sur l'eau) ou par les lumières fortes, et qu'ils se sont soit assommés ou blessés sur les structures et superstructures puis sont tombés sur le pont ou en mer, soit assommés ou tués par collision avec des véhicules puis ont été écrasés sur la voie. Un certain nombre ont probablement poursuivi leur migration en étant blessés.

L'ornithologue suédois note que le phénomène se reproduira sauf changement dans l’éclairage et suggère qu'on diminue la lumière les nuits où existent des risques de pluie et/ou brouillard coïncidant avec les dates des grandes migrations.

Ce type de phénomène n'est pas isolé, il semble que des cadavres d'oiseaux aient également été retrouvés lors de l’ouverture de l’éclairage de l’autoroute A 16 entre la Belgique et Calais. Il n’y a cependant pas eu de comptage.

Sécurité et du confort

La justification initiale de l'éclairage nocturne était la sécurité des passants, qui sans cet éclairage devaient s'en remettre à des porte-falots. L'utilisation d'un éclairage de grande puissance, ainsi que l'éclairage diffus du ciel, peut cependant avoir des conséquences adverses.

Éclairage ponctuel

L'éclairage ponctuel est utilisé pour augmenter le sentiment de sécurité des passants. Ce sentiment de sécurité a cependant tendance à inciter les automobilistes à augmenter leur allure, ce qui peut avoir des effets adverses sur la sécurité. En outre, l'utilisation d'un éclairage ponctuel très intense peut éblouir et gêner la conduite automobile. Les éclairages mobiles (projecteurs pointés vers le ciel, etc.) ont d'autre part tendance à distraire les conducteurs et les aviateurs.

Éclairage diffus

En ville l'éclairage nocturne peut déranger les habitants, en s'introduisant dans les habitations la nuit par les fenêtres dépourvues de volets et en perturbant alors les rythmes biologiques liés à l'alternance veille et sommeil.

L'éclairage diffus nocturne empêche en outre la pratique de l'astronomie par les amateurs dans les villes. Le ciel apparait en effet jaune et les étoiles ne sont pas visibles à l'œil nu. L'éclairage complique également le travail des astronomes, notamment dans la réalisation d'imagerie électronique du ciel.

L'éclairage diffus du ciel n'a pas d'utilité directe pour l'homme, en revanche il correspond à une puissance lumineuse qui a un cout. Une étude de l’association International Dark-Sky a montré qu’aux États-Unis environ 1,5 milliard de dollars sont dépensés dans l'éclairage du ciel chaque année.

Efforts de diminution de la pollution lumineuse

Prévention

La prévention de la pollution lumineuse consiste à adapter la politique d'éclairage aux nécessités réelles. De telles politiques, mises en place dans des municipalités, peuvent contribuer à une économie d'énergie électrique et ainsi à la rentabilisation des moyens mis en place pour la lutte contre la pollution lumineuse. Ainsi, la ville de Lille a ainsi fait 35 % d'économies en un an, tout en éclairant mieux, grâce à des lampes et luminaires plus « éco-performants ».

La réduction de la pollution lumineuse passe par différentes solutions dépendant de la source principale de pollution dans l'environnement considéré. Elle peut ainsi passer par :

Réduction de la lumière émise en direction du ciel

La réduction de la lumière émise en direction du ciel peut être réalisée par la rénovation du matériel d'illumination urbain, notamment, l'utilisation d'abat-jours diffusant la lumière vers le bas. De nombreux éclairages de façades et de panneaux comportent des éclairage superflus dirigés vers le ciel, qu'il est possible de repenser ou de supprimer. Les optiques des luminaires peuvent être choisis pour réduire la diffusion de la lumière dans toutes les directions, notamment en préférant les verres plats plutôt que courbes. L'angle d'incidence de la lumière au sol doit être si possible proche de la perpendiculaire, de 10° ou moins.

Spécifiquement, les nuisances causées aux astronomes peuvent être réduites en sélectionnant pour l'éclairage urbain des lampes à vapeur de sodium à basse pression, qui ont un spectre monochromatique, et dont les rayonnements peuvent donc être facilement filtrés. Des éclairages directifs, comme ceux à diode électroluminescente, réduisent les émissions de lumière dans toutes directions où elles ne sont pas requises.

En France, la loi du 2 février 1995 (J.O. du 3 février 1995) a soumis à autorisation l'utilisation des faisceaux d'éclairage à laser dirigés vers le ciel[28]. Une circulaire ministérielle du 26 mai 1997 précisait que ce texte entendait d'appliquer aux seuls éclairages lasers, « compte tenu de la spécificité technique et des effets physiologiques de ce procédé », et non pas à l'ensemble des éclairages de même puissance ou portée[29].

Réduction de la sur-illumination

La sur-illumination peut être réduite en posant des minuteries et des systèmes de détection de personnes, animaux et véhicules. L'illumination des édifices publics, des panneaux publicitaires peut être réduite en pleine nuit ou en dehors de la période touristique. L'éclairage peut être modulé en fonction des conditions météorologiques. Ainsi, un rond-point pourrait être éclairé à plus forte puissance en cas de mauvaise visibilité, mais avec une seule lampe basse par nuit claire.

Réduction des effets sur la faune

Les différents types de lumières n'ont pas le même effet sur la faune. Il est possible de choisir des couleurs d'éclairage ayant un moindre effet sur les oiseaux. Lorsque la lumière des bureaux ne peut être éteinte la nuit, des stores, ou des films spéciaux peuvent aider l'oiseau à comprendre qu'il y a un obstacle. Des films « anti-collision »[30] peuvent aussi être efficaces le jour en limitant l'effet miroir ou l'invisibilité de la vitre. Il semble que l'éclairage stroboscopique soit plus efficace pour la sécurité (dans le brouillard notamment) et qu'il perturbe moins les oiseaux, mais il peut être perçu comme plus fatiguant.

Réduction des éclairages

Rond-point équipé d'une signalisation au sol rétro-réfléchissante. Il s'agit d'un exemple de dispositif pouvant remplacer l'éclairage électrique de nuit. Il peut être complété par un éclairage asservi à un détecteur de présence, pour les piétons.

Dans un certains nombre de cas, il est possible de réduire les éclairages publics sans remettre en cause la sécurité des passants et des usagers des transports.

Ainsi, des dispositifs rétroréfléchissants (catadioptres), c'est-à-dire renvoyant vers l'émetteur (mobile ou non) la lumière reçue favorisent la visibilité sans rendre nécessaire l'utilisation de lumières supplémentaires. Ces systèmes sont adaptés aux besoins de signalisation d'objets (bordures de trottoirs, piquets, poteaux, pieds de panneaux, rambarde de sécurité, pieds de ronds points, d'axes ou passages ou situations dangereuses, etc.), ils ne sont pas éblouissants, discrets de jour, peu onéreux et permettent de renvoyer la lumière dans diverses couleurs. Dans les pays où la neige est abondante, ils peuvent être fixés en hauteur sur des piquets.

Des éclairages modulables en fonction des risques peuvent être utilisés, par exemple des points lumineux (par exemple conçus à l'aide de fibres optiques) de faible intensité guidant les voitures au lieu d’éclairer directement le sol.

Les bandes de métal, tissus ou plastique rétro-réfléchissant fixées sur les vêtements, chaussures et cartables améliorent aussi grandement la sécurité des enfants, des personnels affecté aux travaux publics ou à la surveillance des routes, voies ferrées, aéroports, canaux ou autres installations à risque. Au-delà des sujets à risque, ces dispositifs peuvent contribuer à protéger tous les objets et toutes les personnes exposés à des véhicules circulant de nuit et munis de phares. Des couleurs fluorescentes sont parfois utilisées (surtout utiles le jour).

La prise en compte des préoccupations environnementales fait l'objet de travaux de recherches. Un groupe d'ornithologues travaille sur ce thème à Toronto. Aux États-Unis, un projet d'illumination de pont à Los Angeles a ainsi été complètement revu après évaluation environnementale.

Application de la réduction des éclairages

On utilise le terme réserve de ciel étoilé, lorsque l'ensemble de ces mesures est appliqué de façon systématique sur un territoire.

Le parc naturel Natural Bridges National Monument aux États-Unis a été désigné, au milieu de l'année 2007, « premier parc du ciel noir au monde », par l'association International Dark Sky, sur la base de sa visibilité de la voie lactée. En septembre 2007, la même association a déclaré le Parc national du Mont-Mégantic, situé au Québec, comme étant la première réserve internationale de ciel étoilé en milieu habité.

Les mesures concrètes de restauration de l'environnement nocturne sont rares et ponctuelles, mais des colloques sur ce thème se font périodiquement depuis les années 1990. Sur la base d'études scientifiques, des modules de formations apparaissent dans quelques pays (écoles d'ingénieurs ou de techniciens, formation continue, etc.). Des lois et règlements sont mis en application dans quelques pays, comme cela a été le cas sur les iles Baléares.

L'efficacité des mesures prises peut être évaluée par la suite, notamment par des comptages d'oiseaux. Ainsi à Chicago, les comptages faits de 2000 à 2001 a montré que l’extinction des lumières des immeubles la nuit réduisait la mortalité des oiseaux de 83 %.

Dimension culturelle, éthique et philosophique

Dans de nombreuses civilisations, les étoiles et les constellations ont joué un rôle dans l'établissement des calendriers, dans la navigation maritime avant l’invention des sextants. Les astres guident encore les hommes sur terre, au travers des déserts et sur mer. La vision du ciel étoilé est présente dans de nombreuses mythologie et de nombreuses religions. Elle a été la cause chez d'anciennes civilisations d'alignements de menhirs, de configurations de sites préhistoriques et historiques alignées sur les astres des solstices. La poésie a également puisé une source d'inspiration dans le ciel étoilé. L'observation de ce ciel étoilé est cependant de nos jours très difficile pour 75 % de la population de la planète vivant dans des zones suffisamment urbanisées pour être concernées par la pollution lumineuse. La pollution lumineuse contribue à déshabituer l'Homme du noir et par conséquent à entretenir sa dépendance à la lumière artificielle. Ces aspects socio-psychologiques sont complexes et demandent pour y répondre une approche pluridisciplinaire.

L'alternance du jour et de la nuit est d'autre part une donnée sur laquelle se sont appuyées la plupart des espèces terrestres dans leur évolution. Chez l'être humain, plusieurs processus hormonaux en dépendent et sont localisés dans les parties les plus primitives du cerveau. Les adaptations physiologiques ne sont pas possibles chez la plupart des espèces, dont peut-être l'espèce humaine, où l'alternance du jour et de la nuit a probablement profondément modelé le psychisme. Depuis les années 1970, divers acteurs s'interrogent ainsi sur les conséquences socio-psychologiques de la perte du contact de l’homme avec l'environnement nocturne et l'observation du ciel profond et de la voie lactée. L’ONU a accordé au ciel étoilé une valeur particulière, comme patrimoine commun de l’humanité.

Par ailleurs, les solutions techniques envisagées et localement testées pour limiter la pollution lumineuse convergent avec des enjeux de développement durable, en particulier d'économies d'électricité et d'émissions de gaz à effet de serre, ou de diminution de l'empreinte écologique.

Législation, réglementation, perspectives

La législation concernant l'éclairage varie fortement selon les pays. Elle comprend toujours une composante sécurité pour l'éclairage embarqué des véhicules, l'éclairage ou la signalisation de sites dangereux (aéroports et objets élevés en particulier) ou l'éclairage routier, portuaire, etc. Une réglementation particulière est apparue concernant certaines lampes émettant des rayonnements potentiellement dangereux (rayons X, UV, infra-rouge)..

En France, avant 2009, une grande partie de l'éclairage public n'était pas précisément cadré par la loi, mais par des « recommandations » techniques édictées par l'association française des éclairagistes.
En 2009, suite au Grenelle de l'Environnement, le projet de loi Grenelle II[31] a confirmé les principes énoncés par la loi cadre Grenelle I) via plusieurs projets d'articles qui sont (sous réserve de modification avant fin 2009) :

  • Article L. 583-1 [31]: Il cadrera les objectifs et le champ d’application de la loi Grenelle II, et précise que les installations, équipements, ouvrages concernés seront ensuite définis par décret en Conseil d’État selon de leurs caractéristiques (dont leurs émissions lumineuses),
  • Article L. 583-2 [31]: il précisera que le ministre chargé de l’environnement établira « des spécifications techniques applicables de plein droit immédiatement aux installations, activités, ouvrages ou équipements nouveaux et après un délai pour les existants, et pour en définir les modalités de contrôle » ; Le ministre « pourra imposer des interdictions (temporaires ou permanentes) pour certains types d’éclairage ou d’émissions lumineuses sur tout ou partie du territoire » ; Des arrêtés ministériels pourront attribuer au préfet, « dans des conditions définies par les arrêtés ministériels, le pouvoir d’adapter les spécifications techniques ou les interdictions prévues aux circonstances locales ».
  • Article L. 583-3 [31]: il autorisera le maire à contrôler certains aspects de l'éclairage (sauf pour les installations activités ouvrages ou équipements communaux, et pour les installations ou ouvrages déjà régis par une police spéciale d’État, dont le contrôle est attribué à l’État).
  • Article L. 583-4 [31]: il précise que seront exclus de ce chapitre de la loi certains éclairages (d'installations classées, d'installations nucléaires de base, publicités, enseignes et pré-enseignes).
  • Article L. 583-5 [31]: il précise les sanctions administratives prévues pour le non-respect des prescriptions générales ou particulières ;
- mise en demeure de respecter les prescriptions, puis le cas échéant
- suspension de fonctionnement de l’installation.

Notes et références

  1. Boldogh et al. « The effects of the illumination of buildings on house-dwelling bats and its conservation consequences » in Acta Chiropterologica, Volume 9, Number 2, December 2007, pp. 527-534(8) Ed : Museum and Institute of Zoology, Académie polonaise des sciences Voir)
  2. source : livre la France électrique
  3. Atlas mondial de la clarté artificielle du ciel nocturne. Une traduction française en existe, faite par l’ ANPCEN.
  4. Source : Forum sur l'analyse lumino-environnementale nocturne aérienne, 31 janvier 2008, Assises nationales de l'énergie des collectivités territoriales. Atelier animé par Jean-Claude Barré (société Tradind Corp.Consulting S.A., qui développpe une méthode dite A-LENA ; Analyse Lumino-Environnementale Nocturne Aérienne) et qui est par ailleurs spécialiste de la thermographie aérienne, avec vols en hélicoptères « compensé carbone »
  5. Voir le test du Sky Quality Meter, par Pierantonio Cinzano, auteur du rapport de l'Atlas mondial de la clarté artificielle du ciel nocturne.
  6. Il a ainsi couté environ 20 000 euros environ à la commune de Breteuil, ville moyenne de l'Oise)
  7. Wiltschko, W., and R. Wiltschko. 1972. Magnetic compass of European robins. Science 176: 62-64.
  8. Lednor, A. J. 1982. Magnetic navigation in pigeons: Possibilities and Programs. In: Avian Navigation. (eds. F. Papi and H. G. Wall
  9. Wiltschko, R., T. Ritz, K. Stapput, P. Thalau, and W. Wiltschko. 2005. Two different types of light-dependent responses to magnetic fields in birds. Current Biology 15: 1518-1523.
  10. Möller, A., M. Gesson, C. Noll, J. B. Phillips, R. Wiltschko, and W. Wiltschko. 2001 ; Light-dependent magnetoreception in migratory birds: previous exposure to red light alters response of red light. In: Orientation and Navigation: Birds, Humans and other Animals, pp. 61-66. Oxford: Royal Institute of Navigation.
  11. Wiltschko, W., R. Wiltschko, and U. Munro. 2000. Light-dependent magnetoreception in birds : the effect of intensity of 565-nm green light. Naturwissenschaften 87: 366- 369.
  12. Möller, A., S. Sagasser, W. Wiltschko and B. Schierwater. 2004. Retinal cryptochrome in a migratory passerine bird: a possible transducer for the avian magnetic compass. Naturwissenschaften 91: 585-588.
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  17. Wiltschko, W., M. Gesson, K. Stapput, and R. Wiltschko. 2004a. Light-dependent magnetoreception in birds: interaction of at least two different receptors. Naturwissenschaften 91: 130-134.
  18. Evans, W. R., Y. Akashi, N. S. Altman, and A. M. Manville II. 2007. Response of night-migrating songbirds in cloud to colored and flashing light. North American Birds 60:476-488. Télécharger l'étude (PDF, 13 pages, en anglais)
  19. Wiltschko, W., U. Munro, H. Ford, and R. Wiltschko. 1993. Red light disrupts magnetic orientation of migratory birds. Nature 364: 525-527.
  20. Wiltschko, W., A. Möller, M. Gesson, C. Noll, and R. Wiltschko. 2004b. Light-dependent magnetoreception in birds: analysis of the behaviour under red light after pre-exposure to red light. Journal of Experimental Biology 207: 1193-1202.
  21. Wiltschko, W., and R. Wiltschko. ; The effect of yellow and blue light on magnetic compass orientation in European robins, Erithacus rubecula. Journal of Comparative Physiology A 184: 295- 299, 1999
  22. Wiltschko, W., and R. Wiltschko ; 2001. Light-dependent magnetoreception in birds: the behaviour of European robins, Erithacus rubecula, under monochromatic light of various wavelengths and intensities. Journal of Experimental Biology 204: 3295-3302.
  23. http://www.flap.org/new/nestegg_3.htm
  24. Programme Fatal Light Awareness Program (Window Collisions)
  25. Marc Théry, du CNRS et Muséum national d'histoire naturelle, article « "L'éclairage artificiel trouble les rythmes biologiques" » (Espace des sciences)
  26. Voir par ex les études canadiens Baker et Richardson (Brock University) cités par Sc. & Avenir (février 2007).
  27. Cf. étude conduite par Bryant Buchanan (Utica College, New York, États-Unis)
  28. Loi n°95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement sur legifrance.gouv.fr
  29. Texte de la circulaire sur Astrosurf - Société Astronomique de Bourgogne
  30. (exemple, en anglais)
  31. a , b , c , d , e  et f Projet de loi, accompagné de l'exposé des motifs, et de l'étude d'impact de la loi

Bibliographie

Marc Théry du CNRS (responsable de l'équipe Évolution des systèmes sociaux de l'UMR 5176 au laboratoire d'Écologie générale du MNHN, à Brunoy (Ile-de-France) qui a notamment pour le guide de l'Association française de l'éclairage (AFE) « Les nuisances dues à la lumière » étudié environ 1 100 références (articles de revues scientifiques, comptes-rendus de conférences et rapports d'experts étrangers relatifs aux impacts de la lumière sur la faune ou les écosystèmes (Source : « Espace Science » )

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Ouvrages

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Articles de périodiques

  • Luc Chartrand, La (re)conquête des étoiles, Actualité, vol. 13, 2004, page 55.
  • Guy Chiasson, Mieux éclairer les villes pas seulement une question de sécurité, Revue municipale et des travaux publics, vol. 79, 2001, pages 6-7.

Articles de journaux

  • Louis Gilles Francoeur, La pollution lumineuse menace l’Astrolab du Mont Mégantic, Le Devoir, 12 juillet 2005, 858 mots, p. AL
  • Agence Science-Presse, En bref : la pollution lumineuse, Le Devoir, 8 mars 2003, p. B6.

Voir aussi

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