Lefèvre Utile

Lefèvre Utile

Lefèvre-Utile

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Le logo LU dessiné par Raymond Loewy en 1957 (mosaïque, Nantes)
L'une des deux tours de l'usine historique de LU dont la restauration c'est achevé en 1998 pour coiffer ce qui est désormais Le Lieu Unique.

Lefèvre Utile, mieux connue sous le sigle LU, est une marque française de biscuits emblématique de la ville de Nantes. La marque fait désormais partie du groupe Kraft Foods depuis 2007 après son rachat auprès du groupe Danone. Le Petit beurre demeure le produit phare aux côtés du Boudoir, Champagne, Petit Four, Prince, Pim's, Paille d'or, etc.

Sommaire

Historique

La naissance de la maison LU

Tableau de Louis Lefèvre-Utile, fils de Jean-Romain Lefèvre et Pauline-Isabelle Utile

C’est en 1846 que Jean-Romain Lefèvre s’installe à Nantes pour y reprendre une pâtisserie au numéro 5 rue Boileau où il vend ses propres productions et le fameux biscuit anglais Huntley & Palmers. Les pratiques du jeune pâtissier, venu de l’est de la France (Lorraine) et alors âgé de 27 ans, sont différentes. Il vend les biscuits directement sortis du four dans la cour[1]. Les recettes proviennent de l'est et bousculent les habitudes des Nantais qui consomment des biscuits anglais ou de mers. La fabrication de biscuits de luxe fait sa renommée. Mais c’est surtout après son mariage avec Pauline-Isabelle Utile à Varennes-en-Argonne dans la Meuse, en 1850 que la pâtisserie « Lefèvre Utile » commence à être grandement connue. Son épouse ayant le sens du commerce, ils achètent une boutique qu'ils nomment « Fabrique de biscuits de Reims et de bonbons secs ». La maison LU est née. Elle construit son succès sur la qualité de ses produits mais aussi sur la constance de sa production[1].

Les locaux devenant trop exigus, ils agrandissent en achetant grâce aux fonds de la famille une annexe de la boutique au numéro 7 de la rue Boileau en 1854. La boutique est appréciée pour la vente de ses produits de qualité mais aussi pour son architecture. Elle est vaste (150 m²) et haute, possède de belles moulures et des lustres mais aussi des boiseries murales conférant à l'ensemble un caractère haut de gamme et raffiné[1]. Les produits vendus sont les Biscuits de Reims, les Boudoirs, les Biscuits vanille, les Biscuits champagne, les Langues de chat, les Macarons, les Massepains et les Petits-Fours aux amandes. Ils sont disposés dans des coupes de cristal à pieds et plusieurs présentoirs présentent les biscuits destinés à la décoration.[2]Des serveuses assurent l'accueil des clients qui choisissent les produits qu'il désirent. Ils sont récupérés par la serveuse grâce à des pinces, fait rare à l'époque, et placés dans un emballage le mettant en valeur. L'entreprise emploie quatorze ouvriers en 1880. Toutes ses efforts sont récompensés en 1882 par la médaille d'or à l'exposition de Nantes[3].

Des boîtes en carton permettent par la suite d'emporter ses produits afin de les offrir. Lefèvre-Utile invente plusieurs types de boîtes habillées de scènes champêtres ou enfantines en couleurs. Les biscuits sont alors offerts lors des repas dominicaux ou pour de grandes occasions. Les biscuits LU deviennent des produits de choix[4]. Mais l'année suivante, Jean-Romain Lefèvre décède à cause de problèmes de santé. Son épouse lui survivra jusqu'en 1922. Leur troisième fils, Louis Lefèvre-Utile prend le relais de son père à l'âge de 24 ans[3].

L'usine LU et la mécanisation

La naissance du Petit-Beurre LU en 1886

C’est en 1882, avec l'arrivée du fils, Louis Lefèvre-Utile, que la maison LU prend de l’ampleur et commence sa mécanisation. Louis est passé par les lycées de Nantes et a travaillé avec son père. Il va devenir un génie créateur à l'origine de la marque LU. Quelques années plus tard, en 1885, il fait construire, quai Baco, une manufacture de biscuits de 2 000 m² de haute technologie à la place des bâtiments de l'ancienne filature[5]. Il y installe des fours et une machine à vapeur. Cent trente ouvriers y travailleront pour assurer une production de trois tonnes de biscuits par jour. Plus du tiers de la production est alors assuré par le célèbre Petit-Beurre né en 1886.

Il invente un produit original inspiré des biscuits d'Angleterre où il a fait de nombreux voyages. Ce biscuit carré au bords découpés en festons est fabriqué à la chaîne grâce à une empreinte que Louis crée à l'aide d'une société anglaise T. & T. Vicars. Cette empreinte est retrouvée dans les archives de cette société en 1946. Dès sa sortie, le produit est apprécié par les clients et par les critiques[6]. La forme du biscuit et sa marque « Petit-Beurre-LU-Nantes » sont déposées au tribunal de commerce de Nantes le 9 avril 1888[7].

Le 1er février 1887, Louis Lefèvre-Utile et son beau-frère, Ernest Lefèvre, s'associent pour créer la société LU. Cette société familiale passe alors de l'artisanat à l'entreprise moderne. Ernest s'occupe de la direction commerciale de la maison tandis que Louis s'occupe de la production[6]. Ernest déploie un dépôt à Paris, 5 rue Renard, assurant ainsi un réseau commercial dynamique et fiable dans la capitale[8].

Mais le 4 mai 1888, l'usine est ravagée par les flammes déclenchées près des fours. Quinze jours après le drame, la production reprend et l'usine est reconstruite avec les dernières technologies. Lefèvre impose notamment l'utilisation de matériaux ininflammables comme l'acier.

La prospérité de l'entreprise

Réplique du phare LU de l'exposition universelle de 1900
Boîte en fer blanc contenant des biscuits LU de 1910

En 1897, très attaché à la publicité, Louis Lefèvre-Utile fait appel aux plus grands peintres pour illustrer ses affiches. Firmin Bouisset réalise le petit écolier. La fin du siècle est marquée par la création de nombreux nouveaux produits. La gamme s'enrichit en fonction de l'actualité. Louis a compris que la création était signe de succès. Ainsi, il crée des biscuits pour les grands événements comme la visite d'un chef d'État étranger en France[9]. « Neva, biscuit russe » est créé pour la visite du tsar Alexandre III à Paris en 1892. De même, la « gaufrette Iceberg » célèbre la seconde expédition en Antarctique de l'océanographe Jean-Baptiste Charcot en 1908. Enfin, une série de vignettes « Aviation » rend hommage à la traversée de la Manche par Louis Blériot en 1909[7].

C'est aussi l'époque où l'entreprise abandonne la vente en vrac et commence le conditionnement de ses produits dans des boîtes en fer blanc. Ce type d'emballage a l'avantage d'assurer une plus longue conservation et offre un support idéal pour la réclame[7].

Vue de l'ancienne usine LU de nantes devenue centre culturel Le Lieu Unique depuis le Château des ducs de Bretagne.

À la fin du XIXe siècle, l’usine, agrandie grâce à de nouveaux bâtiments et forte d’une mécanisation très poussée, produira près de 200 tonnes de biscuits supplémentaires. En 1890, la conserverie de la famille Saupiquet voisine des usines LU ferme ses portes. Elle est rachetée par Louis pour y installer ses écuries. De même, la fabrique de briquettes de charbon de la compagnie de Blanzy considérée trop polluante offre à l'entreprise LU de nouveaux batiments et de nouveaux espaces pour agrandir l'usine. En 1897, l'entreprise occupe deux hectares avec 38 fours dont 22 grands fours continus à trois lignes[10].

Lors de l'exposition universelle de 1900 à Paris, un pavillon est installé en partie sur la Seine par l'architecte Auguste Bluysen. Il fait construire à un angle une tour en forme de phare de 36 mètres de haut. Le haut du phare est constitué d'une boîte de la marque LU en circulation à l'époque. Le phare s'illumine chaque nuit avec le monogramme LU illuminé et visible depuis l'ensemble de l'exposition. La maison LU reçoit l'unique grand prix décerné à la biscuiterie française, ce qui contribuera à sa renommée nationale et internationale[11].

En 1905, c'est en pleine phase ascendante de l’économie nationale que naît Paille d’Or parmi les deux cent variétés de biscuits déjà fabriquées. C'est Louis qui conçoit la recette et donne la forme d'une botte de paille au biscuit. Il y incorpore du jus de framboise qu'il extrait des productions locales. Il fabrique également la machine qui produit le biscuit alors que ce marché est dominé par les fabricants anglais[12].

De 1904 à 1909, l'usine est en travaux afin de mettre en valeur le quartier et d'harmoniser les différents bâtiments de l'usine. La construction des deux tours, nées sous le crayon de l'architecte parisien Auguste Bluysen, remonte à cette époque: la biscuiterie LU sera la plus belle usine de Nantes. LU est alors une fabrique prospère de biscuits, qui se développe dans la ville aux côtés de sa rivale, la Biscuiterie nantaise (BN). En 1913, l'usine fabrique 6 000 tonnes par an, soit 20 T/jour et emploie 1 200 salariés.

Un ralentissement durant la première guerre mondiale

Durant la Première Guerre mondiale, l'usine est réquisitionnée pour produire du pain pour les soldats en guerre. Elle reprend rapidement son activité biscuitière mais au ralenti: les rendements sont faibles à cause de la difficulté de réapprovisionnement en matières premières et le manque de main-d'œuvre. Cette situation difficile pour l'entreprise dure jusqu'à la fin des années 1920. Pauline-Isabelle Utile, mère de Louis Lefèvre-Utile et fondatrice de la maison LU, meurt en 1922 à 62 ans laissant Louis Lefèvre-Utile dans une période de questionnement[13]. L'entreprise connaît alors une période d'immobilisme sans investissement, avec des ventes stagnantes et sans aucune modernisation[14].

En 1928, Louis Lefèvre-Utile publie un document intitulé La Loire, un programme de destruction et d'infection pour la ville de Nantes dans lequel il fait part à la municipalité de son opposition au comblement d'un bras de la Loire passant entre son usine et le château des Ducs de Bretagne pour y installer des lignes de chemin de fer. Il pense que cela défigurera la ville de Nantes et surtout l'ensemble architectural qu'est son usine face à la Loire. Cette image de l'usine est largement utilisée sur les boîtes de conditionnement des produits de la marque LU[15].

La modernisation

Les années qui vont suivre vont transformer peu à peu cette entreprise, encore artisanale, en entreprise moderne. C’est le fils de Louis Lefèvre-Utile, Michel Lefèvre-Utile qui, avec l’aide de son fils, Patrick, et grâce à la reprise de l’après guerre, fera connaître à l’entreprise sa mutation la plus importante.

En 1930, Michel Lefèvre-Utile met en place un réseau de représentants exclusif. Entre 1939 et 1945, l'usine se consacre à la fabrication de biscuits caséinés (à base d'albumine de lait) distribués dans les écoles et de pains de guerre destinés aux prisonniers[16]. En novembre 1940, Louis Lefèvre-Utile décède et cède l'activité de l'usine à son fils cadet Michel Lefèvre-Utile et ses associés Ernest Lefièvre fils et leurs beaux-frères René et Julien Binet[17].

En 1951, Patrick Lefèvre-Utile lance la première ligne de fabrication en continu de la société. L'installation de douze autres lignes suivra dans les quinze ans. Puis en 1956, la modernisation passe aussi par la création d'un nouveau logo LU par Raymond Loewy, auteur du logo Coca-Cola, qui redessine le nouveau visuel du paquet de Petit Beurre. Pour ce nouveau logo, le dessinateur reçoit l'« Eurostar for packaging »[18].

En 1960, la marque LU diminue le nombre de ses références qui passe de deux cents à soixante puis à quinze. Dans le même temps, le conditionnement devient automatique et la boîte en fer-blanc disparaît au profit du papier d'aluminium.

La politique d'alliance de LU

Paquet de Petit Beurre de la marque LU lorsqu'elle était détenue par la marque Danone

Patrick Lefèvre-Utile décide de s'ouvrir à l'exportation. Mais, le marché français est fortement concurrencé et ne le permet pas à cette époque. Pour le responsable de la marque LU, seules des alliances sont capables de modifier cette situation. En 1966, un premier projet de fusion entre BN, l'Alsacienne et Brun est abandonné. Mais en 1968, six fabricants fusionnent et créent le groupe LU-Brun & Associés. Patrick Lefèvre-Utile devient le président de ce regroupement[7], mais sa politique ne convient pas aux autres collaborateurs et la marque LU sort peu à peu de la famille Lefèvre-Utile.

En 1974, Céraliment s'empare du tiers des parts LU. Le nouveau groupe est baptisé Céraliment LU Brun et réunit 18 entreprises. Il est dirigé par Claude-Noël Martin qui continue la politique d'alliance. En 1977, Céraliment LU Brun prend le contrôle de l'important groupe belge General Biscuits Company-GBCo/Gebeco (composé des fusions-absorptions successives de De Beukelaer, Parein, Guglielmone Biscotti, Victoria, l'Alsacienne et Liga-Betterfood) et prend l'appellation de Générale Biscuit. Le groupe est introduit en bourse en 1978 et regroupe 32 entreprises. Il devient la troisième entreprise mondiale de l'industrie biscuitière et biscottière, derrière l'américain Nabisco et l'anglais United Biscuits.

En 1986, Générale Biscuit implante une usine ultra moderne sur la commune de La Haye-Fouassière pour remplacer l'ancienne usine de Nantes Quai Baco. De 1987 à 1989, la production des biscuits est transférée de l'usine de Nantes à l'usine de La Haye-Fouassière et de nouvelles lignes de production sont installées. Le personnel a du mal à surmonter ce transfert à cause de la nouvelle organisation qu'impose cette usine moderne. De nombreux anciens ouvriers sont mis à l'écart tandis que de nouveaux chefs de production les remplacent[3].

En 1987, le Groupe BSN (Boussois-Souchon-Neuvesel) rachète Générale Biscuit. En 1994, BSN change de nom pour s'internationaliser et devient Danone. En 1996, Belin rejoint LU et forment Belin-LU Biscuit France. La marque LU reste une marque importante puisque plusieurs produits de marque rachetés par Danone sont renommés sous la marque LU : ainsi en 1997, tous les biscuits Belin passent sous la marque LU. En 1999, ce sont les biscuits Vandamme qui passent sous la marque LU, puis en 2001, tous les biscuits Heudebert subissent le même sort.

Le rachat par Kraft Foods

En avril 2001, Danone annonce la fermeture de deux usines Calais et Évry sur la commune de Ris-Orangis ainsi qu'un lourd plan de licenciement dans sa filière biscuits pourtant bénéficiaire, ce qui entraîne un appel au boycott et la mise en ligne d'un site[19]. Danone poursuit en justice Olivier Malnuit, l'auteur du logo détourné, et le Réseau Voltaire qui seront chacun condamnés en première instance à payer 100 000 francs (15 000 euros) d'amende (60 000 francs (9 000 euros) de dommages et intérêts, 30 000 francs (4 500 euros) de frais de publication judiciaire et 10 000 francs (1 500 euros) de frais d'avocats) pour contrefaçon[20],[21]. Toutes ces condamnations seront annulées en appel, la Cour confirmant la supériorité de la liberté d'expression sur le droit des marques. En 2004, les sites d'Évry (Essonne) et Calais cessent définitivement leurs activités.

En 2007, le 1er juillet, le groupe Danone ouvre des discussions exclusives avec le groupe américain Kraft Foods pour une cession en fin d'année pour 3,5 milliards d'euros[22]. Le 30 novembre 2007, la société prend le contrôle de la branche biscuit du Groupe Danone pour 7,2 milliards USD (5,3 milliards d’euros), après un accord de principe signé le 2 juillet 2007.[23][24]. Alors que, deux ans auparavant, un orage de protestations avait surgi au sujet des plans d’achat de l'américain PepsiCo par une OPA hostile sur le groupe français, l’annonce conjointe de Kraft et de Danone ne rencontre pas les mêmes réactions et pour pallier une éventuelle volte-face des usines, promet aux salariés LU France de ne pas fermer d’usines françaises et de garder l’équipe dirigeante actuelle de l’ex-branche biscuits de Danone située près de Paris pendant au moins trois ans [23].

La condition ouvrière

Employés de l'usine LU en 1896

L'entreprise LU devient rapidement une grande entreprise employant jusqu'à 2 000 salariés. Louis Lefèvre-Utile a toujours voulu que son entreprise soit une entreprise familiale où les employés restent le moteur de la production mais aussi de l'innovation et du progrès. Dès le XIXe siècle, l'entreprise met en place une organisation sociale peu courante où les employés participent aux bénéfices de l'entreprise. De même côté santé, chaque employé est couvert par l'entreprise grâce à une caisse de secours. Ainsi, les congés maladie étaient rémunérés. Enfin, une caisse de retraite est en projet au début du XXe siècle[25].

Le travail n'était pas toujours facile car la chaleur des fours devenait insoutenable durant l'été. Pourtant, l'entreprise embauchait facilement notamment des pâtissiers ou boulangers qui trouvaient le travail chez LU moins pénible avec des horaires plus courts. La promotion était courante dans l'entreprise et les ouvriers pouvaient compter sur quelques primes comme la prime de chaleur, de rendement ou d'assiduité. Lors du cinquantième anniversaire de la création de la marque LU en 1896, l'entreprise offre au personnel une semaine de salaire. C'est aussi l'occasion de réaliser une photographie de l'ensemble des salariés regroupés dans le hall de l'usine quai Baco. Mais avec l'automatisation des chaînes de production, les licenciements sont de plus en plus nombreux. Aujourd'hui cet esprit d'entreprise est perpétué par la commission des anciens de LU qui se retrouve régulièrement[26].

Évolution du personnel et de la surface de l'usine LU[26]
Année Nombre d'employés Surface
1880 14 150 m²
1889 130 2 000 m²
1913 40 000 m²
1960 1 200
1967 868
1989 350

Aujourd'hui

Le Petit Beurre LU à Nantes (façade réalisée par Christophe Drouet) symbole de la marque LU

LU France est une société de la branche Biscuits de Kraft Foods, depuis 2007, rachetée au groupe Danone. La marque LU qu'elle soit sous la marque Danone ou Krafts Foods est le numéro 1 des biscuitiers français. C'est aussi le numéro 1 en Europe sur les biscuits secs, sucrés et salés[27]. Depuis son incorporation au groupe Krafts Foods, l'entreprise est devenue le leader mondial.

La société est constituée de :

En 2004, l'effectif est d'environ 3 300 salariés pour une production annuelle de près de 232 000 tonnes. Les principales marques de LU sont : Prince, Petit Écolier, Petit Déjeuner, Pépito, Belin, Heudebert, Pelletier, Grany, Taillefine, Mikado, Barquette, etc.

En 2004, le chiffre d'affaires est de 1 249 millions d'euros. En 1998, ce chiffre est de 5 milliards de francs (soit 762 millions d'euros) pour l'ensemble de la gamme LU dont 400 millions de francs de chiffre d'affaires réalisés par le produit Prince, première référence de la gamme[28].

La marque LU représentait en 1998 40% de parts de marché des biscuits sucrés de France en valeur, 36% en volume, 25% de parts de marché des produits salés pour apéritif en valeur, dont 18% en volume. Il existe 150 produits sucrés et salés référencés. La marque LU représente 94% de pénétration dans les foyers français. 3 millions d'actes d'achat de paquets de gâteaux signés LU sont référencés par jour[28].

Produits phares de la marque

  • Belin
  • Petit-Beurre
  • Granola
  • Petits Cœurs
  • Pépito
  • Prince
  • Mikado
  • La Paille d'Or
  • Thé
  • Cent Wafers

Patrimoine

LU et la publicité : un patrimoine artistique

Panneaux en céramique émaillé éxécutés pour l'exposition universelle en 1900 par Eugène Martial Simas
Publicité murale LU à Trentemoult

Jean-Romain Lefèvre et son épouse utilisent très tôt la publicité notamment sur l'emballage de leurs produits. Ils ont l'idée d'associer leurs noms avec une figurine de la Renommée, une divinité allégorique représentée par une femme ailée embouchant une trompette. Ce symbole orne tous les produits LU jusqu'en 1943[29]. Son successeur, Louis Lefèvre-Utile, comprend lui aussi très vite l’importance de la promotion pour ses produits. Il dépose officiellement le forme de la Renommée et son utilisation sur les boîtes des produits LU en 1895 après qu'il eut demandé à Eugène Quinton, un ancien élève de Cartellier, de fixer définitivement les formes de la Renommée[30].

Il a également l’idée géniale de s’adresser à de grands artistes de son temps pour valoriser ses produits et sa marque. C’est ainsi que commence une œuvre qui constitue aujourd’hui un véritable patrimoine. Alfons Mucha, Firmin Bouisset (inventeur de la fameuse effigie du Petit Écolier), Capiello, Luigi Loir et plus récemment Folon, Desclozeaux, Raymond Savignac, sont les grands artistes qui ont contribué à sa constitution. Louis Lefèvre-Utile participe activement à la création des artistes en favorisant les images provoquant la gourmandise[31]. Plusieurs célébrités vont se lier avec la marque et participer aux campagnes de publicité. Ainsi Sarah Bernhardt, Georges Feydeau, François Coppée et Anatole France parmi d'autres seront photographiés en médaillon sur des cartes peintes ventant les biscuits de la marque[32].

La plus célèbre publicité est l'affiche de Bouisset pour le petit écolier, représentant un petit écolier chromolithographié en quatorze couleurs portant au bras un panier d'osier estampillé LU et la croix de la récompense sur son tablier. Firmin Bouisset est un artiste confirmé qui expose au Salon depuis 1880. Il s'est spécialisé dans les portraits d'enfants. Le petit garçon représenté sur cette célèbre affiche est Michel le fils de Louis dont il a lui-même fait le croquis pour Bouisset. Cette publicité fut un énorme succès[33]. De même, Sarah Bernhardt s'exprimera sur le Petit Beurre : « Je ne trouve rien de meilleur qu'un Petit LU, oh si ! deux petits LU. »[34].

Mais, l'art à travers les produits LU apparait aussi sur de nombreux pignons de batiments. La photographie est aussi à l'honneur avec la création d'un laboratoire au sein des usines LU. Il est à l'origine de nombreux clichés du travail et de la vie de l'usine. De même chaque boîte est réfléchie et certaines sont uniques. Il fabrique des boîtes en fer blanc en forme de malle, de la forme du tramway nantais ou encore en forme de panier de pique-nique. Pour les biscuits Monte-Carlo, il orne les boîtes d'une roulette de casino et d'un tapis vert[35].

En septembre 1999, la « collection LU » a été transférée au château de Goulaine, à 2 km du site de production de La Haye-Fouassière. Elle rassemble près de 600 œuvres d’artistes renommés, des affiches, des objets publicitaires et du mobilier qui y sont exposés de façon permanente.

Aujourd'hui, la publicité est encore importante dans le budget de la marque LU. Elle a dépensé 290 millions de francs de budget communication en 1997, dont 90% en télévision. Cela représente 70% des investissements publicitaires des biscuits sucrés en France[28].

Les usines LU : un patrimoine architectural

Les usines LU sont un symbole de la ville de Nantes. C'est un ensemble architectural aujourd'hui en partie détruit qui se trouvait en face du château des Ducs de Bretagne au bord de la Loire jusqu'en 1974, date à laquelle une grande partie des bâtiments est détruite ainsi qu'une des deux tours LU[36]. C'est en 1885 que Louis Lefèvre-Utile achète les anciens bâtiments de la filature située au bord du fleuve sur la prairie de la Madeleine, au bord du canal Saint-Félix. Il dispose alors de 2 000 m² qu'il va rapidement agrandir pour y développer une usine à la pointe de la technologie, mais aussi un bâtiment dont l'architecture fut marquante pour l'époque[37].

En 1888, l'usine connaît un grand incendie abîmant une grande partie des installations. Mais Louis profite de cet évènement pour moderniser et rénover l'ensemble. Le long du quai Baco un portail monumental en plein cintre est édifié, signe de la volonté architectural de l'entreprise LU. Les bâtiments sont agrandis et les façades se parent de baies triples. Entre 1895 et 1899, plusieurs ateliers sont ajoutés au complexe : les ateliers de stockage, des ateliers pour les batteurs, les pétrins, les fours, etc. Ces ateliers s'organisaient autour d'une grande halle avec une grande verrière dans laquelle le service d'expédition était installé[38].

C'est à partir de 1899 que l'ensemble architectural prend forme avec l'extension de l'usine de l'autre côté de l'avenue Carnot le long du quai Ferdinand-Favre. Louis Lefèvre-Utile fait appel à l'architecte Auguste Bluysen qui crée les deux tours LU constituant une belle entrée à l'usine. Il recherche non seulement l'utilité mais aussi le beau et le majestueux pour son usine. Les deux premiers projets des tours LU proposés par Auguste sont rejetés par Louis par manque d'élégance. En 1905, le troisième projet est accepté. Il est constitué de deux tours aux fenêtres à trois baies surmontées d'un dôme ajouré lui-même surmonté d'un phare au-dessus d'une tourelle de guet. Les tours mesurent une hauteur de 38 mètres[39]. Le prolongement de l'usine sur le quai Favre permet de créer une symétrie par rapport aux deux tours LU et à l'avenue Carnot qui les traverse.

Des deux tours, décapitées dans les années 1970, seule celle de gauche a été restaurée à partir d'archives conservées par la famille Lefèvre-Utile (l'autre tour a été démolie pour céder sa place à un hôtel). La fin des travaux est effective en juin 1998, juste à temps pour marquer dans la ville l'accueil des premiers matchs de la Coupe du monde de football. Elle est ouverte au public en mai 2004. Il est également possible de visiter la tour et de découvrir la ville du haut d'une plate forme nommée le "Gyrorama"[40].

La biscuiterie LU de Nantes a été recyclée en un centre culturel, le Lieu Unique (on retrouve les initiales LU), où se trouvent un café, un restaurant, un espace d'expositions et de spectacles ainsi qu'une librairie et une boutique. Dernièrement, un hammam a été installé dans les sous-sols[41].

Notes et références

  1. a , b  et c Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, Mémoires d'une ville, Nantes, Éditions C.M.D., 110 pages, p.7
  2. Patrick Lefèvre-Utile, L'art du biscuit, Éditions Hazan, (ISBN 2-85025-428-2), p.17
  3. a , b  et c Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.8
  4. Patrick Lefèvre-Utile, p.22
  5. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.11 et 12
  6. a  et b Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.13
  7. a , b , c  et d LU DONNE LE LA... par Soazick Carré et Jean Watin-Augouard, prodimarques, la vie des marques. Consulté le 05/01/2008
  8. Patrick Lefèvre-utile, p.28
  9. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.17
  10. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.19
  11. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.23 et 25
  12. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.27
  13. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.28
  14. Patrick Lefèvre-Utile, L'Art du biscuit, 1995
  15. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.29
  16. L'épopée Lefèvre-Utile, Conseil général de la Loire-Atlantique. Consulté le 15/01/2008
  17. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.29
  18. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.77
  19. Journal Le Monde, Les « Petits LU » de Nantes redoutent que Kraft procède à un « dégraissage », le 23 juillet 2005, Par Sylvia Zappi
  20. Site je boycotte Danone
  21. Réseau voltaire
  22. Journal Le Monde, Les « Petits LU » de Nantes redoutent que Kraft procède à un « dégraissage », le 5 juillet 2007, Par Yan Gauchard avec Laetitia Clavreul
  23. a  et b No ketchup, please, 2007-07-05, The Economist. Consulté le 2007-07-17
  24. Getting better?, 2007-07-12, The Economist. Consulté le 2007-07-22
  25. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.85 et 87
  26. a  et b [pdf] Article Les petites mains de l'usine LU, magazine municipale de Nantes, n°151, janvier 2005
  27. L'histoire du vénérable Petit beurre, L'internaute.com. Consulté le 15/01/2008
  28. a , b  et c LU, Cent ans de gourmandise, Article du numéro 1042 du magazine Stratégie du 06/02/1998, Stratégies.fr. Consulté le 15/01/2008
  29. Patrick Lefèvre-utile, p.22 et 23
  30. Patrick Lefèvre-utile, p.51
  31. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.17
  32. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.28
  33. Patrick Lefèvre-utile, p.51
  34. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.75
  35. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.25
  36. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.28
  37. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.45
  38. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.53
  39. Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, p.55
  40. La tour LU, Site officiel du Lieu Unique. Consulté le 06/01/08
  41. Le Lieu, Site officiel du Lieu Unique. Consulté le 06/01/08

Voir aussi

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Liens externes

Bibliographie

  • Patrick Thibault, La Belle Histoire de LU, Collection Mémoire d'une ville : Nantes, Éditions C.M.D., 109 pages
  • Collectif, Industriel et les artistes, Lefèvre-Utile à Nantes, Éditions Memo, 3 juin 2002, (ISBN 2910391205)
  • Patrick Lefèvre-Utile, Lu, l'art du biscuit, Éditions Hazan, 8 janvier 2003, Collection Beaux Livres, 179 pages, (ISBN 2850254282)
  • Herscher-G, L'art et les biscuits : la publicite de la firme Lefèvre-Utile de 1897 à 1914, Éditions Le Chêne, 18 juin 1998, Collection Chene Anc.Fonds, 74 pages, (ISBN 2851081543)
  • Catherine Malaval et Robert Zarader, L’affaire LU : autopsie d’une crise d’un nouveau type, magazine de la communication de crise et sensible, édité par l'Observatoire international des crises (OIC), Juin 2007, (ISBN 2-916429-04-2) (Lire en ligne)
  • Jean-Louis Kerouanton, LU : une usine à Nantes, DRAC.
  • Didier Sutter, Victoria. Biscuits-chocolat. De la manufacture aux géants de l’agroalimentaire, Drukker, Paris, 2008, 480 p., (ISBN 978-2-9531043-0-1).
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