Seconde Guerre des Boers

Seconde Guerre des Boers
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Seconde Guerre des Boers
Boers à bataille de Spionkop
Boers à Spion Kop.
Informations générales
Date Du 11 octobre 1899
au 31 mai 1902
Lieu Afrique du Sud
Casus belli Raid Jameson
Issue Victoire de l'Empire britannique;
Traité de Vereeniging
Belligérants
Drapeau du Transvaal République sud-africaine du Transvaal,
Drapeau de l'Etat libre d'Orange Etat libre d'Orange
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau du Canada Canada
Commandants
Drapeau du Transvaal Paul Kruger
Drapeau du Transvaal Piet Joubert
Drapeau du Transvaal Louis Botha
Drapeau du Transvaal Jan Smuts
Drapeau du Transvaal Piet Cronje
Drapeau du Transvaal Koos de la Rey
Drapeau de l'Etat libre d'Orange Martinus Steyn
Drapeau de l'Etat libre d'Orange Christiaan de Wet
Drapeau du Royaume-Uni Lord Milner
Drapeau du Royaume-Uni Sir Redvers Buller
Drapeau du Royaume-Uni Lord Kitchener
Drapeau du Royaume-Uni Lord Roberts
Drapeau du Royaume-Uni Sir John French
Drapeau du Royaume-Uni Ian Hamilton
Pertes
6 000-8 000 morts, nombre inconnu de morts de maladie, 24 000 civils morts 6 000-7 000 morts, environ 14 000 morts de maladie
Batailles
Raid Jameson (décembre 1895 - janvier 1896)

Doornkop


Front ouest (octobre 1899 - juin 1900)
KraaipanBelmontGraspanModder RiverStormbergMagersfonteinKimberleyPaardebergPoplar GroveDriefonteinSand RiverMafekingDoornkopBiddulphsberg – Lindley – Diamond Hill


Front est (octobre 1899 - août 1900)
Talana HillElandslaagteRietfonteinBataille de LadysmithColensoSpion KopVaal KrantzSiège de LadysmithLibération de LadysmithBergendal


Raids et guérillas (mars 1900 - mai 1902)

Sanna's PostMostertshoekJammerbergdriftRoodewalBothavilleLeliefonteinNooitgedachtVlakfonteinGroenkloofElands RiverBloedrivier PoortBakenlaagteGroenkopTweeboschRooiwal

La Seconde Guerre des Boers (Néerlandais: Tweede Boerenoorlog, Afrikaans: Tweede Boereoorlog), généralement désignée comme la Guerre des Boers ou encore la Guerre d'Afrique du Sud (en dehors de l'Afrique du Sud), la Deuxième Guerre Anglo-Boer (chez de nombreux sud-africains) et en Afrikaans Boereoorlog ou Tweede Vryheidsoorlog (Deuxième Guerre de Libération), désigne le second conflit intervenu en Afrique du Sud du 11 octobre 1899 au 31 mai 1902, entre les Britanniques et les habitants des deux principales républiques boers indépendantes. Elle fait suite à la première Guerre des Boers (1880-1881).

À la fin de ce deuxième conflit, les deux républiques boers, l'Etat libre d'Orange et la république sud-africaine du Transvaal, perdirent leur indépendance et furent intégrées à l'empire britannique.

Les Boers étaient les descendants des premiers colons d'origine néerlandaise, allemande et française, arrivés en Afrique du Sud au XVIIe et XVIIIe siècles. Le terme de Boer (paysan), qui désignait principalement les habitants des républiques boers, laissera, au XXe siècle, la place à celui d'Afrikaner pour désigner l'ensemble de cette communauté blanche d'Afrique du Sud.

Sommaire

Causes de la seconde guerre des Boers

En 1887, des prospecteurs découvrirent le plus important gisement d'or au monde, situé dans le Witwatersrand (« Barrière de l'Eau Blanche »), une arête montagneuse qui s'étend de 100 kilomètres à l'est jusqu'à 50 kilomètres au sud de Pretoria. En réponse aux perspectives de profit que tous envisageaient suite à une telle découverte, le président du Transvaal Paul Kruger fit cette remarque prémonitoire : « Au lieu de vous réjouir, vous feriez mieux de pleurer, car cet or imbibera notre pays de sang ».

Avec la découverte d'or au Transvaal, des milliers de colons britanniques arrivèrent de la Colonie du Cap. Johannesburg devint une ville champignon pratiquement du jour au lendemain, au fur et à mesure de l'installation des uitlanders (mot néerlandais signifiant étranger, désignant les Britanniques venant s'installer dans le Transvaal) près des mines. Les uitlanders dépassèrent rapidement en nombre les Boers sur le gisement, bien que restant une minorité dans le Transvaal lui-même. Les Boers, agacés par la présence des uitlanders, leur refusèrent le droit de vote et taxèrent lourdement l'industrie aurifère. En réponse, les uitlanders exercèrent une pression sur les autorités britanniques, en vue d'obtenir le renversement du gouvernement boer. En 1895, Cecil Rhodes appuya une tentative de coup d'État par une action militaire, le raid Jameson, qui échouera suite à la bataille de Doornkop.

Le plan de Rhodes consistait à simuler une révolte des uitlanders qui se jugeraient mis à l'écart des affaires politiques par les Boers. Les Britanniques interviendraient alors pour éviter une guerre civile et en profiteraient pour placer les territoires boers sous leur autorité. L'échec de cette tentative de gagner des droits pour les citoyens britanniques fut utilisé pour justifier une opération militaire majeure à partir du Cap, d'autant que le chemin de fer envisagé par Cecil Rhodes entre Le Cap et Le Caire devait nécessairement traverser le territoire des Boers. Plusieurs autres dirigeants coloniaux britanniques se prononcèrent en faveur de l'annexion des républiques boers. Parmi ces dirigeants, le gouverneur de la Colonie du Cap, Sir Alfred Milner, le ministre des Colonies Joseph Chamberlain et les dirigeants d'associations de prospecteurs (les gold bugs) tels que Alfred Beit, Barney Barnato et Lionel Phillips. Mais Kruger est au courant du complot et mobilise ses kommandos. Rhodes decide alors de mettre fin à son projet mais Jameson le maintient malgré le désaccord de son commandant et est encerclé le 1er janvier 1896 à Krugersdorp. Sûrs que les Boers seraient rapidement vaincus, ils tentèrent de précipiter la guerre.

Le meurtre de l' uitlander Tom Edgar en décembre 1898 par un des membres de la police du Transvaal suite à une bagarre fut monté en épingle et déboucha finalement sur des pétitions demandant l'intervention de la Grande-Bretagne pour protéger les Britanniques présents au Transvaal. Le président Marthinus Steyn de l'État libre d'Orange invita Milner et Kruger à une conférence à Bloemfontein, qui débuta le 30 mai 1899, mais les négociations furent rapidement interrompues. Kruger déclara notamment au cours de cette conférence aux Britanniques intraitables « C'est notre pays que vous voulez ». En septembre 1899, Chamberlain envoya un ultimatum exigeant la complète égalité de droits pour les citoyens britanniques résidant au Transvaal. Les conditions demandées par les Britanniques se révélaient inacceptables pour les Boers, les Uitlanders étant en nombre tel au Transvaal que le droit de vote donné à ces personnes menaçait à terme l'existence même de la nation boer.

Le 9 octobre 1899, Kruger pressentant que la guerre était inévitable, lança son propre ultimatum avant même d'avoir reçu celui de Chamberlain. Il donnait 48 heures aux Britanniques pour évacuer leurs troupes des frontières du Transvaal, ou la guerre leur serait déclarée en accord avec leur allié, l'État libre d'Orange.

La première phase : l'offensive des Boers - octobre 1899 à janvier 1900

Contingent canadien défilant à Québec en 1899 avant de partir à la guerre.

La guerre fut déclarée le 11 octobre 1899, et les Boers attaquèrent les premiers en envahissant la Colonie du Cap et la Colonie du Natal entre octobre 1899 et janvier 1900. La première bataille se tint à Talana Hill, et se conclut par une victoire illusoire des Britanniques. Il s'ensuivit quelques succès militaires des Boers contre le général Redvers Buller.

Les Britanniques croyant mettre fin à cette guerre rapidement, vont se laisser surprendre par les premières attaques boers. Trop peu nombreux, trop isolés, mal commandés, ils trouvent face à eux d'excellents cavaliers qui connaissent parfaitement le terrain et font régulièrement preuve d'imagination et innovation tactique. De plus, les Boers sont aidés par l'Allemagne de Guillaume II, qui les soutient et leur a fourni des armes. Ils assiégèrent ainsi les villes de Dundee, Ladysmith, Mafeking (défendue par des troupes sous les ordres de Robert Baden-Powell), et Kimberley.

Hôtel de ville de Ladysmith en 1900 durant le siège de la ville

Les sièges causèrent d'importantes pertes humaines parmi les défenseurs et les civils dans les villes de Mafeking, Ladysmith et Kimberley quand la nourriture commença à se faire rare après quelques semaines. À Mafeking, Sol Plaatje écrivit, « J'ai vu de la viande de cheval pour la première fois traitée comme de la nourriture ».

Les villes assiégées subirent également des tirs d'artillerie nourris, rendant les rues dangereuses à traverser. À la fin du siège de Kimberley, supposant une intensification des bombardements, une annonce fut faite, encourageant la population à se réfugier dans les mines pour se protéger. La population paniqua, et les gens s'engouffrèrent pendant 12 heures dans les mines. Les bombardements n'eurent jamais lieu - ce qui ne réduisit en rien la détresse éprouvée par les civils.

Sur le front est, après avoir mis le siège autour de Dundee puis Ladysmith, Botha et Joubert décidèrent d'un raid vers le sud, qui fut mené du 9 au 30 novembre. Divers engagements furent menés, dont le principal fut la bataille de Willow Grange le 21. Ils capturèrent notamment le jeune Winston Churchill au cours d'une attaque de train le 15 novembre. Mais ils décidèrent finalement de reprendre leurs positions plutôt que de continuer jusqu'à Durban. Une grave chute de cheval de Joubert précipita sa décision de retraite, le commandement du front étant désormais dévolu à Botha.

La carte politique de la Région au début de la guerre : la République sud-africaine du Transvaal (vert), l'Etat libre d'Orange (orange), la Colonie du Cap (bleu), et le Natal (rouge)

À la mi-décembre, au cours d'une période connue sous le nom de Semaine noire, du 10 au 15 décembre 1899, les Britanniques subirent de nombreuses pertes à Magersfontein, Stormberg, et Colenso.

À Magersfontein, le commandant boer Koos de la Rey, élabora un plan pour creuser des tranchées devant une colline et non pas dessus, pour à la fois tromper les Britanniques et donner à ses hommes un meilleur angle de tir. Son plan fonctionna parfaitement et ils défirent les Britanniques arrivés de nuit qui laissèrent près de 1 000 hommes sur le terrain - qui ne purent par conséquent pas s'en prendre à Kimberley et Mafeking.

La deuxième phase : l'offensive britannique - janvier 1900 à septembre 1900

Après encore une nouvelle défaite dans leur tentative de briser le siège de Ladysmith lors de la bataille de Spion Kop, les troupes britanniques, commandées par Lord Roberts ne reprirent l'initiative qu'avec l'arrivée de renforts le 4 février 1900. Ces hommes provenaient pour la plupart d'un régiment de soldats volontaires financé par la ville de Londres (City Imperial Volunteers). En effet les échos de la guerre étaient retentissants dans la capitale anglaise, où il y avait un engouement de la population qui se sentait très concernée. Le siège de Ladysmith fut finalement levé le 28 février.

Georges de Villebois-Mareuil rejoignit les Boers au Transvaal, et commanda la légion des étrangers qui participèrent à la guerre contre les Britanniques. Il est nommé général par le président Paul Kruger en mars 1900 mais au Boshof, le 5 avril 1900, le petit détachement qu'il commande est encerclé et exterminé par les Britanniques.

Boers en campagne

Sur le front ouest, après la levée du siège de Kimberley, qui fut à l'origine de célébrations au Royaume-Uni qui débouchèrent sur des émeutes, les Britanniques parvinrent à forcer la reddition du Général Piet Cronje et de 4 000 de ses combattants après la bataille de Paardeberg le 27 février, et à affaiblir le reste des troupes boers. Ils avancèrent alors au cœur des deux républiques, prenant la capitale de l'État libre d'Orange, Bloemfontein le 13 mars et la capitale du Transvaal, Pretoria, le 5 juin. Johannesburg fut prise le 31 mai, le commandant boer Fritz Krause ayant négocié le départ de ses troupes contre la remise intacte des mines d'or à Lord Roberts. Le siège de Mafeking fut levé le 17 mai. L'essentiel de l'armée orangiste, commandée par le Général Martinus Prinsloo, se rendit cependant vers la fin juillet, piégée aux environs de Brandriver Basin, aux confins de l'Etat libre d'Orange, du Transvaal et du Basutoland. Christiaan De Wet parvint malgré tout à rejoindre le Transvaal avec 2 000 hommes et 400 chariots. Ils parvinrent à échapper aux 2 500 hommes de Lord Kitchener à leur poursuite au début août dans les environs de Pretoria en abandonnant prisonniers et chariots[1].

De nombreux observateurs britanniques pensaient la guerre terminée après la capture des deux capitales. Mais dès le 17 mars, les Boers se réunirent en Krijgsraat (Conseil de guerre) en une nouvelle capitale orangiste, Kroonstad, et Christiaan de Wet proposa une stratégie inédite de guérilla à Piet Joubert :

  • congé laissé aux hommes des kommandos jusqu'au 25 mars. Tous ne reviendraient pas , mais bien les plus motivés, ce qui permettrait de disposer d'une force d'élite ;
  • accroître la mobilité des armées en abandonnant les chariots ;
  • étant donné la grande supériorité numérique des Britanniques, abandonner les batailles régulières pour des raids, ainsi qu'il en avait été pour les 180 chariots capturés à Waterval Drift le 15 février en marge de la bataille de Paardeberg.

Cette stratégie fut acceptée par les généraux boers, mais Joubert s'étonna du « congé » donné aux combattants boers : « Vous m'expliquez que vous allez donner un coup de main aux Anglais en envoyant vos hommes en vacances ? ». « Je ne peux attraper un lièvre, Général, avec des chiens fatigués », lui répondit De Wet[2]. Piet Joubert mourut 10 jours plus tard, et Botha prit le commandement militaire du Transvaal.

La première attaque de ce type eut lieu à Sanna's Post le 31 mars, peu après la prise de Bloemfontein, avec pour objectif l'approvisionnement en eau de la ville occupée et en proie à une épidémie de fièvre typhoïde. La dernière bataille régulière se tint en revanche à Bergendal le 27 août face à la dernière grande armée boer, sous les ordres de Louis Botha.

La troisième phase : la guerre de guérilla - septembre 1900 à mai 1902

Un blockhaus près de Wolseley en Afrique du Sud. Ces constructions avaient pour vocation la surveillance des voies de communication contre les raids boers.

La guérilla boer commença à attaquer les chemins de fer et les lignes télégraphiques de l'armée britannique. Leur nouvelle tactique changea la physionomie de la guerre et rendit les formations militaires britanniques traditionnelles inefficaces.

Le nouveau dirigeant de l'armée britannique, Lord Kitchener, réagit en construisant des postes fortifiés, des petites constructions de pierre entourées de fils barbelés, afin de protéger les voies de chemin de fer. Puis il décida d'étendre ce dispositif afin de tisser une toile à travers le veld pour réduire les mouvements des groupes de guérilla en de petites zones où ils pouvaient être battus. Des fils de fer barbelés étaient tirés jusqu'au poste fortifié suivant, distant d'environ 1 000 yards. Ces clôtures étaient agrémentées de cloches, de boîtes de conserve et d'autres matériaux bruyants, et parfois de fusils chargés en direction des fils pour servir d'alarme.

Entre janvier 1901 et la fin de la guerre, environ 8 000 postes fortifiés composaient cette toile de près de 6 000 kilomètres. Chaque poste fortifié était tenu par un sous-officier et six autres soldats, avec un lieutenant commandant trois ou quatre postes fortifiés. Les Britanniques avaient environ 450 000 hommes (Britanniques et troupes coloniales) stationnés dans la région.

Les postes fortifiés permirent en effet de réduire les mouvements des guérillas, mais ne pouvaient à eux seuls les battre. Kitchener forma de nouveaux régiments de troupes irrégulières de cavalerie légère, y compris des carabiniers Bushveldt, qui parcoururent les territoires contrôlés par les Boers, traquant les groupes de combattants.

La politique de terre brulée pratiquée contre les fermes des Boers par les soldats britanniques

En mars, il adopta une stratégie systématique de la terre brûlée, initiée un an plus tôt sur le front ouest (Buller y était alors opposé), et se mit à vider les campagnes de tout ce qui pouvait être utile aux guérillas boers. Il faisait saisir les stocks de vivres, brûler les récoltes et les fermes et évacua les familles qui vivaient là vers des camps de concentration. Mais dès octobre 1900, les Généraux boers s'étaient retrouvés à Cypherfontein (à mi-chemin entre Mafeking et Prétoria), et décidèrent de raids dans la colonie du Cap dont les Britanniques ne pourraient brûler fermes et récoltes. Ils pensaient pouvoir susciter de nouvelles rebellions, telle celle déclenchée à Prieska, les campagnes de la Colonie du cap étant majoritairement peuplée d'Afrikaners. Attaquer les mines des environs de Johannesburg fut également envisagé.

La stratégie britannique mena à la destruction d'environ 30 000 fermes et d'une quarantaine de petites villes. En tout, 116 572 Boers furent envoyés dans des camps, soit à peu près un quart de la population, auxquels s'ajoutaient encore quelque 120 000 Africains noirs.

Ces nouvelles tactiques de combat brisèrent rapidement le moral et les lignes de ravitaillement des combattants boers. En décembre 1901, de nombreux camps furent vidés, et nombre des libérés rejoignirent deux nouveaux régiments combattant aux côtés des Britanniques, les Transvaal National Scouts (Éclaireurs Nationaux du Transvaal) et les Orange River Volunteers (Volontaires de la Rivière Orange), pour aider à mettre fin à la guerre. Piet de Wet notamment, le frère de Christiaan, combattit au sein des Transvaal National Scouts durant les derniers mois de la guerre. Certains, tels Fritz Joubert Duquesne, profitèrent aussi de ces recrutements pour continuer le combat en tant qu'espions.

Transvaal occidental

Herbert Horatio Kitchener de Karthoum

Les commandos boers du Transvaal occidental furent particulièrement actifs après septembre 1901. Plusieurs batailles importantes se tinrent entre septembre 1901 et mars 1902. À Moedwil le 30 septembre, et également à Driefontein le 24 octobre, les forces du Général Koos de la Rey attaquèrent les Britanniques, mais ils durent se retirer devant la résistance britannique.

S'ensuivit une période relativement calme dans le Transvaal occidental. La bataille d'importance suivante dans la région se déroula en février 1902. Le 25 février, Koos de la Rey attaqua une colonne britannique commandée par le lieutenant-colonel S. B. Von Donop à Ysterspruit près de Wolmaransstad. Koos de la Rey réussit à capturer de nombreux hommes ainsi que des stocks de munitions. L'attaque boer força Lord Methuen, le second du commandant en chef Lord Kitchener, à déplacer ses forces de Vryburg jusqu'à Klerksdorp pour affronter Koos de la Rey. Le matin du 7 mars 1902, les Boers attaquèrent l'arrière garde de la colonne de Methuen à Tweebosch. La confusion gagna les Britanniques et Methuen fut blessé et capturé par les Boers.

Les victoires boers dans la région conduisirent à un renforcement des forces britanniques. À la mi-mars, Ian Hamilton arriva avec des forces considérables. L'opportunité recherchée par les Britannique arriva le 11 avril au cours de la bataille de Rooiwal, lorsqu'un commando dirigé par le Général Kemp et le Commandant Potgeiter attaquèrent une force britannique supérieure en nombre dirigée par Kekewich. Les soldats britanniques étaient bien positionnés à flanc d'une colline, et infligèrent de solides pertes à une charge des Boers montés sur leurs chevaux. Ce fut la fin de la guerre dans le Transvaal occidental et la dernière bataille majeure de la guerre.

Transvaal oriental

Louis Botha

Deux forces boers étaient actives dans cette région montagneuse : celle de Louis Botha au sud-est et celle de Ben Viljoen au nord-est dans les environs de Lydenburg (et notamment Pilgrim's Rest). Les forces de Botha furent les plus dynamiques, attaquant les chemins de fer et les convois britanniques d'approvisionnement, et montèrent même une nouvelle invasion du Natal en septembre 1901. Après avoir battu l'infanterie britannique au cours de la bataille de Bloed Rivier Poort près de Dundee, Botha dut se retirer, les fortes pluies rendant les mouvements difficiles et affaiblissant les chevaux. De retour au Transvaal aux environs de Vryheid, Botha attaqua une force britannique à Bakenlaagte en charge montée. Une des meilleures unités britanniques fut détruite à cette occasion. Ce qui fit de Botha la cible numéro un des colonnes britanniques toujours plus nombreuses, et utilisant de nombreux éclaireurs. Botha dût abandonner le haut-veld et se retira vers une enclave proche de la frontière du Swaziland.

Au nord, Ben Viljoen était moins actif. Il lança comparativement moins d'attaques, et finit par se retrouver confiné dans les environs de Lydenburg. Il fut finalement capturé par les Britanniques.

État libre d'Orange

Christiaan de Wet fut considéré comme le meilleur dirigeant des guérillas boers. Il parvint à de nombreuses occasions à échapper aux pièges tendus par les Britanniques, et participa aux négociations menant à la fin de la guerre.

Alors que les Britanniques avaient occupé Pretoria, les combattants boers de l'État libre d'Orange se retirèrent vers le nord-est de la république dans une zone fertile connue sous le nom de Brandwater Basin. Ce qui leur offrit un sanctuaire temporaire, car les Britanniques s'emparèrent rapidement du col de montagne qui donnait accès à la région, piégeant ainsi les Boers. Une armée menée par le Général Archibald Hunter venu de Bloemfontein obtint la redditions des forces boers fin juillet 1900. Les meilleurs combattants boers, menés par Christiaan de Wet, en compagnie du Président Steyn, parvinrent cependant à s'échapper. Ceux qui restèrent piégés se rendirent dans la confusion. 4.500 hommes se livrèrent progressivement aux Britanniques, qui s'emparèrent ainsi d'importants équipements. Mais cette prise eut peu de conséquences, et les meilleurs et plus déterminés combattants boers restaient libres.

Depuis le Basin, de Wet se dirigea vers l'ouest. Pourchassé par les colonnes britanniques, il parvint à passer la rivière Vaal et pénétra dans le Transvaal occidental, pour permettre à Steyn de rencontrer les autres dirigeants boers du Transvaal. De retour dans l'État libre d'Orange, De Wet organisa une série d'attaques victorieuses dans l'ouest de la république, mais subit une défaite importante à Bothaville en novembre 1900. De nombreux Boers qui étaient retournés dans leur ferme, avec une éventuelle allégeance formelle aux Britanniques, retournèrent parfois au combat. Fin janvier 1901, De Wet lança une nouvelle invasion de la Colonie du Cap. Cette tentative fut peu fructueuse, car les combattants Boers ne parvinrent pas à soulever une rébellion parmi la population boer locale, et furent pourchassés incessamment par les Britanniques sous des conditions météorologiques épouvantables, et avec peu d'équipement. Ils s'échappèrent finalement en traversant la rivière Orange.

Dès lors et jusqu'à la fin de le guerre, De Wet fut relativement peu actif, notamment parce que la politique de la terre brûlée menée par les Britanniques limitait leurs mouvements. Fin 1901, De Wet parvint à isoler un détachement britannique à Groenkop, leur infligeant une solide défaite. Ce qui décida Kitchener à lancer la première poursuite nouveau modèle contre lui. De Wet parvint à s'échapper, mais perdit 300 hommes. Ce fut une lourde perte, mais les tentative suivantes de piéger De Wet dans le système de lignes de blockhaus furent maladroitement menées et il réussit chaque fois à s'échapper.

Colonie du Cap

Arrivée à Graaff Reinet de Lotter après sa capture

En certaines parties de la Colonie du Cap, en particulier de la région des Midlands à l'est où les Boers formaient la majorité de la population, les Britanniques avaient toujours craint une rébellion d'importance. Une telle rébellion ne se produisit pas, même dans les premiers jours de la guerre lorsque des kommandos traversèrent le fleuve Orange. Les stratégies prudentes des vieux généraux boers de l'État libre d'Orange décourageaient les initiatives des colons boers en ce sens. Il y eut cependant toujours une sympathie pro-boer.

Après son échappée en traversant la rivière Orange en mars 1901, de Wet avait laissé des forces sous le commandement des rebelles du Cap de Kritzinger et Scheppers pour maintenir une campagne de guérilla dans les Midlands. Cette campagne fut l'un des derniers terrain d'affrontements chevaleresque, avec des intimidations de part et d'autre auprès des civils sympathisants. Au cours de l'une des nombreuses escarmouches, le petit kommando du Commandant Lotter fut pris en chasse par une force britannique en nombre largement supérieur, et anéanti lors de la bataille de Groenkloof. Plusieurs rebelles capturés, dont Scheepers lui-même (à ce moment atteint d'une crise d'appendicite) et Lotter, furent exécutés pour trahison ou crimes dont le meurtre de prisonniers ou de civils désarmés. Certaines exécutions se déroulèrent en public, pour servir d'exemple. Comme la Colonie du Cap faisait partie du territoire de l'Empire, il fut interdit aux armées britanniques de brûler les fermes et de déporter les populations en camps de concentration.

De nouvelles troupes boers sous commandement de Jan Christiaan Smuts, rejointes par les rebelles survivants de Kritzinger, lança une nouvelle attaque sur la colonie en septembre 1901. Ils furent harcelés par les colonnes britanniques, mais parvinrent régulièrement à leur échapper comme lors de la bataille d'Elands River où ils s'emparèrent d'équipement britannique. Jusqu'à la fin de la guerre, Smuts augmenta ses effectifs qui totalisèrent jusqu'à 3 000 hommes. Cependant, il n'y eut pas de soulèvement général dans la colonie, et la situation n'évolua pas en faveur des insurgés.

L'intervention du Canada

Au cours de la guerre, les colons firent appel aux forces de l'Empire britannique, et le Canada fut alors sollicité. 7000 à 8000 hommes et 16 infirmières participèrent au conflit. 200 à 300 morts furent enregistrés[3]. Cette guerre fut un événement de première importance pour les Canadiens[4].

Cette guerre fut l'occasion pour Laurier de prouver sa fidélité à l'Empire. Bien que les élites et la presse canadiennes-françaises s'y opposèrent fermement au départ, ils se rangèrent néanmoins derrière le premier ministre Wilfrid Laurier. En invoquant la justesse de la cause sur le plan des droits humains fondamentaux, en promettant de n'envoyer que des volontaires et en assurant que la participation du Canada à cette guerre ne constituait pas un précédent pour sa participation à des guerres ultérieures, Laurier réussit à rallier la majeure partie de la population francophone, opposée à la guerre et sympathique à la cause de la population boer. Ils attendaient la décision de Laurier, et ils l'ont acceptée. Certaines élites, dont des dirigeants politiques, militaires, religieux, économiques et intellectuels du Québec l'appuyèrent même vigoureusement. Bien que l'opposition d'Henri Bourassa demeure le plus célèbre signe d'opposition à Laurier et à la guerre – quoique seulement 10 Canadiens français sur 70 appuient sa proposition voulant que ce soit le Parlement canadien qui décide désormais des futures interventions militaires du Canada – une analyse de la presse canadienne-française de l'époque fait état d'une acceptation étonnante de la décision d'Ottawa à l'automne 1899 : au total, de septembre à décembre 1899, La presse publie 35 articles favorables aux Britanniques, contre 7 défavorables. Par contre, devant les attaques répétées des jingos canadiens-anglais, qui qualifiaient de trahison la relative indifférence des Canadiens français pour cette guerre lointaine, l'appui de ces derniers pour la guerre diminua substantiellement, et on garde aujourd'hui davantage le souvenir de l'opposition des Canadiens français à la guerre, en oubliant le fait qu'ils s'étaient majoritairement rangés derrière la décision du premier ministre Laurier[5].

Les camps de concentration

Camp de concentration boer vers 1900

À la base, les camps de concentration étaient destinés à interner les familles boers dont les fermes avaient été détruites lors de l’application de la « politique de terre brûlées » faite par les troupes britanniques. Il y eut au total 45 camps de tentes construits pour enfermer ces civils ainsi que 64 autres pour les Noirs (garçons de fermes, bergers, etc.) qui avaient vécu auprès des Boers.

Les camps de Boers abritaient essentiellement des personnes âgées, des femmes et des enfants pour un total d'environ 120 000 personnes. 25 630 d'entre eux furent déportés à l'étranger.

Lizzie van Zyl, enfant boer internée et morte dans le camp de concentration de Bloemfontein

Les conditions de vie dans ces camps étaient particulièrement insalubres et les rations alimentaires réduites. Les épouses et les enfants de soldats combattants se voyaient de plus imposées de plus faibles rations. Le régime alimentaire pauvre et le manque d'hygiène furent à l'origine de l'apparition de maladies contagieuses telles la rougeole, la fièvre typhoïde et la dysenterie. Combinée avec des manques en matériel et fournitures médicales, la situation provoqua de nombreux décès — un rapport postérieur à la guerre estima à 27 927 le nombre de Boers morts (desquels 22 074 enfants de moins de 16 ans) et 14 154 noirs, morts de famine, de maladies et d'exposition au soleil. En tout, environ 25 % des Boers et 12 % des Noirs moururent (des recherches récentes suggèrent une sous-estimation des pertes africaines, qui se monteraient en fait à environ 20 000 victimes). Même après avoir été forcés d'évacuer les territoires boers, les Noirs ne furent pas considérés comme hostiles aux Britanniques et servirent de main d'œuvre salariée. Des camps de détentions furent également installés aux Bermudes, en Inde, à Sainte-Hélène et à Ceylan[6].

Une déléguée du Fonds sud-africain pour la détresse des femmes et des enfants, Emily Hobhouse fit beaucoup pour les détenus à leur retour du Royaume-Uni, après avoir visité des camps dans l'État libre d'Orange. Son rapport de quinze pages suscita l'indignation, et conduisit à l'envoi d'une commission gouvernementale, la Commission Fawcett, qui visita les camps d'août à décembre 1901 et confirma les faits mentionnés dans le rapport. La commission fut extrêmement critique à l'égard des camps et formula de nombreuses recommandations, telles que l'amélioration du régime alimentaire et des équipements médicaux.

En février 1902, le taux de mortalité annuel tomba de 6,9 % à 2 %.

La fin de la guerre

En tout, la guerre coûta environ 75 000 vies — 22 000 soldats britanniques (7 792 au cours d'affrontements, 14 000 de maladies dont 8 000 de typhoïde, 5 774 de blessures et d'accidents[7]), 4 000[7] à 7 000 soldats boers, 20 000 à 28 000 civils boers et sans doute 20 000 Noirs. Les derniers Boers se rendirent en mai 1902 et la guerre se termina officiellement avec le Traité de Vereeniging le même mois. Les Anglais durent verser 3 millions de livres sterling en compensation, et la promesse d'un gouvernement local indépendant. L'Union de l'Afrique du Sud vit le jour en 1910[8]. Mais le traité avalisait la fin de l'existence du Transvaal et de l'État libre d'Orange en tant que républiques Boer et les plaça sous contrôle de l'Empire britannique.

Les Boers évoquent ces guerres sous le terme de Guerre de la liberté (en langue Afrikaans : Eerste en Tweede Vryheidsoorlog).

Chronologie

Commandos boers armés de canons britanniques

Annexes

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Bibliographie

  • Farwell, Byron (1976). The Great Anglo-Boer War. New York: Harper and Row.
  • Gordon, April A.; Gordon, Donald L., eds. (2001). Understanding Contemporary Africa. 3rd ed. Boulder, Colorado: Lynne Rienner.
  • Harrison, David (1981). The White Tribe of Africa. Los Angeles: University of California Press.
  • Pakenham, Thomas (1979). The Boer War. New York: Random House.
  • Plaatje, Sol T. (1990). Mafeking Diary: A Black Man's View of a White Man's War. Cambridge: Meridor Books.
  • Bernard Lugan. La guerre des Boers, 1899-1902, éd. Perrin, 1998
  • Bernard Lugan. Villebois-Mareuil, le La Fayette de l'Afrique du Sud, éd. du Rocher, 1990
  • Bernard Lugan. Robert de Kersauson: le dernier commando boer, éd. du Rocher, 1989

Notes et références

  1. Pakenham, Thomas (1979). The Boer War. New York: Random House, (ISBN 0380720019), p.450
  2. Pakenham, Thomas. The Boer War. Johannesburg & Cape Town: Jonathan Ball Publishers, 1997 (2nd edition). ISBN 1-86842-037-X
  3. Archives Canada: Guerre des Boers - De colonie à pays
  4. Annuaire statistique du Canada, éditions de 1899, 1902 et 1903.
  5. John MacFarlane,« La longue marche de l'Afrique du Sud : en mémoire des Canadiens français qui ont participé à la première intervention militaire du Canada au XXe siècle », Ministère de la défense nationale
  6. François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 2020480034), p.326-327
  7. a et b François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 2020480034), p.326
  8. The Boer War

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