Francois Darlan

Francois Darlan

François Darlan

François Darlan
Naissance 7 août 1881
Nérac
Décès 24 décembre 1942 61 ans)
Alger
Origine Français
Allégeance Flag of France.svg République française
Flag of France.svg État français
Arme Flag of France.svg Marine nationale
Grade Amiral de la flotte
Service 1901 - 1942
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d’armes Opération Torch
Autres fonctions Vice-prédident du conseil (1941 - 1942)

Jean Louis Xavier François Darlan (7 août 1881 à Nérac, Lot-et-Garonne - 24 décembre 1942 à Alger) est un amiral et homme politique français.

Chef de la Marine française au début de la Seconde Guerre mondiale, il est ministre de la Marine du premier gouvernement du maréchal Pétain puis en février 1941 chef du gouvernement du gouvernement de Vichy où il s'implique dans la politique de collaboration du régime avec l'Allemagne nazie. Remplacé par Pierre Laval en avril 1942, il reste commandant en chef des forces de Vichy. Présent à Alger lors du débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942, il se rallie avec réticences et hésitations aux Alliés. Il est assassiné en décembre 1942.

Sommaire

La carrière initiale de Darlan

Né à Nérac dans le Lot-et-Garonne, il est le fils de Jean-Baptiste Darlan, un député radical-socialiste qui avait été garde des Sceaux dans le gouvernement de Jules Méline. Entré à l'École navale en 1899, il en sort en 1901 et part servir en 1902 en Extrême-Orient. Commandant d'une batterie de canonniers pendant la Première Guerre mondiale, il bénéficie de la protection d'un ami de son père, Georges Leygues, longtemps ministre de la Marine sous la Troisième République , dont il est chef adjoint puis chef du cabinet militaire presque sans interruption de 1926 à 1934.

Il montre d'abord une sensibilité de centre-gauche par héritage familial et par ses passages dans les cabinets de Georges Leygues et d'Albert Sarraut. Il connaît un avancement rapide : contre-amiral en 1929, vice-amiral en 1932. Au lendemain de l'avènement du Front populaire, ses attaches avec le milieu du centre-gauche le désignent comme candidat aux fonctions de Chef d'État-Major général. Le 6 juin 1939 il est fait Amiral de la Flotte, un titre créé pour lui.

Agnostique, Darlan est attaché aux valeurs de laïcité, de petite propriété, de patriotisme et de morale.

Dans les conférences internationales de l'entre-deux-guerres, Darlan défend vigoureusement le droit pour la France de disposer d'une flotte puissante face aux prétentions des Britanniques.

Au cours de sa carrière, Darlan fait construire de nouvelles unités navales et en profite, à l'occasion des nominations qui en découlent, pour tisser un réseau de relations, composé d'officiers de Marine dont il favorise l'avancement (les proches sont appelés « ADD », c'est-à-dire « Amis de Darlan », ceux du sérail « ADF », « Amis de François »). En 1939, grâce à Darlan, la France possède l'une des plus puissantes marines de son Histoire (même si elle manque de moyens aéronavals). La flotte française est la 4e du monde (derrière celles de la Grande-Bretagne, des États-Unis et du Japon). Visitant le QG de Darlan durant la drôle de guerre, le maréchal Pétain, reçu avec des égards extrêmes, s'écrie : « Enfin quelque chose qui marche ! »[réf. nécessaire].

L'armistice et le régime de Vichy

En juin 1940, après une phase d'hésitation, Darlan soutient la demande d'armistice. Par la suite, très choqué par l'agression britannique de Mers el-Kébir, il s'estime trahi par ses anciens compagnons d'armes anglais, et voudrait que la France déclare la guerre à la Grande-Bretagne. Pétain réussit à le calmer, et à obtenir que les représailles françaises soient purement symboliques et le Conseil des ministres, Albert Lebrun en tête, se prononce pour la rupture des relations diplomatiques. Il devient ministre des Marines marchande et militaire du premier gouvernement Pétain, puis du gouvernement de Vichy. Le 10 février 1941, il succède à Pierre-Étienne Flandin comme chef du Gouvernement. Il devient le successeur désigné du maréchal Pétain par l’acte constitutionnel 4 quater du même jour. Darlan dirige le gouvernement jusqu’en avril 1942, jour où il doit démissionner sous la pression d’Adolf Hitler, qui souhaite voir Pierre Laval reprendre sa place, mais reste successeur désigné du chef de l’État et devient commandant en chef des forces françaises.

La Collaboration

La nouvelle Marine française va se trouver à la base de la politique de collaboration menée en grande partie à l’initiative de Darlan, à la suite de sa nomination comme vice-président du Conseil. Cette politique constitue l'application militaire de la politique de collaboration fixée publiquement par Pétain, le 30 octobre 1940, au lendemain de l'entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler.

Darlan, en échange de la collaboration économique et militaire avec l'Allemagne, espère obtenir une refonte de l’armistice. Pour lui, la guerre devrait à la longue être épuisante pour le Royaume-Uni, et celui-ci devrait finalement abandonner l'Europe continentale aux Allemands. La France pourrait alors jouer le rôle de médiatrice. La France serait, selon lui, appelée à vivre longtemps encore sous la domination allemande. Aussi ne devrait-elle pas s'en tenir aux clauses de l'armistice qui la ferait perdre sur tous les tableaux. La collaboration avec l'Allemagne est, pour lui, la moins mauvaise solution. Il espère en outre jouer un rôle important à la tête de la Marine européenne, dans l'Europe de l'Ordre nouveau, où la France deviendrait la seconde grande puissance navale après l'Allemagne. Il sous-estime cependant la méfiance d'Hitler vis-à-vis de la France.

Lors du coup d’État anti-britannique de Rachid Ali en Irak, le 3 avril 1941, alors que l'Angleterre semble affaiblie, Darlan escompte pouvoir obtenir la réduction des contraintes résultant de l’armistice, en échange de la livraison à l'Allemagne d'une base aérienne en Syrie-Liban et de stocks d'armes des forces françaises du Levant à ses alliés irakiens anti-britanniques. À cet effet, il rend visite à Hitler à Berchtesgaden au début de mai 1941. Après quoi, le 14 mai, il plaide devant le Conseil des ministres pour une collaboration élargie.

Les Protocoles de Paris sont signés le 28 mai 1941 par Darlan et Abetz. Par anticipation sur ces accords, et avec l'approbation active de Pétain, qui en adresse directement l'ordre au général Dentz, une base a été livrée à la Luftwaffe à Alep en Syrie, tandis que des véhicules, de l'artillerie et des munitions sont cédés aux Allemands, en Afrique du Nord, ainsi qu'en Syrie, aux Irakiens en lutte contre le Royaume-Uni.

Les autres protocoles signés à Paris par Darlan prévoient aussi la livraison à l'ennemi de bases navales à Bizerte et Dakar. Ces textes prévoient même qu'en cas de riposte des Britanniques, ou des Américains (à ce moment ces derniers sont pourtant encore neutres) contre les bases ainsi transférées aux Allemands, les forces de Vichy devront les défendre.

En fait de « contrepartie » de ses concessions, Darlan n'obtient que l'autorisation de transférer en Afrique française 10 000 hommes pour la défendre contre les Alliés, et dans le même but, la libération de 961 officiers, dont le général Juin expressément désigné. Mais aucune libération massive des prisonniers français. Ainsi ce marché de dupes n'aboutit-il qu'à aider l'Allemagne, et à engager davantage les forces de Vichy dans la collaboration, avec le risque de riposte britannique et américaine. Leur application prématurée au seul Levant a d'ailleurs eu pour conséquence la campagne de Syrie.

Le risque grave de cobelligérance avec l'Allemagne impliqué par ces textes, en l'absence de toute contrepartie sérieuse, fût dénoncé par Weygand. Ce dernier, disposé à collaborer (livraisons de matériels militaires à l'Afrika Korps de Rommel), ne voulait pas perdre la face devant les Indigènes, par la concession voyante à l'Allemagne de bases en Afrique. Quant au gouvernement de Vichy, il s'abstint de ratifier ce texte, en invoquant la nécessité de concessions plus conséquentes.

Bien que marqué par la perte du Levant et l’échec des protocoles de Paris, Darlan se ressaisit, convaincu de la justesse de sa politique. Il lui fallait rester allié à l'Allemagne pour ne pas perdre l'Afrique, ni sa place dans le gouvernement de Vichy. Darlan renforce son pouvoir et devient ministre de la Défense nationale. Il peut ainsi déterminer l’emploi des forces armées et leur organisation générale, ainsi que les conditions de leur emploi. Les relations entre Marine et Armée sont peu cordiales, les militaires supportant mal d’être commandés par un marin. Darlan entre en conflit ouvert avec Weygand et Huntziger. Le hasard sert Darlan avec la mort dans un accident d'avion du général Huntziger. Quant à Weygand, les manœuvres de l'amiral auprès des Allemands aboutissent à son rappel, à la suite d'un ultimatum allemand. Juin, libéré en application des Protocoles de Paris, fût aussitôt nommé au commandement supérieur en Afrique du Nord.

Le 1er décembre 1941, les difficultés de Rommel en Afrique relancent les négociations : une rencontre a lieu à Saint-Florentin entre Darlan, Pétain et Goering. Pétain remet alors au maréchal du Reich un mémorandum en sept points reprenant le contentieux ancien pour obtenir une collaboration politique sincère sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté française sur l’ensemble du territoire, de la fin de l’Ostland, de la disparition de la ligne de démarcation, d'assouplissements économiques et de la libération des prisonniers. Ce mémorandum est refusé par Goering.

Négative sur le plan des concessions politiques, la concertation débouche sur des conversations militaires concernant la défense de l'Empire. N'excluant plus le repli de Rommel en Tunisie, des négociations sont menées avec le général Juin, le 20 décembre à Berlin, pour une éventuelle participation française à la guerre en Afrique. Au cas où Rommel serait rejeté en Tunisie, les troupes françaises devraient intervenir pour combattre aux côtés des Allemands contre les troupes britanniques. C'est d'ailleurs ce qui se produit le 8 novembre 1942, où les généraux de Vichy combattent le débarquement allié au Maroc tandis qu'ils livrent, sans résistance, la Tunisie aux troupes germano-italiennes.

Article détaillé : Opération Torch.

Il s’agit là, pour la France, comme lors des protocoles de Paris, d’un accord de co-belligérance avec les Allemands, alors que les concessions politiques demandées à l'Allemagne en contrepartie sont rejetées. Darlan négocie alors des compensations d’ordre uniquement militaire, mais qui, en dépassant largement le cadre du deuxième protocole de Paris, rendent inévitable une guerre avec les États-Unis et le Royaume-Uni.

La méfiance d'Hitler à l'égard de la France exclut toute possibilité d'une France alliée de l'Allemagne et les propositions de Darlan vont, une fois de plus, rester lettre morte.

En ce début de 1942, Hitler ne croit plus avoir besoin des Français, du fait de l'affaiblissement des Britanniques.

À la fin de février 1942, la politique de Darlan est un échec complet. Les Allemands ont rompu le contact, ils ne le reprendront plus. La situation de la marine ne cesse de se dégrader. Les bâtiments de Toulon ne disposent que de deux pleins de mazout alors que les stocks du Maroc sont déjà épuisés. La flotte française, en cas de reprise des hostilités, serait dans la même situation que la flotte italienne : en dépendance totale à l’égard de l’Allemagne pour le carburant et pour la couverture aérienne.

Par ailleurs Darlan, par ses demandes de concessions, irrite les Allemands qui exigent le retour de Laval au pouvoir. Darlan n'est pas pour autant mieux vu des Britanniques qui lui reprochent les accords de Paris et la livraison de matériel aux Irakiens puis aux Germano-Italiens. Il est en butte à l'hostilité d’une partie de l'Armée et de l'entourage du maréchal. Il souffre de surcroît d'une certaine impopularité, du fait de la détérioration des conditions de vie des Français. Le 18 avril 1942 Pétain renvoie Darlan.

Le changement de cap

Darlan a négocié son départ, et a gardé le rôle de commandant en chef des forces militaires. Non seulement il est chargé de l'organisation et de l'emploi des forces armées, mais de plus des promotions. Darlan s'efforce de lutter contre la bureaucratie et de rajeunir les cadres de l’Armée en abaissant les limites d'âge. Il limite les défilés et les prises d’armes et veut réduire le nombre des états-majors. Il tient à créer un esprit interarmées. Il accorde une grande importance à la préparation d'opérations combinées mais il n’en reste pas moins le subordonné de Laval.

La tentation d'un retournement

Darlan se livre à des spéculations sur l'avenir en un temps où la France risque de se retrouver plongée dans le conflit. Ainsi, dès la fin de 1941 Darlan aurait-t-il multiplié, à en croire son entourage, les propos désagréables à l’égard de l’Allemagne. En 1942, il laisse son fils Alain et l’amiral Raymond Fénard[1] prendre officieusement contact avec le consul américain Robert Murphy. L’un et l’autre se seraient efforcés de convaincre le président Roosevelt, par l'intermédiaire de son consul à Alger, que Darlan croyait en la victoire alliée. Alain Darlan soutient, par la même occasion, que Vichy n'aurait fait que des concessions mineures. Mais ce travail d'intermédiaires se heurte à un certain scepticisme.

Le 4 novembre 1942, dans la soirée, Darlan reçoit un coup de téléphone de Fénard depuis Alger : Alain Darlan, atteint de poliomyélite, est hospitalisé depuis le 15 octobre à Alger ; son état est désespéré. Le 5 novembre, Darlan quitte à la hâte Vichy pour Alger. Escorté par son adjoint marine et son directeur de cabinet, il emporte ses codes de communication avec Auphan (tout en laissant ceux des autres amiraux tels que Jean de Laborde), comme il le fait dans tous ses déplacements, même personnels, depuis qu'il est devenu ministre, puis commandant en chef.

Le débarquement allié en Afrique du Nord

Dans la nuit du 7 au 8, intervient à Alger un putsch destiné à aider les Alliés dans leur débarquement : Les points stratégiques sont neutralisés par 400 volontaires civils dirigés par leurs officiers de réserve, tandis que sont arrêtés les principaux généraux : Ainsi Darlan (venu à l'improviste au chevet de son fils gravement malade) est-il alors arrêté avec Juin par un groupe d'élèves de terminale commandés par le jeune aspirant de réserve Pauphilet. Le 14e corps d'armée, ne commencera à réagir que le matin et concentrera tous ses efforts contre la résistance, au lieu de se porter à la rencontre des Alliés. Si bien que ces derniers déjà débarqués sans opposition, encercleront Alger et en obtiendront la capitulation le soir même.
Or Darlan, mal informé par ses services, ne croyait pas que les Américains aient pu disposer des moyens maritimes suffisants pour intervenir du côté de l'Europe avant au moins un an. Aussi commence-t-il par rejeter le message présenté par le consul américain Murphy, au nom du président Roosevelt, lui demandant d'accueillir en amies les troupes débarquées. Il s'arrange alors pour adresser à l'amirauté d'Alger, non contrôlée par les résistants, deux messages, dont l'un au moins, rédigé de sa main (et conservé), donne l'ordre à l'amirauté de résister aux Alliés. Enfin, après avoir été libéré au matin avec Juin, par la garde mobile, il adresse dès 8 heures à Vichy un télégramme demandant l'intervention de la Luftwaffe, l'aviation allemande, contre les convois alliés, et organise la reconquête de la ville contre les résistants.

En raison du refus du général Giraud de quitter Gibraltar, le 8 novembre 1942, pour Alger où les résistants comptaient sur lui, Darlan, après avoir capitulé et s'être rendu aux Alliés, va se retrouver seul propulsé sur le devant de la scène. Pour les Américains, Murphy, Clark[1] ou Ryder, il devient le seul interlocuteur susceptible dans les jours suivant le débarquement, de mettre fin aux combats à Oran et au Maroc, où ses subordonnés ont accueilli les Alliés à coups de canon. Or, si l'amiral de la Flotte, pris au piège, a accepté dès le 8 un cessez-le-feu pour la région d’Alger, il se refuse pendant les deux jours suivants, malgré les pressions et les menaces du général Clark, adjoint d'Eisenhower, à ordonner la suspension d’armes au Maroc et à l’ensemble de l’Algérie. Il ne se décidera que sous la menace, les 10 et 11 novembre, à mettre fin au combat.

Au surplus, Giraud, arrivé à Alger le 9 novembre, après la bataille, se met sous ses ordres. Aussi Darlan, après avoir ordonné le cessez-le-feu à Oran et au Maroc, se proclame-t-il, le 13 novembre Haut-Commissaire en Afrique, au nom du maréchal empêché, et fait-il enfin rentrer l’Afrique du Nord dans la lutte contre l’Axe.

Le ralliement de Darlan soulage les chefs militaires vichystes, conscients d’aller à la défaite en cas de résistance prolongée. Pour les Alliés, si le ralliement de Darlan est plutôt mal vu par leurs opinions publiques, et considéré avec suspicion par leurs généraux, il permet de gagner du temps et d'épargner des vies. Au surplus Darlan vaincu a-t-il accordé aux Alliés des concessions encore plus larges que celles consenties par les résistants lors des accords secrets de Cherchell, deux semaines plus tôt. Reste dès lors le problème de la flotte de Toulon. Les Alliés espèrent son ralliement, avant tout pour obtenir sa neutralisation. Aussi les Alliés pressent-ils Darlan de lui ordonner d’appareiller, alors que Darlan ne veut la faire partir qu'en cas d'invasion de la zone Sud, l'affirmant à plusieurs reprises le 10 novembre. Il sait qu'il doit déjà parvenir à faire confirmer sa légitimité sur les autorités militaires vichystes en Afrique. Au demeurant, il a peu de chance d'obtenir le ralliement de l'amiral collaborationniste de Laborde, avec lequel il a un conflit personnel et qui n'écoutera que le maréchal Pétain. C'est donc le 11 novembre seulement que Darlan se décide, sous la pression des Alliés, à adresser un message à l’amiral de Laborde. Invoquant la rupture de l’armistice et l’absence de liberté du maréchal, il invite le commandant en chef à diriger les navires vers l’Afrique occidentale française, et non vers l'Afrique du Nord. Le lendemain, Darlan renouvelle son appel dans les mêmes termes. Il se voit opposé une fin de non recevoir.

Obéissant aux consignes de sabordage de 1940 prévoyant le cas où une puissance étrangère essayerait de s'emparer des bâtiments français, la Flotte se saborde le 27 novembre 1942 à Toulon lorsque les Allemand envahissent la zone libre.

Darlan ne se soucie cependant pas d'abroger les lois et mesures les plus vexatoires du régime de Vichy, les détenus politiques restant notamment maintenus dans les camps de concentration du sud.

Le changement de camp de Darlan en novembre 1942 n'en a pas moins facilité la rentrée en guerre des forces françaises d'Afrique du Nord aux côtés des Alliés. Ainsi Roosevelt mal informé, et préoccupé par les ambitions dictatoriales supposées de De Gaulle, prèfère prolonger la continuité étatique représentée par le véritable dictateur, Darlan, mais doit aussi tenir compte de la réaction des opinions américaines et anglaises, alertées par les correspondants de guerre.

La position de Darlan et son passé collaborationniste à Vichy rendent toutefois impossible tout union de l'armée d'Afrique avec les Forces françaises libres.

Le meurtre de Darlan

Le 24 décembre 1942, Darlan est abattu par un jeune patriote, âgé de 20 ans, Fernand Bonnier de La Chapelle. Arrêté, celui-ci est jugé et exécuté de manière expéditive par les subordonnés de Giraud, et des interrogations subsistent quant au commanditaire de l'assassinat. Une des hypothèses est celle d'un ordre d'élimination émanant du comte de Paris qui visait à prendre sa place, pour unir les autorités de Londres et d'Alger dans un effort de guerre commun. Si l'appartenance royaliste de Bonnier de La Chapelle est incertaine, le groupe de résistants dont il faisait partie était d'obédience gaulliste au sein du Corps Franc d'Afrique (dont 3 membres sur 4 avaient participé au putsch du 8 novembre et ont depuis largement témoigné), qui avait décidé l'élimination d'un personnage qui ne pouvait que gêner et retarder la venue du seul pouvoir légitime à leurs yeux. Une autre thèse, isolée et apparue tardivement et totalement fantaisiste, soutient que Bonnier de La Chapelle aurait été motivé par la crainte que le maintien de Darlan n'entraîne la Résistance française dans l'orbite soviétique[2].

Bonnier de la Chapelle sera réhabilité le 21 décembre 1945 par un arrêt de la Chambre des Révisions de la Cour d’Appel d’Alger qui jugea qu'il avait agi « dans l’intérêt de la libération de la France ». Son action, par la disparition de l'amiral Darlan, a facilité les conditions propres à réunir les forces de la France en guerre.

Darlan a été inhumé au cimetière militaire de Mers el-Kébir, près d'Oran en Algérie où sont enterrés les marins péris dans l'attaque de la flotte française. En novembre 2005, il a été constaté que sa tombe ainsi que de nombreuses tombes de marins français et l'ossuaire du cimetière militaire avaient été profanées.

Sources et bibliographie

Reportage

  • René Pierre Gosset, Expédients provisoires, Fasquelle, Paris, 1945.

Ouvrages historiques

  • José Aboulker et Christine Levisse-Touzet, « 8 novembre 1942 : Les armées américaine et anglaise prennent Alger en quinze heures », Espoir, no 133, Paris, 2002
  • Arnaud de Chantérac, L'assassinat de Darlan, éd. Perrin, Paris, 1995
  • Hervé Coutau-Bégarie et Claude Huan, Darlan, Fayard, Paris, 1989
  • Yves Maxime Danan, La vie politique à Alger de 1940 à 1944, L.G.D.J., Paris, 1963
  • Hubert Delpont, Darlan, L'ambition perdue, éditions des AVN, Nérac, 1998, 318 p.
  • Jean-Baptiste Duroselle,"Politique étrangère de la France.L'abîme:1939-1944",Imprimerie nationale,1982,1986.
  • Albert Kammerer, Du débarquement africain au meurtre de Darlan, Flammarion, Paris, 1949
  • Marcel-Henri (Mario) Faivre, Nous avons tué Darlan – Alger 1942, La Table Ronde, Paris, 1975, 193 p.
  • Max Lagarrigue, « Quelle est la contribution de l’amiral Darlan au pétainisme ? », dans 99 questions...La France sous l'Occupation, CNDP, 2008 (ISBN 978-2-86626-280-8)
  • Christine Levisse-Touzet, L'Afrique du Nord dans la guerre, 1939-1945, Albin Michel, Paris, 1998
  • Philippe Masson, La Marine française et la guerre 1939-1945, , éd. Tallandier, Paris, 2000, 547 p.
  • Henri Michel, Vichy, année 1940, Robert Laffont, Paris, 1967
  • Henri Michel, Pétain, Laval, Darlan, trois politiques ?, 1972
  • Henri Michel, Darlan, Hachette, Paris, 1993
  • Benoît Yvert (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Perrin, Paris, 2007, 916 p.

Rapports officiels d’époque des acteurs du putsch du 8 novembre 1942, à Alger

  • Les Cahiers Français, La part de la Résistance Française dans les évènements d’Afrique du Nord (Rapports des chefs des groupes de volontaires qui se sont emparés d’Alger le 8 novembre 1942), Commissariat à l’Information du Comité National Français, Londres, août 1943.

Références

  1. a  et b Alexandre Sheldon-Duplaix, « La Mission Navale française à Washington et la renaissance de la Marine, 3 janvier 1943–1er janvier 1946 », dans Relations Internationales, no 108, hiver 2001, p. 503-523 [lire en ligne sur le site du ministère de la Défense, servicehistorique.sga.defense.gouv.fr (page consultée le 2 mai 2009)]
  2. Annie Rey-Goldzeiguer, Aux origines de la guerre d'Algérie, 2002, p. 123

Chronologies

Précédé par François Darlan Suivi par
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Vice-Président du Conseil
9 février 1941 - 18 avril 1942
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Chef du gouvernement
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Meuble héraldique Ancre 02.svg Ministre de la Marine militaire et marchande Meuble héraldique Ancre 02.svg
16 juin 1940 - 12 juillet 1940
François Darlan
Marcel Peyrouton
Ministre de l'Intérieur
Régime de Vichy
14 février 1941 - 18 juillet 1941
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Précédé par François Darlan Suivi par
Pierre Étienne Flandin
Ministre français des Affaires étrangères
1941-1942
Pierre Laval
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