Fleuve Petitcodiac

Fleuve Petitcodiac

Fleuve Petitcoudiac

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Fleuve Petitcoudiac
((en) Petitcodiac River)
La Petitcoudiac à Moncton
La Petitcoudiac à Moncton
Caractéristiques
Longueur 129 km
Bassin 1 999 km2
Bassin collecteur Petitcoudiac
Débit moyen 27,3 m3⋅s-1 (Riverview)
Régime pluvial
Cours
Origine Confluence des rivières Anagance et North
 · Localisation Petitcodiac (Nouveau-Brunswick)
 · Coordonnées 45° 55′ 41″ N 65° 11′ 09″ W / 45.92803, -65.18584
Embouchure Baie de Fundy
 · Altitude 0 m
 · Coordonnées 45° 51′ 20″ N 64° 33′ 30″ W / 45.8555999, -64.5583000
Géographie
Pays traversés Canada Canada
Régions traversées Nouveau-Brunswick Nouveau-Brunswick
Principales villes Moncton

La Petitcoudiac ou Petitcodiac est un fleuve[1] canadien qui, le long de ses 129 km de cours, arrose le sud-est du Nouveau-Brunswick, formant la frontière entre les comtés d'Albert et de Westmorland. Siège du Grand Moncton, l'une des agglomérations ayant la plus forte croissance démographique au Canada, sa vallée est habitée depuis des millénaires. Le fleuve est important dans l'histoire des Micmacs et des Acadiens.

La Petitcoudiac est l'un des cours d'eau dont l'écosystème est le plus menacé au Canada.

Sommaire

Étymologie

Le mot Petitcoudiac provient de la langue micmaque, dans laquelle il était prononcé Pèt-kout-ko-yèk, signifiant qui se courbe comme un arc, en référence au Coude que forme le fleuve à Moncton[2]. Les Acadiens utilisaient autrefois différentes variantes de Petcoudiac ou Petitcoudiac tandis que les Anglais transformèrent le nom en Petitcodiac, qui est la forme la plus utilisée de nos jours. L'orthographe dépend en fait des auteurs. Par exemple, Paul Surette écrit Petcoudiac alors que Bona Arsenault écrit Petitcoudiac. La prononciation dans les deux langues officielles s'approche plus de Petitcoudiac et de Petitcodiac que de Petcodiac. En raison de sa couleur brune en aval de Moncton, le fleuve est surnommée la rivière Chocolat ou la rivière au Chocolat[3]. Par extension, certains de ses affluents, comme le ruisseau Halls, sont appelés ruisseau au Chocolat.

Géographie

Cours du fleuve

La Petitcoudiac commence son cours à environ 30 mètres d'altitude au village de Petitcodiac, à la confluence des rivières Anagance et North. Elle traverse le village en suivant un trajet sinueux vers le nord-est, avant de se diriger vers l'est après avoir traversé le village de Salisbury. Le fleuve s'élargit aux environs de Moncton et, après le méandre du Coude, se dirige vers le sud-sud-est.

En amont, le fleuve suit les contreforts boisés des collines calédoniennes, jusqu'aux environs de Salisbury. À partir de là, le terrain s'aplanit, les rives du fleuve sont déboisées. Les berges sont endigués et des aboiteaux permettent de protéger les terres fertiles. Au sud de Stoney Creek, la vallée devient plus abrupte, avec à nouveau les collines calédoniennes à l'ouest ainsi que les Grandes Buttes à l'est. À la pointe de Beaumont (ou du Fort Folly), le fleuve conflue avec la rivière Memramcook, son principal affluent. Deux kilomètres plus loin, entre Hopewell Cape et Dorchester Cape, le fleuve s'élargit à nouveau et devient la baie de Chipoudy. L'eau se jette plus loin dans la baie de Chignectou et finalement dans la baie de Fundy. Près de l'embouchure du fleuve se trouvent les rochers d'Hopewell.

Hydrologie

Le Coude

Le bassin hydrographique de la Petitcoudiac mesure 1 999 km². Son module, mesuré à la chaussée, à mi-chemin entre la source et l'embouchure, est de 27.3 m³/seconde. Le débit varie de façon significative tout au long de l'année, et d'une année à l'autre [4]. Les affluents de la Petitcoudiac sont en général des rivières de longueur moyenne et à faible débit. Les principaux sont, d'amont en aval, la rivière North, le ruisseau Bennet, la rivière Anagance, la rivière Pollet, la rivière Little, le ruisseau Turtle, le ruisseau Jonathan, le ruisseau Halls, le ruisseau Mill, le ruisseau aux Renards (Fox), le ruisseau Stoney, le ruisseau Weldon et la rivière Memramcook.

Le mascaret de la Petitcoudiac, deux fois par jour, varie entre quelques centimètres à 75 cm. Autrefois l'un des plus importants au monde, il pouvait atteindre deux mètres. Sa vitesse peut atteindre 13 kilomètres/heure. L'importance de ce mascaret résulte des grandes marées de la baie de Fundy. Plusieurs témoignages, certains datant de plus de 250 ans, mentionnent la puissance du mascaret [3].

Comtés et municipalités traversés:

Géologie

La vallée du fleuve s'est formée au cours du Mississippien, il y a environ 250 millions d'années. Le sol est composé principalement de grès de teintes gris à rouge, de conglomérats et de silt. La plus grande partie du bassin se caractérise par un sol composé d'une fine couche de sable et de silt avec un peu d'argile. Sous cette couche se trouve habituellement des moraines d'ablation [5].

Sur la rive gauche du fleuve, le sous-sol est composé principalement de grès et de schiste avec des roches ignées ou des conglomérats [5].

Le sol de la rive droite est similaire, avec du grès. D'autres formations rocheuses se trouvent dans les collines calédoniennes. Des roches sédimentaires et ignées du précambrien ou du cambrien caractérisent cette région. Du calcaire est aussi présent [5].

Par contre, les marais et la plaine inondable du fleuve possèdent des sols composés surtout d'argile et de silt, avec un peu de sable fin[5].

Des éruptions volcaniques durant la dernière période glaciaire ont vraisemblablement eu un impact important sur la topographie de la région, comme en témoigne la grande variété de minéraux existant dans le comté d'Albert, à l'ouest, sur la rive droite du fleuve [3].

Faune et flore

Les espèces de poisson présentes dans le fleuve sont l'achigan à petite bouche, l'alose d'été, l'anguille d'Amérique, la barbotte brune, le baret, le brochet maillé, l'éperlan arc-en-ciel, le gasparau, le meunier noir et l'omble de fontaine. Le saumon atlantique et l'alose savoureuse sont deux espèces ayant disparu du fleuve[6].

Les plantes marines sont la salicaire commune, la naïade souple, le nénuphar à fleurs panachées, le potamot émergé, la quenouille à feuilles larges, la renouée à feuilles de patience et la sagittaire latifoliée[6].

Les espèces de mollusques d'eau douce sont l'alasmidonte argenté, l'alasmidonte naine, la moule dulçaquicole, la moule perlière, le Pyganodon cataracta et le Alasmidonta undulata [6].

À marée basse, l'eau découvre une grande superficie de vasières qui abritent le corophium volutator, une petite crevette[3].

La grande quantité de sédiments emportée par la Petitcoudiac contribue à la richesse exceptionnelle des nutriments dans la baie de Fundy et ses différents bras [3].

Un mastodonte fut découvert en 1937 sur les berges du fleuve, près d'Hillsborough. L'âge du squelette a été estimé à 37 000 ans. Il est exposé au Musée du Nouveau-Brunswick[3].


Quelques espèces présentes dans la Petitcoudiac et sur ses berges :

Histoire

Les Micmacs ont habité la région pendant des millénaires. Il y a aujourd'hui une réserve amérindienne à Fort Folly.

Avant la colonisation européenne, les principaux établissements Micmacs étaient situés à Beaumont, près de l'embouchure du fleuve, et près de sa source, où se trouve l'actuel village de Salisbury. Ils y avaient établi un camp d'hiver. Plusieurs cimetières amérindiens existent le long du fleuve, mais le seul indiqué est celui de Beaumont, datant du XIXe siècle[2].

Le fleuve était un moyen de transport important pour les Micmacs. En se servant du mascaret, ils pouvaient se rendre de Beaumont à Petitcodiac, une distance de 60 km, en seulement une après-midi. Une fois accosté, un portage de cinq ou six kilomètres les amenait à la Kennebecassis, d'où ils pouvaient rejoindre le fleuve Saint-Jean[2].

Des pêcheurs scandinaves, basques, bretons, normands et probablement espagnols et anglais fréquentèrent régulièrement la région à partir du XIIIe siècle, attirés par les baleines et la morue[7].

Samuel de Champlain explora le littoral de la baie de Fundy entre 1604 et 1608.

Les Acadiens qui ont exploré la région lui donnèrent le nom de Trois-Rivières, en référence aux trois vallées que forment la Petitcoudiac, la Memramcook et la Chipoudy. Quelques années après la fondation de Chipoudy en 1698, des Acadiens fondèrent le village de Petcoudiac, l'actuel Hillsborough[8].

Vers les années 1730, des colons venus de Chipoudy et de Petitcoudiac, mais surtout des Mines colonisèrent le cours supérieur du fleuve, en amont du Coude. Au début des années 1750, la majeure partie du fleuve avait été colonisée. Une grande partie de ces villages existent toujours, en général sous d'autres noms. Les berges du fleuve étant principalement composées de marais, les colons utilisèrent des digues munies d'aboiteaux pour les assécher et permettre la culture sur les nouvelles terres fertiles. Ce système est toujours utilisé[2].

La vallée tomba sous le contrôle britannique durant la guerre de Sept Ans, avec la prise du fort Beauséjour en 1755. La déportation des Acadiens commença la même année. Le premier raid britannique fut celui de Sylvanus Cobb, en août de la même année. Ils ne capturèrent aucun Acadien, ces derniers s'étant cachés dans la forêt. En septembre de la même année, la bataille de Petitcoudiac eut lieu au village éponyme. La bataille opposa les Canadiens, Acadiens et Malécites, sous le commandement de Charles Deschamps de Boishébert, aux Britanniques. Les fortes marées ont joué un rôle dans la défaite britannique. Un cairn construit en 1937 commémore l'évènement. Malgré le fait que les Britanniques aient détruit la plupart de leurs villages et enlevé bon nombre de leurs concitoyens, les Acadiens résistèrent pendant encore quatre ans[8].

La victoire de Petitcoudiac et la résistance qui a suivi a permis la survivance de ce peuple au sud-est du Nouveau-Brunswick. Très peu d'Acadiens habitent de nos jours sur la rive droite, mais Moncton, Dieppe et Memramcook, sur la rive gauche, comptent parmi les principaux centres acadiens[8].

À la suite de la guerre de Sept Ans, de nouveaux arrivants s'établirent dans les villages ruinés. Moncton, l'ancienne Terre-Rouge, vit en 1766 l'arrivée d'un groupe d'émigrants d'origine allemande en provenance de la Pennsylvanie, les Allemands de Pennsylvanie. Un autre établissement important fut Hillsborough. Ces immigrants poursuivirent le travail d'assèchement des marais commencé par les Acadiens[2].

Durant les années 1850, l'industrie de la construction navale de la Petitcoudiac, comme dans le reste des Maritimes, devint florissante. Dirigés par l'industriel Joseph Salter, les chantiers de la région construisirent plusieurs grands trois-mâts. Plusieurs ruines de ces chantiers sont toujours visibles. Outre celui de Moncton, il y avait aussi des chantiers à Salisbury, Hopewell Cape, Dorchester et Harvey Bank[2]. La marine marchande déclina à la fin de l'industrie de la construction navale, dans les années 1870. Les ports de Moncton et Hillsborough restèrent actifs jusqu'au milieu du XXe siècle[9].

En 1849, le scientifique Abraham Gesner découvrit à Albert Mines un minéral bitumineux, qu'il nomma albertite. Un port situé à Hillsborough permit l'expédition vers Boston, pendant trois décennies, du minerai extrait par une usine, ainsi que le gypse des mêmes mines, et ce partout dans le monde[2].

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la basse vallée de la Petitcoudiac et la baie de Shepody était un site d'extraction de grès, principalement à l'Île aux Meules, à Rockport et à Beaumont. Une pierre de qualité était extraite dans ces carrières et expédiée en Nouvelle-Angleterre. Des villes comme Boston ou New York comptent toujours quelques édifices faits en grès de Petitcoudiac[2].

La pêche commerciale fut pratiquée dans le fleuve jusque dans les années 1960[9].

Activités et aménagements

Pont-chausée.

La vallée est très urbanisée dans les environs du Coude, le Grand Moncton, et est plutôt rurale en amont et en aval. Environ 120 000 personnes vivent dans le bassin hydrographique.

Le Grand Moncton est l'une des régions ayant la plus grande croissance démographique au pays[10].

L'économie de la vallée est dominée par l'industrie et le secteur des transports, avec aussi une activité agricole. La région de Moncton compte de nombreuses usines. Jusque dans les années 1980, la majorité des emplois était liée au transport ferroviaire, en raison de la situation stratégique de la ville. La région connut une crise économique à partir des années 1980, lorsqu'un grand nombre d'emplois fut perdu dans le secteur du chemin de fer. À partir de 1996, la région a connu un boom économique, principalement dans le secteur des communications, des technologies et du tourisme[5].

Des soixante-six ponts couverts encore existants au Nouveau Brunswick, dix se trouvent dans le bassin versant, dont un sur le fleuve lui-même[2].

Sept ponts routiers traversent le fleuve, dont les principaux sont la chaussée du fleuve Petitcoudiac et le pont Gunningsville. De plus, trois ponts ferroviaires et plusieurs lignes à haute tension enjambent le fleuve.

Le lac Petitcoudiac est utilisé pour pratiquer la pêche sportive et des sports nautiques comme la motomarine ou le ski nautique.

Menaces sur le fleuve

Les Sentinelles de la Petitcodiac, un groupe de défense de l'environnement, dévoilent annuellement une liste des dix plus grands pollueurs du fleuve. Selon cette organisation, les organismes publics sont responsables de 90% de la pollution[11]. D'après la dernière liste, ces pollueurs sont, en ordre descendant d'importance: la chaussée, l'usine de traitement primaire des eaux usées de Moncton, l'ancien dépotoir de la ville de Moncton situé près de la chaussée, les chaussées des rivières Memramcook et Chipoudy, la destruction des marais, la destruction des affluents, le déversement d'eaux non-traitées par les égouts, les déversements des égouts pluviaux, les différents barrages, parfois abandonnés, et finalement l'épandage de pesticides et d'herbicides pour usage non agricole, "cosmétique" [12].

La chaussée du fleuve Petitcoudiac fut construite en 1968. Les trois principaux intérêts étaient la formation d'un lac pour les activités nautiques, le contrôle de l'inondation des basses terres[13] et l'amélioration du transport vers la banlieue sud de Moncton, l'ancien pont Gunningsville ne répondant plus à la demande. Pour faire des économies, plusieurs ponts de ce type, que ce soient des jetées (chaussées) métalliques ou en gravier, ont été construits sur les cours d'eau de la province.

La chaussée bloque la migration des poissons, ce qui est une violation de la loi sur les pêches. Malgré le fait que la chaussée soit dotée d'une échelle à poissons, le saumon atlantique, l'alose savoureuse, le poulamon atlantique et le bar rayé ont disparu du fleuve. De plus, les populations de truite de mer et d'éperlan arc-en-ciel ont été nettement réduites. Une espèce de palourde a aussi disparu[14].

Le mascaret

La construction de la chaussée provoqua une interruption du flot naturel du fleuve et, en aval, le lit du fleuve commença à se remplir de silt, devenant de plus en plus étréci en raison de cette sédimentation. En effet, la profondeur étant très basse entre le Coude et la chaussée, le fleuve est passé d'un kilomètre de large près du pont en 1968 à 80 mètres en 1998, soit une réduction de 92%. La sédimentation a aussi lieu en amont de la chaussée, et commença avant même la fin de sa construction [14].

Le 17 décembre 2002, la ville de Moncton et la firme Gemtec plaidèrent non coupable face aux accusations du ministère de l'Environnement du Canada. Une enquête d'Environnement Canada a révélé, en 2001, que du lixiviat, un liquide mortel pour les poissons, s'échappait du dépotoir municipal qui a été fermé en 1992, ce qui est en violation de la Loi canadienne sur les pêches. La fermeture du dépotoir avait été confiée à la firme Gemtec, de Fredericton, par la ville de Moncton. Moncton changea sa défense en 2003 et fut reconnue coupable la même année et condamnée à une amende de 35 000$. Gemtec et Robert Lutes, son ingénieur en chef et actionnaire majoritaire, furent reconnus coupables en 2006. Par la suite, une ordonnance de la cour obligea la cité de Moncton à éliminer les déversements avant 18 mois. L'administration ne fit aucune action pendant plusieurs années, sous prétexte qu'elle devait recevoir un permis du ministère provincial de l'environnement. Après l'étude de quatre possibilités, la cité fit finalement l'annonce d'un plan le 15 mai 2007 qui prévoit la déviation du ruisseau Jonhattan et l'aménagement d'une zone tampon pour la filtration des produits toxiques [15],[16],[17],[18],[19].

En juin 2002, Daniel Leblanc, des Sentinelles de la Petitcodiac, avait découvert un déversement d'huile dans le ruisseau Humphrey's, un affluent du ruisseau Halls, lui-même affluent de la Petitcoudiac. L'organisation a alors alerté la municipalité et Environnement Canada. En 2003, des accusations furent portées contre la compagnie de construction Newco [20],[21].

L'état du fleuve étant un enjeu important dans la région, les Sentinelles de la Petitcodiac préparèrent des documents pour les écoles de la région. Le district scolaire francophone (#1) accepta de les distribuer aux élèves, tandis que le district anglophone (#2) refusa, affirmant que le sujet était trop controversé [22].

En 2005, une centaine de poissons furent retrouvés morts sur les berges du ruisseau Humphrey's [23].

Restauration du fleuve

Le fleuve au niveau de Moncton, en hiver.

Depuis plusieurs années, un enjeu important de la région est la restauration du fleuve, qui consiste au remplacement de la chaussée par un pont conventionnel. Les opposants au projet sont principalement des habitants de Riverview. En effet, un quartier de cette ville est situé au bord du lac Petitcoudiac. Ceux-ci affirment que la destruction de la chaussée et donc la perte du lac fera baisser la valeur de leurs résidences, disparaître un site pour la pratique de sports nautiques et de pêche sportive. Par ailleurs, le maire de Riverview, Clarence Sweetland, dit craindre que les gouvernements refusent de financer d'autres travaux dans la ville en raison des coûts élevés du projet. Même avis du maire Lorne Mitton, de Moncton, où le projet a pourtant plus d'appuis. Graham Copp, le président de l'Association des pêcheurs d'Alma dit craindre les effets de la restauration. Il affirme que la force des marées combinée à un débit plus fort du fleuve changera les écosystèmes actuels et aura un impact certain sur la pêche au homard. Ceux qui soutiennent le projet sont principalement des habitants de Moncton, Dieppe et du reste du cours du fleuve. Leurs arguments sont principalement la protection de l'environnement, de la pêche et de la beauté du fleuve. Plusieurs groupes ont été formés, dont les Sentinelles de la Petitcodiac, un chapitre de la Waterkeeper Alliance [24].

Lors d'une visite en juin 2000, Robert Francis Kennedy Jr. demanda au gouvernement provincial d'ouvrir le plus rapidement possible les vannes [25].

Le pont chaussée était l'objet de critiques avant même d'être construit. Environ 130 études ont été effectuées pour évaluer les impacts de la chaussée sur l'environnement [26],[27].

Le problème de l'échelle à poissons devint évident dès 1969. Des rapports signalèrent que la population de saumons dans le fleuve a diminué et que la chaussée a probablement causé la quasi-disparition de l'alose, du bar rayé et de la truite de mer. En 1978, le ministère des transports du Nouveau-Brunswick chargea la compagnie ADI limited de l'étude des problèmes révélés par ces rapports. En décembre 1979, la compagnie présenta trois propositions. La première consiste en un statu quo, la deuxième envisage de fermer les vannes et la troisième demande d'éliminer les fuites et de modifier le protocole de fonctionnement. Au printemps 1980, le gouvernement provincial choisit la troisième proposition. Ceci eut pour effet d'améliorer légèrement le passage de poissons. Divers rapports font ensuite état de difficultés grandissantes pour les poissons et de différentes demandes au gouvernement pour l'ouverture complète des vannes. En 1988, Fredericton décida d'ouvrir complètement les vannes entre le 15 avril et le 17 juin, pour favoriser la migration du poisson, ce qui causa un dépôt de sédiments en amont de la chaussée. Les vannes sont rouvertes en 1988, du 3 mai au 15 juin et en 1989, du 15 mai au 15 juin, mais à marée basse pour éviter les problèmes de 1988. En 1991, Pêches et Océans Canada affirma que les vannes devaient rester ouvertes entre le 1er avril et le 15 décembre annuellement, pour permettre au courant de marée de passer et de favoriser au maximum le passage des poissons. En mai 1991, un comité interministériel du gouvernement du Nouveau-Brunswick présenta un rapport intitulé Options for the Future of the Petitcodiac River Dam and Causeway. Le gouvernement chargea une fois de plus ADI limited d'étudier les sept options du rapport et leurs conséquences. Les résultats de l'étude, présentée en mai 1992, montrent qu'aucune des propositions n'est satisfaisante. Une entente provincial-fédéral est signée en décembre 1996 pour mettre en œuvre un plan de réouverture des vannes. Après une tentative en 1998, les vannes sont fermées le 1er juin 1999. En 1999, le ministère fédéral Pêches et Océans Canada avait retenu quatre options pour essayer de réparer les dommages causés au fleuve par la chaussée, soit une nouvelle échelle à poissons, l'ouverture des vannes pendant la période de migration, l'ouverture permanente des vannes ou la construction d'un pont partiel [13],[27],[28].

Le 10 août 2000, Pêches et Océans Canada nomma Eugene J. Niles comme conseiller spécial dans le dossier et lui donna le mandat d'étudier toute l'information existante, de rencontrer les intervenants et de faire des recommandations pour régler le problème du passage du poisson [13].

Présenté en octobre 2002, le rapport, ayant coûté quatre millions de dollars, confirma que la chaussée est illégale et qu'elle contrevenait à la loi sur les pêches. De plus, M. Niles proposa quatre solutions pour la restauration du cours naturel du fleuve. La première est l'ouverture permanente des vannes de la chaussée, ce qui coûterait 34 millions de dollars. L'autre est la construction d'un pont partiel, avec trois variantes possibles, dont le coût pourrait varier entre 42 millions et 107 millions de dollars, selon l'option choisie. De plus, l'étude rejette les arguments des opposants au projet affirmant que le rétablissement du cours du fleuve diminuerait la valeur de leurs maisons [29],[30].

À la suite de ce rapport, une étude d'impact environnementale cofinancée par les gouvernements provinciaux et fédéraux commença en 2003. La firme AMEC Earth & Environmental Limited étudia pendant deux ans et demi l'impact des quatre propositions de Pêches et Océans Canada [27],[29],[31],[32],[33].

Le mascaret aujourd'hui

La restauration du fleuve devint un enjeu de l'élection de 2006. Durant la campagne, les progressistes conservateurs de Bernard Lord et les libéraux de Shawn Graham affirmèrent que le dossier allait évoluer s'ils étaient élus. Les néo-démocrates se sont aussi prononcés en faveur de la restauration [34].

La restauration de la Petitcoudiac ne fit pourtant pas partie du budget provincial de 2006 et les deux gouvernements se renvoyèrent la balle quant à la responsabilité du projet [35],[36].

En mai 2007, les Sentinelles de la Petitcodiac s'adressèrent à la Cour suprême du Canada pour contraindre le ministère fédéral des Pêches à obliger le gouvernement du Nouveau-Brunswick à agir dans le dossier. Le groupe retint les services de Michel Doucet, un avocat bien connu dans les causes linguistiques [26].

Le 7 août 2007, le ministre de l'approvisionnement et des services du Nouveau-Brusnwick, Roly MacIntyre, annonça la décision du gouvernement. Le plan prévoit l'ouverture des vannes de la chaussée. De plus, un nouveau pont long de 280 mètres sera construit directement en aval de la chaussée pour la remplacer. L'ouverture des vannes devrait avoir lieu en 2009 et le pont devrait être terminé d'ici 2015. Une fois le pont construit, l'ancienne structure serait démolie, ce qui ouvrirait le fleuve sur une largeur qui pourrait varier de 72 à 225 mètres. Le financement des travaux, estimés à 68 millions de dollars, doit être assuré par les gouvernements provinciaux et fédéraux [37].

Lors du discours du trône le 27 novembre 2007, le nouveau premier-ministre Shawn Graham affirma que, malgré le refus du gouvernement fédéral de financer la restauration, Fredericton allait tout de même tenter de mener le projet à terme [38].

Le fleuve dans la culture

Yves Chiasson, du groupe néo-brunswickois Zéro Celcius, a composé une chanson intitulée Petit Codiac. Cette chanson a été reprise par Zachary Richard et figure sur son disque Cap Enragé.[39]

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • (fr) Marguerite Maillet, Comment la rivière Petitcodiac devint boueuse, Moncton, Bouton d'or d'Acadie, 2005, ISBN 2922203816.
  • (fr) Paul Surette, dessins de François Cormier, Le grand-Petcoudiac à mi-siècle 1828 à 1872, Dieppe, Ville de Dieppe, 1998.
  • (fr) Les élèves de première année de l'école Amirault, Les aventures du goéland sur la rivière Petitcodiac, Moncton, 2002.
  • (fr) Memramkouke, Petcoudiac et la reconstruction de l'Acadie, Société historique de la vallée de Memramcook, 1981.
  • (fr) Paul Surette, Petcoudiac, colonisation et destruction, 1731-1755, Moncton, Éditions d'Acadie, 1988.
  • (fr)(mul) Ross I. MacCallum, A Somers' soliloquy : down by the river's side, Riverview, Axim Entreprises, 2002, ISBN 0968944205.
  • (en) Edward W. Larracey, Chocolate River : a story of the Petitcodiac River from the beginning of habitation in the late 1600's until the building of the causeway at Moncton, Hantsport, Lancelot Press, ISBN 0889992924.
  • (en) Jennifer McGrath Kent, Chocolate River Rescue, Halifax, Nimbus, 2007, ISBN 9781551096001.
  • (en) Esther Clark Wright, Petitcodiac, a study of the New Brunswick river and of the people who settled along it, Tribune Press, 19??.
  • (en) Reference guide to the Petitcodiac River Causeway debate : a guide to over 40 scientific, engineering and other studies addressing the effects of the Petitcodiac River Causeway, Nouveau-Brunswick, Écoversité, 1995.

Liens externes

Notes et références

  1. La différence entre une rivière et un fleuve est floue, particulièrement au Nouveau-Brunswick. Le Saint-Jean est généralement considéré comme un fleuve, tandis que la situation est différente pour les 5 autres rivières importantes, soit la Petitcoudiac, la Miramichi, la Népisiguit, la Ristigouche et la Sainte-Croix. Ce sont toutes de grandes rivières se jetant dans l'océan et ayant toutes une importance historique et ou économique.
  2. a , b , c , d , e , f , g , h  et i (fr) Sentinelles Petitcodiac - Le Patrimoine historique de la Petitcodiac
  3. a , b , c , d , e  et f (fr) Sentinelles Petitcodiac - Patrimoine naturel
  4. (en) Évaluation de la qualité de l'eau et de l'hydrologie du bassin versant Petitcodiac
  5. a , b , c , d  et e (en) [pdf] Petitcodiac Water Classification Report 1997-2001
  6. a , b  et c (fr) Sentinelles Petitcodiac - Espèces de la Petitcodiac
  7. Bona Arsenault, Histoire des Acadiens, Fides, ISBN 2-7621-2613-4, p. 20.
  8. a , b  et c Paul Surette, Petcoudiac - Colonisation et destruction - 1731-1755, Moncton, Les Éditions d'Acadie, 1998, ISBN 2-7600-0150-4.
  9. a  et b (en) Article anglais
  10. (fr) Statistiques Canada - Portrait de la population canadienne en 2006 : Dynamique de la population infraprovinciale
  11. (fr) Radio-Canada - 31 janvier 2005 - Rivière Petitcodiac : des environnementalistes dévoilent une liste de pollueurs
  12. (fr) Sentinelles Petitcodiac - Les dix pires sources de pollution de l’écosystème Petitcodiac en 2004
  13. a , b  et c (fr) Pêches et Océans Canada - mai 2001 - Chaussée de la rivière Petitcodiac
  14. a  et b (fr) Sentinelles Petitcodiac - L'impact de la construction en 1968 du barrage-chaussée sur la rivière Petitcodiac
  15. (fr) Radio-Canada - 17 décembre 2002 - Moncton et la firme Gemtec plaident non coupables
  16. (fr) Radio-Canada - 7 mai 2007 - Moncton bougera enfin
  17. (fr) Radio-Canada - 26 avril 2006 - Gemtec reconnue coupable
  18. (fr) Radio-Canada - 22 septembre 2003 - Pollution de la rivière Petitcodiac : Moncton écope d'une amende
  19. (fr) Radio-Canada - 27 avril 2006 - Moncton attend toujours l'approbation du ministère de l'Environnement
  20. (fr) Radio-Canada - 28 juin 2002 - Un déversement d'huile a été découvert à Moncton dans la rivière Petitcodiac
  21. (fr) Radio-Canada - 5 novembre 2003 - Une compagnie de Moncton devra répondre à des accusations de pollution
  22. (fr) Radio-Canada - 20 septembre 2002 - Au N.-B., une commission scolaire anglophone rejette la documentation des Sentinelles de la Petitcodiac
  23. (fr) Radio-Canada - 26 août 2005 - Une centaine de poissons morts découverts dans un ruisseau à Moncton
  24. (fr) Radio-Canada - 9 août 2007 - La restauration ne fait pas que des heureux
  25. (fr) Radio-Canada - 14 juin 1999 - Robert Kenendy fils à Moncton
  26. a  et b (fr) Radio-Canada - 16 mai 2007 - La Cour fédérale tranchera dans le dossier du pont-chaussée
  27. a , b  et c (fr) Radio-Canada - 29 décembre 2003 - Qu'en est-il du pont-jetée de la rivière Petitcodiac?
  28. (fr) Radio-Canada - 18 avril 2004 - Rivière Petitcodiac : deux solutions retenues
  29. a  et b (fr) Radio-Canada - 11 octobre 2005 - Rivière Petitcodiac: Une étude recommande l'ouverture des vannes ou un pont partiel
  30. (fr) Radio-Canada - 12 avril 2005 - Rivière Petitcodiac : les environnementalistes et les opposants ne se comprennent pas
  31. (fr) Radio-Canada - 22 janvier 2003 - La rivière Petitcodiac, au N.-B., fera encore l'objet d'une étude
  32. (fr) Radio-Canada - 4 août 2003 - Étude sur l'avenir de la rivière Petitcodiac : la démarche se précise
  33. (fr) Pêches et Océans Canada - EUGENE J. NILES FERA L’ÉTUDE DE LA JETÉE DE LA RIVIÈRE PETITCODIAC
  34. (fr) Radio-Canada - 8 septembre 2006 - Les partis appuient la restauration
  35. (fr) Radio-Canada - 20 avril 2006 - Les environnementalistes craignent le report du projet de restauration
  36. (fr) Radio-Canada - 1er mai 2006 - Financement fédéral incertain
  37. (fr) Radio-Canada - 7 août 2007 - Réparer les dégâts
  38. (fr) Radio-Canada - 28 novembre 2007 - Programme chargé
  39. (fr) Zachary Richard - Petit Codiac
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