Poisson

Poisson
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Nom vernaculaire ou
nom normalisé ambigu :
Le terme «  Poisson  » s'applique en français à
plusieurs taxons distincts.
Poisson
Exemples de poissons marins
Exemples de poissons marins
Taxons concernés

Les espèces des classes

mais aussi plusieurs autres espèces parmi les Agnathes

Articles connexes
L'étude des poissons

Dans la classification classique, les poissons sont des animaux vertébrés aquatiques à branchies, pourvus de nageoires et dont le corps est le plus souvent couvert d'écailles. On les trouve abondamment aussi bien en eau douce que dans les mers : on trouve des espèces depuis les sources de montagnes (omble de fontaine, goujon) jusqu'au plus profond des océans (grandgousier, poisson-ogre). Leur répartition est toutefois très inégale : 50 % des poissons vivraient dans 17 % de la surface des océans[1] (qui sont souvent aussi les plus surexploités). Le milieu marin étant moins accessible aux humains, de nombreuses espèces restent encore probablement à découvrir.

Ils ont un rôle fondamental pour les hommes ;

Dans la classification phylogénétique[2], obtenue par application des méthodes cladistiques, le groupe des poissons est généralement considéré comme paraphylétique et n'existe donc plus en tant que « classe » dans la taxinomie moderne, mais seulement comme grade évolutif primitif des Vertébrés. Selon leur phylogénie, les poissons actuels sont principalement répartis dans les taxons des Chondrichtyens, des Actinoptérygiens, des Dipneustes, des Actinistiens, des Myxinoïdes et des Pétromyzontides.

Le premier inventaire ichtyologique de France semble être celui de Belon P., en 1555, intitulé La nature et la diversité des poissons avec leurs pourtraicts représentés au plus près du naturel[3].

Sommaire

Définition et classification

Définition

Un poisson paradis dans un aquarium.

Le terme « poisson » est plus précisément employé pour désigner les chordés non tétrapodes, c'est-à-dire un animal avec une colonne vertébrale possédant des branchies toute sa vie et qui peuvent posséder des nageoires[4]. Les poissons ne forment pas un groupe phylogénétiquement homogène, à l'inverse des oiseaux ou des mammifères (voir plus bas).

Un poisson typique est « à sang froid » ; il possède un corps allongé lui permettant de nager rapidement ; il extrait le dioxygène de l'eau en utilisant ses branchies ou un organe respiratoire annexe lui permettant de respirer le dioxygène atmosphérique ; il possède deux paires de nageoires, les nageoires pelviennes et latérales, habituellement une ou deux (plus rarement trois) nageoires dorsales, une nageoire anale et une nageoire caudale; il possède une double mâchoire pour les gnathostome et simple pour les agnathes ; il possède une peau généralement recouverte d'écailles ; ovipare, il pond des œufs et la fécondation peut être interne ou externe.

Il existe de nombreuses formes et tailles de poissons : ce dragon des mers, proche de l'hippocampe, se confond avec les algues grâces à ses nageoires.

Chacune de ces caractéristiques comporte toutefois des exceptions. Les thons, les espadons et certaines espèces de requins sont entre sang chaud et sang froid, et peuvent élever leur température corporelle au-dessus de celle de l'eau ambiante[5]. La forme du corps et les performances natatoires varient considérablement des nageurs très rapides capables de parcourir dix à vingt longueurs de leur corps par seconde (thons, saumons) aux poissons très lents mais mieux manœuvrants comme les anguilles ou les raies) qui ne dépassent pas 0,5 longueur par seconde[6]. Plusieurs groupes de poissons d'eau douce extraient le dioxygène de l'air comme de l'eau en utilisant des organes variés. Les dipneustes possèdent deux poumons similaires à ceux des tétrapodes ; les gouramis ont un « organe labyrinthe » qui fonctionne de la même manière ; les Corydoras extraient le dioxygène par l'estomac ou l'intestin[7]. La forme du corps et la position des nageoires varient énormément, comme en témoigne la différence entre les hippocampes, les lophiiformes, les poissons globes ou les saccopharyngiformes. De même, la surface de la peau peut être nue (murènes) ou couverte d'écailles de différents types : placoïdes (requins et raies), cosmoïdes (cœlacanthes), ganoïdes, cycloïdes et cténoïdes[8]. Certains poissons passent même davantage de temps hors de l'eau que dedans, comme les périophthalmes qui se nourrissent et interagissent entre eux sur des terrains boueux et ne retournent dans l'eau que pour se cacher dans leur terrier[9]. Certaines espèces peuvent être ovovivipares ou vivipares.

La taille d'un poisson varie du requin baleine de 16 m au Schindleria brevipinguis d'à peine 8 mm.

Quelques espèces de poisson dulçaquicole disposent de poumons, si les Erythrinus de l'Amazone extraient 60% du dioxygène dont ils ont besoin avec ceux-ci, les poumons sont l'unique moyen de respiration des Arapaima gigas ou des gymnotes.

Terminologie

Plusieurs types d'animaux aquatiques sont communément appelés « poissons » mais n'en sont pas vis-à-vis de la définition ci-dessus.

Les termes relatifs aux poissons viennent de différentes racines :

Classification

À l'opposé des groupes tels que les oiseaux ou les mammifères, les poissons ne forment pas un clade : le groupe est paraphylétique, c'est-à-dire qu'il ne comporte pas tous les descendants de leur ancêtre commun[10], [11]. Pour cette raison, la « classe Pisces », comme on peut lire dans d'anciennes références, n'est plus utilisée en classification phylogénétique, chaque clade devant comporter tous les descendants du même ancêtre, ce qui amènerait à y adjoindre les Tétrapodes. Le terme "Poissons" serait alors synonyme de "Vertébrés", alors qu'il n'en forme que le grade évolutif le plus ancien.

Les poissons sont classés dans les groupes principaux suivants (en grisé, les taxons éteints) :

───────o Sous-classe Pteraspidomorphi (agnathes, poissons primitifs sans mâchoires)
─────o Classe Thelodonti (agnathes, poissons primitifs sans mâchoires)
─────o Classe Anaspida (agnathes, poissons primitifs sans mâchoires)
─o (sans rang) Cephalaspidomorphi (agnathes, poissons primitifs sans mâchoires)
 ├───o (sans rang) Hyperoartia
 │   └─o Petromyzontiformes (lamproies)
 ├───o Classe des Galeaspides
 ├───o Classe Pituriaspida
 └───o Classe des Ostracodermes (agnathes, poissons primitifs sans mâchoires)
─o Sous-embranchement des Gnathostomes (vertébrés à mâchoires)
 ├───o Classe des Placodermes (poissons avec une cuirasse articulée, éteinte)
 ├───o Classe Acanthodii (requins épineux, éteinte)
 ├───o Classe des Chondrichtyens (poissons cartilagineux : requins et les raies)
 └─o Superclasse Ostéichthyens (poissons osseux)
   ├─o Classe Actinopterygii (poissons à nageoires rayonnées)
   └─o Classe Sarcopterygii (poissons à nageoires lobées)
     ├─o Sous-classe Coelacanthimorpha (cœlacanthes)
     └─o Sous-classe Dipnoi (dipneustes)

Certains paléontologistes considèrent que les conodontes sont des chordés et les considèrent comme des poissons primitifs ; voir l'article Vertébré.

Les différents groupes de poissons pris tous ensemble comprennent plus de la moitié des vertébrés connus. Il y a près de 28 000 espèces de poissons existantes (sans compter les espèces disparues), dont près de 27 000 poissons osseux, le reste étant formé d'environ 970 requins, raies et chimères et environ 108 lamproies et myxines[12]. Un tiers de toutes ces espèces est renfermé dans les neuf plus grandes familles, qui sont (des plus grandes aux plus petites) : Cyprinidae, Gobiidae, Cichlidae, Characidae, Loricariidae, Balitoridae, Serranidae, Labridae, et Scorpaenidae. D'un autre côté, environ 64 familles sont monotypiques (ne contiennent qu'une seule espèce). On prédit que le nombre total d'espèces de poissons en existence serait de 32 500[12].

Évolution

Dans un contexte évolutif, l'ensemble des taxons désignés par le terme poisson n'est plus considéré comme tel, ces taxons ayant des histoires évolutives différentes et formant donc différents clades[2].

Certains pensent que les poissons ont évolué à partir d'une créature du type ascidie (dont les larves ont des ressemblances avec les poissons primitifs) ; les premiers ancêtres des poissons auraient alors conservé leur forme larvaire à l'état adulte par néoténie, mais l'inverse est aussi possible. Les fossiles candidats au statut de « premier poisson » connus sont Haikouichthys, Myllokunmingia et Pikaia.

Les tous premiers fossiles de poissons ne sont guère nombreux, ni de bonne qualité : peut-être les poissons primitifs étaient-ils rares ou mal fossilisables ou les conditions taphonomiques mauvaises. Cependant, le poisson devint une des formes de vie dominantes du milieu aquatique et a donné naissance aux branches évolutives menant aux vertébrés terrestres comme les amphibiens, les reptiles et les mammifères.

L'apparition d'une mâchoire articulée semble être la raison majeure de la prolifération ultérieure des poissons, car le nombre d'espèces de poissons agnathes devint très faible. Les premières mâchoires ont été trouvées dans les fossiles de placodermes. On ignore si le fait de posséder une mâchoire articulée procure un avantage, par exemple pour la préhension ou la respiration.

Les poissons ont aussi coévolué avec d'autres espèces (prédateur, pathogènes et parasites notamment, mais aussi parfois des espèces symbiotes). Durant leurs migrations (longues et sur de longues distances pour les saumons et lamproies, et plus encore pour les anguilles), ils peuvent transporter (Dispersion (biologie)|Dispersion) un certain nombre de propagules d'autres organismes (ectoparasitisme, endozoochorie, oeufs viables non-digérés[13]....))

Vers nageurs

La fonctionnalité essentielle qui a initialement structuré cet ordre a été la capacité de nager dans l'eau (ce que ne savaient faire ni les mollusques primitifs, ni les arthropodes primitifs). Toutefois, cette capacité n'a pas conduit à une explosion radiative : par elle-même, elle ne donne pas une autonomie fonctionnelle suffisante pour que les organismes puissent se spécialiser de manière très libre.

L'histoire de cette lignée paraît laborieuse : la découverte progressive de la tête et de la mâchoire, puis l'exploration des membres jusqu'au stade tétrapode, et enfin, la conquête de l'environnement aérien, aboutissant à l'explosion radiative des sauriens.

Agnathes

Bouche d'une lamproie marine (Petromyzon marinus)

Les agnathes regroupent des animaux à corde dorsale et à crâne, mais sans mâchoires. Leur vie en milieu aquatique les a fait longtemps classer parmi les poissons.

Le taxon n'est pas considéré comme monophylétique, et doit être considéré comme obsolète dans une classification phylogénétique. Il comprend :

Les myxines et lamproies partagent des caractères morphologiques ancestraux à tous les crâniates, qui seront perdus chez les gnathostomes. Leur bouche rudimentaire, qui se comporte comme une ventouse, ne possède pas de mâchoires, et ne peut donc pas modifier son ouverture. Leur squelette est cartilagineux et composé d'une capsule crânienne et d'une colonne vertébrale sans côtes.

Si les agnathes actuels sont peu nombreux, de nombreux fossiles d'agnathes sont présents dans les sédiments du paléozoïque. Les agnathes furent les tout premiers crâniates à apparaître.

Les fonctionnalités explorées à ce stade évolutif portent sur le fonctionnement de la tête :

  • la céphalisation, commune chez tous les vermiformes, s'accentue et le cerveau s'entoure d'un crâne ;
  • des branchies apparaissent, de forme variable suivant les groupes ;
  • la bouche se dote de dents.

Poissons cartilagineux (Chondrichtyens)

Raie photographiée à l'aquarium « Sea Life Helsinki »

Chez les Chondrichthyens, aussi appelés « poissons cartilagineux », il n'y a globalement pas d'ossification endochondrale. Le squelette est donc très majoritairement composé de cartilage, et pas d'«os vrai»[2]. On peut y trouver les différentes espèces de requins, de raies et de chimères. Il faut ajouter que les os «os vrais» peuvent tout de même être observés chez les Chondrichtyens, mais en petite quantité[14] La généralisation de l'os enchondral ne se trouvera que chez les ostéichtyens, étant par ailleurs leur synapomorphie principale.

Les principales synapomorphies des chondrichthyens incluent une couche de cartilage calcifié prismatique et, chez les mâles, les nageoires pelviennes portent des claspers pelviens (organes servant à l'accouplement)[2].

Ces poissons bénéficient de deux autres acquis qui leur permettent d'être des nageurs plus performants et réactifs : l'oreille interne qui se perfectionne et acquiert un troisième canal semi-circulaire, et surtout les fibres nerveuses qui se couvrent de myéline, ce qui permet une transmission plus rapide de l'influx nerveux[réf. nécessaire].

Poissons osseux (Ostéichtyens au sens classique)

Un poisson mandarin, un exemple de poisson osseux.

Comme leur nom l'indique, l'innovation la plus notable des poissons osseux est l'os. Le tissus osseux périchondral qui renforçait certains cartilages se généralise, et conduit à deux types d'os d'origines différentes :

  • L'os enchondral (associé au mésoderme), qui remplace au cours du développement les pièces cartilagineuses du squelette interne ;
  • surtout, l'os dermique, qui se forme à partir du derme (tissus de l'ectoderme), apparaît. Il donne les os de la boîte crânienne et les ceintures scapulaires, ainsi que les rayons des nageoires (qui évolueront ultérieurement en membres).

On observe aussi la présence de sacs aériens connectés au tube digestif qui donneront les poumons des vertébrés terrestres et les vessies natatoires des Actinoptérygiens. Ces sacs aériens sont soupçonnés chez certains Gnathostomes fossiles. Les tentatives d'émancipation du milieu aquatique seraient alors apparues dans ce clade.

Les principales fonctionnalités évolutives explorées au niveau des poissons osseux sont l'articulation de la mâchoire, de plus en plus structurée, et la forme et la mobilité des nageoires.

Poisson à nageoires charnues

Dipneuste, dessin d'Heinrich Harder (autour de 1920)

On peut par exemple compter comme poissons à nageoires charnues (sarcoptérygiens) les cœlacanthes, les dipneustes ou encore les tétrapodes. Plusieurs innovations se retrouvent dans ce groupe :

  • Le membre monobasal : l'attache basale se réduit à un seul élément (fémur, omoplate et humérus) et des muscles permettent l'articulation indépendante des rayons (doigts).
  • Les dents se couvrent d'émail.

Il apparaît donc évident, vu les membres de ce groupe, que pour rendre le groupe des poissons comme monophylétique (et donc le considérer en biologie, voir cladistique), il faut notamment y inclure tous les vertébrés terrestres (dont les humains font évidemment partie).

Morphologie et anatomie

Morphologie

Aspect général

Épiderme

Nageoires

Nageoire dorsale d'un Chevesne.
Article détaillé : Nageoire.

La plupart des poissons se déplacent en contractant alternativement les muscles insérés de chaque côté de la colonne vertébrale. Ces contractions font onduler le corps de la tête vers la queue. Lorsque chaque ondulation atteint la nageoire caudale, la force propulsive créée pousse le poisson vers l'avant.

Les nageoires du poisson sont utilisées comme stabilisateurs. La nageoire caudale sert aussi à augmenter la surface de la queue, augmentant ainsi la poussée lors de la nage, et donc la vitesse. Le corps fuselé des poissons permet de diminuer les frictions lorsqu'ils nagent, et donc d'éviter qu'ils soient ralentis par la résistance de l'eau. De plus, leurs écailles sont enrobées d'un mucus qui diminue les frottements.

Anatomie

Article détaillé : Anatomie des poissons.

Comportement

Comportement social

De nombreuses espèces de poissons, tels les demoiselles (Pomacentridés), les poissons zèbres (Cyprinidés) ou les néons (Characidés), etc. ont un instinct grégaire et préfèrent vivre en bancs. D'autres, tels les requins, sont plutôt solitaires. Certains sont mêmes si agressifs que la rencontre d'un congénère peut entrainer la mort de l'un d'eux après une rude bataille : c'est le cas du combattant du Siam (Anabantidés).

Migration des poissons

Article détaillé : Migration des poissons.

Menaces et conservation

Surpêche

Pour les poissons comestibles comme la morue et le thon, la menace principale est la surpêche[15], [16]. Lorsque la surpêche persiste, elle finit par causer une diminution de la population de poissons (le « stock ») car les individus ne peuvent pas se reproduire assez vite pour compenser la perte due à la pêche. Un exemple de surpêche catastrophique très étudié est celui de la sardine du Pacifique (Sadinops sagax caerulues), qui était pêchée près des côtes de Californie. Le maximum avait été atteint en 1937 avec 790 000 tonnes, puis la quantité pêchée a décru pour atteindre à peine 24 000 t en 1968, date à laquelle cette industrie s'arrêta faute d'être rentable. Une telle « extinction commerciale » ne veut pas dire que l'espèce elle-même est éteinte, mais seulement qu'elle n'est plus économiquement viable[17].

La principale source de tension entre l'industrie de la pêche et la science halieutique est la recherche d'un équilibre entre la conservation des espèces pêchées, et la préservation du revenu des pêcheurs. Dans des zones comme l'Écosse, Terre-Neuve ou l'Alaska, où l'industrie des pêches est le principal employeur, le gouvernement est particulièrement impliqué dans cet équilibre[18], en maintenant à la fois un stock suffisant et des ressources suffisantes pour les pêcheurs. D'un autre côté, les scientifiques promeuvent une protection toujours accrue pour les stocks, en prévenant que de nombreux stocks pourraient disparaitre dans les cinquante prochaines années[19].

Selon le WWF, 80% des stocks mondiaux de poissons utilisés à des fins commerciales sont déjà surpêchés ou menacés de l’être. Par ailleurs, 40% de tous les animaux marins capturés finissent comme prises accessoires et sont rejetés morts ou moribonds par-dessus bord. Et comme le poisson d’élevage est le plus souvent nourri avec de l’huile ou de la farine de poisson, les élevages contribuent également au pillage des mers[20].

Destruction des habitats

Une des menaces sur les écosystèmes tant marins que d'eau douce et la dégradation de l'habitat ; celle-ci est causée par la pollution de l'eau, la construction de barrages, la diminution du niveau d'eau par la consommation humaine, et l'introduction d'espèces invasives exotiques[21]. Un exemple de poisson en danger à cause d'un habitat modifié est l'esturgeon Scaphirhynchus albus, vivant dans les cours d'eau en Amérique du Nord, ceux-ci ayant été modifiés de différentes manières[22].

Espèces exotiques

L'introduction d'espèces invasives exotiques s'est produite à de nombreux endroits et pour de nombreuses raisons, dont le ballastage des navires de commerce. Un exemple très connu et bien étudié est l'introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria. À partir des années 1960, la perche du Nil a progressivement exterminé les 500 espèces de cichlidés que l'on ne trouvait nulle part ailleurs que dans ce lac ; certaines espèces ne survivent que grâce à des programmes de reproduction en captivité, mais d'autres sont probablement éteintes[23]. Parmi les espèces de poissons invasives ayant causé des problèmes écologiques, on peut noter les carpes, les tête-de-serpent, les tilapias, la perche européenne, la truite fario, la truite arc-en-ciel ou la lamproie marine.

Conservation

Le requin-baleine, le plus grand poisson au monde, est classé comme « vulnérable ».

Statut de préservation

En 2006, la liste rouge de l'UICN comprenait 1 173 espèces de poissons menacées d'extinction[24]. Cette liste incluait des espèces comme la morue de l'Atlantique, le Cyprinodon diabolis, les cœlacanthes ou le grand requin blanc. Comme les poissons vivent sous l'eau, ils sont plus compliqués à étudier que les animaux terrestres ou les plantes, et on manque toujours d'informations sur les populations de poissons. Les poissons d'eau douce semblent particulièrement menacés, car ils vivent souvent dans des zones restreintes.

Contribution des poissons aux puits de carbone

À partir du dioxyde de carbone dissous dans l'eau, les poissons marins produisent constamment dans leur intestin des carbonates peu solubles.
Par exemple, le flet européen synthétise et rejette chaque heure et en moyenne 18 micromoles de carbone par kg de poisson (sous forme de calcite)[1]. Les poissons contribueraient ainsi de 3 %[25] à 15 %[26] du puits de carbone océanique (voire 45 % si l'on prenait les hypothèses les plus "optimistes")[1]. De plus, les poissons ont une marge de tolérance à la température[27] et un climat chaud associé à la surpêche tendent à réduire le nombre de grands poissons ; or, une petite taille du poisson et un eau plus chaude favoriseraient cette formation de carbonates de calcium ou de magnésium (qui sont éliminés avec la nécromasse, les fèces ou des boulettes de mucus)[1].
Hélas, ces carbonates plus riche en magnésium sont aussi plus solubles à grande profondeur. Ils peuvent alors relarguer une partie de leur carbone, mais en tamponnant le milieu, au point que cela pourrait expliquer jusqu'à un quart de l'augmentation de l'alcalinité titrable des eaux marines dans les 1 000 mètres sous la surface (cette anomalie de dureté de l'eau était jusqu'ici controversée car non expliquée par les océanographes)[1]).
Hélas encore, c'est aussi dans les zones les plus favorables à ce piégeage du carbone (plateaux continentaux où se concentre environ 80 % de la biomasse en poisson) que la surpêche est la plus intense et que les zones mortes ont fait disparaitre le plus de poissons.

Mesures de protection

On cherche à établir des indicateurs ou indices de biodiversité en poissons, notamment pour les milieux d'eau douce, lacs[28] et mares y compris.

Les échelles à poissons

Article détaillé : Passe à poissons.

Les quotas de pêche

Le poisson dans la culture

Dans les récits fondateurs

Gravure préhistorique de l'époque néolithique, montrant une silhouette mi homme, mi-poisson et de nombreux poissons.

Dans la mythologie égyptienne

  • Le tilapia, poisson qui a coutume de mettre ses petits dans sa bouche en cas de danger et de les laisser ressortir une fois la menace passée, est associé à la déesse Hathor, emblème de la résurrection[29].
  • Lorsque Seth découpa le corps d'Osiris en 14 morceaux et les dispersa dans le monde, seuls 13 furent retrouvés. Le 14e (le sexe) avait été dévoré par un poisson.

Dans la mythologie gréco-romaine

  • Triton est une divinité marine, fils de Poséidon et d'Amphitrite. Il est figuré avec une tête et un buste d'homme et une queue de poisson.

Dans la mythologie celtique

Dans le judéo-christianisme

  • Selon la tradition juive, Dieu servira aux justes Léviathan, poisson monstrueux, comme nourriture à la fin des temps.
  • Jonas, selon la bible (Jonas, 2:1), a passé trois jours et trois nuits dans le ventre d'un poisson : « Yahvé fit qu'il y eut un grand poisson pour engloutir Jonas. Jonas demeura dans les entrailles du poisson trois jours et trois nuits ».
  • Après sa Résurrection, Jésus, sur les bords du lac de Tibériade, prépare sur la braise un repas de poissons pour les disciples. Déjà lors des multiplications des pains, il avait fait distribuer du poisson aux foules affamées.
  • Très tôt, le poisson deviendra un symbole majeur du christianisme primitif.
  • Le poisson est devenu pour les catholiques le repas du vendredi, mais aussi le met de pénitence et du temps de carême, ainsi que la nourriture ordinaire des religieux[30].
Article détaillé : Ichtus.

.

Dans les légendes du Moyen Âge

La constellation des Poissons

Article détaillé : Poissons.

Dans les réalisations artistiques

En dessin, peinture, mosaïque, sculpture

Mulet gris et camélias, Estampe de Hiroshige.

Dans diverses cultures, de l’Antiquité à nos jours, le poisson a été l’objet de très nombreuses œuvres.

En musique

Au cinéma

En poésie

« Sardines à l'huile » et « Les poissons mélomanes » poèmes issus des « Petites élégies falotes » du recueil « La négresse blonde » de Georges Fourest.

Dans la marine militaire

Le poisson est la partie immergé d'un sonar remorqué utilisé dans la lutte anti-sous marine ou la guerre des mines (PAP : Poisson Auto Propulsé)

Dans la bande dessinée

Quelques records

Taille

Le paiche d'Amazonie, ou Arapaïma, est le plus gros poisson dulçaquicole : il peut atteindre 4,5 m et 200 kg. Le plus gros poisson connu est le requin baleine (16 m, 10 t).

Selon les Proceedings of the Royal Society (janvier 2006), le plus petit poisson serait Paedocypris progenetica, un cyprinidé d'eau douce découvert par Maurice Kottelat et Tan Heok Hui, du Raffles Museum (Singapour). La femelle Paedocypris est mature à partir de 7,9 mm de long. Adultes, les femelles mesurent 10,3 mm et les mâles, 11,4 mm. Il détrône un gobie nain de l'océan Indien décrit en 1981, Trimmatom nanus, adulte à 8 mm. Un poisson du même genre, Paedocypris micromethes, légèrement plus grand (femelle adulte à partir de 8,8 mm), a été identifié à Sarawak. Ces poissons vivent dans les forêts marécageuses constituées d'arbres inondés poussant sur un sol de tourbe détrempée, mou et épais de plusieurs mètres. L'eau y est rouge sombre et très acide.

Selon une équipe de l’université de Washington, Photocorynus spiniceps est le plus petit vertébré connu : le mâle de cette espèce de baudroie de la famille des Cérates, découverte dans les abysses du large des Philippines, long de seulement 6,2 mm, vit en parasite sur le dos d’une femelle mesurant 46 mm. Celle-ci pourvoit aux besoins en nourriture d'un mâle ne se limitant pratiquement qu'à un appareil reproducteur (Pietsch et al., Ichtyological Research, 2005).

Si le mâle Photocorynus spiniceps est plus petit, notons qu'en moyenne Paedocypris progenetica détient le record du plus petit vertébré connu.

Puissance

Dunkleosteus terrelli, un poisson marin à plaques cuirassées qui vivait il y a 400 Ma, mesurait jusqu'à 11 m de long et pouvait peser jusqu'à quatre tonnes. Après en avoir reconstitué la musculature, des scientifiques américains ont découvert en 2006 que les mâchoires de ce poisson étaient capables d'exercer une pression de 5 500 kg/cm2, soit à peu près deux fois celle de l'actuel requin blanc et autant que la mâchoire d'un tyrannosaure. De surcroît, on estime que Dunkleosteus terrelli était capable d'ouvrir et de refermer sa gueule en un cinquantième de seconde (Philip Anderson et Mark Westneat, 2006).

Annexes

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Articles connexes

Bibliographie

  • Edward C. Migdalski et George S. Fichter (trad. Charles Roux, ill. Norman Weaver), Les Poissons du monde, Paris, Odège, 1979, 316 p. (ISBN 2-245-001149-X) 
  • (en) J. S. Nelson, Fishes of the World, John Wiley & Sons, 2006 (ISBN 0471250317) 
  • (en) G. Helfman et Collette B., The Diversity of Fishes, Blackwell Publishing, 1997 (ISBN 0-86542-256-7) 

Liens externes

Notes et références

  1. a, b, c, d, e et f R. W. Wilson,1; F. J. Millero; J. R. Taylor ; P. J. Walsh ; V. Christensen ; S. Jennings,;M. Grosell; « Contribution of Fish to the Marine Inorganic Carbon Cycle »; Science 16 January 2009: Vol. 323. no. 5912, pp. 359 - 362 DOI: 10.1126/science.1157972 ; 2009
  2. a, b, c et d LECOINTRE Guillaume et LE GUYADER Hervé, Classification phylogénétique du vivant, 3e édition, 2001, Belin, Paris.
  3. Belon P., (1555) La nature et la diversité des poissons avec leurs pourtraicts représentés au plus près du naturel. Estienne, Paris, 448 p.
  4. Joseph S. Nelson, Fishes of the World, John Wiley & Sons, 2006, (ISBN 0471250317).
  5. Helfman, Collette et Facey, op. cit., pp. 83-86.
  6. Helfman, Collette et Facey, op. cit., p. 103.
  7. Helfman, Collette et Facey, op. cit., pp. 53-57.
  8. Helfman, Collette et Facey, op. cit., pp. 33-36.
  9. R. Froese et D. Pauly (éds.), Species Summary: Periophthalmus barbarus, FishBase [lire en ligne].
  10. G. Helfman, B. Collette et D. Facey, The Diversity of Fishes, Blackwell Publishing, p. 3, 1997, (ISBN 0-86542-256-7)
  11. Tree of life web project - Chordates.
  12. a et b J. S. Nelson, Fishes of the World, John Wiley & Sons, pp. 4-5, 2006 (ISBN 0471250317)
  13. Jarnagin, S.T., Swan, B.K. & Kerfoot, W.C. (2000) Fish as vectors in the dispersal of Bythotrephes cederstroemi: diapausing eggs survive passage through the gut. Freshwater Biology, 43, 579–589
  14. B. F. Eames et al., Skeletogenesis in the swell shark Cephaloscyllium ventriosum, J Anat. 2007 May; 210(5): 542–554.
  15. Call to halt cod 'over-fishing', BBC News, 5 janvier 2007 [lire en ligne]
  16. Tuna groups tackle overfishing, BBC News, 26 janvier 2007 [lire en ligne]
  17. Helfman, Collette et Facey, op. cit., p. 462.
  18. UK "must shield fishing industry", BBC News, 3 novembre 2006 [lire en ligne].
  19. Stanford University, Ocean study predicts the collapse of all seafood fisheries by 2050, 2006 [lire en ligne].
  20. http://assets.wwf.ch/downloads/ratgeber_fisch_f.pdf
  21. Helfman, Collette et Facey, op. cit., p. 463.
  22. Threatened and Endangered Species: Pallid Sturgeon Scaphirhynchus Fact Sheet, Natural Resources Conservation Service, United States Department of Agriculture, 2005 [lire en ligne]
  23. Laura Spinney, The little fish fight back, The Guardian, 4 août 2005 [lire en ligne]
  24. Table 1: Numbers of threatened species by major groups of organisms (1996–2004) [lire en ligne].
  25. ...si on estime qu'il y a 812 millions de t de poissons dans les mers (fourchette basse)
  26. ...si l'on estime qu'il y a 2,05 milliards de tonnes(fourchette haute crédible)
  27. Synthèse des tolérances thermiques des principales espèces de poissons des rivières et fleuves de plaine de l’ouest européen p. 17 L. Tissot et Y. Souchon Publié en ligne : 14 Avril 2011 DOI: 10.1051/hydro/2010004 (Résumé), [http://www.hydroecologie.org/articles/hydro/pdf/2010/01/hy1705.pdf version PDF(1.020 MB)
  28. L. Launois et C. Argillier  ; Intérêts et limites d’une approche par type de milieu pour le développement d’un indice poisson lacustre français, en ligne : 14 Avril 2011, p 111 ; DOI: 10.1051/hydro/2010005 (Résumé et version PDF (692.1 KB)
  29. Mythologie égyptienne – Les divinités de l'eau sur le site H2O.net
  30. Le poisson, un symbole majeur du christianisme primitif sur le site interbible


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Poisson de Wikipédia en français (auteurs)

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