Sibylle van Griethuysen

Sibylle van Griethuysen
Sibylle van Griethuysen
Portrait gravé de Sibylle van Griethuysen, du recueil Hemelsche troost-borne (1651), entouré de symboles de la poésie : des livres, des cygnes, des feuilles et une couronne de laurier, et la devise espagnole : Yo y el tiempo para dos otros.
Portrait gravé de Sibylle van Griethuysen, du recueil Hemelsche troost-borne (1651), entouré de symboles de la poésie : des livres, des cygnes, des feuilles et une couronne de laurier, et la devise espagnole : Yo y el tiempo para dos otros.

Autres noms Sibylle Wytzema
Sibylle Groenevelt[1]
Activités Écrivaine
Poétesse
Travail domestique
Naissance 1621
Buren
Gueldre
Provinces-Unies Provinces-Unies
Décès 1699
Veenendaal ( ? )
Utrecht
Provinces-Unies Provinces-Unies[1]
Langue d'écriture néerlandais
Mouvement Baroque
Genres Poésie

Sibylle van Griethuysen, née à Buren en Gueldre en 1621, et morte à Veenendaal ( ? ) en 1699 est une poétesse en langue néerlandaise, célèbre en son temps[2].

Sommaire

Biographie

1621-1654 : Enfance, éducation, mariage

Sibylle (Beliken) est le neuvième et dernier enfant d'une famille de vitriers de confession mennonite. Son père est Dirck Hendricksz. van Griethuysen (mort en 1655), vitrier, et sa mère Anna van Osch (décédée en 1657). Son éducation dut être l'objet de soins particuliers, car ses œuvres témoignent de sa maîtrise du latin, du français et de l’espagnol, et du fait qu’elle était bien versée dans les classiques et les sujets religieux. Ayant eu derrière elle une jeunesse marquée par le mennonitisme, elle passa plus tard à l'Église réformée[3].

Elle épousa Upke Harmensz. Wytzema (mort vers 1662) [3], un pharmacien originaire de Ferwerd[2], le 1er juillet 1638 à Buren. De ce mariage sont nées deux filles. Après avoir vécu à Kollum, le couple habita, dès 1644, à Appingedam où est née, le 16 mars 1648, sa fille Anna Maria[3]. En 1654, les conjoints prirent résidence à Groningue[2] où leur seconde fille, Haebeltien, fut baptisée la même année. C’est ici qu’elle entra en contact avec le poète Johan van Nyenborgh et, par l’intermédiaire de celui-ci, avec les poétesses frisonnes Eelke van Bouricius et Sibylle van Jongestall[3].

1654-1662 : activités littéraires à Groningue

Premières publications et collaboration avec Eydelsheymius

Lorsqu’elle vécut au nord de la République, Van Griethuysen commença à s’occuper de la littérature. Elle entretint de nombreux contacts au sein du cercle qui se forma autour de l'éditeur Claude Fonteijne de Leeuwarden. C’est ce dernier qui lui demanda d'écrire des éloges sur les prédicants publiant leurs œuvres poétiques chez lui. Elle accomplissait sa tâche, mais, étant donné que le néerlandais constituait sa langue littéraire, non en frison[4].

Van Griethuysen écrivit quelques œuvres de plus grande envergure sur des sujets religieux. Elle mit en rimes des lamentations de Jérémie sous le titre Claeg-liederen Jeremiae ; ce fut son premier recueil de poèmes, publié en 1645 chez Callenbach à Emden. Dans la préface qu’elle écrivit pour celui-ci, elle formule une sorte d'apologie pour son ingérence dans des affaires religieuses : elle a voulu produire tout simplement un livre de dévotion pour les jeunes. Dans la dédicace, elle remercie des ministres et des bourgmestres de son entourage pour leur soutien[3].

Dans son deuxième recueil, réalisé en collaboration avec le révérend Sibrandus Francisci Eydelsheymius d’Appingedam[3] elle élabora une interprétation poétique d'un passage du Cantique des Cantiques, intitulée Spreeckende schildery ou Tableau parlant, publiée en 1646[4]. Elle tenta de justifier ses activités littéraires en confirmant que son ménage n’en subit pas les inconvénients et qu’elle ne prit la plume que quand le travail le permit. Par cet ouvrage, les auteurs s’opposèrent à l'hypocrisie au sein de l'Église, une démarche qui mena, au sein du consistoire d’Appingedam, à un conflit entre Eylshemius et son collègue Pimperling qui dura des années, ainsi qu’à l’exclusion temporaire de Sybille et de son mari de la Cène du Seigneur. Dans la dédicace rimée, Sibylle mentionne la famille noble Ripperda de Farmsum, ainsi que la poétesse Anna Maria van Schurman. Grâce aux bons offices de l'éditeur Claude Fonteijne de Leeuwarden, elle put entrer en contact avec bien d'autres auteurs et elle finira par s’intégrer dans le réseau de poètes de Frise et de Groningue. Maria Heyns lui dédia un recueil de 1647 et l'éditeur Schipper s'adressa à elle dans les pages préliminaires d'un ouvrage de 1649, en parlant d'elle comme d'une écrivaine qui était arrivée à une plus grande perfection que d'autres poétesses, même si celles-ci vécurent en dehors des grands centres culturels du pays[3].

En collaboration avec le prédicateur Eydelshemius, Van Griethuysen publia, en 1651, un ouvrage sur les lettres de l'apôtre Paul, intitulé Hemelse troost-borne ou source céleste de consolation[2]. Eydelshemius écrivit pour ce livre des essais en prose, alors que Van Griethuysen fit des poèmes préliminaires[4]. C'est dans cet ouvrage qu'est reproduit son portrait avec une devise en espagnol : Yo y el tiempo para dos otros (littéralement : « Moi et le temps pour deux autres » ; avec le temps de son côté, elle compte pour deux)[3].

Correspondance littéraire avec Huygens

Cependant, Van Griethuysen eut aussi des contacts littéraires à l'ouest de la République. Ainsi, sa réaction à un poème de Constantijn Huygens mena en 1648, l'année dans laquelle fut conclu le Traité de Münster, à un échange de poèmes entre les deux poètes. Bien que la paix eût mis fin à la Guerre de Quatre-Vingts Ans, d’anciens problèmes d’ordre intérieur entre Groningue et les pays autour de la ville, les Ommelanden, ne furent non encore résolus. Le stathouder, le Prince Guillaume II, qui vint visiter les régions du nord à la fin de l'été afin d'y servir de médiateur, fit son entrée triomphale à Groningue[2]. Son secrétaire Huygens, ayant fait partie de sa suite, écrivit un poème latin, sur la signification symbolique des événements, dans lequel le prince est représenté comme un soleil symbolique, apportant l'espoir de la paix. Van Griethuysen traduisit le poème latin de Huygens en néerlandais comme Triumphante Inkomst[4].

Dans le poème, Dieu gouverne le monde : vu que les événements météorologiques et politiques émanent du Tout-puissant, la guerre avec l'Espagne fut infligée en guise de punition. Toutefois, Dieu peut aussi apporter la paix. Van Griethuysen applique dans ce poème le précepte littéraire utile dulci : la leçon (Dieu dirige le monde) est illustrée de façon fascinante par différents exemples[4].

Huygens réagit poliment sur la traduction de Van Griethuysen par une réponse rimée dans laquelle il suggère, par une allusion au prénom Sibylle dont l’origine remonte à l’Antiquité et par lequel fut désigné une prophétesse, que le nord de la République serait désormais assurément en paix, car la sibylle de Groningue l'eut voulu ainsi. En employant le schéma de rime du poème de Huygens, Van Griethuysen répondit que le nom de plume latin de Huygens, Constanter (le constant), cautionnait un gouvernail bien tenu et, par conséquence, utile à Orange. Les poèmes, issus de cette correspondance, ainsi que d’autres de sa main (douze en tout), ont été publiés dans une anthologie, intitulée Klioos kraam, par laquelle les poètes du nord se présentèrent en 1656 à leurs collègues de l'ouest de la République[2] ; à cette occasion, Sibylle obtint les premiers éloges d’auteurs hollandais[3].

1662-1699 : second mariage, Buren, Veenendaal

Les activités littéraires de Sibylle diminuèrent à partir des années soixante du XVIIe siècle, de toute vraisemblance parce qu’elle avait quitté Groningue et repris domicile à Buren vers 1662, après la mort de son premier époux. Il semble qu’elle n’ait plus publié après la mort de son premier mari. Une ode écrite à l’occasion de la publication d’un recueil de poésie de Blasius (1663) est la dernière trace de ses occupations littéraires[3].

Après la mort de son premier mari, elle convola en secondes noces le 16 août 1674 à Veenendaal où elle prit demeure avec Reynier Cornelis Groenevelt (vers 1620-1691), un veuf influent et brasseur prospère. En avril 1691, le sort frappa, la rendant veuve pour la seconde fois, et elle se vit forcée de vendre sa maison à Buren en 1693. Elle serait décédée en 1699 à Veenendaal et fut enterrée à côté de son second époux dans la « Vieille » Église Saint-Sauveur[3].

Réputation

Portrait de Sibylle van Griethuysen par Arnoud van Halen, peint au XVIIIe siècle, d'après Jacob van Meurs; collection du Rijksmuseum à Amsterdam

Un grand nombre d’autres poèmes de Van Griethuysen ont été intégrés dans les ouvrages de Johan van Nyenborch, un poète de Groningue qui fut l’initiateur d’un genre de cercle littéraire dit du Paddepoel. On trouve ses odes dans les œuvres de Joan Blasius et elle-même reçut les éloges de Joan Blasius, Jan Vos, Hendrick Bruno et Joan de Brune Jr[2],[3].

Eydelshemius la qualifia de Damster Sappho et Fonteijne construisit de son nom l’anagramme alle breyn is in u gehuyst (littéralement : « tout cerveau est logé en vous », par quoi il voulut dire qu’il la considéra comme une femme très intelligente). L'auteur frison Gysbert Japiks eut aussi sa part lorsqu’il s’agissait de répandre la renommée de cette poétesse, puisqu'il lui fit un compliment en 1668 dans son Friesche rymelarye. S'il ne lui manquait pas d’éloges à son égard durant sa vie, Sibylle van Griethuysen n’en demeure pas moins une autrice oubliée ou peu appréciée de notre époque. Au début des années soixante du XXe siècle, sa tombe disparut même lors d’une restauration de l’église où elle fut ensevelie. En fait, ce ne fut que son seul contact avec Constantijn Huygens qui lui fit prendre sa place dans l'histoire littéraire, bien que des recherches récentes sur les écrivaines et leurs réseaux aient réveillé l'intérêt pour son travail et sa personne[3].

Sources

Références


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Sibylle van Griethuysen de Wikipédia en français (auteurs)

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