Association Championnet

Association Championnet
Association Championnet
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Blason de Championnet Sports

Sigle C.S.
Sport représenté omnisports, activité sociale et socio-culturelle importantes
Création 1891, déclaration en 1907
Président Michel Chauvin ; pour les sections sportives : Françoise Rouzaud
Siège 14 rue Georgette Agutte 75018 PARIS
Affiliation Fédération sportive et culturelle de France, fédérations délégataires
Licenciés 3565 (en 2007/2008)
Site internet http://www.championnet-sports.org/page_cs.asp?num=6

L'association Championnet ou patronage Championnet est une importante structure sportive et socio-culturelle parisienne qui se compose de deux associations intimement liées : Championnet Sports, association sportive forte de plus de 3 000 membres qui s'est particulièrement illustrée jadis dans le basket-ball et l'association Championnet qui en gère les biens immobiliers et les autres activités tant sur Paris qu'en province. L'action sociale bien reconnue des pouvoirs publics, la présence de deux champions olympiques, de trois vice-champions et le rôle joué pendant l'Occupation ont grandement contribué à la notoriété de cet ancien patronage paroissial toujours affilié à la Fédération sportive et culturelle de France (FSCF).

Sommaire

Historique

À la jonction du XIXe et du XXe siècle

En 1891, l'épiscopat de Paris décide de l'implantation d'une paroisse aux Grandes Carrières, un quartier défavorisé situé au nord de la capitale. Dès ses origines, la nouvelle église Sainte-Geneviève accueille jeunes et adultes au sein d'un patronage. Les mesures anticléricales du début du siècle menaçant l'existence des œuvres, celui-ci est déclarée en 1907 comme association sous le nouveau statut de la loi de 1901 : Championnet-Sports est aussitôt affilié à la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France (FGSPF) dont l'essentiel des activités réside dans la gymnastique avec ses cliques et sa préparation militaire. L'association poursuit ses missions éducatives sur la paroisse même avec d'autres activités de loisirs (telles que théâtre, chorale, cinéma), des cours du soir et des cercles d’études sociales et économiques pour adultes qui déboucheront sur la création d'une section syndicale. Mais elle les étend aussi en province avec la construction en 1908 d'un premier centre de vacances pour les enfants des Grandes Carrières en baie de Douarnenez, Ker Trez Malaouen. Les activités sportives commencent aussi à se diversifier, et, à la veille de la Grande Guerre, la toute nouvelle section de Basket dispute son premier match[1].

La Grande Guerre et ses conséquences

De 1914 à 1918, le fonctionnement des activités parisiennes et des colonies de vacances est assuré par les membres qui ont échappé à la mobilisation et qui maintiennent également le contact avec ceux qui sont partis au front : courrier, colis, caisse militaire. Le bulletin hebdomadaire Entre Nous, acheminé régulièrement sur la zone des combats, devient parfois quotidien. Dès 1918, trois cents membres rescapés des tranchées participent à la relance l'œuvre qui exige vite d'autres structures. Le 15 juin 1919, l'association Championnet est déclarée en préfecture pour gérer les activités non sportives qui prolifèrent au sein de Championnet Sports. L’AC est reconnue d’utilité publique le 30 décembre 1931. C’est une période d’expansion stimulée par la création de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) et celle d’un service social et médical au sein même de l'association. Car beaucoup de « revenants » ont eu les poumons atteints par les gaz des tranchées et la tuberculose sévit dans ce quartier défavorisé. Dès 1926, filles et garçons menacés par la maladie sont accueillis dans deux chalets à Megève. Puis c'est la construction des préventoriums de « Saint-André », du « Christomet » et de « Sainte-Geneviève », toujours à Megève ; et dans le Finistère celui de « La Clarté » à Kerlaz. En 1929 la crise frappe le quartier de plein fouet et l’abbé Bernard y organise l'assistance sociale : distribution de vivres, aides aux familles ou encore collectes. Pendant ce temps les activités sportives se sont multipliées et en 1934 un terrain est acheté à Paris pour accueillir des effectifs sans cesse croissants. Et les résultats s'en font sentir jusqu'au plus haut niveau. En 1932, aux jeux olympiques de Los Angelès, René Duverger est médaille d'or en haltérophilie[2] ; et en 1937, le basket est champion de France en 2e division (« Honneur »). Dès cette époque une cour de jeux, la salle de patronage, le bâtiment des cercles, le stade, le gymnase, la salle de basket et celle de spectacle s'imbriquent étroitement dans l'emprise immobilière de la paroisse.

Le maquis 1940-1944

Largement engagé dans l'associatif médico-social avec ses préventoriums de Haute-Savoie et de Bretagne, Championnet devient dès l'armistice un relais capital pour l'accueil et le convoyage des réfugiés et réfractaires. Et le mouvement des Jeunes chrétiens combattants (JCC) y nait dès l’automne 1940 à l'initiative de l'abbé Raymond Borme[3] et Pierre Corval. Suite à un contact avec Georges Bidault, ils fédérèrent des volontaires de Championnet et d’ailleurs au sein des JCC, qui rejoignent les Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP) en octobre 1943. Derrière les abbés Bernard et Borme, les membres de Championnet s'y engagent avec une telle solidarité que ce réseau traversera l'Occupation sans connaître de défaillance ni de trahison, faisant de ce patronage paroissial l’un des hauts lieux de la résistance parisienne et nationale[4]. À partir du 16 février 1943 et l'instauration du Service du travail obligatoire (STO), afin d'éviter que des dizaines de milliers d’étudiants et d’ouvriers qualifiés n'aille renforcer l’économie de guerre allemande, Championnet devient un soutien majeur du Comité anti-déportation (CAD) de Léo Hamon et Yves Farges. André Grandin, Jacques Girard et Marcel Malvezin du service faux papiers de Ceux de la Résistance (CDLR) lui fournissent l’essentiel des cartes d’identité, certificats de travail, certificats médicaux et attestations de sursis nécessaires. Et le 25 février 1944 l’abbé Borme participe lui-même au commando de Léo Hamon pour détruire les fichiers des cent mille jeunes de la classe 44 appelés en Allemagne.

A la suite d'une réunion dans les locaux de Championnet 35 (42?) résistants parisiens sont trahis et assassinés près de la cascade du Bois de Boulogne

Le Bureau d'information et de presse (BIP) créé en avril 1942 par Jean Moulin est transféré en octobre 1943 par Pierre Corval dans les locaux de Championnet, qui devient la véritable agence de la presse clandestine jusqu’au sabordage de l’imprimerie rendu nécessaire par l’arrestation de plusieurs agents de liaison. Tirés sur des machines parachutées par Londres, tracts, brochures, documents d’information, journaux du Mouvement de libération nationale, le Bulletin de la France combattante, organe du BIP, partent de Championnet pour toute la zone Nord sous la responsabilité de Louis Martin. Championnet sert aussi de boîte aux lettres au courrier acheminé vers Paris depuis Lyon, Vichy et Clermont-Ferrand. Le terrain opérationnel - parachutages, transports de matériels, approvisionnements en armes - est celui de Jean Gineston, responsable du Sabotage du Chemin de Fer (SCF) et membre de l’Organisation civile et militaire de la Jeunesse (OCMJ). Il échappe à la Gestapo en laissant dans les locaux de Championnet un important stock d’armes et d’explosifs qui servent ensuite à de multiples sabotages. Championnet accueille aussi dans ses locaux des réunions régulières des membres du conseil national de la Résistance (CNR) et du comité départemental de libération de Paris (comité parisien de libération, CPL) : Georges Bidault, Léo Hamon, Alexandre Parodi, François de Menthon, Francisque Gay, Pierre-Henri Teitgen, Yves Farge. Une descente de la Gestapo aurait eu des conséquences aussi graves que celle de Caluire avec l’arrestation de Jean Moulin. Juste avant la libération de Paris, un ultime rendez-vous à Championnet des JCC d’Île-de-France avec les FFI de Seine-et-Oise se termine tragiquement. Trente-cinq fusillés de la cascade du Bois de Boulogne[5] (l'association Championnet en dénombre quarante-deux) dont neuf jeunes des JCC tombent sous les balles des SS[1][6]..

Entre haut niveau et action sociale

Après le décès de l’abbé Bernard le 19 octobre 1944, l’abbé Borme reprend la direction de l’œuvre pour en assurer la relance. Le basket est champion de France en 1945 et, hormis une descente en « Excellence » en 1954-55, reste douze ans en Division nationale. Il y revient pour une saison en 1961-1962 puis Championnet refusant la course au professionnalisme, retombe dans l'anonymat. Parmi ses joueurs les plus connus, notons Henri Lesmayoux, Pierre Savetier, Jacques Desaymonet, Maurice Girardot et André Barrais[2]. À Londres en 1948, les trois derniers cités affronteront les États-Unis en finale du tournoi olympique. Et les autres sections ne sont pas de reste puisqu'Adrien Rommel contribue à la médaille d'or de l'équipe de France de fleuret et, après plusieurs titres de champion du monde, récidive aux Jeux suivants, à Helsinki[2]. On assiste pendant cette période où Championnet-Sports est classé 1er patronage de France au développement continu des activités parisiennes avec construction d’une nouvelle salle de sports. Les progrès médicaux remettant en cause l'utilité des préventoriums, l'association Championnet se préoccupe de leur reconversion dès la fin des années 1950. En 1965 le « chalet Saint-André » de Megève devient structure d’accueil pour l’enfance inadaptée et au fil des années, tous les établissements de Bretagne et de Haute-Savoie se transforment en instituts médico-pédagogiques (IMP) puis en instituts médico-professionnels (IMPro) pour finir en instituts médico-éducatifs (IME).

La laïcisation

Suite à la mise en œuvre du concile Vatican 2, l'épiscopat remet en cause le bien-fondé des patronages ; l’abbé Valois, qui a succédé à l’abbé Borme en 1962, en est le dernier prêtre directeur. Membre de Championnet depuis 1945, il en assure la mutation et à partir de 1971, ce sont des laïcs qui reprennent à leur compte le service de « ceux qui campent à la lisière de la société », qui reste bien le premier objectif de Championnet. C'est dans ce cadre qu'ils s'investissent dans l’hébergement des jeunes venus de province pour trouver un emploi à Paris en construisant en 1967 un foyer de jeunes travailleurs d’une centaine de lits dans le XVIIIe arrondissement auquel la proximité du club sportif donne un intérêt tout particulier. Mais la culture n'est pas en reste avec l'équipement en 1974 d’une salle de théâtre dans l’enceinte même du foyer, salle confiée par convention en 1979 à la compagnie Macqueron-Djaoui. Championnet affirme aussi ses compétences reconnues des pouvoirs publics dans le domaine socio-éducatif. Sa notoriété amène la DDASS de l’Oise à lui confier l’ex-préventorium de Chevrières où l’IMPro « Jean Nicole » ouvre ses portes en 1975. En 1983, reprise de l’institut de rééducation psychopédagogique « Le home Fleury » au Mont Saxonnex en Haute Savoie. Et en 1991, création d’un atelier protégé pour adultes à Lothey dans le Finistère et inauguration du centre de formation aux métiers de l’hôtellerie (CFPH) de Sallanches pour les jeunes de l’aide sociale à l’enfance l'année suivante. L'année précédente à Paris un nouveau complexe sportif a été inauguré. A l'aube du XXIe siècle la gymnastique sportive qui a fait les beaux jours de Championnet a disparu et son dernier moniteur général, Jean Besse, a réinvesti son énergie dans la présidence de la commission fédérale de gymnastique de la Fédération sportive et culturelle de France (FSCF). Mais Championnet Sports compte en 2010 vingt cinq sections sportives[2] pour 3 300 membres parisiens auxquels s'ajoutent plus de 1 100 accueillis dans ses instituts de province[1].

Reconnaissance

L'association Championnet est reconnue d’utilité publique par décret du 30 décembre 1931. Et depuis 2003 elle est membre du conseil d'administration (au titre du collège A) du Comité national de coordination de l'action en faveur des personnes handicapées et inadaptées (CNCH-PSP)[7].

Notes et références

  1. a, b et c (fr) Historique sur championnet.asso.fr, 14 novembre 2002
  2. a, b, c et d (fr) Historique sur championnet-sports.org, 24 mai 2009
  3. (fr) Louis Parrot 1945, p. 195
  4. (fr) Roger Beaunez 1989, p. 161
  5. (fr) Adam Rayski, « Le massacre de la cascade du Bois de Boulogne » sur clioweb.free.fr, mai 2007
  6. (fr) Robert Hervet 1948, p. 91
  7. (fr) Bernard Belin 2003, p. 199

Bibliographie

  • Vincent Vier, Championnet (1919-1939) : Un patronage de jeunesse au XXe siècle, Grenoble, Université Pierre Mendès-France, I.E.P., 1992, 215 p. 
  • Bernard Belin, Insertion des jeunes handicapés en milieu ordinaire du travail, Paris, L'Harmattan, 2003, 216 p., p. 199 
  • Robert Hervet (préf. François Hébrard), La FSF de 1898 à 1948, Paris, 1948, 173 p. (OCLC 66302325) 
  • Louis Parrot, L'intelligence en guerre : panorama de la pensée française dans la clandestinité, La Jeune Parque, 1945, 365 p. [lire en ligne], p. 195 

Lien externe


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