Margaritifera margaritifera

Margaritifera margaritifera
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Classification
Règne Animalia
Embranchement Mollusca
Classe Bivalvia
Sous-classe Palaeoheterodonta
Ordre Unionoida
Famille Margaritiferidae
Genre Margaritifera
Nom binominal
Margaritifera margaritifera
(Linnaeus, 1758)
Statut de conservation UICN :

EN A1ce+2c : En danger
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'UICN.

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La moule perlière d'eau douce (Margaritifera margaritifera (Linnaeus 1758), ou mulette, est un mollusque lamellibranche des rivières claires d'Europe, de Russie, du Canada[1] et de la façade Est des États-Unis. C'est une espèce connue pour sa durée de vie exceptionnelle (plus d'un siècle), mais qui est au bord de l'extinction bien que protégée[2].

Groupe de mulettes photographié en Suède où ces mollusques peuvent vivre plus de 100 ans.

Cette espèce a jusqu'au milieu du XXe siècle été exploitée pour la production des perles de joaillerie, avant la découverte au XVIIIe siècle des huîtres perlières tropicales.

Sommaire

Synonymes

Cette espèce a aussi dans le passé été nommée :

Cycle de vie

Le cycle de vie de la moule perlière est associé à celui de la truite fario et à celui du saumon atlantique, car les larves du mollusque se développent à l'abri des branchies de ces poissons, et uniquement de ceux-ci.
Une fois la fécondation faite (les sexes sont séparés) la larve, nommée glochidium, est incubée par la femelle pendant quatre semaines. La taille de 0,05 mm atteinte, la larve est libérée dans le cours d'eau et va se fixer sur l'appareil branchial d'une truite fario ou d'un saumon atlantique. Cette phase parasitaire dure en général quelques semaines (jusqu'à 10 mois), temps au bout duquel le glochidium devient un véritable bivalve en miniature de 0,5 mm. Le mollusque se fixe alors dans le substrat des rivières pour y poursuivre sa croissance et atteindre sa maturité sexuelle vers 20 ans.

La longévité de cette espèce est remarquable, puisqu'elle varie entre 20 et 30 ans pour les individus vivant dans les eaux plus chaudes du sud de l'Europe, à plus de 150 ans pour ceux de Scandinavie.

Écologie

La mulette est un animal filtreur se nourrissant des particules véhiculées par les courants. Pour résister au froid, elle exige un substrat gravillonnaire, voire sableux, lui permettant de s'enfouir, parfois plusieurs années. Elle est donc très sensible à la sédimentation des rivières constituant son habitat : la baisse des débits, colmatant les fonds, entraîne systématiquement sa disparition, bien qu'on observe parfois des déplacements volontaires de sujets adultes (baisse des niveaux d'eau ou augmentation de la turbidité). Sa présence est donc un excellent bioindicateur de la qualité des cours d'eau (présence notamment lorsque le taux de nitrates est inférieur à 1 mg/l).

État des populations, menaces

C'est une espèce menacée de disparition en Europe de l'ouest en 2008. En France, elle était encore signalée en 1998 dans les Pyrénées-Atlantiques et les Vosges ainsi que dans le centre de la France. En 2008, elle est encore connue dans la Vienne, la Dronne et la Charente. Elle est également signalée dans l'Ebre (Espagne). Un peuplement récemment confirmé dans l'Oise s'est éteint suite à une pollution chimique de la rivière. Le Grand Ouest héberge enfin quelques populations relictuelles notamment sur l'Airou, la Sarthon et la Rouvre pour la Basse-Normandie, l'Elez, le ruisseau de Bonne Chère , le ruisseau du Loc'h pour la Bretagne et les gorges du Haut-Allier en Auvergne (Haute-Loire)

Menaces

Cette espèce a été exploitée depuis la Préhistoire par l'Homme du fait de sa faculté de renfermer une perle de nacre exploitable en joaillerie (pour 1 individu sur 1000 en moyenne). On raconte ainsi que Marie de Médicis portait un jour, pour le baptême de son fils, une robe composée de 32 000 perles de Margaritifera margaritifera !! Mais c'est avant tout la pollution de l'eau et la dégradation de son milieu qui sont responsables, depuis à peine 50 ans, de son fort déclin. En effet, c'est une espèce à développement lent et à longue durée de vie. En tant que filtreur, elle accumule de nombreux toxiques (métaux lourds, pesticides...) qui peuvent la tuer ou nuire à ses capacités de développement et de reproduction. Il est possible que les perturbateurs endocriniens soient également un facteur de régression de l'espèce, comme il l'est démontré pour d'autres mollusques.

Le journal Le Figaro en 1892 décrit leur abondance dans certains cours d'eau en Bretagne, dans le Nord de la France, dans l'Est (Vologne particulièrement), dans la Dordogne, la Garonne, etc.. mais note déjà leur raréfaction. Il évoque aussi déjà l'espoir de leur culture et note aussi ses usages, y compris alimentaires, dans des pays comme l'Angleterre, l'Allemagne ou la Chine[3]. Le journal Ouest-Éclair les évoque en 1921, donnant comme exemples de localisation Le Faouët, le Stang-Alar près de Quimper, etc... , signe qu'elles étaient encore assez nombreuses à cette date[4].

La création de lacs de retenue (absence de courant), de microcentrales électriques (changement des débits), les pratiques agricoles (eutrophisation des cours d'eau, pollution par les pesticides, augmentation de l'érosion des sols et par suite de la turbidité), ainsi que l'introduction de truites arc-en-ciel (impropres au développement du glochidium) ont entraîné la quasi-disparition de cette espèce sur pratiquement toute son aire de répartition.
D'où le statut particulier de cette espèce, qui relève de l'annexe III de la Convention de Berne et sa cotation UICN : menacée d'extinction.

Protection

La France a, suite au Grenelle de l'Environnement, prévu un plan de restauration national, à décliner régionalement. La Directive cadre sur l'eau devrait contribuer à la restauration de la bonne qualité écologique des cours d'eau et des bassins versants, mais un certain nombre de paramètres critiques dont la turbidité restent préoccupants, voire montrent une dégradation. Le réchauffement climatique en mettant en été à sec les parties amont de cours d'eau est également un facteur de risque supplémentaire.

Un programme de repeuplement de l'Elez en mulettes perlières[5], avec le soutien de l'Union Européenne se déroule jusqu'en 2016[6]. Un "Plan National d'Actions de la Mulette perlière" (version préliminaire 2010-05-30) vient d'être mis en place[7]. Ce programme n'en est qu'à ses débuts : les populations de la Mulette perlière de l’Elez font actuellement l’objet d’un suivi afin de déterminer les raisons du non renouvellement de ses populations. Des études en génétique des populations ont permis de démontrer que la population de la rivière Elez en Finistère montrait une différenciation exceptionnelle mais une très faible variabilité génétique. Celle-ci peut être expliquée par l’isolement de cette population depuis plusieurs dizaines de millions d’années dans l’ouest de la Bretagne et depuis un million d’années dans la dépression géographique locale, le Yeun Elez[8].

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Clarke, Arthur H., 1981, Les Mollusques d'eau douce du Canada, Musée national des sciences naturelles
  2. Liste des espèces protégées en France, Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe II,
    Directive Habitats-Faune-Flore : Annexe V
    Convention de Berne : Annexe III
  3. Le Figaro n°13 du 26 mars 1862, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k272642m/f3.image.r=Mulette.langFR
  4. F. Perret, "Perles et nacres", Ouest-Éclair n°7289 du 15 novembre 1921, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k583594x/f1.image.r=Mulette.langFR
  5. Programme Life mulette, Bretagne vivante
  6. La Gazette de Brennilis, juin 2011, page 3
  7. http://www.biotope.fr/index.php?theme=mulette_perliere
  8. http://www.geosciences.univ-rennes1.fr/spip.php?article1188

Liens externes


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