Diacritiques utilisés en français

Diacritiques utilisés en français

Le français utilise plusieurs signes et lettres diacritiques dont les cinq signes courants suivants :

Sommaire

Onomastique

La langue française, accueillant traditionnellement les mots étrangers dans leur orthographe d’origine, pourvu bien sûr que cette orthographe soit en caractères latins, on vit apparaître récemment, avec les nouvelles techniques typographiques, des signes diacritiques issus essentiellement de travaux de translittération[réf. nécessaire]. Entrant en contradiction avec la volonté actuelle de simplification de l’orthographe, cette tendance, qu’avait suivie par exemple Larousse, a été stoppée par l’arrêté du 4 novembre 1993 relatif à la terminologie des noms d'États et de capitales. Larousse a adapté son orthographe[1], mais cette tendance perdure ici et là. L’utilisation de diacritiques étrangers n’est en principe tolérée que pour les patronymes ainsi que pour les toponymes sans envergure internationale qui ne nécessitent pas de francisation. Ces mots restant dans tous les cas étrangers au français.

Patronyme

L’orthographe des noms de famille (patronymes) en France est régie par plusieurs textes[2], notamment par la loi du 6 fructidor de l’an II (principe d’immuabilité du nom) et par l’Instruction générale relative à l'état civil (IGREC) du 11 mai 1999 (JORF no 172 du 28/07/1999) qui a pour objet de décrire dans le détail la forme que doivent avoir tous les actes concernant l’état civil, en particulier l’article 106 pour les noms de famille, les prénoms et les noms de lieux :

« Les actes doivent être rédigés en langue française. En effet, aux termes de l’article 2 de la Constitution, le français est la langue de la République, et les actes de l’état civil, qui ont valeur authentique, doivent être rédigés dans cette langue. […] Les signes diacritiques utilisés dans notre langue sont : les points, accents et cédilles. Dans la mesure où ils modifient la prononciation ou le sens des lettres ou des mots, ils font partie de notre langue et doivent être reproduits. Ainsi, lorsqu’ils s’appliquent à des noms propres (patronymes, prénoms, noms de lieu), ils doivent autant que possible être portés ; en particulier, lorsque les actes sont établis avec une machine à écrire. Ces noms doivent être inscrits en lettres majuscules. Si le procédé de mise en forme utilisé ne permet pas l’accentuation des majuscules, la lettre accentuée doit être inscrite en minuscule, même si elle constitue la première lettre du nom patronymique (voir aussi nos 112-2 et 195).
On ne doit pas retenir d’autres signes qui font partie de certains alphabets romains mais qui n’ont pas d’équivalent en français (tel que le « tilde » espagnol). A fortiori, l’utilisation de signes appartenant à un autre système d’écriture que l’alphabet romain est exclue (alphabet cyrillique, idéogrammes, etc.). »

On notera que ce texte oublie de citer le tréma[Note 1], l’apostrophe, le trait d'union entrant dans les noms composés, l’espace, et aussi les ligatures œ et æ.

Cependant, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) développe pour tous ses correspondants informatiques, des normes respectueuses de l’orthographe des noms (espaces de noms pour des schémas d’applications XML[3]). Il est demandé aux officiers d’état civil de

« reproduire strictement le nom de famille tel qu’il figure dans le registre d’état civil.
Les caractères acceptés pour l’écriture du nom sont :

  • les 26 lettres de l’alphabet utilisées dans la langue française en majuscules,
  • 15 lettres avec signes diacritiques en majuscules (À Â Ä Ç É È Ê Ë Î Ï Ô Ö Ù Û Ü),
  • 2 ligatures en majuscules (Æ Œ)
  • l’espace lorsqu’il est partie constituante du nom (par exemple après une particule), l’apostrophe, le tiret ou le double tiret sans espace avant, entre ou après.

Les caractères acceptés pour l’écriture du ou des prénom(s) sont :
Pour la première lettre :

  • les 26 lettres de l’alphabet utilisées dans la langue française en majuscules,
  • 15 lettres avec signes diacritiques en majuscules (À Â Ä Ç É È Ê Ë Î Ï Ô Ö Ù Û Ü),
  • 2 ligatures en majuscules (Æ Œ).

Pour les suivantes :

  • les 26 lettres de l’alphabet utilisées dans la langue française en minuscules,
  • 15 lettres avec signes diacritiques en minuscules (à â ä ç é è ê ë î ï ô ö ù û ü),
  • 2 ligatures en minuscules (æ, œ)
  • l’apostrophe, le tiret sans espace avant et après (obligatoire pour les prénoms composés). »

À noter l’absence de ÿ et Ÿ[Note 2], pourtant présents dans quelques noms propres : Balaÿ, Boulennoÿ, Croÿ, Delannoÿ, Demenÿ, Du Faÿ, Faÿ, Fuÿe, Ghÿs, Lannoÿe, Nicolaÿ, Nouÿ, Ysaÿe (voir aussi infra).

Toponyme

Pour les toponymes, les noms de pays et de villes étant des noms propres, il est recommandé par l’arrêté référencé infra de respecter la graphie locale en usage, translittérée ou non. On ne portera pas, selon cet arrêté obligatoire uniquement pour les fonctionnaires en France, les signes diacritiques particuliers s'ils n'existent pas dans l'écriture du français. En ce qui concerne l'orthographe exacte de certaines communes françaises, la circulaire numéro 469 (Bulletin officiel du ministère de l’Intérieur) régit l'orthographe du nom d'une commune. Elle précise qu’« est considérée comme seule officielle la dénomination de la commune publiée dans les tableaux donnant la population de cette commune à la suite de chaque recensement général ».

La liste officielle des communes françaises se trouve dans le Code officiel géographique (COG) fourni par l'Insee — voir le lien externe plus bas.

Ainsi, on trouvera dans ce code que la lettre ÿ figure officiellement en France dans trois communes : Faÿ-lès-Nemours, L'Haÿ-les-Roses et Moÿ-de-l'Aisne.

Majuscules

Pour simplifier les claviers des machines à écrire, la dactylographie a renoncé à la possibilité d’écrire les majuscules avec leurs diacritiques. Beaucoup de gens pensaient donc que l’usage en était facultatif ou même ne concernait que les minuscules comme le point du i et du j. L’Académie française rappelle cependant que « l’accent a pleine valeur orthographique[4] ».

Combinaisons

Selon les codes typographiques et la région de la francophonie concernée toutes les combinaisons ne sont pas possibles.

Combinaisons
Lettre Accent
aigu
Accent
grave
Accent
circonflexe
Tréma Cédille Point
suscrit
Macron Tilde
A a Á á À à Â â Ä ä A̧ a̧ Ȧ ȧ Ā ā Ã ã
C c Ć ć [Note 3] C̀ c̀ Ĉ ĉ C̈ c̈ Ç ç Ċċ C̄ c̄ C̃ c̃
E e É é È è Ê ê Ë ë Ȩ ȩ Ė ė Ē ē Ẽ ẽ
I i Í í Ì ì Î î Ï ï I̧ i̧ İ i Ī ī Ĩ ĩ
J j J́ j́ J̀ j̀ Ĵ ĵ J̈ j̈ J̧ j̧ j J̄ j̄ J̃ j̃
L l Ĺ ĺ L̀ l̀ L̂ l̂ L̈ l̈ Ļ ļ [Note 4] L̇ l̇ L̄ l̄ L̃ l̃
N n Ń ń Ǹ ǹ N̂ n̂ N̈ n̈ Ņ ņ [Note 4] Ṅ ṅ N̄ n̄ Ñ ñ
O o Ó ó Ò ò Ô ô Ö ö O̧ o̧ Ȯ ȯ Ō ō Õ õ
S s Ś ś S̀ s̀ Ŝ ŝ S̈ s̈ Ş ş [Note 5] Ṡ ṡ S̄ s̄ S̃ s̃
T t T́ t́ T̀ t̀ T̂ t̂ T̈ ẗ Ţ ţ [Note 6] Ṫ ṫ T̄ t̄ T̃ t̃
U u Ú ú Ù ù Û û Ü ü U̧ u̧ U̇ u̇ Ū ū Ũ ũ
Y y Ý ý Ỳ ỳ Ŷ ŷ Ÿ ÿ Y̧ y̧ Ẏ ẏ Ȳ ȳ Ỹ ỹ

Légende des couleurs :

  • En vert, selon le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale (LRTUIN), 2002, page 102, limite les « lettres accentuées en français » (en minuscules uniquement), auxquelles il faut ajouter l’apostrophe.
  • En orange, les lettres diacritées moins courantes mais présentes dans au moins un dictionnaire francophone.
  • En gris, les lettres diacritées totalement absentes du français mais existant dans d’autres langues.
  • En noir, les lettres inexistantes et absentes de toutes les langues. Par exemple c̀ et c̈ n’existent dans aucune langue. En Unicode, elle ne sont pas précombinées (elles n’existent pas seules) et doivent être composées (en accolant la lettre et la diacritique).

Le tréma est parfois utilisé pour les lettres a, o, et y :

On trouve d’autres signes diacritiques dans les dictionnaires francophones pour les termes d’origine étrangère :

La majorité des claviers d’ordinateur français permettent de faire tous les diacritiques en capitales nécessaires à son écriture. Pour un AZERTY, par exemple[Note 8] :

  • on tape ˆ ou ¨ suivi de la voyelle en capitale pour Â, Ê, Ë, Î, Ï, Ô, Ö, Û, et Ü.
  • avec un PC, on presse simultanément les touches Alt Gr et ` (touche 7) avant les lettres A, E, I, O, et U en capitale pour À, È, Ì, Ò, et Ù.
  • les lettres Ç, É, Ÿ ne peuvent se faire directement sous Windows, il faut maintenir la touche Alt en tapant respectivement 0199, 0201 (ou 144) et 0159 sur le pavé numérique ; pour les ligatures Œ, œ, Æ, æ, ce sont respectivement 0140, 0156, 0198 et 0230. Pour certains claviers sans pavé numérique, il faut maintenir la touche Fn avec Alt et entrer les numéros correspondants[Note 9].

Lettres diacritiques

Mais le français utilise aussi pour son orthographe deux lettres dans une fonction diacritique C/CH, G/GU sans compter l’utilisation du H dans les mots d’origine grecque.

Le trait d'union a aussi une fonction diacritique. Par exemple, il distingue les adjectifs numéraux :

  • mille-cent-vingt septièmes (1120/7)
  • mille-cent vingt-septièmes (1100/27)
  • mille cent-vingt-septièmes (1000/127)
  • mille-cent-vingt-septième (1127e).

Ou bien des doublets comme outremer[10] et outre-mer[11].

L’apostrophe a également une fonction diacritique dans les patronymes : Michel de L'Hospital, Pierre Ronarc'h, Odend'hal et dans les toponymes : l'Aber-Wrac'h, Plouezoc'h, etc. (le trigramme c'h venant du breton).

Codage informatique

L’ASCII ne permet de produire aucun des diacritiques même les plus courants.

La norme de codage ISO 8859-1 (dite aussi latin-1) bien que prévu pour coder notamment le français ne dispose pas des lettres « œ », « Œ », et « Ÿ ». La norme ISO 8859-15 ajoute ces trois caractères mais ne dispose pas de caractères plus rares comme le macron.

Unicode est une des seules normes de codages à disposer de la quasi-totalité des lettres existantes en français.

Notes et références

Notes

  1. À moins que le terme points n'englobe les points sur les lettres i, j et le tréma. En effet, la circulaire du 10 juillet 1987, modifiant la précédente instruction du 21 septembre 1955, dans son article 112, précise clairement « accents, trémas, cédilles ».
  2. L'Insee gère ces deux lettres en toponymie.
  3. Ć existe en serbo-croate et se retrouve dans des patronymes comme Milošević.
  4. a et b Le Ļ et le Ņ en letton notent la palatalisation.
  5. Ş est utilisé en turc et en roumain.
  6. Le T cédille (qui existe aujourd’hui en roumain) a été proposé plusieurs fois en français pour représenter la lettre T lorsqu’elle se prononce [s].
  7. Pierre Louÿs, pseudonyme de Pierre Félix Louis, ne peut être considéré comme un patronyme authentique.
  8. Il existe des claviers comme le clavier bépo qui ont toutes les lettres du français en accès plus ou moins direct.
  9. Il existe (pour divers systèmes d'exploitation) des pilotes de claviers azerty ajoutant ces lettres par simple combinaison de deux touches, voir la page AZERTY.

Références

  1. a et b Larousse : 1936 Tokyo, 1980 et 1993 Tōkyō, enfin 2003, 2007 et 2008 en ligne Tokyo.
  2. Accentuez mon nom, Les lois
  3. Insee, exemple module Mariage
  4. (fr) Question courante Accentuation des majuscules sur le site de l’Académie française.
  5. Jacques André, « ISO Latin-1, norme de codage des caractères européens ? trois caractères français en sont absents ! », Cahiers GUTenberg no  25 sur http://www.gutenberg.eu.org, Groupe francophone des Utilisateurs de TEX (GUT), novembre 1996. Consulté le 19 juin 2008.
  6. Définitions lexicographiques et étymologiques de « cañon » du CNRTL.
  7. Définitions lexicographiques et étymologiques de « señor » du CNRTL.
  8. Définitions lexicographiques et étymologiques de « doña » du CNRTL.
  9. Définitions lexicographiques et étymologiques d'« angström » du CNRTL.
  10. Définitions lexicographiques et étymologiques d'« outremer » du CNRTL.
  11. Définitions lexicographiques et étymologiques d'« outre-mer » du CNRTL.

Voir aussi

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Diacritiques utilisés en français de Wikipédia en français (auteurs)

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