De l'usage des majuscules

De l'usage des majuscules

Usage des majuscules en français

L'usage des majuscules en français est encadré par des conventions orthographiques et typographiques. Il en découle que son non-respect, par l'usage incorrect d'une minuscule ou d'une majuscule, peut être une faute d'orthographe. Comme elle n'est pas une majuscule, la capitale n'est pas régie par ces conventions. En français, une majuscule est un repère visuel qui facilite la lecture d'un texte.

Sommaire

Règles générales

Traditionnellement, elle ne peut être que la première lettre d'un mot[1], sauf dans le cas de noms composés (Pays-Bas, le Très-Haut).

En outre, si la première lettre est ligaturée, alors toute la ligature est en capitale (Œuvre).

Le fait que la première lettre d'un mot soit une majuscule ou une minuscule dépend de la nature du mot et de sa place dans la phrase.

Accentuation des majuscules et des capitales

En français, « l'accent a pleine valeur orthographique »[2]. L'Académie française recommande donc l'usage d'accent ou tréma sur une majuscule, tout comme l'utilisation de la cédille. Ainsi les publications de qualité écrivent les majuscules (tout comme les capitales) avec les accents et autres diacritiques, au même titre que les minuscules. En effet, les signes diacritiques ont un rôle important dans les langues qui les utilisent.

Cependant, dans une grande partie du monde francophone (Suisse romande notamment[3], mais pas au Québec[4]), seuls les minuscules et les mots en toutes capitales sont accentués dans les textes courants[5]. Les signes diacritiques ne sont systématiquement reproduits que dans les publications soignées : dictionnaires[6], encyclopédies, Collection de la Pléiade... On trouve donc écrit Etat dans les publications courantes et État dans les publications soignées.

La simple lecture des titres de livres dans une bibliothèque, ou dans les livres scolaires, démontre que l'accentuation des majuscules est ancienne et courante. La pratique tendant à ne pas indiquer les accents sur les majuscules et les capitales trouve sa source dans l'utilisation de caractères de plomb à taille fixe en imprimerie. La hauteur d'une capitale accentuée étant supérieure, la solution était alors soit de graver des caractères spéciaux pour les capitales accentuées en diminuant la hauteur de la lettre, soit de mettre l'accent après la lettre, soit simplement de ne pas mettre l'accent[7]. Cette dernière option a souvent été utilisée durant des siècles, et l'est parfois encore, même si, avec l'arrivée de l'informatique, ces difficultés se sont maintenant estompées.

D'autres problèmes subsistent encore : sous Windows, sur les claviers français AZERTY, où l'accent grave et l'accent aigu sont systématiquement associés à des lettres minuscules (é, è, à, ù), la pose de ces accents sur des majuscules impose des manipulations alambiquées. Il est particulièrement difficile de produire des majuscules accentuées sur un ordinateur portable non muni d'un pavé numérique[8]. L'opération est plus facile quand les accents sont indépendants des lettres, comme l'accent circonflexe, le tréma, l’accent grave (en AltGr+7) ou le tilde (en AltGr+2) sur le clavier français, ou avec un clavier utilisé avec GNU/Linux, ou encore avec un clavier Macintosh. Il n’y a pas de touche morte pour l’accent aigu, car seul le e l'emploie. Il suffit donc, en plus de la touche é, d'une combinaison pour le É ; sur Macintosh et GNU/Linux, taper é alors que Verrouiller Maj est actif donne É. Bien sûr, l'emploi d'une disposition de clavier autre que l'AZERTY et ergonomique, comme la disposition Dvorak ou le Bépo, résout le problème puisque les lettres accentuées ne sont pas considérées différemment des autres lettres de l'alphabet.

Pour pallier les insuffisances du clavier Azerty français Microsoft propose un logiciel nommé MSKLC (Microsoft Keyboard Layout Creator)[9] permettant de créer ses propres pilotes de clavier[10]. Par ailleurs, le seul clavier fourni avec Windows qui permet d’écrire directement en français (y compris ligatures), sans faire appel à des programmes extérieurs qui modifient le registre, et qui peuvent être soumis à des droits d’administrateur, est le clavier canadien multilingue standard, de type Qwerty[11]. Toutefois, il existe désormais un logiciel, Portable Keyboard Layout (PKL), basé sur sur plusieurs scripts AutoHotKey [12] permettant de changer de disposition de clavier sans avoir à installer les pilotes Windows[13], et donc sans droits d’administrateur.

Attribution de la majuscule en fonction de la place du mot

Les majuscules s'utilisent :

Quand la majuscule est due à la place du mot, elle ne se place qu'à la première lettre d'un nom composé dont les éléments sont reliés par des traits d'union. Exemple : « Avant-hier, je me suis couché tard. »

Attribution de la majuscule en fonction de la nature du mot

Règles générales d'attribution

Les majuscules s'utilisent :

  • pour les noms propres ;
  • pour indiquer le sens particulier d'un mot (état et État) ;
  • pour certains mots comme marque de déférence ;
  • pour les noms des objets étudiés dans la terminologie scientifique ;
  • pour distinguer des unités lexicales constituées d'une seule lettre[15].

Quand la majuscule est due à la nature du mot, elle se place à la première lettre d'un nom composé dont les éléments sont reliés par des traits d'union, ainsi qu'aux premières lettres de tous les substantifs, adjectifs et verbes formant ce nom composé. Exemples : le Très-Haut, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, Saint-Jacques-de-Compostelle ou la rue du Cherche-Midi.

Règles particulières d'attribution

Antonomases

Article détaillé : antonomase.
De nom propre

Certains noms propres sont devenus des noms communs. Dans ce cas, ils perdent la majuscule, sauf si le rapport avec la valeur primitive est toujours perceptible. Ainsi, les appellations génériques de certains vins ou fromages sont des noms communs, alors qu'elles viennent de noms de région ou de ville. Par exemple, on écrit un bordeaux pour désigner un vin de Bordeaux et un cantal pour désigner un fromage du Cantal. Des noms de personnes sont également touchés par le phénomène de l'antonomase : un browning désigne une arme inventée par Browning. Par contre, on écrira un Van Dyck pour un tableau peint par Van Dyck[16].

Article détaillé : Appellation d'origine#Grammaire.
De nom commun

Le procédé d’antonomase inverse consiste à faire d’un nom commun un nom propre pour désigner une réalité ou une personne en particulier, et non plus seulement la chose générale définie par le nom commun. Le mot prend alors la valeur d’un nom propre, y compris pour l'usage de la majuscule. C’est, par exemple, le cas de « État », « Dieu » et « Homme ».

Un « état » est une manière d’être. En revanche l’autorité qui gouverne un territoire est l’« État », ce qui donne, par exemple, l'expression « un coup d’État[17] ». Par contre, le mot « états » au sens d'« assemblée provinciale chargée de voter l'impôt en dehors des pays d'élection » garde une minuscule (les états de Bourgogne, les états du Languedoc).

Le mot « église » prend une minuscule pour désigner un bâtiment mais une majuscule pour désigner une institution, telle que « l’Église catholique »[18]. Dans les religions monothéistes « Dieu » est devenu un nom propre puisqu’il ne désigne plus qu’une seule entité unique. Le même processus s'applique pour la Vierge (Marie), le Nouveau Monde (Amérique), l’Orateur romain (Cicéron) ou le Général (Charles de Gaulle)[19]. En science, on met une majuscule à « homme[20] » lorsque celui-ci désigne l’ensemble de la catégorie Homo, le mammifère de l’ordre des Primates. Ainsi, on écrira « l’homme de Cro-Magnon » ou « les droits de l’homme » parce que cela ne concerne qu’une partie de l’ensemble Homo mais « les origines de l’Homme » parce que cela concerne les origines de l'ensemble Homo[21].

Noms composés

La majuscule est utilisée pour le premier mot d'un nom composé tel que le requiert la règle générale et pour les mots qui, à l’intérieur d’un nom composé, requièrent en eux-mêmes la majuscule :

L'adjectif d'un nom composé ne prend de majuscule que dans les cas suivants :

  • s’il est placé devant le mot qu’il détermine et que ce dernier porte une majuscule :
  • s’il est lié par un trait d’union au mot qu’il qualifie, auquel cas il constitue en réalité une seule unité lexicale, et que ce mot porte une majuscule :
  • s’il est le seul élément de caractérisation d’un nom de lieu unique (éléments géographiques, hydrographiques, monuments, etc.) :

Cette convention souffre des exceptions :

Elle suit les différences entre les conventions sur les noms composés. Par exemple, en Suisse romande, l’usage est de lier par un trait d’union l'adjectif aux mots « mont, aiguille, bec, cime, dent, pierre, pointe, rocher, tête, tour » alors qu'en France, l'usage est de ne pas utiliser le trait d'union. Ces usages donnent, par exemple :

  • le Mont-Blanc, en français de Suisse romande[26] ;
  • le mont Blanc, en français de France.

Institutions et organismes d'État

Il existe plusieurs conventions d'usage des majuscules pour les noms des institutions françaises.

Dans la plupart des ouvrages scientifiques, ces noms s’écrivent sans majuscule pour les institutions qui ne sont pas uniques mais avec une majuscule au premier mot de l’entité pour les institutions qui ont un caractère unique :

Les publications officielles, en particulier celles du Journal officiel de la République française, utilisent peu de majuscules, notamment pour les désignations des ministères, par exemple : « ministre/ministère des affaires étrangères » et non « Ministre/Ministère des Affaires Étrangères », « directeur » et non « Directeur » (mais « Direction », « Président de la République » et « Premier ministre »).

Un moyen couramment utilisé dans la presse est de faire suivre de telles appellations par leur sigle entre parenthèses afin d’en marquer la fin : « le Parti socialiste (PS), la Banque centrale européenne (BCE), la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), l’Union européenne (UE) ».

Ces conventions ne sont cependant pas suivies par tous les éditeurs. L’usage commercial[27] consiste à mettre une majuscule sur chaque mot autre qu'un mot de liaison.

Marques commerciales

L'usage des majuscules pour les noms de marques commerciales qui ne sont pas utilisées comme noms communs est celui des noms propres.

Pour les marques utilisées comme nom commun, cet usage n'est pas une règle. C'est par exemple le cas de Kleenex, Klaxon, Frigidaire, Frigo, Scotch ou Rimmel lorsqu'ils font référence à « mouchoir en papier », « avertisseur », « réfrigérateur », « ruban adhésif » et « fard à cils ». En effet, l'usage de la majuscule se retrouve dans les dictionnaires Larousse et Universalis, le Ramat de la typographie (québécois)[28] et le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale alors qu'il ne se retrouve pas dans des ouvrages tels que le Petit Robert, le TLFi, et le Guide du Typographe romand.

Langues, gentilés, nationalités et pays

Article détaillé : Gentilé.

L'usage général considère que les noms de nationalité et les gentilés (noms des habitants d'un même lieu) constituent des noms propres, qui prennent une majuscule. Il en va de même pour les noms de peuples ou pour les habitants d'un continent :

  • Les Toulousains et les Palois d'origine gasconne sont majoritaires.
  • Les Anglais ne parlent pas le même anglais que les Américains.
  • À Cayenne, vivent des Français américains, qui sont aussi des Américains français.
  • Les Juifs et les Arabes.

Les noms de langue et les nationalités employées comme adjectifs prennent toujours une minuscule. Il en va de même pour les fidèles d'une religion, d'une idéologie, d'une philosophie :

Points cardinaux

Quelle que soit leur place dans le texte, les points cardinaux prennent une majuscule :

  • s'ils font partie d'un toponyme :
  • s'ils indiquent une région :
    • « Le climat du Midi est plus agréable que celui du nord de la France[29] »,
    • « Le Nord et le Sud de la France offrent de grands contrastes[30] »,
    • « Les envahisseurs venaient du sud tandis que les armées de l'Est attaquaient par le nord[29] »,
    • le dialogue Nord-Sud[31].

En revanche, les points cardinaux prennent une minuscule s'ils sont employés adjectivement ou s'ils désignent une direction, une exposition, une orientation, une situation relative [30],[32] :

  • « Le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest[29] » ;
  • « Ce jardin est exposée au nord[29] » ;
  • « Les oiseaux se dirigent vers le sud[29] » ;
  • « À l'est de l'Allemagne[29] » ;
  • l'hémisphère nord[30],[32] ;
  • l’ouest de la France[32].

Madame, Mademoiselle et Monsieur

Historique

Les règles pour les mots « madame », « mademoiselle » et « monsieur » sont complexes. Historiquement, l'usage de la majuscule était destiné à marquer dans le discours direct la déférence vis-à-vis de son interlocuteur. Jean-Charles de Laveaux indique en 1846 dans son Dictionnaire raisonné des difficultés grammaticales et littéraires de la langue française :

« Quand on adresse la parole à une personne ou à un être quelconque, le nom qui désigne cette personne ou cet être, fut-il appellatif, doit avoir une majuscule. C'est par la même raison qu'on écrit avec une majuscule Monseigneur, Monsieur, Madame, Mademoiselle en adressant la parole aux personnes. Hors ce cas, on n'emploie point la majuscule et on écrit « j'ai remis votre lettre à monsieur, à madame, à sa majesté. […] » Nous convenons que, quand les majuscules sont nécessaires pour prévenir une équivoque, on fait fort bien de les employer ; mais nous pensons qu'excepté ces cas, qui n'ont lieu que dans un très petit nombre de mots et ceux où les lettres sont prescrites par un usage uniforme et constant, on fait fort bien de les supprimer, et qu'il n'y a rien dans cette suppression qui puisse révolter la raison »[33].

De même pour Caspar Hirzel dans sa Grammaire pratique française (1869) :

« On écrit avec une lettre majuscule les mots Monseigneur, Monsieur, Madame, Mademoiselle quand on les adresse à une personne. Par exemple : Je vous prie, Monsieur, de communiquer cela à vos amis. On traite de même les titres de Majesté, Altesse, Excellence, Grandeur et autres semblants. Mais on écrira : Remettez cette lettre à monsieur R. »[34].

Ces principes sont repris - sans plus de commentaires - par l'Académie française[35] et Émile Littré[36] dans leurs dictionnaires respectifs.

Cet usage s'est peu à peu perdu dans le temps, tant du fait de l'expansion éditoriale que de la généralisation des formes abrégées M., Mme et Mlle, toujours pourvues d'une majuscule. Ainsi, Grevisse écrit dans Le Bon Usage :

« Quand on s'adresse à une personne par écrit, on met ordinairement la majuscule à Monsieur, Madame, Mademoiselle, Monseigneur, Maître, Docteur, Sire et aux noms des dignités, titres, fonctions. Lorsqu'on reproduit par écrit des paroles prononcées, l'usage est assez flottant, mais la minuscule l'emporte. Monsieur, Madame, Mademoiselle, Monseigneur s'écrivent souvent avec une majuscule à propos de personnes dont on parle, surtout si on croit leur devoir de la déférence et quand les mots ne sont pas suivis du nom propre. »[37]

Albert Doppagne reste tout aussi prudent :

« Quand il s'agit d'un supérieur ou d'une personne que l’on désire honorer, l'usage recommande d'user de la majuscule pour le terme qui exprime la qualité de cette personne dans les textes qui lui sont adressés. Pour certains termes (monsieur, madame, docteur, maître) la question se double du problème de l'abréviation. Vous choisirez d'écrire Cher Monsieur ou Cher monsieur selon que vous voulez honorer plus ou moins votre correspondant. Signalons cependant que l'usage de la majuscule se généralise pour éviter que la minuscule ne soit interprétée comme une marque de mépris. Quand on parle d'un tiers, on reste parfaitement libre : J'ai vu monsieur Dubois ou J'ai vu Monsieur Dubois. Une troisième possibilité s'offre à nous et elle réunit la majorité des suffrages : J'ai vu M. Dubois. »[38]

Tout en reconnaissant qu'« il ne s'agit pas toujours d'une règle figée et son usage, comme celui de la langue en général, évolue. Cet usage est même parfois flottant, et les codes typographiques eux-mêmes divergent sur bien des points »[39] ; de nombreux grammairiens préconisent l'usage modéré de la majuscule afin de préserver cette notion de déférence[40], ce que Doppagne résume ainsi :

« Que la publicité abuse de la majuscule, rien de plus facile à comprendre : le procédé est vraiment peu coûteux. En outre, il est insidieux. C'est une publicité indirecte, excellente. Dans les rapports entre les hommes, on devine ce que la majuscule peut apporter : d'un homme, elle fera un seigneur ! Le simple monsieur devient de plus en plus Monsieur, titre, à l'origine, réservé au frère du roi ! […] De détail graphique qu'elle était au départ, la majuscule devient un élément important dont on note les répercussions tant dans le domaine économique que dans les relations sociales. Mais on peut voir aussi où conduit l'abus de la majuscule : multipliée sans raison, elle perd fatalement de son pouvoir ; elle voulait apporter de la clarté, elle risque de provoquer la confusion ; son emploi était rationnel, il devient ridicule. Mettre la majuscule à tous les mots équivaut à se passer de ses services : autant vaudrait la supprimer, ce que font certains. Et il ne faut pas chercher très loin pour trouver des illustrations de ces deux tendances. La majuscule apparaît donc comme une aide précieuse dont il ne faut pas abuser et qu'il ne faut pas négliger. La prodiguer émousse sa valeur ; l'ignorer paralyse l'expression. De là l'importance de son emploi judicieux. »[41]

Règle générale

Dans le texte courant, les mots« madame », « mademoiselle » et « monsieur » s’abrègent généralement lorsqu'ils sont suivis d'un nom de personne ou de qualité[42] en Mme, Mlle et M., et au pluriel en Mmes, Mlles et MM.. Doppagne précise que « l'abréviation est permise et tout à fait courante quand on parle d'un tiers, mais elle est absolument proscrite pour désigner le destinataire du message : Cher M. Dubois pourrait être ressenti comme grossier ou tout au moins impoli. Une tradition de politesse estime que, dans un texte suivi, « madame » ou « mademoiselle » ne s'abrègent pas »[43]. Les abréviations Mr et Mrs pour « monsieur » et « messieurs »[44], utilisées jusqu'au milieu du XIXe siècle, sont considérées aujourd'hui comme fautives[45].

Lorsqu'ils sont écrits au long (c'est-à-dire en entier), le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale préconise la majuscule lorsque :

  • ils constituent un titre honorifique consacré par l'Histoire :
    « Madame Mère »,
    « Monsieur, frère du roi » ;
  • ils constituent le premier mot d'un titre d'ouvrage :
    « En 1857, paraissait Madame Bovary. ». On écrira en revanche « La Soirée avec M. Edmond Teste, de Paul Valéry ».

Il préconise la minuscule lorsque :

  • les mots sont inclus « dans le corps d'une lettre, d'une circulaire, de faire-part divers ou d'autres formules de correspondance » :
    « Veuillez agréer, monsieur, l'expression…»,
  • on emploie la forme de politesse à la troisième personne (et plus généralement quand on s'adresse à la personne) :
    « Non madame, monsieur n'est pas encore rentré »,
    « Je vous écoute, madame. »

En revanche, le Guide du typographe romand préconise la majuscule dans ces mêmes cas :

« Veuillez agréer, Madame, l'assurance... » ;
« – J'ai l'honneur d'annoncer à Monsieur que le carrosse de Monsieur est avancé. »

Dans les autres cas, ces mots prennent une minuscule, notamment lorsque :

  • ils sont utilisés comme noms communs :
    « C'est un vilain monsieur.»[46]
  • on s'adresse à la personne dans un dialogue :
    « D'ailleurs, mademoiselle Marie, je prescris à Mme Richard quelques jours de repos complet à la montagne.»[47] (où l'on peut noter l'abréviation dans le texte s'agissant de Mme Richard à qui le dialogue ne s'adresse pas).

Fonctions et titres civils

Les mots caractérisant une fonction ou un titre civil ou administratif prennent une minuscule :

  • le président-directeur général de la société Truc ;
  • le gérant du magasin ;
  • le secrétaire général de l'association ;
  • le président de la République[48].

Les publications non officielles, en revanche, utilisent souvent une majuscule pour les mots caractérisant la fonction d'un ministre car c'est là sa caractéristique et en quelque sorte son nom propre. Elles conservent la minuscule pour le titre lui-même (ministre) :

  • le ministre de la Santé ;
  • le ministre des Transports ;
  • le secrétaire d'État au Commerce.

Quand plusieurs éléments différents ont fusionné en un seul titre, la règle du parallélisme implique que l'on mette alors une majuscule à tous ces éléments :

  • le ministre délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes âgées, aux Personnes handicapées et à la Famille ;
  • le ministre délégué à la Cohésion sociale et à la Parité.
Cas particulier
Au Canada en revanche, le terme s’écrit tout en minuscules, sauf lorsqu'on s'adresse directement à la personne auquel cas il prend deux majuscules[49]. Exemples :
  • le Président de la République dans les textes officiels (décrets, lois, etc.)[48] ;
  • les titres ou fonctions lorsqu'ils désignent dans un ouvrage une personne précise en se substituant au nom propre[48].
Exemples : l'Empereur (Napoléon), le Pape (Jean XXIII), le Régent (Philippe d'Orléans), le Duce (Benito Mussolini), etc.

Saints

Quand on parle du personnage, le mot saint est un adjectif, qui suit donc les règles pour les adjectifs. Il ne prend donc pas de majuscule La même règle est valable pour les dénominations, moins fréquentes, de « vénérable » et « bienheureux ». Par ailleurs, on ne met pas de trait d'union[50]. On peut éventuellement abréger « saint » en St ou S. (auxquels cas le S est en majuscule) mais toujours sans trait d'union :

On écrit toutefois Sainte Vierge. Certains grammairiens comme Adolphe Victor Thomas font aussi une exception de Saint Louis (Louis IX), probablement par imitation des autres surnoms de souverain, qui prennent la majuscule : Philippe le Bel, Charles le Chauve[51].

Par contre, dans les noms de lieux, de fêtes, d'églises, d'institutions, il est intégré au nom. Il prend donc une majuscule et est lié avec un trait d'union à l'autre nom :

Enfin, en cas d'antonomase, surtout pour les vins (saint-émilion) et les fromages (saint-paulin), ainsi que quelques autres noms (saint-bernard, saint-honoré, saint-pierre, etc.), le nom obtenu est un nom commun et ne doit donc plus prendre de majuscule. On ne met pas nom plus de majuscule aux fêtes fictives de saint-glinglin ou sainte-paye[53].

Titres d'œuvres ou de périodiques

  • Voir aussi : la section dédiée des conventions typographiques.

La règle générale dit que, pour un titre d'œuvre ou de périodique, les règles applicables aux noms propres s'appliquent et que les mots autres que les noms propres ne prennent une majuscule que s'ils sont le premier mot du titre. On écrira, par exemple, Mon oncle, Une saison en enfer ou Voyage au centre de la Terre. Grevisse est à cet égard le plus radical : il indique dans Le Bon Usage que « pour éviter l'arbitraire et les discordances, l'usage le plus simple et le plus clair est de mettre la majuscule au premier mot seulement, quel qu'il soit. » (p. 123).

Cependant les conventions d'usage des majuscules pour les titres d'œuvres restent mal établies. Par exemple, les règles typographiques édictées par le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale sont contredites dans certains cas par l'usage flottant et parfois excessif de la capitalisation parmi les éditeurs. L'Université de Laval-Québec indique à ce sujet que

« sur la couverture d’un livre, par exemple, le graphiste peut décider de n'employer que des bas de casse (minuscules d’imprimerie), même dans les noms propres ; il peut mettre des majuscules à tous les mots ou même utiliser systématiquement les capitales sur toute la page. [...] Il ne convient pas, dans un texte, de restituer l’effet visuel, esthétique ou calligraphique, car il faut demeurer fonctionnel et neutre. Pour cette raison, on ne doit jamais se fier à la façon dont on a orthographié ou présenté le titre d'un livre ou d'une revue sur la page de couverture, voire le titre d’un film sur le générique. Il est préférable d'appliquer intégralement les règles de la majuscule, qui régissent l’emploi des titres dans un texte. »[54].

Il en découle de multiples cas de figure.

Si le titre forme une phrase, alors seul le premier mot prend une majuscule :

Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages
La guerre de Troie n'aura pas lieu
Le soleil se lève aussi
Le train sifflera trois fois

Si le titre est composé seulement d'un adjectif suivi d'un substantif, alors le substantif prend également une majuscule :

Tendre Voyou
Tristes Tropiques

Si le titre est composé seulement de deux substantifs successifs, alors chaque substantif prend une majuscule :

Paris-Presse
France Soir

Si le titre commence par un article défini (le, la, les) et qu'il ne constitue pas une phrase verbale, alors le premier substantif prend une majuscule :

Les Liaisons dangereuses
L'Homme qui rit
La Liberté éclairant le monde
Le Beau Danube bleu

Tout adjectif ou adverbe précédant le premier substantif prend une majuscule :

Le Grand Meaulnes
Les Très Riches Heures du duc de Berry
Les Cinq Dernières Minutes

  • Si le titre est constitué de substantifs énumérés ou mis en opposition (et, ou, ni), chaque substantif prend une majuscule :

La Belle et la Bête
Le Renard, le Loup et le Cheval
Guerre et Paix
En revanche, on écrira : Être et avoir, « avoir » étant un verbe et non un substantif.

  • En cas de sous-titre, les principes précédents s'appliquent à chaque partie :

Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile
Candide ou l’Optimisme
Émile ou De l'éducation

  • Les titres professionnels (« professeur », « docteur », « avocat », etc.), officiels (« ministre », « député », « président », etc.), religieux (« abbé », « rabbin », etc.) ainsi que les grades militaires (« général », « capitaine », etc.) ou honorifiques (« chevalier », « commandeur », etc.) prennent une minuscule sauf lorsqu'ils sont placés en début de titre[55].

Les Quatre Filles du docteur March
La Faute de l'abbé Mouret

  • Quand l'auteur a clairement choisi une typographie originale, il est préférable de la respecter si cette graphie est justifiée. Exemple : eXistenZ de David Cronenberg.
L'Université de Laval-Québec précise cependant : « Au cinéma, on peut même non seulement privilégier la couleur, mais surtout le mouvement et toutes sortes d’effets visuels laissés à l’imagination de l’artiste. On comprendra que le graphiste ou l’artiste a tout avantage à jouer sur les formes graphiques, notamment les majuscules, les capitales, les bas de casse, l'esperluette (&), etc. Il s'agit là de procédés strictement calligraphiques qui ne tiennent pas nécessairement compte des règles relatives aux titres. »[56].

Sigle

Qu'il soit écrit en minuscule ou en capitale, le sigle suit les règles d'usage des majuscules applicables aux noms propres.

Bibliographie

Ouvrages traitant principalement de l’usage des majuscules en français (un bibliographie plus générale est fournie dans l’article Code typographique) :

  • Jean-Pierre Colignon, La majuscule, c’est capital !, collection « Les Dicos d’or de Bernard Pivot », éditions Albin Michel, 2005, 214 pages (ISBN 2-226-14389-0)
  • Albert Doppagne, Majuscules, abréviations, symboles et sigles : pour une toilette parfaite du texte, éditions Duculot 1re édition : 1979, 96 pages (ISBN 2-8011-1121-X) (rééditions 1992, 1998)

Références

  1. Maurice Grevisse et André Goosse, Le Bon Usage, De Boeck & Larcier, Bruxelles, 2008, § 97.
  2. Recommandations de l'Académie française
  3. Guide du typographe, 6e édition, § 252.
  4. Le Ramat de la typographie, d'Aurèle Ramat (Éd. 2005), référence des correcteurs et réviseurs québécois, mentionne: « On doit mettre tous les accents et les signes diacritiques sur les capitales, excepté sur les signes et les acronymes quand ils sont écrits en capitales. »
  5. C’est ainsi que procède le quotidien Le Monde par exemple.
  6. Petit Larousse, Petit Robert et Dictionnaire Hachette par exemple.
  7. Pages de Jacques Poitou, professeur des universités, sur le site de l'université de Lyon-2
  8. Sur certains portables il est toutefois possible d'activer un pavé numérique (chiffres en bleu situés sur les lettres se trouvant au-dessous des chiffres 789) en appuyant sur les touches Fn+VerrNum. L'utilisateur est alors ramené au cas des ordinateurs fixes à pavé numérique.
  9. MSKLC
  10. Exemples de pilotes de clavier : [1]
  11. Pour les claviers Azerty, on peut également se référer à ce dossier.
  12. http://www.autohotkey.com/
  13. Exemple avec Bépo : [2]
  14. Maurice Grevisse et André Goosse, op. cit., § 98.
  15. Maurice Grevisse et André Goosse, op. cit., § 99-101.
  16. Maurice Grevisse et André Goosse, op. cit., § 99, a, 4°.
  17. Le Nouveau Petit Robert, juin 1996
  18. Office québécois de la langue française, La Typographie, « Église »
  19. Mais le général Charles de Gaulle ou le général de Gaulle
  20. Voir homme dans le Dictionnaire de l'Académie française, neuvième édition
  21. http://www.cnrtl.fr/lexicographie/homo?
  22. Il existe une entrée « Blanche (autoroute) » dans le Petit Larousse 2008.
  23. Il existe une entrée « Ibérique (péninsule) » dans le Petit Larousse 2008, Le Robert encyclopédique des noms propres 2008 et le Dictionnaire Hachette 2008.
  24. Dans le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, « la péninsule Ibérique » apparaît sous cette forme dans les QUELQUES EXEMPLES cités à la rubrique Géographie (noms propres de).
  25. Maurice Grevisse et André Goosse, Le Bon Usage, 2008, De Boek, § 100, a, 1°.
  26. Guide du typographe romand, 5e édition, p. 25
  27. Guide du Typographe romand, 5e édition, note 236 (exemple donné : la Banque Cantonale Vaudoise).
  28. Le Ramat note de surcroît que ces mots restent invariables : des Frigidaire, des Opinel, des Coca-Cola
  29. a , b , c , d , e , f , g , h , i  et j Association suisse des typographes, Guide du typographe, Éditions de l’École romande des arts graphiques, Lausanne, 6e éd., « 2 », p. 25 
  30. a , b , c  et d Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, page 144
  31. a  et b Le Nouveau Petit Robert, « nord », page 1498.
  32. a , b  et c Questions de langue : Majuscules, sur le site de l'Académie française.
  33. Dictionnaire raisonné des difficultés grammaticales et littéraires de la langue française, p. 450. Définition reprise par Louis-Nicolas Bescherelle dans son Dictionnaire universel de la langue française, 1856.
  34. Grammaire pratique française, p. 447
  35. Dictionnaire de l'Académie française, 1878, 7e édition, p. 228
  36. Dictionnaire de la langue française, 1872-1877
  37. Maurice Grevisse et André Goosse, op. cit., p. 114
  38. Albert Doppagne, Majuscules, abréviations, symboles et sigles pour une toilette parfaite du texte, Duculot, 1998, p. 56
  39. Office québécois de la langue française
  40. André Jouatte, Dictionnaire d'orthographe et d'expression écrite, éd. Le Robert, 1993 [3]
  41. Albert Doppagne, op. cit., p. 8-9
  42. Guide du typographe romand, 5e édition, p. 31 et p. 57 et Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, p. 119
  43. Albert Doppagne, op. cit., p. 56)
  44. À ne pas confondre avec l'anglais Mr, abréviation de « mister » (« monsieur »), et Mrs, abréviation de « mistress » (« madame »).
  45. Orthotypographie par Jean-Pierre Lacroux. Voir aussi l'article Monsieur.
  46. Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale, p. 119
  47. Guide du typographe romand, 5e édition, p. 31 et p. 57
  48. a , b , c  et d Lexique, op. cit., p. 83
  49. Titres de fonction sur la Banque de dépannage linguistique, La typographie, Office québécois de la langue française. Consulté le 3 août 2009.
  50. Maurice Grevisse et André Goosse, op. cit., § 100, c, 2°.
  51. Maurice Grevisse et André Goosse, op. cit., § 100, c, 2°.
  52. Maurice Grevisse et André Goosse, op. cit., § 100, c, 2°.
  53. Maurice Grevisse et André Goosse, op. cit., § 100, c, 2°.
  54. Trésor de la langue française au Québec.
  55. Albert Doppagne, Majuscules, abréviations, symboles et sigles pour une toilette parfaite du texte, éd. Duculot, 1998 (ISBN 280111121X), p. 55-56. « Le principe est formel : les termes qui désignent les fonctionnaires et les titulaires les plus divers sont des noms communs et s'écrivent avec une minuscule. Il en est de même pour les grades militaires, du caporal au général, ou pour les gradés honorifiques, du chevalier au commandeur. Ce principe ne souffre d'accommodement que si ces termes entrent dans un contexte dans lequel peuvent ou doivent jouer les notions de déférence et de politesse. [...] Lorsque l'on écrit un nom, accompagné d'un ou de plusieurs titres, qu'ils soient placés devant ou après, on note ceux-ci avec une minuscule : le docteur Stratus, le professeur Kolb, le président Delpierre ; Jules Galand, directeur. André Muller, avocat. »
  56. Trésor de la langue française au Québec.

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