Seconde République du Turkestan oriental

Seconde République du Turkestan oriental

Seconde République du Turkestan oriental

شەرقىي تۈركىستان جۇمھۇرىيىتى Ouighour
東突厥斯坦共和國 Chinois

1944 – 1949

Drapeau

Drapeau de la seconde République du Turkestan oriental

Accéder aux informations sur cette image nommée Second ETR in China.svg.
Informations générales
Statut République
Capitale Ghulja
Langue Ouighour, Chinois, Kazakh
Religion Islam


La Seconde République du Turkestan oriental, appelé habituellement la République du Turkestan oriental (RTO), fut une république soviétique qui eut une courte existence dans les années 1940 (12 novembre 1944- 20 octobre 1949) située dans trois districts du nord (Ili, Tarbaghatai, Altay) de la province du Xinjiang de la République de Chine, qui est maintenant la Région autonome Ouighour du Xinjiang de la République populaire de Chine.

En jaune, les districts d'Ili, de Tarbagatay et de Altay au sein de la région autonome Ouighoure du Xinjiang en République populaire de Chine


Sommaire

Origines

De 1934 à 1941 Xinjiang fut sous l'influence de l'Union Soviétique de façon similaire à la Mongolie-Extérieure. Le seigneur de la guerre local Sheng Shicai dépendait de l'Union Soviétique pour le soutien militaire et le commerce. Le gouvernement soviétique a conservé un régiment de soldats du Ministère des Affaires Internes à Kumul débutant en octobre 1937 pour empêcher l’offensive potentielle de l'Armée impériale japonaise au Sinkiang au travers de la Mongolie-Intérieure. En échange, furent permises des concessions pour des puits de pétrole, des mines d'étain et de tungstène, ainsi que la conduite du commerce sous des conditions très favorables à l'URSS. Le 26 novembre 1940, Sheng Shicai a conclu un accord, accordant à l’URSS des concessions supplémentaires pour l’ensemble de la province du Sinkiang pour 50 ans, y compris les secteurs à la frontière avec l'Inde et le Tibet, et plaçant pratiquement le Sinkiang sous le plein contrôle, politique et économique de l'URSS, en faisant une partie de la Chine seulement sur le papier (comme Sheng Shicai le mentionne dans ses mémoires "Red failure in Sinkiang", « l'échec Rouge dans le Sinkiang », publié par l'Université du Michigan en 1958, les pressions de Staline sur lui en 1940 étaient si fortes qu’un refus pour signer cet Accord de Concessions secret en 17 articles, préparé par Staline lui-même, qu’il en résulterait que le Sinkiang partagerait le même sort que la Pologne, comme cela a été expliqué par Bakulin et Karpov, les représentants soviétiques à Urumchi). Suivant cet Accord, une expéditions d'exploration géologiques à grande échelle ont été envoyées par les Soviétiques au Sinkiang en 1940-1941 et des dépôts importants de diverses ressources minérales, y compris de l'uranium et du béryllium (des minerais des deux minéraux furent livrés plus tard des mines d'Altaï du Sinkiang à l’URSS jusqu'à fin 1949 et utilisé dans la conception d'arme nucléaire et la création de la première bombe atomique soviétique) dans les montagnes près de Kachgar et dans la région de l’Altaï, ont été découverts. Après l’invasion allemande de l'Union Soviétique au mois de juin 1941, et l'entrée des États-Unis dans la guerre en décembre 1941, l'Union Soviétique est devenue bien moins attrayante, et le Kuomintang bien plus attrayant comme chef. Fin 1942, Sheng a exigé que l'Union Soviétique retire toutes ses forces militaires et ses officiels politiques du Xinjiang. En 1943, Sheng a été nommé la tête de la branche du Kuomintang dans le Xinjiang et autorisa l’entrée des cadres de Kuomintang dans la province. En été 1944, suite à la défaite allemande au Front de l'Est, il a tenté de réaffirmer le contrôle sur le Xinjiang et s’est tourné vers l'Union Soviétique pour le soutenir une fois de plus. Cette fois Staline a refusé de traiter avec lui et au mois d'août 1944, le Kuomintang l'a retiré de la province en le nommant à une poste de faible importance au le Ministère d'Exploitation des forêts à Chongqing.

Rébellion

Suite au départ de Sheng Shicai du Xinjiang, la nouvelle administration du Kuomintang eu des difficultés croissantes à maintenir la loi et l’ordre. Le 16 septembre 1944, les troupes qui avaient été envoyées au comté de Gongha, une région à majorité Kazak, furent incapables de contenir un groupe d'émeutiers. Le 8 octobre, les émeutiers avaient pris Nilka, le siège du comté. Durant octobre la Révolte des trois régions a éclaté de façon générale au sud de Ghulja dans l’Ili, l’Altay et dans les districts de Tarbagatay du nord du Xinjiang. Aidé par l'Union Soviétique, et soutenu par un nombre d’exilés du Xinjiang entraînés en Union Soviétique, les rebelles ont établi rapidement le contrôle sur les trois régions, prenant Ghulja au mois de novembre. La population ethnique chinoise de la région a été réduite par le massacre et l'exclusion[réf. nécessaire]. Selon des officiels consulaires des États-Unis l'érudit musulman Elihan Tore a déclaré un « Gouvernement musulman du Turkestan » déclarant :

"The Turkestan Islam Government is organized: praise be to Allah for his manifold blessings! Allah be praised! The aid of Allah has given us the heroism to overthrow the government of the oppressor Chinese. But even if we have set ourselves free, can it be pleasing in the sight of our God if we only stand and watch while you, our brethren in religion ... still bear the bloody grievance of subjection to the black politics of the oppressor Government of the savage Chinese? Certainly our God would not be satisfied. We will not throw down our arms until we have made you free from the five bloody fingers of the Chinese oppressors' power, nor until the very roots of the Chinese oppressors' government have dried and died away from the face of the earth of East Turkestan, which we have inherited as our native land from our fathers and our grandfathers."

Les demandes des rebelles ont inclus la fin de la domination chinoise, l'égalité pour toutes nationalités, l'usage reconnu des langues locales, des relations amicales avec l'Union Soviétique, et l'opposition à l'immigration chinoise dans le Xinjiang. Les forces armées de la rébellion étaient la récemment formé Ili National Army (INA), qui a inclus surtout des soldats ouighours, kazakhs et russes Blancs (environ 25.000 troupes, armées et entraînées par l'Union Soviétique, renforcées avec les unités de l'Armée Rouge régulière), et un groupe de membres de la tribu Karai Kazak sous les ordres de Osman Batur (jusqu'à 20.000 cavaliers). Le Kazaks se sont déployés au nord, tandis que l'INA s’est déployés au sud. En septembre 1945, l'Armée du Kuomintang et l'INA ont occupé des positions sur les rives opposées de la rivière de Manas près d’Urumqi. À ce moment, la RTO a pris la Dzoungarie tandis que le Kuomintang a pris principalement les régions à population ouighour du sud du Xinjiang.

Négociations

En août 1945, la Chine a signé un Traité d'amitié et d'alliance accordant à l'Union Soviétique une série de concessions que les États-Unis avaient promises lors de la conférence de Yalta. Ceci a mis un terme au soutien soviétique évident en faveur de la République du Turkestan oriental. Le Kuomintang a obtenu un accord négocié avec les dirigeants de la RTO au mois de juillet 1946. Dans les faits, peu de choses changèrent. La RTO est restée un état prosoviétique indépendant de facto avec sa propre monnaie et son armée. L'activité politique dans la République s’est limitée à l'Union pour la défense de la paix et de la démocratie, un parti sur le modèle du parti unique léniniste. Les officiels du Kuomintang furent bannis des Trois Districts et en retour, le Kuomintang a soutenu activement les politiciens de l'opposition. À ce moment, ils incluaient Elihan Töre qui a disparu lors d’une visite en Union Soviétique et le dirigeant Kazak Osman Batur qui avait rompu avec les autres rebelles quand leur orientation prosoviétique devint évidente. Le Kuomintang a nommé plusieurs Ouighours importants conseillers de l'administration du Xinjiang et le dirigeant de la RTO Exmetjan Qasim, vice-président provincial.

Abolition de la République du Turkestan oriental

Le 24 août 1949, à l’invitation du dirigeant de la Chine communiste Mao Zedong, Exmetjan Qasim, Abdulkerim Abbas, Ishaq Beg Munonov, Dalelkhan Sugirbayev, Rakhimjan Sabirhajiev, Luo Zhi et d’autres représentants de la 2e RTO (au total 11 hommes) prirent l'avion à Almaty, la capitale de la République socialiste soviétique kazakhe, pour aller à la rencontre des dirigeants communistes chinois à Pékin et participer à la Conférence consultative politique du peuple chinois, qui devait proclamer l'établissement de la République Populaire de Chine, mais ils périrent dans un accident mystérieux[1]

Le 3 septembre, l'Union Soviétique informait le gouvernement chinois que l'avion s’était écrasé près du lac Baïkal sur la route de Pékin, tuant tous ses passagers sur le coup. Après l'effondrement de l'Union Soviétique en 1991, d'anciens responsables du KGB ont révélé que les 5 dirigeants de la 2e RTO avaient été tués sur ordre de Staline à Moscou à la fin du mois d'août 1949, conformément à un accord entre Staline et Mao Zedong[2]. Leur mort fut cachée jusqu'à ce que l'APL prenne le contrôle du nord du Xinjiang lors de l'annexion du Turkestan oriental par la République populaire de Chine[3].

Peu de temps avant sa mort, Ehmetjan Qasim a déclaré : « Le Sinkiang devrait certainement devenir l’Uyghurstan - c'est un désir non seulement des Ouighours, mais de tous les habitants et nationalités qui habitent le Turkestan oriental ».

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. Donald H. McMillen, Chinese Communist Power and Policy in Xinjiang, 1949-1977 (Boulder, Colorado:Westview Press, 1979), p. 30.
  2. The quest for an eighth Turkic nation, Taipei Times.
  3. Rémi Castets, Opposition politique, nationalisme et islam chez les Ouïghours du Xinjiang.

Sources

  • Burhan S., Xinjiang wushi nian [Fifty Years in Xinjiang], (Beijing, Wenshi ziliao, 1984).
  • Clubb, O. E., China and Russia: The 'Great Game’. (NY, Columbia, 1971).
  • Forbes, A. D. W. Warlords and Muslims in Chinese Central Asia: A Political History of Republic Sinkiang, 1911-1949 (Cambridge, Cambridge University Press, 1986).
  • Hasiotis, A. C. Jr. Soviet Political, Economic and Military Involvement in Sinkiang from 1928 to 1949 (NY, Garland, 1987).
  • Khakimbaev A. A., 'Nekotorye Osobennosti Natsional’no-Osvoboditel’nogo Dvizheniya Narodov Sin’tszyana v 30-kh i 40-kh godakh XX veka' [Some Characters of the National-Liberation Movement of the Xinjiang Peoples in 1930s and 1940s], in Materialy Mezhdunarodnoi Konferentsii po Problemam Istorii Kitaya v Noveishchee Vremya, Aprel’ 1977, Problemy Kitaya (Moscow, 1978) p. 113-118.
  • Kotov, K. F., Mestnaya Natsional'nya Avtonomiya v Kitaiskoi Narodnoi Respublike--Na Primere Sin'tszyansko-Uigurskoi Avtonomoi Oblasti, [Autonomy of Local Nationalities in the Chinese People's Republic, as an Example of the Xinjiang Uighur Autonomous Region], (Moscow, Gosudarstvennoe Izdatel’stvo Yuridichekoi Literaturi, 1959).
  • Kutlukov, M., 'Natsionlal’no-Osvoboditel’noe Dvizhenie 1944-1949 gg. v Sin’tszyane kak Sostavnaya Chast’ Kitaiskoi Narodnoi Revolyutsii', [The National-Liberation Movement of 1944-1949 in Xinjiang as a Part of the People’s Revolution in China], in Sbornik Pabot Aspirantov, Otdelenie Obshchestvennykh Hauk, AN UzbSSR, Bypusk 2 (Tashkent, 1958) p. 261-304.
  • Lattimore, O., Pivot of Asia: Sinkiang and the Inner Asian Frontiers of China (Boston, Little, Brown & Co., 1950).
  • Mingulov, N. N., 'Narody Sin’tszyana v Bop’be za Ustanovlenue Harodnoi Demokratii 1944-1949 gg.', [The Xinjiang Peoples in Struggle for Establishment of People’s Democracy, 1944-1949], (Abstract of Dissertation in Moscow National University, 1956).

  • 'Natsionlal’no-Osvoboditel’noe Dvizhenie Narodov Sin’tszyana kak Sostavnaya Chast’ *Obshchekitaiskoi Revolyutsii (1944-1949 gody)', [The National-Liberation Movement of the Peoples in Xinjiang in 1944-1949 as a Part of the People’s Revolution in China], in Trudi: Instituta Istorii, Arkheologii i Etnografii, Tom 15 (Alma-Ata, 1962) p. 68-102.
  • Rakhimov, T. R. 'Mesto Bostochno-Turkestanskoi Respubliki (VTR) v Natsional’no-Osvoboditel’noi Bor’be Narodov Kitaya' [Role of the Eastern Turkestan Republic (ETR) in the National Liberation Struggle of the Peoples in China], A paper presented at 2-ya Nauchnaya Konferentsiya po Problemam Istorii Kitaya v Noveishchee Vremya, (Moscow, 1977), p. 68-70.
  • Saviskii, A. P. 'Sin’tszyan kak Platsdarm Inostrannoi Interventsii v Srednei Azii', [Xinjiang as a Base for Foreign Invasion into Central Asia], (Abstract of Dissertation in the Academy of Science, the Uzbekstan SSR), (AN UzbSSR, Tashkent, 1955).
  • Taipov, Z. T., V Bor'be za Svobodu [In the Struggle for Freedom], (Moscow, Glavnaya Redaktsiya Vostochnoi Literaturi Izdatel'stvo Nauka, 1974).
  • Wang, D., 'The Xinjiang Question of the 1940s: the Story behind the Sino-Soviet Treaty of August 1945', Asian Studies Review, vol. 21, no.1 (1997) p. 83-105.

  • 'The USSR and the Establishment of the Eastern Turkestan Republic in Xinjiang', Journal of Institute of Modern History, Academia Sinica, vol.25 (1996) p. 337-378.
  • Yakovlev, A. G., 'K Voprosy o Natsional’no-Osvoboditel’nom Dvizhenii Norodov Sin’tzyana v 1944-1949', [Question on the National Liberation Movement of the Peoples in Xinjiang in 1944-1945], in Uchenie Zapiski Instituta Voctokovedeniia Kitaiskii Spornik vol.xi, (1955) p. 155-188.
  • Wang, David D. Under the Soviet shadow: the Yining Incident : ethnic conflicts and international rivalry in Xinjiang, 1944-1949》Hong Kong: The Chinese University Press, 1999.
  • Wang, David D.《Clouds over Tianshan: essays on social disturbance in Xinjiang in the 1940s》Copenhagen: NIAS, 1999.
  • Benson, Linda, The Ili Rebellion: The Moslem challenge to Chinese authority in Xinjiang, 1944-1949, Armonk, New York: M. E. Sharpe, 1990. (ISBN 0-87332-509-5)
  • James A. Millward and Nabijan Tursun, "Political History and Strategies of Control, 1884-1978" in Xinjiang: China's Muslim Borderland (ISBN 0-7656-1318-2).

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