Leon de Laborde

Leon de Laborde

Léon de Laborde

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Léon de Laborde,
Photo de Charles Reutlinger

Simon Joseph Léon Emmanuel, marquis de Laborde est un archéologue et homme politique français né à Paris le 15 juin 1807 et mort au château de Beauregard à Fontenay (Eure) le 26 mars 1869.

Sommaire

Biographie

Seul fils d'Alexandre de Laborde (1773-1842) et de Thérèse Sabatier de Cabre (1780-1854), Léon de Laborde fit ses études à l'Université de Göttingen. En 1827, il parcourut avec son père une grande partie de l'Europe du Sud et de l'Asie Mineure (Florence, Rome, Naples, Otrante, Corfou, Constantinople, Jérusalem, Alexandrie) et, avec un talent remarquable, dessina de nombreux monuments antiques d'Asie Mineure et de Syrie. Son père reparti en France, il explora ensuite la vallée du Nil avec l'ingénieur Linant de Bellefonds, alors au service de Méhémet-Ali, et l'Arabie Pétrée (actuelle Jordanie), où il recueillit les éléments d'un de ses ouvrages les plus connus, Voyage en Asie Mineure (1838). Toute sa vie, il restera un grand voyageur, séjournant en Angleterre, en Suisse, en Allemagne, en Italie, en Espagne et dans les Pyrénées.

À son retour, il devint secrétaire de l'ambassade française à Rome auprès de Chateaubriand (1828), mais il démissionna avec ce dernier au moment de la formation du ministère Polignac (1829).

Après la Révolution de 1830, Léon de Laborde devint aide-de-camp du général La Fayette avant d'être envoyé comme secrétaire d'ambassade à Londres auprès de Talleyrand. En 1831, il fut attaché, avec la même qualité, à la légation de Hesse-Cassel auprès de son oncle maternel, Auguste Sabatier de Cabre. En 1837, il fut chargé de porter le portrait du duc d'Orléans, fils aîné de Louis-Philippe, à sa future épouse, la princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin.

Mais il ne tarda pas à quitter de nouveau la carrière diplomatique pour s'adonner entièrement à des travaux historiques et littéraires. Membre des jurys des expositions de l'industrie depuis 1839, il rédigea plusieurs des rapports présentés au nom de diverses commissions de ces jurys. L'histoire de l'art attira particulièrement sa curiosité, et il commença en 1839 une Histoire de la gravure en manière noire, annoncée comme le tome V d'une Histoire de l'impression dont il avait donné, six ans auparavant, le spécimen dans une publication abandonnée dès son début (Essais de gravure, 1833). Il fit paraître, l'année suivante, des Recherches sur la découverte de l'imprimerie (1840).

Il épousa Félicie Cousin (1814-1883), fille d'un industriel drapier d'Elbeuf, dont il eut six enfants :

  • Joseph de Laborde (1840-1917) ;
  • Marie de Laborde (1844-1867), qui épousa le baron Aimé Seillière (1835-1870) ;
  • Natalie de Laborde (1846-1929), qui épousa le baron Frédéric Seillière (1839-1899) ;
  • Marguerite de Laborde (1849-1922), qui épousa le baron Aimé Seillière (1835-1870) ;
  • François de Laborde, mort enfant de la diphtérie ;
  • Alexandre de Laborde (1853-1944).

La famille partageait alors son existence entre un appartement parisien du quai Malaquais et le château de Beauregard à Fontenay (Eure), propriété de la famille Cousin, que Léon de Laborde envisagea de faire reconstruire vers 1865, demandant à l'architecte et paysagiste Louis-Sulpice Varé un projet qui ne fut pas réalisé[1].

Le 7 mai 1841, candidat du gouvernement, Léon de Laborde remplaça son père, démissionnaire, comme député du 4e collège électoral de Seine-et-Oise (Étampes)[2]. À la Chambre, il resta assez étranger à la politique générale et vota en toute circonstance avec le ministère, s'affirmant, à l'instar de ses beaux-frères Gabriel Delessert et Édouard Bocher, comme un fidèle soutien de la dynastie nouvelle. Il était d'ailleurs fréquemment admis dans l'intimité de la famille d'Orléans aux Tuileries ou au château de Saint-Cloud. Il s'intéressa vivement à la question de la translation de la Bibliothèque royale et proposa un plan de réorganisation des bibliothèques publiques. Il ne fut pas réélu le 9 juillet 1842[3].

La mort de son père, en 1842, lui ouvrit la succession des honneurs auxquels celui-ci avait été élevé. Après avoir publié un Commentaire géographique sur l'Exode et les Nombres (1841), dans lequel il résumait les résultats de ses recherches géographiques sur la Palestine et la Proche-Orient en général[4], il fut élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1842).

En 1845, il commença la publication de ses Lettres sur les Bibliothèques, qu'il n'a pas terminées. L'une d'elles, la quatrième, sur le Palais Mazarin, offre un réel intérêt historique. Ces lettres furent l'occasion d'un ouvrage conçu sur un plan plus vaste : Les Monuments de Paris, dont la première livraison parut en 1846 mais qui resta lui aussi inachevé. Une autre publication somptueuse, Le Parthénon, fut commencée vers la même époque après un voyage à Athènes, au cours duquel il imagina un projet de restauration de l'Acropole et fit l'acquisition de la célèbre tête de la Pallas Athénée du Parthénon attribuée à Phidias (dite « tête Laborde »), que sa belle-fille lèguera plus tard au musée du Louvre.

Le 1er août 1846, les électeurs d'Étampes renvoyèrent Léon de Laborde à la Chambre[5]. Il y soutint constamment le gouvernement. À la mort du baron de Clarac en 1847, Louis-Philippe lui confia la conservation du musée des antiques au Louvre. La Révolution de 1848 le priva de ces fonctions. Il fut alors chargé, avec Prosper Mérimée et Auguste Philibert Chalons d'Argé, de rechercher aux Tuileries les objets dignes d'être conservés. Rentré, après l'élection du 10 décembre, dans ses fonctions de conservateur au Louvre, chargé des collections du Moyen Âge et de la Renaissance. Il s'imposa, malgré ses démêlés avec le comte de Nieuwerkerke, qui le conduisirent à la démission en 1854, comme l'un des meilleurs connaisseurs des époques dont il avait la charge et qu'il contribua à faire connaître avec ses catalogues raisonnés et ses publications d'histoire de l'art. Il rédiga ainsi un Catalogue raisonné des émaux de son département (1852) et, au retour d'un voyage en Belgique, les documents inédits qu'il avait recueillis sur la cour des ducs de Bourgogne lui fournirent la matière d'un Essai de catalogue des artistes des Pays-Bas (1849). Il commença en même temps sous le titre Les Ducs de Bourgogne une publication destinée à faire connaître l'état des arts et de l'industrie dans la France et les Pays-Bas au XVe siècle.

En 1850, Léon de Laborde avait publié le tome Ier de La Renaissance des arts à la cour de France. Vinrent ensuite : Athènes aux XVe, XVIe et XVIIe siècles (1855), Le Château du Bois de Boulogne (1855), De l'Union des Arts et de l'Industrie (1856). Ce dernier ouvrage reposait sur la vulgarisation des arts en développant des idées alors jugées hardies. La même année, il revint sur le même sujet dans un opuscule intitulé : Quelques idées sur la direction des arts et sur le maintien du goût public.

Pressenti en 1856 pour devenir ministre de l'Instruction publique, Léon de Laborde fut nommé, le 4 mars 1857, directeur général des Archives de l'Empire en remplacement de François-Michel-Armand de Chabrier-Peloubet. Cette prestigieuse nomination fut appuyée par l'impératrice Eugénie, intime de la sœur de Laborde, Valentine, et par Prosper Mérimée, à qui la place avait d'abord été proposée et qui la refusa en recommandant son ami. Laborde est alors fort bien en cour, et l'impératrice rendit plusieurs visites à sa femme à l'hôtel de Soubise, siège des Archives de l'Empire. Il demeura onze années à ce poste, restructurant son service et modernisant les bâtiments : c'est lui qui fit construire par les architectes Janniard et Grisart les nouveaux magasins sur la rue des Quatre-Fils et qui fit aménager à l'hôtel de Soubise le musée de l'Histoire de France, inauguré en juillet 1868. Il lança la publication de l'inventaire des grandes séries (Trésor des chartes et collection des sceaux en 1863, Monuments historiques en 1866, actes du Parlement de Paris en 1867, etc.). Malgré cette intense activité, ou à cause d'elle, il fut particulièrement impopulaire auprès du personnel des Archives, constitué majoritairement il est vrai de républicains opposants au Second Empire. Pressenti pour succéder à Émilien de Nieuwerkerke à la surintendance des beaux-arts en 1863, il refusa pour se consacrer exclusivement aux Archives.

Il fut appelé à faire partie du Sénat du Second Empire le 2 mai 1868. Miné par une grave affection de la moelle épinière, il fut admis à la retraite comme directeur général des Archives le 17 août de la même année. Il mourut l'année suivante, le 26 mars 1869.

Léon de Laborde a collaboré à la Revue des Deux Mondes, à la Revue française, aux Annales archéologiques, etc.

Il fut maire de Fontenay sous le Second Empire.

Sources

  • François d'Ormesson et Jean-Pierre Thomas, Jean-Joseph de Laborde, banquier de Louis XV, mécène des Lumières, Paris, Perrin, 2002 (ISBN 2-262-01820-0)
  • « Léon de Laborde », dans Adolphe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français (1789-1891), XIXe siècle [détail de l’édition] (Wikisource)

Liens externes

Notes

  1. François d'Ormesson et Jean-Pierre Thomas, Op. cit., p. 297
  2. 229 voix sur 320 votants
  3. 184 voix contre 198 à M. de Viart, élu
  4. On y remarqua particulièrement un chapitre dans lequel l'auteur paraît admettre la réalité de la magie.
  5. 263 voix sur 415 votants et 438 inscrits contre 151 au député sortant, M. de Viart
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