Tour de Londres

Tour de Londres
Tour de Londres
La tour de Londres. Au centre de la forteresse : la tour Blanche ; sur la Tamise : le Tower Bridge
La tour de Londres. Au centre de la forteresse : la tour Blanche ; sur la Tamise : le Tower Bridge
Présentation
Nom local The Tower of London
Date de construction 1066
Destination initiale Forteresse, prison, arsenal
Protection  Patrimoine mondial (1988)
Géographie
Pays Drapeau d'Angleterre Angleterre
Localité Londres
Coordonnées 51° 30′ 29″ N 0° 04′ 34″ W / 51.508056, -0.07611151° 30′ 29″ Nord
       0° 04′ 34″ Ouest
/ 51.508056, -0.076111
  

Géolocalisation sur la carte : Londres

(Voir situation sur carte : Londres)
Tour de Londres

La tour de Londres (en anglais The Tower of London) est officiellement appelée « La forteresse et le palais de Sa Majesté, La tour de Londres » (Her Majesty's Royal Palace and Fortress the Tower of London) bien que le dernier monarque qui y ait habité fut le roi Jacques Ier. La tour Blanche, bâtiment carré avec des tourelles sur chaque angle qui lui donna son nom, se trouve au centre d'un complexe de plusieurs bâtiments sur les bords de la Tamise à Londres, dans le district de Tower Hamlets, qui servaient de forteresse, d'arsenal, de trésorerie, d'hôtel des Monnaies, de palais, de refuge et de prison (lieu d'exécution), surtout pour les prisonniers des plus hauts échelons de la société.

Ce dernier usage fut à l'origine de l'expression anglaise « sent to the Tower » (« envoyé à la Tour ») qui veut dire emprisonné, tout comme son équivalent français « embastiller »[1]. Élisabeth Ire y fut emprisonnée deux mois pendant le règne de sa sœur Marie[2]. Le dernier prisonnier célèbre de la Tour fut Rudolf Hess durant la Seconde Guerre mondiale.

En 1988, la Tour a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO[3].

Sommaire

Histoire

La tour de Londres : tour Blanche

En 1066-1067, Guillaume le Conquérant ordonna la construction de la tour Blanche à l'intérieur de l'angle sud-est formé par les remparts de la ville face à la Tamise. Il s'agissait de protéger des envahisseurs normands les habitants de Londres tout en protégeant la ville d'attaques extérieures. Sa position avantageuse à proximité de la Tamise permettait de voir les ennemis traverser le fleuve. Pour la construction de la Tour, le Conquérant fit importer des pierres de Caen en Normandie et nomma Gundulf (en), évêque de Rochester, responsable des travaux. La présence de constructions plus anciennes en bois, notamment celle d'un fort érigé par Jules César lors de l'occupation romaine et dont Shakespeare se fait l'écho dans Richard III, est actuellement controversée[4]. Pour compléter les défenses du fort, le roi Richard Cœur de Lion fit creuser une douve autour du mur de la tour, et la fit remplir d'eau de la Tamise. À l'occasion du drainage des douves en 1830, on découvrit des ossements humains.

Reconstitution des appartements du Roi Édouard Ier

Cependant, le fossé s'étant avéré une défense peu efficace, le roi Henri III en fit revoir la construction au XIIIe siècle selon des techniques éprouvées par les ingénieurs hollandais. Il en profita pour renforcer les murailles, donnant l'ordre d'abattre une partie des fortifications pour agrandir leur enceinte et faisant fi des protestations des habitants de la ville et des rumeurs (rapportées par le moine et chroniqueur Mathieu Paris) qui parlaient de menaces surnaturelles. Henri III fit de la Tour une des principales résidences royales et se fit aménager des appartements somptueux dans la basse-cour.

Les fortifications furent achevées entre 1275 et 1285 par Edouard Ier qui fit construire un mur extérieur entourant la première enceinte et offrant ainsi une double protection. L'ancien fossé fut remis en service et un nouveau fossé aménagé autour de l'enceinte extérieure. La Tour demeura résidence royale jusqu'à l'époque d'Olivier Cromwell, qui fit abattre le logis royal.

Le développement de l'artillerie mit fin au rôle défensif de la Tour. Les fossés furent asséchés en 1830.

La ménagerie

Une ménagerie royale s'ouvrit en ce lieu dès le XIIIe siècle (peut-être dès 1204), sous le règne de Jean sans Terre. Il est possible que les premiers animaux aient été transférés de la ménagerie royale aménagée par Henri Ier dans son château de Woodstock. On sait avec certitude que le roi Henri III y accueillit en 1235 trois léopards (ainsi désignés, mais peut-être s'agissait-il de lions), cadeaux de l'empereur Frédéric II ; d’un ours blanc offert par le souverain norvègien Håkon IV ; ainsi qu’un éléphant, présent du roi de France saint Louis (Louis IX) en 1255 (que le souverain français ramena à l’issue de la sixième croisade). En 1264, les animaux furent installés en un endroit aménagé sur les fortifications près de l'entrée ouest du château qui fut promptement baptisé tour des lions. Sous le règne d'Élisabeth Ire, le public fut quelque fois autorisé à y accéder. On a récemment retrouvé un crâne de lion que les analyses au carbone 14 permettent de dater entre 1280 et 1385[5].

La ménagerie s'ouvrit au public en 1804. C'est là que le poète William Blake put voir le tigre qui lui inspira peut-être The Tyger. Le dernier directeur de la ménagerie, Alfred Cops, la trouva dans un état pitoyable. Il racheta des animaux et fit établir un catalogue scientifique illustré. Mais les jours de la ménagerie étaient comptés, car un jardin zoologique moderne devait s'ouvrir dans Regent's Park. Pour des raisons à la fois commerciales et humanitaires, on transféra donc les pensionnaires de la ménagerie dans le zoo de Londres. Le dernier animal quitta la tour des Lions en 1835. Cette partie des fortifications a été partiellement détruite. Il n'en reste aujourd'hui que la porte des lions.

La prison

Illustration d'un recueil de poèmes de Charles d'Orléans (1394-1465), commémorant son emprisonnement dans la Tour.

La tour de Londres servit de prison pour des prisonniers politiques de haut rang et des dissidents religieux. Le premier prisonnier fut Rainulf Flambard en 1100, condamné pour extorsion alors qu’il était évêque de Durham. Ironiquement, il était lui-même à l’origine de diverses améliorations architecturales de la Tour après que le premier architecte Gundulf eut quitté Londres pour Rochester. Il s’échappa de la tour Blanche en s’aidant d’une corde cachée dans un tonnelet de vin.

Prisonniers célèbres

Exécutions

Site de l'échafaud en face de la chapelle Saint-Pierre-aux-Liens

Les criminels de basse condition sociale étaient généralement exécutés par pendaison dans l'un des sites d'exécution publique à proximité, en particulier à Tyburn, voire sur Tower Hill (« colline de la Tour »). Les condamnés d'origine noble (surtout les femmes) furent quelquefois décapités en privé au sein du complexe, puis enterrés dans la chapelle royale de Saint-Pierre-aux-Liens (Saint-Peter-ad-Vincula).

Personnes décapitées dans la Tour pour trahison :

Le développement de l'artillerie rendit obsolète l'usage militaire de la Tour comme fortification. Cependant, la Tour abrita le siège du conseil de matériel militaire (Board of Ordnance) jusqu'en 1855, et elle fut utilisée en tant que prison durant les deux guerres mondiales.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, onze espions allemands y furent fusillés. Le caporal Josef Jakobs fut le dernier espion à être fusillé le 15 août 1940.

La caserne de Waterloo, où se trouvent actuellement les joyaux de la Couronne britannique, était utilisée comme base pour le 1er bataillon des Fusiliers royaux (régiment de la ville de Londres) jusqu'aux années 1950.

Aujourd'hui

Un Beefeater, garde de la Tour en tenue de style Tudor.

La Tour est une attraction touristique majeure de la capitale anglaise. Elle contient les joyaux de la Couronne britannique et un vestige du Mur de Londres, la muraille romaine que construisit l'empereur Claude pour protéger la ville de Londinium[6].

La Tour abrite aussi une collection d'armures, mais une grande partie de l'exposition d'armures et d'armes anciennes que l'on y trouvait autrefois se visite maintenant à l'Arsenal royal à Leeds dans le Yorkshire.

La Tour est toujours placée sous la vigilance d'une quarantaine de Yeoman Warders armés d'une hallebarde et reconnaissables à leurs uniformes de style Tudor : chapeau rond et costume noir ou rouge, timbré des initiales du souverain régnant (aujourd'hui « EIIR » pour Elisabeth II Regina, « Reine Elisabeth II »). La création de ce corps remonte à 1485. Ces hommes que l'on appelle également Beefeater (« mangeur de bœuf » en référence à la ration quotidienne supplémentaire de viande qui leur était donnée pour s'assurer de leur loyauté. Ce sobriquet leur fut attribué par le reste de la population agacée par ce traitement de faveur notamment durant les période de famine[7],[8]), se recrutaient autrefois parmi les petits propriétaires (yeomen) campagnards. De nos jours, ce sont des sous-officiers brevetés, vétérans de l'armée qui assurent cette charge (ceux-ci devant se distinguer par au moins 22 années de service au sein de l’armée de terre, des fusilliers marins ou dans l’armée de l’air pour pouvoir prétendre rejoindre ce corps). Pour la première fois en septembre 2007, une femme, Moira Cameron[9], a rejoint le corps des beefeaters[9].

Plusieurs corbeaux (Corvus corax) dont les ailes ont été rognées sont nourris à la Tour aux frais de l'État par un « Maître des Corbeaux », car selon une ancienne légende, lorsque les corbeaux quitteront la tour, la monarchie s'effondrera. Les corbeaux qui habitent actuellement la Tour ont pour noms : « Hardey », « Thor », « Odin », « Gwyllum », « Cedric », « Hugin » et « Munin ».

Cet édifice est placé sous l'autorité d'un gouverneur, actuellement le major général Keith Cima.

Notes

  1. Toutefois, contrairement à la Bastille, la tour de Londres n'a jamais été prévue pour servir de prison : le bâtiment est dépourvu d'infrastructure fonctionnel. En 1786, Sophia von La Roche donnera le commentaire suivant : « This seems the most outstanding difference between London and Paris; the foreigner is shown the Tower, while he dare not even look at the Bastille. » (cité par Edward Impey, p.97).
  2. Michel Duchein, Élisabeth Ire d'Angleterre, p. 100, Fayard, Paris, 1992
  3. Entrée sur le site de l'UNESCO
  4. Voir l'article anglais
  5. Des félins dans la tour de Londres (Big cats prowled London's tower, BBC News Online, 24 octobre 2005, webpage: BBC-908
  6. Londinium n'était pas la capitale de la Bretagne romaine. Cette place était tenue par Colchester.
  7. The Yeoman Warders sur Camelot International
  8. L'étymologie selon laquelle le terme de Beefeater serait issu du français buffetier dans le sens de « gardien du buffet royal », est erroné puisque ce dernier terme n'est apparu qu'en 1842 pour désigner les tenanciers de buffet de gare (Dictionnaire Larousse de la langue française - Lexis - 1977).
  9. a et b Tower of London gets first female Beefeater, lundi 3 septembre 2007, Guardian Unlimited

Bibliographie

  • (en) Edward Impey & Geoffrey, The Tower of London. The Official Illustrated History, Merrel, London

Liens externes

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