José Aboulker

José Aboulker
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José Aboulker, né le 5 mars 1920 à Alger et mort le 17 novembre 2009 à Manosque[1], est un médecin, homme politique et résistant français. Il est Compagnon de la Libération.

Sommaire

Biographie

José Aboulker est le fils d'Henri Aboulker, chirurgien des Hôpitaux et professeur à la Faculté de médecine d'Alger, président du Parti Radical local et ancien député maire d'Alger, et de Berthe Aboulker, femme de lettres.

La famille Aboulker était l'une des grandes familles israélites algéroises. Elle donna des rabbins dont le grand-rabbin d'Alger, Isaac Aboulker, décapité en 1815 sur ordre du Dey[2], des médecins comme le docteur Moïse Aboulker, l'un des premiers juifs d'Algérie à faire ses études de médecine en France, qui fut remercié par Clemenceau pour son action durant le siège de Paris en 1870[3] ou comme le professeur Pierre Aboulker, urologue qui a opéré le général de Gaulle.

En avril 1940, José Aboulker, étudiant en médecine, est mobilisé comme EOR (élève-officier de réserve) et démobilisé en février 1941.

Dans la résistance algéroise

José Aboulker fonde dès septembre 1940 un réseau de résistance à Alger, en liaison avec son cousin Roger Carcassonne, industriel et capitaine de réserve, qui en avait organisé un à Oran. Il devient par la suite l'un des principaux dirigeants de la Résistance en Algérie. Les deux cousins firent connaissance d'Henri d'Astier de La Vigerie avec qui ils préparèrent l'assistance française au futur débarquement allié, en liaison avec le colonel Germain Jousse et le consul Robert Murphy, représentant du président Roosevelt à Alger.

Le centre de cette conspiration fut le domicile du père de José, le professeur Henri Aboulker, à Alger, au 26 de la rue Michelet.

Dans la nuit précédant le débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942 (voir opération Torch), José Aboulker commanda du commissariat central, avec son adjoint Bernard Karsenty et les concours de Guy Calvet et du commissaire Achiary, l'occupation d'Alger par 400 résistants.

Ces volontaires civils, dirigés par leurs chefs de groupe, tous sauf exception officiers de réserve, neutralisèrent les centres de commandement et de transmissions, occupèrent les points stratégiques et arrêtèrent les responsables militaires et civils vichystes, à commencer par le général Juin, commandant en chef, et l’amiral François Darlan.

Lorsque le XIXe corps d’armée vichyste, enfin conscient de l’opération, tenta de se mobiliser au matin, il concentra ses efforts contre les résistants au lieu de se porter contre les forces alliées débarquées. Comme à cette heure-là, les débarquements autour d’Alger étaient achevés, José Aboulker, soucieux de ne pas verser le sang français, invita les chefs de groupe, les uns après les autres, à évacuer leurs positions, mais après avoir négocié leur départ le plus longuement possible, afin de fixer le plus longtemps possible les forces de répression et de retarder d'autant leurs interventions éventuelles contre les forces alliées débarquées. Il organisa aussi avec le capitaine Pillafort, l'un des chefs de groupe, des barrages avec les résistants rendus disponibles par l'évacuation de leurs points stratégiques, de façon à paralyser la mobilisation. Si bien qu’au soir, les forces vichystes n’avaient pas encore osé affronter le commissariat central, dernière place forte des insurgés. C’est alors que, grâce à ce « putsch » du 8 novembre 1942, les Alliés, après avoir pu débarquer sans opposition et encercler ensuite Alger impunément, obtinrent le soir même la capitulation de cette ville, avec son port intact, et la reddition des chefs de l’armée d'Afrique.

À Oran et au Maroc où le putsch avait échoué, les Américains furent en revanche accueillis à coups de canon et durent livrer trois jours de combats sanglants et incertains. Ils n’obtinrent le cessez-le-feu qu’après avoir contraint Juin et Darlan à en donner l'ordre sous les menaces du général Clark.

Par la suite Darlan, toujours au pouvoir et qui avait maintenu le régime de Vichy dans le camp allié avec le soutien du général Giraud, fut abattu par le jeune patriote Fernand Bonnier de La Chapelle. Celui-ci avait été désigné par tirage au sort parmi les membres du groupe du 8 novembre[4]. Giraud le laissa fusiller à la hâte, avant de succéder à Darlan.

José Aboulker fut alors arrêté sur l’ordre de Giraud, de même que la plupart des chefs de la résistance (dont son père, grand mutilé de la Première Guerre mondiale), sans la moindre opposition de Robert Murphy, représentant des États-Unis, et déporté dans le Sud algérien, en décembre 1942.

Dans la résistance métropolitaine

Libéré après la Conférence de Casablanca (dite aussi « Conférence d’Anfa »), José Aboulker rejoignit Londres en mai 1943 et s’engagea dans les Forces françaises libres.

En octobre 1943, il fut envoyé clandestinement en France occupée, comme délégué à l'organisation du service de santé des maquis et des FFI. Il prépara l'organisation sanitaire civile pour la Libération et dirigea les opérations de parachutage d'équipements chirurgicaux sur la France.

De retour à Londres en juin 1944, il rejoignit Alger, où il soutint sa thèse de médecine.

En août 1944, il repartit pour une nouvelle mission dans le sud de la France en insurrection afin d'installer les commissaires de la République à Toulouse, Limoges et Clermont-Ferrand.

Pour l'indépendance de l'Algérie

José Aboulker fut délégué de la Résistance d'Algérie à l'Assemblée consultative provisoire de Paris en 1944-1945 et déposa une proposition de modification de la loi électorale en Algérie, pour permettre l’élection de députés musulmans indigènes qui n’avait jamais été admise auparavant. Cette proposition fut adoptée par l’Assemblée consultative et reprise par la loi électorale, ce qui permit la présence de tels députés à l’Assemblée constituante.

Après la guerre, José Aboulker entra au parti communiste et reprit en 1946 ses études de médecine. Il passa successivement les concours d’interne des Hôpitaux de Paris, puis d’assistant. Il devint enfin professeur de neuro-chirurgie et chef de service des Hôpitaux de Paris.

Il s'engagea pour l'indépendance de l'Algérie et s'opposa en 1958 au retour du général de Gaulle dans la lancée des complots du 13 mai. Mais ensuite, compte tenu de l’action du général dans le sens de la décolonisation, il vota en sa faveur en 1965. Il appartint au service médical d'urgence constitué pour le président de la République après l’attentat du Petit-Clamart.

Distinctions

Bibliographie

  • Les Cahiers Français, La part de la Résistance Française dans les événements d’Afrique du Nord (Rapports des chefs des groupes de volontaires qui se sont emparés d’Alger le 8 novembre 1942), Commissariat à l’Information du Comité national français, Londres, août 1943
  • Professeur Yves Maxime Danan, La vie politique à Alger de 1940 à 1944, Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, 1963
  • Christine Levisse-Touzé, L'Afrique du Nord dans la guerre, 1939-1945, Albin Michel, 1998, (ISBN 2-226-10069-5)
  • Thomas Wieder, "José Aboulker, neurochirurgien, grand résistant", Le Monde, 2 décembre 2009, p. 24

Liens externes

Notes

  1. Décès de José Aboulker, Compagnon de la Libération et neuro-chirurgien sur Romandie News, AFP, 23 novembre 2009
  2. Yves Maxime Danan, « Quelques observations sur « Les trois exils » de Benjamin Stora », Guysen Israel News, 20 juin 2006. Consulté le 16 novembre 2008
  3. Henri Chemouilli, « L'école juive »
  4. Récit d'Albert Solal, qui en était
  5. Confirmation selon le site de l'ordre de la Libération et par courrier personnel de Vladimir Trouplin, conservateur du musée de l'Ordre de la Libération

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article José Aboulker de Wikipédia en français (auteurs)

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