Charles Mangin

Charles Mangin
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Charles Mangin
Charles Mangin 02.jpg
Naissance 6 juillet 1866
Sarrebourg
Décès 12 mai 1925 (à 58 ans)
Paris
Origine Drapeau de France France
Allégeance Flag of France.svg Armée française
Conflits Première Guerre mondiale
Commandement 5e Division d'Infanterie
11e Corps d'Armée
VIe Armée
Faits d'armes Membre de la Mission Marchand
Verdun
Offensive Nivelle
2e Bataille de la Marne

Charles Mangin, né à Sarrebourg le 6 juillet 1866 et mort à Paris le 12 mai 1925, est un général français. Convaincu de la valeur des troupes sénégalaises, c'était un partisan ardent d'une armée africaine, la « force noire », plus nombreuse et plus puissante, au service de la France. Mangin tel qu'il était, adoré ou détesté, a incarné le type de l'officier colonial, infatigable, tempétueux, dominant les hommes et forçant les événements.

Sommaire

Carrière

Charles Mangin est né le 6 juillet 1866 à Sarrebourg (alors dans le département de la Meurthe). La défaite de 1870/1871, amène l'annexion de la région et de la ville de Sarrebourg au nouvel Empire Allemand. Ses parents "optent" pour la France.

Ancien élève de l'école militaire de Saint-Cyr, il sert au Soudan français à la tête des tirailleurs sénégalais. Il se bat contre les trafiquants d'esclaves et les djihadistes ou « talebs ». Il participe à la mission Congo-Nil en 1898-1900 sous les ordres de Jean-Baptiste Marchand, notamment lors de la « Crise de Fachoda ». Il en gardera une passion pour l'Afrique noire. Puis il prend part à la conquête du Maroc, sous les ordres de Louis Hubert Gonzalve Lyautey en 1912, au grade de colonel, se distinguant entre autres par la prise de Marrakech, acteur principal de la Campagne du Maroc 1907-1914.

Pendant la Première Guerre mondiale, devenu général, il commande en 1914-15 une brigade d'infanterie puis une division, la 5e Division d'Infanterie de Rouen. Pendant la bataille des frontières, il réussit à prendre Onhaye lors de la Bataille de Charleroi, puis combat sur la Marne et en Artois. Homme de terrain à l'esprit réaliste, il s'oppose à la doctrine d'offensive à outrance « à coups d'hommes » et pratique la préparation d'artillerie massive. Le 22 mai 1916, il attaque en vain le fort de Douaumont (Meuse) puis, toujours à Verdun, il dirige les offensives de reconquête aux côtés de Nivelle. La reprise de Douaumont, menée avec peu de pertes car bien préparée, puis de la côte du Poivre, annule en quelques semaines huit mois d'efforts allemands.

En 1917, il participe à la désastreuse offensive de Nivelle, sur le Chemin des Dames, à la tête de la VIe Armée[1].

Le lieutenant Mangin, lors de la mission Congo-Nil

Celle-ci atteint la plupart de ses objectifs, mais perd 30 000 hommes (8% de son effectif) en deux semaines. Des mutineries de soldats refusant d'aller à une mort certaine se produisent: une centaine de désertions et de refus d'obéissance en mai à la VIe armée. Grand adversaire de Pétain, Mangin est marginalisé par celui-ci, dans le cadre d'une bataille politique entre les clans Briand et Ribot, où des statistiques très manipulées servent d'arguments (on compte comme « pertes » non seulement les morts et blessés graves, mais les blessés légers et les victimes d'engelures). L'attaque s'enlisant, Mangin est limogé avec Nivelle, mais recevra en décembre le commandement d'un corps d'armée

En juillet 1918, Mangin invente et applique la tactique du feu roulant de l'artillerie qui désorganise l'armée allemande partout où elle recule (les canons de 75 avancent sur le terrain abandonné par l'ennemi qui ne parvient pas à sortir du champ de tir qui avance avec lui) ; il démontrait ainsi la supériorité de l'attaque sur la défense préfigurant ainsi les analyses du général de Gaulle (Vers l'armée de métier) et les choix de l'armée allemande en 1940.

Personnage très dur, peu bienveillant envers les prisonniers, très courageux, s'exposant mais sacrifiant parfois ses troupes, dont il était pourtant dans l'ensemble admiré. On trouve dans À La Recherche du temps perdu de Marcel Proust et Les Croix de bois de Roland Dorgelès des descriptions de Mangin.

Statue de Mangin à Paris
Le général et ses huit enfants (Mayence, 1919)

Au printemps 1918, suite à la nomination de Ferdinand Foch, Mangin prend la tête de la Xe Armée et participe à la seconde bataille de la Marne. Il y réalise la célèbre contre-attaque du 18 juillet à Villers-Cotterêts, où il brise l'ennemi. Vainqueur dans l'Aisne à l'automne, il rompt le front allemand, libère Soissons et Laon. L'armistice annule son offensive prévue en Lorraine. Il entre à Metz le 19 novembre, atteint le Rhin à Mayence le 11 décembre, occupe la Rhénanie. Avec le général Fayolle, il occupe la Place de Mayence et la rive gauche du Rhin le 14 décembre 1918; il s'installe à la Deutschhaus. Mangin encourage les autonomistes allemands qui veulent créer une République rhénane, contre les nationalistes prussiens, mais ce projet est refusé par les Anglo-Américains.

Il épouse en première noce en mai 1900 mademoiselle Jagerschmidt fille 'un banquier. Il épouse en secondes noces Antoinette Charlotte Cavaignac, fille de Jacques Marie Eugène Godefroy Cavaignac, ministre de la IIIe République et petite fille du général Cavaignac. Il est le père de Stanislas Mangin, résistant de la Seconde Guerre mondiale.

De 1906 à 1922, son fidèle ordonnance fut un Bambara de haute stature, Baba Koulibaly, qui veilla jour et nuit sur lui avec dévouement et une ostentation que le général appréciait, étant lui-même volontiers théâtral. Mangin meurt en mai 1925 à Paris, au cours d'un repas au restaurant, la rumeur publique parlant d'un « empoisonnement ». Sa mort survient au moment précis d'une époque troublée de la politique française, alors tenue par le cartel des gauches (Herriot, Painlevé, Briand). À cette époque, Painlevé vient d'être élu président du Conseil (17 avril), solution de compromis pour le cartel après la déconfiture d'Herriot démissionné le 10 avril. Briand succédera à Painlevé en novembre. Mangin (cinquante-neuf ans en 1925) étant en consultation auprès des partis de droite pour entrer en politique et sortir la France de sa paralysie. Son passé militaire lui donnant un avantage considérable face à des adversaires de son âge mais n'ayant pas fait la guerre de 1914. Son épouse, très éprouvée, refusera, par conviction religieuse, qu'une autopsie soit pratiquée pour connaître les causes de son décès. Par la suite, elle refusera qu'on lui décerne à titre posthume le titre de maréchal, ne voulant rien devoir à Pétain. Son cercueil se trouve à l'Hôtel des Invalides.

Un monument en son honneur, dû au sculpteur Maxime Real del Sarte, sur la place Denys-Cochin à Paris, fut détruit en octobre 1940 par les forces d'occupation allemandes[2], sur ordre d'Adolf Hitler, et reconstruit après-guerre à proximité de l'église Saint-François-Xavier dans le 7e arrondissement. Une autre statue située dans la clairière de Rethondes fut elle aussi détruite.

Ses écrits

  • La force noire, Hachette, Paris, 1910 (dans ce livre, Mangin préconise l'utilisation rapide et massive des troupes coloniales, dites « Force noire », en cas de guerre en Europe)
  • La Mission des troupes noires. Compte-rendu fait devant le comité de l'Afrique française, Comité de l'Afrique française, 1911, 44 p.
  • Comment finit la guerre, Plon-Nourrit, Paris, 1920, 330 p.
  • Des Hommes et des faits. I. Hoche. Marceau. Napoléon. Gallieni. La Marne. Laon. La Victoire. Le Chef. La Discipline. Le Problème des races. Paul Adam : A la jeunesse. Réponse à M. P. Painlevé, Plon-Nourrit, 1923, 275 p.
  • Autour du continent latin avec le "Jules-Michelet", J. Dumoulin, Paris, 1923, 381 p.
  • Regards sur la France d'Afrique, Plon-Nourrit, Paris, 1924, 315 p.
  • Lettres du Soudan, Les Éditions des portiques, Paris, 1930, 253 p.
  • Un Régiment lorrain. Le 7-9. Verdun. La Somme, Floch, Mayenne ; Payot, Paris, 1935, 254 p.
  • Souvenirs d'Afrique : Lettres et carnets de route, Denoël et Steele, Paris, 1936, 267 p.
  • Les Chasseurs dans la bataille de France. 47e division (juillet-novembre 1918), Floch, Mayenne ; Payot, Paris, 1935, 212 p.
  • Histoire de la nation française (publ. sous la direction de Gabriel Hanotaux), 8, Histoire militaire et navale, 2e partie, De la Constituante au Directoire, Plon, Paris, 1937
  • Lettres de guerre : [à sa femme] 1914-1918, Fayard, 1950, 323 p.

Voir aussi

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Bibliographie

  • Marius André, Entretiens avec le général Mangin sur l'Amérique, P. Roger, Paris, 1926, 273 p.
  • Gabriel Hanotaux, Le Général Mangin, avec un portrait en couleurs, Plon-Nourrit et Cie, Paris, 1925, 99 p.
  • Louis Eugène Mangin, Le général Mangin. 1866-1925, F. Lanore, Paris, 1986, 336 p.). Bonne biographie, notamment sur la formation de Mangin (un mauvais élève non-conformiste, mal vu par les états-majors) et son activité en Afrique: guerres coloniales, lutte contre l'esclavage et les « talebs » de l'Almany Samory, traversée-exploration de l'Afrique centrale jusqu'à Fachoda. Sur la Grande Guerre: conceptions tactiques très différentes de la doctrine d'offensive à outrance de 1914, ou du « grignotage » de Joffre; relations conflictuelles avec Pétain; en 1919, soutien aux autonomistes allemands rhénans, contre les nationalistes proto-nazis.
  • Marc Michel, « Colonisation et défense nationale : le général Mangin et la Force noire », in Guerres mondiales, 1987, n° 145, p. 27-44
  • Paul Moreau-Vauthier, Un Chef : Le Général Mangin 1866-1925, Impr. Charles-Lavauzelle, Limoges ; Les Publications coloniales, Paris, 1936, 128 p.

Notes et références

  1. Rapport de la commission d'enquête sur l'offensive Nivelle, 14 juillet 1917 (conservé au SHAT), établissant que Mangin a « parfaitement commandé son armée pendant la bataille de l'Aisne »
  2. tp://www.caverne-du-dragon.com/UserFile/File/Espace_Presse/dossier-de-presse-expo-tirailleurs.pdf Notice et photo sur le site Caverne du Dragon, page 8, (pdf)]

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