Prise d'otages du Vol 8969 Air France

Prise d'otages du Vol 8969 Air France
Prise d'otages du vol 8969 d'Air France

Date 24 - 26 décembre 1994
Type Prise d'otages
Mort(s) 7 (dont les quatre preneurs d'otages)
Blessé(s) Une dizaine de membres du GIGN
16 passagers
3 membres de l'équipage
Auteur(s) Abdul Abdallah Yahia et trois autres membres du GIA
Organisation(s) Groupe islamique armé

La prise d'otages du vol Air France 8969 (AF8969, AFR8969), vol d'Air France reliant Alger à Paris, par quatre islamistes algériens membres du Groupe islamique armé (GIA), se déroula entre le 24 et le 26 décembre 1994 et se solda par la mort des quatre terroristes à Marseille lors de l'assaut du GIGN, et par celle de trois passagers, exécutés pour faire pression lors des négociations avec les gouvernements algérien puis français. L'objectif présumé de l'attentat était de faire exploser l'avion en vol sur la Tour Eiffel. Le plan du GIA semble préfigurer les attentats du 11 septembre 2001.

La prise d'otages est initiée à Alger, où l'appareil, un Airbus A300 de 220 passagers, stationne deux jours ; l'avion décolle ensuite vers Paris mais doit faire une escale à Marseille pour ravitaillement en carburant, au cours de laquelle l'assaut réussi du GIGN met fin au détournement. Seize personnes sont blessées lors de l'assaut. Cet événement a entraîné l'arrêt des vols Air France vers l'Algérie jusqu'en 2003.

Sommaire

Le piratage

Le commando

Les quatre preneurs d'otages faisaient partie du Groupe islamique armé (GIA). Le meneur est Abdul Abdallah Yahia alias "l'Émir", 25 ans, ancien marchand de légumes et proche de Djamel Zitouni[1],[2]. Les trois autres, également algériens, en raison de leur comportement, auraient été surnommés le tueur, le fou et le simplet par les passagers.

Alger

Le 24 décembre 1994, à l'aéroport Houari Boumedienne d'Alger, quatre hommes armés, arrivés au pied de l'appareil dans un véhicule portant le label Air France, entrèrent dans l'avion lors de l'embarquement du vol AF8969. Ils se présentèrent à l'équipage de cabine comme policiers, puis vérifièrent les passeports des passagers. Les autorités algériennes s'inquiétant de l'immobilisation de l'avion envoyèrent les « ninjas » (équivalent algérien du GIGN) près de l'avion. Constatant leur approche, les quatre hommes les désignèrent comme « impie » en arabe, puis prirent le contrôle de l'avion en déclarant être des mujâhidîn et brandissant armes et explosifs. Ils exigèrent des femmes de se voiler et de ne pas s'asseoir à côté des hommes, et certaines furent immédiatement converties de force à l'Islam en passant le rituel qui consiste à répéter trois fois la chahada.

Le commando exigea la libération de deux responsables du Front islamique du salut : Abbassi Madani et Ali Belhadj. Devant le refus des autorités algériennes, les preneurs d'otage exécutèrent à 14 heures un premier passager, identifié comme policier algérien, sur la passerelle avant de l'avion. Quelques minutes après, ils reprirent le contact avec la tour de contrôle de l'aéroport et exigèrent des autorités qu'elles laissent l'avion décoller, en menaçant d'exécuter d'autres passagers en cas de refus : l'avion était bloqué parce qu'une passerelle d'embarquement y était encore attachée. Ils demandèrent que les ninjas s'écartent de l'avion et reculent la passerelle d'embarquement, mais les autorités algériennes refusèrent d'obtempérer. A contrario, la cellule de crise des autorités françaises à Paris estimait qu'il était préférable de laisser décoller l'avion.

Le Premier ministre français Édouard Balladur voulut négocier la libération des femmes et des enfants en échange de l'autorisation de décoller pour Paris. Le commando accepta et libéra 63 passagers. Mais quand l'ordre fut donné au colonel des ninjas de reculer la passerelle, il refusa. De plus, les autorités algériennes firent intervenir la mère du chef du commando en lui faisant prendre contact avec lui par radio pour le supplier de se rendre. Ces actions rendirent Yahia fou de rage et il fit abattre un second passager : Bui Giang To, un diplomate vietnamien.

Les négociations entre les ninjas et les gouvernements français et algérien se terminèrent dans une impasse. À 21 h 30, le soir de Noël, un jeune employé de l'Ambassade de France, Yannick Beugnet, fut choisi parmi les passagers pour envoyer un message à la tour de contrôle. Il transmit le message des preneurs d'otage, que si l'avion ne pouvait décoller immédiatement il serait abattu. La situation avec les autorités algériennes étant restée au point mort, à 22 h il fut abattu d'une balle dans la tête et son corps jeté hors de l'avion. Le commando envoya un message à la tour de contrôle en menaçant de tuer un passager toutes les trente minutes si l'autorisation de décoller pour Paris n'était pas donnée.

Édouard Balladur proposa l'intervention du GIGN sur l'aéroport d'Alger, mais le gouvernement algérien refusa. Le GIGN fut envoyé le plus près possible d'Alger, c'est-à-dire à Majorque.

Suite à l'assassinat du jeune français, le Premier ministre exige et obtient le décollage de l'avion en menaçant de rendre officiellement aux yeux de la communauté internationale l'Algérie responsable de la mort des otages. Le 26 décembre à 2 heures du matin, près de 40 heures après la prise d'otage, le vol AF8969 fut autorisé à quitter Alger grâce à la pression du gouvernement français et l'escalier fut retiré. Les contrôleurs aériens reçurent secrètement l'ordre de dire aux preneurs d'otage que leur réserve de carburant était trop entamée pour aller jusqu'à Paris. La ville de Marseille fut choisie comme escale pour effectuer un plein de carburant. Le commando du GIGN quitta l'Espagne et rejoignit l'aéroport de Marseille-Marignane vingt minutes avant le vol 8969.

Marseille

Le vol AF 8969 se posa à 3 heures 30 du matin. Fatigués par la prise d'otage, le commando maintint le silence radio et en profita pour dormir.

Pendant ce voyage les services du ministre de l'Intérieur Charles Pasqua furent informés de l'objectif probable des preneurs d'otage et décidèrent que l'avion ne devait pas quitter Marseille, quel qu'en soit le coût.

Le commando reprit contact avec la tour de contrôle et exigea 27 tonnes de carburant. Huit tonnes auraient suffi pour rejoindre Paris, ce qui conforta le gouvernement français dans l'idée que leur intention était de transformer l'avion en bombe volante. Le commando expliqua qu'il souhaitait rejoindre Paris pour y donner une conférence de presse. Les autorités leur répondirent que tous les journalistes du monde étaient à Marseille et qu'il ne servait à rien d'aller à Paris. La solidité de l'argument perturba le commando qui accepta l'organisation d'une conférence dans l'avion. Il tomba alors dans le piège imaginé par le GIGN : en effet, l'avant de l'avion fut vidé et les passagers amenés vers l'arrière. L'organisation de la conférence permettait non seulement de gagner du temps pour préparer l'offensive, mais aussi d'accentuer la fatigue du commando.

L'assaut

Air France vol 8969

À 17 h 08, le GIGN était prêt à intervenir, mais en raison du retard de la conférence, le chef du commando eut une intuition et exigea du commandant de déplacer l'avion vers la tour de contrôle. Ce mouvement impromptu perturba le GIGN qui dut se réorganiser. La conférence de presse étant repoussée sur le prétexte que les journalistes n'étaient pas prêts, le commando perdit patience et l'un des membres mitrailla la tour de contrôle.

Le commandant Favier donna le signal d'assaut. Trois passerelles motorisées s'approchèrent de l'A300, deux vers les portes arrières avec 11 hommes de chaque côté et une passerelle de 8 hommes à l'avant de l'appareil. Ils ouvrirent avec difficulté la porte avant droite, car la passerelle était trop haute et bloquait l'ouverture de la porte. Elle fut reculée puis avancée à nouveau une fois la porte ouverte, blessant un homme du GIGN. Le premier gendarme à pénétrer dans l'avion est Eric Arlecchini dit "Arlé"[3],[4] qui se met en appui face à l'arrière de l'appareil pour couvrir le reste du groupe. Il est suivi de Thierry Prungnaud qui s'approche du cockpit et parvient sous l'effet de la surprise à tuer un terroriste et à blesser le chef du commando, avant de recevoir un feu nourri des deux autres terroristes au même moment où il s'apprêtait à en neutraliser un troisième. Une rafale de Kalachnikov AK-47 le touche à l'avant-bras et lui fait rater sa cible, une seconde rafale le touche encore à l'avant-bras et vient déchiqueter le kevlar de son gilet pare-balle, une troisième rafale d'Uzi le touche à la poitrine et se termine par une balle lui brisant la visière de son casque et le projetant en arrière[5]. L'échange de tirs se poursuit entre les hommes du GIGN et le dernier preneur d'otages, caché sous la table de navigation. Celui-ci ira même jusqu'à lancer une grenade qui atterrira près de l'infortuné Thierry Prungnaud, toujours au sol, qui aura le réflexe de tourner le dos à l'objet pour éviter une explosion fatale.

Pendant ce temps, l'ensemble des passagers et du personnel navigant commercial était évacué par les portes arrières de l'appareil via les toboggans de secours.

Les caméras de télévision étaient braquées sur l'avion lorsqu'un membre d'équipage (le co-pilote) se jeta du cockpit par un hublot latéral qu'il ouvrit pour fuir la fusillade, dans sa chute il se cassant le bras et le fémur. Il y restait alors encore l'OMN (Officier Mécanicien Naviguant), et le commandant de bord, ainsi que le dernier preneur d'otage. Ce dernier opposa une forte résistance, blessant des membres du GIGN, en épargnant les deux derniers membres d'équipage technique. Après 20 minutes d'assaut, il fut abattu d'une balle dans le cœur.

Note : le film L'Assaut, tout comme le livre de Roland Môntins et Jean-Michel Caradec'h sur lequel il est basé[6], indique que le troisième pirate de l'air n'a pas été abattu par Thierry Prungnaud, mais par un tireur d'élite placé hors de l'avion.

Onze membres du GIGN furent blessés dont neuf grièvement, ainsi que treize passagers et trois membres de l'équipage. En 2011, cette délicate opération anti-terroriste est considérée comme l'une des plus grandes réussites du GIGN. Preuve de cette réussite le GIGN recevra après cette mission des compliments de nombreuses autres unités d'intervention notamment des SAS britanniques pourtant avares en la matière [réf. nécessaire].

Bibliographie

Références

  1. L'Express, Partie 3, Presse-Union, 1996
  2. Revue militaire suisse, Volume 141, 1996
  3. www.gign.org, Témoignages - Rencontre avec Thierry P.
  4. Roland Môntins et Jean-Michel Caradec'h, L'Assaut p247
  5. Roland Môntins et Jean-Michel Caradec'h, L'Assaut p248
  6. Roland Môntins et Jean-Michel Caradec'h, L'Assaut p270

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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