Profession de foi

Profession de foi
Profession de foi musulmane en écriture arabe calligraphiée (il n'y a pas d'autre dieu que Dieu et Mahomet est son Messager) gravée sur l'une des colonnes de la Grande Mosquée de Kairouan (en Tunisie).

Une profession de foi (du supin « professus » du verbe latin « profiteor », de pro- en avant et de fateor = déclarer) est une déclaration ouverte et publique d'une croyance et/ou d'une foi. Elle est individuelle, au contraire de la confession de foi (de cum = avec, ensemble et du même verbe déclarer).

Ci-dessous les professions de foi caractéristiques des religions monothéistes.

Sommaire

Judaïsme

Chez les juifs, la profession de foi prend la forme du Shema Israël (שמע ישראל en hébreu), « Shema Israël Hachem Elokenou, Hachem Ekhad », citation du Deutéronome (6:4) : « Écoute Israël, l'Éternel est notre Dieu, l'Éternel est Un. »

Il est récité chaque jour, matin et soir ; au chevet des agonisants ; par le jeune juif au moment de sa Bar Mitzwah. Il figure sur les téfiline (phylactères), les morceaux de parchemin portés sur le front et le bras gauche, conformément aux instructions du Deutéronome, ainsi que dans un petit rouleau placé sur le linteau de la porte d'entrée, la mezouzah.

Christianisme

Le christianisme connait des confessions de foi. Si la profession de foi est individuelle, la confession de foi est collective et détermine qui est chrétien et qui ne l'est pas. Dans les églises dogmatiques, elle est obligatoire.

Pour les chrétiens, la première profession de foi est le kérygme, proclamation des premiers chrétiens. Les professions de foi actuelles ou symboles (également appelées Credo, « je crois » en latin, par les catholiques) sont :

Le catholicisme fusionne confession de foi et profession de foi, selon son principe que la doctrine fait le chrétien. La confession de foi est faite par les chrétiens au moment du baptême, et lors de chaque messe. Dans le vocabulaire usuel, les expressions « profession de foi » et « confession de foi » sont employées sans distinction.

La question de la confession de foi agite les protestantismes européens depuis le XVIIIe siècle, partant du principe que c'est la grâce de Dieu qui fait le chrétien et non la doctrine. Elle divise libéraux et orthodoxes (c'est-à-dire justement attachés à la vraie confession de la foi). On considère donc comme non-confessante toute Église qui satisfait à l'un ou l'autre des principes suivants :

  • elle n'exige aucune confession de foi particulière de ses pasteurs à leur entrée en fonction (reconnaissance de ministère)
  • elle reconnaît toutes les confessions de foi produite par le christianisme sans en recommander aucune en particulier. Ce cas est fréquent dans les Églises unies.

Les protestantismes européens écrivent régulièrement des confessions de foi et en précisent la date et la portée. Celles-ci s'inscrivent généralement dans la lignée du Symbole des apôtres et des symboles œcuméniques (Symbole de Nicée, Symbole d'Athanase). Parmi les confessions de foi réformées célèbres :

Le pape Jean-Paul II a publié une encyclique sur la foi et la raison le 14 septembre 1998 : Fides et Ratio. Elle porte sur les relations entre la foi et la philosophie. Elle mentionne le besoin de philosophies présentant une ouverture métaphysique pour assurer une fonction de médiation, et met l'accent sur la substance spirituelle.

Islam

Chez les musulmans, la profession de foi est appelé shahâda (de arabe, « témoignage »), est l'une des cinq obligations du croyant, et la plus importante. Elle consiste en deux énoncés :

  1. Ash-hadou an lâ ilâha ill-Allâh, « j'atteste qu'il n'y a pas d'autre dieu que Dieu »
  2. Ash-hadou anna Mouhammadan Rasoûloullah, « j'atteste que Mahomet est son Messager[1] ».

La Shahada est récitée, entre autres, à l'oreille du nouveau-né, et le mourant doit la prononcer avant son dernier souffle. Elle fait également partie de l'Adhân, l'appel à la prière lancé du haut des minarets.

Sens restreint

Jour de communion solennelle (1969).

Dans un sens plus restreint, la profession de foi est :

  • une cérémonie catholique, anciennement appelée « communion solennelle », par laquelle le jeune fidèle renouvelle les engagements pris lors de son baptême. Elle remonte au XVIIIe siècle et est particulière à la France ainsi qu'aux pays des anciennes colonies françaises, particulièrement en Afrique. Elle a lieu généralement au mois de mai ou début juin. Cette cérémonie, qui n'a pas d'existence canonique, est distincte de la confirmation, sacrement qui confirme (renouvelle) le baptême. Comme elle marque parfois la fin de l'enseignement catéchétique et que nombre de jeunes prennent ensuite leurs distances avec l'Église, le cardinal Marty regrettait que trop souvent « la profession de foi sonne le départ à la retraite du jeune chrétien ». C'est malgré tout l'occasion pour les familles de se réunir autour d'un événement religieux, et pour le jeune catholique, celle de recevoir en cadeau, souvent une bible.
Dans la mesure où elle représente l'entrée du jeune dans la communauté des adultes, elle s'apparente à la Bar Mitzwah juive. Relativisons cela : le jeune Bar Mitsvah, s'il devient fils de la loi et de ce fait tenu à l'orthopraxie propre à sa congrégation, est aussi susceptible d'être appelé à la lecture et au commentaire de la paracha comme l'inaugure la cérémonie. De même, la confirmation du jeune protestant, si elle ne renouvelle rien de son baptême, l'introduit à l'adolescence dans la communauté des adultes. Il témoigne de sa satisfaction à avoir été baptisé dans son enfance, si tel est le cas, ou reçoit le baptême du professant ; il devient alors apte à prêcher comme l'inaugure la cérémonie. Il devient aussi électeur c'est-à-dire qu'il vote dans les assemblées où se décide l'avenir de la congrégation ou de l'église locale.
  • l'acte par lequel un religieux ou une religieuse prononce ses vœux, temporaires ou définitifs.

Sens étendu

Par extension, on appelle profession de foi toute déclaration publique d'un corps de doctrines. On peut parler de profession de foi d'un homme politique ou d'un parti, par exemple.

En particulier, on appelle professions de foi les documents réalisés par les candidats, qui y détaillent leurs programmes politiques, et envoyés à tous les électeurs avant une élection, accompagnés des bulletins de vote. Elles sont au préalable validées par une Commission qui vérifie leurs conformités avec la loi.

D'une façon générale, cette expression perd quelque peu sa résonance religieuse pour désigner toute déclaration publique sur l'honneur d'un individu qui jure de respecter un certain nombre de principes juridiques et moraux.

Notes et références

  1. Roger Foehrlé, L'Islam pour les profs : recherches pédagogiques, éd. Karthala Éditions, 1992, p. 66
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