Guerre D'indépendance Irlandaise

Guerre D'indépendance Irlandaise

Guerre d'indépendance irlandaise

Histoire de l'Irlande
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La guerre d'indépendance irlandaise ou guerre anglo-irlandaise désigne la campagne que mena l'Armée républicaine irlandaise (IRA) contre la Police royale irlandaise (RIC), l'armée britannique et les Black and Tans en Irlande, de janvier 1919 à juillet 1921.

Sommaire

Origine

Proclamation de la République irlandaise (1916)

Le gouvernement britannique a promis avant la Première Guerre mondiale d'accorder à l'Irlande le Home Rule, devant permettre aux Irlandais de former leur propre gouvernement autonome au sein du Royaume-Uni. Cette promesse est remise à plus tard par l'irruption de la guerre.

Certains nationalistes comme Redmont choisissent alors de soutenir l'effort de guerre britannique, ce qui provoque une scission au sein de l'organisation paramilitaire (légale) des Irish Volunteers, les partisans de la collaboration avec la Grande-Bretagne prenant le nom de National Volunteers.

Les nationalistes plus radicaux refusent ce soutien. Ils s'incarnent dans deux organisations politiques principales : l'Irish Republican Brotherhood (IRB, clandestine) et le petit Parti travailliste (légal) de James Connolly. À ces deux organisations politiques s'ajoutent deux organisations paramilitaires légales (les lois britanniques de l'époque n'interdisaient pas aux membres d'une association de défiler en armes, pour autant que celles-ci soient légales) : Les Irish Volunteers, maintenant essentiellement réduits aux partisans de l'IRB, et la Irish Citizen Army (ICA), émanation du Parti travailliste.

Au début 1916, les chefs républicains, comme Patrick Pearse et James Connolly, décident de s'orienter vers un soulèvement armé, en profitant des difficultés britanniques dans la guerre. Pour ce faire, ils recherchent et obtiennent le soutien de l'Allemagne impériale et du Kaiser.

L'insurrection a lieu le lundi de Pâques 1916 à Dublin. Mal coordonnée, elle est réprimée en 5 jours par l'armée britannique, Patrick Pearse ayant tout juste le temps de proclamer la naissance de la République d'Irlande. L'armée républicaine irlandaise est également proclamée, pour être l'arme de la république, et fusionne les Irish Volunteers et la la Irish Citizen Army.

La répression du soulèvement est brutale, les leaders de l'ICA et de l'IRB, à l'exception de Éamon de Valera (à cause de sa nationalité américaine) sont condamnés à mort et exécutés après leur reddition.

Monument commémoratif de la guerre d'indépendance à Dublin

L'exécution des dirigeants de l'insurrection provoque un basculement de l'opinion publique. Les Irlandais, qui avaient dans leur majorité été hostiles à l'insurrection, se rangent alors du côté des nationalistes. Cette tendance s'accentue après l'introduction de la conscription en Irlande, en 1918, rejetée par la majorité de la population.

Le camp républicain décide alors de modifier sa pratique ancienne de l'abstention électorale, et de présenter des candidats pour profiter du nouveau soutien de l'opinion.

Le parti Sinn Féin, un parti nationaliste modéré créé en 1905, accepte d'accueillir les candidats républicains, et rassemble désormais les principales tendances du nationalisme irlandais, à l'exception des autonomistes héritiers de Charles Stewart Parnell. Le « nouveau » Sinn Fein obtient 70% des votes aux élections générales organisées en décembre 1918.

Les élus Sinn Fein, soit la majorité des Irlandais élus pour aller siéger au parlement de Westminster, décident alors de refuser de siéger à Londres. Ils décident par contre de la création unilatérale d'un parlement irlandais, le Dáil Éireann. Ce parlement et son gouvernement, l'Aireacht, déclarent au début 1919 l'indépendance de l'Irlande en s'appuyant sur leur bras armé, l'Armée républicaine irlandaise.

La violence commence

En janvier 1919, deux policiers sont tués par l'IRA : l'Irlande est en guerre. Michael Collins organise une guerre de guérilla suivant le modèle des Boers, harcelant les forces britanniques et évitant toute confrontation directe. L'IRA s'attaque tout d'abord aux policiers irlandais du Royal Irish Constabulary (RIC), en les intimidant et en organisant des coups de mains contre leurs casernes, le but étant de les pousser à la passivité ou à la collaboration.

Les conducteurs de trains refusent de transporter les soldats britanniques et les dockers de décharger l'équipement destiné aux troupes.

En 1920, l'IRA s'est assuré du contrôle de la plupart des zones rurales, abandonnées par le RIC, l'impôt britannique n'y est plus collecté et les tribunaux britanniques ne peuvent plus fonctionner, faute de jurés. Le gouvernement irlandais prend alors le relais de ces deux institutions.

Les troupes britanniques, voyant qu'elles commencent à perdre le contrôle du pays et fatiguées des embuscades montées par l'IRA, multiplient les exactions contre la population, s'aliénant l'écrasante majorité des irlandais. Dans les 18 premiers mois de la guerre, ils pillent une centaine de villes et de villages, arrêtent près de 5 000 suspects et en fusillent 77.

Le nombre de partisans actifs de l'IRA ne cesse dès lors d'augmenter, jusqu'à atteindre près de 15 000 personnes, sans compter la création de nombreux groupes de soutien.

Michael Collins et l'IRA

Le château de Dublin, résidence du vice-roi et siège de la G division

Depuis Dublin, le ministre des finances du gouvernement clandestin, Michael Collins est le véritable coordonnateur de la guerre du côté nationaliste. Son emprunt d'État auprès de la population irlandaise est un succès (à tel point qu'il prête une partie des fonds collectés aux Bolchéviques, obtenant en gage les bijoux de la couronne russe) et les forces britanniques échouent à capturer le commandement de l'IRA.

La cible prioritaire du big fellow est la G division de la Dublin Metropolitan Police, organisée par les Britanniques pour contrer les indépendantistes irlandais. Elle est vite dépassée par les évènements et subit les attentats et les intimidations de l'IRA qui dispose de nombreux sympathisants en son sein.

L'escalade de la violence

Constatant que le RIC est incapable de maintenir l'ordre en Irlande, le gouvernement britannique constitue une force paramilitaire de 7 000 hommes pour soutenir l'action de la police irlandaise, les Black and Tans. Durant l'été 1920, les Tans, brûlent et pillent de nombreuses villes irlandaises, traitant avec brutalité la population.

Une force de 2 200 anciens officiers de l'armée britannique, les Auxiliaires (ou Auxies) est également formée, ils sont mieux organisés et expérimentés dans la lutte anti-guérilla et obtiennent de meilleurs résultats.

Le gouvernement britannique encourage secrètement la répression tout en la niant publiquement. Le Restoration of order in Ireland Act voté par le Parlement transfère l'autorité des tribunaux ordinaires irlandais à des juridictions d'exception : les cours militaires d'enquête. En août 1920, le maire de Cork, Terence Mac Swiney est arrêté et condamné à deux ans d'emprisonnement à Londres pour possession d'écrits séditieux. Il entame depuis sa prison une grève de la faim qui finira par sa mort le 25 octobre 1920. Ses funérailles, le 1er novembre attirent une large foule.

La guerre (novembre 1920 - juillet 1921)

Durant cette période, près de 1 000 partisans nationalistes, policiers et soldats britanniques sont tués au cours des combats, et près de 4 500 membres de l'IRA sont emprisonnés.

Désormais, le gouvernement britannique ne prend plus de gants, la priorité est l'élimination de l'IRA et surtout de son état-major dirigé par le nouveau ministre des renseignements du gouvernement irlandais clandestin, Michael Collins.

C'est dans ce but qu'est créé le Gang du Caire, 18 agents secrets entraînés par le MI5 pour traquer les nationalistes à Dublin, épaulés par les Auxies. Le 21 novembre 1920, les hommes de Michael Collins assassinent 15 membres du Gang. Dans les heures qui suivent, les Auxies répliquent en tirant dans la foule lors d'un match de football gaélique à Croke Park. Quatorze personnes sont tuées et 65 blessées, parmi lesquelles des enfants au cours de ce que l'on appellera le Bloody Sunday.

Peu après, les combats autour de Cork redoublent, plusieurs Auxies meurent au cours d'une embuscade, ce qui provoque de sévères représailles. Le 11 décembre 1920, le centre de Cork est incendié par les forces britanniques qui empêchent ensuite les secours d'arriver sur place.

La guerre se traduit au début de 1921 par des séries d'embuscades meurtrières de l'IRA, auxquelles répondent des exactions de plus en plus musclées des Auxies et des Tans qui systématisent la torture et les brutalités contre la population. L'organisation indépendantiste subit également plusieurs revers qu'elle impute à des informateurs réels ou supposés qui sont exécutés sommairement.

le bureau de douane de Dublin, siège de l'administration britannique en Irlande

Éamon de Valera, contre l'avis de Michael Collins veut désormais privilégier l'assaut frontal contre les Britanniques. Le chef du gouvernement clandestin veut en effet que l'IRA, soit perçue comme étant une armée régulière et non une organisation terroriste afin que la République d'Irlande soit reconnue à l'étranger.

Une première action d'envergure est organisée contre un des symboles de l'occupation britannique, le bureau de douane de Dublin (custom house) le 25 mai 1921. L'opération est un échec partiel. Les nationalistes sont en effet vite délogés, 5 des leurs sont tués et près de 80 sont capturés. Mais le centre administratif des douanes et toutes ses archives sont totalement détruits.

Les différentes opérations à travers toute l'Irlande connaissent un succès mitigé et les hommes de l'IRA se retrouvent progressivement à court de munitions.

Malgré leur succès limité, ces opérations spectaculaires et largement médiatisées ont démontré qu'après un an d'opérations militaires, les Britanniques sont toujours incapables de rétablir l'ordre en Irlande.

Les élections du 13 mai, où 124 des 128 sièges sont gagnés par le Sinn Féin, démontrent de plus que par leurs actions maladroites, les Britanniques ont poussé l'écrasante majorité des Irlandais dans les bras des nationalistes.

Le gouvernement britannique, n'ayant pu juguler l'insurrection, se voit contraint d'envisager des négociations avec les rebelles sous la pression de nombreux députés de la Chambre des communes et du roi George V, révoltés par la répression sur la population irlandaise.

Le 24 juin 1921, Lloyd George propose l'ouverture de négociations, qui aboutissent le 10 juillet 1921 à une trêve[1] et à l'ouverture de négociations entre le gouvernement britannique et le gouvernement républicain irlandais de Éamon de Valera. Pendant celles-ci, les soldats britanniques sont consignés dans les casernes et les partisans de l'IRA peuvent garder leurs armes.

Le traité et l'État libre d'Irlande

Arthur Griffith, premier chef du gouvernement de l'État libre
Article détaillé : Traité anglo-irlandais.

La négociation peut alors débuter à Londres. Elle accouche le 6 décembre 1921 du traité anglo-irlandais signé entre autres par Michael Collins et Arthur Griffith au nom du Sinn Féin, et Lloyd George et Winston Churchill pour le gouvernement britannique.

Le traité est ratifié par le Parlement britannique en décembre 1921 et par le Dáil Éireann le 7 janvier 1922. Les Britanniques évacuent l'Irlande (hors Irlande du Nord) au cours du premier semestre 1922, et la constitution de l'État libre d'Irlande est établie en décembre 1922.

Certaines limitations à la souveraineté de l’État libre ont dû être acceptées par les négociateurs :

  • la plus importante est la renonciation à la république : le souverain britannique reste le chef d’État de l’Irlande, quoique sans pouvoir concret ;
  • le partage de l’île : l’Irlande du Nord devait décider d’un ralliement à l’État libre mais pouvait s’y opposer, ce qui fut effectivement le cas ;
  • un serment de fidélité à la couronne britannique : « Je ... jure solennellement une véritable fidélité et allégeance à la Constitution de l'État libre d'Irlande telle qu'établie par la loi, et que je serai fidèle à sa majesté le roi George V, à ses héritiers et successeurs selon la loi, en vertu de la citoyenneté commune de l'Irlande et de la Grande-Bretagne et de son adhésion au groupe des nations composant le Commonwealth britannique des nations[2] ». La fidélité à la constitution irlandaise venait en premier, et la mention « je serai fidèle à sa majesté le roi » n'impliquait aucun devoir d'obéissance concret, mais le serment de fidélité à un souverain étranger est un des principaux motif de l’opposition des nationalistes au traité.

Du fait de ces limitations, une minorité des combattants de la guerre d’indépendance derrière de Valera refusent d'accepter le traité, ce qui provoque la guerre civile irlandaise qui dure de juin 1922 jusqu'en mai 1923 et coûte la vie à certains leaders du mouvement indépendantiste, comme Michael Collins et Rory O'Connor. Les partisans du traité en sortent victorieux. La plupart des stipulations du traité sont finalement révoquées dans les années 1930 par Éamon de Valera, après l’accession de celui-ci au poste de premier ministre d’Irlande (1932).

Voir aussi

Filmographie

Bibliographie

(en)

  • M.E. Collins, Ireland 1868-1966 (Educational Company 1993)
  • Tim Pat Coogan, Michael Collins
  • Richard Comerford, Ireland Inventing the Nation (Hodder 2003).
  • Richard English, Armed Struggle, a History of the IRA (MacMillan 2003)
  • Peter Hart, The IRA at War 1916-1923 (Oxford: Oxford University Press, 2003 ISBN 0-19-925258-0)
  • Peter Hart, The IRA and Its Enemies: Violence and Community in Cork, 1916-1923 (OUP 1998, ISBN 0-19-820806-5)
  • Michael Hopkinson, The Irish War of Independence (Gill & Macmillan, 2002)
  • Lord Longford, Peace by Ordeal
  • F.S.L. Lyons, Ireland Since the Famine
  • Dorothy MacCardle, The Irish Republic (Corgi paperback)
  • Meda Ryan, Tom Barry: IRA Freedom Fighter (Cork: Mercier Press, 2003). ISBN 1-85635-425-3

(fr)

  • Tom Barry, Victoire pour l’armée secrète, collection Action, 1966, publié ensuite sous le titre Guérilla en Irlande, Presses universitaires de Bretagne, Rennes, 1971.
  • Dan Breen, Mon Combat pour l'Irlande
  • Pierre Joannon, Michael Collins et la naissance de l'IRA.
  • Pierre Joannon, Histoire de l'Irlande et des Irlandais, Perrin, 2005
  • Bibliographie de l'Irlande

Notes et références

  1. La question d'Irlande, Jean Guiffan, Éditions Complexe, édition de 2001, pages 106 et 107.
  2. Article 4 du traité anglo-irlandais, et article 17 de la constitution de 1922 : I... do solemnly swear true faith and allegiance to the Constitution of the Irish Free State as by law established, and that I will be faithful to H.M. King George V, his heirs and successors by law in virtue of the common citizenship of Ireland with Great Britain and her adherence to and membership of the group of nations forming the British Commonwealth of nations.
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