Définition classique de la République

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République

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La république est une des formes constitutionnelles de l'État, qui se conçoit comme consubstantiel du peuple. Toute république doit donc être comprise, définie et fondée par opposition aux conceptions monarchiques ou théocratiques de l'État et de la Nation.

Sommaire

Définitions et différences

Dans une monarchie 
l'État ou l'administration, le territoire, les populations sont des propriétés privées (res-privata), c'est une possession par fait naturel et le fait du plus fort. Le pouvoir et la propriété se transmettent par héritage familial. Sa pérennité et son identité sont incarnées par une seule personne, le propriétaire légal du territoire (le roi, la reine), de « droit divin » ; le gouvernement de la res-privata "royale" peut prendre diverses formes, de la monarchie pure (gouvernement d'un seul autocratiquement, ou absolutiste), jusqu'à des formes républicaines avec l'existence d'une démocratie quant à la gestion du bien privé royal (cas des monarchies parlementaires).
Dans une théocratie 
l'État ou l'administration, le territoire, les populations sa pérennité et son identité sont propriété de Dieu lui-même (chef d'État) comme le Vatican où le pape est assimilable à un premier ministre. Le cas de l'Iran est moins théocratique, mais plus religiocratique par la présence du guide suprême (pouvoir fondamental, chef d'État) devant le pouvoir exécutif (nommé ici présidence). Dans théocratie et religiocratie il peut y avoir une république partielle, gestion du bien divin, et une chose politique et même une démocratie.
Dans une république 
l'État ou l'administration n'a de sens que dans la propriété d'un peuple ou de population de la gestion souveraine de la res-publica (bien et chose publique). Dans cette conception, la république est le plus souvent associée à l'affirmation (constitutionnelle ou non) d'un bien commun et d'une chose publique, que son gouvernement tente de préserver. Une simple confédération d'intérêts particuliers ne suffit donc pas à fonder une république.


Sur 194 pays recensés dans Wikipédia, 135 sont déclarés comme des républiques, contre 22 royaumes ou sultanats, 9 fédérations ou unions, 3 principautés : c'est donc la forme d'État la plus répandue.

Il existe de nombreuses conceptions de la république, et autant de formes concrètes, par exemple les républiques socialistes (Vietnam), démocratique (Congo), populaire (Chine, Bangladesh), islamique (Pakistan, Iran), fédérale (Allemagne, Brésil), Arabe (Égypte, Syrie), bolivarienne (Venezuela)...

À noter : le concept d'unité et d'indivisibilité de la République est une conception spécifiquement française. Les républiques fédérales n'ont pas nécessairement la même exigence. La laïcité, dont le principe est très loin d'être universellement reconnu, ne peut pas davantage être associée automatiquement à la république.

Si le concept est assez large pour inclure des démocraties représentatives, une république n'implique pas forcément une démocratie. Un État de forme républicaine peut être une démocratie limitée, où certains droits ne sont réservés qu'à un groupe restreint : la république est alors dictatoriale ou totalitaire. Par ailleurs, si la république est associée à la poursuite du bien commun, des régimes politiques d'inspiration libérale, comme la monarchie constitutionnelle anglaise, qui prennent les décisions au nom du bien individuel ou communautaire, ne peuvent pas non plus êtres considérés des régimes républicains dans le sens strict du terme.

Il est plus ambigu de traiter le concept de république Islamique. Cette dénomination peut sembler une contradiction dans les termes, et c'est sans doute évident pour l'Iran qui présente, sous bien des aspects, les caractéristiques concrètes d'une théocratie à fonctionnement partiellement démocratique. En revanche, le cas des Maldives est plus clair : il s'agit effectivement d'une république, mais le terme islamique précise que le système judiciaire est régi par la charia.

Étymologie

Le mot République n'est pas grec même si quelques-uns s’en servent pour traduire le terme « politeia » qu’on trouve chez Platon et chez Aristote, qui veut dire, la marche des affaires publiques dans un polis ou ville-état. Le mot « république » est d'origine romaine et est une invention de Cicéron, qui dans son De republica, voulait reprendre l’ambition platonicienne de définir les contours d’une cité juste, mais sur des bases romaines. Composé à partir de deux mots latin  : le nom féminin « res », qui signifie la « chose », et l'adjectif « publica », que l'on peut traduire par « publique », la res publica, ou « chose publique », désigne dans un premier temps l'organisation publique de la société (comme dans La République de Platon). Mais la paternité du terme « République », au sens moderne, est souvent accordée à Jean Bodin qui la définit dans Les six livres de la République en 1576 comme un « droit [1] gouvernement de plusieurs ménages et de ce qui leur est commun, avec puissance souveraine ».

Dans son œuvre Du contrat social, Jean-Jacques Rousseau définit la république comme « tout État régi par des lois, sous quelque forme d'administration que ce puisse être ; car alors seulement l'intérêt public gouverne, et la chose publique est quelque chose. Tout gouvernement légitime est républicain. »

Évolution du sens

Trois textes classiques ont transmis les sens multiples de ces deux termes aux modernes : La république (Politeia) de Platon, Le politique (Politike) d'Aristote, et De la république (De re publica) de Cicéron. Pour les médiévaux, le livre de Cicéron était reçu en forme de citations de Augustin d'Hippone, la plupart dans La Cité de Dieu (Civitas dei). Ils n'avaient Aristote qu'en latin, traduit de l'arabe, traduit du grec; et Platon qu'en fragments, les deux pleins de termes confusément définis. L'expérience historique des médiévaux était d'un Rome qu'on peut appeler post-républicain, un empire idéal, universel, et monarchique. Donc les Jean de Salisbury, les Thomas d'Aquin ont eu une tendance à définir res publica comme un état réglé, surtout monarchique. Ils écrivaient couramment, par exemple, de la Res Publica Christiana sous la papauté. Dans une même optique, plusieurs courtisans du XVIIIe siècle écrivirent des poèmes où ils louaient la bonne gestion par Louis XIV de la république.

Au contraire, dans les villes, émergentes après le XIIe siècle, on se souvenait mieux des formes de gouvernement de l'ancienne Res publica Romana, et là renaît, vers 1300, la définition de république comme un état sans roi, qu'il soit aristocratique ou démocratique. La culture classique étant généralisée dans la noblesse à l'époque, chaque lettré avait déjà entendu parler de la République romaine qui avait précédé la Rome des empereurs. Les grands voyageurs connaissaient aussi d'autres exemples comme la république helvétique ou la république de Genève. Dans tous ces régimes, c'étaient des électeurs qui désignaient chaque fois que nécessaire qui prendrait en lieu et place de tous, avec leur délégation, les décisions de la période à venir. Les érudits en histoire savaient que la dynastie des Capétiens était également à une époque arrivée au pouvoir par une élection.[réf. nécessaire]

Allégorie de la République à Paris (France).

Le sens médiéval survivait, notamment dans le livre de Jean Bodin, un soutien des politiques pendant les guerres civiles de calvinistes et catholiques, et des absolutistes plus tard; mais la définition urbaine et humaniste d'un état libre (free-state, stato libero), état populaire, ou état sans roi s'étant trouvé dans Bartolus de Saxoferrato (De regimine civitatis, Perugia, vers 1350), Coluccio Salutati (De tyranno, Florence, 1400) et Leonardo Bruni (Laudatio fiorentinae urbis, 1403-04), apparut chez Machiavel au milieu de son Discours sur Tite-Live (« Discours » no. 16-18, 1513?), gagna deux grands états, les États-Unis des Pays-Bas (1581) et le Commonwealth de l'Angleterre (1649), convainquit David Hume et Montesquieu vers 1750, révolutionna les États anglais de l'Amérique du Nord, et triompha partout dans l'Europe après 1792.

République et monarchie

Rien ne permet de dire qu'entre une monarchie et une république, l'une soit nécessairement plus démocratique que l'autre, l'élection ou non du chef de l'État ne présage en rien de la nature du régime. Une dictature peut être dénommée république avec un chef d'État « élu » d'un parti unique, et une démocratie peut être dénommée monarchie, avec un chef d'État héréditaire.

Les monarques règnent généralement à vie et sont remplacés à leur mort par un parent (on parle dans ce cas de monarchie héréditaire), soit déterminé par eux ou encore soit par des règles préétablies (on parle ici de monarchie constitutionnelle). Beaucoup de monarchies constitutionnelles actuelles sont tout à fait démocratiques, comprenant un parlement élu par le peuple.

Les présidents de républiques, au contraire, sont généralement élus pour un mandat limité - de même que leurs successeurs. De nos jours, de nombreuses républiques non démocratiques se disent démocratiques, et nonobstant le contrôle des résultats électoraux maintiennent le rituel d'élire régulièrement leur chef d'État ; dans ces États, de nombreux chefs d'États abandonnent leurs fonctions (par démission ou retraite anticipée) ou y sont forcés (par des moyens constitutionnels) par d'autre membres de l'élite dominante. Il y a cependant des exceptions - chaque nouvel empereur du Saint Empire, par exemple, était élu par les principaux princes de l'Empire, bien qu'à travers les siècles la coutume évolua jusqu'à nommer à cette charge les membres successifs d'une même famille.

Histoire

L'histoire de la république remonte aussi loin que l'ancienne Akkad. La république antique la mieux connue est la République romaine, qui dura de -509 à -44. Dans la république romaine, les principes d'annualité (exercice du pouvoir pour un mandat d'une seule année) et de collégialité (exercice du pouvoir par au moins deux hommes en même temps) étaient couramment observés.

À notre époque, le pouvoir exécutif s'incarne généralement dans une seule personne, le président ou un premier ministre, mais quelques exceptions sont constatables comme en Suisse, qui possède un conseil de sept membres à sa tête (appelé le Conseil fédéral) et Saint-Marin, où deux personnes se partagent le pouvoir. Dans ces derniers cas, l'exercice du pouvoir se fait de manière collégiale.

Les républiques soviétiques étaient des États membres qui devaient réunir trois critères pour être ainsi nommées :

  1. être à la périphérie de l'Union soviétique pour pouvoir profiter de leur droit théorique à faire sécession
  2. être économiquement capable d'assurer l'autarcie après la sécession
  3. être nommée d'après le groupe ethnique d'au moins un million de personnes qui constituera la majorité de ladite république.

Les États des États-Unis se doivent d'être de forme républicaine (tout comme le gouvernement fédéral), le peuple étant le réel détenteur de l'autorité. Une condition requise pour des États qui sont censés créer et renforcer la plupart des lois domestiques, exception faite pour les zones déléguées au gouvernement fédéral. Les pères fondateurs du pays attendaient une gestion par les États de la majorité des lois domestiques, même si avec le temps l'influence du gouvernement fédéral sur celles-ci s'est peu à peu renforcée. L'obligation d'une forme républicaine était également une façon de protéger les droits des citoyens et d'éviter qu'un état ne sombre dans la dictature ou dans la monarchie.

En France, la Première République fit place après la proclamation de l'abolition de la royauté, le 21 septembre 1792. Aujourd'hui, C'est la Cinquième République qui régit les institutions françaises.

Exemples

Actuellement, les républiques sont très nombreuses au niveau mondial. Une forme de gouvernement républicaine peut être combinée avec de très nombreux systèmes économiques et démocratiques différents. Voici quelques exemples pour illustrer différents modèles républicains :

  • la France (au même titre que la Russie et l'Ukraine) est une République gouvernée sous un régime semi-présidentiel, dans lequel l'étendue du pouvoir réel du président dépend de la majorité parlementaire. Si l'Assemblée Nationale est du même bord politique que le président, c'est ce dernier qui gouverne le pays (pouvoir exécutif) ; si ce n'est pas le cas, le président ne conserve que le pouvoir fédératif (politique étrangère et Défense) constitutionnellement attaché à sa fonction ;
  • l'Italie (par exemple) est une république à régime parlementaire, dans lequel le président n'est qu'un « symbole », ne dispose d'aucun pouvoir et ne gouverne pas (c'est le premier ministre qui gouverne) ;
  • les États-Unis, le Brésil, ainsi que de nombreux États d'Afrique, sont des républiques gouvernées sous un régime présidentiel, dans lequel le président (généralement élu) détient directement le pouvoir exécutif.
  • la République Populaire de Chine est dirigée sous l'égide d'un parti unique : les pouvoirs législatif , exécutif et fédératif sont détenus par un parti unique, qui contrôle également (quoique indirectement) le pouvoir judiciaire.

Il est à noter que la forme constitutionnelle d'États parfaitement démocratiques comme le Canada et l'Australie est toutefois une monarchie parlementaire, affirmant ainsi que la démocratie n'est pas le propre exclusif de la République.

Voici quelques républiques historiques :

Même si l'on considéra Sparte comme une république, la monarchie jouait un rôle dans son gouvernement ; et alors qu'on considère aujourd'hui Athènes comme étant une république, elle était décrite dans les temps classiques comme une démocratie. En grec, la distinction entre démocratie et république n'existe pas (le mot république étant, comme dit plus haut, d'origine romaine). Les anciens auteurs grecs décrivaient les régimes non-monarchiques comme oligarchies ou aristocraties (s’ils étaient dirigées par un groupe réduit de citoyens), tyrannies (dirigés par une personne qui s'était emparée du pouvoir par un coup d'État) ou démocraties (si le droit de vote et celui d'être élu était donné à un grand nombre de citoyens, les classes les plus basses incluses).

Bibliographie

  • Régis Debray, « La République expliquée à ma fille », Le Seuil, 1998 (ISBN 2020347148)
  • Jean-Michel Ducomte, « La République », Les Essentiels Milan 2002;
  • Serge Bernstein et Odile Rudelle (dir.), « Le modèle républicain », PUF 1992;
  • Blandine Kriegel, « Philosophie de la République », Plon 1999;
  • Claude Nicolet, « L'idée républicaine en France » Gallimard 1982;
  • Hugue Jallon et Pierre Mounier, « Les enragés de la République », La Découverte 1999;
  • Frédéric Monera, L'idée de République et la jurisprudence du Conseil constitutionnel - Paris : L.G.D.J., 2004.
  • William R. Everdell, La fin des rois: Histoire des républiques et des républicains - Paris : Éd. Publisud, 1987.
  • Platon, La République
  • Philippe Genestier & Jean-Louis Laville, "Au-delà du mythe républicain. Intégration et socialisation", in Le débat, novembre-décembre 1994, nr 82, pp. 154-172.

Liens externes

Notes et références

  1. le terme droit est à prendre au sens des normes juridiques, selon les normes

Voir aussi

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