Bucovine

Bucovine

Bucovine

1775 – 1918

Blason

armoiries

Accéder aux informations sur cette image nommée Bucovina Romania Ukraine.png.
Démographie
Population Roumains, Magyars, Ukrainiens, Polonais, Juifs, Roms, Sicules, Allemands
Histoire et évènements
XIVe siècle Țara de Sus de la Moldavie
1775 rattachement à l’Empire d’Autriche
1849 Kronland de Cisleithanie (duché de Bucovine)
1918 rattachement à la Roumanie
1940 annexion du Nord par l’Union soviétique
1945 le Sud devient județ de Suceava en Roumanie

La Bucovine, aussi appelée Буковина (Boukovina), en russe et en ukrainien, Bucovina en roumain et également connue sous le nom allemand de Bukowina ou Buchenland, est le territoire adossé aux Carpates du nord-est et des plaines avoisinantes. C'est le Pays d'en Haut de la Moldavie, aujourd'hui séparé en deux parties nord et sud, qui appartiennent respectivement à l'Ukraine (oblast de Tchernivtsi) et à la Roumanie (județ de Suceava).

Sommaire

Dénomination

La région est le noyau originel de la Moldavie. Elle faisait partie de la Țara de Sus (Haut pays), en opposition au Țara de Jos (Bas pays), zone sud, aux altitudes plus basses, de la Moldavie. Elle fut offerte par le Sultan de Constantinople, suzerain des hospodars de Moldavie, aux Habsbourg d'Autriche comme cadeau pour leur neutralité dans la guerre entre les Turcs Ottomans et la Russie et au mépris du traité de vassalité liant la Turquie à la Moldavie.

Le nom de Bukowina devient officiel pour cette partie du Haut pays en 1775 avec l'annexion de la région par l'Empire des Habsbourg d'Autriche, puis d'Autriche-Hongrie. Le nom a une origine slave : c'était à l'origine un nom commun désignant un bosquet de hêtres. L'équivalent en allemand: das Buchenland, utilisé plutôt en poésie, signifie littéralement « pays des hêtres ». Il est prononcé et écrit à peu près de la même façon dans les langues européennes, en roumain : Bucovina ; en ukrainien et pour les Russes : Буковина (soit Boucovine) ; en allemand : das Buchenland' ou die Bukowina ; en anglais : the Bukovina, archaïsme que l’on peut trouver dans la littérature ancienne.

Le nom standard en allemand, die Bukowina, officiel sous la domination autrichienne, dérive de la forme polonaise de ce nom slave, parce que de 1775 à la moitié du XIXe siècle, la Bucovine a été intégrée à sa voisine, la Galicie-Lodomérie, annexée trois ans auparavant par l'Autriche, au détriment de la Pologne. Or le gouvernement de de ce nouveau territoire autrichien était, selon la volonté explicite des Habsbourg, contrôlé par des fonctionnaires et des nobles (szlachta) polonais, qui jusqu'au XVIIIe siècle en avaient été la classe dirigeante, et que Vienne évitait de contrarier.

Une légende explique le nom de Bucovine par une bataille entre les Magyars et les Moldaves: la bataille de Valea Alba. Sur le champ de bataille recouvert de cadavres, aurait poussé une forêt de hêtres, nourris par le sang des deux adversaires – ce qui fournit une image plutôt macabre.

Histoire

Histoire ancienne

Dans cette région boisée où les conquérants romains ne sont jamais parvenus, habitent depuis des millénaires les Daces Carpes, d'où dérive le nom de Carpates (carpa signifiant « roche » en thrace). Alors que défilent les envahisseurs nomades, Huns, Avars et les scandinaves Goths, arrivent au Ve siècle d'autres peuples migrateurs, Alains, Iazyges, qui laissent leur nom à la ville moldave de Iasi ou Jassy et au comitat hongrois de Jasz. Des tribus slaves commencent leur migration après le Ve siècle. Les Carpes et les Iazyges se romanisent sous l'influence des autres tribus daces latinisées pendant l'occupation romaine (voir la province impériale Dacie). Il est probable que ce processus a vu naître les proto-Roumains nommés « Valaques » par leurs voisins.

Au IXe siècle, l'arrivée des tribus nomades magyares dans la région voisine de Panonie et la formation à l'est, vers le fleuve Don, des premiers États slaves (la Rus' de Kiev) sont des événements qui structurent les populations locales de Bucovine en petits duchés slavo-roumains (« canesats » ou « kniezats », par référence au chef guerrier slave, ou bien « romanies » ou « valachies » par référence à la population autochtone). Au début, ces entités sont indépendantes et par la suite des guerres, deviennent vassales, soit du royaume voisin de Hongrie, soit des principautés slaves de Vladimirie puis de Galicie qui finissent par être intégrées au royaume de Pologne et Lituanie au XIVe siècle. Dans la future Bucovine, ces duchés vassaux sont : Onutu (le long du Dniestr, à l'ouest de Hotin), Strasinets (aux sources du Prout, aujourd'hui Storojynets) et Baia (aux sources de la rivière Moldova).

Noyau de la Moldavie

Monastère de Humor
Le jugement dernier, monastère de Voroneț construit en 1488.

À partir du milieu du XIVe siècle, la région devient le noyau du voïvodat de Moldavie, avec la cité de Suceava comme capitale, en 1388 (le voïvodat roumain vassal est différent de la voïvodie polonaise, qui n'est qu'une province du royaume de Pologne). Au XVe siècle, le voïvode moldave abandonne au roi de Pologne la Pocutie, une région au nord de la future Bucovine. Le voévode Stefan III dit Étienne le Grand et ses successeurs sur le trône de Moldavie font construire les fameux monastères, dont la renommée est due à la conservation exceptionnelle des fresques non seulement à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur : Moldovița, Humor, Sucevița, Arbore, Patrauti, Probota, Suceava et Voroneț[1]. Avec leurs fresques prestigieuses, ces monastères sont un des trésors culturels de la Roumanie moderne, et une source de revenus essentielle pour l’Église orthodoxe roumaine.

Pendant les deux siècles qui suivent, la région fait partie du voïvodat de Moldavie et est incorporée dans l'Empire ottoman. Elle est fréquemment victime des incursions des Tatars, des Cosaques, des Polonais, des Russes en 1769, et des Autrichiens en 1774.

La période autrichienne

Le traité austro-ottoman du 4 mai 1775 permet à l'Autriche d'occuper la partie nord de la Moldavie, la Bucovine.

La Bucovine reste sous l’administration autrichienne jusqu’en 1918, d’abord en tant que district militaire fermé (1775-1786), puis comme le plus grand district du royaume de Galicie et Lodomérie (1787-1849), en 1849, elle devient un pays de la couronne autrichienne, un Kronland et finalement accède au titre de duché. Pendant la Double monarchie d’Autriche-Hongrie, la Bucovine reste une partie de la « Cisleithanie » (territoires autrichiens de l’Empire, du côté ouest de la rivière Leitha). La nouvelle frontière austro-moldave marque sur le terrain une suite de « dents de scie » orientées tantôt est-ouest, tantôt nord-sud : aucune contrainte topographique ne l'explique, mais les archives en dévoilent la raison : à chaque « bakchich » autrichien, la commission ottomane chargée de tracer cette frontière s'enfonçait plus profondément vers l'est en territoire moldave, mais à chaque protestation du hospodar Grégoire III Ghica (Grigorie Ghica) elle revenait vers le sud-ouest, de crainte que la colère du sultan ne s'abatte sur elle. À la fin de l'année 1781, les autorités autrichiennes décident de transférer le siège du diocèse de Radautz à Czernowitz et colonisent ce nouveau Kronland appelé dès lors Bucovine, en y installant des populations de paysans Ruthènes, Polonais et Russes fuyant le régime du tsar, de Juifs persécutés à l'est, d’Allemands, de Slovaques et de Magyars ou Sicules), avec l’interdiction formelle faite aux (Moldaves ou Roumains) d'utiliser leur langue et de pratiquer l'orthodoxie.

En dépit de quelques frictions entre les populations autochtones et les colons, les conflits inter-ethniques restent initialement modérés et les différentes cultures se développent côte à côte. À la fin du XIXe siècle, le roumain est autorisé à nouveau et le développement de la culture ukrainienne en Bucovine est plus florissant que partout ailleurs en Ukraine, avec un réseau d’établissements scolaires ukrainiens développé dans les campagnes. Toutefois les autochtones de Bucovine (Moldaves ou roumanophones), sous influence de la hiérarchie orthodoxe, restent marginalisés et n'ont que difficilement accès à l'Université de Czernowitz ou Cernauti (aujourd'hui Cernivcy ou Tchernivtsi), créée en 1875, qui devient un bastion de la culture allemande. Cela attise des rancœurs croisées qui s'expriment en 1918 lorsque l’Assemblée de Bucovine, où les (Roumains) sont majoritaires, vote son rattachement à la Roumanie. En effet, à partir du moment où la Roumanie gagne son indépendance en 1878, elle revendique le rattachement de la Bucovine, qui a pour elle, en tant que noyau originel de la Moldavie, une grande importance historique et qui comprend beaucoup de d’œuvres d’art et de monuments moldaves de grande valeur.

La période roumaine

Pendant la Première Guerre mondiale, se déroulent plusieurs batailles entre les armées austro-hongroise, allemande et russe, et l’armée russe est finalement repoussée en 1917. Après l’effondrement de l’Autriche-Hongrie en 1918, le Conseil national de la Bucovine, où les autochtones roumanophones sont majoritaires, vote son rattachement à la Roumanie. Bien que localement les Ukrainiens essaient sans succès d’intégrer des parties de la Bucovine du nord dans l’éphémère République nationale de l’Ukraine de l’Ouest, le contrôle roumain sur la province est finalement formalisé par le traité de Saint-Germain-en-Laye (1919). Dans l'entre-deux guerres la rancœur des Roumains les plus extrémistes, qui avaient été marginalisés sous le régime autrichien, empoisonne l’ambiance pourtant multiculturelle et tolérante de cette « Douce Bucovine ».

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’antisémitisme est exploité par les partisans du maréchal Antonescu et des Roumains par les agents du NKVD stalinien. Le Schindler local, Traian Popovici, maire de Cernăuți, un Juste totalement oublié, réussit à sauver 16 000 Juifs en prétextant leur utilité économique et en leur délivrant des certificats calotesques[2]. Ces personnes deviennent soviétiques en 1944, leurs descendants vivent aujourd'hui en Israël et aux États-Unis, où ils ont créé des associations spécifiques. On retrouve la trace de ces tragédies et de ces rancœurs jusque dans les ouvrages historiques actuels publiés sur la Bucovine : rares sont ceux qui parviennent à s'en tenir aux sources et à éviter l'invective. Par exemple, Traian Popovici a dû se justifier auprès d’Antonescu : ses lettres sont à présent utilisées pour contester sa qualité de « Juste » — dans le même ordre d'idées, Schindler était inscrit au parti nazi.

La Bucovine soviétique : la Bucovine du Nord

Le 28 juin 1940, la Bucovine du nord, centrée sur la capitale, Cernăuți, est envahie par l’Armée rouge. Il y eu un massacre de paysans roumains à Fântâna Albă. La majorité de la population allemande de la Bucovine du nord, installée sur ces terres pendant la domination autrichienne, émigre vers les territoires du Reich en quelques jours. Elle est installée en Posnanie, dans le Wartheland (anciennement polonais), où elle occupe des fermes prises aux Polonais massacrés, et des immeubles dont on a chassé les Juifs. À l'arrivée de l’Armée rouge en 1944, cette communauté se retrouvera en première ligne devant l'avance de l'Armée rouge.

La Bucovine du nord change de main encore deux fois pendant la Seconde Guerre mondiale, en particulier en juin 1941 quand le général Petre Dumitrescu la reprend pour le compte de la Roumanie avec la troisième armée roumaine, et en mars 1944, quand l’Armée rouge reprend le territoire pour l’Union soviétique.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la communauté juive de Bucovine est détruite par les déportations vers l'Ukraine, au-delà des fleuves Dniestr et Bug, dans la Podolie annexée par le régime Antonescu et rebaptisée Transnistrie, où les Juifs de Bucovine meurent en masse de froid, de la dysenterie et du typhus, avec les Juifs des autres provinces de la Roumanie et des Roms.

À l’issue de la guerre, la Roumanie occupée par l'Union soviétique et transformée en démocratie populaire se voit imposer la cession officielle de la Bucovine du nord à l’URSS par le traité de paix de 1947. La Bucovine du nord, nommée Oblast de Tchernivtsi, fit partie de la République socialiste soviétique d'Ukraine, tandis que le sud de la province, formant le département de Suceava, fit partie de la république populaire Roumaine. Cette division de la région est toujours en place aujourd’hui, entre les États modernes de Roumanie et d’Ukraine. Pourtant, la Bucovine n'a jamais fait partie du territoire de l'Empire russe. Cette fois c'est aux Roumains d'être massacrés et déportés : les équipes du NKVD leur font la chasse, surtout s'ils ont été anciens fonctionnaires, enseignants, membres de professions libérales, prêtres[3]. Selon la correspondance entre le ministre Krouglov et Staline, citée par Nikolai Bugai, environ 60 000 Roumains ont été déportés hors de Bucovine de juillet 1940 à juin 1941 et entre 1944 et 1955[4]. La lutte de maquisards roumains contre les Soviétiques dura toutefois jusqu'en 1958[5]. Les survivants ont été divisés arbitrairement en deux communautés par l'administration soviétique : ceux vivant à l'est de Tchernivtsi ont été classés « Moldaves » (et il leur était impossible de quitter l'URSS), les autres ont été classés « Roumains » et avaient le droit de demander à émigrer en Roumanie. Un mémorial a été construit à la mémoire des victimes[6].

Populations et personnalités remarquables

Après l'occupation soviétique de la Bucovine du nord, l'Union soviétique continue la politique ethnique, et, comme dans d'autres régions récemment annexées (Bessarabie, ouest de l'Ukraine, Pays baltes), elle encourage l'installation des populations russes et ukrainiennes, qui sont souvent russophones (mais pas toujours). Les Roumains, roumanophones, deviennent nettement minoritaires. Selon le recensement officiel de 2001, leur nombre étant aujourd'hui de seulement 173 000 personnes (soit 20 % de la population de la région).

Une minorité roumaine compacte habite le sud de la région de Tchernivtsi (ancienne Cernăuți). Le pourcentage des Roumains de la population dans les districts suivants représente une proportion significative, comme l’indiquent les résultats récent du recensement :

La Bucovine a donné de nombreux personnages de culture à la Roumanie, à l'Autriche et à l'Ukraine, mais à l'international, ce sont deux écrivains et poètes de langue allemande, Paul Celan et Gregor von Rezzori (Răzoare), qui sont les plus connus. Ce dernier, citoyen autrichien presque toute sa vie, exprimait un point de vue très personnel sur sa Bucovine natale, en affirmant que c'était « une terre de personne », « ancienne province turque » et en occultant ou en marginalisant plusieurs siècles de son passé moldave.

Villes

Bucovine du Nord

Bucovine du Sud (ou Bucovina)

Notes et références

  1. Sept des ensembles plus représentatifs sont inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Unesco
  2. Radu Ioanid, La Roumanie et la Shoah : Destruction et survie des Juifs et des Tsiganes sous le régime Antonescu, 1940-1944, Paris, éditions de la Maison des sciences de l'Homme, 2002, p. 203.
  3. Czernowitz "l'appellation Autrichienne" : Le 13 juin 1941, des unités du NKVD patrouillèrent dans les rues de la ville, à la recherche de bourgeois, de sionistes, d’espions roumains et d’ennemis du pouvoir. Ils arrêtèrent ainsi 3 800 personnes, dont plus de la moitié de Juifs. Les « coupables » furent déportés en Sibérie, mais restèrent d’abord trois jours à la gare dans des wagons fermés.
  4. Nikolaï F. Bugaï, Les Déportation des peuples d'Ukraine, de Biélorussie et Moldavie, Essen, Hg. v. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, 1999, p. 567–581.
  5. Résistance paysanne et maquis en Roumanie de 1945 à 1965, Georges Diener : Les maquis organisés contre l’administration communiste instaurée par les soviétiques le 6 mars 1945 trouvèrent ainsi en Bucovine un terrain psychologique et géographique favorable car les populations s’étaient déjà plus ou moins habituées à ces hommes armés qui avaient investi les montagnes où ils trouvaient refuge sous d’épaisses toisons de sapins. Les maquisards, qui agirent dans la clandestinité de juillet 1945 à janvier 1958, étaient pourtant différents des partisans antisoviétiques par leur appartenance sociale, leurs mobiles, leurs actions mais surtout leur statut, puisque les premiers s’assimilaient à des soldats combattant aux ordres de leur armée, alors que les seconds étaient des maquisards en situation des plus irrégulières, agissant dans la plus totale clandestinité.
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Voir aussi

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