Grotte de la Mairie

45° 35′ 10″ N 0° 34′ 17″ E / 45.58611111, 0.57138889 La grotte de la Mairie ou grotte de Teyjat en Dordogne est un site archéologique important du Paléolithique supérieur. Elle recèle plus que quarante gravures pariétales du Magdalénien effectuées environ 11 500 ans BP.

Situation géographique et organisation spatiale

L'entrée de la grotte

La grotte débouche sur la bordure nord-est du bourg en dessous l'école. Elle se situe tout près de l'église et de la mairie, d'où son appellation. L'encaissant est un calcaire jurassique fortement recristallisé en rosettes à cause de la tectonique cassante.

La grotte comprend deux niveaux. Le niveau supérieur mesure 75 mètres de long. Au bout d'un couloir, on arrive à un puits qui relie le niveau supérieur de la grotte avec le réseau inférieur (connu sur 40 mètres, avec un petit cours d'eau souterrain). Les gravures se trouvent au niveau supérieur, derrière l'entrée sur les premiers 15 mètres.

Histoire

À partir de 1880, la grotte fut visitée plusieurs fois. En 1889, Perrier du Carne y découvrit des gravures sur os (représentation d'un poney sur un sacrum de renne) et d'autres objets (harpons à barbelures et l'empreinte d'un arc). Les gravures pariétales furent reconnues pour la première fois en 1903 par Denis Peyrony. Ces fines incisions au silex furent ensuite étudiées par Henri Breuil.

Pierre Bourrinet, instituteur à Teyjat, entreprit en 1904 des fouilles plus méticuleuses sous la conduite de Peyrony. Ses observations précises permirent de distinguer deux couches archéologiques - donc deux périodes d'occupation humaine - séparées par une couche d'éboulis stériles. La couche inférieure appartient au Magdalénien V, caractérisée par des harpons à un rang de barbelures. La couche supérieure date du Magdalénien VI. Elle contient également des harpons se distinguant par deux rangs, des burins à bec-de-perroquet et des pointes de Teyjat (pointes pédonculées en silex).

Description de l'art pariétal

Passé le sas d'entrée, les gravures préhistoriques se découvrent sur le côté gauche, espacées sur une dizaine de mètres. À cet endroit, les parois calcaires ne se prêtent pas à la gravure. Les œuvres furent donc appliquées soit sur deux coulées de calcite ambrée, soit sur une coulée stalagmitique. Au total, il y a 48 gravures réparties en deux ensembles distincts représentant des aurochs, des bisons, des bovidés, des chevaux, des cervidés, des rennes et des ours. Ces gravures, de petite taille et finement incisées, sont marquées par un réalisme quasi photographique montrant de nombreux détails anatomiques.

Selon André Leroi-Gourhan, elles caractérisaient avec les œuvres de Limeuil, le style IV récent du Magdalénien final. La « frise des bovidés » est devenue célèbre pour son style achevé et réaliste. Elle marque l'apogée de l'art pariétal du Paléolithique.

Les 48 représentations se répartissent de la façon suivante :

• 5 cervidés
• 11 cerfs
• 13 rennes
• 10 chevaux
• 3 aurochs
• 4 bisons
• 2 ours

En comparaison avec les autres grottes de Dordogne, les cervidés, les cerfs et les rennes sont largement sur-représentés. À Lascaux et aux Combarelles par exemple dominent les chevaux, à Font-de-Gaume les bisons et à Rouffignac et à Bernifal les mammouths.

La faune de Teyjat est en fait un mélange de deux composantes, une composante froide avec des rennes, des bisons et des chevaux et une composante tempérée avec des cervidés. Elle reflète donc le réchauffement climatique de la fin du Magdalénien et le départ vers le nord des grands herbivores de prairies froides.

Datation

Par rapport aux vestiges trouvés, la couche inférieure du sol de la grotte est attribuée au Magdalénien V, datant d'environ 10 000 ans av. J.-C. Elle recèle en outre des fragments de la paroi ornée et est donc directement reliée aux gravures.

Outillage et art mobilier

Plusieurs objets de la même époque étaient dispersés sur le sol. Ils montrent une affinité avec les trouvailles de l'Angoumois voisin. Parmi des outils, il y avait aussi des armes, par exemple des harpons, des pointes de projectile dont les fameuses pointes de Teyjat, caractéristiques de la fin du Magdalénien. Un radius d'aigle incisé montre une harde de rennes à 18 têtes.

Abri Mège

L'abri Mège derrière l'église de Teyjat

Derrière l'église de Teyjat se trouve un site paléolithique également occupé pendant le Magdalénien, l'abri Mège. Il a livré parmi d'autres objets une très belle cheville osseuse ornée de figures animales.

Salle d'exposition

La grotte est actuellement fermée à cause de chutes de pierres. Juste à côté de l'entrée de la grotte se trouve une salle d'exposition ouverte à la visite. Cet espace muséographique retrace la vie quotidienne des chasseurs-cueilleurs de la fin du Paléolithique.

Voir aussi

Bibliographie

• J.-L. Aubarbier, M. Binet, J.-P. Bouchard et G. Guichard, Aimer la préhistoire en Périgord, éd. Ouest-France, 1991, (ISBN 2-7373-0786-4).
• Brigitte et Gilles Delluc, Alain Roussot et Julia Roussot-Larroque, Connaître la préhistoire en Périgord, éd. Sud Ouest, coll. Histoire et préhistoire, 1990, (ISBN 2-87901-433-6).

Articles connexes

• Liste des monuments historiques de l'arrondissement de Nontron