Grigori Zinoviev

Grigori Zinoviev
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Zinoviev.

Grigori Evseïevitch Zinoviev (en russe : Григо́рий Евсе́евич Зино́вьев), de son vrai nom Ovseï-Gerchen Aronovitch Radomyslski-Apfelbaum, est un révolutionnaire bolchevique. Il est né le 23 septembre 1883 de parents juifs, journaliers agricoles. Il est mort le 25 août 1936.

Sommaire

Biographie

Autodidacte, Zinoviev milite, d'abord, dans le sud de la Russie. Émigré en 1902, il rencontre en Suisse Georgui Plekhanov et Lénine : ce dernier le pousse à entrer au parti bolchevique, ce qu'il fait l'année suivante. Il joue un rôle important dans l'organisation du POSDR à Saint-Pétersbourg. Après l'échec de la révolution de 1905, son activité principale se concentre dans le journalisme et les publications du parti.

Poursuivi par la police, il quitte la Russie de 1908 à 1917. Il est élu au comité central en 1907 à Londres. Il rejoint Lénine à Genève l’année suivante pour devenir son bras droit jusqu'en 1912, responsable du parti à Cracovie, territoire appartenant alors à l'Autriche-Hongrie et où s'est réfugiée une partie de la direction du Parti. La guerre les rapproche encore. Ils rentrent ensemble en Russie dans le fameux « convoi plombé » organisé par les Allemands en avril 1917.

Dans la préparation de la prise du pouvoir, alors qu'il est entré dans la clandestinité, Zinoviev s'oppose, avec Kamenev, au soulèvement armé préparé par Lénine. Plus encore, après la victoire d'Octobre, il se prononce pour un rapprochement avec les Mencheviques et les SR. Ces choix hasardeux, désavoués par les faits, lui seront, ainsi qu'à Kamenev, vivement reprochés quand viendra le moment des purges.

Président du Soviet de Petrograd en décembre, il tient fermement les rênes de cette organisation, la plus importante du pays. Il dirige, aussi, depuis 1919, à sa création, le Comité exécutif de l'Internationale communiste (Komintern) où son influence sera importante dans l'évolution des partis communistes européens, notamment en France. Certaines stratégies sont cependant peu heureuses, comme le montre le soutien discutable qu’il apporte au secrétaire général Albert Treint au sein du PCF jusqu’à l’éviction de ce dernier, ou son analyse imprudente de la situation allemande, qui conduira à l'échec cuisant de l'insurrection de 1920.

Très tôt, ne cachant pas ses ambitions, Zinoviev contribua fortement à évincer Trotski du pouvoir en 1921, et constitua pendant la longue maladie de Lénine une troïka avec Kamenev et Staline faisant bloc contre l’organisateur de l’Armée rouge. Il se considère alors, non sans présomption, l'héritier légitime du chef du parti bolchévique qui ne peut réellement, à partir de 1922, reprendre la direction du gouvernement.

Non sans inconséquence, après la mort de Lénine, au cœur de la lutte pour le pouvoir, il se rapproche de Trotski, en 1926, pour former avec Kamenev la « troïka des purs », opposition de gauche hostile à la NEP et favorable à l'instauration du « socialisme dans plusieurs pays ». Staline les a rapidement abandonnés. Ce dernier s'oppose à leur stratégie en prônant, au contraire, le maintien de la NEP mise en place par Lénine. Cette posture vaut au secrétaire général une certaine popularité dans le pays et le Parti qui lui donne les moyens d'éliminer ces adversaires. Après leur mise hors jeu, il adopte, non sans cynisme, la collectivisation et l'industrialisation qui étaient en bonne place dans le programme de la Troïka.

En effet, l'Opposition unifiée tient peu de temps dans le bastion de Léningrad. L'épuration énergique de Kirov dans l'ancienne capitale la prive de ses soutiens les plus forts. Peu après, Zinoviev est forcé d'abandonner la direction de l'Internationale tandis qu'il est exclu du parti communiste en 1927. Il ne retrouvera plus son audience précédente en dépit de sa réintégration en 1929, probablement motivée par des considérations tactiques partisanes de la part de Staline.

Un procès à grand spectacle (1935-1936)

Le meurtre de Kirov le 1er décembre 1934 marque le début des Grandes Purges de Staline. Zinoviev, Kamenev et leurs associés les plus proches sont accusés du forfait. Ils sont expulsés du Parti communiste et arrêtés en décembre 1934. Ils passent en jugement en janvier de l'année suivante. On les contraint à admettre leur « complicité morale » dans l'assassinat de Kirov. Zinoviev est condamné à 10 ans de prison et ses partisans à différentes peines d'emprisonnement.

En août 1936, après des mois de préparation minutieuse dans les prisons de la police secrète soviétique, Zinoviev, Kamenev et quatorze autres, essentiellement des Vieux Bolcheviques, se retrouvèrent à nouveau devant le tribunal. Cette fois on les accuse d'avoir formé une organisation terroriste dont on suppose qu'elle est responsable de l'assassinat de Kirov et de tentative d'assassinat contre Staline et contre d'autres chefs du gouvernement soviétique. Le procès conduisit à la condamnation à mort des accusés, dont Zinoviev et Kamenev, exécutés aussitôt après la sentence, le 25 août 1936.

Ce jugement (dit du « groupe terroriste trotskyste-zinoviéviste ») est le premier de ces procès à grand spectacle que furent les procès de Moscou. Il ouvre la voie à tous ceux qui vont suivre, spectacle étonnant qui sidère, comme le montre la lecture des journaux de l’époque, y compris L’Humanité, la plupart des observateurs étrangers. De « Vieux Bolchéviques » s’accusent mutuellement des pires crimes puis les avouent les uns après les autres et terminent ces aveux incroyables par des autocritiques qui sont autant d’envolées lyriques à la gloire de Staline.

Les contradictions et les échecs d’un disciple de Lénine

Ami très proche de Lénine – qui aurait même, faute d’en avoir, envisagé avec Nadejda Kroupskaïa d’adopter un de ses enfants – doué d’évidentes capacités intellectuelles, notamment oratoires, il était destiné à jouer un rôle éminent dans l’histoire du pays après la Révolution d’Octobre. Le soutien de Vladimir Illitch, comme celui du Parti bolchévique, ne lui ont jamais manqué, comme le prouve l’importance des responsabilités qui ont été les siennes de 1917 à 1927.

Pour autant, les choix stratégiques de Zinoviev, tout au long de son ascension dans la direction du parti et plus encore aux commandes du Komintern, ne lui ont pas permis d’affermir ses positions. Ses travers ont été soulignés, comme le fait Boris Souvarine dans son Staline quand il cite les hommages douteux à sa personnalité qui conduisent par exemple sa ville natale (Elisabethgrad, devenue Kirovograd pendant l'époque soviétique) à changer de nom à son honneur et s'appeler Zinovievsk. Hors ces aspects anecdotiques, les erreurs qu’il a commises sont plus graves. Réputé et plus encore critiqué pour un autoritarisme sans pitié, il a peu à peu constitué contre lui une opposition qui se cristallisera autour de Staline, lequel, en utilisant les mêmes armes que son adversaire, se révèlera un manœuvrier redoutable dans la lutte pour le pouvoir.

Le comportement de Zinoviev lors du procès de Moscou, reconnaissant ses torts, saluant les qualités de Staline, s’explique sans doute par la promesse d’obtenir la vie sauve en échange de sa collaboration active.[réf. souhaitée] Cet engagement fut, bien sûr, non tenu. L’exécution, qui suivit immédiatement le prononcé de la sentence, donna lieu, selon plusieurs sources, à des supplications pathétiques de la part de l’ancien chef du Komintern. Un agent du NKVD, après l’avoir difficilement mis à l’écart, le tua alors d’une balle dans la tête. Staline, rancunier quant au mépris qu’il recevait de Zinoviev au temps de sa gloire, adorera ensuite que son chauffeur parodie sur un mode humoristique la fin de son ennemi, demandant grâce d’une voix de fausset teintée d’accent yiddish[1].

En 1988, dans le cadre de la perestroïka, Zinoviev et ses coaccusés furent officiellement lavés de toutes leurs accusations par le gouvernement soviétique.

Référence

  1. Stephen Koch, La Fin de l’innocence, Grasset, 1995.

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