Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870)

Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870)
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Marie Caroline Ferdinande Louise de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, duchesse de Berry, est née à Caserte en 1798 et morte au château de Brunnsee près de Mureck en Styrie en 1870.

Épouse de Charles Ferdinand d'Artois, duc de Berry, fils de Charles X, elle est la mère d'Henri d'Artois, prétendant légitimiste au trône de France.

Au nom de son fils, elle tenta en vain de prendre le pouvoir en France en 1832 en qualité de « régente ».

La duchesse de Berry, par Thomas Lawrence

Sommaire

Famille

Marie Caroline Ferdinande Louise de Bourbon est née à Caserte le 5 novembre 1798. En 1799 la famille royale s'ést réfugiée a` Palerme - sous protection britannique - après l’invasion de ses États par l'armée française.

Elle était la fille de François Ier, roi des Deux-Siciles (1777-1830), et de Marie-Clémentine d'Autriche (1777-1801), fille de l'empereur Léopold II.

Après avoir passé son enfance et sa jeunesse à Palerme et à Naples, elle est venue en France pour épouser Charles Ferdinand d'Artois, duc de Berry, second fils du comte d'Artois, futur Charles X et frère du roi Louis XVIII.

Bien que son époux ait eu vingt ans de plus qu'elle et qu'il s'agît d'un mariage arrangé, ils semblent avoir formé un couple assez uni. Le palais de l'Élysée a été aménagé pour eux.

Le duc et la duchesse de Berry ont eu quatre enfants, dont deux n'ont pas survécu plus que quelques jours : d'abord Louise d'Artois (1819-1864), puis Henri d'Artois (1820-1883), duc de Bordeaux, surnommé « l'enfant du miracle » car il est né posthume longtemps après l'assassinat du duc de Berry, assassiné par un certain Louvel d'un coup de couteau alors qu'il raccompagnait sa femme dans sa voiture devant un Opéra parisien.


À la cour de France

Après l'assassinat de son mari, la duchesse de Berry s'est installée aux Tuileries. Elle avait un tempérament assez opposé à celui de sa belle-sœur la duchesse d'Angoulême : elle était peu attachée à l'étiquette, aimait recevoir et était très sensible à la mode. Elle avait surtout vingt ans de moins que sa belle-sœur et n'avait pas vécu les souffrances de la fille de Louis XVI.

Elle aimait s'éloigner assez souvent de la capitale, et elle a eu un rôle non négligeable dans la vogue des bains de mer, en particulier à Boulogne-sur-Mer et Dieppe, pratiquant volontiers ce loisir à la belle saison. C'est elle également qui inaugura une section du canal de la Somme.

Du 14 au 18 juillet 1828, elle séjourna à Bordeaux, qui la reçut somptueusement, afin de « ranimer les fidélités à la Couronne » des habitants de la première ville à s'être ralliée à Louis XVIII en 1814.

Son passage au château d'Effiat (Puy-de-Dôme) fut marqué par une pierre qui se voit encore sur la grande place de ce bourg auvergnat situé non loin du domaine de Randan, propriété de la princesse Adélaide d'Orléans, sœur aînée de Louis-Philippe Ier.

Soulèvement de 1832

À la suite des Trois Glorieuses, elle suivit Charles X et la cour en exil, mais elle cherchait à se faire proclamer régente pour son fils, sous le nom de Henri V. Elle retourna donc clandestinement en France en 1832, où elle débarqua dans la nuit du 28 au 29 avril. Elle tenta de relancer les guerres de Vendée et de rallier la population à sa cause.

La mobilisation locale fut assez faible, et l'opération échoua rapidement.

La duchesse chercha refuge dans une maison de Nantes mais trahie par Simon Deutz, après s'être cachée toute une nuit dans un réduit situé derrière une cheminée dont l'âtre était allumé, elle fut arrêtée le 8 novembre 1832 par la gendarmerie, dirigée par Adolphe Thiers qui, depuis le 11 octobre, venait de remplacer Montalivet au ministère de l'Intérieur.

Détenue dans la citadelle de Blaye et soumise à la surveillance la plus rigoureuse, elle accoucha d'une fille prénommée Rosalie (10 mai 1833, 9 novembre 1833) devant des témoins désignés par le maréchal Bugeaud à la demande du roi Louis-Philippe, qui voulut profiter de l'occasion pour flétrir son honneur aux yeux des légitimistes et discréditer ainsi définitivement la cause du jeune duc de Bordeaux. La princesse déclara alors qu'elle avait épousé secrètement en 1831 Hector Lucchesi-Palli, duc della Grazia (1808-1864).

La petite Rosalie mourut au bout de six mois. Avec ce nouveau mari, elle eut ensuite trois filles et un garçon, après avoir perdu un enfant à la naissance. Elle eut ainsi une descendance de six enfants (sur dix qu'elle avait mis au monde au total) : deux du duc de Berry et quatre de son union avec Hector Lucchesi-Palli.

Après quelques mois en prison, la duchesse fut libérée et expulsée vers Palerme; elle se vit tenue à l'écart de la famille royale, qui lui refusa la direction de l'éducation de son fils.


"La grande maison de Brunnsee, désertée, évoque une grève à marée basse. La vie s'est retirée, comme la mer, de ces pièces à demi démeublées ou subsitent encore quelques épaves, vestiges d'un bonheur évanoui. Une très vieille femme, épaissie, affaissée, se tient devant la fenêtre, feuilletant tout le jour un album de photographies (où) presqu'aveugle, elle s'évertue à reconnaître les traits des visages qu'elle a connus". Laure Hillerin.

La fin.

Ayant perdu à deux mois d'intervalle début 1864 sa fille, duchesse de Parme, et son second époux, qui l'avait ruinée - six millions de francs de dettes - elle s'installa en Autriche où elle vécut les dernières années de sa vie, entre le château de Brunnsee et Venise, où elle avait acheté le palais Vendramin, que son fils lui fit vendre en échange de son aide financière; elle mourut à Brunnsee le 16 avril 1870.


La Duchesse de Berry et les arts

La duchesse de Berry en robe de velours bleu, par Elisabeth Vigée-Lebrun, 1824

La duchesse de Berry s'intéressa à de nombreux domaines artistiques. Comme son époux qui présidait la Société des Amis de l'Art, la princesse fut une grande mécène, encourageant par ses multiples achats dans les Salons de nombreux peintres et favorisant la production artistique et littéraire d'un grand nombre de musiciens et d'hommes de lettres.

Elle apporta également un parrainage actif à de nombreuses manufactures ainsi qu'à beaucoup de maisons de commerce ou ateliers d'artisanat, souhaitant ainsi favoriser l'essor économique du pays. Mais son extrême générosité - elle fut souvent surnommée la « bonne duchesse » - est moins connue. Elle se manifesta par le soutien très actif qu'elle apporta tout au long de sa vie, même en exil, à de multiples organisations et associations aussi bien qu'aux victimes de catastrophes naturelles, nécessiteux ou anciens serviteurs de la monarchie.

Musique

Elle fut le mécène de plusieurs musiciens, comme Rossini, Boieldieu qui lui dédia son opéra La Dame Blanche. De nombreux compositeurs de l'époque lui dédièrent également des œuvres.

Bibliophilie

Dans son château de Rosny, la duchesse de Berry réunit une des plus exceptionnelles bibliothèques de son temps, tant par la rareté des éditions qui s'y trouvaient que par la qualité des reliures, le plus souvent dues au célèbre René Simier. Cette extraordinaire collection, qui comportait plus de 8000 volumes, sera dispersée en 1837 lors d'une vacation qui dura plus d'un mois.

Théâtre

Passionnée de théâtre, elle obtint du roi Louis XVIII le parrainage du théâtre du Gymnase qui, à partir de 1825, prit le titre de « théâtre de Madame », Madame étant le nom traditionnellement donné à la première princesse du Royaume après la dauphine. De multiples pièces et vaudevilles, le plus souvent œuvres de l'auteur dramatique Scribe, y furent représentées jusqu'en 1830, date du départ en exil de toute la famille royale.

Photographie

Durant son séjour en Italie, la duchesse de Berry s'intéressa aux arts, notamment à la photographie. Elle fut en relation avec les photographes primitifs installés à Rome, qui constituaient le cercle du Caffè Greco. Sa collection de photographies contient des tirages de Frédéric Flachéron, Giacomo Caneva, Pompeo Bondini, Eugène Constant, James Anderson, Stefano Lecchi, Vittorio della Rovere, Firmin Eugène Le Dien, Disderi, Joseph Vigier, comte de Vernay, Pascual Perez, Pierre Émile Pécarrère, Antonio Perini, Domenico Bresolin, Félix Teynard. Cette collection prestigieuse a fait l'objet d'un catalogue intitulé Promenade méditerranéenne. Collection photographique de la duchesse de Berry. Les années 1850 (Céros éditeur)[1].

Jardins

Comme l'impératrice Joséphine, la duchesse, très férue de botanique, remodela complètement le parc du château de Rosny dans le goût "paysagiste anglais" très en vogue à l'époque. Elle le fit planter de milliers d'essences d'arbres, d'arbustes et de fleurs, le peupla de cerfs et de daims et y acclimata des biches naines venues d'Asie centrale ainsi que des kangourous qui vivaient dans des enclos dessinés dans l'esprit des fermes du pays de Caux.

Voulant rappeler le souvenir de la reine Marie-Antoinette, sa grand-tante, elle fit aménager dans le parc une "rivière anglaise" avec cascade artificielle dans l'esprit de celle que la souveraine avait créée au Petit Trianon de Versailles. Enfin, pour satisfaire sa passion pour les fleurs exotiques, elle créa une vaste serre chaude.

Une exposition intitulée « Entre Cour et jardin, Marie-Caroline, Duchesse de Berry » s'est tenue d'avril à juillet 2007 au musée de l'Île-de-France, au château de Sceaux; cette vaste rétrospective historique traitant des séjours officiels de la princesse, du palais des Tuileries au château de Rosny, regroupait près de 300 objets (meubles, tableaux, tapisseries, livres, orfèvrerie, bijoux, souvenirs historiques) provenant de plus de 80 musées, institutions patrimoniales et collectionneurs privés) dont la moitié était exposés pour la première fois. Un catalogue a été publié à l'occasion de cette manifestation.


Souvenirs princiers à l'encan.

La vente aux enchères publiques "Noblesse Oblige" organisée par la maison Christie's à Londres le 14 avril 2011a dispersé 70 objets et souvenirs historiques lui ayant appartenu, parmi lesquels :

- son meuble d'aquarelliste orné d'une plaque en bronze doré sertie des miniatures de la duchesse et de ses deux enfants;

- une plaque commémorative de son mariage en porcelaine de Sèvres (1816);

- le vaisseau en argent sur son socle en bois clair offert par la ville de Bordeaux à la naissance de son fils (1820);

- trois bustes en biscuit de Sèvres d'elle et de ses enfants;

- son dernier service à café en porcelaine de Vienne;

- des sièges en acajou provenant du château de Rosny;

( cf. Vincent Meylan, "Les souvenirs de Marie Caroline, duchesse de Berry", Point de Vue n°3271, 30/03-5/04/2011pp. 65 à 67).


Un présent royal inédit

Le 18 novembre 2009 une boîte en or du maître-orfèvre parisien Morel, ornée d'une miniature de Duchesne (1770-1856) représentant la duchesse de Berry, offerte par elle le 18 juillet 1828 au vicomte du Hamel, maire de Bordeaux, en remerciement de l'accueil royal de la ville lors de sa « mission » de propagande politique précitée, qui avait été depuis conservée par les descendants sans avoir été exposée, a été vendue aux enchères à Bordeaux à un collectionneur de souvenirs historiques pour la somme de 35 980 euros, au double des estimations (reprod. dans La Gazette de l'Hôtel Drouot no 250, du 27/11/2009, p. 250 ).

Peintures

Quelques peintures faites par la duchesse de Berry:

Notes et références

Bibliographie


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