Cantillation coranique

Cantillation coranique

La cantillation coranique est la prononciation des prières rituelles de l'islam sur un mode chanté. Son prototype est l'appel à la prière du muezzin, le adhan, et aussi l'iqama qui commence cette prière nommée en arabe صلاة [ ṣalāʰ ].

Sommaire

Histoire

Le muezzin le plus célèbre est Bilal, qui appelait les croyants à la prière à Médine, du vivant de Mahomet, dans la première mosquée fondée par le prophète et ses compagnons de l'hégire.

Muezzin, Adhan et Iqama

Le muezzin (du turc : müezzin, lui-même de l'arabe mu-aḏḏin مؤذّن, celui qui fait l'appel) est le membre de la mosquée chargé de lancer cinq fois par jour l'appel à la prière (adhan) du sommet d'un minaret. Cet appel vocal fut choisi, semble-t-il, pour se démarquer de l'appel juif par une corne, et de l'appel chrétien par une cloche, mais également parce qu'il est le moyen le plus naturel d'appeler à la (salât), prière dirigée par l'imam[1], précédée par la forte cantillation de l'iqama par le muezzin. Muezzin qui se bouche les oreilles avec l'index ou le majeur afin de n'être pas perturbé dans son office, qui hausse la voix pour être entendu au loin, et qui prononce posément sa cantillation pour être bien compris de ses auditeurs.

Le adhan[2] est le symbole sonore de l'islam. Institué d'après la sunna de Mahomet, il s'apparente à une récitation scandée et modulée, une cantillation de l'appel qui sera suivi par l'iqama lequel, reprenant les mêmes formules, marque effectivement le début de la prière. Trois mots dérivent de la même racine arabe traduisant le verbe « annoncer » : un adhan est un « appel », mu'adhdhin (muezzin) est celui qui fait l'appel, et mi'dhana « minaret » est le lieu d'où se fait cet appel.

Le adhan pour la prière du matin
Horaire Texte arabe Traduction Translittération
2 fois[3]
Le matin seulement (fajr)
الصلاة خير من النوم La prière est meilleure que le sommeil. aṣ-ṣalātu ḫayru min an-naūm

Le iqâma (arabe: ʾiqāma إقامة : fait de se mettre debout) est le deuxième appel à la prière musulmane, qui se cantille juste avant la salât, afin que les croyants se lèvent et s'alignent pour prier. Ce texte, chanté par le muezzin à la demande de l' imam est le même que celui de l' adhan, auquel s'ajoute le verset « levez-vous pour la prière » (deux fois) juste avant les deux derniers versets. « Venez à la prière » et « Venez à la félicité » ne s'énoncent qu'une seule fois dans l' iqâma.

La salât (ou صلاة [ṣalāʰ] qui se traduit par « prière » et par « acte de dévotion ») est le second des cinq piliers de l'islam. Outre la prière de demande ou surérogatoire (nâfilah), chaque musulman est tenu d'effectuer cinq prières quotidiennes obligatoires (faridah), que les langues perse et indienne nomment namāz. Dès l'aube de l'islam, les prières étaient, comme aujourd'hui, un acte de soumission totale à Allah, mais elles servent aussi à réciter les versets du Coran, à les mémoriser, à les fixer dans les esprits des compagnons au fur et à mesure de la révélation de leur sens. Des cinq prières journalières obligatoires pour les musulmans, deux s'énoncent à voix basse, la prière de adh-dohr la mi-journée, et la prière de al-asr, au milieu de l'après-midi. Trois autres prières s'énoncent à haute voix :

  • la prière de as-soubh (appelée aussi al-fajr), prière de l'aube, composée de deux rakah. Le temps imparti à cette prière commence à l'apparition de l'aube véritable (al-fajrou s-sadiq) qui éveille une lueur blanche transversale à l'horizon oriental, et il finit au lever du soleil.
  • la prière de al-maghrib, au coucher du soleil, composée de trois rakah. Ce temps de prière commence après le coucher du soleil c'est-à-dire après la disparition de la totalité du disque solaire, et il finit à la disparition de la lueur rouge. La lueur rouge est la rougeur qui apparait à l'occident après le coucher du soleil.
  • la prière de al-icha, prière de la nuit, composée de quatre rakah. Le temps imparti à cette prière commence à la disparition de la lueur rouge et finit à l'apparition de l'aube.
* Voir aussi : Horaires des salât dans le monde entier.

La fatiha (de l'arabe : الفاتحة [ al-fâtiḥah ]), la sourate d'ouverture du Coran, composée de sept versets ou ayat, est récitée au cours de chaque prière. Le mot amin (amen) est ajouté en fin de récitation sans être toutefois partie intégrante de la sourate. L'image en tête de cet article montre une fâtiha calligraphiée.

Première sourate du Coran, nommée traditionnellement la Fatiha (ouverture).

Musicalité de la cantillation coranique

La récitation du Coran se cantille. Et l'appel à la prière est, lui aussi, un chant délimité par des règles précises. Les hamd, les nasheeds et les na't sont des poèmes dévotionnels de l’Islam officiel. Le na't kwani est un chant a cappella qui accompagne la cantillation du Coran, chant qui exprime l'amour d'Allah, notamment au sein du hamd-o-sanna accompagné de percussions.

L'opinion des sunnites et des chiites diffère à l'égard de la musique. Les premiers affichent une interdiction mais montrent dans les faits une grande tolérance, les seconds au contraire semblent favoriser la musique mais l'interdisent dans les faits. Cette attitude contradictoire nait de l'influence exercée par les confréries soufies, adeptes parfois de rituels liés à la musique dhikr et sama'. Certains musulmans jugent que seul le chant est halal, licite et permis, et pensent que les instruments sont haram, c'est-à-dire interdits. Une importante tradition de chant a cappella s'enrichit d'emprunts au mélisme.
La musique islamique est polymorphe et varie selon les traditions des pays qu'habitent les musulmans. La musique arabe classique est religieuse, la musique islamique est profane. La musique ottomane elle aussi est profane. De même pour la musique persane, où se retrouvent néanmoins des modes religieux (maqâm ou dastgah). En dépit de ces multiples apparences, cette musique, qui appartient à la tradition orale, présente certaines caractéristiques communes, surtout dans l'art de la musique savante de l’Islam. Les musiques ethniques présentent des particularités régionales plus marquées. Cet art musical présente des caractères esthétiques et ethnomusicologiques variés, unifiés par l’Islam, qui s'est exprimé surtout en langue arabe.

Voir aussi

Bibliographie

  • Mohammad Bouhadjeb Hachem, Bilal : muezzin du Prophète d'Allah, Al-Bouraq, Beyrouth, 1998, 80 p. (ISBN 284161056X)
  • La Musique arabe, PUF (collection Que sais-je ?), 1971.
  • Guettat Mahmoud, La Musique classique du Maghreb, Paris, Sindbad, 1980.

Notes et références

  1. Un imam est celui qui dirige la prière en commun. Cette personne est la plus savante (علِمي [olimi]) dans la connaissance des rites de l'islam.
  2. Malek Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans, Éd. Albin Michel (ISBN 978-2-226-2137-0)
  3. L'appel à la prière du matin n'a pas pour objectif d'annoncer le début de l'heure de la prière, mais de réveiller les croyants, afin que ceux-ci puissent se préparer à la prière en commun.

Liens externes



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