Benjamin Fillon

Benjamin Fillon
Benjamin Fillon
Benjamin Fillon de Charles Meryon.
Benjamin Fillon de Charles Meryon.

Activités Juge, historien
Naissance 15 mars 1819
Grues (Vendée)
Décès 23 mai 1881
Saint-Cyr-en-Talmondais (Vendée)
Langue d'écriture Française
Œuvres principales
  • Considérations historiques et artistiques sur les monnaies de France
  • Poitou et Vendée
  • Considérations historiques et artistiques sur les monnaies de France
  • Études numismatiques

Benjamin Fillon, né le 15 mars 1819 à Grues et mort le 23 mai 1881 à Saint-Cyr-en-Talmondais, est un juge républicain, numismate, archéologue et érudit poitevin. Il a rassemblé la plus grande collection de curiosités poitevines du XIXe siècle. Son engouement pour la Renaissance fait de lui l'un des premiers spécialistes de François Viète.

Sommaire

Biographie

Fils de Joseph Louis Fillon (1787-1858), un ancien officier de l'Empire[1] et de Joséphine Joussemet, sa famille vient de Niort. Durant la Révolution française, elle a compté parmi les Bleus de Vendée. Son père est un neveu du colonel Louis Joseph Fillon, tué le 25 mai 1793. Très jeune, Benjamin réside avec sa famille à Fontenay-le-Comte. Des études de droit le mènent à Poitiers, puis à Paris. Il commence alors ses travaux d'archéologie.

En 1841, Benjamin Fillon commence ses premiers travaux à la Société des antiquaires de l’Ouest. Licencié en droit le 19 avril 1842, il est nommé la même année juge suppléant au tribunal de la Roche-sur-Yon, puis questeur en 1844 et vice-président en 1846. Libéral, progressiste et fidèle à la République, il démissionne de ses fonctions après le coup d'État du 2 décembre 1851.

Il épouse le 10 février 1863 sa cousine germaine Clémentine (née à Nalliers le 27 février 1830), fille de Joseph René Fillon, notaire, et de Pauline Victoire Poëy d’Avant [2]. Celle-ci collabore à ses travaux. En 1864, il organise le 31e Congrès archéologique de France à Fontenay-le-Comte. Commence alors une véritable carrière de savant. En 1870, il est nommé préfet de la Vendée par le gouvernement de la Défense nationale. Il n'accepte pas cette charge. En 1871, il refuse d'être candidat républicain à l'Assemblée nationale de 1871. De 1870 à 1881, il collabore à la Société de l’histoire de l’art français ainsi qu'à de nombreuses revues et se lie avec Anatole de Montaiglon. Il loge dans l'hôtel Poey d'Avant.

Le 16 juillet 1873, son épouse disparaît et il se retire dans son château, à Saint-Cyr-en-Talmondais. En 1878, l'Exposition universelle lui doit le prêt de nombreux objets de sa collection personnelle. Au mois de juillet 1880, la maladie s'empare de lui. Il meurt à Saint-Cyr le 23 mai 1881. Selon sa volonté, on lui fit des obsèques civiles.

Œuvre

Un découvreur

Peu de personnes se sont intéressées à l'histoire de la Vendée avant Benjamin Fillon. On lui doit notamment la réédition des œuvres de Nicolas Rapin et d'André de Rivaudeau ; la connaissance du séjour de François Rabelais chez les cordeliers de Fontenay-le-Comte et celles des promenades de Bernard Palissy. Il participe à plusieurs fouilles en Vendée dans une villa de Saint-Médard-des-Près. Il emploie des collaborateurs comme Eugène Chevreul et s'appuie sur les travaux des théoriciens de son époque, comme Winckelmann. Enfin, de façon plus anecdotique, il fait restaurer son château, la Court d’Aron, dans le style de la Renaissance.

Touchant François Viète, sa passion pour le mathématicien fut si forte qu'il proposa par deux fois, en 1858, une souscription forcée de la Société des antiquaires de France pour l'érection d'une statue en son honneur à Fontenay le Comte. Initiative repoussée car Fillon ne voulait pas de souscriptions individuelles. M. Biot, au nom de la section de geométrie tout entière, lui refusa formellement[3] une souscription collective. Il réitéra sa proposition auprès de la municipalité de Fontenay, mais la liste des premiers souscripteurs comprenant les noms prestigieux de Louis Blanc et de Victor Hugo, la municipalité s'effraya de se trouver marquée politiquement et son projet tomba à l'eau. Fillon démissionna alors de ses charges municipales.

Le nombre de découvertes archéologiques de Benjamin Fillon est impressionnant et recouvre toutes les époques. Elles se manifestent par son travail d'épigraphiste, mais aussi par un travail de terrain, comme par exemple celui qu'il accomplit avec Frédéric Ritter lors de la découverte à Saint-Médard des peintures décoratives de la dame Blanche, peintures murales dans des restes de villas du Bas-Poitou (IIIe siècle)[4]. Faïence d'Oiron, bague de Sainte Radegonde, sceau d'ébène du XIe siècle, histoire des évêchés, des villes murées, des abbayes, des mottes féodales, reliquaires, bijoux, trésors, numismatique, vases trouvés sur les bords de mer ou dans des cavernes, bornes des voies romaines, tumuli gaulois, haches, peintures, poteries, pilotis, dépots de cendre, sépultures, menhir, folies, dolmen, héritage du celte, du sanscrit, similarité avec l'art précolombien ou africain, rien ne lui échappe. Il réunit ainsi plus de 180 noms de potiers officiant dans le Poitou au XVIe siècle, s'occupe de l'évolution de la musique du XIe siècle au XVIIIe siècle, de la profondeur et du déplacement des dunes ou de leur antiquité... Il dresse des cartes historique du Bas-Poitou. Une de ses idées fortes est d'attribuer au songe de Polyphile de Jean Martin (1546) un rôle charnière dans l'évolution de l'art au XVIe siècle. Rien de Poitevin ne lui semble étranger.

Œuvres principales

  • Considérations historiques et artistiques sur les monnaies de France
  • Poitou et Vendée, réalisé en collaboration avec l’aquafortiste Octave de Rochebrune
  • L’Art de la terre chez les Poitevins, suivi d’une étude sur l’ancienneté de la fabrication du verre en Poitou
  • Considérations historiques et artistiques sur les monnaies de France
  • collaboration à la Description des monnaies seigneuriales françaises composant la collection de M. Poey d'Avant, avec un essai de classification.
  • Études numismatiques de 1856.
Détail des œuvres
  • Recherches historiques et archéologiques sur Fontenay : biographie des hommes illustres de Fontenay, Nairière-Fontaine, 1846.
  • Documents pour servir à l’histoire du Bas-Poitou et de la révolution en Vendée, imprimerie de Robuchon, Fontenay, 1847.
  • Un capitaine de compagnie franche à la fin du XVIe siècle, imprimerie de Robuchon, Fontenay, 1847. (texte en ligne)
  • Le Cabinet de Michel Tiraqueau, sénéchal de Fontenay, imprimerie de Robuchon, Fontenay, 1848.
  • Description de la villa et du tombeau d’une femme artiste gallo-romaine découverts à Saint-Médard-des-Prés (Vendée), imprimerie de Robuchon, Fontenay, 1849.
  • En collaboration avec Frédéric Ritter : Notice sur la vie et les ouvrages de François Viète, impr. de C. Gailmard, Nantes, 1849.
  • Considérations historiques et artistiques sur les monnaies de France, Fontenay, 1850. (texte en ligne)
  • Lettres à M. Ch. Dugast-Matifeux sur quelques monnaies françaises inédites, imprimerie de Robuchon, Fontenay-Vendée, 1853.
  • Rapport présenté à la Société archéologique de Nantes sur une découverte de monnaies, d’ustensiles et bijoux de l’époque gallo-romaine, faite près du Veillon, canton de Talmon, A. Guéraud, Nantes, 1856.
  • Études numismatiques, Charvet, Paris 1856. (texte en ligne)
  • Collection Jean Rousseau, monnaies féodales françaises, Paris, 1860.
  • Lettres écrites de la Vendée à M. Anatole de Montaiglon, Tross, Paris, 1861. (texte en ligne)
  • Les Faïences d’Oiron, lettre à M. Riocreux, imprimerie de Robuchon, Fontenay, 1862.
  • L’Art de la terre chez les Poitevins, suivi d’une étude sur l’ancienneté de la fabrication du verre en Poitou, chez L. Clouzot, Niort, 1864.
  • Programme de la XXXIe session du Congrès archéologique de France à Fontenay-le-Comte, imprimerie de Robuchon, Fontenay, 1864.
  • Avec Clémentine Fillon, Des études historiques et artistiques, Nalliers, Fontenay-le-Comte, 1865.
  • Avec François Duchesne, L'effondrement du palais de justice de Fontenay-le-Comte, Clouzot, Niort, 1866. (texte en ligne)
  • Département de la Vendée. Coup d’œil sur les élections sénatoriales de 1876, imprimerie de Robuchon, Fontenay-Vendée, 1876.
  • L’Art romain et ses dégénérescences au Trocadéro, de Quantin, Paris, 1878.
  • Rapport sur la carte routière et hydrographique de la Vendée, la Veuve Cochar, Tremblay 1878.
  • Lettre à Monsieur Jules Quicherat, directeur de l’École des chartes, sur une découverte d’objets gaulois en or faite en 1759 dans l’étang de Nesmy (Vendée), la Veuve Cochar, Tremblay, 1879.
  • Mémoire sur une nouvelle nomenclature des dénominations des rues, places, carrefours et quais de la ville de Fontenay, présenté au conseil municipal par Benjamin Fillon, A. Baud, Fontenay, 1880.

Les collections Fillon

Son exécuteur testamentaire, auquel il lègue ses collections, est l'historien Charles Dugast-Matifeux, avec qui Benjamin Fillon a collaboré et avec qui il partage des idées républicaines avancées. A la mort de Fillon, Dugast établit deux catalogues de ces collections, qui sont dispersées dans une vente de Drouot.

  • Un catalogue des objets d’arts et de haute curiosité. Bronzes antiques, bijoux mérovingiens, monnaies et médailles antiques du Moyen Âge et de la Renaissance, vierge du XIIIe siècle en ivoire, émaux de Limoges, faïences de Perse, plats de Bernard Palissy, statue en marbre par J. Fancelli, porcelaine de Chine, objets variés, tableaux, dessins, estampes composant la collection de feu Benjamin Fillon et dont la vente aura lieu à l’hôtel Drouot, salle n°8, le lundi 20 mars 1882 et jours suivants. Paris, 1882.
  • Catalogue des monuments typographiques et d’un choix de livres rares et précieux provenant du cabinet de Feu M. Benjamin Fillon. – Avec quelques éclaircissements et des notes bibliographiques. Paris : Claudin, 1883.

Issues de sa collection, les Fonds Benjamin Fillon de Fontenay-le-Comte comptent environ 1 500 pièces. On trouve encore un fond Benjamin Fillon, aux Archives départementales de Vendée à La Roche-sur-Yon, et un fonds à la BNF (côte 21509 nouvelles acquisitions) Une visite aux collections Fillon organisée par la société française d'Archéologie le 16 juin 1863[5] ; et la description de cette visite nous apprennent qu'il possédait un buste de Viète, des portraits de Nicolas Rapin et de Brantôme, une étude de Michel-Ange, une autre du Primatice, des dessins de Guerchin, Le Sueur, Greuze, Louis David, Carle Vernet, des gravures d'André Mantégna, d'Albert Dürer, de Claude Lorrain de Van Dyck et de Watteau. Outre les collections archéologiques, (Bagues, vases, statuettes, fragments de murs, mobilier de tombeau, médaillon, collier, Vierge d'ivoire, épées du Xe et XIIIe siècles, poteries poitevines, Verres peints et agatisés, émaux de Limoges, statère portant le nom de Vercingétorix et autres) on y trouve encore 20.000 manuscrits, recueillis en commun avec M. Dugast-Matifeux, et des autographes, dont les principaux sont ceux de Bertrand Du Guesclin, Jean de Berry, Charles d'Orléans, Jean-Sans-Peur, duc de Bourgogne, Gilles de Rais, Louis XI de France, Richard III d'Angleterre, Philippe de Commines, Ferdinand-le-Calholique, Isabelle de Castille, Anne de Bretagne, François Viète, Bernard Palissy, Barnabe Brisson, Catherine de Parthenay, Agrippa d'Aubigné, Henri II de Rohan, Benjamin de Rohan, duc de Soubise ; Saint Vincent de Paul.

Une part d'ombre

Selon des recherches récentes, il apparaît que Fillon aurait inventé certaines découvertes archéologiques[6], notamment celle du trésor de l’étang de Nesmy et du trésor mérovingiens de Grues[7]. Cette « crédulité » peut être rapprochée de celles d'autres grands savants de son époque comme Boucher de Perthes dans le domaine de la préhistoire, dont ce savant est le fondateur, ou Michel Chasles dans l'histoire des sciences, qui fut la victime du faussaire Vrain-Lucas. Mais dans le cas de Fillon, il semble toutefois qu'il s'agisse encore d'autre chose ; l'abbé Sireau et après lui de nombreux chercheurs l'accusent d'avoir été lui-même un faussaire[8] et d'avoir sciemment fait fabriquer et enterrer des poteries pour valoriser certaines de ses découvertes.

Notes et références

  1. On lui donne parfois pour mère Pauline Poey d'Avant, épouse de Joseph René Fillon, notaire à Nalliers, fils de Louis Joseph Fillon (1757-1793) et de Marie Rose Jeanne Gaudineau. Voir Francis Moreau, Travaux de recherches historiques et généalogiques.
  2. Benjamin et Clémentine ont le même arrière-grand-père, dont est issu Pierre Jean Fillon (1744-1818) (dont est issu Joseph-louis puis Benjamin), Louis Joseph Fillon (1757-1793), dont est issu Joseph René Fillon puis Clémentine ; et Louis David (1758-1821), dit Fillon le jeune. Voir Francis Moreau, Travaux de recherches historiques et généalogiques.
  3. L'Abbé Moigno, Cosmos, /Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès.des sciences, Tremblay, Paris, 1858, p. 412.
  4. Compte rendu par la société française d'Archéologie Bulletin 1863,du congrès archéologique de France, vol. 31 de son XXXIe congrès.
  5. Compte rendu par la société française d'Archéologie Bulletin 1863,du congrès archéologique de France, volume 31 de sa visite aux collections Fillon.
  6. Châteaux de Fontenay le Comte quelques erreurs de Fillon
  7. Bulletin de la Société préhistorique française : Séance du 18 décembre 1974
  8. Bulletin de la Société préhistorique française : Actualité scientifique

Annexes

Voir aussi

Bibliographie

  • Émile Brethé, Un rabelaisien excessif, Benjamin Fillon, Fontenay-le-Comte : impr. Lussaud, 1960
  • Roman d'Amat, Dictionnaire de biographie française, Paris : Letouzey et Ané, 1975, vol. 13, p. 1358-1359
  • Christophe Vital, 150 années de découvertes archéologiques en Vendée : la mort et le sacré, Thonon-les-Bains : Éditions de l’Albaron, 1990

Liens externes


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