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Charte du Manden
La Charte du Manden (ou Mandé, Manden est la transcription officielle du pays mandingue), ou Manden Kalikan en langue malinké se présente comme conçue par la confrérie des chasseurs du Mandé (au sud de Bamako). Cette déclaration a été transmise par voie orale. Il n'en existerait pas de trace écrite. Celle-ci aurait été solennellement proclamée le jour de l'intronisation de Soundiata Keïta comme empereur du Mali à la fin de l'année 1222. La Charte qui est décrite ci-dessous provient des travaux de Wa Kamissoko, menés dans les années 1970. Ces résultats restent aujourd'hui très contestés.
Sommaire
La Charte
Cette charte s'adresse aux « douze parties du monde ». Elle a donc une vocation universelle selon ses auteurs. Elle comporte sept paroles, qui sont autant d'entêtes d'articles de la charte :
- « Toute vie est une vie »
- « Le tort demande réparation »
- « Pratique l'entraide »
- « Veille sur la patrie »
- « Ruine la servitude et la faim »
- « Que cessent les tourments de la guerre »
- « Chacun est libre de dire, de faire et de voir »
On trouve donc dans cette charte le respect de la vie humaine, la liberté individuelle, la justice et l'équité, la solidarité. En prenant le parti de lutter contre ce qui lui apparait comme la racine des conflits, l'esclavage, elle identifie la violence des situations comme précédant la violence de la guerre. L'esclavage était devenu courant en Afrique de l'ouest. Selon les transcripteurs de la charte du Manden l'abolition de l'esclavage fut une œuvre maîtresse de Sundjata Keïta et de l'Empire du Mali.
Controverse sur cette charte
Le contenu exact de cette charte est contesté parce qu'il n'y a pas de traces écrites de cette déclaration.
On a pu dire à propos de la Geste de Soundiata : "le schéma idéologique mis en place répond à la situation dominante de ceux qui l'ont construit et vise à consolider celle-ci. Ce modèle qui donne de l'organisation sociale une image simplifiée répartit les hommes en trois catégories : les hôôrôn (hommes libres) spécialistes du pouvoir, de la guerre et de la production, les nyamakala (gens dits de caste inférieure) à qui la société délègue le soin de la sauvegarde et de l'enseignement de l'histoire, et les jôn (esclaves) aux rôles multiples. […] Le schéma que nous évoquons ici reflète avant tout les structures globales d'une société guerrière et dissimule les tensions entre les trois catégories sociales, sous couvert d'un échange équilibré de services mutuels. De plus, il justifie, par l'accomplissement de ces services, les inégalités de fait, l'oisiveté et l'opulence des tenants du pouvoir et des nyamakala leurs alliés, les obligations de labeur qui pèsent sur les jôn et l'exploitation dont ces derniers sont l'objet. Enfin ce reflet idéologique rassure dans la mesure où il vise à stabiliser les structures dont il montre l'image dans l'intérêt des élites qui occupent leur sommet. Cette idéologie de la société, qui est en effet résolument conservatrice, conçoit les divisions dont elle décrit l'ajustement comme des «ordres», c'est-à-dire des groupes considérés comme immuables, délimités par des frontières difficiles à franchir."[1] : l'état de la société décrit dans la Geste de Sundjata contredit fortement le texte de la charte. À cet égard, la charte de Kurukanfuga, parfois assimilée à celle de Manden, et qui daterait de 1236, telle que retranscrite par le CELTHO, (Center of Linguistic and Historical Studies by the Oral tradition) en 1998 ne mentionne pas l'abolition de l'esclavage mais seulement dans son article 20 l'obligation pour les maîtres de se comporter humainement[2]. La charte du Manden fait l'objet d'un intérêt marqué en Afrique de l'Ouest et en particulier au Mali[3]. Son ancienneté prétendue en font un argument localement fort pour lutter contre l'esclavage[4]. D'un point de vue historique elle soulève de nombreuses questions, à commencer par celle de la fiabilité des sources orales, de leur reconstruction et de leur réinterprétation durant l'histoire [5].Notes
- ↑ Seydou Camara, "La tradition orale en question", Cahiers d'études africaines, 144, 1996, p. 785[1]
- ↑ [2] et [ http://www.afrik.com/IMG/doc/LA_CHARTE_DE_KURUKAN_FUGA.doc]
- ↑ maliweb.net :: Charte du Manden ou de Kurukanfuga : Le ministère de la Culture ouvre le débat
- ↑ PDF/Full%20English%20Slavery%20in%20Niger.pdf
- ↑ Voir ainsi à propos de la Geste de Sundjata, Seydou Camara, "La tradition orale en question", Cahiers d'études africaines, 144, 1996, p. 775 : "Au fur et à mesure que le texte était véhiculé par les nyamakala, il se transformait selon les intérêts de chacun"
Sources
- Aboubacar Fofana; La Charte du Mandé et autres traditions du Mali, calligraphies de Aboubacar Fofana, traduction de Youssouf Tata Cissé, Les Carnets du calligraphe, éditions Albin Michel. ISBN : 222613736X 2003
- Youssouf Tata Cissé, Wa Kamissoko, La grande geste du Mali - Des origines a la fondation de l'empire- Karthala - Hommes et Sociétés - Civilisation
- Youssouf Tata Cissé, Wa Kamissoko, Soundjata, la gloire du mali - Karthala - Hommes et Sociétés - Histoire
- Le texte complet de la charte traduit par Youssouf Tata Cissé lisible légalement
- Djibril Tamsir Niane Recherches sur l'Empire du Mali au Moyen Age Recherches africaines . No. 1, janvier 1959. p. 6-56 ne mentionne pas que la tradition ait transmis de façon précise les principes fondateurs de l'empire mandingue
- (en) http://sociolingomali.wordpress.com/2007/05/28/the-mande-charter-controversy-a-magna-carta-for-africa/
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Une publication plus explicite de la charte se trouve à http://www.cimaisevirtuelle.com/afriquecrit/afeour.htm
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