Suite géométrique

Suite géométrique
Exemples
2 ; 16 ; 128 ; 1024 ; 8192 ; …
Suite géométrique croissante, de premier terme 2 de raison 8
2 ; 1 ; 0,5 ; 0,25 ; 0,125 ; …
Suite géométrique décroissante, de premier terme 2 de raison 0,5

En mathématiques, une suite géométrique est une suite de nombres dans laquelle chaque terme permet de déduire le suivant par multiplication par un coefficient constant appelé raison. Ainsi, une suite géométrique a la forme suivante :

a,\ aq,\ aq^2,\ aq^3,\ aq^4,\ \ldots

La définition peut s'écrire sous la forme d'une relation de récurrence, c'est-à-dire que pour chaque entier naturel n :

u_{n+1} =q\times u_n\ ;\ \ u_0=a.

Cette relation est caractéristique de la progression géométrique qui se retrouve par exemple dans l'évolution d'un compte bancaire à intérêts composés ou la composition des intervalles musicaux. Elle permet aussi de modéliser une croissance exponentielle (dans laquelle la variation est proportionnelle à la quantité) par un processus en temps discret.

Les suites géométriques satisfont une formule générale pour le calcul des termes ainsi que pour la série associée. Elles peuvent aussi servir à calculer des solutions particulières pour les relations de récurrence linéaires.

Premières étapes de la construction du triangle de Serpinski.
Premières étapes de la construction du triangle de Sierpiński. Le nombre de triangles noirs, leur côté, leur aire individuelle et l'aire du domaine couvert suivent des progressions géométriques de raisons respectives 3, 1/2, 1/4 et 3/4.

Sommaire

Champ d'applications

La suite géométrique est l'outil privilégié pour l'étude de phénomènes à croissance ou décroissance exponentielle, ou encore l'étude de populations dont la taille double ou diminue de moitié dans un intervalle de temps constant (période).

Exemple : Le carbone 14 14C est un atome radioactif dont la période ou demi-vie est de T = 5730 ans (à 40 ans près). Cela signifie que, en cas de fermeture d'un système (fin des échanges avec le monde extérieur), la quantité de carbone 14 diminue de moitié tous les 5730 ans.
Si N est la quantité de 14C dans le système, au bout de T années (T = 5730 ans), il n'existe plus que N/2 noyaux de 14C . Au bout de 2T, il n'y a plus que N/4 noyaux. Au bout de 3T, il ne reste plus que N/8 noyaux. Si on appelle Nn la quantité de noyaux 14C au bout de n périodes, la suite (Nn ) est une suite géométrique de raison 1/2.

On la retrouve aussi dans le système bancaire avec le calcul des intérêts composés.

Exemple : Un capital C0 placé à 5% rapporte au bout d'un an 0,05 \times  C_0 d'intérêts. Ces intérêts ajoutés au capital nous donnent un nouveau capital C_1 = 1,05\times C_0. En recommençant le processus chaque année, on crée une suite géométrique de raison 1,05 car C_{n+1} = 1,05 \times C_n.

On la retrouve enfin, en musicologie, dans la suite des quintes (gamme pythagoricienne)

Elle est l'équivalent discret d'une fonction exponentielle.

Terme général

Si E est un corps commutatif et si (u_n )_{n\in\mathbb N} est une suite géométrique de E de raison q\in E alors, pour tout n\in\mathbb N :

u_n = u_0 q^n\,

Plus généralement, si la suite est définie sur \{n \in \mathbb N, n \geq n_0\} et si n et p appartiennent à A et si q est non nul, alors :

u_n = u_p q^{n - p} \,

Une suite géométrique est donc entièrement déterminée par la donnée de son premier terme u_{n_0} et par sa raison q.

Réciproquement, une suite définie sur \{n \in \mathbb N, n \geq n_0\} par

u_n = u_{n_0} q^{n - n_0} \,

est une suite géométrique de raison q.

Sens de variation et convergence

On supposera u_{n_0} et q non nul.

Sens de variation

Ce paragraphe concerne les suites géométriques à valeurs dans \R.

  • si q < 0\, la suite n'est pas monotone et oscille alternativement dans les nombres négatifs et positifs.
  • si q \in ]0 ; 1[
    • si u_{n_0}> 0 la suite est décroissante positive
    • si u_{n_0}< 0 la suite est croissante négative
  • si q \in ]1 ; + \infty[
    • si u_{n_0}> 0 la suite est croissante positive
    • si u_{n_0}< 0 la suite est décroissante négative
  • si q = 1\, la suite est constante.

Convergence

Dans \R

  • si q < -1\,, la suite diverge et ne possède pas de limite. Dans \bar{\R} les valeurs d'adhérence sont + \infty et -\infty.
  • si q = - 1\,, la suite diverge et possède deux valeurs d'adhérence u_{n_0} et - u_{n_0}
  • si |q| < 1\,, la suite converge vers 0
  • si q = 1\,, la suite est constante et converge vers u_{n_0}
  • si q > 1\,, la suite est divergente mais possède une limite égale à
    • + \infty pour u_{n_0}>0
    • - \infty pour u_{n_0}<0

Dans \mathbb{C}

  • si \left| q\right| <1, la suite converge vers 0.
  • si \left| q\right| >1, la suite est divergente.
  • si q = 1\ , la suite est constante et converge vers u_{n_0}.
  • si q \neq 1 et \left| q\right| = 1, la suite diverge.

Croissance comparée

On considère ici des suites à valeurs dans \R.

On démontre que, pour tout entier n et tout réel t positif, (1 + t )^n \geq 1 + nt. Cette inégalité permet d'affirmer qu'une suite géométrique de raison 1 + t et de premier terme a croît plus vite qu'une suite arithmétique de raison a×t. Cependant, en pratique, pour de petites valeurs de t et des valeurs raisonnables de n, les deux suites sont quasiment confondues. Cette approximation se justifie mathématiquement par le développement limité à l'ordre 1 lorsque t tend vers 0 : (1 + t)n = 1 + nt + o(t) qui fournit l'approximation : ~(1+t)^n \approx 1+nt.

Illustration avec a = 1 000 et t = 0,004, soit une raison a×t = 4 :

n suite arithmétique suite géométrique
0 1 000 1 000
1 1 004 1 004
2 1 008 1 008,016
3 1 012 1 012,048
4 1 016 1 016,096
5 1 020 1 020,161
6 1 024 1 024,241
7 1 028 1 028,338
8 1 032 1 032,452
9 1 036 1 036,581
10 1 040 1 040,728
11 1 044 1 044,891
12 1 048 1 049,070

Cette approximation permet aux financiers d'utiliser comme taux d'intérêt mensuel le 12e du taux annuel t, au lieu de prendre la valeur exacte  \sqrt[12]{1+t}-1 ; elle est d'autant meilleure que le taux est faible.

Somme des termes

La valeur de la somme des termes d'une suite géométrique est démontrée dans le Livre IX des Éléments d'Euclide.

Si E =\R ou \C (ou n'importe quel autre corps commutatif) et si (u_n )_{n\in\N} est une suite géométrique de raison q de E alors, pour tout n\in\N et pour tout m\in\N :

\sum_{p=m}^{p=n}u_p= \dfrac{u_m - u_{n+1}}{1 - q} = u_0\,q^m\,\dfrac{1 - q^{n+1-m}}{1 - q} pour q différent de 1
\sum_{p=m}^{p=n}u_p= (n-m+1) \, u_0 pour q = 1

ou plus simplement (somme des premiers termes)  :

S =  \text{premier terme}\times \dfrac{1-\text{raison}^{\text{nombres de termes}}}{1-\text{raison}} si la raison est différente de 1.

Diverses variantes de la démonstration sont présentées dans l'article Série géométrique, dans la section Terme général.

Voir aussi


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Suite géométrique de Wikipédia en français (auteurs)

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