Première République tchécoslovaque

Première République tchécoslovaque

République tchécoslovaque
Československá republika (cs)

Česko-slovenská republika (sk)

1918 – 1938

Drapeau
Blason

Drapeau et armoiries

Devise : Couronne tchécoslovaque

Accéder aux informations sur cette image commentée ci-après.

Carte indiquant en vert la localisation de la Tchécoslovaquie en Europe après la Première Guerre mondiale.

Informations générales
Statut République
Capitale Prague
Langue Slovaque, tchèque
Histoire et évènements
28 octobre 1918 Proclamation d'indépendance
1920 Constitution
1er octobre 1938 Accords de Munich

Entités précédentes :

La Première République tchécoslovaque (en tchèque, První republika ou První československá republika, en slovaque, Prvá česko-slovenská republika) est le régime qu'a connu la Tchécoslovaquie entre sa création en 1918 et sa dissolution suite aux accords de Munich en 1938. Elle est précédée de l'Autriche-Hongrie et suivie de la Seconde République tchécoslovaque, bref intermède encore démocratique qui dure du 1er octobre 1938 au 15 mars 1939, avant que ne soit instaurés le Protectorat de Bohême-Moravie et la République slovaque.

Sommaire

Naissance

Arrivée de Tomáš Masaryk à Prague le 21 décembre 1918 (place Venceslas)
La Tchécoslovaquie en 1937
Drapeau de la Bohême, utilisé comme premier drapeau de la Tchécoslovaquie.

La Tchécoslovaquie nait de la fragmentation de l'Autriche-Hongrie entériné par le traité de Saint-Germain-en-Laye à l'issue de la Première Guerre mondiale, sur une base nationale promue par le Tchèque Tomáš Masaryk et le Slovaque Milan Rastislav Štefánik. Tomáš Masaryk devient, le 18 novembre, le premier président de la Tchécoslovaquie indépendante. Edvard Beneš, ministre des affaires étrangères, est l'une des principales personnalités politiques du pays. Les Tchèques et les Slovaques y côtoient des minorités allemandes, ruthènes, hongroises, polonaises, juives germanophones et tziganes. Les Tchèques sont majoritaires en Bohême et Moravie, les Slovaques en Slovaquie. Les premières années de la Tchécoslovaquie indépendante sont marquées par des tensions nationalistes avec les Allemands et les Hongrois, jusque-là socialement dominants (seules leurs langues étaient officielles en Autriche-Hongrie) qui minent la vie politique malgré le bon fonctionnement de la démocratie parlementaire, d'autant que les minorités allemande et hongroise n'avaient pas été invitées à participer à l'élaboration de la constitution de la nouvelle république. Adoptée en 1920, celle-ci interdit l'irrédentisme avec l'Allemagne ou la Hongrie, alors que les Allemands revendiquent leur rattachement à l'Allemagne et les Hongrois leur maintien en Hongrie selon la même base nationale dont bénéficient les Tchèques et les Slovaques (Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes inclus dans les 14 points du président Woodrow Wilson).

Historique

Dès les premiers mois de son existence, la Tchécoslovaquie doit affronter une contestation territoriale, la République démocratique hongroise devant subir l'annexion du territoire de Haute-Hongrie, qui correspond à la Slovaquie. Des troupes hongroises restent stationnées en Slovaquie et empêchent les fonctionnaires du nouvel État tchécoslovaque de faire leur travail. En mai 1919, face aux incursions hongroises, la Tchécoslovaquie entre en conflit avec le nouveau régime de la République des conseils de Hongrie. L'Armée rouge hongroise parvient à repousser les troupes tchécoslovaques, une éphémère République slovaque des conseils étant proclamée sur le territoire de la Slovaquie; mais l'intervention armée du Royaume de Roumanie aboutit à chasser les Hongrois.

Le traité de Versailles et le Traité de Saint-Germain-en-Laye achèvent de fixer les frontières tchécoslovaques. Les premières élections se déroulent le 18 avril 1920 et, jusqu'à l'annexion allemande de 1938-1939, les populations de la République Tchécoslovaque seront invitées à participer aux différents scrutins en respectant le calendrier prévu par la Constitution.

Territoire et nationalités

D'après les statistiques de 1921, 13 613 172 habitants vivent sur le territoire de la république répartis[1] en :

Elle intègre les territoires

La Tchécoslovaquie en 1928

Cet état de fait est dénoncé par les minorités allemandes incluses dans le nouvel État et majoritaires dans certaines régions, il faut y envoyer la force armée pour y imposer la nouvelle république slave :

  • Le Böhmerwaldgau (région des Forêts de Bohême), en Bohême du sud se déclare District (Kreis) du Land de Haute-Autriche ; administré par le Kreishauptmann (chef de district) Friedrich Wichtl (1872 - 1922) à partir du 30 octobre 1918,
  • Le Deutschböhmen (la Bohême germanique), au nord-est de la Bohême se déclare partie entière du nouvel État autrichien et est administré par un Landeshauptmann : Rafael Pacher (1857-1936), du 29 octobre au 6 novembre 1918 puis par Rudolf Ritter von Lodgman von Auen (1877 - 1962) du 6 novembre au 16 décembre 1918 (sa capitale, Reichenberg, est la dernière à être conquise par l'armée tchécoslovaque mais son gouvernement continue en exil tout d'abord à Zittau en Saxe puis à Vienne, jusqu'au 24 septembre 1919),
  • Le Sudetenland (la Région des Sudètes), au nord de la Moravie et en Silésie se déclare partie entière du nouvel État autrichien et est administré par le Landeshauptmann Robert Freissler (1877-1950) du 30 octobre au 18 décembre 1918 (date à laquelle les Tchécoslovaques occupent sa capitale, Opava),
  • Le Deutschsüdmähren (la Moravie germanique du sud) se proclame District (Kreis) de la Basse-Autriche et est administré par le Kreishauptmann Oskar Teufel (1880 - 1946) du 30 octobre 1918 jusqu'en décembre de la même année quand les troupes tchécoslovaques reprennent la situation et les territoires en main.

La Tchécoslovaquie doit également faire face aux revendications autonomistes des Slovaques et des Allemands des Sudètes. Le principal mouvement autonomiste slovaque est dirigé par les prêtres catholiques Andrej Hlinka et Jozef Tiso.

L'opposition entre les Allemands et les Tchèques est latente tout au long des années 1920 et s'intensifie dans les années 1930. Les Sudètes d'abord autonomistes, expriment leur irrédentisme en 1933 avec la formation d'un Parti allemand des Sudètes emmené par son leader politique, Konrad Henlein, qui réclame, avec l'appui de l'Allemagne nazie, le rattachement au Troisième Reich et amplifie graduellement ses exigences. La crise éclate suite à l'Anschluss de l'Autriche et du Reich en 1938. Il est alors évident que la prochaine exigence de Hitler sera la réunification avec la Région des Sudètes.

Gouvernement

La prédominance politique, en Tchécoslovaquie, passe des sociaux-démocrates aux agrariens. Antonín Švehla, chef des agrariens, dirige plusieurs gouvernements de 1922 à 1926 puis de 1926 à 1929. Tomáš Masaryk demeure président jusqu'en 1935, date à laquelle Edvard Beneš devient chef de l'État. Milan Hodža, dirigeant des agrariens, devient également premier ministre en 1935.

Événements

L'occupation de la Tchécoslovaquie en 1939

Le 14 août 1920, la république Tchécoslovaquie, conclut une alliance militaire, Petite Entente, avec le Royaume de Yougoslavie et le Royaume de Roumanie. La Petite Entente ne survivra pas aux manœuvres du Troisième Reich. Edvard Beneš, premier ministre à partir de 1921, mise également sur la protection de la France pour assurer la sécurité du pays. La Tchécoslovaquie est un clou enfoncé dans le dos de l’Allemagne. C’est la vision stratégique vue par l’État-Major français. Aussi, l’armée du pays est au début financée et continuellement entraînée par des officiers français. Le chef d'État-Major de l'armée Tchécoslovaque sera jusqu'en 1924 un général français : Maurice Pellé puis Eugène Mittelhauser. Le 25 janvier 1924, un accord militaire est trouvé, confirmé le 16 octobre 1925 par une promesse d’assistance militaire.

Chars allemands place Venceslas le 15 mars 1939

L'arrivée de Hitler au pouvoir en 1933 et l'Anschluss avec l'Autriche en 1938 fait craindre que la Tchécoslovaquie, avec ses trois millions d'Allemands des Sudètes concentrés sur les marges du pays bordant le Reich et menés par le SdP, le parti autonomiste de Konrad Henlein, ne soit la prochaine sur la liste. Les revendications du Troisième Reich sur le territoire des Sudètes poussent Beneš à conclure avec l'Union soviétique un pacte dirigé contre l'Allemagne[2]. Mais le danger allemand se précise avec l'Anschluss de mars 1938, quand l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne place la Bohême en tenaille. Les préparations militaires de Hitler contre la Tchécoslovaquie. La France et le Royaume-Uni incitent le gouvernement tchécoslovaque à négocier : sur l'initiative de Benito Mussolini, une conférence se tient à Munich en septembre 1938, Edvard Beneš n'y étant même pas invité. Les accords de Munich donnent satisfaction à l'Allemagne nazie et au Royaume de Hongrie, qui récupèrent les territoires peuplés de minorités allemandes et magyares. Edvard Beneš démissionne le 5 octobre, remplacé par Emil Hácha, et choisit l'exil. L'amputation territoriale met fin de facto à la première République tchécoslovaque, à laquelle succède l'éphémère seconde République tchécoslovaque. Le 15 mars 1939, c'est toute la partie tchèque qui est occupée et devient le protectorat de Bohême-Moravie alors que la Slovaquie déclare son autonomie sous la houlette de Mgr Tiso et que l'extrémité orientale de la République est occupée par la Hongrie de l'amiral Horthy. La France n'est pas intervenue pour défendre le pays, malgré des accords de défense mutuels.

C'est la fin d'une période qui, en dépit des incessants problèmes politiques (tensions nationalistes à l'intérieur, menace bolchévique aux marches orientales) et économiques (crise de 1929), est perçue comme un âge d'or par les Tchèques.

Notes et références

  1. Pavel Bělina, Petr Čornej, Jiří Pokorný, Histoire des Pays tchèques, Seuil, Paris, 1995, p.368
  2. Michel Mourre, Dictionnaire d'histoire universelle, article Tchécoslovaquie, Bordas, édition de 2004

Voir aussi


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Première République tchécoslovaque de Wikipédia en français (auteurs)

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