Nanga-Parbat

Nanga-Parbat

Nanga Parbat

Nanga Parbat
Vue du Nanga Parbat.
Vue du Nanga Parbat.
Géographie
Altitude 8 126 m
Massif Himalaya
Longueur  km
Largeur  km
Superficie  km2
Coordonnées 35° 14′ 21″ Nord
       74° 35′ 24″ Est
/ 35.239167, 74.59
35° 14′ 21″ N 74° 35′ 24″ E / 35.239167, 74.59
Administration
Pays Pakistan Pakistan
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Ascension
Première 3 juillet 1953 par Hermann Buhl
Voie la plus facile Voies Schell et Kinshofer
Géologie
Âge
Roches
  Géolocalisation sur la carte : Pakistan
Pakistan location map.svg
Nanga Parbat

Le Nanga Parbat est le neuvième plus haut sommet du monde (8 125 mètres), dans la chaîne de l'Himalaya. Plus haute montagne entièrement au Pakistan, il est le huit mille le plus occidental. Nanga Parbat signifie « Montagne nue ». Il est aussi appelé Diamir (signifiant « Roi des montagnes »).

Chez les alpinistes, le Nanga Parbat est connu comme un des 8 000 les plus difficiles à vaincre. Contrairement à l'Everest, même sa voie d'accès la plus conventionnelle et la plus "facile" (la voie Kinshofer) présente des pentes extrêmement escarpées, entrecoupées de couloirs d'avalanches et exposées aux chutes de pierres

Jusqu'à présent, le Nanga Parbat a été le lieu de 186 ascensions réussies, mais également de 61 morts. Cette montagne se montra si meurtrière qu'elle a été surnommée la montagne tueuse par l'expédition allemande qui en fit la première ascension le 3 juillet 1953.

L'ascension historique fut particulièrement tragique puisque onze grimpeurs et quinze sherpas périrent pour permettre à Hermann Buhl d'être le premier à la gravir. Avant cette réussite, trente-et-une personnes avaient péri en tentant son ascension.

Sommaire

Géographie

Se trouvant à l'extrémité occidentale de l'Himalaya, le Nanga Parbat constitue la masse visible isolément la plus imposante de toute la Terre. La différence d'altitude avec le fond de la vallée de l'Indus, distant seulement de 25 km, atteint environ 7 000 mètres. La paroi sud (le versant du Rupal) avec ses 4 500 mètres est la plus haute paroi rocheuse du monde. D'un point de vue géologique, la montagne est constituée principalement de granites et de gneiss. De ce fait, suivant les conditions météorologiques, le Nanga Parbat peut également être désigné par le nom de la montagne bleue. D'un point de vue climatique cette fois, ce mont se trouve à la limite de deux zones thermiques, provoquant de forts vents.

Histoire de son ascension

Le Nanga Parbat au coucher du soleil

La première tentative d'ascension du Nanga Parbat fut entreprise en 1895 par le plus grand himalayiste anglais de l'époque, Albert F. Mummery. Mummery était un alpiniste aguerri et avait déjà réalisé des ascensions périlleuses, dont celle du Grépon par la grande fissure (fissure de Mummery), ainsi que celle du Cervin par l'arête du Zmutt. Il entama l'ascension du côté du Diamir, et on peut affirmer qu'il atteignit une altitude d'environ 6 600 mètres avant qu'il ne soit emporté par une avalanche. Il fut ainsi la première victime de cette montagne.

Au XXe siècle, pendant les années 30, l'alpiniste allemand Willy Merkl tenta ensuite d'atteindre son sommet en 1932 au cours de l'expédtion germano-américaine de l'Himalaya (Deutsch-amerikanischen Himalaya-Expedition (DAH)), mais il échoua également. Lors des expéditions suivantes en 1934, elle provoquèrent la mort du participant Alfred Drexel dès l'établissement du camp de base, des suites d'un œdème pulmonaire. Par la suite, ce seront le chef d'expédition Willy Merkl, Willy Welzenbach et Uli Wieland ainsi que quelques sherpas qui seront tués par une tempête de neige sur la paroi sud-est, à environ 7 000 mètres d'altitude. Après cette expédition meurtrière, le Nanga Parbat fut rebaptisé "la montagne du destin allemand" (Schicksalsberg der Deutschen) par la presse de propagande nazie. Erwin Schneider et Peter Aschenbrenner atteignirent une altitude de 7 895 mètres[1].

Jusqu'à la fin des années 30, une grande partie de l'élite des himalayistes allemands s'ajouta au nombre des victimes de ce sommet. Durant la seule expédition de 1937, seize personnes périrent emportés par une avalanche (sept alpinistes allemands et neuf sherpas). L'expédition suivante, en 1938, plus attentive aux conditions de sécurité, ne réussit pas même à gravir la montagne jusqu'à l'altitude qu'avait atteinte celle de 1934, dont on retrouva les restes de Willy Merkl et du sherpa Gay-Lay. Ce dernier, bien qu'ayant eu la possibilité de redescendre, préféra rester auprès de son sahib Merkl ; il fut célébré par la propagande nazie comme ayant bravé la mort héroïquement. Durant l'été 1939 eut lieu une nouvelle expédition exploratoire par la face nord-ouest (la face du Diamir). Comme la seconde Guerre mondiale avait éclaté pendant le voyage de retour de l'équipe, les participants (parmi lesquels Peter Aufschnaiter et Heinrich Harrer) furent internés aux Indes anglaises. Le sort de Harrer et de Aufschnaiter fut rendu célèbre par le livre devenu mondialement connu de Harrer Sept ans d'aventure au Tibet (adapté au cinéma en 1997).

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, K. M. Herrligkoffer, demi-frère de Willy Merkl, entreprit la préparation d'une nouvelle expédition vers ce sommet. Après que trente-et-une personnes eurent péri en tentant de le gravir, le Tyrolien Hermann Buhl atteignit finalement le sommet du Nanga Parbat le 3 juillet 1953 après une incroyable performance d'escalade. Buhl commença son ascension en direction du sommet à partir du camp de base à 6 900 mètres d'altitude, et atteignit celui-là sans apport artificiel d'oxygène en un temps alors tenu pour impossible de 41 heures. Cette performance ne fut acclamée qu'à contre-cœur par les membres de l'expédition, notamment par son organisateur Karl-Maria Herrligkoffer, du fait que Buhl ne s'en était pas tenu aux consignes du chef d'expédition. Au contraire, Buhl avait contrevenu aux consignes à des moments cruciaux, qui s'avérèrent par la suite des choix judicieux. De nos jours, les performances de Buhl sont célébrées à leur juste valeur comme un acte pionnier dans les ascensions extrêmes.

En 1962, les Bavarois Toni Kinshofer, Siegfried Löw et Anderl Mannhardt réussirent pour la première fois l'ascension par la face du Diamir, ce qui constituait également la deuxième ascension réussie du sommet après celle de Buhl. La descente fut fatale à Löw, tandis que Kinshofer et Mannhardt en revinrent avec de sérieuses gelures. Cette fois-ci encore, l'organisateur de l'expédition était K. M. Herrligkoffer.

Günther et Reinhold Messner parvinrent pour la première fois en 1970 à réaliser l'ascension par la face la plus dure, la face sud ou versant du Rupal. D'après les récits de son frère, Günther Messner fut emporté dans la descente par une avalanche. Ce n'est seulement qu'en 2005 que l'on put confirmer ces dires, par la découverte des restes de Günther Messner. Un jour après, le Tyrolien Felix Kuen et le Bavarois Peter Scholz parvinrent également à faire l'ascension par la face sud. Mais contrairement à Reinhold Messner, qui avait préféré faire la descente côté Diamir, les deux alpinistes firent également la descente par le versant du Rupal. Cette troisième expédition couronnée de succès était là encore sous la direction de Herrligkoffer, qui organisa à lui seul huit expéditions sur cette montagne entre 1953 et 1975.

En 1978, Reinhold Messner réussit une nouvelle ascension du Nanga Parbat, et devient à cette occasion le premier homme à avoir escaladé un 8 000 de son pied jusqu'à son sommet d'une seule traite. Pour réaliser cet exploit, il emprunta le versant du Diamir, en choisissant tant pour la montée que pour la descente une voie nouvelle. Au camp de base, il n'avait l'assistance que d'un médecin et d'un officier de liaison.

Une nouvelle expédition organisée par Herrligkoffer eut pour but en 1982 l'ascension totale des à-pic sud-est. Le Suisse Ueli Bühler fut le premier homme à atteindre la pointe sud (8 042 mètres), vers laquelle les deux cordées de 1970 s'étaient dirigées sans atteindre son extrémité.

En 2003, Jean-Christophe Lafaille ouvre une nouvelle voie baptisée "Tom" (en hommage à son fils) en solitaire et sans oxygène.

En juillet 2008, l'Italien Karl Unterkircher trouve la mort dans la paroi Rakhiot, vers 6400m d'altitude.

Voies d'ascension

Le versant du Rakhiot – la "voie Buhl", est la voie orientée Nord qui fut empruntée lors de la première ascension réussie du sommet. Il s'agit probablement de la plus longue mais aussi de la moins pentue. L'ascension commence par le glacier du Rakhiot (le camp de base se trouvait en 1953 à une altitude de 3 967 mètres) s'étalant juste sous la paroi nord-est, puis escaladant le pic du Rakhiot enneigé (7 070 m), la Tête de Maure (Mohrenkopf) puis passant sur son versant est avant d'atteindre la Selle d'Argent (Silbersattel), à 7 400 mètres d'altitude. De là, la route se poursuit sur une portion peu escarpée du Plateau d'Argent (Silberplateau) avant d'atteindre le sommet nord puis d'ici l'escarpement de Bazhin (7 812 m) et enfin la pyramide finale du sommet.

Le flanc du Diamir – face ouest de la montagne - fut empruntée une première fois par l'expédition de 1962 évoquée ci-dessus (camp de base à environ 4 100 mètres d'altitude), en n'utilisant pas de manière directe la voie Kinshofer (voie la plus utilisée actuellement), mais en cheminant sur la gauche de la paroi. Messner utilisa en 1978 une voie plus directe, utilisant des tracés différents à l'aller et au retour. Vers la fin de l'ascension, la voie du Diamir croise les autres voies sur l'escarpement de Bazhin. La paroi du Diamir est dans son ensemble un entrelacs de couloirs glaciaires, avec d'énormes séracs et de dangereux couloirs d'avalanche. Les "créneaux de Mummery" (Mummery-Rippen) se trouvent à mi-chemin sur la paroi et offrent en partie une protection contre les avalanches, mais à leur pied se trouve une pente extrêmement forte à peine franchissable.

Le versant du Rupal – orienté au Sud, haut de 4 500 mètres, délimité à droite par l'impressionnante fracture sud-est. Empruntée pour la première fois avec succès en 1970, cette voie, empruntant la zone la plus abrupte de la ligne de crête, passe à la fin par des secteurs très difficiles comme la passe de Merkl (Merkl-Rinne) à 7 350 mètres ou encore la mer de glace de Welzenbach (Welzenbach-Eisfeld). Une voie alternative fut empruntée en 1976 par l'expédition réduite (quatre alpinistes et un médecin) conduite par Hanns Schell, passant par la paroi gauche, les conduisit sur l'arête sud-ouest, puis finalement au sommet après être passés par la passe de Mazeno. Cette "voie Schell" passe pour relativement facile. Du 1° au 8 septembre 2005 (sommet le 6 septembre), Vince Anderson et Steve House (Etats-Unis), réussissent l'ascension d'une nouvelle voie en style alpin du pilier central du versant Rupal, ce qui leur vaut accessoirement l'obtention du piolet d'or (europe) cette année-là.

Les piliers sud-est – à droite de la Direttissima et vaincus pour la première fois en 1982.

Le glacier du Diama – pas encore escaladé. La voie nord-ouest à gauche du versant du Diamir. Tentée pour la première fois en 1990, entreprise également par Messner en 2000, mais sans succès.

Le Nanga Parbat vu depuis le camp de base.

Les sommets du Nanga Parbat

Nanga Parbat 8 125 m
Nanga Parbat, épaule 8 070 m
Nanga Parbat, sommet sud 8 042 m
Nanga Parbat, sommet nord-est 7 910 m
Nanga Parbat, sommet nord 7 815 m
Nanga Parbat, 2e sommet nord 7 785 m
Nanga Parbat, Silberzacken 7 597 m
Nanga Parbat, sommet est 7 530 m

Notes et références

  1. (de) Nanga Parbat - Besteigungsgeschichte - Histoire de l'ascension du Nanga Parbat

Bibliographie

  • Bauer, Paul : Autour du Nanga Parbat. 1856–1953 (Die Ringen um den Nanga Parbat). Munich 1955.
  • Herrligkoffer, Karl M. : Le dernier pas vers le sommet (combat et victoire dans l'Himalaya). (Der letzte Schritt zum Gipfel (Kampf und Sieg im Himalaya)). Reutlingen 1958.
  • Höfler Horst/ Messner, Reinhold : Nanga Parbat. Expéditions vers le "destin allemand". 1934–1962. (Nanga Parbat. Expeditionen zum „Schicksalsberg der Deutschen“). Zurich 2002.
  • Kienlin, Max v. : Die Überschreitung. Munich 2003.
  • Märtin, Ralf-Peter : Nanga Parbat. Bon sens et folie dans l'alpinisme. (Nanga Parbat. Wahrheit und Wahn des Alpinismus.) Berlin 2002.
  • Messner, Reinhold : Le Nanga Parbat en solitaire. (Alleingang Nanga Parbat). Munich 1979.
  • Messner, Reinhold : La montagne nue. Nanga Parbat - Frère, mort et solitude. (Der nackte Berg. Nanga Parbat – Bruder, Tod und Einsamkeit.) Munich 2002.
  • Saler, Hans : Entre l'ombre et la lumière. (Zwischen Licht und Schatten.) Munich 2003.
  • Weyer, Helfried/ Dyhrenfurth, Norman G. : Nanga Parbat, le destin allemand. (Nanga Parbat, der Schicksalsberg der Deutschen). Karlsruhe 1980.
  • Zebhauser, Helmuth : L'alpinisme dans l'Allemagne hitlérienne. Pensées, souvenirs, documents. (Alpinismus im Hitlerstaat. Gedanken, Erinnerungen, Dokumente.) Munich 1998.

Voir aussi

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