John Pierpont Morgan

John Pierpont Morgan
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John Pierpont Morgan
JohnPierpontMorgan.jpg
Naissance 17 avril 1837
Hartford (Connecticut)
Décès 31 mars 1913
Rome
Profession Homme d'affaires, Banquier
Conjoint Frances Louise Tracy

John Pierpont Morgan, dit J. P. Morgan, (17 avril 1837 - 31 mars 1913) est un financier et un banquier américain. Tout d'abord concentré sur les banques, l'empire de Morgan s'est progressivement étendu à de nombreux autres domaines comme l'électricité, l'acier, le chemin de fer et la navigation. Dans ce dernier domaine, il est le fondateur de l'International Mercantile Marine Company, compagnie maritime regroupant nombre de compagnies américaines mais également britanniques (notamment la White Star Line). À ce titre, Morgan est de fait le propriétaire du Titanic qui sombre un an avant sa mort.

Gérant un capital colossal, il a souvent été décrit comme un magnat des finances à l'influence redoutable. Il se montre également un grand collectionneur d'œuvre d'art, de livres et de montres. Ses collections sont notamment visibles au Metropolitan Museum of Art et à la Pierpont Morgan Library de New York.

Son nom est à l'origine de celui de la banque JPMorgan Chase issue de la fusion de la J.P. Morgan & Co. et de la Chase Manhattan Bank.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et éducation

John Pierpont Morgan est né le 17 avril 1837 à Hartford dans le Connecticut. Il est le fils du financier Junius Spencer Morgan et de Juliet Pierpont. Son père travaille notamment avec George Peabody, influent banquier dont il prend la succession[1]. Désireux de voir son fils recevoir une bonne éducation, il envoie celui-ci faire des études en Europe, dans un pensionnat suisse avant de rejoindre l'université de Göttingen en Allemagne[2]. Il apprend le français et l'allemand, qu'il parle couramment, et devient féru d'art et de culture européenne[3]. Il quitte l'université avec un diplôme d'histoire de l'art et effectue un voyage à Londres[4].

Carrière

Débuts

John Pierpont Morgan dans sa jeunesse

Morgan est admis grâce à son père dans la firme new-yorkaise de la Duncan, Sherman, & Company en 1857. Par la suite, il avoue avoir utilisé l'argent de la banque pour s'enrichir personnellement en spéculant sur le commerce de grains de café[5]. Il rejoint la firme de son père en 1861 en travaillant à New York dans la J. Pierpont Morgan Company[2]. En 1864 et jusqu'en 1872, il devient membre de la Dabney, Morgan & Company, et en 1871, il forme avec Anthony Drexel, de Philadelphie la Drexel, Morgan & Company de New York.

Durant la Guerre de Sécession, Morgan s'investit dans la vente d'armes, achetant des fusils obsolètes à l'armée avant de les faire remettre en état, puis de les revendre à l'armée beaucoup plus cher. Cependant, de telles armes sont défectueuses et un scandale éclate. Le gouvernement refuse de payer Morgan, qui doit le poursuivre à deux reprises[6]. Comme beaucoup de gens riches de l'époque, Morgan échappe à l'engagement militaire en payant 300 dollars de compensation[7].

L'apogée

Caricature de Sem.

Avec la mort de Drexel en 1893, la firme qu'il partageait avec Morgan devient deux ans plus tard la J.P. Morgan & Co.. Cette firme est reconnue dans le monde entier comme l'une des plus puissantes de l'époque[8]. De plus, Morgan se tourne vers de nouveaux marchés. Dès 1885, il participe à la formation d'un trust entre deux compagnies ferroviaires en difficulté qui, débarrassées du problème de la concurrence, font de grands profits[2]. En 1905, Morgan possède 5 000 miles de chemin de fer. Il investit également dans le domaine de l'électricité, et finance les travaux de Thomas Edison dans les années 1870 et 1880. Il fonde également la Edison Electric Company. L'industrie ferroviaire demandant beaucoup d'acier, il se tourne aussi vers la sidérurgie et fusionne la Carnegie Steel Works et d'autres sociétés pour former en 1901 l'US Steel Company[8].

Un autre milieu qu'il occupe par la suite est le monde maritime. Soucieux de créer une grande compagnie maritime américaine, il rassemble plusieurs compagnies des États-Unis au sein de l'International Navigation Company. En 1902, il réalise un coup de maître en s'emparant de la Leyland Line, une importante compagnie des cargos britanniques, et surtout de la White Star Line, compagnie de même nationalité. Il signe également des partenariats avec les grandes compagnies allemandes et son trust, renommé International Mercantile Marine Company ne semble plus connaître d'opposition, à l'exception de la Cunard, à laquelle le gouvernement britannique verse même des subsides pour contrer cette nouvelle concurrence.

Cependant, l'IMM Co. ne fonctionne pas aussi bien que prévu et subit plusieurs coups durs, notamment à cause de la Première Guerre mondiale et du naufrage du Titanic. Morgan devait par ailleurs participer à la traversée inaugurale de ce dernier en avril 1912, mais a préféré rester fêter son anniversaire à Aix-les-Bains avec sa maîtresse[9].

Cependant, les affaires de Morgan sont florissantes et celui-ci se permet même de prêter de grosses sommes d'argent lors des crises de 1895 et 1907, au grand dam des ennemis des trusts. Il utilise également sa fortune pour agrémenter ses collections[3] et fait de nombreux dons philanthropiques à des écoles, des hôpitaux et autres œuvres de charité.

Fin de vie

Vie privée

Divers

Après la guerre franco-prussienne de 1870, son père aida la France en lançant « l'emprunt Morgan » qui activa la libération du territoire.

On peut noter quelques financements qui lui sont attribués (par l'intermédiaire de ses sociétés) :

  • Dans le transport, une grande partie de la réorganisation ferroviaire des États-Unis, et la construction du Titanic par l'intermédiaire de la White Star Line détenue par l'International Mercantile Marine Co., dont il était propriétaire.
  • Dans la recherche, une partie des travaux de Nikola Tesla ;
  • En politique, en 1895, il fut un temps créancier du gouvernement des États-Unis, pour un prêt de 62 millions de dollars qui rapporta 100 millions de dollars de bénéfice.

Il a dirigé l'achat de l'ensemble des aciéries d'Andrew Carnegie et par la suite, il a procédé à leur fusion avec d'autres groupes sidérurgiques moins importants, créant ainsi le géant mondial d'alors : US Steel.

Il intervient pour sauver l'économie lors de la panique de 1893 et de la panique bancaire américaine de 1907.

Le « roi des collectionneurs »

Son nom appartient à l'Histoire de l'Art, comme un des plus importants collectionneurs d'art de tous les temps (la Pierpont Morgan Library de New-York).

Il acquit ainsi en France l'ange en plomb dit « du Lude », du nom du château sarthois qui abritait ce chef-d'œuvre de la statuaire gothique française (remplacé depuis sur place par une copie), ainsi que les deux collections, d'émaux et d'art décoratif du XVIIIe, formées par l'architecte, décorateur, céramiste et collectionneur Georges Hoentschel. Il donna la seconde au Metropolitan Museum of Art.

Le marchand d'art René Gimpel (1881-1945), qui lui vendit notamment en 1909 deux manuscrits pour 8 000 livres, l'évoque ainsi dans son Journal d'un collectionneur marchand de tableaux[10] :

« Célèbre collectionneur, c'est grâce à lui que l'Amérique possède ses trésors d'art. Ce fut un animateur qui développa un peuple immense d'amateurs. Grand financier, parfois effroyablement attaqué, ses adversaires semblaient toujours vouloir l'envoyer au bagne. Le colosse a continué son chemin sans un geste d'amertume (...) Ce fut le dernier grand seigneur américain. » — Carnets des 14/04/1921 et 28/02/1927, op.cit., pp. 185 et 329.

« Tous les objets du défunt qu'on croyait destinés au musée de New-York furent jetés aux enchères dans des ventes à l'amiable. (Henry Clay) Frick s'empara des plus beaux (...) À la mort de Frick, les émaux et bronzes de la collection Morgan sont estimés 1,3 million de dollars. » — Carnets des 3 et 29/12/1919, op. cit., pp. 140 et 147.

Au sujet de ses achats - et reventes - d'objets d'art :

« J'ai manqué vingt fois la vente du portrait de Titus de Rembrandt. Mon premier échec fut avec le célèbre J.P.Morgan. La raison en est drôle; c'est peint sur panneau et le bois, dans ses fibres, présente des irrégularités, et c'est pourquoi il n'en a pas voulu ! » — Gimpel, carnet du 22/05/1919, op.cit., p.121

« Brandus me raconte que lorsque Morgan lui a acheté pour 200 000 dollars ses 125 carnets de bal du XVIIIe, l'Américain lui demanda combien de temps il avait mis à les collectionner; l'amateur parisien répondit dans un soupir : « Trente ans ».
Morgan fit : « Moi, ça m'a pris cinq minutes. »» — Carnet du 16/06/1923, op.cit., p. 239

Vers 1893, l'antiquaire Guiraud père n'arrivait pas à vendre les Fragonard dits « de Grasse », sur lesquels il avait une option d'un an. « À ce moment J.P. Morgan était à Cannes sur son yacht. Le marchand va le trouver, il ne lui avait rien vendu, il le conduit à Grasse et les lui laisse avec un bénéfice de 10 %. »

Après avoir exposé ces deux panneaux au Metropolitan Museum of Art, Morgan les revendit à Frick 1,25 million de dollars - prix coûtant - par l'intermédiaire de Joe Duveen - à qui il céda sa collection « de Chine » près de 3 millions de dollars. — Carnets des 3 et 14/07/1918 et 21/06/1923, op.cit. pp. 54, 56 et 240

Son fils, J. P. Morgan, Jr, fut lui aussi financier.

« C'est un grand homme (...) Il est, comme financier, déjà bien plus grand que son père, qui laissa d'énormes paquets d'actions qui ne valaient rien. » — Miss Green, bibliothécaire de la Morgan Library, citée par Gimpel, carnet du 14/04/1921, op.cit.

Anecdotes

  • Son portrait figura longtemps sur les billets du Monopoly. Il a souvent été caricaturé de façon à rappeler un rapace.
  • Morgan considérait, au début du vingtième siècle, qu'un président de grande société ne devait pas gagner plus de vingt fois la moyenne de ses employés.
  • Un minéral porte son nom : la morganite[11].
  • Il s'est illustré en volant une bouteille de cognac « Fine Napoléon » rarissime dans les caves de La Tour d'Argent à Paris. Le restaurant, qui n'en possédait que deux, a accepté la lettre d'excuses du milliardaire et lui a retourné le chèque en blanc qu'il leur avait adressé en guise de dédommagement[12].
  • Indirectement propriétaire du Titanic, il avait choisi de participer à son voyage inaugural. Il a ensuite préféré annuler son voyage et a décidé de rester à Aix les Bains pour fêter son anniversaire avec sa maîtresse[9], échappant ainsi au naufrage. Un journaliste l'aurait vu dans la station thermale quelques jours après la tragédie en compagnie de sa maîtresse et apparemment insouciant (Cette attitude a, malgré tout, été complètement oubliée face au comportement de Joseph Bruce Ismay qui fera polémique. il avait en effet survécu au naufrage alors que tant avaient péri. Cette catastrophe est d'ailleurs également pour Ismay un naufrage professionnel qui l'obligera à se retirer de la White Star Line ayant perdu toute notoriété et tout crédit.).

Notes et références

  1. (en) Junius Spencer Morgan, NNDB. Consulté le 24 octobre 2009
  2. a, b et c (fr) JP Morgan (1837-1913), fondateur d’une banque de référence, Next Finance. Consulté le 24 octobre 2009
  3. a et b (fr) John Pierpont Morgan, WorldTempus. Consulté le 24 octobre 2009
  4. (en) JP Morgan biography, The most influential banker in history, Financial Inspiration Cafe. Consulté le 24 octobre 2009
  5. (en) J. Pierpont Morgan, NNDB. Consulté le 24 octobre 2009
  6. Helmuth Carol Engelbrecht 1934, p. 59 - 60
  7. Howard Zinn 2003, p. 255
  8. a et b (en) John Pierpont (J.P.) Morgan, People of Connecticut. Consulté le 4 janvier 2010
  9. a et b http://titanic.pagesperso-orange.fr/page84.htm
  10. Journal d'un collectionneur marchand de tableaux, René Gimpel, 1918-1939, Édit. Calmann-Lévy, 1963, ISBN 2-7021-0632-3
  11. Guide vert : Les minéraux, éditions France-Loisirs, 1987, Espagne, (ISBN 2-7242-3533-9), p.231
  12. Dépêche AFP du 19 juillet 2009 : « Les caves des grands restaurants : des trésors sous très haute surveillance. »

Annexes

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Bibliographie

  • (en) Helmuth Carol Engelbrecht, Merchants of Death: a study of the international armament industry, Dodd, Mead & company, 1934, 308 p. 
  • (en) Howard Zinn, A People's History of the United States: 1492-present, Harper Collins, 2003, 729 p. (ISBN 0060528427) 

Articles connexes

Liens externes


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