Guerre civile djiboutienne

Guerre civile djiboutienne
Guerre civile djiboutienne
Djibouti Map.jpg
Informations générales
Date novembre 1991 - 12 mai 2001
Lieu Drapeau de Djibouti Djibouti
Issue Cessez le feu, accord de paix entre la rébellion et le gouvernement.
Belligérants
FRUD (représentant les Afars). Flag of Djibouti.svg Djibouti
Flag of France.svg[réf. nécessaire] France
Commandants
Ahmed Dini
Ougoureh Kifleh Ahmed
Flag of Djibouti.svg Hassan Gouled Aptidon
Flag of France.svg François Mitterrand
Forces en présence
Entre une centaine (1995) et 3 000 (1992) Flag of Djibouti.svg 15 000
Flag of France.svg ?.

La Guerre civile djiboutienne est un conflit opposant le Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (FRUD) au régime de Hassan Gouled Aptidon, accusé de favoriser les Issas au détriment des Afars, qui éclate durant l'année 1991. Malgré un accord de paix en 1994, une partie du FRUD décide de continuer la lutte sous le nom de FRUD combattant. Une paix est finalement signée le 12 mai 2001.

Histoire

Durant les lutes pour l'indépendance du pays, à partir des années 1960, une rivalité est déjà présente entre le Front de libération de la Côte des Somalis (FLCS), soutenu par la Somalie, et le Mouvement de libération de Djibouti, soutenu par l'Ethiopie. Si pour certains analystes, elle recouvre une division entre deux groupes «ethniques» de la colonie française, les Afars et les Issas, d'autres contestent cette opposition qu'ils attribuent au fait colonial et à sa rhétorique[1].

Alors que sous les gouvernements dirigés par Ali Aref Bourhan entre 1960 et 1976, ce sont les groupes identifiés comme afars qui étaient favorisés par l'administration, lors de l'indépendance en 1977, les Issas prennent une place importante sur la scène politique et économique. Le président Hassan Gouled Aptidon, accusé de népotisme, d'autoritarisme et de favoriser les Issas, est de plus en plus contesté par les Afars. À la fin des années 1980, des groupes qualifiés d'«afar», comme le Mouvement populaire de libération (MPL), organisant des attentats contre le régime. En 1991, plusieurs mouvements d'opposition sont créés, parfois prêts à prendre les armes : le Front de résistance patriotique de Djibouti (FRDP), l'Alliance des forces pour la démocratie (AFD) et l'Action pour une révision de l'ordre à Djibouti (Arod). Mi-1991, le MPL, le FRDP, l'AFD et l'Arod se rassemblent au sein d'une nouvelle organisation : le Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (FRUD)[2].

Les premières actions armées du FRUD se déroulent le 12 et 13 novembre 1991, l'organisation obtient des victoires militaires dans la forêt du Day, à `Assa Gaila… Le gouvernement n'arrive pas à limiter la révolte qui s'étend rapidement. En février 1992, les deux tiers du pays sont contrôlés par l'opposition. Un cessez-le-feu est alors accepté par le FRUD, par l'intermédiaire du gouvernement français qui déploie des troupes d'interposition[2].

Durant cette trêve, les forces de sécurité (Armée nationale djiboutienne et Forces nationales de sécurité) sont renforcées (passant de 2 500 à 15 000 hommes) et en armement, tandis que sont armées des milices pro-gouvernementales. Le FRUD fait de même mais n'aligne que 3 000 combattants. En août 1992, l'ancien Premier ministre Ahmed Dini est élu à la présidence du FRUD et Mohamed Adoyota à la vice-présidence. Dès les premiers jours de 1993, les combats reprennent et sont marqué par un recul généralisé de la rébellion; le gouvernement reprend le contrôle du Centre puis du Nord du pays[2]. L'opposition dénonce de nombreuses violences subies par les populations civiles[3]. Malgré ses victoires militaires, il tente d'ouvrir des négociations avec le FRUD, acculé à la frontière entre Djibouti et l'Éthiopie et ne disposant plus que de quelques centaines de militants[4],[2].

Face à ces défaites, une partie du FRUD, dirigée par Ougoureh Kifleh Ahmed, engage des négociations avec le gouvernement. Le FRUD se divise alors et, en 1994, des pourparlers sont ouverts. En décembre 1994, une partie du FRUD et le gouvernement signent un accord de paix et Ougoureh Kifleh Ahmed intègre le gouvernement. En 1995, les membres du FRUD opposés au processus de paix, près de 200 hommes dont la moitié en arme, menés par Ahmed Dini et son fils, Kassim Dini, reprennent la lutte, parfois sous l'appellation « FRUD combattant». Malgré le soutien en 1998 de l'Érythrée durant la Guerre Érythrée-Éthiopie, le FRUD combattant ne mène que des actions de petite envergure, établissant néanmoins un niveau d'insécurité suffisant pour obliger au maintien d'un fort budget militaire. Suite à l'élection de Ismail Omar Guelleh à la présidence du pays et à la fin du soutien érythréen, Ahmed Dini entame des négociation avec le gouvernement au cours de l'année 2000. Le 12 mai 2001, un nouvel accord de paix est signé[2].

Notes et références

  1. Ali Coubba [1995], «le fait tribal n'est pas une création coloniale. En revanche, le tribalisme, c'est-à-dire le choix des critères tribaux pour gérer la société et organiser la vie politique, procédait de la pratique coloniale», p. 41.
  2. a, b, c, d et e Jean-Marc Balencie et Arnaud de La Grange, Mondes rebelles : L'encyclopédie des acteurs, conflits & violences politiques, Paris, Éditions Michalon, 2001, 1677 p. (ISBN 2841861422), p. 961-967 
  3. Le Monde, du 5 mars 1994 : «Djibouti, une guérilla qui s’enlise» par Jean Hélène.
  4. Ebo Houmed Alwane, Revendications populaires et recompositions politiques, Karthala [lire en ligne], p. 85 

Bibliographie

  • Ali Coubba [1993], Djibouti, une nation en otage, Paris, L’Harmattan, 357 p.
  • Ali Coubba [1996], Le mal djiboutien : rivalités ethniques et enjeux politiques, Paris, L’Harmattan, 174 p.
  • Ismaïl Ibrahim Houmed [2002], Indépendance, démocratisation, enjeux stratégiques à Djibouti, Paris, L’Harmattan, 194 p.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Guerre civile djiboutienne de Wikipédia en français (auteurs)

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