Marguerite Frichelet-Avet

Marguerite Frichelet-Avet

Marguerite Frichelet-Avet, appelée aussi « La Frichelette », parfois « la petite Jeanne d'Arc de la Vallée de Thônes »[1], né 2 janvier 1756 à Thônes (Duché de Savoie) et fusillée le 18 mai 1793 à Annecy[2], est une servante lettrée (dans d'anciens ouvrages elle est présentée comme institutrice), considérée comme une résistante face aux troupes révolutionnaires françaises.

Sommaire

Biographie

Elle est la fille de Claude Frichelet, originaire de Lorraine, et de Jacqueline Chatrou, originaire de Thônes[2]. Elle perd ses parents très tôt[2]. Elle fut élevée par le notaire Jean-Joseph Avet et débuta à Paris une carrière de préceptrice qu'elle poursuivit à Angers. Après le début de la Révolution française, elle décide de fuir et revient à Thônes où elle se consacra à l'enseignement de l'écriture et du catéchisme auprès des jeunes filles aisées de la ville[3].

Lors de la Révolution française, sur l'intervention de l'abbé Grégoire, le duché de Savoie est annexé par la Convention nationale[4]. Il forme désormais le 84e département français sous le nom Mont-Blanc. Le dimanche 5 mai 1793, les paroisses s'insurgent contre les mesures anti-religieuses et surtout l'établissement du tirage au sort des « volontaires » enrôlés par l'armée révolutionnaire.

Des révoltes éclatent un peu partout, notamment dans la vallée de Thônes où 3 000 paysans se sont soulevés[5]. Marguerite Frichelet-Avet, alors servante, soignait les blessés et faisait du prosélytisme en faveur de la maison de Savoie[6]. C'est elle qui sonna le tocsin à Thônes et participa au ravitaillement des combattants en vivres et en munition.

Elle est arrêtée, le 9 mai 1793, avec deux autres individus, après une bataille qui aura causé 12 morts. Elle est interrogée à Thônes le 14 mai[7]. Elle est ensuite transférée puis jugée responsable de ce soulèvement par le tribunal criminel qui s'est déplacé de Chambéry à Annecy. Elle fut accusée d'aider et de ravitailler les insurgés, et fut reconnue comme la principale instigatrice de « la guerre de Thônes ».

Marguerite Frichelet-Avet fut condamnée puis fusillée le 18 mai sur le Pâquier — qui porte à cette époque le nom de « Champ de Mars »[8]—, à l'âge de 37 ans pour son rôle dans « la guerre de Thônes ». Ses dernières paroles furent : « Je meurs fidèle à mon Dieu et à mon Roi. Vive la religion catholique ! Vive le roi de Sardaigne ! Tirez seulement. »[9],[10].

Anecdote

La ville de Thônes possède une rue à son nom.

Le mouvement Ligue savoisienne utilise aussi son image dans son discours politique de revendication d’une Savoie indépendante[11]. Le maire de Thônes s'est d'ailleurs opposé à l'érection d'une stèle par le mouvement sur sa commune.

Notes et références

  1. Surnommée ainsi au XIXe siècle, bien que cette expression soit remise en cause par l'historiographie moderne. André Palluel-Guillard, L’aigle et la croix : Genève et la Savoie, 1798-1815, Éditions Cabedita, 1999= (ISBN 2882952600) .
  2. a, b et c Michel Germain, Personnages illustres des Savoie, Autre vue, 2007 (ISBN 978-2-915688-15-3) .
  3. Un article de L'Essor savoyard du 3 juin 2010, Qui était Marguerite Frichelet...
  4. Voir pour le décret, l'article Rattachement de la Savoie à la France de 1792.
  5. Jean de Pingon, Savoie française. Histoire d'un pays annexé, Editions Cabédita, 1996 (ISBN 2-75350-697-3, 9782753506978), p. 47 .
  6. Henri Ménabréa, Histoire de la Savoie, La Fontaine de Siloë, 2009 (ISBN 2-84206-428-3, 9782842064280), p. 454 .
  7. J. Mercier, Souvenirs historiques d'Annecy jusqu'à la Restauration, Laffitte, 1973, p. 47 .
  8. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie. Hier et aujourd'hui, La Fontaine de Siloë, 2007 (ISBN 2842063740, 9782842063740), p. 69 .
  9. Cet épisode tragique a fait l'objet d'une pièce de théâtre écrite par Madeleine Humbert, La Tragédie de Marguerite Frichelet, jouée pour la première fois en 1926.
  10. L'Almanach du val de Thônes, collection Amis du Val de Thônes, n° 24
  11. Article «  Hommage à Marguerite Frichelet », paru dans l'Echo de Savoie (organe du mouvement), n°72, juin 2004, reprenant une allocution prononcée le jeudi 20 mai 2004 de Evelyne Anthoine, chancelier du Genevois. Reportage sur le journal de TV8 Mont-Blanc, édition du 13 juin 2010. Le reportage peut être consulté sur la page Dailymotion de la chaîne.

Livres

  • Georges Chapier, Marguerite Frichelet : Une Jeanne Hachette savoyarde, 1948, 56 p.
    Jeanne Hachette est une figure emblématique de la résistance française face à Charles le Téméraire.
  • Cochat (F.), « Marguerite Frichelet et les mythes de la guerre de Thônes », Revue de Savoie, 1955-1956, p.45-58
    En 1958, l'abbé Paccot apporte des corrections à cette biographie dans les Mémoires et Documents de l'Académie chablaisienne.

Voir aussi

Articles connexes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Marguerite Frichelet-Avet de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно решить контрольную?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Aravis — Pour les articles homonymes, voir Aravis (homonymie). Aravis Carte topographique des Aravis. Géographie …   Wikipédia en Français

  • Thônes — 45° 52′ 59″ N 6° 19′ 33″ E / 45.8831, 6.3258 …   Wikipédia en Français

  • Chronologie de la Savoie — Histoire de la Savoie Antiquité La Savoie dans l Antiquité Sapaudie Moyen Âge …   Wikipédia en Français

  • Histoire de la Savoie de 1792 à 1815 — Histoire de la Savoie Antiquité La Savoie dans l Antiquité Sapaudie Moyen Âge …   Wikipédia en Français

  • Jean de Pingon — Jean de Pingon, né en 1952 à Annecy[1], est un écrivain et historien, fondateur de la Ligue savoisienne, un mouvement indépendantiste de Savoie, en 1994. Sommaire 1 Biographie 2 Parcours politique …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”