Ferdinand de Laroussilhe

Ferdinand de Laroussilhe

Ferdinand de Laroussilhe (1852-1919), né à Pratoucy (Ségala) était un écrivain quercynois et républicain engagé, issu d'une famille ancienne du Haut Quercy. Il a laissé de nombreux écrits concernant l'histoire locale ainsi que des articles politiques et romans historiques parus dans le "Réformateur du Lot " ("Journal républicain"), le "Réveil du Lot" ("Organe de la démocratie radicale") ou des publications érudites comme le Bulletin de la Société des Etudes du Lot, ainsi que son Journal personnel. Il a été longtemps membre très actif, puis Président de la Société des Etudes du Lot en 1890.


Sommaire

L'œuvre

Ses livres souvent publiés sous le pseudonyme de "Marius Pracy", nous apprennent beaucoup sur la région, la nature qu'il aimait parcourir et connaissait intimement, ses habitants : les plus illustres évoqués dans les "Remembrances quercynoises" comme les humbles, ceux qui ne laissent généralement pas de trace et dont il a laissé le souvenir dans les "Cendres du Foyer" avant qu'ils ne soient oubliés pour toujours. Il nous a transmis l'image d'une campagne du Haut Quercy peuplée et animée, encore empreinte de culture traditionnelle, juste avant la rupture de l'exode rural des années 1900, dont son œuvre est un peu la mémoire.

Son premier récit, "La légende de la Lozette", écrit à 20 ans (en 1872) alors qu'il était encore en rhétorique au lycée de Cahors nous restitue une vision romantique du passé médiéval du Haut Quercy, sans doute fondée sur une tradition orale ancienne. Il contient déjà les thèmes qui animeront son œuvre – attachement à la région, intérêt pour l'histoire locale, goût romantique pour le Moyen Age. Tout au long de sa vie, il a poursuivi des recherches sur l'histoire régionale qu'il a illustrée dans plusieurs ouvrages historiques ou romans sérieusement documentés comme "La Commanderie-baronnie de Latronquière" ou "La Marquise de Durfort". Ses recherches historiques concernent souvent des personnalités quercynoises comme la "Note sur l'origine de Pierre de Montmaur", parue dans le Bulletin de la Société des Etudes du Lot en 1881, alors qu'il n'avait que 29 ans. Ses romans historiques - parus en feuilletons dans la presse locale comme c'était la coutume à l'époque, parfois repris au Théatre de Cahors - s'appuient sur des thèmes de l'histoire locale comme le siège de Cahors sous les guerres de religion ou les événements de la Révolution en Quercy. Ils s'identifient au 1er romantisme par le goût pour l'histoire du Moyen Age et des ruines (Castelneau), le lyrisme exalté qu'on retrouve notamment dans le théâtre d'Hugo ou de Musset, auteurs qu'il aimait particulièrement. Il s'est aussi essayé à la poésie et y a même gagné quelques prix. Sa poésie rappelle assez les romantiques "fin de siècle" - ceux du Parnasse - par la recherche d'une beauté formelle et parfois un peu froide, un certaine distance dans le lyrisme, comme dans les œuvres de Coppée – qui avait préfacé une de ses œuvres et qu'il appréciait. Il a par ailleurs suivi de près le renouveau de la culture occitane à la suite de Mistral et des Félibres, ainsi qu'en témoigne le banquet poétique en quercynois relaté dans "Les Félibres à Cahors".

Le Journal de F. de Laroussilhe (1915-1916) constitue un témoignage sur l'état d'esprit et la vie des français restés à l'arrière pendant la 1ère guerre. Il fait la chronique angoissée des événements quotidiens et d'une guerre qu'il espère courte. Il vibre pour la bataille de Verdun dont on entend le canon, jusqu'en Bourgogne soit à plus de 200 km. et où se bat son fils aux côtés de nombreux jeunes français et allemands. F. de Laroussilhe se montre très patriote et barrésien par les thèmes : l'énergie, l'enracinement, l'héritage. Il a évolué en parallèle avec son époque: autour de 1900 le nationalisme français passe d'un nationalisme de gauche jacobin, unitaire, mystique notamment sous le second Empire et après 1870 avec Gambetta, à un nationalisme de droite barrésien, militariste, tourné vers la revanche, anti allemand, régionaliste. On y perçoit aussi la profondeur du sentiment antiallemand en France à cette époque. F. de Laroussilhe comme toute cette génération a été marqué par la défaite de 70 et la guerre de 14 est perçue comme la poursuite de la précédente. Il parle très sévèrement de la "barbarie allemande" et pose la question de la responsabilité morale des monarques autrichien et allemand qui ont plongé l'Europe dans la guerre. Il se demande si ceux-là seront un jour sanctionnés. Cette réflexion sur la culpabilité des chefs d'états qui ont engagé leurs peuples dans des carnages pour des raisons futiles ou d'ambition personnelle est assez moderne.

Contraint de s'éloigner du Quercy pendant une partie de sa vie F. de Laroussilhe ne parvint ni à l'oublier, ni à s'en passer. Revenu après la première guerre mondiale, il a poursuivi jusqu'à la fin de sa vie ses recherches sur l'histoire régionale, continué à publier chez Girma, l'ami libraire-éditeur républicain de l'avenue Gambetta à Cahors et dans la presse locale (notamment le "Réveil du Lot"), jusqu'à sa mort survenue à Gorses en 1919.

L'action politique

Ferdinand de Laroussilhe était aussi un homme de son temps, investi dans une carrière de fonctionnaire de la III éme République et dans les débats politiques. Il a très jeune pris parti pour la République, dans un paysage politique local très polarisé (évoqué dans le feuilleton "Rouges et blancs"), à l'un des moments les plus difficiles de l'histoire de France : défaite militaire, occupation allemande, effondrement de l'Empire, guerre civile (la Commune). Après 1871 les républicains cherchent à stabiliser la République (près de 100 ans après 1789). Ferdinand partageait les idées de Léon Gambetta, son aîné de 14 ans au lycée de Cahors. Celui-là, alors "commis voyageur de la République" multipliait les discours à travers la France pour défendre l'idée d'une République "radicale" c'est-à-dire modérée, raisonnable, libérale, démocratique. Ferdinand s'engage dans la vie politique locale et à Cahors dans la presse républicaine du département avec parfois une impertinence que l'on imaginerait difficilement dans la presse d'aujourd'hui. Il organise le 14 juillet 1880 le premier banquet républicain de Sousceyrac (raconté dans les "Cendres du Foyer": écharpes tricolores, chant du départ et "menu démocratique"). Dans le "Roi d'Yvetot", feuilleton paru en 1881 dans le "Réformateur du Lot" il raconte comment un conseil municipal conservateur corrompu a battu les républicains aux élections par le mensonge et la diffamation, allusion semble-t-il transparente pour les lecteurs de l'époque. Ce récit commencé dans un style burlesque (Ubu n'est pas loin) se termine par un hymne vibrant à l'école communale qui par l'enseignement va libérer le peuple du cléricalisme. Il n'est pas écrit par hasard : la campagne des élections de novembre 1881 tourne autour de la question de la laïcisation de l'enseignement et ses résultats introduiront le ministère Gambetta.

Ferdinand a par la suite évolué, s'est détourné de "l'odieuse politique", mais sans jamais renier son engagement républicain. Il résumait sa position, celle d'un homme libre, dans son Journal : "pour moi qui ne suis inféodé à aucun parti, j'ai la sainte horreur de la tyrannie, qu'elle vienne d'en haut ou s'élève du bas de la société".


Bibliographie

  • Aux ruines du château de Castelnau-Bretenoux, (F. de Laroussilhe) Poésie, Chauvin, Toulouse, 1875.
  • Les Félibres à Cahors, (Marius Pracy), Girma, Cahors, 1883.
  • Le monument Gambetta à Cahors, (Marius Pracy), Girma, Cahors , 1884. (A l’occasion de l’inauguration)
  • Blanche de Vézins, (Marius Pracy), Girma, Cahors, 1884.
  • Poésies de Valentin (Henri Bourette), (F. Laroussilhe et Jules Combarieu), Lemerre, Cahors, 1885. texte
  • Deux couronnes, F. Laroussilhe (Marius Pracy), poésie, Girma, Cahors, 1886.
  • Sonnets d’amour, (Marius Pracy), Girma, Cahors, 1888, Préface de François Coppée.
  • La légende de la Lozette, (F. Laroussilhe), Aurillac, 1888; parue pour la première fois en 1882 en feuilleton dans le "Réformateur du Lot", sous le pseudonyme de Marius Pracy, rééditée en 2009 par l'Association "Sousceyrac d'Hier à Aujourd'hui".
  • La Commanderie-baronnie de Latronquière, (F. de Laroussilhe), Girma, Cahors, 1894.
  • La Marquise de Durfort-Boissières, Roman quercynois. (F. de Laroussilhe), Girma, Cahors, 1895.
  • Les Vins du Quercy, (F. de Laroussilhe), Girma, Cahors, 1905.
  • Les Remembrances quercynoises, nouvelles (F. de Laroussilhe), Girma, Cahors, 1911.
  • Le Secret d’amour de Galiot de Genouillac, I’AIME. FORT. UNE, (F. de Laroussilhe), Girma, Cahors, 1911.
  • Les Cendres du foyer, (F. de Laroussilhe) Rougier, Cahors, 1914; rééd. 2008 par l'Association "Sousceyrac d'Hier à Aujourd'hui".

Théâtre :

  • Blanche de Vézins, pièce en 3 actes en prose, première au Théâtre de Cahors, le 1er janvier 1885.
  • Les Châtelaines de Roussillon, pièce en 5 actes en prose, première au Théâtre de Cahors, le 6 avril 1890.

Romans publiés en feuilletons dans les journaux de Cahors :

  • Le Roi d’Yvetot, fantasia, "Le Réformateur du Lot", 1881.
  • La Légende de la Lozette, "Le Réformateur du Lot", 1882.
  • Rouges et blancs, "Le Réformateur du Lot", 1883.
  • Le Dernier Commandeur, "Journal du Lot", 2 volumes. 188(5 ?).
  • Cornéo-Solvard, "Le Réformateur du Lot".
  • Marcelle, nouvelle cadurcienne, "Le Réformateur du Lot".
  • Cahors, "Le Drapeau", n°17, 26/ 04/ 1884.

Sources

  • F.de L., images du Ségala lotois, "Quercy recherche" de 1984.
  • F.de L. et La légende de la Lozette, "Sousceyrac hier et aujourd'hui" 2010.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Ferdinand de Laroussilhe de Wikipédia en français (auteurs)

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