Symphonie no 0 de Bruckner

Symphonie no 0 de Bruckner

Symphonie nº 0 de Bruckner

La Symphonie nº 0 en ré mineur, WAB 99, d’Anton Bruckner, est l’une de ses symphonies de jeunesse, composée en 1869.

C'est en fait la troisième symphonie du compositeur, après la Symphonie d’études et la Première Symphonie. Sa numérotation vient du fait que Bruckner l’écarta ou l’« annula » (« annullierte »), ce qui lui donna le surnom « die Nullte » (« la Zéroïème Symphonie »). La Symphonie d’études reçut après sa mort le numéro 00.

Peu jouée, comme ses autres œuvres de jeunesse, elle laisse pourtant entendre les prémisses des grandes symphonies qu’il composera à partir des années 1870, et indique une maîtrise incontestable du style romantique. Elle est en quatre mouvements :

  1. Allegro
  2. Andante
  3. Scherzo : Presto – Trio : Langsamer und ruhiger
  4. Finale : Moderato – Allegro vivace

Sommaire

Fiche technique

  • Titre : Symphonie en ré mineur (en allemand Sinfonie d-moll)
    • Surnom : Zéroïème Symphonie (Nullte Sinfonie)
  • Catalogage : Werkverzeichnis Anton Bruckner 99
  • Durée : Quarante à quarante-cinq minutes environ
  • Composition : Du 24 janvier au 16 juillet 1869, Vienne, et du 19 août au 12 septembre de la même année, Linz
  • Création :

Orchestration

La partition est écrite pour deux flûtes, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons ; quatre cors, trois trompettes, trois trombones ; timbales ; et cordes (violons I et II, altos, violoncelles et contrebasses).

Éditions

Il existe deux éditions de la symphonie :

  • Josef Wöss, 1924, publiée par Universal
    De larges retouches, de fiabilité douteuse.
  • Leopold Nowak, 1968, publiée par l’Internationale Brucker-Gesellschaft
    Édition critique, majoritairement utilisée ajourd’hui.

Histoire

Composition

La symphonie a été composée du 24 janvier au 12 septembre 1869, ce qui en fait la troisième de Bruckner après la Symphonie d’études en fa mineur et la Symphonie nº 1 en ut mineur ; le manuscrit porte le titre de Symphonie nº 2.

Bruckner, qui s’était installé à Vienne à l’automne 1868, vivait une période relativement heureuse, avec une tournée à Nancy et Paris en tant qu’organiste. Il s’interrompt en avril pour une tournée à Nancy et Paris, à l’occasion de laquelle il fait apprécier ses talents d’organiste. Après avoir poursuivi son travail jusqu’en juillet, il l’achève de la mi-août à la mi-septembre à Linz, où il est en vacances.

Selon les indications de Bruckner à son biographe August Möllerich, une première mouture avait été composée d’octobre 1863 à mai 1864, c’est-à-dire avant la Pemière Symphonie. Cependant, les spécialistes de Bruckner doutent aujourd’hui fortement que cette première rédaction ait eu lieu, et aucun manuscrit n’en a été retrouvé.

Désireux de faire jouer son nouvel ouvrage, il le présente au chef d’orchestre de la Cour, Otto Dessoff, qui commence à lire le premier mouvement et s’étonne : où est le thème principal ? Bruckner, toujours peu sûr de lui et extrêmement sensible à la critique, est découragé et retire l’œuvre.

Selon le musicologue Benjamin Gunnar Cohrs, la symphonie est révisée entre octobre 1887 au plus tôt et avril 1891 au plus tard.

En 1895, un an avant sa mort, alors qu’il détruisait des travaux de jeunesse, Bruckner commente en plusieurs endroits dans la partition : « Pas valable », « Seulement un essai », « À rejeter ». Sur la page de garde, il note : « Annullierte » (« Annulée »), raye le « 2 » – depuis longtemps attribué, du reste, à une autre symphonie – et ajoute un « 0 ». Note que le vieux maître parvenu à la gloire attribue à un travail de jeunesse, ou indication chronologique ? La première de ses trois symphonies en mineur portera en tout cas ce numéro et le surnom de « Nullte », qui n’a rien fait pour améliorer sa réputation.

Création

La symphonie n’est créée qu’en 1924, une soixantaine d’années après sa composition et près de trente ans après la mort du compositeur, ce qui explique qu’on lui adjoigne parfois la mention « Opus posthume ». Franz Moißl dirige le 17 mai les troisième et quatrième mouvements, et le 12 octobre la symphonie complète.

Analyse

Allegro

Le premier mouvement est un Allegro, en mineur, à 4/4, de trois cent cinquante-trois mesures, soit une durée de treize minutes environ. Il est construit en forme de mouvement de sonate.

Andante

Le deuxième mouvement est un Andante, en si bémol majeur, à 4/4. C’est une longue et paisible méditation, dans laquelle les cordes, en un motif en forme de choral, dialoguent avec les bois.

Scherzo – Trio

Le troisième mouvement est un Scherzo, noté « Presto », en mineur, à 2/4 ; il intègre un Trio, noté « Langsamer und ruhiger » (« Plus lent et plus calme »), en sol majeur avec des hints de sol mineur.

C'est le dernier scherzo de Bruckner à commencer par un fortissimo, qui rappelle l’école de Mannheim, mais annonce aussi Chostakovitch par son chromatisme. Il se développe de façon dansante et vigoureuse.

Le trio évoque un Ländler doux et raffiné. Après une reprise da capo du scherzo, le mouvement est conclu par une coda séparée, en majeur.

Finale

Le Finale est noté « Moderato – Allegro vivace ».

Discographie

Le premier enregistrement est celui du seul Scherzo, dans l'édition Wöss, par la Preußische Staatskapelle Berlin dirigée par Fritz Zaun en 1933. Le premier enregistrement commercial et intégral est celui d’Henk Spruit avec l'Orchestre philharmonique des Pays-Bas en 1951.

Les « intégrales » des symphonies de Bruckner excluent fréquemment la Zéroième. Elle est incluse dans celles de Guennadi Rojdestvensky, Riccardo Chailly, Georg Tintner, Daniel Barenboim et Georg Solti.

Voir aussi

Source

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Symphony No. 0 (Bruckner) ».

Bibliographie

  • Jean Gallois, Bruckner, Le Seuil (collection Solfège), Paris, 1971, pp. 68–69
  • Paul-Gilbert Langevin, Anton Bruckner. Apogée de la symphonie, L’Âge d’homme, Lausanne, 1977, pp. 113–117
  • Philip Bradford, Les Symphonies de Bruckner (1978), traduction de l’anglais et dossier documentaire de Laurent Slaars, Actes Sud, Arles, 1992 (ISBN 2-86869-787-9), pp. 34–35

Liens externes

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