Rue La Boétie

Rue La Boétie
8e arrt
Rue La Boétie
Position sur la carte
Carte de Paris
Arrondissements 8e arrondissement
Quartiers Madeleine ; Faubourg-du-Roule ; Europe
Début rue d’Astorg, 33 ; et place Saint-Augustin, 3
Fin avenue des Champs-Elysées, 60
Longueur 1080 mètres
Largeur 20 mètres
Création 1777
Dénomination arrêté du 16 août 1879
Anciens noms chemin du Roule ; rue d’Angoulême-Saint-Honoré (1777) ; rue de l’Union (1792) ; rue d’Angoulême-Saint-Honoré (1815) ; rue de la Charte (1830) ; rue de l’Union (1848) ; rue Lapeyrouse ; rue d’Angoulême (1852) ; rue de Morny (1863) ; rue de la Commune (1871) ; rue Mac-Mahon ; rue Pierre-Charron
Géocodification Ville de Paris : 5110
DGI : 5194
Nomenclature officielle
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P1040350 Paris VIII rue La Boétie rwk.JPG
Rue La Boétie vue en direction des Champs-Elysées

La rue La Boétie est une rue du 8e arrondissement de Paris. Elle commence rue d'Astorg et se termine avenue des Champs-Élysées[note 1].

Sommaire

Histoire

À partir de 1640, l'espace compris aujourd'hui entre les rues du Colisée et de Berri, l'avenue des Champs-Élysées et la rue du Faubourg-Saint-Honoré fut occupé par la pépinière royale, qui fournissait les résidences royales en arbres, arbustes et fleurs. Elle fut désaffectée sous la Régence pour faire place à une opération de lotissement projetée par John Law mais qui ne fut pas réalisée[note 2].

Le terrain de la pépinière devint en 1755 la propriété du comte de Saint-Florentin, Secrétaire d'État à la maison du Roi, qui le céda en 1764 à sa maîtresse, la comtesse de Langeac (1725-1778). Celle-ci le vendit en 1772 au comte d'Artois, frère cadet de Louis XVI. Des lettres patentes du 29 novembre 1777 autorisèrent le prince à percer sur ce terrain une rue d'Angoulême d'une largeur de 30 pieds[1], ainsi nommée en l'honneur du fils aîné du comte d'Artois, le duc d'Angoulême (1775-1844). De nouvelles lettres patentes du 4 avril 1778 approuvèrent l'ouverture des rues de Ponthieu, Neuve-de-Berri (actuelle rue de Berri), Neuve-de-Poitiers (actuelle rue d'Artois) et d'Angoulême-Saint-Honoré. Cette dernière correspondait à la partie de l'actuelle rue La Boétie allant des Champs-Élysées à la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Un procès-verbal d'alignement fut dressé par le bureau de la ville de Paris le 24 novembre 1778. Une décision ministérielle du 6 nivôse an XII (27 décembre 1803) fixa la largeur de la rue à 10 mètres.

Sous la Révolution française et jusqu'en 1815, la rue porta le nom de rue de l'Union. Elle reprit ensuite sa dénomination initiale jusqu'en 1830, date à laquelle elle devint la rue de la Charte. Elle fut ensuite rue Lapeyrouse, rue d'Angoulême à nouveau (1852), rue de Morny (1863), rue de la Commune (1871), rue Mac-Mahon et rue Pierre-Charron après 1871. La partie située entre la place Saint-Augustin et la place Chassaigne-Goyon s'appela, pour sa part, rue de la Pépinière jusqu'en 1868, puis rue Abattucci. La voie prit enfin sa dénomination actuelle en 1879, sur l'ensemble de sa longueur, en l’honneur d’Étienne de La Boétie (1530-1563), moraliste ami de Michel de Montaigne.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

  • no 3 : Le couturier français d'origine britannique[2]Charles Frédéric Worth y vécut.
  • no 8 : Le glacier-confiseur Latinville apparaît dans la littérature française :
    • Dans les mémoires de Céleste Albaret, la gouvernante de Marcel Proust : « qui courait jusque chez Latinville, rue La Boétie, qui restait ouvert très tard, heureusement ».
    • Dans Nana d’Émile Zola : « de la musique, la causerie était tombée aux fournisseurs. Il n’y avait que .. Catherine pour les glaces ; cependant, Mme Chanterau soutenait Latinville. »
  • no 9 : L'écrivain britannique d'origine américaine Henry James y habita.
  • no 21 : Dans cet immeuble se trouvait la galerie de tableaux du marchand Georges Wildenstein offerte par son père Nathan qui avait la sienne au 57. elle deviendra celle de Paul Rosenberg (1881-1959). Cet immeuble fut réquisitionné par les nazis sous l'Occupation et abrita l'Institut d'étude des questions juives, officine de propagande antisémite.
  • no 23 : L'homme de lettres Jacques Chabannes (1900-1994) a habité cet immeuble de 1951 à 1993 (plaque commémorative).
  • no 26 : Le producteur, réalisateur et présentateur Jacques Chabannes y logea.
  • no 27 : Immeuble où habitaient en 1910 les frères Émile et Vincent Isola, directeurs du Théâtre lyrique de la Gaîté[3].
  • no 33 : Emplacement de la Galerie Marcel Bernheim.
  • no 34 : Impasse privée, fermée par une grille.
  • no 41 : L'écrivain Eugène Sue y résida
  • no 45 : Salle Gaveau : Salle de concert d'environ 1 000 places construite en 1906-1907 par l'architecte Jacques Hermant, principalement vouée au piano et à la musique de chambre.
  • no 48 : Fédération nationale du Crédit Agricole : La Fédération nationale du Crédit Agricole est l’instance de réflexion des Caisses régionales, le lieu où sont prises les grandes orientations du groupe : à ce titre on la qualifie de « Parlement des Caisses régionales ».
  • no 55 : Siège de l'UMP.
Maison De Wailly, 57 rue La Boétie, 1776.
  • no 57 : Maison construite en 1776 par l'architecte Charles De Wailly pour lui-même. Elle fut acquise en 1905 par Nathan Wildenstein (1852-1934) qui la fit fortement remanier[4] par l'architecte Walter-André Destailleur. Demeurée depuis dans la famille Wildenstein, elle abrite en 2011 le Wildenstein Institute fondé en 1970[5].
  • no 59 : Galerie Denise Valtat (galerie d'art)
  • no 66 : Immeuble habité en 1910 par Émile Fabre (1869-1955), auteur dramatique[3].
  • no 88 : Cour Saint-Philippe-du-Roule.
  • no 103 : Dans cet immeuble, ont habité l'archéologue Eugène Lefèvre-Pontalis (1862-1923), président de la Société nationale des antiquaires de France ; Lucien Napoléon Bonaparte-Wyse (1844-1909), officier de marine et explorateur, descendant de Lucien Bonaparte, qui eut un rôle dans le scandale de Panama et mourut dans cet immeuble ; sa fille, Marie-Letizia Bonaparte-Wyse (1875-1949), épouse d'Aristide Bergasse du Petit-Thouars (1872-1932), officier de marine[6].
  • no 109 : Complexe magasins-banque-building édifié en 1929-1931 par l'architecte André Arfvidson pour la National City Bank of America à la place de l'hôtel de Massa.
  • no 122 : Sadi Carnot (1837-1894) a habité à cette adresse en 1882 avant de devenir Président de la République française (1887). Le compositeur Alfred Bruneau (1857-1934) habitait cet immeuble en 1910[3].

Bâtiments détruits

Hôtel Thiroux de Montsauge (emplacement originel). Photographie d'Eugène Atget (1906)
  • no 109 (ancien no 1) : Hôtel de Massa : Bâti en 1777-1778 par l'architecte Jean-Baptiste Le Boursier pour Thiroux de Montsauge, receveur des finances et fermier des Postes. Déplacé et remonté pierre à pierre en 1928 no 38, rue du Faubourg-Saint-Jacques.
  • no 55 : Le romancier Eugène Sue habita à cette adresse en 1840. Puis hôtel de Mme A. Baroche (en 1910).
  • no 49 : Hôtel de Mme A. André (en 1910).
  • no 44 : Ancien hôtel particulier où logeait la comtesse de Lavalette, née Émilie de Beauharnais (1781-1855), en 1815. C'est de là qu'elle partit délivrer son mari, Antoine Marie Chamans de Lavalette (1769-1830), directeur général des Postes sous le Premier Empire de 1804 à 1814 et pendant les Cent-Jours, emprisonné, en organisant une rocambolesque évasion. Les jardins de ce bel hôtel s'étendaient jusqu'à la rue de La Baume et l'avenue Percier. Hôtel du comte L. de Ségur en 1910.
  • no 39 : Emplacement de l'Université des Arts fondée en 1908 par la peintre Madeleine Lemaire (1845-1928).
  • no 37 : Hôtel de Monbel : Hôtel de « style romantique »[3]. Eugène Rouher y mourut en 1884. Hôtel du marquis de Tracy en 1910.
  • no 77 : Hôtel de la comtesse de Maupeou[7].
  • Ancien no 40 : Hôtel construit pour la comtesse de Luçay née Jeanne Charlotte Papillon d'Auteroche (1769-1842), première dame d'atours de l'impératrice Marie-Louise, mère de l'historien Hélion de Luçay. L'hôtel appartenait en 1856 à la marquise de Préaulx[8].
  • Ancien no 45 : Selon Charles Lefeuve, dans une notice rédigée en 1856 : « Une cité ouvrière occupe [...] les anciennes dépendances d'une maison dans laquelle s'est exploitée une taverne anglaise à l'usage des nombreux jockeys et grooms de ce quartier à grandes guides. [...] L'origine de ce no 45 dont Glorian, fumiste, est propriétaire, remonte à plus d'un demi-siècle. C'est justement un fils d'Albion qui fit bâtir l'hôtel, d'abord isolé. Ses excentricités étaient connues et goûtées dans les boxes du voisinage : il était allé au Brésil, avec un bâtiment chargé de marchandises, pour y gagner d'un seul coup un million ; par malheur, dès qu'il eut embarqué son nouveau trésor pour retourner en Angleterre, le spleen voulut être du voyage ; pour combattre ce spleen, il but et il joua tant à bord qu'il y dépensa deux millions, dont une forte somme sur parole. »[9]
  • Ancien no 87, rue de la Pépinière : Hôtel édifié par Charles De Wailly pour le sculpteur Augustin Pajou, qui fut habité par le prince Anatole Demidoff lorqu'il servit à Paris comme diplomate, puis par M. Hainguerlot et le comte Branicki. Détruit en raison de l'élargissement de la rue.
  • Hôtel d'Aligre, puis de Saulty et Alfonso, construit par Charles De Wailly. Détruit en raison de l'élargissement de la rue.

Habitants renommés

Notes et références

Notes

  1. À l'origine, la rue d'Angoulême-Saint-Honoré était considérée comme commençant avenue des Champs-Élysées et se terminant no 1 rue du Faubourg-du-Roule et no 127 rue du Faubourg-Saint-Honoré, le dernier numéro impair étant le no 33 et le dernier numéro pair étant le no 28 (Félix Lazare, Op. cit.). Sa numérotation a été inversée et progresse désormais dans le même sens que celle du boulevard Haussmann. Le dernier numéro impair est aujourd'hui le no 109 (no 52-60 avenue des Champs-Élysées), correspondant à l'ancien no 1, tandis que le dernier numéro pair est désormais le no 130 (no 62 avenue des Champs-Élysées) qui correspond à l'ancien no 2.
  2. Une nouvelle pépinière fut créée en 1720 au nord du Grand Égout, dans un rectangle délimité par les actuelles rues de Courcelles à l'ouest et La Boétie (alors chemin de la Pépinière à la Pologne) à l'est, l'angle nord-est de ce rectangle se situant à peu près au niveau de l'actuelle place Saint-Augustin. Cette seconde pépinière fut supprimée en 1826. V. rue de la Pépinière.

Références

  1. « Louis, etc. Notre très cher et amé frère Charles Philippe, fils de France, comte d'Artois, nous a fait exposer que, devenu propriétaire du terrain connu sous le nom de l’Ancienne Pépinière, situé à Paris, faubourg Saint-Honoré, il se proposait d'ouvrir une rue au lieu appelé l'ancien chemin du Roule, laquelle rue porterait à l'avenir le nom d’Angoulême, aurait 30 pieds de large, et serait d'une ligne droite [...] ; permettons à notre dit frère le comte d'Artois de percer et ouvrir une rue au lieu connu sous le nom de l'ancien chemin du Roule, laquelle rue portera à l'avenir le nom d’Angoulême, et sera sur une ligne droite et de 30 pieds de largeur [...] 29 novembre 1777. Signé : LOUIS. » (cité par Félix Lazare, Op. cit.)
  2. Worth sur le site Wordnet de l'Université de Princeton, consulté le 21 mai 2009: « French couturier (born in England) »
  3. a, b, c et d Félix de Rochegude, Op. cit., p. 38
  4. reconstruire, selon Félix de Rochegude, Op. cit., p. 38.
  5. Jean-Michel Decugis, Mélanie Delattre et Christophe Labbé, « EXCLUSIF - Trente oeuvres "disparues ou volées" ont été saisies à l'institut Wildenstein », dans Le Point, 1er février 2011 [texte intégral (page consultée le 1er mai 2011)] 
  6. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 56-57
  7. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 56
  8. Charles Lefeuve, Les anciennes maisons de Paris. Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, Paris : C. Reinwald, 5e édition, 1875, 5 vol., tome I, p. 58
  9. ibidem
  10. André Becq de Fouquières, Mon Paris et mes Parisiens. II. Le quartier Monceau, Paris, Pierre Horay, 1954, p. 242
  11. Rochegude, Op. cit., p. 74

Sources

  • André Becq de Fouquières, Mon Paris et mes Parisiens. Vol. 1, Paris, Pierre Horay, 1953
  • Félix Lazare, Dictionnaire historique des rues et monuments de Paris, 1855, p. 15
  • Félix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. VIIIe arrondissement, Paris, Hachette, 1910

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