Pyrénées (race caprine)

Pyrénées (race caprine)
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Pyrénées
Chèvre Pyrénéenne.JPG
Chèvre pyrénéenne

Espèce Chèvre (Capra aegagrus hircus)
Région d’origine
Région Pyrénnées, Drapeau de France France
Caractéristiques
Taille Grande
Robe Brune ou noire avec des taches blanches
Cornes Longues, parfois torsadées
Autre
Diffusion Locale
Utilisation Lait et viande

La chèvre des Pyrénées est une race caprine française originaire des Pyrénées à longs poils, bruns ou noirs, parfois blancs. La Pyrénéenne est de taille moyenne : 75 à 85 cm au garrot pour un poids de 50 kg. Elle peuple les Pyrénées depuis très longtemps, et était autrefois associé aux troupeaux bovins et ovins et fournissaient le lait aux bergers. Avec la modernisation de l'élevage, elle a failli disparaître dans la seconde moitié du XXe siècle. Toutefois on s'intéresse à nouveau à elle depuis les années 1990, et les effectifs remontent grâce au travail des conservatoires régionaux, et depuis 2004 de l'association chèvre de race pyrénéenne en charge du programme de sauvegarde de la race.

On observe deux types d'élevage, les systèmes allaitants et les systèmes laitiers. Les premiers produisent des chevreaux bon à abattre, généralement à la période de Pâques, qui pèsent généralement autour de 15 kg. Les systèmes laitiers traient les chèvres à partir du sevrage précoce du chevreau à 2 mois, et se servent généralement de leur lait aux taux corrects pour fabriquer du fromage, crottin ou tomme des Pyrénées. Les chevreaux ne sont pas très bien conformés et la production de lait par chèvre reste bien en deçà de celle des races spécialisées, mais la chèvre des Pyrénées à l'avantage d'être très rustique et de pouvoir valoriser une végétation médiocre, dans des conditions climatiques parfois très rudes. Elle permet de maintenir certains paysages ouverts en empêchant qu'ils ne s'embroussaillent.

Sommaire

Histoire

Origine et apogée de la race

Traite de chèvres de Pyrénées à Lourdes (Hautes Pyrénées) dans les années 1870 à 1890

La chèvre des Pyrénées peuplait traditionnellement toute la chaîne pyrénéenne. C'est une race qui semble très ancienne, et qui pourrait selon certains descendre des premières chèvres domestiquées en Mésopotamie 5000 ans avant notre ère. On ne sait toutefois pas comment elle est arrivée là[1]. Toujours est-il qu'une population caprine assez hétérogène est élevé dans l'ensemble des Pyrénées depuis très longtemps. Traditionnellement, on trouvait dans cette région 5 ou 6 chèvres au milieu des troupeaux de moutons, et elles permettaient au berger et son chien d'avoir du lait frais disponible, durant les longs mois d'estives durant lesquels ils vivaient dans la montagne.

Le lait de la pyrénéenne devient également très populaire en ville, et les éleveurs béarnais prennent l'habitude d'amener leurs animaux dans les villes pour vendre aux consommateurs un lait fraichement trait. Ainsi, on estime qu'en 1900 on trouvait environ 1 500 chèvres des Pyrénées dans les rues de Paris[2]. La souche béarnaise se montre en effet particulièrement bonne productrice de lait, au sein du cheptel très hétérogène des chèvres des Pyrénées. Elle constitue une « laitière de premier ordre » selon certain auteurs contemporains[3]. Cette activité décline après la première guerre mondiale, du fait d'une circulation de plus en plus importante qui interdit la pratique de la traite à même la rue comme elle se faisait auparavant, mais aussi parce que les techniques de réfrigération sont en plein essor et la traite à proximité du client ne se justifie plus[3].

Déclin

Vient ensuite une longue période de déclin. Ainsi, la population estimée à 70 000 animaux en 1852[4] n'est plus que de 50 000 animaux en 1957[5]. La chèvre n'est alors plus du tout appréciée dans les fermes. En effet elle symbolise un élevage pauvre et dépassé, et on lui reproche de porter atteinte aux plantations forestières. Dans la seconde partie du XXe siècle, la diminution s'accélère fortement, principalement à cause de l'exode rural et de la forte concurrence de races plus productives que sont l'alpine et la saanen, et dans les années 1980 on considère que la race a quasiment disparu.

Renouveau récent

Un intérêt renait autour de cette race au début des années 1990, et on décide de répertorier les effectifs de la race. Une pré-étude est menée en 1992 et recense 238 chèvres dans 25 élevages, dont une partie est plus ou moins croisée avec d'autres races. La population est alors estimée à 500 ou 600 animaux. L'année suivante les effectifs du pays basque sont décomptés avec précision et on y dénombre 246 chèvres dans 21 élevages[6]. Les conservatoires régionaux (Conservatoire du Patrimoine Biologique Régional de Midi-Pyrénées et Conservatoire des Races d’Aquitaine) s'inquiètent alors pour le devenir de la race, et grâce à leurs efforts les effectifs croissent à nouveau. Ainsi, en 1994 on compte 680 chèvres de pure race dont une grande majorité en Aquitaine[7], et ce nombre augmente rapidement pour atteindre 1 164 animaux en 1995, puis 1 803 en 1996. Dans un même temps le nombre d'éleveurs augmente également, mais dans de moindres proportions, passant de 76 à 93 entre 1994 et 1996. Par ailleurs la race se réorganise, notamment avec la création d'une association d'éleveurs en 2004[2]. Celle-ci établit un nouveau standard de la race, soutient les éleveurs, surveille la sélection des animaux et assure la promotion de la chèvre des Pyrénées. En 2009, les effectifs atteignent 3 025 animaux, dont 2 800 femelles[2].

Description

Aspect général

Chèvre des Pyrénées.

La chèvre des Pyrénées est longtemps demeurée sans standard clairement établi, et c'est pourquoi on observe une grande hétérogénéité des animaux dans la nature. Malgré cela, on rencontre un certain nombre de caractéristiques communes à l'ensemble de la population. Ainsi c'est une chèvre d'assez grand format, qui mesure 75 cm pour la chèvre et 80 à 90 cm pour le bouc, avec des poids respectifs de 55 à 60 kg et 90 kg[8]. Elle a une ossature robuste, une poitrine profonde, des membres épais et musclés et de fortes articulations. Elle a une robe qui se caractérise par ses poils longs ou mi-longs et broussailleux. Par contre, sa coloration est très variable, pouvant être noire, blanche, grise, brune ou jaune, les teintes intermédiaires étant possibles, ainsi que la présence de taches blanches[7]. On observe toutefois que le ventre est généralement plus clair, et que les robes brunes et noires sont les plus fréquentes. Sa tête porte des oreilles longues et tombantes, et une paire de longues cornes rondes, écartées et rejetées en arrière et parfois torsadées. Certains animaux sont dépourvus de cornes[8].

Standard de 2008

En 2008, l'association de sauvegarde de la race a déterminé un premier standard pour la race, afin d'homogénéiser un peu ce troupeau dont les effectifs ont bien réaugmenté, même si de nombreuses colorations sont toujours homologuées. Ce standard est le suivant[5] :

  • Apparence générale : Grande taille, ossature solide, pelage mi-long à long, rusticité générale
  • Tête : Forte et massive ; Oreille lourde, horizontale à tombante ; Barbe chez les deux sexes ; Cornes rectilignes en arrière, légèrement arquées et divergentes chez la femelle ou bien cornes de type « corn de boc » chez certaines femelles ; Cornes développées chez le mâle (les animaux mottes sont acceptés)
  • Aplombs : Aplombs forts ; Onglons écartés
  • Pelage : Demi-long à long ; Poil raide ; Frange frontale fréquente (surtout chez les mâles)
  • Couleur de la robe : De couleur variable : noir à blanc (marron foncé ou fougère sèche, laurèze, chocolat, miel, blanc crème), robe unie ou de plusieurs couleurs ; Poil clair souvent localisé (tête, ventre, pattes) ; Patron traditionnellement noir à brun foncé avec du poil clair localisé.
  • Caractères à éviter : Poil court ; Oreilles dressées ; Pattes fines ; Raie noire sur le dos
Association de sauvegarde de la chèvre des Pyrénnées, 2008.

Patron de coloration de la robe

La chèvre des Pyrénées peut porter divers motifs de coloration de la robe, reconnus par le standard de la race[9] :

  • Patron uni : c'est le plus fréquent au sein de la race avec 47 % des animaux concernés. La robe est de couleur noir ou noir dit « fougère sèche » dans la grande majorité des cas, avec une minorité d'environ 6 % de robes toutes blanches.
  • Patron laurèze : il concerne 16 % des effectifs, qui ont le dos coloré en noir ou noir dit « fougère sèche » avec le dessous du ventre blanc
  • Patron tachetée : 14 % des animaux sont tachetés de diverses couleurs sur fond blanc
  • Patron zébrée : l'animal a de grandes bandes de couleurs sur son corps, concerne 10 % des animaux
  • Patron col noir : les animaux ont une tache noire au niveau du col qui ne dépasse pas la pointe des épaules, 5 % des effectifs sont concernés
  • Patron enchevêtré : le plus rare avec seulement 3 % des animaux, les poils de différentes couleurs sont mélangés

Aptitudes

La pyrénéenne est une race mixte, qui peut être utilisée pour la production laitière comme pour celle de chevreaux destinés à la boucherie. Deux tiers des élevages l'utilisent comme chèvres allaitantes tandis que les autres les traient. Autrefois, la chèvre des Pyrénées fournissait également un cuir de qualité. Celui des chèvres servait de parchemin ou dans la maroquinerie, celui des chevreaux était utilisé dans la ganterie et la cordonnerie et celui des boucs servait à confectionner des outres dans lesquels on pouvait transporter du vin vers l'Espagne[10]. Aujourd'hui encore certains éleveurs vendent les peaux pour servir de descente de lit ou de doudou pour les enfants, ou servent à fabriquer des instruments à percussion.

Production de viande

Elle produit généralement deux chevreaux par an. Ceux-ci sont élevés sous la mère et destinés à la boucherie. Parfois, ils reçoivent en complément du foin, ou des céréales produites à la ferme, mais très rarement d'aliment du commerce. Ils produisent une viande réputée, notamment appréciée à la période de Pâques[8], quand de nombreux chevreaux légers d'environ 15 kg sont commercialisés. Les autres sont vendus à l'automne ou à Noël, plus lourds, vers 20 à 30 kg[11]. L'âge des chevreaux à leur commercialisation est très variable, mais un tiers d'entre eux sont vendus entre 2 et 3 mois. Ils peuvent être vendus jusqu'à un an, la clientèle maghrébine étant particulièrement intéressée par les chevreaux de plus de 6 mois. Dans les élevages laitiers, les chevreaux sont parfois vendus à des engraisseurs qui vont se charger de finir de les engraisser avant de les faire abattre[12].

Les chevreaux sont très souvent vendus directement à des particuliers, et les prix sont donc très irréguliers d'un cas à l'autre. Si cette viande est peu prisée à l'heure actuelle, elle était très consommée dans les Pyrénées il y a 50 ans, et il reste aujourd'hui une base de consommateurs fidèles[12].

Par ailleurs, les jambons de chèvre de Bigorre étaient autrefois un met de choix, très réputé[3].

Production laitière

Chèvres des Pyrénées sur le Pic de la Clique (1200 m), Germs-sur-l'Oussouet (Canton de Lourdes-Est)

Sa production laitière est plutôt modeste, et peut varier entre 200 et 500 kg par lactation, avec en moyenne 315 kg par lactation de 228 jours pour les animaux enregistrés au contrôle de performances. Par contre, son lait est reconnu pour sa capacité à faire des fromages de qualité, notamment grâce à ses bons taux : 30,4 g/kg de taux protéique et 38,5 g/kg de taux butyreux[2]. Une originalité génétique de la race est la présence d'un allèle nul pour la caséine β (allèle défectif sans expression phénotypique) révélé par une étude de l'INRA en 1999[13]. Cet allèle nul pour la caséine β est une spécificité de la race pyrénéenne au regard de la population caprine de France métropolitaine. Cette étude concluait que cet allèle était présent dans 80% des élevages répertoriés, à une fréquence de 0,11. La moindre fromageabilité du lait des chèvres possédant ce mutant défectif n’aurait jamais été réellement contre-sélectionnée par les éleveurs pour plusieurs raisons (importance des élevages allaitants, tradition des fromages aux laits de mélange, compensation par un allèle fort de la caséine αS1 ).

Avec ce lait les éleveurs fabriquent principalement des petits fromages à pâte lactique, où alors de la tomme des Pyrénées. La tomme de chèvre des Pyrénées est un fromage de tradition très ancienne, à pâte pressée non cuite. Elle se présente sous la forme d'un cylindre aux bords légèrement arrondis. On la trouve sous deux formats : la tomme de 2,5 kg faisant 19 cm de diamètre pour 8,5 cm de haut et la tomette de 400 g de 11 cm de diamètre pour 5 cm de haut[14]. ce fromage fait actuellement l'objet d'un projet de labélisation IGP sous l'appellation « Tomme des Pyrénées – Chèvre au lait cru »[15].

Une race rustique

C'est en outre une race rustique, bien adaptée aux parcours accidentés de sa région d'origine, et au climat parfois rude qu'il y règne. Elle résiste très bien aux intempéries et au froid, ce qui lui permet de pouvoir vivre dehors de jour comme de nuit à des altitudes parfois importantes et subsister avec le peu de nourriture qu'elle peut trouver[16]. Le pis relativement peu volumineux des animaux en lactation ne les handicapent pas pour se rendre sur les parcours, et elle valorise une flore relativement pauvre composée de ronces, d'orties, d'arbustes et de diverses herbacées de faible valeur nutritive.

C'est une race qui est bien adaptée pour maintenir des paysages ouverts, alors que certains espaces de son territoire originel ont tendance à partir en friche. Cette chèvre a certainement un rôle essentiel à jouer dans le débroussaillement des espaces en friches. Ces qualités dans ce sens sont reconnues depuis toujours, puisque les chèvres étaient proscrites des bois au XIXe siècle car elles risquaient d'endommager la production forestière[17]. Elle peut aller jusqu'à consommer 87% de ligneux pour seulement 13% de plantes herbacées[18].

Élevage

Chèvre des Pyrénées dans un troupeau de brebis tarasconnaises.

La chèvre des Pyrénées est élevée dans des exploitations de type traditionnel dans sa région d'origine. Ce sont des systèmes économes, où les chèvres valorisent au maximum les estives et les parcours plus ou moins boisés. L'hiver, les animaux sont fréquemment rentrés dans des granges et sont alimentés avec du foin.

Cette race étant mixte, la plupart des élevages que l'on rencontre sont des élevages de type allaitant, qui vendent les chevreaux élevés sous la mère. Les chèvres passent alors presque toute l'année dehors et ne sont rentrées que pendant les mises bas. Ils sont souvent gérés par des pluriactifs, qui en font un complément de revenu. Les systèmes laitiers demeurent eux aussi, et s'appuient surtout sur la vente de fromages, qui sont appréciées des consommateurs et pour lesquels la race dispose de bons taux qui facilitent la transformation fromagère[2]. La plupart du temps les éleveurs laitiers traient leurs chèvres quand les chevreaux ont atteint l'âge de 1 à 2 mois, pour diverses raisons parmi lesquelles on peut notamment citer la volonté des éleveurs de réduire leur charge de travail lié à la traite au printemps, de bien valoriser leurs chevreaux, mais aussi simplement pour des questions d'éthique et ne pas séparer trop tôt le petit de sa mère[19].

Les élevages sont plutôt de petite taille. Ainsi les élevages allaitants possèdent en moyenne 23 chèvres et on en trouve en moyenne 21 dans les élevages fromagers. La majorité des élevages fromagers élèvent entre 11 et 20 chèvres. Des élevages de taille supérieure à 40 chèvres sont toutefois communs, notamment chez les éleveurs allaitants[12]. Dans ces élevages, les trois quarts des chèvres sont de race pyrénéenne, les autres étant souvent des croisés comportant tout de même un peu de sang pyrénéen. Beaucoup d'élevages complètent leur activité par un autre atelier : un quart des éleveurs allaitants possèdent à côté des brebis allaitantes, et un tiers possèdent des chevaux ou des ânes, quant aux éleveurs fromagers un quart d'entre eux traient également des vaches laitières, et bon nombre ont également des brebis laitières[12].

Parmi les raisons qui les poussent à garder des chèvres pyrénéennes, les éleveurs citent systématiquement la volonté de conserver une race faisant partie intégrante de leur patrimoine local.

Sauvegarde

La chèvre des Pyrénées fait l'objet d'un programme de conservation depuis les années 1990, initié par les organismes de conservation locaux. Ce programme, véritablement lancé en 1998 par le Conservatoire du Patrimoine Biologique Régional de Midi-Pyrénées, a été repris à partir de 2003 par la Fédération Régionale Caprine de Midi-Pyrénées[20]. L'association Chèvre des Pyrénées, créée en 2004, a ensuite pris en charge ce programme ainsi que de l'organisation des filières en aval et de la promotion de la race[21]. Elle dispose pour cela de l'appui de Capgènes, chargé du schéma de sélection, de l'Institut de l'élevage, de l'Association des Fromagers Fermiers et Artisanaux des Pyrénées, qui collabore pour la structuration de la filière, des conservatoires régionaux et des collectivités territoriales.

Le programme vise notamment à augmenter la variabilité au sein de la race, pour éviter tout risque de consanguinité, et à permettre aux éleveurs d'avoir une activité viable, en améliorant la productivité des animaux[2]. L'association tente dans ce cadre de développer un schéma de sélection pour améliorer les performances des animaux. Pour cela elle encourage les éleveurs allaitants à peser leurs chevreaux et les éleveurs fromagers à s'inscrire au contrôle laitier, notamment depuis la création d'un contrôle simplifié pour les races à petits effectifs en 2010, et se propose même de financer les frais d'élevage des jeunes boucs reproducteurs de bonne génétique. Comme beaucoup de races à faibles effectifs, la chèvre des Pyrénées fait l'objet d'un programme de cryoconservation des semences de ces mâles et d'embryons, afin d'assurer de ne pas voir complètement disparaître la race. La valorisation des produits est également très importante pour l'association, qui a initié des études sensorielles sur le fromage lactique de chèvre des Pyrénées et sur la viande de chevreau[22]. L'association se charge également d'assurer un certain suivi technico-économique des exploitations élevant des chèvres pyrénéennes, ceci afin d'avoir des références pour des éleveurs qui décideraient d'opter pour la race. Elle fait également de gros efforts pour promouvoir la race[23].

Diffusion

Troupeau de chèvres des Pyrénées sur le flanc de Pic de la Clique (1200 m) à Germs-sur-l'Oussouet (Canton de Lourdes-Est) (Hautes-Pyrénées).

On trouve la chèvre des Pyrénées dans une grande partie de la chaîne de montagne éponyme, répartie sur les régions Midi-Pyrénées et Aquitaine, avec une répartition des effectifs à peu près équilibrée entre les deux régions aujourd'hui. Autrefois elles étaient majoritairement situées en Aquitaine. Ainsi, lors du recensement de 1852 au cours duquel 70 000 chèvres sont recensées, les effectifs sont surtout localisés dans les Landes et en Gironde, où on trouve 37 000 animaux, et dans les Basses-Pyrénées, devenues aujourd'hui les Pyrénées-Atlantique, où résident 13 000 caprins. Dans ce dernier département la race est particulièrement présente dans les arrondissements de Pau et Oloron-Sainte-Marie. On recense 8 000 animaux dans les Hautes-Pyrénées, surtout localisés dans les secteurs d'Argelès-Gazost et de Bagnères de Bigorre, 3 000 en Haute-Garonne vers Saint-Gaudens et 8 000 en Ariège du côté de Foix et de Saint-Girons[16].

Aujourd'hui c'est dans les Pyrénées-Atlantique que sont concentrés la plupart des effectifs, avec plus de 1 000 chèvres, devant les Hautes-Pyrénées qui en comptent environ 500 et les Pyrénées-orientales. On trouve également des chèvres des Pyrénées dans l'Aude, l'Ariège et la Haute-Garonne. Ainsi, 85 % des animaux sont localisés dans le massif pyrénéen et un tiers sont situés dans une zone de parc naturel[17]. Elle est nettement moins représentée qu'auparavant dans les Landes et le Roussillon.

De l'autre côté de la frontière espagnole, la chèvre des Pyrénées a une cousine espagnole, la « raza Pirenaica », qui peuple le sud des Pyrénées. Les deux populations sont apparemment bien distinctes, bien qu'il y a toujours existé quelques échanges d'animaux reproducteurs du côté des Pyrénées-Atlantique et de la haute vallée de la Garonne[24].

La chèvre des Pyrénées dans la culture

Depuis quelques années la chèvre des Pyrénées multiplie les apparitions en public, comme là au salon SISQA de Toulouse.

La chèvre tient une certaine importance dans la culture des Pyrénées. Ainsi, elle a inspiré de nombreuses expressions locales, comme le montre celles relevées par Simon Palay dans son Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes. Il y mentionne des expressions comme « Que vau mielher estar crabèr d'Agòs que vecàri de Viscòs » - mieux vaut être chevrier d'Agos que vicaire de Viscos, « Un endreit d'escòrna craba » : - un endroit de décorne chèvre -, un lieu abrupt, « Quin crabas a, diables qu'a » : qui a des chèvres a des diables (à garder) ou encore « Damb quate crabas e lo porquet, que'm trufi d’eth ! » : avec quatre chèvres et le cochon gras, je me moque de lui (de l'hiver)[25]. On retrouve cet animal représenté sur la fontaine des Quatre-Vallées, inaugurée en 1897[26] à l'initiative de Félicitée Duvigneau. Cette monumentale fontaine réalisée figure en ses quatre coins les vallées de Bagnères, d'Aure, d'Argelès et la plaine de Tarbes[27], chaque vallée étant représentée avec un personnage et un animal. Ainsi pour la vallée d'Aure une nymphe tient sous son bras un bouc présentant toute les caractéristique de la race, avec son poil long, des cornes en lyre, un chanfrein bombé et des oreilles tombantes. La race était d'ailleurs quasiment la seule représentée dans le secteur à ce moment, et a donc logiquement pu servir de modèle à l'artiste, Louis Mathet, un adepte du réalisme animalier[28]. La chèvre est aussi représentée sur plusieurs armoiries de communes des Hautes-Pyrénées, comme Chèze, Oueilloux, Sireix ou Agos-Vidalos.

La chèvre des Pyrénées est de plus en plus présente au cours des manifestations agricoles locales depuis quelques années. Ainsi, un concours de la race a lieu tous les ans lors de la foire de Sainte-Marie-de-Campan, et ce depuis 2005. Par ailleurs, en 2010 la race a fait sa première apparition au salon de l'agriculture à Paris, marquant son renouveau et sa reconnaissance nouvelle[29]. Elle est également invité chaque année au Salon International de la Sécurité et de la Qualité Alimentaire (SISQA) qui se tient à Toulouse. Certains animaux sont aussi visibles à l'écomusée de la Grande Lande (Parc naturel régional des Landes de Gascogne), qui organise chaque année la semaine des races locales, une occasion de mettre la chèvre des Pyrénées à l'honneur[30]. Pour assurer la promotion de la race, l'association Chèvre des Pyrénnées édite régulièrement un petit journal portant sur l'actualité de la race : « Craba e caulet » (la chèvre et le chou).

Références

  1. Alain Fournier, L'élevage des chèvres, Editions Artemis, coll. « Élevage facile », 2006, 95 pages p. (ISBN 2844164579, 9782844164575) [lire en ligne] 
  2. a, b, c, d, e et f La chèvre pyrénéenne. Consulté le 5 mars 2011
  3. a, b et c Fanny Thuault, « De nouveaux panneaux pour l'association », dans Cabra e caoulet, vol. 3, 2006 [texte intégral [PDF] (page consultée le 19 juillet 2011)] 
  4. Demonet M., Tableau de l'Agriculture Française au milieu du 19ème siècle. L’enquête de 1852., Paris, Eds. de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1990 
  5. a et b La chèvre des Pyrénées. Consulté le 6 mars 2011
  6. Massoubre D., Rosset O., Ribereau-Gayon R., La race des chèvres des Pyrénées en Aquitaine. État de la population en Aquitaine en 1993 et 1994. Association pour la sauvegarde et l'étude des races domestiques menacées, Conseil Régional d'Aquitaine, 1994, 39 p. 
  7. a et b race caprine des Pyrénnées. Consulté le 5 mars 2011
  8. a, b et c Alain Fournier, L'élevage des chèvres, Editions Artemis, coll. « Élevage facile », 2006, 95 p. (ISBN 2844164579, 9782844164575) 
  9. Pierre Barbot, « L’APPARENCE GENERALE », dans Cabra et Caoulet, vol. 1, 1er semestre 2005 [texte intégral (page consultée le 7 mars 2011)] 
  10. Fanny Thuault, « De nouveaux panneaux pour l'association », dans Cabra et caoulet, L'association La chèvre de race pyrénéenne, vol. 3, août 2006 [texte intégral [PDF]] 
  11. « Croissance confirmée des effectifs de la race », dans La chèvre, 9 février 2005 [texte intégral (page consultée le 6 mars 2011)] 
  12. a, b, c et d Fanny Thuault, Produire du chevreau en race pyrénéenne, 2007, pdf [lire en ligne] 
  13. Craba e Caulet , août 2008, Bull. de liaison de l'association de la Chèvre Pyrénéenne
  14. La Tomme de chèvre des Pyrénées. Consulté le 25 juillet 2011
  15. La filière caprine REGION Aquitaine et Midi-Pyrénées. Consulté le 25 juillet 2011
  16. a et b G. Ricordeau, M.-F. Mahé, M.-A. Persuy, C. Leroux, V. Francois, Y. Amigues, « Fréquences alléliques des caséines chez les chèvres des Pyrénées. Cas particulier de la caséine ß nulle », dans Productions animales, INRA, vol. 12, 1999, p. 29-38 [texte intégral (page consultée le 19 juillet 2011)] 
  17. a et b Sarah Fichot, Exploration des potentialités de valorisation de la Chèvre de race pyrénéenne dans la gestion des espaces embroussaillés, ENITA de Clermont-Ferrand, Mémoire de fin d’études d’ingénieur, 2009, pdf [lire en ligne] 
  18. Parde, 2000
  19. Fanny Thuault, Valorisation de la Chèvre des Pyrénées : produire du fromage et/ou du chevreau en race pyrénéenne, Association la Chèvre de race pyrénéenne, décembre 2007, pdf, 24 p. [lire en ligne] 
  20. Pierre Barbot, « Croissance confirmée des effectifs de la race », dans La Chèvre, vol. 266, 9 février 2005 [texte intégral] 
  21. Présentation de l'association. Consulté le 5 mars 2011
  22. Fanny Thuault, « Descriptif des projets prévus en 2006 », dans Cabra é caoulet, Association la chèvre pyrénéenne, vol. 2, mars 2006 
  23. La chèvre de race pyrénéenne, Région Midi-Pyrénées. Consulté le 27 juillet 2011
  24. (es)Sierra Al franca I., razas aragonesas de ganado, Diputacion General de Aragon, décembre 1987 
  25. Bernard Ménétrier, « Expressions gasconnes », dans cabra e caoulet, vol. 4, décembre 2006 [texte intégral [PDF] (page consultée le 20 juillet 2011)] 
  26. Les fontaines de la place Marcadieu, Pyrenees-pireneus.com
  27. Tarbes.com, Site de l'Office du Tourisme de la ville de Tarbes
  28. Bernard Ménétrier, « Le bouc d'Aure de la fontaine des Quatre Vallées », dans cabra é caoulet, vol. 7, août 2007 [texte intégral [PDF] (page consultée le 20 juillet 2011)] 
  29. Actualités de l'association. Consulté le 6 mars 2011
  30. Jean-marc et Nathalie DURONEA, « Promotion de la pyrénéenne et de l'association », dans Craba e caulet, vol. 14, 2010 [texte intégral [PDF] (page consultée le 19 juillet 2011)] 

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie



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