L'Homme qui rit (roman)

L'Homme qui rit (roman)

L'Homme qui rit (Hugo)

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L'Homme qui rit

Illustration de L'Homme qui rit


Auteur Victor Hugo
Genre Roman
Pays d'origine France France
Date de parution 1869
Chronologie
Les Travailleurs de la mer
Quatrevingt-treize

L'Homme qui rit est un roman de Victor Hugo publié en avril 1869 dont l’action a lieu dans l’Angleterre de la fin du 17e et du début du 18e siècle. Il est notamment célèbre pour la figure mutilée dans un rire permanent du protagoniste qui a fortement inspiré le monde littéraire et cinématographique.

Sommaire

Résumé

Ce qui suit dévoile des parties essentielles de l’intrigue.

L’Homme qui rit suit les destins croisés d’un certain nombre de personnages. Le premier est Ursus, un vagabond qui s’habille de peaux d’ours (d’où le nom « ursus », ours en latin) et est accompagné d’un loup domestique baptisé Homo (homme en latin, d’après l’expression « Homo homini lupus » de Hobbes). Ursus et Homo voyagent à travers l’Angleterre en traînant une roulote, la Green Box, dont il se sert pour haranguer les foules et vendre des potions.

Leur chemin croise, le 29 Janvier 1690, celui de Gwynplaine, un enfant de dix ans vêtu de haillons qui vient d’être abandonné par un groupe d’hommes pressés d’embarquer sur une corvette qui doit les emmener loin de l’île anglaise. Les hommes sont des Comprachicos (mot de l’invention de Victor Hugo signifiants « acheteurs d’enfants ») des kidnappeurs spécialisés dans un trafic de divertissement et de soustraction d’enfants souvent gênants pour une lignée. Pendant que leur bateau est broyé par les flots et que, voyant la mort venir, les hommes décident de jeter une bouteille dénonçant leur crime à la mer, Gwynplaine, resté sur la berge, doit se battre contre la nuit, la neige et la mort en traversant un certain nombre de visions morbides alors qu’il cherche à retourner vers un village. Il passe devant un gibet où pend le peu qu’il reste du cadavre d’un condamné et découvre, à quelques pas de là, le corps d’une femme sur le sein de laquelle est accroché un bébé encore en vie. Chargé de ce fardeau supplémentaire, l’enfant reprend le chemin de la ville.

Pris dans la tempête de neige, Gwynplaine frappe au premier endroit où il trouve de la vie : la roulote d’Ursus qui prend les deux enfants sous son aile. Il ne se rend compte qu’après quelques minutes que ce qu’il pensait être une grimace sur le visage de Gwynplaine est en fait une mutilation qu’Ursus reconnait comme une pratique de défiguration. Il réalise également un peu plus tard que le bébé est aveugle.

Quinze ans plus tard en 1705, sous le règne de la reine Anne, Ursus a monté une troupe de théâtre avec Gwynplaine et Déa, nom donné au bébé qui est désormais une belle quoique frêle jeune fille de seize ans. Fortement complémentaires, Gwynplaine – dont la difformité est invisible à Déa qui ne voit que la beauté de son âme – et Déa – dont l’infirmité, loin de rebuter Gwynplaine, le pousse à lui accorder une attention – forment un couple encore chaste mais profondément lié, bien que Gwynplaine n’ait pas encore fait sa déclaration. Ensemble, ils présentent notamment la pièce Chaos Vaincu qui a un grand succès dans la ville de Londres et leur veut des amitiés et des soutiens, notamment de la part d’un homme qui est apparemment bateleur du nom de Tim-Tom-Jack. La vision du visage défiguré de Gwynplaine cause l’hilarité générale. Pendant ce temps, on découvre les relations jalouses de la reine envers sa jeune sœur Josiane, plus belle et plus jeune qu’elle, et promise à David Dirry-Moir, fils illégitime cru l’unique héritier de Linnaeus Clancharlie, lord mort en exil en Suisse, très bel homme, bien que plus âgé qu’elle. Le bonheur, l’insouciance et l’insolence de Josiane n’irritent pas seulement pas reine mais aussi Barkilphredro, un homme dont elle est pourtant la bienfaitrice mais qui ne supporte pas le rapport de condescendance qu’il entretient avec elle. Ayant obtenu d’elle une charge qui le rend responsable des choses trouvées en mer, on lui apporte un jour la bouteille jetée à la mer par les Comprachicos quinze ans plus tôt. Il y découvre l’objet parfait de sa vengeance : la vérité sur l’identité de Gwynplaine.

Ennuyée par la banalité de la vie, Josiane est envoyée par David Dirry-Moir voir Chaos Vaincu qui doit constituer l’ultime distraction. Elle ne rit pourtant pas à la pièce et ne revient jamais à l’auberge mais envoie quelques temps plus tard une lettre à Gwynplaine auquel elle déclare vouloir se donner totalement, elle qui est si belle à lui si hideux. Après une certaine hésitation, Gwynplaine choisit de ne pas répondre au rendez-vous qu’elle lui offre et de rester avec Déa. C’est à cette même période qu’Ursus est inquiété par plusieurs docteurs et théologies concernant ses prêches et harangues jugées séditieuses. Il se sort de cette difficulté non sans crainte pour le futur et a une confrontation violente avec Gwynplaine dont les nouveaux discours contre le pouvoir l’inquiètent encore plus.

C’est à ce moment crucial qu’apparait le personnage du Wapentake, un serviteur de la couronne qui, par le simple toucher, contraint qui que ce soit de le suivre sous peine de mort. Après l’avoir vu intervenir ailleurs, il vient finalement pour Gwynplaine qui disparait sans même pouvoir prévenir Ursus. Constatant la disparition de ce dernier et recevant plus tard ses affaires, le vieil homme est persuadé que son élève et protégé est mort et, après un moment de rage où il déclare que c’est « bien fait pour lui », il rentre trouver Déa dont il sait que la nouvelle la tuerait. Il se lance donc dans toute une performance de Chaos Vaincu où, avec ses dons incroyable de ventriloque, il parvient à faire croire à la présence de toute une assemblée, trompant tous les présents sauf Déa, qui ne voit pas Gwynplaine avec les oreilles mais avec le cœur.

Gwynplaine est emmené dans une prison souterraine où il est confronté à l’un des responsables de son enlèvement qui révèle la terrible vérité : son nom est en fait Fermain Clancharlie, fils naturel et légitime de Linnaeus Clancharlie et véritable héritier de la pairie actuellement concédée à son frère David Dirry-Moir. S’étant évanoui sous le choc, Gwynplaine se réveille en tenue de seigneur dans une immense demeure en présence de Barkilphedro qui lui apprend qu’il est désormais Lord et doit siéger à la chambre des Lords le lendemain. La séance est néanmoins catastrophique. Quand Gwynplaine tente d’apostropher les Lords sur leur indécence et veut se présenter comme « La Misère » qui vient « de l’Abysse », ils rient de sa performance, l’appelant un clown, « l’homme qui rit », un histrion et un bouffon.

Gwynplaine renonce finalement à la pairie et retourne vivre auprès d’Ursus et de Déa qui ont, entretemps, été enjoints à « quitter l’Angleterre avant le lendemain » sous peine d’être emprisonnés et Homo tué, le loup n’étant pas toléré dans Londres. Ils s’embarquent donc pour le continent dans un bateau. Pendant qu’Ursus s’est assoupi, Déa se déclare finalement à Gwynplaine mais meurt soudainement et sans explication. A la fin du livre, Homo a le museau penché vers la mer, donnant l’indication que Gwynplaine s’est probablement jeté par-dessus bord et noyé.

Interprétation

« Je représente l'humanité telle que ses maîtres l'ont faite. L'homme est un mutilé. Ce qu'on m'a fait, on l'a fait au genre humain. On lui a déformé le droit, la justice, la vérité, la raison, l'intelligence, comme à moi les yeux, les narines et les oreilles; comme à moi, on lui a mis au coeur un cloaque de colère et de douleur, et sur la face un masque de contentement[1]. »

En plus du parallèle entre la mutilation de Gwynplaine et la nature humaine, Victor Hugo aborde ici le thème de la misère, reccurent dans son oeuvre. Il dénonce d'une part l'oisiveté excessive d'une noblesse qui par ennui se distrait de la violence et de l'opression, mais aussi la passivité du peuple qui préfère rire et se soumettre. C'est dans cette prespective que le livre est rempli de longues descriptions des richesses, titres et privilèges de cour.

Postérité

Ce roman est assez longuement évoqué dans le chef-d'oeuvre de James Ellroy, Le Dahlia noir, un roman policier très noir, où une jeune fille retrouvée assassinée présente des mutilations qui évoquent celles de L'Homme qui rit. Le personnage de Gwynplaine, ainsi qu'un tableau représentant un clown au sourire cruellement élargi, sont des motifs récurrents de l'histoire du Dahlia noir, que l'on retrouve dans l'adaptation cinématographique de Brian DePalma.

Le faciès tragi-comique du Joker, personnage de la bande dessinée Batman, est inspiré de la mutilation du héros de Hugo, telle qu'elle est représentée dans une adaptation cinématographique réalisée par Paul Leni en 1928.

Adaptations

Cinéma

Bande dessinée

Notons enfin que deux bandes dessinées ont été réalisées d'après le roman de Victor Hugo, toutes deux intitulées L'Homme qui rit. La première série est due à Fernando de Felipe, et paraît aux éditions Glénat en 2000[2]. La seconde, de Jean-David Morvan et Nicolas Delestret, aux éditions Delcourt, est plus récente, avec deux tomes parus sur quatre : La Mer et la nuit (2007) et Chaos vaincu (2008).

Voir aussi

Liens externes

Notes

  1. L'Homme qui rit, Victor Hugo
  2. ISBN : 2-7234-2693-9
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