Fouriériste

Fouriériste

Charles Fourier

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François Marie Charles Fourier

François Marie Charles Fourier (7 avril 1772 à Besançon, 10 octobre 1837 à Paris) est un philosophe français, fondateur de l’École sociétaire, considéré par Karl Marx et Engels comme une figure du « socialisme critico-utopique » dont un autre représentant fut Robert Owen. Plusieurs communautés utopiques, indirectement inspirées de ses écrits, ont été créées depuis les années 1830.

Sommaire

Repères biographiques

Le père de Charles Fourier était un notable de Besançon, marchand de draps aisé mort en 1781 ; sa mère était une femme pieuse et peu instruite, issue d’une famille de commerçants bisontins. Charles Fourier résidait ruelle Baron actuellement à l'angle des rues Moncey et Grande-Rue à Besançon, il fait de bonnes études jusqu’à l’âge de 16 ans, chez les ecclésiastiques du collège de Besançon. En 1791, il entre en apprentissage à Rouen puis à Lyon. Il combat en 1793 avec les fédéralistes lyonnais, puis il est enrôlé en 1794 au moment de la levée en masse pour passer dix-huit mois dans le Palatinat avec l’armée du Rhin. Malgré son aversion pour le commerce en particulier, il est obligé, à la suite de cruels revers de fortune apparus dès 1793, de travailler comme commis-marchand ou commis-voyageur à Lyon sous le Consulat et l’Empire. Entre 1815 et 1820, il réside près de Belley à talissieu chez ses nièces de Rubat avec qui il se fâche. Après quelques années vécues entre Lyon et Paris, il s’installe dans la capitale en 1826.

Il pose en 1808 les bases d'une réflexion sur une société communautaire dans son ouvrage Théorie des quatre mouvements et des destinées générales, qu’il poursuivit sous forme d’un grand traité dit de l’Association domestique et agricole. Cet ouvrage monumental est publié, bien qu’inachevé, en 1822. Dans le but d’être mieux compris, il se contraignit ensuite à rédiger un résumé de sa théorie, intitulé Le Nouveau Monde industriel et sociétaire, qu’il publie en 1829. Un petit groupe de bisontins s'est constitué autour de lui : Just Muiron (dès 1814), Désiré Ordinaire, Adrien Gréa, Aimée et Félix Beuque, Clarisse Vigoureux, Victor Considérant (à partir de 1825). Le groupe des disciples, qui étaient une dizaine à la fin de la Restauration, s’étoffe sous la monarchie de Juillet, avec par exemple Jules Lechevalier ou Abel Transon, et d'autres transfuges du saint-simonisme. Cette école publie le Phalanstère (1832. C'est alors qu'apparaissent les termes fouriérisme, phalanstérien). Fourier connaît un début de notoriété dans les dernières années de sa vie, mais il reste un homme solitaire. Il collabore cependant à la rédaction du journal "Le Phalanstère" (1832-1834) et en février 1834 en réponse au premier écrit politique de Victor Hugo Etude sur Mirabeau il écrit  ; je n'adhère nullement aux flatteries que vous adressez à la France car elle porte partout le vandalisme, témoin sa conduite à Alger , qu'elle a barbarisé, couvert de vendées et de ravages. Il publie en 1836 La fausse industrie.

Le Phalanstère

Vue perspective d'un Phalanstère

Le Phalanstère tire son nom de la contraction du mot « phalange » (regroupement) et du mot « stère » (solide). C'est un ensemble de bâtiments à usage communautaire qui se forme par la libre association et par l'accord affectueux de leurs membres. Pour l'auteur, les phalanstères formeront le socle d'un nouvel État.

Dans la théorie de Charles Fourier, le phalanstère est une sorte d'hôtel coopératif pouvant accueillir 400 familles (environs 2 000 membres) au milieu d'un domaine de 400 hectares où l'on cultive les fruits et les fleurs avant tout. Fourier décrira à loisir les couloirs chauffés, les grands réfectoires et les chambres agréables.

Destiné à abriter 1 800 à 2 000 sociétaires, le phalanstère est un bâtiment de très grande taille : une longueur de 600 toises, soit environ 1 200 m, à comparer aux 500 m du château de Versailles ; une surface occupée – bâti et non bâti — d'environ 4 kilomètres carrés ; des arcades, de grandes galeries facilitant les rencontres et la circulation par tous les temps ; des salles spécialisées de grande dimension (tour-horloge centrale, bourse, Opéra, ateliers, cuisines) ; des appartements privés et de nombreuses salles publiques ; des ailes réservées au « caravansérail » et aux activités bruyantes ; une cour d'honneur de 600 m x 300 m, dans laquelle tiendrait la grande galerie du Louvre ; une cour d'hiver de 300 m de côté (à comparer aux 100 m de la Place des Vosges) plantée d'arbres à feuillage persistant ; des jardins et de multiples bâtiments ruraux…

Les phalanstères ont fait l'objet de tentatives d'application nombreuses en France et aux États-Unis au XIXe siècle, mais à l'exception notable du familistère de Guise, toutes ont échoué plus ou moins rapidement. Mais après 1968, l'idée a stimulé certaines initiatives, notamment la communauté de Longo Mai en Provence.

Voici une description du phalanstère idéale faite par Victor Considérant, l’un des plus fervents disciples de Fourier. Elle est tirée de la brochure « Description du phalanstère » publiée en 1846 :

« Contemplons le panorama qui se développe sous nos yeux. Un splendide palais s’élève du sein des jardins, des parterres et des pelouses ombragées, comme une île marmoréenne baignant dans un océan de verdure. C’est le séjour royal d’une population régénérée. Devant le Palais s’étend un vaste carrousel. C’est la cour d’honneur, le champ de rassemblement des légions industrielles, le point de départ et d’arrivée des cohortes actives, la place des parades, des grandes hymnes collectives, des revues et des manœuvres. La route magistrale qui sillonne la campagne de ses quadruples rangées d’arbres somptueux, bordées de massifs d’arbustes et de fleurs, arrive, en longeant les deux ailes avancées du Phalanstère, sur la cour d’honneur, qu’elle sépare des bâtiments industriels et des constructions rurales, développées du côté des grandes cultures. Au premier rang de la ville industrielle, une ligne de fabriques, de grands ateliers, de magasins, de greniers de réserve, dresse ses murs en face du Phalanstère. »

— Georges Jean, Voyages en Utopie

La pensée de Charles Fourier

La quête de Fourier est celle d’une harmonie universelle. Il présente sa théorie comme résultant d’une découverte scientifique dans le domaine passionnel, parachevant la théorie de la gravitation d’Isaac Newton dans le domaine matériel. Dans le cadre de cette théorie dite de l’Attraction passionnée, l’univers serait en relation avec les passions humaines, qu’il reflèterait. Ainsi déclare-t-il possible de s’informer sur les situations passionnelles humaines en observant notamment les animaux et les plantes terrestres, et en appliquant à ces observations un raisonnement analogique dont il donne quelques clés.

Fourier classe hommes et femmes en 810 catégories. Ces catégories correspondent à autant de passions, sous-passions, sous-sous-passions, etc. différentes. Sur cette base de 1620 caractères qu'il appelle une phalange, il jette l’organisation des phalanstères composés, comme il se doit, d’autant de personnes.

De fait, chaque personne au sein du phalanstère œuvre selon ses affinités, tout en accordant une place particulière à l’agriculture, ainsi qu’aux arts et aux sciences.

Il pose ainsi les premières bases d'une réflexion critique portant sur la société industrielle naissante et ses défauts les plus criants. Selon lui, pour faire cesser les vices de la société civilisée, il suffit de faire confiance aux indications données par l’Attraction passionnée, cette impulsion donnée par la nature antérieurement à la réflexion, et persistante malgré l’opposition du devoir, du préjugé, etc. .

Charles Fourier considère ainsi que l’attirance naturelle des humains pour l’activité et la vertu est totalement entravée et pervertie par le travail, un état où l’homme s’impose à regret un supplice, et par la morale, cette mortelle ennemie de l’attraction passionnée.

Il propose donc, après mûrs calculs et réflexions, ces sociétés idéales composées d'une phalange de 1620 individus de tous âges, nommées phalanstères où chacun s’active dans de multiples groupes fréquentés successivement dans la journée. Les groupes principaux sont appelés des séries, constituées de gens réunis passionnément par identité de goût pour quelque fonction. L’intégration dans le groupe est réalisée en toute liberté et par choix réciproque, comme de nos jours se constituerait un orchestre amateur ambitieux.

Il faut savoir que chacun y est rétribué après répartition des dividendes annuels du phalanstère d’abord entre les séries, puis entre les groupes qui les composent. Vient ensuite la répartition entre les individus. La méthode est identique pour chaque échelle : le montant dépend du rang occupé dans le phalanstère. Ce rang est déterminé selon divers critères, appliqués à l’intérieur de trois classes : nécessité, utilité et agrément. Ce n’est pas la valeur marchande des produits qui entre en ligne de compte, mais leur capacité à susciter le désir de produire, et leur potentiel d’harmonisation du phalanstère (mécanique d’attraction et d’harmonie).

La répartition entre l'intérêt individuel et l'intérêt collectif se réalise équitablement grâce à l’existence d'intérêts croisés, du fait même de la participation de chaque individu à de nombreux groupes (effet du libre essor de la passion du changement, la papillonne). Les dividendes attribués au groupe sont ensuite répartis entre les individus qui le composent, en prenant bien soin de s’appuyer sur la cupidité en premier (accord direct), afin que la générosité (accord indirect) puisse s’exprimer ensuite. Sont ainsi constitués trois lots, 5 à 6/12e pour le travail, 4/12e pour le capital et 2 à 3/12e pour le talent (lot dont sont exclus les novices).

Les dividendes ainsi perçus viennent en positif sur le compte de chaque individu (et non de chaque famille, les enfants étant émancipés dès l’âge de 3 ans). Sur ce compte sont inscrits en négatif le revenu minimum annuel garanti à chacun dès l’âge de trois ans révolus, et le coût des biens et services qu’il a obtenus du phalanstère au cours de l’année (costumes, repas, autres fournitures et services ...). Le solde positif n’est donc distribué qu’en fin d’année, et seulement à leur majorité pour les mineurs.

Charles Fourier promeut ainsi plusieurs idées très innovantes dont la création de crèches, l'une des premières tentatives de libération de la femme. Il faut insister sur la libre et sage audace de Fourier à une époque où les femmes se trouvent en position subalterne : Les progrès sociaux, écrit-il, s’opèrent en raison des progrès des femmes vers la liberté et les décadences d’ordre social en raison du décroissement de la liberté des femmes. (Théorie des Quatre mouvements).

Fort de ses convictions, il tente de faire réaliser un phalanstère expérimental par quelques mécènes fortunés, mais n’y parvient pas de son vivant. Après sa mort, quelques tentatives de création de communautés utopiques ont bien lieu, mais à part le Familistère de Godin, toutes faillissent du fait de querelles internes. De toute façon, aucune n'approche le bonheur promis par le théoricien socialiste, en raison du non respect de ses prescriptions, sans doute trop libertaires pour l’époque de leur réalisation.

Quoi qu'il en soit, par sa réflexion sur l’organisation du travail, sur les relations entre les sexes, entre l’individu et la société, ... il apparaît comme un précurseur et du socialisme et du féminisme français.

Réalisations

Carte postale : le familistère de Guise vue de l'intérieur ?

Dans sa vie, Charles Fourier lança plusieurs appels au mécénat auxquels personne ne répondit. Les phalanstères qui furent construits après sa mort ne reprirent pas l’ensemble de ses idées, oubliant pour la plupart tout ce qui était contraire à la morale (polygamie, libertinage, etc.).

Le premier essai, qui eut lieu trois ans avant la mort de Fourier, en 1833 à Condé sur Vesgre se solda par un échec total. C’est le député Baudet Dulary qui, convaincu par Fourier, offrit 500 hectares pour la création d’une communauté. Victor Considérant, l’un des plus fervent disciple de Fourier organisa la construction de fermes, d’ateliers et de briqueteries et en automne, c’est 1100 personnes qui vinrent participer à la communauté. A la fin de l’hiver il n’en reste plus que 200, les autres étant parties à cause de l’insalubrité des constructions et du froid. Au début de l’année 1834, on décide d’abandonner les lieux.

En septembre 1841, à Cîteaux, la poétesse belge Zoé Charlotte Gatti de Gamond, après avoir écrit “ Réalisation d’une commune sociétaire d’après la théorie de Charles Fourier ” et avec l’aide d’Arthur Young, un disciple fortuné, créa une nouvelle communauté. Différentes vagues de colons s’y succédèrent mais elle sera abandonnée en mars 1846 parce que la production n’assurait pas la survie de tous les copropriétaires.

Toujours en 1841, le docteur homéopathe Jean-Benoît Mure négocia avec le gouvernement brésilien afin d’obtenir une concession territoriale sur la presqu’île de Sahy dans l’Etat de Santa Catarina pendant que les ouvriers Jumain et Michel Derrion fondèrent sur les rives du Palmitar, un fleuve brésilien, une nouvelle Union Industrielle. Ces deux tentatives se terminèrent rapidement, faute de moyens et de colons.

Le 31 décembre 1845, un groupe d’avocats, de médecins, d’ingénieurs et d’officiers fouriéristes de Lyon et de Franche-Comté fondèrent l’Union Agricole d’Afrique à Saint-Denis du Sig, en Algérie. La rigueur militaire du règlement dissuada beaucoup de colons et cet essai se changea rapidement en une société normale basée sur le salariat.

Aux États-Unis, c’est Albert Bisbane, un disciple américain de Fourier ayant étudié en Europe[1] qui propagea ses théories. Il publia en 1840 à Philadelphie un ouvrage de vulgarisation des théories fouriéristes, Social Destiny of man qui eut beaucoup de succès. Malgré le nombre élevé de phalanx américaines, il reste peu de documents d’époque. On peut toutefois citer comme d’inspiration fouriériste la communauté agricole de Pacon Mountains fondée par des artisans de Brooklyn en 1842 qui dura quelque mois, la communauté fouriériste évangélique de Northampton fondée par le révérend William Adams en 1843 qui dura six ans, la communauté de Brook Farm fondée en 1844 près de Boston par George Ripley qui dura cinq ans, la North American Phalanx fondée en 1843 par Brisbane et Greeley et composée d’environ 200 membres qui dura treize ans ou encore la communauté Topolobampo, fondée par un ingénieur pennsylvanien dans la baie d’Ogüira sur la côte nord-ouest du Mexique, qui dura jusqu’en 1895.

Après la Révolution de 1848, Victor Considérant, qui propageait toujours les théories fouriéristes en Europe, dut s'exiler en Belgique parce qu’il s’était opposé au rétablissement temporel du pouvoir papal. Il rencontra Brisbane qui le décida à fonder en mai 1854 la communauté Reunion à Dallas, au Texas. Après que Considérant eut publié son appel Au Texas, nombre de colons français vinrent s'établir à Reunion. Mais ce fut un échec et Considérant déserta la colonie pour s'établir à San Antonio.

À Guise (Aisne), Jean-Baptiste Godin a conduit dans la seconde partie du XIXe siècle une expérience de familistère partiellement inspirée du phalanstère. La statue de Fourier, place de Clichy, à Paris, fut inaugurée en juin 1899 par son disciple Jean Adolphe Alhaiza.

Anecdotes

Michel Bovani a réalisé une police de caractères dérivée d’Utopia qu’il a nommé Fourier, en hommage à Charles Fourier.

En tête à tête avec lui-même

De 1825 à 1835, Charles Fourier conviait tous les jeudis d'éventuels mécènes à dîner avec lui, pour leur exposer son projet de phalanstère et les convaincre de le financer. Attendant désespérément un riche industriel aussi fortuné qu'enthousiaste, il dîna finalement seul tous ces jeudis pendant dix ans[2]... (Anecdote inventée ou propagée par Béranger).

Les quatre pommes

Marx et Engels voient dans sa pensée utopique une critique radicale de la société de leur temps. Sa pensée réside d'abord dans une critique acerbe de la société industrielle qu'il qualifie d'anarchie industrielle, puis celle de la société commerçante : à Marseille, Charles Fourier avait été obligé par son patron de jeter des sacs de riz à la mer afin d'en maintenir le prix.

Un soir, Fourier voit dans un grand restaurant parisien un client (pour la légende : Brillat-Savarin, le célèbre gastronome) payer une pomme 14 sous, alors que le matin-même à Rouen, ville qu'il vient de quitter, il venait d'en acheter une pour le centième de cette somme ! Pour Fourier, une telle distorsion dans les prix est totalement injustifiée et condamne toute société fondée sur l'échange tarifé et la concurrence.

Cette remarque lui inspire une théorie sur le progrès de l'humanité, jalonné par 4 pommes fameuses :

celle qu'Ève offrit à Adam,
celle que Pâris offrit à Aphrodite,
celle que Newton prit sur la tête en dormant,
et la sienne (pomme de Fourier) qui lui révèle la malfaisance des intermédiaires, la féodalité mercantile, l'ampleur de l'imposture commerciale, et à la fois le principe de l'attraction des passions humaines que lient les messages de la pomme !

Quelques aspects de la théorie de l’attraction passionnée

Charles Fourier estime que l’attraction passionnée, cette impulsion donnée par la nature antérieurement à la réflexion, et persistante malgré l’opposition de la raison, du devoir, du préjugé, s’exprime en chaque être humain par l’intermédiaire de douze aiguillons. Il appelle ces aiguillons les douze passions radicales. Le libre essor de celles-ci conduit à satisfaire le besoin d’unité, ou unitéisme, gage de l’harmonie universelle des humains entre eux et avec la nature. Il distingue ainsi :

  • cinq passions sensuelles, tendant à épanouir les cinq sens physiologiques ;
  • quatre passions affectives, tendant à former spontanément des groupes : ambition, amitié, amour, famillisme ;
  • trois passions organisatrices, tendant à harmoniser entre elles les neuf précédentes : cabaliste ou goût de l’intrigue et du calcul, papillonne ou goût du changement, composite ou goût pour l’assemblage des plaisirs des sens et de l’âme qui engendre l’exaltation.

Dans le cycle de l’humanité de 80 000 ans présenté par Charles Fourier, la huitième période qu’il considère comme la première phase d’Harmonie rompt avec le système de domination au profit d’un système d’association domestique et agricole. Grâce à l’abondance générée par le libre cours laissé à la productivité naturelle des humains, le Phalanstère est un lieu de vie luxueux, et en même temps l’unité de base de la production. Il comprend un immense palais prolongé par des bâtiments ruraux, au-delà de la grande route qui limite la cour d’honneur. En Harmonie, l’industrie manufacturière est subordonnée à l’agriculture, elle même réalisée en lien avec les cultures et passions locales . L’ensemble immobilier est ainsi placé dans un décor champêtre bigarré et entrelacé, en raison de la recherche du meilleur terroir pour chaque espèce cultivée. Charles Fourier nomme une telle organisation agricole l’ordre engrené pour le distinguer de l’ordre massif, celui de l’agriculture traditionnelle qui présente cultures et forêts en grandes masses séparées. Plus loufoque encore, certaines transformations écologiques qui devraient se réaliser : des hommes chevauchant des poissons pour se déplacer, des fontaines naturelles de limonade...

La planète est librement et constamment parcourue par de grandes bandes composées principalement de jeunes hommes et femmes, accompagnés d’adultes d’âge mûr passionnés d’aventure. Ils assurent les travaux d’ampleur exceptionnelle, et leurs passages successifs dans les phalanstères de la planète suscitent en particulier les intrigues amoureuses qui rendent la vie en Harmonie digne d’être vécue. Logés au dernier étage dans les caravansérails, ils sont nourris par les phalanstériens avec les mets et préparations très gastronomiques que l’organisation en séries passionnées permet de produire en grande quantité et sans effort. Les fêtes se succèdent pendant le séjour, avec des spectacles hauts en couleur dont l’excellence est rendue possible par l’importance donnée aux arts de la scène, à la chorégraphie et à la gymnastique dans l’éducation dès le plus jeune âge. A ce sujet, il imagine même qu'à intervalles réguliers, de grands écrivains viendront au monde pour exalter la réussite de cette communauté.

Dans un phalanstère, les journées d’activité sont longues, les nuits sont courtes. Les phalanstériens ne connaissent pas la fatigue due à la monotonie des tâches, au non-respect des rythmes naturels, aux dissensions générées par l’absence de choix des compagnons de production et à la hiérarchie non fondée sur le talent. Bien au contraire, s’activer successivement dans de nombreux groupes passionnés est une joie de tous les jours, qui conduit la vieillesse à être belle et attirante. Ainsi la considération et l’affection des plus jeunes lui échoient-elles naturellement.

Œuvre

  • Sur les charlataneries commerciales, Lyon, 16 p., 1807
  • Théorie des 4 mouvements et des destinées générales, Lyon, 1808
  • Le nouveau monde amoureux, 1816 (première publication 1967)
  • Traité de l'association domestique-agricole, 2 volumes, Lyon, 1822
  • Théorie de l'unité universelle, 1822-1823
  • Sommaire et annonces du Traité de l'association domestique-agricole, Paris, Londres, 1823
  • Mnémonique géographique ou méthode pour apprendre en peu de leçons la géographie, la statistique et la politique., Paris, 1824
  • Le Nouveau monde industriel et sociétaire ou invention du procédé d'industrie attrayante etnaturelle, distribuée en séries passionnées, Paris et Londres, 1829
  • Le Nouveau monde industriel, ou invention du procédé d'industrie attrayante et combinée, distribuée en séries passionnées. Livret d'annonces, Paris, 1830
  • Pièges et charlatanisme des deux sectes SAINT-SIMON et OWEN, qui promettent l'association et le progrès., Paris, 1831
  • La fausse industrie morcelée répugnante et mensongère et l'antidote, l'industrie naturelle, combinée, attrayante, véridique donnant quadruple produit, 2 volumes, Paris, 1835-1836
  • Plan du Traité de l'attraction passionnelle, qui devrait être publié en 1821, Paris, 1836
  • PostSriptum à la Lettre confidentielle des membres de la réunion du 31 juillet..., Paris, 1837
  • Œuvres complètes, 6 vol., Paris, La Phalange, 1841-1845
  • Manuscrits, 10 volumes, Paris, La Phalange, 1845-49
  • De l'anarchie industrielle et scientifique, Paris, Librairie Phalanstérienne, 1847
  • Manuscrits - 4 volumes, Paris, Librairie Phalanstérienne, 1851-1858
  • Hiérarchie du cocuage, Paris, Éd. Du siècle, 1924
  • Le nouveau monde amoureux, Paris, Anthropos, 1967
  • Œuvres complètes, 12 volumes, Paris, Anthropos, 1966-68
  • L'ordre subversif. Trois textes sur la Civilisation, Paris, Aubier Montaigne, 1972
  • Le charme composé, Paris, Fata Morgana, 88 p., 1976
  • Hiérarchie du cocuage, Ed. Analatyca, 77 p., 1990
  • Citerlogue, accord de la morale avec les droits naturels par absorption composée, Paris, Fata Morgana, 88 p., 1994
  • Le nouveau monde amoureux, Paris, Stock, 515 p., 1999
  • Vers une enfance majeure, Paris, La Fabrique, 240 p., 2006.

Notes et références

  1. Albert Brisbane rencontra par exemple Victor Cousin, illustre philosophe français, à la Sorbonne ou encore Hegel, illustre philosophe allemand, à l’université de Berlin.
  2. Les Grands Economistes, Robert L Heilbroner

Voir aussi

Bibliographie

  • Nicole Chosson, Annie Trassaert, Martin Verdet et Simone Debout, « Charles Fourier : l’illusion réelle, par Simone Debout », Paris, DVD, 2008
  • Patrick Tacussel, L'imaginaire radical, Dijon, Les presses du réel, 2007
  • Simone Debout, L’utopie de Charles Fourier, Dijon, Les presses du réel, 1998
  • Jonathan Beecher, Fourier, le visionnaire et son monde, Paris, Fayard, 1993
  • Jonathan Beecher, « Fourier, Charles », dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, tome 44, Paris, Editions de l’Atelier.
  • Cahiers Charles Fourier, Besançon, un volume par an depuis 1990
  • Simone Debout, L’Utopie de Charles Fourier, Paris, Payot, 1978
  • Jacques Debu-Bridel, Fourier (1772-1837), Genève, Trois Collines, 1947
  • Henri Desroche, La Société festive. Du fouriérisme écrit aux fouriérismes pratiqués, Paris, Seuil, 1975
  • René Schérer, Charles Fourier ou la contestation globale, Paris, Seghers, 1970
  • Pascal Bruckner, Fourier, Paris, écrivains de toujours / édition du Seuil, 1975

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