Famille Binet de Boisgiroult de Sainte Preuve

Famille Binet de Boisgiroult de Sainte Preuve
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Famille de la noblesse française originaire d'Île-de-France qui s'est principalement illustrée dans la domesticité royale entre le milieu du XVIIe siècle et le milieu du XIXe. Elle a été anoblie par le roi Louis XV en 1718.

Armes : « d’azur à la fasce d’or accompagnée en chef d’une étoile d’argent et en point de deux épis d’or »

alias « d’azur à un chevron d’or accompagné de trois étoiles de même, deux en chef et une en pointe » (armes portées au XIXe et début XXe siècles, issues d'une confusion avec les armes de la famille Binet de Bassemaison, aujourd'hui éteinte). Couronne de baron.

Titres : baron de Marchais puis baron de Sainte Preuve (titres de courtoisie).

Devise : « Pour de vrai » (XIXe siècle)

Sommaire

Origines

Lors de l'anoblissement de la famille en 1718, la brève généalogie dressée par d'Hozier situe les origines de la famille en Touraine. Pourtant, rien ne permet de prouver cela et les origines les plus anciennes situent la famille en Île-de-France, particulièrement à St-Germain-en-Laye, au XVIIe siècle. Le nom de Binet est une aphérèse du prénom Robin ou Albin. Dès 1720, date de l'achat de la seigneurie du Bois-Giroult, la famille se fit connaître sous le nom de Binet de Boisgiroult. Le fief et seigneurie du Bois-Giroult était un demi-fief de haubert sis en la paroisse de Notre-Dame de Creton (aujourd’hui commune de Buis-sur-Damville dans l’Eure). Au XIIIe siècle le premier seigneur de ce lieu boisé s’appelait Gauthier de Giroult d’où le nom du fief. La baronnie de Marchais et les seigneuries de Liesse et Sainte-Preuve situées à 12 km au nord-est de Laon (Aisne) furent acquises par Georges-René Binet en 1738. Le second fils de ce dernier, Louis-René, se sépara de ce fief mais en conserva le nom. Son fils, Louis-Joseph-Xavier, fut connu le premier sous le titre de baron de Sainte Preuve qui a été conservé depuis lors par le chef de famille.

Personnalités

  • Georges René Binet, sgr de Boisgiroult et de Sainte Preuve, baron de Marchais, né le 29 janvier 1688, décédé le 17 octobre 1761. Il présenta sa « cousine », Jeanne Antoinette Le Normand d'Etioles, future marquise de Pompadour, au roi Louis XV.
  • Francis Georges Binet de Boisgiroult, baron de Sainte-Preuve, scientifique français, né à Londres le 15 septembre 1800, décédé le 2 avril 1873.

Généalogie

1. Georges Binet, garçon de la chambre du roi Louis XIV

Il dut naître dans la première moitié du XVIIe siècle. Il est sans doute le premier Binet à s’être mis au service de la famille royale en devenant Garçon de la chambre du roi Louis XIV. En mars 1663, il fut nommé maréchal des logis au Régiment Royal d’Infanterie. Il avait épousé Marie Rousseau, décédée en 1662. Il mourut lui-même en février 1672 à Paris, paroisse Saint Germain l’Auxerrois, rue du Coq (rue qui a disparu lorsqu’a été percée la rue de Rivoli) où il résidait probablement[1].

2. A. Jacques Louis (ou Louis Jacques) Binet, anobli par le roi Louis XV

Fils du précédent, il fut pourvu des deux mêmes charges que son père. Il épousa, le 11 mai 1682 en la chapelle du château de Saint Germain en Laye, Louise Berthelot, née le 7 septembre 1657, fille d’Honorat Berthelot, sieur de la Rabellerie (en Touraine), gouverneur de la volière du château neuf de Saint Germain en Laye, et de Marie Berthin. Le contrat de mariage fut signé par le Roi lui-même : Louis XIV était le protecteur de Jacques Louis et peut-être même son parrain. Ils eurent au moins trois enfants : Louis Jacques, né le 12 juillet 1683, qui eut pour parrain noble homme Louis Bontemps (fils d’Alexandre Bontemps, conseiller du Roi et son premier valet de chambre ordinaire, et de Claude Marguerite Bosc) et pour marraine Jeanne Bosc, veuve d’Etienne de La Roche, Georges René et Marie Louise qui sont évoqués ci-après. Faut-il penser que c’est à Jacques Louis que fait allusion une plaquette sur Versailles écrite par Jacques Levron en 1972 ? « Les appartements de Louis XIV donnant sur la galerie des glaces comprenaient trois pièces : le cabinet du conseil, la chambre du Roi et l’antichambre de l’œil-de-bœuf. Sous le règne de Louis XIV, le cabinet du conseil était partagé en deux : le cabinet du Roi où il présidait le conseil d’En-Haut et le cabinet de la perruque où le fidèle Binet, premier valet de chambre (en fait à l’époque garçon de la chambre) conservait les perruques en cheveux naturels de Sa Majesté et lui offrait la perruque du jour ». Il exerça ses charges avec tant d’attachement et de fidélité que le roi Louis XIV témoigna en plusieurs occasions combien il était content de son zèle. En raison des services accomplis par Georges et Jacques Louis Binet, il parut légitime d’attribuer une récompense à la famille. Jacques Louis Binet fut donc anobli, lui et sa postérité :

«Voulons encore et nous plaist, — fit-on dire au jeune Louis XV — que lui, ses enfants et descendants soient tenus et réputés pour nobles, qu’ils prennent la qualité d’écuyers en tous actes et endroits, tant en jugement qu’autrement, et qu’ils puissent parvenir à tout degré de chevalerie, gendarmerie et autres réservés à noblesse, acquérir, tenir et posséder toutes sortes de fiefs, terres, seigneuries et héritages nobles, de quelque titre et qualité qu’ils soient, jouir et user de tous honneurs, autorités, prérogatives, prééminences, privilèges, franchises, libertés, exemptions et immunités dont jouissent et ont accoutumé de jouir les autres nobles de notre royaume, tout ainsi que si ledit sieur Binet était issu de noble et ancienne race ; lui permettons et à sesdits enfants et descendants de porter les armoiries timbrées, telles qu’elles seront réglées par le sieur d’Hozier, juge d’armes de France... les faire mettre, graver et insculpter en leurs maisons, terres et seigneuries».

Jacques Louis Binet mourut le 28 juin 1732 au château neuf de Saint Germain en Laye, âgé de soixante-et-onze ans. Il fut inhumé dans l’église de cette ville. Son épouse, Louise Berthelot, était décédée le 11 juillet 1704.

2. B. Marie Louise Anne Binet

Sœur de Jacques Louis. Mariée le 27 décembre 1671 à René Courdoumer (l’acte de mariage fut signé de Louis XIV, la reine Marie-Thèrèse et de Louis le Grand Dauphin), garçon de la chambre du dauphin, fils de Maître René Courdoumer, notaire royal au duché de Vendômois, et de Marie Crespin, mort le 15 janvier 1707. Ils eurent plusieurs enfants, dont au moins : Marie Anne, née le 14 septembre 1680, dont le parrain fut Antoine Bamavon ; Catherine, née le 17 octobre 1683, Jacques Louis, né le 12 juillet 1684 qui fut écuyer et premier valet de garde-robe du roi, déclaré vivant en 1761 ; Louise, née le 19 décembre 1689. Elle était encore vivante en 1718.

3. A. Georges-René Binet

Généralités

Fils du précédent, il naquit le 30 janvier 1688 à Saint-Germain-en-Laye. Il fut baptisé le lendemain en la paroisse Saint-Germain de Paris et eut pour parrain son oncle, Pierre Trusson, garçon ordinaire de la chambre de Madame la dauphine, et pour marraine Catherine Berthin (sans doute une cousine de son père, Louise Berthelot était fille de Catherine Berthin), femme de Jacques Garnier, gentilhomme de la fauconnerie du roi. Il exerça d’abord, à la suite de son père et de son grand-père, la charge de garçon de la chambre du roi. Le 20 avril 1711, il épousa Madeleine Marcou, fille de Girard Marcou, architecte du roi. Celle-ci mourut peu après, le 31 octobre 1718, âgée de vingt-quatre ans, après avoir mis au monde au moins quatre enfants : Gérard, Louis René, Marie Elisabeth Cécile et Elisabeth (cette dernière, née le 29 septembre 1714, eut pour parrain son oncle Pierre Trusson, Contrôleur de la Maison du duc de Berry, et pour marraine Elisabeth Gilou).

Un grand propriétaire foncier

Le 24 avril 1720, Georges René devint seigneur de Boisgiroult par l’acquisition du domaine du Bois-Giroult situé en Normandie. Le 12 avril 1738, il acheta les terres de Marchais et de Liesse, et le 29 décembre 1741, la terre de Sainte Preuve, toutes situées non loin de Laon dans l’Aisne. Il devint ainsi baron de Marchais et Liesse, et seigneur de Sainte-Preuve. Georges-René fit de fréquents séjours en son château de Marchais ; il noua avec les habitants des relations cordiales. Il accomplissait régulièrement son service auprès du dauphin et ne donnait pas l’occasion de parler de lui.

Officier et premier valet de chambre du dauphin

Georges-René fit une brillante carrière d’officier : il fut mousquetaire du roi en 1704, cornette au Royal-Carabinier en avril 1708, capitaine de cavalerie au régiment Alzeau le 9 mars 1709, mestre de camp de cavalerie au régiment Dauphin-Etranger en 1723 et aide de camp du Maréchal de Villars ; il accumula également des charges importantes à la cour du roi Louis XV : premier valet de chambre du dauphin le 26 novembre 1735 (il s’agit du fils de Louis XV) ; contrôleur général de la Maison de la dauphine en 1751 ; gouverneur de la tour de Cordouan en Gironde, de la ville et du château de Châtillon-lez-Dombes ; gouverneur de la volière au château de Saint-Germain-en-Laye (charge héritée de son grand-père Berthelot) et fermier général à la fin de sa vie.

Chargé du transport des insignes royaux pour le sacre de Louis XV

En octobre 1722, pour le sacre de Louis XV, George René Binet est chargé du transport des objets du sacre ainsi que le mentionne l’acte suivant :

« Nous soussignez grand prieur et député religieux de l’abbaye royale de Saint-Denis en France pour assister au sacre de Sa Majesté Louis XV Roy de France et de Navarre, reconnaissons que Messire Georges René Binet, ecuier seigneur de Boisgiroux, conseiller du Roy en ses conseils, premier valet de garde-robe de Sa Majesté, chevalier de l’ordre militaire de Saint Louis, lieutenant du Roy de Châtillon-lez-Dombes et capitaine de cavalerie nous a remis aujourd’huy la couronne, le sceptre, la main de justice, l’épée, les éperons de Charlemagne et l’agraphe du manteau royal tirez du trésor de Saint-Denis et par nous apportez à Reims pour servir au sacre et couronnement de Sa Majesté. De plus, ledit sieur nous a remis le manteau royal, la dalmatique, la tunique, la camisole et les bottines qui ont servi ce jourd’huy au sacre de Sa Majesté pour le tout estre reporté en ladite abbaye de Saint-Denis et remis au trésor pour y être gardé suivant la coutume pratiquée en pareilles cérémonies en foy de quoy nous avons signé et délivré ladite présente décharge audit sieur Binet. Fait à Reims ce vingt-sept septembre vingt-deux ». (Signé François Anceaume, grand prieur, François de Gaverolles, trésorier et député, Jean-Baptiste de Bourneuf, député).

Il présente sa parente, la future marquise de Pompadour, à Louis XV

Une circonstance se présenta où il attira les regards de la Cour : Georges-René était parent des Le Normand d’Étioles. Au début de l’année 1745, il introduisit madame d’Étioles auprès du roi Louis XV.

Les historiens s’opposent quant au rôle exact qu’il joua dans cette affaire. Selon Jacques Levron, « Binet, premier valet de chambre du Dauphin était un honnête homme et il subsiste un doute sur le rôle qu’il a pu jouer dans l’intrigue. Qu’il ait introduit Jeanne Antoinette au château c’est probable. Mais celle-ci y venait pour solliciter, en faveur de son époux, une place de fermier général. Il n’y avait rien de répréhensible à cette démarche. Et puis, on pouvait bien venir au château sans voir le roi lui-même ». Le duc de Castries écrit de son côté : « Madame d’Etioles et sa mère avaient à Versailles un accès relativement aisé car Binet, premier valet de chambre de Louis XV (ou de son fils le Dauphin plus probablement) qui avait succédé à Bachelier, était parent assez proche des Le Normant. On assure que Binet n’a peut-être pas joué le rôle que la chronique scandaleuse lui attribue et l’estime dans laquelle le tinrent certains grands personnages semble prouver qu’il n’était pas l’homme de toutes les complaisances ». Selon l’auteur anglais Nancy Mitford, Louis XV « avait certainement le désir d’établir une maîtresse en titre ; il confia au sieur Binet qu’il était las d’aller d’une femme à l’autre. Dans ce cas, observa Binet, il pouvait difficilement trouver mieux que Madame d’Etioles, laquelle l’aimait si follement qu’elle en perdait le sommeil. Il semble que Binet ait pris l’affaire en main ». Il est indéniable que la jeune Jeanne Antoinette Poisson avait fait un but avoué de devenir la maîtresse du roi, ce qui semblait une gageure impossible puisqu’elle était issue de la bourgeoisie. Jeune fille très douée et d’une grande beauté, il semble qu’elle fut très troublée de la prédiction d’une cartomancienne qui lui avait fait miroiter qu’elle deviendrait la maîtresse du roi. Comme beaucoup de femmes de ce temps, Jeanne Antoinette était amoureuse du roi qui passait pour le plus bel homme du royaume. La proximité de sa propriété d’Etioles et de Choisy lui permit de se faire remarquer de Louis XV et elle y mit de l’insistance sans espérer réussir pour autant. Sa chance fut d’arriver à un moment opportun : le roi venait de perdre son ancienne maîtresse, la duchesse de Châteauroux, et Richelieu conseillait au roi une maîtresse issue de la bourgeoisie. La favorite sut s’établir une position très solide à la Cour, s’occupant de politique, protégeant les arts et les lettres. Elle demeura vingt ans à Versailles, jusqu’à sa mort en 1764 occupant une position très enviée auprès de Louis XV.

Une fortune considérable

Sa parenté avec les Binet ne fit que renforcer leur position. Un brevet du roi en date du 16 novembre 1751 attribua à Georges René un terrain sur l’avenue de Paris, à Versailles, où il confia à de Marne, entrepreneur versaillais, la construction d’un logis à l’italienne (aujourd’hui Chambre de commerce de Versailles) qu’il habita jusqu’à sa mort. Son premier hôte de marque en 1753 est Stanislas, roi de Pologne, père de la reine Marie Leszczynska[2]. Par la suite, son fils le vendit à madame du Barry qui le fit agrandir. Le roi lui attribua en outre une pension. Ainsi, il laissa une importante fortune à sa mort le 17 octobre 1761. L’acte de succession nous apprend qu’il possédait à Saint-Germain-en-Laye les hôtels de Soubise, de Conti, de Mademoiselle, de Lauzun et de Melleroy. La succession se monte à 1 093 801 livres 15 sols 11 deniers. On apprend dans le même acte que le propre valet de chambre de Georges René était un certain La Salle.

3. B. Marie-Louise Binet

Sœur de Georges René, épousa en janvier 1707 François Raymond de Brach, seigneur de la Motte-Montussan, qui fut chevalier de l’ordre royal de Saint-Louis et qui était pourvu des charges de premier lieutenant de la compagnie des grenadiers à cheval du roi, et de mestre de camp de cavalerie. Ils eurent un fils, François Élie, qui épousa le 19 septembre 1734 sa cousine germaine Marie Élisabeth Cécile Binet, qui suit.

4. A. Gérard Binet, baron de Marchais et de Liesse

Fils aîné du précédent, il naquit en 1712.

Officier et premier valet de chambre du roi

A l’instar de son père, il fit carrière dans les armes : d’abord enseigne, il devint lieutenant le 13 novembre 1732, capitaine aide-major au régiment de Ségur-Brancas le 23 février 1736 puis, le 15 août 1739, il fut nommé par le roi major au régiment royal corse. Il fut également décoré de la croix de Saint-Louis. Son père acheta pour lui la survivance de la charge de premier valet de chambre du roi, qu’il exerça à partir de 1747. La même année, la faveur de la marquise de Pompadour lui fit épouser Élisabeth Josèphe de Laborde, fille de Jean-François de La Borde, fermier général du roi. Le mariage fut célébré le 9 avril 1747, en l’église Saint-Eustache à Paris. Georges-René constitua en dot à son fils en avance de son héritage « les terres et seigneuries de Marchais et Notre-Dame de Liesse, Sainte-Preuve et dépendances, situées en Picardie ». Gérard et Élisabeth-Josèphe prirent dès leur mariage l’habitude de signer Binet de Marchais et Laborde de Marchais. L’un et l’autre furent dès lors connus sous le nom de monsieur et madame de Marchais. Monsieur de Marchais aimait se retirer hors du monde, aller à Marchais, où après 1749, il fit d’assez fréquents séjours. C’était un homme délicat, plutôt solitaire et discret. À la mort de son père en 1761, il se fit attribuer par le roi le gouvernement de la tour de Cordouan et en 1768 le gouvernement du Louvre. Il mourut le 8 juillet 1780 dans son appartement de Versailles.

Élisabeth-Josèphe de Laborde, baronne de Marchais

Elle naquit en 1725. Dotée d’une très forte personnalité, à la différence de son époux, elle fut incontestablement l’une des femmes les plus brillantes de la Cour à la fin de l’Ancien Régime. L’historien Lenôtre nous en donne la très flatteuse description suivante : « Un visage éveillé, des yeux rieurs, une bouche mignonne, des dents éblouissantes, des cheveux blonds admirables si long que dénoués, ils effleuraient le tapis ; avec cela futée, gracieuse, spirituelle, si charmante causeuse sans pédanterie aucune qu’on ne se lassait pas de l’entendre, chantant comme Euterpe, dansant comme Terpsichore et jouant la comédie comme Thalie en personne... ». La marquise de Pompadour, devenue une parente par alliance, en fit une recrue pour le théâtre des Petits cabinets, afin de distraire le roi. À la Cour, elle entra dans l’intimité du roi ; honneur suprême ! elle rencontra, dans ce cercle jalousement fermé, les Soubise, les Luxembourg, les Richelieu... En outre, elle se lia d’amitié avec un gentilhomme, Charles-Claude de Flahaut de la Billarderie, comte d’Angiviller, frère cadet de celui qui laisserait donner son nom au célèbre duc de Morny. Son salon était un « portique de l’Encyclopédie », selon l’expression des frères de Goncourt. Il n’y avait pas d’œuvre littéraire qui n’y fût examinée. Elle ne manquait pas non plus les réunions des divers grands salons parisiens.

Élisabeth-Josèphe de Laborde, comtesse d'Angiviller

Peu de temps après la mort de son époux, elle épousa en septembre 1781 son fidèle amant, le comte d’Angiviller, directeur des bâtiments du roi. La Révolution poussa ce dernier à émigrer tandis qu’Élisabeth-Josèphe refusa de l’accompagner hors de France. Afin de n’être pas inquiétée, elle sut jouer de ses dons naturels pour l’intrigue, abandonnant quelques bijoux aux sans-culottes, bien que gardant à son bras le portrait de Louis XV, offrant à la société populaire de Versailles un buste de Marat. À Marchais, elle abandonna aux révolutionnaires des archives féodales de sa baronnie, ayant pris soin de conserver à Versailles les pièces les plus importantes. Elle consentit même à accepter le 3 floréal an II (25 avril 1794) de divorcer de son époux, émigré depuis deux ans. Son excessive prudence lui fit déclarer qu’il lui était impossible d’écrire, afin de ne pas signer l’acte. Sous l’Empire, elle parvint à reconstituer autour d’elle une société brillante : toujours couchée, complimenteuse et doucereuse à l’excès, mais pleine de tact, elle recevait ses amis. Elle vivait allongée dans sa chambre, plongée dans une semi-obscurité. Les plantes et le confinement en rendaient l’atmosphère suffocante. C’est là, dans son hôtel versaillais (Hôtel de la Surintendance), qu’elle mourut le 14 mars 1808. Quand elle eut disparu, on s’aperçut qu’elle entretenait par ses libéralités plus de trente familles pauvres de Versailles.

4. B. Louis René Binet, seigneur de Boisgiroult

Frère du précédent, il naquit en 1713.

Officier et conseiller-secrétaire du roi

Cadet à Metz en 1728, il est cornette en 1733, capitaine le 24 avril 1738 et devient mestre de camp de cavalerie le 15 février 1748. A la suite de son père, il fut pourvu de la charge de premier valet de chambre du dauphin. En outre, il fut fait chevalier de l’ordre royal de Saint-Louis par le roi. Le 6 janvier 1751, sous l’impulsion de la reine, il épousa Anne-Hyppolite Dufour, fille du contrôleur général de la maison de la dauphine. Les fiançailles furent faites dans le grand cabinet de la dauphine et leur contrat de mariage fut signé par le roi et la reine. Le 13 mars 1746, il reçut en héritage de son père la charge de gouverneur de la volière du château de Saint-Germain-en-Laye. Le 8 mai 1751, il acquit les parts de son frère et de sa sœur dans la propriété du Bois-Giroult, qu’il revendit pour des raisons inconnues, le 27 mars 1759. En 1758, Louis René fut pourvu de la charge de conseiller-secrétaire du roi de la Grande Chancellerie de France.

Victime de la Révolution Française

Il mourut glorieusement, le 10 août 1792, en défendant la porte du roi au palais des Tuileries face aux révolutionnaires. Malgré son grand âge (79 ans), il montrait ainsi combien il était resté attaché à son roi.

Anne Hyppolite Dufour, première femme de chambre de la dauphine

Elle naquit en 1728 (?). Elle était la fille de Pierre Dufour, né en 1697 à Sauve, diocèse de Montpellier, contrôleur général de la maison de la dauphine, premier valet de chambre du dauphin, secrétaire du roi en 1754, et de Françoise Gonet, originaire de Lyon, nourrice du dauphin fils de Louis XV. Elle fut pourvue de la charge de première femme de chambre de la dauphine. Un ouvrage nous rapporte l’anecdote suivante : « Elle devait être l’héroïne d’une triste aventure et l’opprobre de sa famille. Besogneuse et débauchée, trop adonnée au jeu et trop laide pour avoir, malgré son esprit, des amant sans les payer, elle eut l’audace de voler à la dauphine un reliquaire de vermeil orné de diamants, provenant de la reine Marie Leczinska, et une pendeloque aussi en diamant. Il lui fallut expier son indignité. » Elle fut envoyée à Guingamp, dans une "maison de force", le quartier des pénitentes du Monastère des Sœurs du Refuge. Elle s'en échappa au bout de cinq mois et fut alors internée à Sainte-Pélagie à Paris puis au monastère des Bénédictines de Mantes comme dame pensionnaire. Elle mit à profit sa retraite forcée pour écrire un roman en deux volumes "les suites d'un moment d'erreur ou lettres de Mademoiselle de Keresmont" publié en 1775. Rentrée à Paris, elle y mourut en 1808.

4. C. Marie Élisabeth Cécile Binet

Sœur de Gérard Binet, baron de Marchais et de Louis René Binet, seigneur de Boisgiroult, décédée le 22 septembre 1780 à Montussan. Elle eut de François Élie de Brach — entre autres enfants — une fille Anne, née le 25 mars 1742, qui fut admise à la maison de Saint-Cyr et deux fils, Pierre François, seigneur de la Motte-Montussan et Gérard Louis, seigneur de Malleret qui prirent part en 1789 aux assemblées de la noblesse tenues Bordeaux. L’aîné de ces deux frères, bibliophile distingué, mourut au cours de cette même année ; il avait été nommé en 1778 chevalier d’honneur à la cour du parlement de Bordeaux. Le puîné, chef d’escadre des armées navales, fut guillotiné à Bordeaux le 20 janvier 1794. Cette branche de la famille de Brach est aujourd’hui éteinte[2].

5. Louis Joseph Xavier Binet de Boisgiroult, baron de Sainte Preuve

Fils de Louis René, il naquit le 2 mai 1754. Du fait de la position de ses parents, il fut tenu sur les fonts du baptême par le Dauphin et la Dauphine eux-mêmes. Officier de dragons, il fut connu, le premier, sous le titre de baron de Sainte Preuve. Pourtant, si son père semble avoir commencé à porter ce nom, il ne semble pas qu’ils aient, ni l’un ni l’autre possédé le domaine. Celui-ci était échu à Élisabeth-Josèphe après la mort de son époux ; elle le revendit, ainsi que la baronnie de Marchais le 20 mars 1801 à François Aumont, négociant demeurant à Paris. Néanmoins, c’est sous le titre de baron de Sainte Preuve que Louis Joseph Xavier prit part en 1789 aux assemblées de la noblesse tenues à Paris (section des faubourgs du Temple et de Saint-Antoine).

Emigré et marié en Angleterre

Plus tard, dans la tourmente révolutionnaire, après que son père eut été tué par les sans-culottes, il eut la sagesse d’émigrer en Angleterre (17 septembre 1791). Le 18 nivôse an XX, il se fit radier de la liste des émigrés en déclarant avoir quitté la France le 17 septembre 1791 pour se rendre à Londres « où il était appelé pour des affaires d’intérêt » En fait, il émigra pour faire la campagne des princes comme maréchal des logis des gardes du corps de Monsieur. Il se retira ensuite à Londres. Nous ignorons de quelle manière et dans quels lieux il y vécut. Nous savons qu’il y rencontra Marie Thérèse Winy-Fred Peirson qu’il épousa en 1796 selon l’acte de notoriété dressé le 11 avril 1806 (cet acte permettait le mariage civil en l’absence des actes originaux restés à Londres). Ils rentrèrent en France en 1803 avec trois enfants. Le 13 octobre 1806, ils légalisèrent leur union en se mariant civilement à Paris. Ils résidaient alors, avec leurs quatre enfants, au 58 de la rue de Provence. Le rapport de police pour la radiation de la liste des émigrés note leur indigence : « il a perdu 7400 Francs de rentes sur l’état et tous ses autres biens et sa veuve n’en possède aucun en France. L’aîné des enfants est surnuméraire dans les droits réunis. Les deux autres fils sont au lycée de Marseille aux frais du gouvernement, la fille est dans une pension et quelqu’un en fait les frais ; on rend les meilleurs témoignages sur sa conduite et sur ses sentiments ». Louis Joseph Xavier dut trouver un emploi d’écuyer commandant auprès de S.M. le roi Charles IV d’Espagne, exilé à Marseille sur ordre de Napoléon. Là, ils habitèrent au 101, rue du Paradis. Louis Joseph Xavier mourut en cette ville le 10 février 1811 à 17 heures.

Marie Thérèse Winy-Fred Peirson naquit à Londres le 4 janvier 1778. De nationalité britannique, elle était probablement issue d'une excellent famille anglaise, originaire de Stokesley, petite ville située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Newcastle-upon-Tyne. Elle était fille de James-Bradshaw Peirson et de Maria-Teresa Rescala, issue vraisemblablement d’une famille de la noblesse italienne. Cette dernière avait été, semble-t-il, demoiselle d’honneur de l’impératrice d’Autriche Marie-Thérèse. Un illustre membre de la famille Peirson s’était distingué à la bataille de Jersey en 1781, en défendant cette île contre les Français : il s’agit du major Francis Peirson qui mourut au cours de cette bataille. Bien que la parenté avec Winy-Fred n’ait pas été établie, il était sûrement un proche parent pour que celle-ci donnât son prénom à son second fils. Winy-Fred épousa Louis-Joseph-Xavier, de vingt-cinq ans son aîné, alors émigré en Angleterre. Ils rentrèrent en France au début de l’Empire. Devenue veuve en 1811 avec quatre jeunes enfants, elle quitta aussitôt Marseille où le couple s’était installé et regagna Paris. Elle résidait rue de Vaugirard où elle vécut modestement. Quelque temps après, elle se remaria à Jacques Denis Babolin Leprince, né en 1778 dont elle eut quatre autres enfants : Angélique, Winy-Fred, Achille et Joséphine. Les huit enfants furent élevés ensemble et ils en gardèrent, semble-t-il, des liens très forts. Deux des filles, Joséphine et Winy-Fred se consacrèrent à la vie religieuse dans la congrégation du Sacré-Cœur de Jésus et Marie. Achille partit s’établir à la Havane où il tint un commerce de louage de voiture. Il eut quatre enfants : Dionisio Vincente Miguel, Jose, Eduardo Concessio de la Trinidad et Emilio. Winy-Fred et son second époux assistèrent en 1826 au mariage de leur fils et beau-fils Henry-Frédéric. Leprince mourut le 20 août 1828 et Winy-Fred le 31 août 1833.

6. A. Louis Joseph Binet de Boisgiroult, baron de Sainte Preuve

Fils aîné des précédents, il naquit le 6 mars 1799 à Londres. Adulte, il s’engagea dans l’administration : inspecteur des contributions indirectes à Evreux (Eure) en mai 1850, directeur des droits réunis à Auch (Gers) en novembre 1852, Louis Joseph termina sa carrière comme directeur des contributions indirectes du département du Loiret. Il avait épousé Apolline Caillaux, née en 1802, décédée à Orléans le 10 septembre 1864. Par décret du 18 août 1863, l’empereur Napoléon III le nomma chevalier dans l’ordre impérial de la Légion d’Honneur. Parmi ses relations, il faut mentionner M. Victor Roger qui fut très certainement un grand ami puisqu’en 1862, il lui légua en usufruit sa propriété de la Motte-Saint-Firmin (Loiret). Louis Joseph y vécut jusqu’à sa mort le 12 août 1872 ; il y avait apparemment recueilli son frère Francis et peut-être sa demi-sœur Angélique. Mort sans enfant, il désigna son neveu Henry Charles Marie comme son héritier.

6. B. Francis Georges Binet de Boisgiroult, baron de Sainte Preuve

Frère du précédent et second fils de Louis Joseph Xavier, il naquit à Londres le 15 septembre 1800. Il fit ses études au lycée de Marseille et fut admis à l’Ecole Normale comme élève de la section des sciences en 1817. Agrégé des classes de sciences en 1821 puis professeur de mathématiques dans différents collèges et lycées, notamment à Charlemagne et à Saint-Louis, il avait créé dès 1827 une école d’industrie manufacturière, premier type de l’enseignement secondaire spécial. Mathématicien et physicien, il collabora à la rédaction de divers dictionnaires, notamment le dictionnaire de l’industrie manufacturière, commerciale et agricole. Il fut également l’auteur d’un manuel intitulé Notions de physique et de chimie applicables aux usages de la vie, qui n’eut pas moins de sept éditions, et de divers ouvrages : leçons élémentaires d’astronomie, notions de cosmologie, notions les plus essentielles sur la physique, la chimie et les machines, éléments de cosmographie 1835-1850 et également rédacteur en chef du magazine universel et collaborateur de la biographie universelle des contemporains (Paris 1836, 5 vol. in-8). Ainsi, par ses recherches, apporta-t-il sa contribution dans cette époque riche en inventions de toutes sortes qu’est le dix-neuvième siècle. Personnalité originale, il resta célibataire. Il mourut le 2 avril 1873 et fut inhumé à St-Firmin-sur-Loire.

6. C. Henry-Frédéric Binet de Boisgiroult, baron de Sainte Preuve

Frère des précédents, dernier fils de Louis Joseph Xavier, il naquit à Londres le 2 octobre 1802. Il débuta une carrière militaire sous le règne de Charles X : en 1830 il était dans la compagnie des garde-corps du roi à la compagnie de Noailles en qualité de sous-lieutenant de cavalerie. La révolution de Juillet, qui précipita la chute des Bourbons du trône de France, lui fit demander un congé illimité afin d’accompagner le roi Charles X à Cherbourg, puis en émigration en Angleterre. Curieusement, une étape à Argentan fit qu’il traversa le département de l’Orne où il s’installera quelque vingt ans plus tard.

Un couple au service du duc et de la duchesse d'Angoulême

Le 30 novembre 1826, il avait épousé Louise-Marie Dufour de Montlouis, née le 9 octobre 1808. Elle était issue d’une famille de dix enfants dont elle fut la seule à avoir une postérité. Elle était aussi parente d’Anne-Hyppolite Dufour, aïeule de son époux. Elle exerçait la charge de première femme de chambre de S.A.R. Madame royale, fille de Louis XVI, qui avait épousé son cousin germain le duc d’Angoulême, fils de Charles X et dauphin de France. Par cette union, Henry-Frédéric apportait un nouvel élan à la tradition de service des Binet auprès de la famille royale. La position de son épouse avait largement influencé leur départ. Après l’Angleterre, ils accompagnèrent la Cour en exil au long de ses pérégrinations à travers l’Europe. La Cour finit par se fixer en Autriche au château de Frohsdorf.

En exil à Frohsdorf

À propos de leur vie en exil, voici ce que rapporte Anne du Chesne de la Sicotière, baronne de Sainte Preuve, dans ses mémoires :

« Louise-Marie — Maria pour sa famille — était attachée à la princesse en qualité de première femme de chambre, ce qui ne lui donnait aucun rang à la Cour. Mais elle ne quittait pas la princesse qui lui témoignait une affection quasi maternelle et vivait auprès d’elle dans une intimité de tous les instants ; il n’en fallait pas plus pour exciter les jalousies. Quant à Henry-Frédéric, que la princesse avait élevé au rang de secrétaire particulier, il n’avait rien à faire, car par suite d’une bizarrerie qu’on ne s’est jamais expliquée, elle ne lui donnait aucune besogne à accomplir. Il aimait les travaux manuels, était très adroit de ses mains et employait ses loisirs à faire de la menuiserie et de l’ébénisterie. »

La mort de la duchesse d’Angoulême survint en 1851. Le 5 mai 1852, le baron et la baronne Henry-Frédéric de Sainte Preuve quittèrent donc Frohsdorf pour rentrer en France.

Installation à Alençon

Ils s’installèrent d’abord à Paris où ils séjournèrent trois ou quatre ans puis arrivèrent à Alençon. Ils cherchaient une ville de Province pour s’y fixer définitivement et n’avaient aucune attache particulière. C’est Mademoiselle Bougon, fille du docteur baron Bougon, médecin de Charles X, qui les y attira, leur vantant que la ville était agréable, que les conditions d’existence y étaient faciles et qu’ils y trouveraient une société légitimiste nombreuse et distinguée dans laquelle ils étaient assurés d’être bien accueillis. Ils s’installèrent d’abord place Marguerite de Lorraine dans le quartier St Léonard puis élurent domicile dans une maison Directoire située rue des Tisons. Louise-Marie mourut le 19 janvier 1872 et Henry-Frédéric le 10 mars 1874. Tous deux reposent au cimetière Notre-Dame d’Alençon.

6. D. Charlotte Zoé Binet de Boisgiroult de Sainte Preuve

Fille de Louis Joseph Xavier et sœur de Louis-Joseph, Francis Georges et Henry-Frédéric, naquit le 20 février 1806. Elle connut une enfance modeste à Paris, entourée de ses frères, demi-frère et demi-sœurs. Elle s’occupa beaucoup de ces derniers. Elle dut travailler jeune, sans doute comme demoiselle de compagnie. Peut-être est-ce de cette manière qu’elle rencontra son époux Justin Brucy, un homme de condition modeste, marchand de papier peint qui à force de travail s’enrichit considérablement. À sa mort, le 27 avril 1848, il lui laissa tous ses biens. Zoé était une excellente personne, très aimée de ses frères et sœurs.

Baronne Molitor

En février 1850, elle se remaria avec Auguste-Joseph, baron Molitor, né le 18 août 1798, sous-préfet, second fils de Gabriel Jean Joseph Molitor, général, comte de l’Empire, maréchal de France et pair de France et de Marie Barbe Elisabeth Becker de Bagest. Le baron Molitor menant une vie dissolue, Zoé se sépara de lui quelques années plus tard. Elle habitait Paris et disposait d’une propriété à Coye dans l’Oise, le château de la Reine Blanche, actuellement propriété de l’Institut de France. Elle mourut sans enfant le 2 mai 1883.

7. A. Marie Paul Charles Binet de Boisgiroult de Sainte Preuve

Fils aîné des précédents, il naquit le 18 décembre 1839 en exil et mourut âgé de cinq ans et demi le 21 août 1845 à Goritz [3], sur la frontière italo-slovène. Il y fut inhumé près des tombes du roi Charles X et de Louis XIX, duc d’Angoulême. Sa sépulture a probablement disparu à la suite des bombardements qui ont ravagé Goritz au cours de la première guerre mondiale.

7. B. Henry Charles Marie Binet de Boisgiroult, baron de Sainte Preuve

Frère du précédent et fils de Henry-Frédéric, il naquit le 5 avril 1846 au château de Frohsdorf. Il fut baptisé le lendemain dans la chapelle du château et fut tenu sur les fonts baptismaux par son parrain Henri V, comte de Chambord, et sa marraine Madame la duchesse d’Angoulême. De leurs très nombreux filleuls, il fut, le seul à avoir été tenu en mains propres par les princes durant la cérémonie. À l’âge de cinq ans, il quitta Frohsdorf avec ses parents et ne conserva de la princesse que de très vagues souvenirs : celle-ci lui témoignait une très vive affection lors des visites quotidiennes qu’on lui menait faire. Il fut officier de haras, en poste successivement à Tarbes puis au haras du Pin. Il épousa le 24 février 1873, Geneviève Marie Hélène de Fromont de Bouaille, issue d’une ancienne famille alençonnaise. Après la mort de cette dernière, il se remaria le 20 décembre 1881 à Anne du Chesne de la Sicotière. Il acheta la propriété de Boisbulant située à quelques kilomètres à l’ouest d’Alençon qu’il fit agrandir et y mourut le 26 juin 1912 et repose au cimetière Notre-Dame dans un caveau de sa seconde belle-famille.

Geneviève Marie Hélène de Fromont de Bouaille naquit à Alençon le 18 juin 1854. Elle était le troisième enfant de Louis-Henry de Fromont de Bouaille, né à Alençon le 23 décembre 1819 et de Marie Le Myre de Vilers. Son frère René fut tué sur le champ de bataille de Villiers près de Paris le 2 décembre 1870 ; au même instant, sa mère tombait évanouie dans la rue à Alençon. Geneviève mourut de la tuberculose à Lourdes, le 23 mai 1876, peu de temps après son mariage, laissant deux très jeunes enfants. Sa fille Renée fut élevée par sa grand-mère maternelle tandis que Frédéric était confié à sa tante Marie de La Drouerie.

Anne du Chesne de La Sicotière naquit en 1853. Elle était la fille de Léon du Chesne de La Sicotière, érudit et homme politique alençonnais fort célèbre qui a donné son nom à un square de la ville, et de Sophie Marie de Launay de Saint-Denis. Anne de la Sicotière, devenue baronne de Sainte Preuve, vécut avec son époux dans leur propriété de Boisbulant, près d’Alençon, qu’ils avaient fait aménager et agrandir. Ils y vécurent de façon mondaine, recevant de nombreux hommes de lettres locaux, jusqu’à la mort de Henry en 1912. Elle alla ensuite s’installer dans une maison située rue de Bretagne (à côté de l’actuelle caisse d’épargne). Elle y mourut en 1941.

7. C. Marie Thérèse Joséphine Christine Binet de Boisgiroult de Sainte Preuve

Fille de Henry-Frédéric et sœur de Marie Paul Charles et de Henry Charles Marie, elle naquit le 21 octobre 1836 à Schoenhaus (Autriche). Sa naissance fut sans doute accueillie avec beaucoup de joie par ses parents qui avaient perdu plusieurs enfants morts en naissant. Elle vécut auprès de la famille royale jusqu’à l’âge de quinze ans. Elle en gardait un assez mauvais souvenir, du fait des jalousies que suscitait la position de sa mère auprès de la duchesse d’Angoulême. Vers 1855, elle suivit ses parents venus s’installer à Alençon. Elle y épousa le 29 octobre 1860 Antonin Ruel de Belle-Isle, issu d’une vieille famille de Normandie. Ce dernier, né le 29 août 1829, était officier de cavalerie. Atteint de démence, il fit vivre de pénibles années à son épouse. Il mourut le 19 mai 1873. Marie se remaria à Auguste Chesneau de La Drouerie, né en 1823. C’était un parent de sa belle-sœur, Geneviève Marie Hélène de Fromont de Bouaille. Il était issu d’une célèbre et riche famille locale. Marin René Chesneau de La Drouerie, peut-être le père d’Auguste, fut maire d’Alençon de 1815 à 1826 et conseiller général. Auguste acheta la propriété de la rue de l’Air Haut aux enfants mineurs Gougeon de Cerisay, Laure, Émilienne et Fernand (Laure deviendra la mère de Marguerite de La Barre de Nanteuil, épouse de Frédéric Marie Henry, baron de Sainte Preuve). Auguste mourut le 8 mars 1885. Marie était une personne austère qui donna une éducation et une instruction rigoureuses à son neveu Frédéric qu’elle éleva après la mort de sa mère en 1875. Il l’aimait néanmoins beaucoup. Lors du mariage de ce dernier, en 1897, elle se retira dans un couvent à Joigny (Yonne) où elle mourut le 4 avril 1898. Elle laissa toute sa fortune — qui lui venait de ses deux époux successifs — à son neveu Frédéric.

Notes et références

  1. Benoit Binet
  2. a et b référence, citation ou lien
  3. 2
  1. Les Brach trouvent leurs origines dans le pays de Médoc en Guyenne. Les premiers auteurs connus de cette famille sont Pey et Arnaud de Brach, mentionnés dans un acte de 1433. La filiation suivie remonte à Bernard de Brach reçu procureur au Parlement de Bordeaux en 1534. Son fils, Pierre de Brach, né le 22 septembre 1547 fut l’un des poètes les plus distingués de son temps et fut l’ami intime de Ronsard et de Montaigne. Il avait été pourvu par lettres patentes du 9 avril 1571 de l’office anoblissant de conseiller, notaire, secrétaire et contrôleur pour le roi en la chancellerie de Bordeaux. Il épousa en 1572 Anne de Perrot, fille du seigneur de Crognac, et mourut vers 1605 dans la belle terre de la Motte-Montussan dont il s’était rendu acquéreur. Il fut père de maître François de Brach, écuyer, sgr de la Motte-Montussan, avocat en la cour du parlement de Bordeaux, remarié en 1653 à Marie Lootins, fille d’un marchand bourgeois de Bordeaux, dont il eut entre autres enfants, deux fils, François Raymond et François Louis. L’auteur de la branche aînée, François Raymond de Brach fut l’époux de Marie Louise Binet. La branche cadette issue de François Louis de Brach s’est perpétuée et est encore subsistante (références : Chaix d’Est-Ange)
  1. Versailles, chambre de commerce et d’industrie interdépartementale Val d’Oise-Yvelines en l’hôtel de Madame du Barry, Paris 1987
  1. Auj. Gorizia, ville d’Italie, en Vénétie, Görz ou Goritz chef-lieu de province, archevêché, anc. chef-lieu du comté de Görz. Le roi Charles X y mourut le 6 novembre 1836.

Sources et bibliographie

  • Duc de Caraman, Notes généalogiques pour servir à l’histoire des fermiers généraux, Bibl. nat., manuscrit en 3 vol., t.I [cote Fr. NA 20533].
  • Cte Maxime de Sars, Le Laonnais féodal, Paris, 1924-1934, t. 3, p. 270-1 [cote bibl. nat. 4°LK2. 7148].
  • Mémoires de la Société académique de l’Oise, t. 1921-1923, p. 465, [cote bibl. nat. 8° LC20 20 (4)].
  • Bibl. nat., Cabinet d’Hozier, t.342, (fr. 31223), dossier 9687, n° 2.
  • Bibl. nat., Nouveau d’Hozier, t. 44, (fr. 31269), dossier 883, fo 26.
  • P. de Nolhac, Louis XV et madame de Pompadour, p. 55 à 57.
  • T. Lhuillier, Une actrice du théâtre de madame de Pompadour, madame Binet de Marchais, p. 4 (extrait de L’amateur d’autographes, du 15 février 1903).
  • É. Dupont, Les diamants de la dauphine, dans Le nouvelliste de Bretagne, 28 juin, 3, 8, 12 & 17 juillet 1919.
  • Arch. du ministère de la Guerre, états de services de Gérard Binet, bibl. nat., Pièces originales, t. 352, dossier 7603, n° 50.
  • Anne du Chesne de la Sicotière, Mémoires manuscrits, s.d.
  • H. de Pene, Henri de France, H. Oudin Paris 1884, p. 558.
  • Étude. — François, Henry & Arnaud de Sainte Preuve, Tableau généalogique et bref historique de la famille Binet de Boisgiroult de Sainte Preuve, manuscrit, Alençon, juin 1997.
  • L.-H. Labande, Le château et la baronnie de Marchais, Paris, 1927.
  • Chaix d’Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises, t. 4.
  • L. Boisnard, Dictionnaire des anciennes familles de Touraine.

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