Dixmude (porte-avions)

Dixmude (porte-avions)
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Dixmude
HMS Biter.JPG
Le Dixmude alors HMS Bitter dans la Royal Navy (vers 1943)

Histoire
A servi dans Pavillon de la Royal Navy Royal Navy
Pavillon de l'United States Navy United States Navy
Pavillon de la marine française Marine nationale française
Lancement 28 décembre 1939
Statut Retiré du service. Il est restitué à l’US Navy le 10 juin 1966
Caractéristiques techniques
Type porte-avions léger (CVL)
Longueur 150 m
Maître-bau 21,2 m
Tirant d'eau 7,6 m
Déplacement 8 200 tonnes (lège), 15 125 tonnes (à pleine charge)
Propulsion 2 moteurs diesel 2 temps à pistons opposés Sun Doxford, 1 ligne d'arbre (75 000 cv)
Vitesse 16 nœuds
Caractéristiques militaires
Armement 3 canons de 102 mm
8 canons antiaérien de 20 mm
4 mitrailleuses
Rayon d'action 4 605 milles
Autres caractéristiques
Équipage 800 officiers, officiers mariniers, quartiers-maîtres et matelots
Port d'attache Toulon
Indicatif A609

Le Dixmude est un porte-avions léger de la Marine nationale française, en service de 1945 à 1964. Il est l'un de ces porte-avions d'escorte (CVE) que les États-Unis ont produits en grande série pendant la Seconde Guerre mondiale à partir de coques de cargos (le Rio Parana), pour servir comme porte-avions d'escorte dans la Royal Navy (HMS Biter)[1]. Le Dixmude est nommé en hommage à la ville belge du même nom, siège de la bataille du Front de l'Yser en 1914.

Sommaire

Historique

Sous pavillon américain puis britannique

L'HMS Biter en 1943-1944 (au fond)

À l'origine, l'HMS Biter est le cargo de passagers américain de type C 3 Rio Parana, mis sur cale le 28 décembre 1939 par Sun Shipbuilding and Drydock Co. à Chester (Pennsylvanie) sous contrat de la Maritime Commission (coque MC no 60) et lancé le 18 décembre 1940. Livré incomplet à l'US Navy le 2 septembre 1941 pour transformation en porte-avions d'escorte (CVE) au New York Navy Yard à Brooklyn, le bâtiment, classé BAVG 3, est transféré le 1er mai 1942 à la Maritime Commission pour nouveau transfert au Royaume-Uni sous accord Lend-Lease. Pris en charge par la Royal Navy quatre jours plus tard, il est commissionné comme HMS Biter (D97) le 6 mai 1942. Il devient alors le premier porte-avions affecté à la protection des convois dans l'Atlantique Nord, rôle qu'il tient brillamment jusqu'en 1944. Il participe également à l'Opération Torch, le débarquement allié en Afrique du Nord[2].

Sous pavillon français

Dans l'immédiate après-guerre, l'aéronautique navale française ne dispose que d'un maigre parc disparate à base de chasseurs Seafire Mk.III (flottille 1F), de bombardiers Douglas SBD Dauntless (flotilles 3F et 4F)[3],[4]. La Marine nationale française, elle-même, arme 306 bâtiments disparates et vieillissants jaugeant 365 360 tonnes, dont une partie provient de l’aide alliée (203 navires reçus dans le cadre des accords Lend-Lease et Mutual Aid, soit 71 944 tonnes) et cherche désespérément un porte-avions. En 1931 sont étudiés les projets PA-16 de 18 000 tonnes de classe Joffre[5]. Par ailleurs, des études avaient été conduites à Vichy durant la Seconde Guerre mondiale (projet PA5B de porte-avions moyen, projet PA1 P2C de porte-avions lourd de 47 000 tonnes) mais les conditions industrielles et financières rendent pratiquement impossible la construction d’un porte-avions neuf : en désespoir de cause, le Conseil supérieur étudie des solutions de rechange[6] qui seront toutes abandon­nées : la transformation du transport d'hydravions Commandant Teste en porte-avions d'escorte n’est évoquée en octobre 1945 que pour être abandonnée en février suivant, la remise en état du Béarn n’est pas une solu­tion, la transformation du cuirassé inachevé Jean Bart en porte-avions coûterait presque aussi cher qu’un porte-avions neuf : 4 milliards de francs contre 5[7] et est vite écartée[8]. Pourtant, il faut que la Marine ait un porte-avions si elle veut retrouver son rang, et la France avec elle : la délégation française à l’ONU ne parle-t-elle pas en 1946 « d’une contribution navale de l’ordre de six porte-avions, trois cuirassés, douze croiseurs et quarante destroyers 113 »[9]? Le 12 octobre 1945, le Conseil supérieur émet l’avis de mettre en chantier deux porte-avions légers, mais l’ampleur des destructions et le délabrement des finances rappellent très vite le commandement à la réalité : en février 1946, les coupes budgétai­res entraînent l’arrêt presque complet des constructions. Il faut donc se tourner une fois de plus vers les Alliés[10]. Désarmé après la bataille de l'Atlantique, le Biter est dans un triste état[11] lorsque les Français demandent qu'il leur soit cédé pour être utilisé avec les SBD fournis par les États-Unis. Après avoir été réparé par des ouvriers français, il est pris en compte par la Marine nationale française le 9 avril 1946 sous le nom de Dixmude (A609).

Carrière en Indochine

Le 28 janvier 1947, le Dixmude, remis à niveau, appareille de Toulon et atteint Saigon le 3 mars avec la flottille 4F composée de 9 bombardiers-torpilleurs SBD et 29 avions de l'Armée de l'air, lesquels attaquent à partir du 13 mars des objectifs sur la cote d'Annam puis effectuent des missions d’appui aérien rapproché (close air support) à partir du golfe du Tonkin au profit de troupes au nord de l'Indochine française, les premières sorties au combat effectuées par un porte-avions français. En effet, les SBD de la flottille 4F sont crédités du bombardement de la place-forte du Viet Minh à Tuyen Quang, le 2 avril 1947. À la suite de problèmes de catapulte, le Dixmude rentre en France métropolitaine en avril. En raison de sa grande lenteur et de son seul ascenseur, le bâtiment est relégué au rôle de transport : il appareille de nouveau en septembre 1947, accoste à Saïgon le 21 octobre avec des SBD, 12 Ju-52 et 12 Spitfire qui opèrent au sol depuis Saïgon, Hanoï et Haïphong pour les opérations « Léa » et « Catherine » au cours desquelles la flottille 4F accomplit 200 sorties et largue 75 tonnes de bombes. Après avoir regagné Toulon en mai 1948, il participe à des missions de combat au large de la Cochinchine avec des bombardements sur la Plaine des joncs (Gao Giong) et sur la péninsule de Camau. Le Dixmude effectue deux autres transports d'aviation en Indochine française, l'un à l'été 1948 avec 2 escadrons de chasseurs Bell P-63A Kingcobra, le second à l'été et l'automne 1950 afin de livrer au profit de l'Arromanches des avions F6F-5 Hellcat et SB2C Helldiver récupérés aux États-Unis. Les derniers appontages et décollages sont faits par deux Seafire Mk.III le 28 novembre 1949.

Classement en transport d'aviation et désarmement

En 1952, il est classé transport d'aviation. Il continue ses rotations entre les États-Unis, l'Indochine française, l'Inde, l'Afrique du Nord, le Sénégal, etc. Par la même occasion, il livre à l'Inde 32 puis 35 Ouragan et Mystère IV vendus à l'exportation. Enfin, le Dixmude prend part à l’évacuation du Tonkin, en 1954. Désarmé en 1960 à Saint-Mandrier, il sert de base au Corps Amphibie jusqu'au 30 janvier 1965, où il est placé en réserve spéciale. Il est ensuite rendu aux États-Unis le 10 juin 1966. Il quitte la France le 14 juin pour servir de cible à la Sixième flotte américaine en Méditerranée le 17 juin.

Annexes

Bibliographie

  • Jean Moulin, Les Porte-avions Dixmude et Arromanches, Marines Éditions, Nantes, 1998 (ISBN 2-909675-39-4)
    Ouvrage de référence.

Notes et références

  1. 37 autres ont été prêtés aux Britanniques
  2. Son groupe aérien est crédité d'une vingtaine de destructions au sol d'avions français et de 6 victoires aériennes
  3. Peter C. Smith, Douglas SBD Dauntless, Ramsbury, Marlborough, 1997 (ISBN 1-86126-096-2)
  4. Étude sur la reconstitution organique et technique des forces aéro-navales françaises (mai 1945)
  5. Le PA-16 posséderait une longueur de 228 m, une largeur de 35 m, soit un pont d'envol de 2800 m², filerait 33 nœuds et embarquerait 40 aéronefs dans deux hangars superposés selon Jean Labayle-Couhat, « Cinquante ans d’histoire de l’aviation embarquée à travers le monde. 14 novembre 1910-1960 », dans Revue maritime (ISSN 0335-380X)(octobre 1961)
  6. Étude d’un plan d’armement pour les premières années d’après-guerre du 11 janvier 1946
  7. Soit, respectivement 450 et 560 millions d'euros au cours 2006
  8. « Note sur l’activité du Conseil Supérieur de la Marine au cours des années 1945-1946 », Service historique de la Marine (22 janvier 1947)
  9. Philippe Masson, « La Marine française en 1946 », dans Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale (ISSN 0035-2314) no 110 (avril 1978), p.86
  10. Hervé Coutau-Bégarie, Le problème du porte-avions, Économica, Lasay-les-Rideaux, 1990 (ISBN 2-7178-1949-5) [lire en ligne]
  11. Sa coque est endommagée par une torpille de l'un de ses propres avions le 16 novembre 1943 et le bâtiment est ravagé par un incendie le 24 août 1944 et laissé en l'état

Pour aller plus loin

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