Destroyers

Destroyers

Destroyer

Vue du USS John Paul Jones (DDG 53) de la classe Arleigh Burke de l'US Navy ("Flight I")

Dans la terminologie militaire moderne, un destroyer est un navire de guerre capable de défendre un groupe de bâtiments (militaire ou civil) contre toute menace, comme d'attaquer un groupe de navires moyennement défendus. Il possède des moyens de lutte antiaérienne, anti-sous-marine et antinavire. À l'origine, le terme désignait un bâtiment qui devait attaquer au moyen de torpilles, tout en défendant à l'aide d'une artillerie de moyen calibre une escadre ou un convoi attaqué par des bâtiments du même type.

Certains destroyers modernes sont de redoutables chasseurs de sous marins. Les sous-mariniers les appellent "les tueurs".

Le terme anglais signifie « destructeur » ; les francophones ont gardé la même graphie, mais prononcent « dèce-troi-yé », alors que le mot anglais se prononce « dice-tro-yeure », avec un o ouvert.

Sommaire

Histoire

Origine

Torpilleur japonais Kotaka, 1887
Destroyer américain USS MacDonough de classe Lawrence entré en service en 1903 [1]
Destroyer norvégien HNoMS Draug en 1908

Le destroyer apparut au Royaume-Uni, peu de temps après la guerre civile chilienne et la guerre sino-japonaise, deux conflits où les petits torpilleurs avaient fait preuve de leur efficacité.
Ces petits bâtiments extrêmement rapides pour l'époque arrivaient, malgré leur petite taille, à s'approcher à la distance nécessaire au lancement de leurs torpilles, contre les lents mastodontes qu'étaient les cuirassés de ce temps. Ils pouvaient donc créer des dégâts considérables, pour un prix dérisoire, même s'ils étaient détruits. Ils étaient particulièrement dangereux quand ils étaient employés de façon combinée avec des cuirassés amis, les navires ennemis ayant le choix soit de s'en protéger, soit de combattre les cuirassés ennemis. L'assaillant, au vu du prix de ces « poussières navales », ayant alors, quoiqu'il arrive, acquis un avantage certain.

Le besoin d'un navire spécialement étudié pour les couler, en faisant écran devant les grosses unités, se faisait sentir ; ainsi naquit le torpedo catcher (littéralement "attrapeur de torpille") puis le torpedo boat destroyer (destructeur de torpilleur), bientôt abrégé en destroyer et qui prit le nom dans la marine française de contre-torpilleur. L'idée était de construire des navires plus rapides que les torpilleurs, mais armés de canons à grande cadence de tir et non plus exclusivement de torpilles. En opérant devant la flotte de ligne, ils empêcheraient les torpilleurs d'atteindre une position de lancement de leurs torpilles sur les gros bâtiments. Cependant, le concept évolua très rapidement, car ces nouveaux petits navires risquaient eux aussi de se retrouver confrontés aux cuirassés adverses et il fut donc décidé de les armer eux aussi de torpilles. Par ailleurs, le destroyer devait pouvoir opérer avec la flotte et donc être capable de la suivre, contrairement au torpilleur qui agissait près de ses bases. Finalement, le destroyer devint un bâtiment bien plus important que celui qu'il devait combattre.

La première réussite du concept eut lieu au Royaume-Uni, avec le lancement des deux navires de la classe Havoc. Le destroyer finit, du fait de ses torpilles embarquées, par reprendre les missions des navires qu'il était chargé de détruire, c'est-à-dire l'attaque rapide avec des torpilles. Un premier exemple en fut donné par les Japonais à Port-Arthur dès 1904. Le torpilleur finit par désigner dans la marine française un petit destroyer à court rayon d'action, le rôle du pur torpilleur, l'attaque à proximité des côtes, étant assurée par les vedettes lance-torpille et autres motor-boats.

Pendant l'entre-deux-guerres, la marine nationale française construisit trente deux contre-torpilleurs caractérisés par leurs vitesses élevées et leurs tonnages importants. Le plus rapide, le Terrible, fila plus de 45 nœuds à ses essais en 1935, ce qui resta longtemps le record mondial de vitesse sur mer. Quant au Mogador, en 1940, son déplacement de plus de 3.500 tonnes n'avait jamais été atteint à cette époque pour un navire de cette classe, dans aucune autre marine au monde.

Évolution

New York Shipbuilding Corporation shipyard, Camden, New Jersey, mai 1919.
Destroyer américain USS Burrows pendant les années 1920
Destroyers Yi (DDG 975) et Euljimundok (DDG 972) sud-coréens en 2004

Pendant la Première Guerre mondiale, la généralisation du danger des sous-marins amena les destroyers à assurer une autre mission : la protection des grosses unités contre ces nouveaux ennemis au sein des escadres. Les convois, eux, lorsqu'ils commencèrent à se structurer, firent plus appel à des escorteurs anti-sous-marins spécialisés, les avisos puis, bientôt, au début de la Seconde Guerre mondiale, les corvettes et frégates qui, du fait des navires qu'ils étaient censés protéger, étaient bien moins rapides que les destroyers ou les contre-torpilleurs mais beaucoup plus endurants à la mer et avec un meilleur rayon d'action du fait des distances à parcourir.
L'armement et les tactiques des destroyers durent évoluer pour cette mission et ainsi apparurent les grenades sous-marines qui finirent par être lancées par mortier, l'asdic puis le sonar pour détecter les sous-marins. En revanche, les destroyers, grâce à leur grande vitesse, étaient souvent capables d'éperonner les sous-marins avant qu'ils ne puissent plonger profondément. Grâce à leur vitesse élevée, ils pouvaient effectuer des raids à proximité de côtes hostiles et désorganiser les convois ennemis. Les capacités offensives des destroyers contre les cibles de surface en souffrirent, parfois des canons et tubes lance-torpilles furent démontés pour laisser la place à l'équipement anti sous-marin mais, plus généralement, on assista à une inflation du déplacement pour pouvoir remplir efficacement toutes les missions et à l'apparition de destroyers spécialisés dans la protection, les destroyer d'escorte, qui furent au départ réalisés par l'évolution de bâtiments anciens. Ce fut encore plus vrai lorsque la Seconde Guerre mondiale rajouta à la menace sous-marine le danger aérien. Les destroyers durent alors embarquer de nouvelles armes pour combattre celui-ci. On installa donc de l'artillerie anti-aérienne en grand nombre, puis des radars de navigation, de veille aérienne et de conduite d'artillerie et, enfin, des missiles surface-air. Bientôt, l'augmentation de taille ne fut plus possible et on commença à spécialiser les navires pour certains rôles. La mission offensive connut une éclipse après guerre du fait de l'efficacité déclinante des canons et des torpilles dans le combat moderne. Il n'eut pendant cette période que deux rôles défensifs, contre le sous-marin et contre l'avion. Au cours des années 1970, la possibilité de monter des missiles mer-mer, qui étaient devenus moins encombrants et plus fiables, fit réapparaître ce rôle, sous une forme nouvelle.
De nos jours, le nom de destroyer est plus une appellation traditionnelle, qui varie selon les pays, les termes destroyer, frégate, corvette et escorteur d'escadre, sont bien souvent utilisés pour des navires aux caractéristiques très proches. Parfois, leur déplacement permettrait de les classer comme croiseur léger. La polyvalence est leur maître-mot, car même s'ils sont plus spécialisés dans une mission particulière (lutte anti aérienne, anti sous marine ou anti surface), ils ont quand même des capacités dans les autres domaines. Une autre caractéristique a émergé à partir du début des années cinquante, la présence d'hélicoptères embarqués, et s'est par la suite généralisée. Ces voilures tournantes peuvent remplir plusieurs missions, lutte anti sous marine, guidage de missiles au delà de l'horizon radar, assaut héliporté, reconnaissance et sauvetage en mer, ce qui participe grandement à l'accroissement des tâches qui peuvent être confiées à ces bateaux, leur autorisant d'opérer loin de leurs bases de façon isolée.

En France

Même si parfois on peut lire dans des revues "le destroyer français...", la France, n'utilisa jamais la désignation de destroyer. Les navires destinés à lutter contre les torpilleurs, furent tout simplement appelés contre-torpilleur, terme qui apparaît la première fois dans le décret ministériel du 17 mars 1886, qui ordonne la transformation des torpilleurs numérotés de 65 à 74, par le montage de quatre canons revolver de 37 mm; au final seul le n° 68 sera converti. En février 1888, le bateau-canon Gabriel-Charmes armé à l'origine d'un canon de 138,6mm est lui aussi transformé en contre torpilleur n°151. En 1890, ils sont tous reclassés en torpilleurs.

La désignation réapparaît en 1896, lorsque que les aviso-torpilleurs Cassini, D’Iberville et Casabianca sont reclassés contre-torpilleurs d’escadre. Les deux Dunois et Lahire reçoivent eux aussi cette désignation dès leur mise en service. La classe Condor, d'abord classée en croiseur-torpilleur, l'adopte aussi, de même que le croiseur de 3e classe, Milan en 1897.

En 1901, les contre-torpilleurs d’escadre deviennent officiellement des contre-torpilleurs et sont construits : 32 de "300 tonnes", 13 de "450 tonnes" et 21 de "800 tonnes". La désignation est de nouveau modifiée en 1914, en torpilleur d’escadre.

En 1922, le terme de contre-torpilleurs réapparaît à l'occasion du programme naval, qui en prévoit douze. Six de 2.100 tonnes de la et six de 2 400 tonnes de la . Vingt autres suivront : six Aigle, six , six Le Fantasque (2 600 tonnes), deux (3 300 tonnes). Quatre des six du type Le Fantasque qui ont survécu au combat de Dakar et au sabordage de Toulon, seront reclassés croiseurs légers après leur modernisation aux Etats-Unis en 1943 et 1944[2].

Après guerre, la désignation "contre-torpilleurs" cède la place à celle d'escorteur d'escadre qui reflète mieux les missions. Elle apparaît avec le lancement des dix huit escorteurs d'escadre, répartis en douze du type "T47", puis cinq "T53" et un "T56". Ces navires ont pour mission d'assurer la protection des escadre de bâtiments lourds ou précieux. Au cours de leurs carrières, ils seront refondus en conducteurs de flottille, escorteurs lance-missiles ou anti sous marins. Pour protéger les convois et la navigation de commerce des sous-marins, la classification d'escorteur rapide est créée. Dix-huit escorteurs rapides seront construits à partir de 1950. Les quatre premiers seront ceux du type "E50", suivis des onze "E52A" puis des trois E52B.

Un bon nombre d'escorteurs d'escadre et d'escorteurs rapides sera financé par les États Unis au titre du Pacte d'Assistance Mutuel dans le cadre de l'OTAN.

Pour maintenir la souveraineté de la France dans les départements et territoires d'outre-mer, neuf aviso-escorteurs de la classe sont lancés à partir de 1958. Le terme de frégate réapparaît dans la marine française à partir de 1962, avec le qui sont d'abord classés frégates lance-engins puis bâtiments lance-missiles. En 1965, la désignation de corvette est adoptée pour le lancement de , puis des trois Tourville qui, elles, seront reclassées en frégates, dès leur mise en service. En 1988 l'Aconit et les sept corvettes de la classe anti sous marine sont elles aussi reclassées frégates, le terme corvette disparait alors dans la marine française.

Le 1er juin 1992, le dernier escorteur d'escadre, le Duperré, est désarmé, la désignation disparaît aussi. En 1996, c'est le dernier aviso-escorteur qui subit le même sort. De nos jours, seule la désignation de frégate semble s'imposer dans la marine nationale. Quand le dernier aviso de la classe d'Estienne d'Orves sera désarmé, le type aviso aura disparu lui aussi.

Les frégates sont dorénavant réparties en deux rangs. Celles de premier rang identifiées par la lettre D (Destroyer selon la terminologie OTAN) devant leur numéro de coque, et celles plus petites, de second rang, par la lettre F (Frigate selon la même terminologie).

Les listes navales française comprennent ou comprendront des :

Frégates de premier rang.

  • frégates de défense aérienne (FDA)
  • frégates d'action sous marine (FASM)

Frégates de second rang.

  • frégates légères furtives (FLF; pourraient passer "de premier rang" d'après le livre blanc de la défense 2008)
  • frégates de surveillance (FS)
  • avisos (Classe d'Estienne D'Orves)

Formations et tactiques

Destroyer américain Aaron Ward (DD-483) pendant la Seconde Guerre mondiale

Durant la période où les destroyers remplissaient leur rôle traditionnel d'attaque et de protection dans les actions utilisant la torpille, ils furent employés de façon groupée et coordonnée. La formation de base employant des destroyers à l'époque était la flottille, la taille de celle-ci variait selon les nations et comprenait en général, de quatre à une dizaine de destroyers. Le bâtiment commandant l'unité était nommé lui conducteur de flottille, selon les pays ; là encore, c'était soit un croiseur léger, soit un destroyer lui-même, mais souvent de plus grande taille avec des aménagements supplémentaires pour remplir des fonctions de commandement, en embarquant un officier général (amiral) et son état major. La flottille était par ailleurs appuyée par des ravitailleurs qui lui permettaient d'agir loin d'une base terrestre. La petite taille du destroyer, en effet, rendait impossible, tout du moins dans les premiers temps, le rechargement des tubes lance-torpille embarqués, nécessitant l'intervention d'un navire plus lourd équipé de matériel de levage adapté. De plus, ces navires rapides consommaient rapidement leurs réserves de combustible. Des destroyers isolés n'auraient eu qu'une endurance limitée mais, supportés par des ravitailleurs, ils se retrouvaient en mesure de suivre la flotte partout où elle allait. La seule limite tactique des destroyers devenait alors leur endurance par gros temps auquel ils étaient plus sensibles qu'un navire de grande taille.

L'ensemble de ces tactiques fut perfectionné lors du premier conflit et atteignit son apogée lors du second, en particulier dans la marine impériale japonaise. Lors des combats de nuit, les destroyers étaient parfois employés pour éclairer la flotte ennemie avec leur projecteurs ou, après l'apparition du radar, dans une nouvelle mission, celle de piquet radar, assurant ainsi une bonne partie de l'éclairage de la force navale.

Destroyer américain d'escorte USS Vammen lancé en 1944. 565 ont été achevés entre 1942 et 1946 par les États-Unis.

La lutte contre les sous-marins vit l'émergence de groupes opérationnels, les "Task Group" et "Task Force", constitués de porte-avions d'escorte, ainsi que de sloops, corvettes ou frégates. Dans ces formations, le destroyer servait alors souvent de force d'attaque rapide qui chargeait le sous-marin attaquant le convoi, allant jusqu'à l'éperonner si besoin, l'obligeant à cesser son attaque en tentant de se dérober et en plongeant profondément. La vitesse élevée des destroyers et leur grande manœuvrabilité les mettaient quasiment à l'abri des torpilles des sous-marins, à moins d'être surpris. Quant à leur artillerie, souvent de 127mm, elle rendait suicidaire pour le sous marin d'attaquer en surface ce qui était pourtant le moyen de combat le plus efficace à cette époque et aussi le plus économe en torpilles.

Cependant, le destroyer souffrait de plusieurs défauts qui le rendaient dépendant des autres navires composant le groupe :

  • il était impossible d'utiliser un sonar et encore moins un hydrophone, lorsque le navire était lancé à près de trente nœuds ;
  • son faible rayon d'action à grande vitesse, l'obligeant à se ravitailler auprès de bâtiments ravitailleurs, ne lui permettait pas d'assurer une protection continue autour des navires de commerce ;
  • enfin, son prix était prohibitif par rapport à une simple corvette. L'apparition des destroyers d'escorte atténua juste un peu ce défaut.

Il constituait donc un élément important des forces d'escorte, mais dépendant des autres composantes.

Liste des destroyers par pays

Canada Corée du Sud États-Unis France Japon Royaume-Uni
NCSM Algonquin Classe Chungmugong Yi Sun-sin Arleigh Burke Georges Leygues Takatsuki Type 45
NCSM Athabaskan Kikuzuki
NCSM Iroquois Murasame
Samidare

Notes et références

  1. (en) DD-9 MacDonough
  2. Il s'agit du Malin, du Terrible, du Fantasque et du Triomphant, modernisés en 1943 à Boston pour les trois premiers et en 1944 à Charleston pour le quatrième.

Voir aussi

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