Course Camarguaise

Course Camarguaise

Course camarguaise

Un tourneur face à un Cocardier à corne nu lors d'une course camarguaise à Aimargues, juillet 2007

La course camarguaise est un sport taurin sans mise à mort pratiqué dans le sud de la France, dans lequel les participants tentent d'attraper des attributs fixés aux cornes d'un taureau. Ce jeu sportif est très populaire dans l'Hérault, le Gard, une large partie des Bouches-du-Rhône, ainsi que dans quelques communes de Vaucluse.

Course camarguaise à la feria de Palavas, 30 avril 2007

Sommaire

Histoire

Éleveur photographié avec son taureau camarguais

C'est au XIXe siècle qu'apparaissent les premiers jeux taurins organisés et rapidement assimilés à la course camarguaise. Ils se déroulaient dans des « plans », arènes constituées de charrettes. Au fil du temps, le taureau commence à porter des attributs.

À cette période les manadiers comprennent qu’ils peuvent tirer parti de ces courses, en améliorant la race des taureaux, qui sont déjà très combatifs. Cette course était appelée « course libre ».

Une date importante dans l'histoire de la Course Camarguaise[1] : le 27 février 1966 et le congrès qui se déroula au Paluds-de-Noves dans les Bouches-du-Rhône. Il adopta la mise en place du projet Vignon : la course à la cocarde avait son premier règlement (La Charte de la course à la cocarde[2]). Avec lui, l’appellation « Course libre », même si elle a continué longtemps d'être utilisée, devient caduque et devient « Course à la cocarde ».

En 1975, la Fédération Française de la Course Camarguaise[3] est créée sous la loi des associations de 1901[4],[5].

Le 10 octobre 1975 la Fédération Française de la Course Camarguaise (F.F.C.C.) est agréée par le Ministère. La course camarguaise est reconnue comme sport par le Secrétariat d’Etat à la jeunesse et aux sports. La « Course à la cocarde » devient définitivement la « Course camarguaise ».

Le principe

Une centaine d'arènes fixes proposent un programme sportif dans les départements de l'Hérault, du Gard, des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse. Un petit millier de compétitions ont lieu chaque année, tous niveaux confondus.

Les attributs

Les attributs : la cocarde, le gland et la ficelle.

Les attributs sont les éléments clef de la course camarguaise. En effet sans eux, il n'y aurait pas de jeu. Il y a trois attributs, ils vont être décrits dans l'ordre où les raseteurs doivent les enlever dans la course[6],[7],[8].

  • La cocarde, contrairement à ce qu'indique son nom, est un ruban de couleur rouge d'une dimension de cinq à sept centimètres de longueur et de un centimètre de largeur. La cocarde se trouve attachée sur une ficelle sur le haut de front du taureau et au centre.
  • Le gland est en fait un pompon de laine blanche. Il y en a deux car accrochés par la ficelle à la base de chaque corne.
  • La ficelle qui est le dernier attribut à enlever est en fait enroulée autour de la corne avec un nombre de tours variable et déterminé par le classement du taureau.

Avant la course

L'« abrivado » précède la course, c'est l'arrivée dans les arènes des taureaux en provenance des prés, accompagnés à cheval par les gardians de la manade. Leur retour aux prés après la course dans les mêmes conditions est appelée la « bandido ». Le but des gardians, chevaux et taureaux est de rester groupés « emmaillés », le but des gens dans la rue (« attrapaïres ») est de détourner les taureaux et défaire leur bel ordre de marche.

C'était ainsi jusqu'aux alentours des années 70. Depuis, quel que soit le prestige dû au rang des différents taureaux, ils sont conduits en camion : ce sont des stars, leurs noms sur les affiches, sont écrits bien plus grand que ceux des raseteurs invités. Récemment, une exposition a été consacrée au cocardier Goya, surnommé le « Seigneur de Provence », dans la ville de Beaucaire. Exemple du prestige et de l'admiration que les afeciouna portent au taureau.

Puis dans le toril, les gardians fixent les attributs du taureau.

Contrairement à ce qui se passe dans la corrida, pas question ici de maltraiter physiquement le taureau qui est une star, au même titre que les raseteurs. Néanmoins, si jamais l'animal est blessé à cause d'un coup de crochet mal ajusté du raseteur ou d'une mauvaise réception dans un coup de barrière, les raseteurs font signe à la présidence qui ordonne la suspension de toute action; le manadier vient alors en contre-piste pour juger de la blessure de son animal, et décider s'il poursuit la course ou non.

Il est d'ailleurs courant d'entendre un « Carmen » (extrait de l'opéra de Bizet) lors d'un acte de bravoure d'un homme ou du taureau.

La course[9]

Course camarguaise du 29 juillet 2007.
  • L'èr di biòu est une sonnerie de trompette qui annonce l’arrivée du taureau dans l’arène. Les raseteurs attendent la seconde sonnerie (qui intervient à la fin de la première minute laissée au cocardier pour s'habituer à l'arène) pour procéder à l'« attaque » (ils peuvent commencer à raseter).

Les raseteurs défient le taureau afin d'aller chercher sur ses cornes des attributs à l'aide d'un crochet. Ces attributs ont deux valeurs :

  • l'une sous forme de points permettant de déterminer le meilleur des raseteurs dans les différents championnats (trophées) de chaque catégorie (équivalent aux divisions dans le football) : trophée de l'Avenir, trophée des Raseteurs, trophée des As (la plus haute).
  • l'autre pécuniaire, sous forme de primes. La valeur de l'attribut augmentent au fil du temps, par des « mises » sponsorisées par le public et annoncées au micro pour inciter les raseteurs à « travailler »[10].

Le raset

Raseteur en action.

Un raset se déroule en quatre temps :

  • le tourneur, qui le plus souvent est un ancien raseteur[8], attire l'attention du cocardier pour le placer dans le bon sens afin que le raseteur soit dans les meilleurs conditions ;
  • le raseteur s'élance en espérant que le cocardier le suivra ;
  • si le cocardier l'a suivi, alors les deux se croisent, il s'agit du raset, le raseteur tend son crochet et essaie de retirer un attribut ;
  • une fois le raset fait, si nécessaire le raseteur saute par-dessus la barrière puis s'accroche au mur de l'enceinte de l'arène[11].

Après la course

Après la course, le taureau regagne ses prés et ses congénères, physiquement intact. À la fin de la course se déroule la Bandido, qui est une Abrivado dans le sens inverse, les taureaux rentrent aux près.

Les rendez-vous majeurs

Chaque année, trois rendez-vous retiennent l'attention des « afeciouna » :

  • la Cocarde d'Or d'Arles, 76e édition en 2007, qui est la plus importante et la plus prestigieuse ;
  • la Palme d'Or de Beaucaire ;
  • la finale du Trophée des As qui a lieu, en alternance, à Nîmes et Arles.

Ces trois courses sont les plus importantes, mais de nombreuses autres courses avec trophée, ont lieu tel que le « Trophée San Juan ». Elles comptent pour le « Trophée des As ».

Le cocardier

Un cocardier, ici, emboulé lors d'une séance d'entraînement.

Le taureau est appelé « le cocardier » car c'est lui qui porte la cocarde.

Il s'agit ici de taureaux camarguais (les « Camargue » ou « raço di biòu »), par opposition aux taureaux espagnols. Le taureau camarguais est plus petit (entre 300 et 450kg pour les mâles), plus nerveux et plus rapide que son cousin espagnol et ses cornes sont en forme de lyre.

Les cocardiers ayant remporté le Biòu d'Or[12]

Année - Nom du cocardier (Manade)

  • 1954 - Royale (Bilhau)
  • 1955 - Gandar (Blatière)
  • 1956 - Cosaque (Lafont)
  • 1957 - Régisseur (Raynaud)[note 1]
  • 1958 - Lopez (Thibaud)
  • 1959 - Tigre (Laurent)
  • 1960 - Tigre (Laurent)
  • 1961 - Vergézois (Blatière)
  • 1962 - Caraque (Laurent)
  • 1963 - Mario (Lafont)
  • 1964 - Petit Loulou (Aubanel)
  • 1965 - Loustic (Laurent)
  • 1966 - Loustic (Laurent)
  • 1967 - Cailaren (Lafont) et Loustic (Laurent)
  • 1968 - Galapian (Guillerme)
  • 1969 - Rami (Fabre-Mailhan)
  • 1970 - Vergézois (Blatière)
  • 1971 - Rami (Fabre-Mailhan)
  • 1972 - Joinville (Lafont)
  • 1973 - Dur (Blatière)
  • 1974 - Gardon (Laurent)
  • 1975 - Duc (Rouquette)
  • 1976 - Goya (Laurent)
  • 1977 - Ventadour (Lafont)
  • 1978 - Ringot (Blatière)
  • 1979 - Ventadour (Lafont)
  • 1980 - Pascalet (Rébuffat)
  • 1981 - Rousset (Cuillé)
  • 1982 - Rousset (Cuillé)
  • 1983 - Segren (Guillerme)
  • 1984 - Samouraï (Saumade)
  • 1985 - Fidélio (Laurent)
  • 1986 - Furet (Lafont)
  • 1987 - Filou (Laurent)
  • 1988 - Barraïé (Lafont)
  • 1989 - Barraïé (Lafont)
  • 1990 - Banco (Laurent)
  • 1991 - Sangar (Janin)
  • 1992 - Barraïé (Lafont)
  • 1993 - Président (Saumade)
  • 1994 - Président (Saumade)
  • 1995 - Mourven (Blatière)
  • 1996 - Dalton (Joncas)
  • 1997 - Rubis (Laurent)
  • 1998 - Muscadet (Rouquette)
  • 1999 - Tristan (Saumade)
  • 2000 - Pythagore (Cuillé)
  • 2001 - Tristan (Saumade)
  • 2002 - Virat (Nicollin)
  • 2003 - Scamandre (Boch et Jean)
  • 2004 - Virat (Nicollin)
  • 2005 - Camarina (Chauvet)
  • 2006 - Mathis (Lautier)
  • 2007 - Camarina (Chauvet)
  • 2008 - Camarina (Chauvet)
  • 2009 - Pasteur (Fabre-Mailhan)

Les hommes et les femmes

Le raseteur

Il affronte le taureau afin de glaner les attributs à l'aide du crochet. Il déclenche la charge du taureau orienté par son tourneur. Le but étant de couper ou lever les cocarde, glands, ou ficelles. Il saute la barrière des arènes pour se protéger et préparer sa prochaine action. La Capelado est la présentation en piste des raseteurs, qui avant la course, saluent la présidence. Il faut tout de même souligner que le raseteur est un sportif de haut niveau qui suit un entrainement quotidien afin d'avoir toutes les conditions physiques nécessaires pour participer à une course

Les tourneurs

Ce sont souvent d'anciens raseteurs qui aident, selon que le raseteur est gaucher ou droitier à placer ou à rabbattre l'animal dans l'arène.

Le manadier et le gardian

Le manadier est un éleveur de taureaux et/ou chevaux. Le gardian bénévole ou salarié l'aide à l'élevage : tri, gardiennage, participation aux fêtes

Les habits

Les raseteurs, comme les tourneurs, doivent porter une tenue blanche. Leur nom est inscrit en noir sur son t-shirt. Si leur tenue présente une inscription publicitaire, elle ne peut dépasser 10 cm².

Le crochet

Un crochet.

Le crochet en fer doit comporter quatre branches de 8 cm de longueur, dotées chacune de quatre dents qui doivent, notamment la dent supérieure, être incurvées vers l’intérieur. Une barrette transversale est permise à condition qu’elle soit dépourvue de dents[8]. L'as du crochet est un raseteur qui concourra au Trophée des As.

Le taureau camarguais

Il appartient à une manade et on connaît son appartenance

Détails physiques

Les banes sont ses cornes au bout desquelles on place un emboulage, par sécurité, durant certaines courses (courses d'entrainement et pour les courses des élèves raseteurs), abrivados, bandidos ou taureaux-piscine. Le bistournage est l'action de castrer le taureau. La ferrade consiste à marquer à la cuisse, les bêtes du fer de la manade. L'escoussure est la découpe spécialement faites aux oreilles des taureaux ; ceci permet d'identifier les manades. Le char est le camion qui transporte les animaux. Le Simbeu est un taureau, souvent âgé, qui réagit à la voix et aide les gardians, gardiens de troupeaux de taureaux, à mener les autres bêtes. Le cocardier se distingue par sa bravoure face aux hommes. L'anouble est un veau d'un an, le doublen a deux ans et le ternen, trois ans.

Attributs

Une Cocarde, deux glands, deux ficelles sont primés crescendo tout au long de la course. Ils ornent les cornes du taureau et sont destinés à être enlevés par les raseteurs.

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • Luc Chazel et Muriel Da Ros, Secret de Camargue, Édisud, Aix-en-Provence, 2007 (ISBN 9782744906817)

Notes et références

Notes

  1. Le titre fut refusé par ses manadiers estimant qu'il aurait dû l'avoir avant.

Références

Liens externes

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