Église du christianisme céleste

Église du christianisme céleste
Église du Christianisme Céleste
Repères historiques
Fondation 29 septembre 1947[1]
Fondateur(s) Samuel B. J. Oshoffa
Fiche d'identité
Courant religieux Christianisme aladura[1]

L'Église du Christianisme Céleste (ECC) est un mouvement religieux chrétien fondé par le pasteur Samuel Biléou Joseph Oshoffa le 29 septembre 1947 à Porto-Novo (Bénin)[1]. Principalement implantée en Afrique et dans les communautés d'origine africaine dans le monde, particulièrement béninoises et nigérianes, c'est une des églises les plus importantes issues du mouvement aladura[2]. En 2001, elle était la deuxième Église du Bénin par le nombre de ses pratiquants (près d'un demi million)[3].

En France, elle est soupçonnée de « dérive sectaire »[4] et d'avoir commis des violences ayant entraîné la mort d'un mineur de quinze ans[5].,[6]

Sommaire

Histoire

Le mouvement a été fondé par Samuel Bilewu Joseph Oschoffa, un ancien charpentier né au Dahomey (actuel Bénin) en 1909[7]. Éduqué dans la religion protestante (pentecôtisme), il aurait eu une révélation divine le 29 septembre 1947, au cours d'une éclipse solaire, dans une forêt où il s'était perdu.

Il se sentit appelé à prier, à guérir les malades et à ressusciter les morts et fonda son église en septembre 1947[8]. S'étant auto-nommé prophète et aussi révérend, pasteur et fondateur, il occupera le poste suprême du mouvement qu'il venait de fonder. L'hégémonie qu'il exercait en matière de doctrine et de discipline rendit sa succession problématique, après son décès en 1985 à Lagos (Nigeria)[7].

L'Église du Christianisme Céleste fut reconnue et autorisée en 1965 par l'État du Dahomey (ancien nom du Bénin). Elle lança à partir de 1976 une campagne d'évangélisation dans les anciennes colonies de l'Afrique occidentale française (AOF) devenues indépendantes en 1958 et 1960, et au Nigeria, où serait née la mère de Samuel B. J. Oschoffa.

À partir de la fin des années 1990, cette église a affiché sa volonté d'utiliser internet comme un moyen privilégié d'évangélisation permettant aussi aux nombreuses branches de l'église existant au sein de la diaspora africaine (Royaume-Uni, Allemagne, Autriche, France, États-Unis) de garder le contact entre elles ainsi qu'avec le Nigéria, pays où l'église est la plus populaire[9].

Présentation

Église à Londres, Glengall Road (ancienne église anglicane)

L'Église du Christianisme Céleste est une église dite prophétique, d'obédience chrétienne située dans la tradition des églises aladura (fondées au Nigeria dans les années 1920). Les fidèles portent le nom de Chrétiens. Le nom Christianisme Céleste vient de la vision par laquelle Jésus aurait annoncé que les membres de l'Église l'adoreraient comme le font les anges dans le ciel[1].

Elle affirme s'inspirer de Dieu par la manifestation du Saint-Esprit au milieu des fidèles. Son enseignement doctrinal est basé sur la Bible et toute croyance superstitieuse ou animiste issue des religions traditionnelles africaines en est exclue[1], comme dans les autres églises de la mouvance Aladura, à ceci près :

«  La manière dont cohabitent l’attachement aux ressources d’une culture divinatoire traditionnelle et la conversion aux vertus du prophétisme des Églises de l’Esprit reste troublante et objectivement ambiguë. (...) Les noms des orisha sont remplacés par l’invocation répétitive des noms saints de Jehovah ou de Jésus-Christ... (...) Les sacrifices aux dieux et les travaux des couvents du Vodu sont relayés par les offrandes de fruits, la flamme des bougies et la fumée de l’encens, l’imposition de l’huile sainte et la purification de l’eau bénite, mais surtout par l’efficacité absolue de la prière.[10] »

L'Église est régie par douze recommandations principales[1], comprenant plusieurs interdits, notamment alimentaires, communs à d'autres monothéismes :

Le tabac, l'alcool et la consommation de porc sont interdits. Les fidèles doivent se déchausser pour la prière et dans les lieux de culte. Les sexes sont séparés à l'église, les femmes en période menstruelle et celles qui ont nouvellement accouché sont impures et ne peuvent fréquenter l'Église avant sept jours dans le premier cas et quarante dans le second cas. Seuls les hommes qui ont reçu l'onction sont autorisés à accéder à l'autel.

Le port d'habits noirs ou rouges (couleurs "diaboliques") est déconseillé, sauf pour raisons professionnelles. Pour les prières et les cultes, seules les bougies blanches sont autorisées.

Notes et références

  1. a, b, c, d, e et f A. Adetonah, Lumière sur le Christianisme Céleste, brochure, 1972, 85 p.
  2. Le Christianisme Céleste en France et en Belgique, Cairn.info
  3. Albert de Surgy, L'Église du christianisme céleste un exemple d'Eglise prophétique au Bénin, Karthala, Paris, collection Chrétiens en liberté, juin 2001.
  4. Actualités sur les sectes en janvier 2005, AFP, 7 janvier 2005
  5. Union Nationale de Défense des Familles et de l'Individu Victimes de Sectes (UNADFI), 22 juillet 2009
  6. Centre Contre les Manipulations Mentales, 24 février 2010
  7. a et b (en) Deidre Helen Crumbly, Spirit, Structure, and Flesh: Gendered Experiences in African Instituted Churches Among the Yoruba of Nigeria p. 54 on, University of Wisconsin Press, 2008 (ISBN 978-0-299-22910-8) [lire en ligne (page consultée le février 2010)], p. 182 
  8. Partridge, Christopher. New Religions A Guide.New York:Oxford, 2004 ISBN 0-19-522042-0
  9. Jacob Obafẹmi Kẹhinde Olupọna, Terry Rey, Òrìşà devotion as world religion: the globalization of Yorùbá religious culture, Univ of Wisconsin Press, 2008, 609 p. (ISBN 0-299-22464-3) [lire en ligne], p. 257-258 
  10. Afro-Christianisme et politique de l'identité : L'Église du christianisme céleste versus celestial church of Christ, André Mary, Archives de sciences sociales des religions 118 (avril-juin 2002) p. 45-56

Voir aussi

Bibliographie

  • Apollinaire Adetonah, Lumière sur le Christianisme Céleste, s. n., 1972, 85 p.
  • Christine Henry, Pierre-Joseph Laurent et André Mary, « Du vin nouveau dans de vieilles outres : parcours d'un dissident du Christianisme Céleste (Bénin) », in Social Compass, 2001, vol. 48, no 3, p. 353-368
  • Christine Henry, La force des anges : rites, hiérarchie et divination dans le Christianisme Céleste, Bénin, Brepols, Turnhout (Belgique), 2008, 280 p. (ISBN 978-2-503-52889-2)
  • Codjo Hébert Johnson, Le syncrétisme religieux dans le golfe du Bénin : le cas du 'Christianisme céleste', Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 1974, 139 p. (mémoire de maîtrise d'Histoire)
  • Joël Noret, « La place des morts dans le christianisme céleste », in Social compass, 2003, vol. 50, no 4, p. 493-510
  • Laurent Omonto Ayo Gérémy Ogouby, « L'Église du christianisme céleste », dans Les religions dans l'espace public au Bénin : vodoun, christianisme, islam, L'Harmattan, Paris, 2008, p. 46-48 (ISBN 978-2-296-06111-8) (texte remanié d'un mémoire de DEA de Sciences sociales des religions, École pratique des hautes études, Paris, 2005)
  • R. Saint-Germain, « Les chrétiens célestes, description d'une Église indépendante africaine : Questions d'éthique en sciences des religions », in Religiologiques (Montréal), 1996, vol. 13, p. 169-194
  • Codjo Sodokin, Les 'syncrétismes' religieux comtemporains et la société béninoise : Le cas du christianisme céleste, Université Lumière, Lyon, 1984, 306 p. (thèse de 3e cycle d'Histoire)
  • Albert de Surgy, L'Église du Christianisme Céleste : Un exemple d'Église prophétique au Bénin, Karthala Éditions, 2001, 332 p. (ISBN 2-84586-130-3)
  • Claude Wauthier, « L'Église du christianisme céleste », dans Sectes et prophètes d'Afrique noire, Seuil, Paris, 2007, chapitre XV, p. 227 et suiv. (ISBN 978-2-02-062181-6)
  • (en) Afeosemime U. Adogame, Celestial Church of Christ : the politics of cultural identity in a West African prophetic-charismatic movement, P. Lang, Francfort-sur-le-Main, New York, P. Lang, 1999, 251 p. (ISBN 0-8204-4331-X) (texte remanié d'une thèse de doctorat soutenue à l'Université de Bayreuth en 1998)

Filmographie

  • Regard sur le christianisme céleste, film documentaire réalisé par Albert de Surgy, CNRS Audiovisuel, Meudon, 1995, 40' (VHS)

Liens externes

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