Biodiversité dans le jardin

Biodiversité dans le jardin

Biodiversité dans le bâti et le jardin

La biodiversité s’appréhende à différentes échelles et prend en compte toutes les unités constitutives du monde vivant (flore et faune, champignons, etc.), leurs différents niveaux d’organisation, ainsi que les relations pouvant exister entre ces unités. Cet article, indépendamment de l’article sur la biodiversité en général, s'intéresse à la biodiversité dans l’habitat et le jardin ; biodiversité ordinaire et parfois artificielle, mais qui semble pouvoir jouer un rôle en matière d'écologie urbaine et de réseau écologique ou trame verte, notamment en devenant une quinzième cible HQE.

Sommaire

Constat

Objectifs

La demande sociale, citoyenne et politique de plus de respect pour l’environnement a généré une demande de maisons et objets construits (structure bâtie et non bâtie) plus compatible avec les écosystèmes, voire à « biodiversité positive », et ce, afin notamment de réduire l'empreinte écologique, et nos émissions de carbone. Ceci amène l'architecte, le paysagiste, l'urbaniste et les usagers à penser ou repenser l’habitation et le jardin. Ils ne serviront plus seulement à répondre aux besoins des êtres humains, mais ils serviront de refuge, de nichoir, ou de garde-manger à une multitude d’espèces animales, végétales et de champignons…
Faire d'un bâtiment et des espaces verts attenants une maille de la trame écologique est possible à condition de respecter quelques principes de base.

Principes généraux

  1. Complexité

Un premier principe incontournable en matière de biodiversité est celui du respect ou de la restauration de la complexité fonctionnelle des écosystèmes. Plus un milieu est diversifié (creux, bosses, zones d’ombre, de soleil, milieu boisé, strates herbacées, etc.), plus il est susceptible d’accueillir une faune et une flore riches et diversifiées.
Le vivant se développe et se différencie en fonction d’une multitude de facteurs, dont une partie peut être présente dans l'espace bâti et dans la nature périphérique, où un grand nombre d’espèces peuvent trouver refuge. Ces biotopes sont parfois des corridors biologiques.

  1. Auto-entretien du milieu

L’écosystème de substitution doit pouvoir se stabiliser et se réguler de lui-même, l’homme intervenant le moins possible. C’est pourquoi, dans le cadre d’un habitat répondant à la quinzième cible HQE, il est important d’établir, dès la construction, un plan de gestion du milieu. Il faut parfois plusieurs années, voire dizaines d’années pour qu’un milieu perturbé par l’homme retrouve un certain équilibre.

Conditions de réussite

L’intégration de la biodiversité dans la démarche haute qualité environnementale est un projet ambitieux. Plusieurs facteurs conditionnent la réussite d’une telle opération.

  1. Le projet doit être connecté au maillage écologique, via le réseau des corridors biologiques, à l’échelle locale, régionale, européenne et même paneuropéenne. Bien que le projet puisse être individuel à la base, il est primordial qu’il s’inscrive dans une trame écologique, soit déjà existante, soit en cours de restauration ou de construction.
  2. Le projet doit prendre en compte les effets d’échelle, notamment au niveau des corridors biologiques. Si les voies naturelles qui mènent à l’habitation sont disproportionnées par rapport à l’habitation elle-même ou inexistantes, la colonisation du milieu par la faune, la flore et les champignons ne pourra pas se faire naturellement.
  3. Le projet doit constituer une zone refuge pour les différentes espèces (faune et flore) dans le temps et dans l’espace.
  4. Le projet doit pouvoir faire appel au génie écologique. Du fait de la diminution de la biodiversité, la capacité de cicatrisation des écosystèmes a nettement diminué. Quand elle est encore possible, le temps nécessaire à l’ « autocicatrisation » d’un milieu altéré par l’homme peut se mesurer en siècles, ou en milliers d’années. Le génie écologique s’intéresse particulièrement aux écosystèmes qui sont, qui ont été ou qui pourraient être affectés par l’activité humaine, en proposant des mesures qui permettent d’accélérer ces processus naturels afin de retrouver plus rapidement un équilibre biologique acceptable.

Champs d’application

La ville est une structure au fonctionnement plus complexe et naturel qu'on le pense. Il faut l'appréhender comme un écosystème dans toute sa complexité. De ce fait, la gestion différenciée de l’espace urbain doit être effectué tout en nuances.

L’intégration du vivant dans les structures bâties et non bâties (jardin, …) du milieu urbain concerne trois grands groupes :

qui vivent, évoluent, se déplacent, se nourrissent sur trois milieux :

et dont les moyens d’action sont :

  • La restauration
  • La gestion
  • La protection

La biodiversité intégrée dans la démarche Haute Qualité Environnementale concerne deux grands domaines, le bâti et le non-bâti, reliés entre-eux par une interface plus ou moins développée. Cette interface regroupe toutes les structures intégrées au bâtiment, mais qui tendent vers le jardin du fait de leur localisation et/ou de leur aménagement, à savoir, les balcons, les toitures et murs végétalisés, etc.

On peut également appliquer la démarche HQE aux infrastructures de communication. L'article route HQE donne quelques solutions pour réduire les nuisances occasionnés par la route.

La maison-nichoir

On peut penser que l’un des défauts de la démarche HQE actuelle (2006) est de ne pas encore assez offrir de niches écologiques de remplacement à la faune et à la flore dont on occupe le territoire. Or le volume de la structure bâtie, si elle est conçue de manière adéquate, peut offrir de nombreux micro-habitats (concept de "maison-nichoir").

Cette vision nous amène à penser ou repenser l’habitation de manière différente. Elle ne servira plus seulement à répondre aux besoins des êtres humains, mais elle servira de refuge, de nichoir, ou de garde-manger pour une multitude d’espèces animales, une quantité d’essences végétales et de champignons…

Champ d'action

L'intégration du vivant sur les structures bâties peut se faire à plusieurs niveaux :

  • L’habitat en général
    • Maison
    • Bureau
    • Tertiaire
  • Les clôtures
    • Clôture matérielle
    • Clôture végétale ou obstacle naturel
  • Le mobilier urbain
    • Abris-bus
    • Banc public
    • Lampadaire
    • Pile de pont
  • Les infrastructures

Aménagements envisageables

Voici une liste non exhaustive des aménagements ou installations susceptibles de faire de la maison ou de toutes autres structures bâties (abri de jardin, poteau, pont, …) une zone refuge pour la faune, la flore et les champignons.

1. Utilisation dans la construction de matériaux et de produits favorisant la biodiversité
Plus l’environnement sera riche et naturel, plus le nombre d’espèces sera important, d’où l’importance de préférer des matériaux naturels et non toxiques, du bois labellisé, … lors de la construction ou de la rénovation.

2. Végétalisation des toitures, des façades et du mobilier urbain
La végétalisation des toits et des façades est une technique qui peut être très intéressante en milieu urbain et constituer un facteur de biodiversité non négligeable. En plus de l’aspect esthétique indéniable que la végétalisation offre au bâtiment, les toitures et façades végétalisées présentent de nombreux avantages tant pour les habitants que pour la structure en elle-même.

Articles détaillés : toiture végétale et mur végétalisé.

3. Mise en place de nichoirs
Parce que les biotopes s'appauvrissent, les haies et les arbres morts disparaissent, oiseaux, chiroptères et invertébrés trouvent de moins en moins d'espaces pour nicher. Le nichoir n’est pas nécessairement fabriqué, il peut s’agir d’une fissure dans un mur, de tuiles de ventilation ou autres irrégularités naturelles du bâtiment. Un grand nombre d’espèces ont besoin de ces nichoirs pour assurer leur pérennité

  • Chouette
  • Chauve souris
  • Rapace
  • Hirondelle et martinet
  • Choucas
  • Cigogne
  • Autres oiseaux (Mésange, Sittelle, Rouge queue, …)
  • Invertébrés (Coccinelle, Forficule, Abeille, …)
Article détaillé : Nichoir.

4. Aménagements spécifiques des zones bâties non fréquentées
Les combles et greniers conviennent parfaitement aux rapaces nocturnes et chauves souris, le sous-sol peut être aménagé pour les hérissons, musaraignes ou reptiles.

5. Mise en place d’un éclairage adapté
La pollution lumineuse des milieux urbanisés ne perturbe pas seulement les astronomes, elle perturbe également beaucoup d’aspects de la vie des animaux, les déplacements, l'orientation, et les fonctions hormonales dépendantes de la longueur respective du jour et de la nuit. Il existe des systèmes permettant de diminuer l’impact de la lumière sur la biodiversité (détecteur de présence, de luminosité, rétroreflecteurs, …) qu'il est impératif d'utiliser pour l'éclairage extérieur des bâtiments.

Le jardin naturel

La nature est de plus en plus perturbée par l'Homme. De nombreux animaux et végétaux disparaissent en même temps que leurs habitats. Aménager une partie de sa propriété pour y accueillir la vie sauvage est un moyen de préserver la biodiversité.

Cette vision nous amène à penser ou repenser le jardin de manière différente. Il ne servira plus seulement à répondre aux besoins des êtres humains, mais il servira de refuge, de nichoir, ou de garde-manger pour une multitude d’espèces animales, une quantité d’essences végétales et de champignons… D'apparence inorganisé, le jardin naturel est moins sophistiqué que le jardin traditionnel. Chaque élément qui le compose est soigneusement agencé pour recréer les habitats naturels de la faune et de la flore. On choisira des éléments qui ne sont pas étrangers aux espèces locales, une mare, une rocaille, une prairie fleurie et on privilègiera les arbres et végétaux de la région. En effet, même si la copie n'est pas parfaite, les espèces des champs et des bois savent parfaitement tirer profit de ces biotopes naturels.

Article détaillé : Jardin sauvage.

Champ d'action

L'intégration du vivant sur les structures non bâties peut se faire à plusieurs niveaux :

  • Le jardin privé
    • Du jardinet…
    • … au parc
  • Le jardin communautaire
  • Le jardin tertiaire
    • Z.A.C. (Zone d’Activité Concertée)
    • Jardin d’entreprise
  • Le jardin public

Aménagements envisageables

Voici une liste non exhaustive des aspects incontournables d’un jardin naturel et à « biodiversité positive »

  1. La biodiversité est intrinsèquement liée à la diversification des milieux, c’est pourquoi il est nécessaire de juxtaposer des biotopes très différents. En s’inspirant des éléments présents dans une forêt naturelle, on peut « décomposer » le jardin en différentes strates:
    1. La strate mucinale : champignon, mousse
    2. La strate herbacée : fougères, herbes
      • La prairie naturelle et/ou fleurie
      • L’herbe rase
      • Le massif de fleur
      • Un coin d’orties
    3. La strate arbustive et la strate arborescente
  2. Le potager bio et les plantes aromatiques
  3. La mare, le ruisseau, le lagunage, la piscine biologique
  4. Les chronoxyles ou bois mort (différentes espèces, localisations et positions)
  5. Le muret et le tas de pierre qui abrite une flore et une microfaune spécifiques
  6. Le tas de compost
  7. Les nichoirs, gîtes et habitats de substitution ou naturel pour :
    • Les oiseaux (passereaux, rapaces, cigogne, …)
    • Les mammifères (chauve-souris, hérisson, musaraigne, …)
    • Les amphibiens (crapaud, grenouille, rainette, triton, salamandre, …)
    • Les invertébrés (coccinelle, forficule, abeille, …)
  8. Les mangeoires et abreuvoirs pour oiseaux
  9. L’éclairage adapté pour lutter contre la pollution lumineuse
  10. Les corridors biologiques
  11. Les clôtures ou en tenant lieu
  12. Les allées HQE
  13. Labelliser sa propriété

Réflexion...

Parallèlement à cette démarche, on peut se questionner sur le « niveau » de biodiversité que l’on souhaite atteindre. Doit-on créer les conditions favorables pour retrouver juste la biodiversité présente avant l’intervention de l’homme sur la parcelle de terrain ou tenter de faire de la place pour encore plus d’espèces ? Doit-on se baser sur la biodiversité actuelle, celle d’il y a dix ans, cent ans, deux cents ans ou plus ? Quels sont les indicateurs disponibles pour « mesurer » cette biodiversité, quantitativement mais aussi qualitativement ? Toutes ces questions, encore en suspens, pourront servir à engager une réflexion plus globale sur la démarche de construction Haute Qualité Environnementale.

Voir aussi (liens internes)

Liens externes

La biodiversité de mon jardin ou comment préserver et accueillir la biodiversité au jardin

Bibliographie

  • Noblet Jean François, La nature sous son toit, Hommes et bêtes : Comment cohabiter ? Editions Delachaux et Niestlé, 2005
  • Conseil Régional Nord Pas de Calais, Gestion des espaces verts et Biodiversité, Ecologie Urbaine
  • Portail de l’environnement et du développement durable Portail de l’environnement et du développement durable
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